DĂ©bris spatial
Un débris spatial, dans le domaine de l'astronautique, est un objet artificiel circulant sur une orbite terrestre, amené là dans le cadre d'une mission spatiale, et qui n'est pas ou plus utilisé. Les débris spatiaux de grande taille comprennent les étages supérieurs des lanceurs spatiaux et les satellites artificiels ayant achevé leur mission. Mais la majorité des débris spatiaux résultent de l'explosion accidentelle d'engins spatiaux ou, phénomÚne récent, de leur collision. La dimension de ces débris peut aller d'une fraction de millimÚtre à la taille d'un bus. Les débris spatiaux, dont le volume va croissant, constituent une menace grandissante pour les applications spatiales alors que celles-ci jouent désormais un rÎle essentiel dans les domaines de la prévision météorologique, du positionnement et des télécommunications.
En 2022, on recense 36 000 débris de plus de 10 cm de diamÚtre[1]. Parmi eux, on compte 5 000 satellites inactifs en orbite basse, 5 400 débris spatiaux de plus de 1 m en orbite géostationnaire et, selon un modÚle statistique de l'ESA 900 000 objets de plus de 1 cm et 130 000 000 objets de plus de 1 mm. Les débris spatiaux situés sur une orbite inférieure à 400 kilomÚtres sont éliminés au bout d'une vingtaine d'années car leur altitude diminue en raison de la perte de vitesse due aux frottements dans l'atmosphÚre résiduelle.
Les dĂ©bris spatiaux finissent par brĂ»ler en grande partie dans l'atmosphĂšre terrestre lors de leur rentrĂ©e atmosphĂ©rique, mais de 10 % Ă 40 % de leur masse reste intacte et revient sur la Terre. Câest le cas tous les jours pour des objets de plus de 10 centimĂštres, et tous les quatre jours pour un satellite ou un Ă©tage entier[2].
Le nombre de débris est en augmentation constante du fait de l'activité spatiale (notamment le lancement de nano-satellites) et cette élimination naturelle intervient au bout de centaines d'années dÚs que leur orbite dépasse 700 km.
Ces débris constituent la manifestation la plus importante de la pollution spatiale et représentent en 2021 une menace trÚs grave pour les engins spatiaux opérationnels en orbite basse (moins de 2 000 kilomÚtres d'altitude). La vitesse moyenne de l'ordre de 8 km/s des objets circulant à cette altitude leur confÚre une énergie cinétique trÚs élevée : l'impact sur un satellite d'un débris spatial de l'ordre du centimÚtre de diamÚtre est équivalente à celle d'une enclume en chute libre et au-delà de cette taille la destruction de l'engin spatial est quasi assurée.
Seuls les dĂ©bris de plus de 10 cm circulant en orbite basse peuvent ĂȘtre suivis systĂ©matiquement grĂące Ă des systĂšmes de surveillance mettant en Ćuvre principalement des radars terrestres et des tĂ©lescopes. Lorsque la trajectoire d'un dĂ©bris spatial cataloguĂ© peut constituer une menace, les opĂ©rateurs modifient l'orbite du satellite menacĂ©. Mais les dĂ©bris d'une taille infĂ©rieure ne peuvent ĂȘtre Ă©vitĂ©s et ceux-ci se multiplient avec le temps. Pour tenter de rĂ©duire le risque associĂ© aux petits dĂ©bris spatiaux qui ne peuvent ĂȘtre suivis, les constructeurs d'engins spatiaux ajoutent dans certains cas des blindages qui peuvent stopper les dĂ©bris de petite taille (de l'ordre du centimĂštre).
Toutefois la mesure la plus efficace consiste Ă limiter le nombre de dĂ©bris spatiaux produits. Les principales agences spatiales, pour tenter d'endiguer ce qui est identifiĂ© comme une menace pour la poursuite Ă moyen terme de l'activitĂ© spatiale, ont Ă©dictĂ© des recommandations visant Ă rĂ©duire le phĂ©nomĂšne notamment en limitant le nombre de dĂ©bris gĂ©nĂ©rĂ©s au moment du dĂ©ploiement du satellite, en dĂ©clenchant la rentrĂ©e de l'Ă©tage supĂ©rieur du lanceur et en s'assurant en fin de vie que d'une part toutes les sources d'explosion soient neutralisĂ©es et que d'autre part le satellite, s'il circule sur une orbite basse, soit placĂ© sur une orbite garantissant une rentrĂ©e atmosphĂ©rique Ă une Ă©chĂ©ance de 25 ans. Selon ces recommandations, les satellites circulant en orbite gĂ©ostationnaire doivent ĂȘtre placĂ©s sur une orbite cimetiĂšre. Faute d'un accord international ces dispositions qui augmentent de maniĂšre sensible les coĂ»ts de lancement, restent des recommandations qui ont tendance toutefois Ă ĂȘtre appliquĂ©es par les principaux acteurs. Mais un nouveau risque est apparu Ă la fin des annĂ©es 2010 avec la multiplication des CubeSats et la mise en orbite de constellations de satellites (Starlink, OneWebâŠ) comptant des centaines voire des milliers d'unitĂ©s qui vont accroĂźtre dans des proportions inĂ©galĂ©es le risque de collision dans les annĂ©es Ă venir.
DĂ©finition
Un débris spatial est défini comme un objet artificiel (fabriqué par l'homme) qui se trouve en orbite autour de la Terre et qui n'est pas ou plus utilisé[3]. Un satellite artificiel lorsqu'il arrive en fin de mission devient un débris spatial. L'étage supérieur d'un lanceur resté en orbite aprÚs avoir rempli sa tache est également un débris spatial.
Origine des débris spatiaux
Depuis le début de l'Úre spatiale (lancement de Spoutnik 1 le ) plus de 5 000 engins spatiaux ont été lancés dans l'espace par les différentes puissances spatiales de la planÚte. La majorité d'entre eux (environ 4 800 en 2007) ont été placés sur une orbite terrestre[4] et quelques centaines, les sondes spatiales, ont quitté l'environnement immédiat de la Terre pour explorer la Lune ou les autres planÚtes du systÚme solaire. Chacune de ces missions a généré un certain nombre de débris spatiaux.
Les débris spatiaux catalogués (dépassant dix centimÚtres) ont différentes origines : fragmentation de l'engin (52,6 %), satellites arrivés en fin de vie (24,4 %), étages de fusée (10,3 %), débris volontairement largués dans le cadre des missions (10,4 %)[5].
Fragmentation des engins spatiaux en orbite
La principale source de débris spatiaux est la fragmentation d'engins spatiaux en orbite. Jusqu'en 2007 (année de la destruction volontaire d'un satellite par un missile anti-satellite chinois) presque tous les débris spatiaux à vie longue avaient pour origine ce type d'événement. Début 2020 les fragmentations étaient encore à l'origine de 60 % du volume des débris spatiaux[6].
La fragmentation a pour origine, dans la plupart des cas, une explosion interne. Cette fragmentation peut se produire des dĂ©cennies aprĂšs le lancement. On recensait ainsi entre zĂ©ro et neuf fragmentations par an entre 1960 et 2018 et un total de 242 Ă cette derniĂšre date, soit environ quatre par an. Les processus Ă l'Ćuvre comprennent l'explosion de batteries, les explosions Ă haute Ă©nergie dues Ă la prĂ©sence d'ergols dans les rĂ©servoirs, l'implosion de rĂ©servoirs normalement sous pression (faible Ă©nergie). Ces incidents touchent de maniĂšre plus frĂ©quente certains satellites ou certains Ă©tages de fusĂ©es. Dix missions sur les 5 385 lancĂ©es depuis le dĂ©but de l'Ăšre spatiale sont Ă l'origine de 33 % des dĂ©bris cataloguĂ©s (dĂ©passant dix centimĂštres). Certains Ă©quipements sont Ă l'origine d'un grand nombre de fragmentation : ainsi 50 Ă©vĂ©nements de fragmentation (19,8 %) sont dus au moteur SOZ, une petite fusĂ©e de tassement de l'Ă©tage supĂ©rieur russe Bloc DM Ă©jectĂ©e aprĂšs usage. En tout, 44 % concernent des Ă©lĂ©ments de propulsion. Concernant les causes, 24,4 % Ă©vĂ©nements sont des destructions dĂ©libĂ©rĂ©es de satellite, 3,7 % sont dues aux batteries, 2,5 % rĂ©sultent de collisions[7] - [5].
Au cours de l'année 2020 cinq événements de ce type ont été identifiés par le réseau de surveillance et de suivi américain des débris. Ils concernaient[8] :
- un satellite militaire russe (Cosmos 2525), aux caractéristiques inconnues, lancé en 2019. Il a produit 26 débris spatiaux catalogués (plus de dix centimÚtres environ). Ce satellite dispose manifestement d'un systÚme de propulsion (il a changé d'orbite en cours de vie), qui est sûrement à l'origine de l'explosion ;
- le troisiÚme étage d'un lanceur russe Tsyklon-3, lancé en 1991, qui a produit 112 débris spatiaux catalogués. Cinq autres explosions sur ce modÚle d'étage, sans doute dues à la mise à feu de résidus d'ergols hypergoliques se sont produites au cours des deux décennies précédentes[9] ;
- l'étage Fregat d'une fusée russo-ukrainienne Zenit lancée en 2011 qui a produit 325 débris spatiaux catalogués (le plus grave incident de ce type depuis cinq ans). Certains de ces débris spatiaux circulent sur des orbites trÚs élevées (jusqu'à 6 000 kilomÚtres) ce qui implique qu'ils ne rentreront pas dans l'atmosphÚre avant plusieurs siÚcles ;
- la coiffe d'une fusĂ©e japonaise H-IIA,lancĂ©e en 2018, qui a gĂ©nĂ©rĂ© 87 dĂ©bris. Aucune source d'Ă©nergie n'Ă©tant stockĂ©e dans la coiffe, son Ă©clatement est sans aucun doute du Ă l'impact d'un autre dĂ©bris spatial (donc Ă ranger dans la catĂ©gorie de dĂ©bris suivante). Un des fragments produits est passĂ© Ă faible distance de la Station spatiale internationale et celle-ci a du manĆuvrer le pour l'Ă©viter[10] ;
- le satellite d'observation de la Terre russe Resours-O1, placé en orbite en 1994 et qui a produit 72 débris. Ce satellite utilise une plateforme Meteor-2 qui a déjà été impliquée dans un événement de fragmentation à plusieurs reprises[10].
Collision entre engins spatiaux et/ou débris spatiaux
Jusqu'en 2007 aucun cas de fragmentation lié à une collision n'avait été recensé. En 2021 la deuxiÚme source de débris en nombre est la collision de deux engins spatiaux entre eux ou d'un engin spatial avec un débris spatial. Les deux collisions qui se sont produites en 2007 et 2009 ont à elles seules augmenté de 30 % le nombre de débris de plus de 10 cm. à une échelle microscopique les collisions avec des débris de trÚs faible taille détachent des écailles de peinture.
Ătages de lanceur
Les plus gros dĂ©bris sont constituĂ©s par le dernier Ă©tage du lanceur qui est placĂ© en orbite en mĂȘme temps que sa charge utile. Les recommandations appliquĂ©es par les principales nations spatiales prĂ©conisent que l'Ă©tage dispose de suffisamment de carburant (si le moteur-fusĂ©e peut ĂȘtre remis Ă feu) ou dispose d'un systĂšme propulsif spĂ©cifique lui permettant de rĂ©duire son orbite et d'effectuer une rentrĂ©e atmosphĂ©rique peu de temps aprĂšs avoir achevĂ© sa mission.
Satellites non fonctionnels
Une fois leur mission achevée les satellites restent généralement sur leur orbite car un retour sur Terre nécessite de disposer d'une masse d'ergols, ce qui impose de réduire la part du satellite consacrée à sa mission. En 2007, sur les 2 400 satellites en orbite on estime que plus des trois quarts étaient des engins spatiaux ayant achevé leur mission[4].
Débris « opérationnels »
Les débris spatiaux dits opérationnels sont produits volontairement au moment du déploiement du satellite. Ce sont par exemple les caches protégeant les optiques des caméras, les réservoirs largables, les dispositifs utilisés pour larguer la charge utile, l'adaptateur utilisé lors de l'emport d'une charge double (Sylda), etc. Ces équipements sont de plus en plus souvent conçus pour qu'ils restent solidaires de l'engin spatial sur lesquels ils sont fixés. Certains de ces débris sont des objets largués de maniÚre opérationnelle dans le cadre de la mission comme les petites aiguilles du projet West Ford ou des gouttes de sodium du liquide réfrigérant du générateur nucléaire des satellites RORSAT larguées aprÚs usage[11]. Ces débris, ainsi que les micrométéorites[12].
Divers
De maniÚre anecdotique certains débris spatiaux sont des équipements perdus par des astronautes, alors qu'ils effectuaient des opérations de montage et de réparation durant une sortie extravéhiculaire.
Inventaire et caractéristiques
Volume des débris spatiaux
Le nombre de dĂ©bris d'une taille supĂ©rieure Ă 10 cm est estimĂ© Ă environ 36 000[1]. Pour 17 000 d'entre eux on dispose des caractĂ©ristiques de leur orbite et leur trajectoire est suivie. La population des dĂ©bris dont la taille est comprise entre 1 et 10 cm est Ă©valuĂ©e Ă 500 000. Enfin on estime qu'il y a, en 2017, 135 millions de dĂ©bris spatiaux dont la taille est supĂ©rieure Ă 1 mm[13] - [14]. Le nombre de dĂ©bris dont la taille est supĂ©rieure Ă 3 mm et infĂ©rieure Ă 10 cm est Ă©valuĂ©e par projection statistique Ă partir de donnĂ©es fournies par les radars au sol. En deçà de cette taille l'Ă©valuation est effectuĂ©e Ă partir du recensement des impacts sur la surface d'engins ou d'expĂ©riences ayant sĂ©journĂ© dans l'espace et ramenĂ©s sur Terre. Ces mĂ©thodes statistiques estiment la population totale dâune certaine catĂ©gorie de dĂ©bris spatiaux en analysant la distribution des observations ou des impacts dans une zone limitĂ©e de lâespace. La masse totale des dĂ©bris en orbite Ă©tait Ă©valuĂ©e dĂ©but 2021 Ă environ 9 000 tonnes.
Concentration sur l'orbite basse
Cartographie des principaux débris spatiaux en orbite terrestre basse. |
Cartographie des principaux débris spatiaux en orbite géosynchrone. |
La majorité des débris se trouvent à une altitude inférieure à 2 000 km reflétant l'activité spatiale qui se déroule principalement sur l'orbite basse (satellites d'observation de la Terre, constellations de satellites de télécommunications, majorité des satellites militaires, programme spatial habité, CubeSats). La concentration la plus importante se trouve à une altitude comprise entre 750 et 800 km. Les débris spatiaux qui circulent en orbite basse (altitude inférieure à 2 000 km) ont en moyenne une vitesse comprise entre 7 et 8 km/s (hypervitesse). Lorsqu'une collision se produit, la vitesse relative des deux objets concernés est en moyenne de 10 km/s[15].
Un nombre toujours croissant de débris spatiaux
Les observations effectuées périodiquement montrent une croissance réguliÚre du nombre de débris en orbite malgré des mesures prises par pratiquement tous les intervenants pour limiter cette croissance. Deux nouveaux phénomÚnes propres à l'activité spatiale de la décennie 2010 contribuent à accélérer cette évolution. Le premier concerne la progression trÚs rapide de la population des CubeSats. Ces nano-satellites de quelques kilogrammes, du fait de leur taille, ne sont pas en mesure d'appliquer les rÚgles élaborées pour accélérer la rentrée atmosphérique, qui nécessitent l'emport d'ergols lorsque l'orbite dépasse les 700 km (environ). L'autre phénomÚne concerne le déploiement en cours (2021) de méga constellations de satellites de télécommunications comptant des centaines d'engins spatiaux (Starlink plus de 4 000 satellites dans une premiÚre phase, OneWeb 650 satellites, etc.) qui, en saturant l'orbite basse, sont susceptibles de rendre inopérantes les méthodes utilisées pour le suivi des satellites et la gestion des risques de collision[16] - [17].
Le « nettoyage » naturel de l'orbite basse
Les débris spatiaux ne restent pas de maniÚre permanente en orbite. Par exemple il ne subsiste plus en 2016 aucun des débris produits par l'explosion du satellite soviétique Cosmos 2421 qui avait eu lieu en 1986 à une altitude de 410 km et qui avait généré à l'époque 509 débris de plus de 10 cm[19]. En effet, l'atmosphÚre résiduelle, qui subsiste dans l'espace prÚs de la Terre, freine progressivement le débris spatial, dont l'altitude s'abaisse jusqu'à ce qu'il soit ramené au niveau des couches denses de l'atmosphÚre lorsque son altitude approche les 100 kilomÚtres. Il effectue alors une rentrée atmosphérique, au cours de laquelle il s'échauffe et se disloque. Certaines piÚces peuvent survivre à cette phase et parvenir jusqu'au sol, mais la plupart sont vaporisées. L'orbite s'abaisse d'autant plus vite que la surface exposée aux forces de trainée est importante et que l'altitude initiale est faible (cas du satellite Cosmos 2421 cité plus haut). Si le débris spatial se trouve à 600 km d'altitude, il retombe sur Terre au bout de quelques années. à une altitude initiale de 800 km, il ne revient au sol qu'au bout de plusieurs décennies. Au-dessus de 1 000 km d'altitude, le débris spatial reste en orbite plusieurs siÚcles[15]. La « durée de vie » moyenne élevée des débris spatiaux combinée avec une activité de lancement soutenue (environ 80 lancements par an au cours de la décennie 2010) ont pour conséquence une augmentation constante des débris spatiaux depuis le début de l'Úre spatiale. Le nombre a fortement cru à la fin des années 2000 à la suite de deux collisions majeures (destruction volontaire du satellite chinois Fengyun-1C et collision accidentelle de Iridium 33 et Cosmos 2251), qui ont accru d'environ 30 % le nombre de débris de plus de 10 cm.
Orbite des débris générés par la fragmentation et la collision
Lorsqu'il y a collision ou explosion les débris résultant sont projetés dans toutes les directions avec des vitesses variables. De ce fait ils se retrouvent dispersés sur des orbites trÚs différentes multipliant d'autant les risques qu'ils font peser sur les satellites opérationnels. Les fragments se retrouvent selon le cas sur des orbites plus basses, identiques ou plus hautes que l'orbite originelle. La dispersion des orbites résultantes est d'autant plus importante que l'événement à leur origine a été énergétique. On représente les orbites à l'aide d'un diagramme dit « de Gabbard » dans lequel le périgée et l'apogée de chaque débris est représenté en fonction de sa période orbitale. Les débris projetés dans le sens du déplacement orbital augmentent en apogée et en période, ils correspondent aux deux bras droits du X. Les débris projetés dans le sens rétrograde ont un périgée et une période diminués (les deux bras gauches du X). Les projections dans les directions perpendiculaires à l'orbite influent peu sur les caractéristiques de période, d'apogée et de périgée, les débris dans ce cas sont concentrés autour du centre de la croix[20]. L'étude de la distribution des éléments de ce diagramme permet aussi de déterminer les causes de la fragmentation[21]
Risques et incidents liés aux débris spatiaux
Menace pour les engins spatiaux opérationnels
MalgrĂ© leur nombre relativement restreint, les dĂ©bris spatiaux situĂ©s en orbite constituent une menace pour les engins spatiaux en activitĂ© du fait de leur Ă©nergie cinĂ©tique trĂšs Ă©levĂ©e. Avec une vitesse moyenne en cas d'impact de 10 km/s, l'Ă©nergie cinĂ©tique (Âčââ Ă masse Ă vitesse2) d'un dĂ©bris spatial de 3 millimĂštres est Ă©gale Ă celle d'une balle tirĂ©e par un fusil. Si le diamĂštre est de 1 centimĂštre l'Ă©nergie libĂ©rĂ©e est celle d'une enclume en chute libre, avec 5 centimĂštres elle est Ă©quivalent Ă celle d'un bus roulant Ă moyenne vitesse et lors que dĂ©bris atteint 10 centimĂštres l'Ă©nergie libĂ©rĂ©e est celle d'une grosse bombe[22]. Si un dĂ©bris d'une taille infĂ©rieure Ă 1/10 mm ne fait qu'Ă©roder la surface d'un satellite, les dĂ©bris dont la taille est comprise entre 1/10e mm et 1 cm peuvent perforer des Ă©quipements et entrainer selon le cas une panne mineure, majeure ou la perte du satellite. Entre 1 et 10 cm les dommages sont trĂšs importants alors que les dĂ©bris de cette taille ne peuvent ĂȘtre systĂ©matiquement dĂ©tectĂ©s depuis le sol. L'utilisation d'un blindage ne permet de rĂ©sister qu'Ă des dĂ©bris dont la taille est infĂ©rieure Ă 2 cm[23].
400 km | 800 km | 1 500 km | |
>0,1 mm | 4,5 jours | 2,3 jours | 0,9 jour |
>1 mm | 3,9 ans | 1,0 an | 1,5 an |
>1 cm | 1 214 ans | 245 ans | 534 ans |
>10 cm | 16 392 ans | 1 775 ans | 3 109 ans |
Les accidents impliquant des dĂ©bris spatiaux restent encore relativement peu frĂ©quents, du fait de l'immensitĂ© de l'espace. Ă titre d'exemple, la Station spatiale internationale risque un impact critique avec un objet d'une taille comprise entre 1 et 10 centimĂštres[Note 1] que tous les soixante-dix ans ; si l'on exclut de la surface de la station ses immenses panneaux solaires dont la perte ne serait pas forcĂ©ment critique, le risque tombe Ă un impact tous les trois siĂšcles[25]. Pour un satellite d'une durĂ©e de vie de dix ans, le risque d'ĂȘtre dĂ©truit par un dĂ©bris spatial est Ă peu prĂšs identique Ă celui de l'ĂȘtre lors du lancement (soit une chance sur 100)[26].
Ces probabilités relativement faibles peuvent conduire à sous-estimer l'importance du problÚme posé par les débris spatiaux. Cependant, en considérant le nombre élevé de satellites opérationnels actuellement en orbite, la probabilité que l'un d'entre eux percute un débris spatial de plus de 1 cm culmine à plus de 50 % par année[27], en dépit des risques individuels bas. De plus, l'étendue de la menace augmente au fil des impacts, puisque chaque collision génÚre de nouveaux débris. Si l'orbite terrestre basse atteint la densité critique à partir de laquelle le nombre de débris créés par les collisions surpasse le nombre de rentrées atmosphériques, elle deviendra impraticable, ce qui pourrait s'avérer catastrophique étant donné que nos systÚmes de communication actuels sont étroitement dépendants des satellites placés dans cette zone. Cette réaction en chaßne est connue sous le nom de syndrome de Kessler. Il est donc nécessaire de réaliser que les débris spatiaux constituent un risque non négligeable pour les instruments scientifiques coûteux placés en orbite ainsi que pour les missions habitées[28].
Les missions avec Ă©quipage
La menace des dĂ©bris spatiaux pour les Ă©quipages en orbite est prise au trĂšs sĂ©rieux car une collision pourrait conduire Ă la perte de l'Ă©quipage par dĂ©pressurisation, mise hors service de leur engin spatial ou mĂȘme frappe directe d'un astronaute durant une sortie dans l'espace. La station spatiale internationale est particuliĂšrement exposĂ©e car contrairement aux missions de quelques jours, elle accueille en permanence un Ă©quipage gĂ©nĂ©ralement de 6 personnes alors qu'elle circule sur une orbite comprise entre 300 et 400 km oĂč on trouve une concentration particuliĂšrement importante de dĂ©bris spatiaux[29] - [30]. En 2007 les experts amĂ©ricains Ă©valuaient la probabilitĂ© de pĂ©nĂ©tration de la partie pressurisĂ©e de la station spatiale par un dĂ©bris Ă 29 % sur une pĂ©riode de 15 ans, la probabilitĂ© d'abandon de la station Ă 8 %, celui de la perte de la station, avec Ă©ventuellement perte de l'Ă©quipage, de 5 %. Ces chiffres partent de l'hypothĂšse que les protections anti-dĂ©bris des vaisseaux Progress et Soyouz sont amĂ©liorĂ©es : si ce n'est pas le cas la probabilitĂ© de perforation passe Ă 46 %. Ces chiffres sont jugĂ©s pessimistes par les russes qui se reposent sur l'expĂ©rience accumulĂ©e avec la station Mir[31].
Les débris constituent également une menace durant les sorties extravéhiculaires des astronautes, car ils peuvent perforer les combinaisons spatiales et entraßner une dépressurisation mortelle (l'astronaute dispose d'environ 15 secondes pour réagir avant de perdre conscience)[32] - [33]. La probabilité d'une perforation de la tenue spatiale est toutefois, selon les experts américains, trÚs faible compte tenu de la distribution des débris et des protections incorporées dans les combinaisons spatiales : 6 % aprÚs 2 700 heures d'activités extravéhiculaires d'une équipe de deux personnes[34]. L'astronaute peut également perforer sa combinaison en y faisant un accroc (survenu une fois mais sans conséquence) ou partir à la dérive. Pour combattre ce dernier risque, les procédures concernant l'accrochage sont trÚs strictes et en ultime recours l'astronaute emporte un dispositif propulsif, le SAFER, fournissant un delta-v cumulé de 3 m/s[Note 2].
En mai 2021, l'ISS a été percuté par un débris spatial qui a perforé son bras articulé Canadarm 2. Le trou créé mesure 5 mm de diamÚtre[35].
Risques au sol
Les risques au sol sont nettement plus faibles, car les fragments entrant dans l'atmosphĂšre sont majoritairement vaporisĂ©s par la chaleur due aux frottements avec l'air. Pour autant, des dĂ©bris de taille non nĂ©gligeable sont parfois retrouvĂ©s sur Terre et des prĂ©visions sont faites rĂ©guliĂšrement par les organismes de surveillance[36]. Bien que de tels atterrissages soient trĂšs peu frĂ©quents, ils reprĂ©sentent un danger car les objets qui retombent sur Terre sont souvent hors de contrĂŽle et peuvent par consĂ©quent sâĂ©craser nâimporte oĂč. Certains engins parviennent tout de mĂȘme Ă faire une rentrĂ©e contrĂŽlĂ©e dans lâatmosphĂšre et sont alors dirigĂ©s vers le point Nemo, la zone du Pacifique Sud la plus Ă©loignĂ©e des terres Ă©mergĂ©es[37]. JusquâĂ prĂ©sent, aucun impact destructeur nâest survenu dans des zones habitĂ©es[27].
- Réservoirs et tuyÚre du deuxiÚme étage d'une fusée Delta II retrouvé en Afrique du Sud en 2000.
- Panneau de la station spatiale soviétique Saliout 7 retrouvés en Argentine à la suite de sa rentrée atmosphérique en 1991.
Surveillance et suivi des débris spatiaux
Les principales puissances spatiales, en particulier la NASA, l'Agence spatiale européenne et l'agence spatiale russe Roscosmos, ont mis en place des réseaux de radars et télescopes optiques pour tenter de prévenir les impacts de débris spatiaux sur les satellites en établissant un catalogue recensant les orbites des débris les plus gros. En dessous de 10 centimÚtres de diamÚtre les débris spatiaux ne sont pas suivis individuellement mais leur volume par orbite est déterminé statistiquement à l'aide de modÚles qui s'appuient sur des observations radar et des constatations des impacts in situ.
Ătats-Unis
Le dĂ©partement de la DĂ©fense des Ătats-Unis (DoD) et l'agence spatiale civile, la NASA, coopĂšrent pour rĂ©aliser le recensement et le suivi des dĂ©bris spatiaux. Le rĂ©seau de surveillance spatiale du DoD, constituĂ© d'une trentaine de radars et de tĂ©lescopes optiques rĂ©partis sur la planĂšte ainsi que de six satellites en orbite, maintient un catalogue de 20 000 objets dĂ©nommĂ© « Two Lines Elements » (TLE) recensant tous les engins spatiaux (actifs ou non) et dĂ©bris spatiaux d'une taille supĂ©rieure Ă 10 centimĂštres en orbite basse et de plus de 1 m en orbite gĂ©ostationnaire). Celui-ci contient les caractĂ©ristiques de l'orbite du dĂ©bris spatial qui permettent de dĂ©terminer en temps rĂ©el leur position. De son cĂŽtĂ© la NASA rĂ©alise un recensement statistique des dĂ©bris dont la taille est infĂ©rieure Ă 10 centimĂštres et supĂ©rieure Ă quelques millimĂštres en utilisant plusieurs Ă©quipements : deux radars de l'observatoire Haystack du Lincoln Laboratory (Massachusetts Institute of Technology) - le Haystack Ultrawideband Satellite Imaging Radar (HUSIR) et le Haystack Auxiliary Radar (HAX) â, deux des radars du complexe Goldstone du rĂ©seau d'antennes de communications utilisĂ© pour communiquer avec les sondes spatiales ainsi que plusieurs tĂ©lescopes pour complĂ©ter les donnĂ©es recueillies par les radars[38] - [39] - [40].
Pour évaluer le volume et la distribution des débris dont la taille est inférieure au millimÚtre, la NASA a analysé différentes piÚces du télescope spatial Hubble (panneaux solaires changés en cours de vie, équipement remplacé) et de la navette spatiale américaines (panneaux de régulation thermique, vitres) exposées dans l'espace et ramenées sur Terre. Le satellite LDEF, déployé par la mission STS-41-C Challenger et récupéré par STS-32 Columbia, a passé 68 mois en orbite. L'examen minutieux de sa surface a permis d'analyser la distribution directionnelle et la composition du flux de débris. Le satellite européen Eureca, déployé par STS-46 Atlantis et récupéré 326 jours plus tard par STS-57 Endeavour a révélé un millier d'impacts sur ses panneaux solaires et 71 sur son corps, de 100 ”m à 6,4 mm[41].
Le catalogue « Two Lines » du DoD est exploitĂ© par les militaires Ă la fois Ă des fins internes (dĂ©tection de lancement de missiles, surveillance des satellites militaires Ă©trangers et plus gĂ©nĂ©ralement de toute activitĂ© suspecte) et pour rĂ©pondre aux besoins des opĂ©rateurs de satellites civils qu'ils soient amĂ©ricains ou Ă©trangers : ceux-ci reçoivent des messages d'alerte dĂšs qu'un risque de collision entre un satellite et un autre engin spatial ou un dĂ©bris spatial. Le message d'alerte est transmis 3 Ă 5 jours avant l'impact potentiel pour permettre Ă l'opĂ©rateur de planifier et rĂ©aliser les manĆuvres d'Ă©vitement. La prĂ©diction est d'autant plus prĂ©cise que les caractĂ©ristiques orbitales du dĂ©bris sont connues. Cette prĂ©cision n'existe pas pour les dĂ©bris de trĂšs petite taille car elle nĂ©cessiterait des moyens supĂ©rieurs Ă ceux disponibles (400 000 observations effectuĂ©es chaque jour). La solution adoptĂ©e est de dĂ©terminer les risques d'impact en prenant des marges importantes puis de raffiner le rĂ©sultat en effectuant des observations complĂ©mentaires pour prĂ©ciser l'orbite et dĂ©terminer le risque de collision rĂ©el[42].
Europe
Depuis 2014 le suivi des débris et des satellites est prise en charge par EU Space Surveillance and Tracking (EU SST). Cette organisation créée par l'Union européenne réunit la France, l'Allemagne, l'Italie, la Pologne, le Portugal, la Roumanie, l'Espagne et le Royaume-Uni. Les pays y sont représentés par leurs agences spatiales respectives. Cette structure regroupe les moyens de ces pays pour assurer une veille spatiale et fournir aux opérateurs des satellites (en 2020 environ 140 satellites) et aux autorités européennes trois types de service : des alertes pour risque de collision avec un engin spatial actif, le détail des débris produit par une collision et les caractéristiques de la rentrée atmosphérique de débris et d'engins spatiaux. Le systÚme repose début 2021 sur 51 capteurs de surveillance ou de suivi de trois types : des radars (comme le radar Graves français ou le radar TIRA allemand), des télescopes optiques (par exemple le télescope OGS de l'Agence spatiale européenne) et des stations de télémétrie laser sur satellites (par exemple Matera en Italie). Les données collectées sont traitées par les centres opérationnels (OC) nationaux puis le résultat est remonté dans une base de données européenne gérée par l'Allemagne. à partir de cette base de données, les centres opérationnels français et espagnols sont responsables de la fourniture de l'alerte en cas de collision tandis que le centre opérationnel italien fournit les données sur les conséquences d'une collision et les rentrées atmosphériques. Un portail internet géré par l'EU SatCen restitue aux utilisateurs ces informations. Environ 90 organisations utilisent cette prestation en 2020[43]. Cette veille spatiale est par ailleurs un des trois composants du programme Space Situational Awareness qui comprend également la surveilles des objets naturels proches de la Terre et la météorologie spatiale.
Selon l'Institute of Aerospace Systems de Brunswick, la trajectoire n'est pas connue pour 110 000 autres débris en orbite terrestre, compris entre 1 et 10 centimÚtres, ainsi que des objets artificiels allant du millimÚtre au centimÚtre dont le nombre est estimé à 330 millions et dont la trajectoire est erratique[44] (sans compter les poussiÚres indétectables allant du millimÚtre au micron). La masse totale de ces débris est estimée à 5 900 tonnes[26].
Cet institut est à l'origine du modÚle de distribution et de vitesse des débris nommé MASTER (Meteoroid And Space debris Terrestrial Environment Reference) et utilisé par l'ESA pour calculer les probabilités et directions de collision en orbite. L'agence européenne possÚde un catalogue de 26 000 débris qu'elle suit avec un réseau d'observatoires et de radars pour corroborer ce modÚle.
Dans le cadre du programme Space Situational Awareness (SSA) de l'Agence spatiale européenne (ESA), des chercheurs du Fraunhofer-Gesellschaft en Allemagne ont un rÎle de premier plan dans ce projet : ils fournissent le récepteur du systÚme radar. L'institut Fraunhofer de la physique des hautes fréquences et des techniques radar (le FHR à Wachtberg) réalise le démonstrateur, en collaboration avec la société espagnole Indra Espacio qui se charge de l'ensemble émetteur.
France
La France dispose depuis 2005 du radar Graves (un seul capteur) qui permet de détecter les satellites survolant la France et les régions périphériques à des altitudes compris entre 400 et 1 000 km et de mesurer leurs trajectoires. Ce radar remplit trois missions dont deux ont un rapport direct avec les débris spatiaux[45] :
- détection des satellites de reconnaissance (satellite espion) survolant le territoire ;
- détermination des risques de collision entre satellites impliquant au moins un satellite opérationnel ;
- détection des satellites soit massifs soit polluants (radioactivité) susceptibles d'effectuer une rentrée atmosphérique et présentant donc un risque pour les habitants.
L'ArmĂ©e française utilise ses radars SATAM pour dĂ©terminer de maniĂšre plus prĂ©cise les objets d'intĂ©rĂȘts (risque de collision ou retombĂ©es atmosphĂ©riques). Les donnĂ©es des radars SATAM et GRAVES sont traitĂ©es par le Centre opĂ©rationnel de surveillance militaire des objets spatiaux (COSMOS) crĂ©Ă© en 2014 avec des objectifs Ă la fois militaires et civils (protection des populations)[46] - [47].
Le CNES dispose d'un centre d'orbitographie opérationnelle (COO) qui surveille les débris grùce au service Caesar[48]. Le CNES utilise à temps partiel (15 %) deux télescopes TAROT dont la mission principale est la détection des sursauts gamma et qui sont situés pour l'un sur le plateau de Calern en France et pour l'autre à l'observatoire de La Silla au Chili. Ceux-ci permettent d'identifier de maniÚre expérimentale les objets situés en orbite géostationnaire ou géosynchrone[49].
Préconisations destinées à limiter le volume des débris
Pour limiter la multiplication du nombre de débris spatiaux, les principales puissances spatiales ont progressivement défini des rÚgles de bonne conduite à appliquer lors de la conception des nouveaux engins spatiaux et durant les phases de déploiement en orbite puis en fin de vie. L'application des mesures les plus importantes ont un coût car elles entraßnent généralement une réduction de la masse de la charge utile emportée par le lanceur. Bien que ne présentant pas de caractÚre obligatoire, cette réglementation est pratiquement appliquée par les principales puissances spatiales.
Historique de mise en place de la réglementation
DĂšs les dĂ©buts de l'Ăšre spatiale, au dĂ©but des annĂ©es 1960, des recherches sont menĂ©es aux Ătats-Unis pour Ă©valuer le problĂšme soulevĂ© par les dĂ©bris spatiaux mais la communautĂ© internationale ne prend conscience de celui-ci que plus tard au milieu des annĂ©es 1970 dans le cadre de confĂ©rences organisĂ©es par la FĂ©dĂ©ration internationale d'astronautique. C'est Ă cette Ă©poque (1978) que Donald Kessler expose les consĂ©quences de collisions d'objets en orbite qui pourraient, par une rĂ©action en chaĂźne, aboutir Ă une augmentation exponentielle des dĂ©bris rendant l'orbite basse inutilisable (syndrome de Kessler). La premiĂšre confĂ©rence consacrĂ©e aux dĂ©bris spatiaux est organisĂ©e en 1982 par l'agence spatiale amĂ©ricaine, la NASA, suivie en 1983 par une confĂ©rence sur la rentrĂ©e atmosphĂ©rique des dĂ©bris atmosphĂ©riques organisĂ©e par l'Agence spatiale europĂ©enne. Cette derniĂšre faisait suite Ă la rentrĂ©e atmosphĂ©rique de la station spatiale amĂ©ricaine Skylab et Ă celle du satellite Cosmos 1402[50]
Au cours des années 1970 et 1980 les agences spatiales et les nations impliquées dans le vol spatial acquiÚrent progressivement une expertise sur les processus aboutissant à la fragmentation des objets en orbite, sur la modélisation de l'impact d'un débris spatial frappant un satellite à une vitesse de plusieurs kilomÚtres par seconde et sur la désintégration plus ou moins partielle d'un engin pénétrant dans l'atmosphÚre. Disposer d'une vision globale du sujet nécessitait toutefois des échanges bilatéraux entre les experts des différentes puissances spatiales. Ces échanges qui débutent à l'initiative de la NASA conduisent à la création en 1993 du comité IADC par la NASA et les agences spatiales européenne, japonaise et russe. L'objectif de ce comité est de permettre aux experts de coordonner leurs travaux sur le sujet. Ce comité est aujourd'hui (2020) considéré comme le référent technique dans le domaine des débris spatiaux. Les débris spatiaux constituent également un des thÚmes traités depuis 1994 par le Comité des utilisations pacifiques de l'espace extra-atmosphérique (UNCOPUOS) de l'ONU[50].
La menace constituée par les débris spatiaux et le fait que la Convention sur la responsabilité internationale pour les dommages causés par des objets spatiaux ait été adopté par presque tous les pays entrainent l'adoption d'une ensemble de mesures destinées à réduire le volume des débris spatiaux. Ces mesures sont formalisées par l'IADC dans un document diffusé en 2002 (IADC Space Debris Mitigation Guidelines). Ce document a depuis servi de base pour la rédaction par les différentes nations de documents réglementaires et le point de départ pour l'application de différents standards techniques. Mais il n'existe pas en 2021 de standardisation des mesures à l'échelle mondiale. L'UNCOPUOS a formalisé un ensemble de recommandations accepté par l'ensemble des acteurs portant sur la pérennité des activités spatiales[50].
Actions de l'IADC
Les principales agences spatiales â ASI (Italie), CNES (France), CNSA (Chine), Agence spatiale canadienne (Canada), DLR (Allemagne), Agence spatiale europĂ©enne (Europe), ISRO (Inde), JAXA (Japon), KARI (CorĂ©e du Sud), NASA (Ătats-Unis), Roscosmos (Russie), NKAU (Ukraine) et UK Space Agency (Royaume-Uni) â adhĂšrent Ă l'Inter-Agency Space Debris Coordination Committee (IADC), crĂ©Ă© en 1993 pour faciliter l'Ă©change de donnĂ©es sur les dĂ©bris spatiaux, mener des Ă©tudes techniques (modĂ©lisation du comportement des dĂ©bris en orbite, Ă©tude technique des systĂšmes de blindage), rĂ©aliser des campagnes d'observation et Ă©tablir des recommandations[16]. Ce comitĂ© a Ă©tabli un recueil de principes Ă appliquer, Space Debris Mitigation Guidelines (IADC-02-01, Rev. 2007), qui a Ă©tĂ© validĂ© la mĂȘme annĂ©e par les 69 pays membres du ComitĂ© des utilisations pacifiques de l'espace extra-atmosphĂ©rique (COPUOS) consacrĂ© aux activitĂ©s spatiales. Le comitĂ© scientifique et technique du COPUOS a Ă©tabli et publiĂ© en 2009 son propre recueil de rĂšgles, Space Debris Mitigation Guidelines of the Scientific and Technical Subcommittee of the Committee on the Peaceful Uses of the Outer Space (A/AC.105/890, 2009).
Les préconisations de l'IADC
Il est demandé aux opérateurs d'engins spatiaux de respecter les rÚgles suivantes.
Passivation des étages de fusée et des satellites
Immédiatement aprÚs le lancement les responsables de la mission doivent procéder à la passivation des étages supérieurs du lanceur restés en orbite aprÚs leur utilisation (le dernier étage du lanceur se retrouve généralement sur une orbite proche de celle de la charge utile) par largage du carburant résiduel, pour limiter le risque d'une explosion des imbrûlés qui engendrerait des milliers de nouveaux débris.
Une action similaire doit ĂȘtre rĂ©alisĂ©e sur les satellites en fin de mission pour Ă©viter Ă©galement leur explosion. Cela comprend notamment le largage des ergols inutilisĂ©s, la dĂ©connexion des batteries pour Ă©viter qu'une surcharge ne les fasse exploser.
DĂ©sorbitation des satellites en fin de vie
Les responsables de mission doivent limiter le temps de séjour des étages supérieurs du lanceur et du satellite lorsque sa mission est achevée dans les deux régions orbitales protégées parce que particuliÚrement fréquentées. Les orbites protégées sont celles dont l'altitude est inférieure à 2 000 kilomÚtres et l'orbite géostationnaire (altitude : 36 000 ± 300 km) :
- pour les engins placĂ©s sur une orbite basse les opĂ©rateurs doivent respecter la rĂšgle dite des « 25 ans » qui impose que tout satellite se trouvant en orbite basse doit rentrer dans lâatmosphĂšre avant un quart de siĂšcle. Ainsi, pour remplir cet objectif, le satellite français SPOT-1 a diminuĂ© son altitude en fin de mission Ă l'aide de sa propulsion (fin 2003), rĂ©duisant sa prĂ©sence post mortem en orbite de 200 Ă 15 ans[51] ;
- pour les satellites circulant Ă des altitudes oĂč la dĂ©sorbitation n'est pas Ă©conomiquement envisageable :
- si le satellite est sur une orbite gĂ©ostationnaire, il doit ĂȘtre dĂ©placĂ© vers une orbite de rebut oĂč il ne risque pas de croiser l'orbite d'un engin opĂ©rationnel. L'orbite de rebut dĂ©bute Ă 235 km au-dessus de l'orbite gĂ©ostationnaire (en pratique 300 kilomĂštres),
- si le satellite est situĂ©e sur une orbite basse il doit ĂȘtre dĂ©placĂ© sur une orbite dont l'altitude est constamment supĂ©rieure Ă 2 000 kilomĂštres.
En pratique, pour que ces consignes puissent ĂȘtre appliquĂ©es dans le cas d'un satellite, il faut que la mission ait Ă©tĂ© conçue de maniĂšre que le satellite dispose de suffisamment de carburant en fin de mission ce qui exclue de nombreuses missions lancĂ©es antĂ©rieurement Ă l'implĂ©mentation de ces rĂšgles. Par ailleurs le changement d'orbite se produit longtemps aprĂšs la mise en orbite et le satellite a pu tomber en panne ou ses Ă©quipements peuvent ĂȘtre trop dĂ©gradĂ©s pour lui permettre de changer d'orbite. Enfin aucune obligation n'est imposĂ©e aux opĂ©rateurs gĂ©rant ces satellites : entre 1997 et 2000, 22 des 58 satellites gĂ©ostationnaires ont Ă©tĂ© abandonnĂ©s, et pour 20 d'entre eux l'orbite n'a pas Ă©tĂ© modifiĂ©es de maniĂšre Ă Ă©viter tout risque[4].
Rentrée contrÎlée des engins spatiaux
Les recommandations internationales concernent également la rentrée atmosphérique des satellites. Celle-ci devra s'effectuer de maniÚre à que les débris subsistant s'écrasent dans une zone inhabitée telle que les zones océaniques peut fréquentées (Sud de l'Océan Pacifique)[52].
Mise en place de « rÚgles de bonne conduite » nationales
Sans attendre la mise en place d'une réglementation internationale légalement contraignante pour tous les pays, les principales agences spatiales occidentales ont formalisé de maniÚre interne des rÚgles de bonnes conduite qui ne restent toutefois que des recommandations :
- NASA (Ătats-Unis) : Safety Standard NSS-1740.14 - Guidelines and Assessment Procedures for Limiting Orbital Debris (1995) ;
- NASDA (Japon) : Space Debris Mitigation Standard NASDA-STD-18 (1996) ;
- CNES (France) : CNES Standards Collection, Method and Procedure Space Debris â Safety Requirements (RNC-CNES-Q40-512) (1999) ;
- Agence spatiale européenne : European code of conduct for space debris mitigation issue (2004).
La France a introduit en 2008 sa loi relative aux opérations spatiales qui oblige les opérateurs spatiaux à limiter le nombre de débris en orbite basse.
Choix technologiques : aspects socio-Ă©conomiques
Les choix technologiques en vue de la protection et de la fin de vie dâun satellite constituent un compromis entre les intĂ©rĂȘts parfois divergents de nombreux acteurs des domaines de la recherche, lâindustrie, lâĂ©conomie et la politique notamment. Ă titre dâexemple, les blindages et les systĂšmes de dĂ©sorbitation embarquĂ©s Ă bord des satellites alourdissent ces derniers et peuvent interfĂ©rer avec les buts scientifiques de la mission ; ils reprĂ©sentent Ă©galement un surcoĂ»t important. Cependant, les blindages sont une mesure de sĂ©curitĂ© indispensable pour les vĂ©hicules habitĂ©s en particulier[53], et la planification de la fin de vie du satellite est imposĂ©e par certaines agences spatiales telles que lâESA[54]. Cette contrainte est une consĂ©quence des rĂšgles de bonne conduite que lâESA cherche Ă respecter, et le soutien de lâagence peut ĂȘtre retirĂ© aux missions qui ne sây conforment pas[54]. La conception dâun satellite impose ainsi dâĂ©tablir un Ă©quilibre entre lâĂ©valuation des risques, les intĂ©rĂȘts scientifiques et Ă©conomiques et la rĂ©alisabilitĂ© technique, tout en tenant compte des consensus internationaux auxquels adhĂšrent la plupart des agences spatiales majeures. Relever ce dĂ©fi reprĂ©sente une opportunitĂ© pour le dĂ©veloppement de technologies innovantes, dont plusieurs centres de recherche et entreprises privĂ©es tirent parti[54]. Un exemple notable est celui du ClearSpace-1 conçu par lâEPFL (Suisse), un petit satellite visant Ă dĂ©sorbiter le CubeSat SwissCube lancĂ© en 2009. Il sâagit dâune technologie dĂ©monstrative, dont lâobjectif principal est dâillustrer la faisabilitĂ© du retrait actif des dĂ©bris orbitaux (RADO)[55] et dâinciter les agences spatiales Ă adopter ce type de technologie. Le projet est actuellement dans une phase de recherche de fonds[56]. Cette difficultĂ© Ă trouver des financements illustre le peu dâintĂ©rĂȘt que porte lâindustrie aux techniques vouĂ©es Ă la prĂ©servation dâun bien commun (ici lâespace), qui nâont aucune garantie dâĂȘtre rentables pour lâentreprise et de pouvoir ĂȘtre massivement commercialisĂ©es[54]. Ă lâimage de ClearSpace-1, de nombreuses autres solutions (par exemple de nouveaux types de capteurs ou des microsatellites destinĂ© Ă lâĂ©tude des dĂ©bris spatiaux) sont actuellement au stade de technologies dĂ©monstratives[57], certaines dĂ©jĂ en phase de test et dâautres non encore concrĂ©tisĂ©es. Lâavenir de telles innovations est incertain et dĂ©pendra directement des intĂ©rĂȘts de lâindustrie, ainsi que de lâĂ©volution du cadre lĂ©gal international. Cela illustre le fait que la gestion des dĂ©bris spatiaux est un domaine en plein dĂ©veloppement et en continuel changement, dont la complexitĂ© en fait bien plus quâun simple dĂ©fi technologique.
Limitation des risques en opération
Des mesures passives et actives
MalgrĂ© la mise en place progressive d'une rĂ©glementation, le risque de collision d'un engin spatial opĂ©rationnel avec un dĂ©bris spatial prĂ©sentant un risque pour sa survie n'a pas cessĂ© de s'accroitre. La rĂ©duction des risques se fait d'abord par une surveillance des plus gros dĂ©bris spatiaux Ă l'aide de radars ou de moyens optiques depuis le sol afin d'anticiper des collisions potentielles et de modifier en consĂ©quence les trajectoires des satellites menacĂ©s. Mais ces mesures ne permettent pas d'Ă©viter tout danger car les dĂ©bris de quelques centimĂštres, potentiellement dangereux compte tenu de leur vitesse, ne peuvent ĂȘtre suivis avec les instruments existants. La deuxiĂšme mesure consiste Ă limiter la production de nouveaux dĂ©bris par une conception adaptĂ©e des engins spatiaux : passivation des rĂ©servoirs d'ergols pour Ă©viter une explosion ultĂ©rieure, limitation du largage de piĂšces au moment du dĂ©ploiement en orbite des satellites⊠La rĂ©glementation doit dĂ©finir Ă©galement des rĂšgles, qui doivent ĂȘtre acceptĂ©es par tous car contraignantes sur le plan Ă©conomique, pour limiter le sĂ©jour des satellites et des Ă©tages de fusĂ©e en orbite en obligeant les organisations spatiales Ă prĂ©voir une rĂ©serve d'ergols permettant d'abrĂ©ger la durĂ©e de sĂ©jour en orbite des engins arrivĂ©s en fin de vie. Les constructeurs d'engins spatiaux prennent dĂ©jĂ des mesures pour protĂ©ger les parties sensibles de ceux-ci lorsqu'ils circulent sur des orbites oĂč les dĂ©bris sont particuliĂšrement denses. Enfin diffĂ©rentes solutions techniques ont Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©es pour dĂ©sorbiter les dĂ©bris spatiaux Ă l'aide d'engins dĂ©diĂ©s mais aucune solution Ă©conomiquement viable n'a Ă©tĂ© imaginĂ©e jusque-lĂ [58].
Blindage des engins spatiaux
Les petites particules de moins d'un centimĂštre, trĂšs courantes et difficiles Ă dĂ©tecter, ne sont pas Ă©vitĂ©es, car les blindages permettent de s'en protĂ©ger. Il y a deux types de blindage : les blindages intrinsĂšques sont constituĂ©s par les parois du satellite tandis que les blindages spĂ©cifiques sont des ajouts Ă la structure qui permettent d'arrĂȘter le dĂ©bris avant qu'il ne perfore la paroi. Mais ces blindages alourdissent Ă©videmment les vĂ©hicules spatiaux, diminuant leur charge utile, leur durĂ©e de vie, ou augmentant leur coĂ»t. Le dixiĂšme du poids de la station spatiale internationale est ainsi dĂ» Ă son blindage[59]. Le blindage utilise le principe du bouclier Whipple (du nom de l'astronome amĂ©ricain qui l'a mis au point). Il est constituĂ© de plusieurs couches minces d'aluminium sĂ©parĂ©es par un vide. Les premiĂšres couches sont destinĂ©es Ă ĂȘtre perforĂ©es, mais elles font Ă©clater le dĂ©bris en de multiples fragments qui, lorsqu'ils frappent la paroi de l'engin spatial n'ont plus l'Ă©nergie permettant de la traverser. Le dĂ©bris ne dĂ©passe parfois mĂȘme pas la premiĂšre couche. L'intervalle entre ces premiĂšres couches peut ĂȘtre rempli d'un matelas absorbant[60].
Ainsi, sur la face avant (la plus exposée car dans le sens de déplacement) des modules de la Station spatiale internationale, la protection est constituée par un bouclier Whipple de quatre à cinq couches de matériaux (aluminium, kevlar, nextel, isolant thermique multi-couche) plus ou moins espacés et plus ou moins épaisses (voir schéma ci-dessous). Le tout forme, avec la coque pressurisée en aluminium du module de 4,8 mm d'épaisseur, un mille-feuille de 11,4 cm d'épaisseur[61].
Le plus grand problÚme est posé par les débris de taille moyenne, entre un et dix centimÚtres, estimés à environ 200 000[62], qui ne sont pas catalogués alors qu'ils présentent un risque trÚs important[63] et surtout pour lesquels il n'existe pas de protection.
- Structure des boucliers Whipple anti-débris (et micro météorides) de la Station spatiale internationale installés sur les faces avant des modules américains (à gauche), japonais (Kibo au centre) et européen (à droite Columbus).
- Illustration du fonctionnement d'un bouclier Whipple (qui comporte ici deux couches) en fonction de la taille du débris. Au-delà d'un certain diamÚtre du débris, le bouclier est inopérant.
Satellites opérationnels
Au-delĂ d'une certaine taille (environ 2 cm), aucune protection ne permet de protĂ©ger un engin d'un dĂ©bris spatial. La seule solution consiste Ă modifier l'orbite pour Ă©viter tout risque de collision. Ces manĆuvres nĂ©cessitent d'utiliser la propulsion de l'engin spatial, sont coĂ»teuses en carburant et diminuent d'autant la durĂ©e de vie des satellites. Ă titre d'exemple, lors de l'Ă©vitement par le satellite Spot 2 d'un dĂ©bris provenant d'un lanceur Thor-Agena en juillet 1997, 400 grammes d'ergols ont Ă©tĂ© utilisĂ©s, alors que sa consommation annuelle est de 150 grammes[64]. Ces manĆuvres sont frĂ©quentes sur les orbites basses[65]. La dĂ©cision de modifier le satellite doit tenir compte de nombreux paramĂštres qui peuvent faire varier les orbites du satellite et des dĂ©bris spatiaux. Celles-ci sont connues avec une certaine incertitude et elles peuvent dĂ©river sous l'influence du Soleil, de la Lune et de l'atmosphĂšre rĂ©siduelle[66].
Missions avec Ă©quipage
Dans le cas de la Station spatiale internationale qui est occupĂ©e en permanence par un Ă©quipage de gĂ©nĂ©ralement six personnes, de nombreuses mesures sont prises pour Ă©viter la perte de l'Ă©quipage. La trajectoire des dĂ©bris de plus de dix centimĂštres est surveillĂ©e depuis le sol. Plus de 1 200 objets cataloguĂ©s (dĂ©bris ou satellites actifs) circulant sur des orbites proches sont suivis en 2020 par les radars au sol. Ce nombre a doublĂ© depuis 1999. L'Ă©quipage est averti lorsque l'un d'entre eux est susceptible de passer Ă proximitĂ© de la station. Cela permet Ă l'Ă©quipage de modifier l'orbite de la station (manĆuvre dite de Debris Avoidance ManĆuvre ou DAM) en utilisant les propulseurs des modules russes pour s'Ă©carter de la trajectoire du dĂ©bris[29]. Depuis le lancement du premier module de la station spatiale en 1999, 27 manĆuvres de changement d'orbite (bilan en 2020) ont Ă©tĂ© effectuĂ©es pour cette raison (de 0 Ă 5 selon les annĂ©es voir diagramme ci contre). Le nombre de manĆuvres dĂ©pend Ă©videmment de la densitĂ© des dĂ©bris mais Ă©galement de l'activitĂ© solaire (Si celle-ci est plus importante la densitĂ© de l'atmosphĂšre rĂ©siduelle s'accroit ce qui modifie l'orbite des objets en orbite et enfin de la sensibilitĂ© des radars et tĂ©lescopes assurant le suivi des dĂ©bris. Parmi les objets Ă©vitĂ©s figurent deux dĂ©bris rĂ©sultant de la destruction volontaire du satellite chinois Fengyun-1C, trois dĂ©bris produits de la collision accidentelle entre Kosmos-2251 et Iridium 33 et le satellite d'observation de la Terre nippo-amĂ©ricain Global Precipitation Measurement[67]. Si le risque de collision est identifiĂ© trop tard pour permettre la rĂ©alisation d'une manĆuvre, l'Ă©quipage a pour consigne de fermer toutes les Ă©coutilles Ă l'intĂ©rieur de la station et de s'installer dans les vaisseaux Soyouz qui permettent, si nĂ©cessaire, de rejoindre le sol. Cette Ă©vacuation partielle a dĂ©jĂ eu lieu Ă deux reprises le et le [68].
Mais seuls les objets de plus de 10 centimÚtres sont catalogués. Le blindage des modules américains est conçu pour résister aux débris d'une taille inférieure au centimÚtre. Il n'y par contre aucune parade contre des débris dont la taille est comprise entre 1 et 10 centimÚtres. à eux seuls les débris d'une taille comprise entre 1 et 2 centimÚtres sont 20 fois plus nombreux que les débris catalogués[67]. L'équipage s'entraßne donc réguliÚrement à faire face à une dépressurisation : la station est équipée de détecteurs de perte de pression qui permettent de calculer à quel moment l'atmosphÚre deviendra irrespirable. L'équipage peut ralentir les pertes en coupant le systÚme de ventilation et tenter de détecter et obturer la fuite. Si la brÚche dans la coque a une superficie de quelques cm2, l'équipage dispose théoriquement d'un délai de plusieurs heures avant que la situation devienne intenable[69]. Si la réparation se révÚle impossible, l'équipage doit se replier vers les modules intacts en fermant les écoutilles internes ou évacuer la station à bord des vaisseaux Soyouz. Depuis le passage à 6 occupants permanents en mai 2009, deux vaisseaux Soyouz triplaces sont amarrés en permanence aux modules russes en prévision d'un événement de ce type[70].
Désorbitation des débris spatiaux par des moyens externes
Un recours couteux mais inévitable
Selon les estimations des experts de l'IASDC, la stabilisation du nombre de dĂ©bris en orbite basse nĂ©cessite non seulement que les satellites et les lanceurs soient dĂ©sormais conçus de maniĂšre Ă respecter les prĂ©conisations de ce comitĂ© mais Ă©galement que l'orbite de certains satellites inactifs soient abaissĂ©s par des remorqueurs spatiaux ou autres dispositifs externes. En 2013 l'IASDC estimait qu'il fallait remorquer au moins cinq satellites inactifs chaque annĂ©e pour stabiliser l'augmentation des dĂ©bris. Par exemple la NASA qui conçoit des engins spatiaux respectant la rĂ©glementation depuis plus de 10 ans, affiche un taux de conformitĂ© de 96 % pour ses engins lancĂ©s au cours de la dĂ©cennie 2020 en ce qui concerne la rĂšgle de la rentrĂ©e atmosphĂ©rique au bout de 25 ans, mais cette conformitĂ© chute Ă 20-30 % si on prend en compte l'ensemble du parc et des recommandations. Un chiffre trĂšs Ă©loignĂ© des 90 % requis pour stabiliser le volume des dĂ©bris spatiaux en orbite basse. Par exemple son satellite de 5 tonnes Terra, qui a Ă©tĂ© lancĂ© en 1999 et qui devrait cesser ses opĂ©rations en 2026, dispose de batteries qui ne peuvent pas ĂȘtre dĂ©connectĂ©es et de rĂ©servoirs d'ergols qui ne peuvent pas ĂȘtre dĂ©pressurisĂ©s. Ce satellite prĂ©sente donc un risque important d'explosion interne. Par ailleurs son orbite Ă 700 kilomĂštres implique qu'il ne sera dĂ©truit en pĂ©nĂ©trant dans l'atmosphĂšre qu'au bout de 50 ans augmentant la probabilitĂ© d'une collision avec un autre engin spatial ou un dĂ©bris[38].
Les différentes techniques
à la suite de différentes conférences sur le sujet, plusieurs propositions ont été faites pour rabattre les débris vers l'atmosphÚre terrestre, telles que des remorqueurs automatisés[71], un balai laser (en) (pour détruire les particules ou les dévier vers une orbite plus basse), de gigantesques boules d'aérogel pour absorber les impacts et finalement précipiter les débris capturés vers l'atmosphÚre, un filet pour capturer le débris, des moteurs ioniques soufflant sur un satellite géostationnaire en fin de vie afin de le sur-orbiter. Néanmoins, la difficulté principale reste le « rendez-vous » avec ces « objets non coopératifs » en mouvement. Les efforts portent sur la prévention des collisions par la surveillance des plus gros débris et les mesures contre la création de nouveaux.
- Le satellite emporte un dispositif spécifique destiné à accélérer la réduction naturelle de l'altitude sous l'effet de l'atmosphÚre résiduelle. Ainsi le satellite scientifique français Microscope emporte l'équipement IDEAS (Innovative DEorbiting Aerobrake System) destiné à la désorbitation. Celui-ci est constitué par deux structures souples qui sont gonflées en fin de mission avec de l'azote stocké sous haute pression. En augmentant la surface soumise aux forces de trainée de 6,3 m2, l'altitude du satellite diminue plus rapidement ce qui réduit le temps de séjour en orbite. L'équipement a une masse totale de 12 kg.
- CrĂ©ation d'une « dĂ©charge » orbitale oĂč seraient rassemblĂ©s les plus gros objets afin d'Ă©viter les collisions et de stocker ces ressources de matĂ©riaux pour le futur.
- La désorbitation volontaire des satellites en fin de vie serait une mesure efficace.
La dĂ©sorbitation pourrait dans ces cas-lĂ ĂȘtre effectuĂ©e grĂące Ă un cĂąble Ă©lectrodynamique dĂ©roulĂ© depuis le satellite et qui le ralentirait et abaisserait son orbite jusqu'Ă une altitude oĂč la traĂźnĂ©e atmosphĂ©rique provoquerait rapidement la dĂ©sorbitation[72].
Mission expérimentale RemoveDebris
En 2018, l'Agence spatiale européenne place en orbite le satellite expérimental RemoveDebris, pour évaluer plusieurs techniques de collecte et de retrait des débris spatiaux. Ce minisatellite expérimental de 100 kilogrammes emporte deux CubeSats chargés de simuler des débris spatiaux. La mission teste avec succÚs entre et un systÚme de reconnaissance optique destiné à permettre un rendez-vous avec un débris spatial, la capture d'un débris avec un filet puis avec un harpon, ainsi que le déploiement d'une voile permettant d'augmenter la trainée générée par l'atmosphÚre résiduelle et ainsi d'accélérer la rentrée atmosphérique[73].
Projet européen Adrios
En 2020, l'Agence spatiale européenne initialise la mission Adrios du projet ClearSpace, destinée à désorbiter en 2025 un élément d'une ancienne fusée Vega[74].
Une premiÚre chinoise : le nettoyage de l'orbite géostationnaire
Le satellite expérimental chinois Shijian 21, lancé en 2021, modifie son orbite fin décembre 2021 de maniÚre à s'approcher du satellite de navigation Beidou 2-G2 tombé en panne sur son orbite géostationnaire. En , il s'amarre au satellite défaillant puis modifie son orbite avant de le relùcher sur une orbite cimetiÚre. C'est le premier exemple de nettoyage de l'orbite géostationnaire réalisé à l'aide d'un engin spatial[75].
Enjeux juridiques
Bien que la plupart des acteurs importants du spatial tels que lâAgence spatiale europĂ©enne ou la NASA cherchent Ă sây conformer, les rĂšgles de bonne conduite adoptĂ©es pour limiter le risque dĂ» aux dĂ©bris ne font pas office de lois. Certaines agences spatiales reconnaissent donc leur devoir moral de prĂ©servation de lâespace ; elles respectent les rĂšgles fixĂ©es afin de montrer le bon exemple et par souci de leur rĂ©putation, mais elles ne sont contraintes par aucune obligation formelle. Afin dâassurer le respect systĂ©matique des rĂšgles, il serait nĂ©cessaire dâinstaurer un cadre juridique international ainsi que des lois nationales, qui sont Ă©galement trĂšs rares aujourdâhui. DâaprĂšs le site officiel du CNES[53], la France est le seul pays Ă avoir adoptĂ© une loi traitant des dĂ©bris spatiaux (la Loi sur les opĂ©rations spatiales, promulguĂ©e en 2010).
Le cadre lĂ©gal international en vigueur actuellement est fondĂ© sur le TraitĂ© de lâespace, signĂ© en 1967. Ce document ne traite pas explicitement des dĂ©bris spatiaux, qui ne constituaient pas encore une menace importante Ă lâĂ©poque de son adoption. Les articles qui le constituent sont par consĂ©quent difficiles Ă interprĂ©ter et Ă appliquer dans le cadre de cette problĂ©matique. Lâune des difficultĂ©s principales concerne la question de la responsabilitĂ© en cas dâaccidents causĂ©s par des dĂ©bris spatiaux. En effet, selon la rĂ©glementation actuelle, le pays qui lance un satellite est responsable des dommages causĂ©s par cet engin sur des objets appartenant Ă dâautres Ătats[76]. Une telle directive paraĂźt claire Ă premiĂšre vue ; il est cependant trĂšs difficile, en pratique, de dĂ©terminer lâorigine dâun dĂ©bris spatial puisque seuls les dĂ©bris les plus gros (>10 cm) peuvent ĂȘtre suivis depuis le sol. De plus, pour les accidents survenus dans lâespace, le pays qui dĂ©pose une plainte doit ĂȘtre capable de prouver que lâĂtat propriĂ©taire de lâobjet impliquĂ© a commis une faute (par exemple une erreur de construction)[76]. En lâabsence de lĂ©gislation globale sur la construction et la gestion des missions spatiales, dĂ©finir de telles erreurs est dĂ©licat, et les dĂ©montrer lors dâun accident relĂšve souvent de lâimpossible.
Outre la question de la responsabilitĂ© en cas dâaccident, dâautres enjeux juridiques complexes sont soulevĂ©s par le dĂ©veloppement de techniques actives de dĂ©sorbitation. En effet, le TraitĂ© de lâespace prĂ©voit que chaque pays conserve la propriĂ©tĂ© et le contrĂŽle des satellites quâil met en orbite[76]. Cela pose un problĂšme pour le retrait actif, puisquâaucun objet ne peut ĂȘtre dĂ©sorbitĂ© sans lâautorisation du pays qui lâa lancĂ©. De plus, des informations dĂ©taillĂ©es sur le satellite en fin de vie doivent ĂȘtre divulguĂ©es Ă lâorganisme responsable de sa dĂ©sorbitation, ce qui porte prĂ©judice Ă la propriĂ©tĂ© intellectuelle et Ă la confidentialitĂ©[76]. Le manque de dispositions lĂ©gales constatĂ© aujourdâhui et les difficultĂ©s dâinterprĂ©tation des lois existantes permettent ainsi de mettre en Ă©vidence des enjeux juridiques complexes intrinsĂšques Ă la problĂ©matique des dĂ©bris spatiaux. Aboutir Ă un cadre juridique international constitue donc lâun des dĂ©fis quâil faut relever rapidement afin de rĂ©soudre les problĂšmes liĂ©s Ă la prolifĂ©ration incontrĂŽlĂ©e de ces dĂ©bris.
ĂvĂ©nements remarquables
ĂvĂ©nements ayant contribuĂ© Ă crĂ©er un volume significatif de dĂ©bris
Date de l'événement |
Date de lancement |
Lanceur et/ou satellite impliqué |
Altitude de l'événement |
Débris catalogués |
Débris restant (début 2016) |
Origine de l'événement |
---|---|---|---|---|---|---|
2007 | 1999 | Fengyun-1C | 850 km | 3428 | 2880 | Collision volontaire (test anti-satellite) |
2009 | 1993 | Cosmos 2251 | 790 km | 1668 | 1141 | Collision accidentelle avec Iridium 33 |
1996 | 1994 | Ătage HAPS fusĂ©e Pegasus (lancement STEP-2 | 625 km | 754 | 84 | Explosion accidentelle du rĂ©servoir |
2009 | 1997 | Iridium 33 | 790 km | 628 | 364 | Collision accidentelle avec Cosmos 2251 |
1986 | 1986 | Cosmos 2421 | 410 km | 509 | 0 | Inconnue |
1986 | 1986 | Europe 3e étage Ariane 1 lancement SPOT-1 | 805 km | 498 | 32 | Explosion du réservoir |
1965 | 1965 | Ătage Transtage Titan III lancement LCS 2 | 740 km | 473 | 33 | Explosion accidentelle du rĂ©servoir |
2000 | 1999 | TroisiÚme étage Longue Marche 4 et satellite CBERS 1 | 740 km | 431 | 210 | Double explosion accidentelle du réservoir |
1970 | 1970 | Ătage Agena lancement Nimbus 4 | 1 075 km | 376 | 235 | Explosion accidentelle du rĂ©servoir |
2001 | 2001 | Dernier étage PSLV lancement TES | 670 km | 372 | 80 | Explosion accidentelle du réservoir |
De 1967 Ă 1988, l'Union soviĂ©tique lança des satellites espions RORSAT alimentĂ©s par rĂ©acteur nuclĂ©aire. Ă la fin de leur mission, ils Ă©jectaient leur cĆur sur une orbite de plusieurs siĂšcles de durĂ©e de vie. Durant et aprĂšs cette Ă©jection, des fuites de fluide caloporteur NaK se sont produites, dispersant des gouttes entre 850 et 1 000 km d'altitude. Ces dĂ©bris, au nombre d'environ 110 000, d'une taille allant jusqu'Ă 7 cm et d'une masse totale de 165 kg, reprĂ©sentent encore aujourd'hui un danger pour les objets en orbite basse (ils furent dĂ©tectĂ©s par LDEF dont l'apogĂ©e Ă©tait Ă 580 km)[77]. De plus, il est possible qu'ils aient percutĂ© les radiateurs des RORSAT en orbite de rebut, provoquant de nouvelles fuites de NaK[78].
Parmi les autres événements ayant produit un nombre de débris significatifs ou impliquant un débris spatial figurent :
- en décembre 1991, un satellite Kosmos aurait été touché par l'un de ses jumeaux selon des informations américaines ;
- le , un fragment d'un troisiÚme étage d'une fusée Ariane qui avait explosé en vol dix ans auparavant percute le microsatellite français Cerise ;
- le , un étage d'une fusée Thor a été percuté par un débris chinois[79] ;
- une des plus grandes crĂ©ations de dĂ©bris ne fut pas accidentelle : elle est due Ă un essai de missile anti-satellite chinois le causant la destruction de Fengyun-1C. Il provoqua la crĂ©ation de 2 300 dĂ©bris de taille observable (c.-Ă -d. de quelques centimĂštres, dĂ©compte de dĂ©cembre 2007) et d'aprĂšs les estimations, 35 000 dĂ©bris d'au moins 1 cm et plus d'un million de dĂ©bris d'au moins 1 mm. Cet Ă©vĂ©nement est plus prĂ©judiciable que les prĂ©cĂ©dents essais de telles armes car il eut lieu Ă une altitude plus Ă©levĂ©e (850 km) qui engendre une durĂ©e de prĂ©sence en orbite d'au moins 35 ans. En juin 2007, le satellite Terra fut le premier Ă devoir ĂȘtre dĂ©viĂ© pour lui Ă©viter d'ĂȘtre touchĂ© par ces dĂ©bris[80] ;
- quelques mois plus tard, les Américains réalisent également une destruction volontaire d'un satellite espion, l'USA-193 ; le radar Sea-based X-band Radar dénombre 169 débris généré par la destruction du satellite ;
- un Ă©vĂ©nement d'une ampleur similaire survint le quand le dernier Ă©tage d'un lanceur russe Briz-M explose en orbite au-dessus de l'Australie. La fusĂ©e avait Ă©tĂ© lancĂ©e le transportant un satellite de communication Arabsat-4A, mais un dysfonctionnement l'empĂȘche d'achever la mise en orbite et il resta en orbite elliptique avec une grande quantitĂ© d'imbrĂ»lĂ©s hypergoliques corrosifs. L'explosion fut photographiĂ©e par plusieurs astronomes, les observations radar n'ont pu Ă©tablir prĂ©cisĂ©ment la trajectoire des dĂ©bris Ă cause du caractĂšre de leur orbite. Bien que d'une ampleur semblable au test chinois, le nuage de dĂ©bris passe par une altitude moindre et une grande partie des 1 100 dĂ©bris identifiĂ©s retombĂšrent dans l'atmosphĂšre rapidement[81] - [82]. Une autre dislocation venait juste d'ĂȘtre observĂ©e le 14 fĂ©vrier prĂ©cĂ©dent[83], ce qui en fait trois en l'espace de deux mois. Il y en avait eu 8 dans l'annĂ©e 2006, ce qui n'Ă©tait jamais arrivĂ© depuis 1993[84] ;
- le , un énorme nuage de débris spatiaux se forme à la suite de l'explosion mi-octobre du bloc d'accélération d'une fusée Proton-M, lancée début août, ayant échoué à mettre en orbite deux satellites de télécommunications en raison d'une défaillance technique[85] ;
- en mars 2019, l'Inde procÚde à un tir de destruction sur son satellite MicroSat-R en orbite basse générant quantité de débris[86] - [87] mettant en péril l'ISS[88] ;
- le , la Russie a effectuĂ© un tir dâessai contre lâun de ses vieux satellites en orbite, ce qui a Ă©tĂ© confirmĂ© dans un communiquĂ©[89]. Ce test fait l'objet de critiques de plusieurs agences spatiales, en particulier de la NASA, et met en danger potentiel l'Ă©quipage de l'ISS[90].
Ainsi, alors que jusqu'en 2007, la courbe de croissance du nombre de débris était linéaire (environ 200 nouveaux objets par an), ces évÚnements ont généré une courbe de croissance exponentielle[26].
Des tirs antisatellites ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© menĂ©s par seulement quatre nations (Ătats-Unis, Chine, Inde et Russie). Ces tests sont trĂšs critiquĂ©s en raison des nombreux dĂ©bris qu'ils gĂ©nĂšrent[89]. En mai 2022, les Ătats-Unis annoncent qu'ils interdiront tout nouveau test de tir antisatellite amĂ©ricain[91].
Impacts de débris notables
La premiÚre collision connue entre un satellite et un débris spatial catalogué remonte à 1996 et concerne le satellite militaire français Cerise : le débris heurte à une vitesse relative de 14,8 km/s la partie supérieure de la perche au bout de laquelle se situe la masse permettant de stabiliser le satellite par gradient de gravité[92].
Lottie Williams est la premiĂšre et la seule personne Ă ce jour (septembre 2008) Ă avoir Ă©tĂ© touchĂ©e par un dĂ©bris spatial d'origine humaine. Alors qu'elle se promenait dans un parc de Tulsa dans l'Oklahoma, le Ă 3 h 30, elle remarqua une lueur dans le ciel qu'elle prit pour une Ă©toile filante. Quelques minutes plus tard, elle fut frappĂ©e Ă l'Ă©paule par un objet mĂ©tallique sombre de 15 cm qui s'avĂ©ra, plus tard ĂȘtre une piĂšce de rĂ©servoir d'une fusĂ©e Delta II lancĂ©e en 1996. Elle ne fut pas blessĂ©e[93].
Notes et références
Notes
- La station dispose d'un blindage capable de résister aux objets dont la taille est inférieure à 1 cm, tandis que les objets de plus de 10 cm, dont l'orbite est connue, sont évités par des petits changements d'orbite.
- C'est-à -dire que la capacité du SAFER permet théoriquement à un astronaute qui s'éloignerait de la station spatiale à la vitesse de 1 m/s d'annuler cette vitesse puis de repartir dans la direction inverse à 1 m/s et enfin d'annuler cette vitesse lorsqu'il est sur le point d'aborder la station.
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- (en) Nations Unies - Bureau pour les affaires spatiales, Space Debris Motigation Guidelines of the Committee on the Peaceful Uses of Outer Space, (lire en ligne) â Recommandations de l'ONU.
Ătat des lieux
- (en) ESA Space Debris Office, ESAâs Annual Space environment Report Prepared, Agence spatiale europĂ©enne, , 106 p. (lire en ligne) â Rapport annuel de 2021 de l'Agence spatiale europĂ©enne recensant les dĂ©bris spatiaux.
- (en) Davis et Joseph P. Loftus, Orbital Debris : a chronology, NASA, , 172 p. (lire en ligne) â Chronologie dĂ©taillĂ©e des Ă©vĂ©nements en relation avec les dĂ©bris spatiaux du dĂ©but de l'Ăšre spatiale Ă janvier 1998.
Projets de nettoyage
- (en) Robin Biesbroek, Active Debris Removal in Space: How to Clean the Earth's Environment from Space Debris, Createspace Independent Publishing Platform, , 104 p. (ISBN 9781508529187) â Esquisse des solutions techniques permettant de nettoyer l'orbite terrestre de maniĂšre active.
- Valentin Degrange, « L'enlÚvement actif des débris: une mission commune et une obligation de coopérer au profit de l'humanité. », dans Annette Froehlich, Sécurité spatiale et aspects juridiques de l'enlÚvement actif des débris, springer, (ISBN 978-3-319-90338-5, lire en ligne), p. 1-15
Divers
- (en) Jim Schefter, « The Growing Peril of Space Debris » Popular Science, July 1982, p. 48â51.
- (en) NASA, History of on-orbit satellite fragmentation (14e Ă©dition), (lire en ligne)
- Fernand Alby< et Jean-Pierre Largillet, « La question des "débris spatiaux" à la conférence de la 3AF », sur WebTimeMedias,
- Jacques Arnould, André Debus, La pollution spatiale sous surveillance, Paris, Ellipses, , 139 p. (ISBN 978-2-7298-3395-4)
- (en) BenoitChamot, Mission and System Architecture Design for Active Removal of Rocket Bodies in Low Earth Orbit, (lire en ligne)
- Christophe Bonnal (CNES), Pollution spatiale, l'Ă©tat d'urgence, Belin, 2016
Voir aussi
Documentaire Audio
- Pierre Barthélémy, « Débris spatiaux : une catastrophe finira-t-elle par arriver ? » [audio], sur LeMonde.fr, .
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
Pages des agences spatiales et des organismes dédiés
- Page du CNES consacrée aux débris spatiaux
- (en) Site de la NASA
- (en) Page de l'Agence spatiale européenne
- (en) Site de l'IADC
Ătat des lieux actualisĂ©
- (en) Revue trimestrielle de la NASA traitant des dĂ©bris spatiaux : Ă©volution, analyse d'incidents, projets, ateliersâŠ
- (en) Visualisation des trajectoires simulées des objets artificiels en orbite autour de la Terre
Autres
Articles connexes
Principaux concepts
- Orbite terrestre
- Two-Line Elements (TLE), format de publication des paramĂštres orbitaux d'objets en orbite terrestre
- Syndrome de Kessler
- Satellite artificiel
- CubeSat
- Constellation de satellites
- Bouclier Whipple
- Orbite de rebut
Aspects réglementaires
Projets liés aux débris spatiaux
- RemoveDebris, un mini-satellite expérimental
- InflateSail
- ClearSpace
Autres sources de pollution spatiale