Accueil🇫🇷Chercher

Titan (fusée)

Titan est une famille de lanceurs lourds, qui furent utilisĂ©s entre 1959 et 2005 pour placer en orbite les satellites militaires amĂ©ricains de grande taille. La NASA l'a Ă©galement utilisĂ©e de manière marginale pour lancer tous les vaisseaux du programme Gemini ainsi que quelques sondes spatiales telles que Cassini. Le lanceur est dĂ©rivĂ© du missile balistique intercontinental SM-68 Titan et est caractĂ©risĂ© par le recours Ă  des ergols hypergoliques stockables. Des versions de plus en plus puissantes ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©es pour accompagner l'augmentation de taille des satellites militaires. Le lanceur a inaugurĂ© en 1965 dans sa version Titan 3C l'utilisation de propulseurs d'appoint Ă  propergol solide de grand diamètre qui ont inspirĂ© ceux de la navette spatiale amĂ©ricaine et qui lui ont permis de placer 13 tonnes en orbite basse contre 3 tonnes dans les versions prĂ©cĂ©dentes. Cette architecture a Ă©tĂ© reprise sur la dernière version, Titan IV, produite Ă  partir de 1988, capable de placer près de 22 tonnes en orbite basse. L'arrĂŞt de la production des lanceurs Titan, effectif après 220 lancements, est la consĂ©quence de son coĂ»t de production Ă©levĂ© et de la diminution de la frĂ©quence des lancements des satellites militaires lourds.

Des membres de la famille Titan : Titan IVB (en haut), Titan IIIE (Ă  gauche) et Titan II GLV (Ă  droite)
Famille Titan

Le missile Titan I

Titan I

Au milieu des annĂ©es 1950, les États-Unis dĂ©veloppent leurs premiers missiles balistiques intercontinentaux. L’ArmĂ©e de l'Air amĂ©ricaine dĂ©cide de lancer en 1955 en parallèle le dĂ©veloppement des missiles SM-68 Titan et SM-65 Atlas : l'objectif est de disposer d'une solution de rechange au cas oĂą le dĂ©veloppement de l'Atlas, Ă  la conception audacieuse, Ă©chouerait. Le constructeur est la sociĂ©tĂ© Glenn L. Martin Company qui deviendra par la suite Martin Marietta avant d'ĂŞtre absorbĂ© dans Lockheed-Martin. Le missile Titan comporte contrairement Ă  l'Atlas deux Ă©tages propulsĂ©s par des moteurs Aerojet LR-87 brĂ»lant un mĂ©lange de RP-1 (kĂ©rosène) et d'oxygène liquide. Le missile haut de 26 mètres et d'une masse de 100 tonnes est capable de lancer une bombe atomique unique de 4 mĂ©gatonnes Ă  15 000 km. Le premier Ă©tage a un diamètre de 3,05 mètres qu'on retrouvera sur toutes les versions ultĂ©rieures. Le deuxième Ă©tage a un diamètre de 2,06 mètres qui ne sera pas reconduit dans les versions suivantes. Le missile est guidĂ© depuis le sol : un ordinateur installĂ© dans un bunker calcule les corrections de trajectoire qui sont transmises par radio[1].

Après deux tentatives le et le marquées par l'échec du décollage, un premier essai réussit le , avec un second étage inactif, dont les réservoirs sont remplis d'eau. Le missile est déployé à compter de 1962 dans des silos à une cinquantaine d'exemplaires mais est retiré du service dès 1965 car l'utilisation de l'oxygène liquide, qui entraine un délai de lancement de 20 minutes, le rend rapidement obsolète pour les besoins militaires[1].

Titan II

Titan II lançant Gemini 11

Le missile

Alors que le missile Titan I Ă©tait encore dans une phase de test, le dĂ©veloppement de son remplaçant, le missile Titan II, est entamĂ©. L'objectif est de rĂ©duire de manière significative le dĂ©lai de lancement de 15 Ă  20 minutes imposĂ© par le remplissage des rĂ©servoirs d'oxygène liquide et de supprimer Ă©galement les risques d'explosion. Le nouveau missile reprend la configuration du Titan I mais ses moteurs utilisent de nouveaux ergols hypergoliques qui peuvent ĂŞtre stockĂ©s dans les rĂ©servoirs Ă  tempĂ©rature ambiante, supprimant la nĂ©cessitĂ© d'un remplissage avant le lancement. Les moteurs LR-87 sont lĂ©gèrement modifiĂ©s pour brĂ»ler un mĂ©lange de peroxyde d'azote et d'aĂ©rozine 50 en gagnant en poussĂ©e (965 kN au lieu de 647 kN au niveau du sol pour les deux moteurs du premier Ă©tage) et en masse (739 kg au lieu de 839 kg). La longueur est identique Ă  celle du Titan I (27 mètres de long mais le diamètre du second Ă©tage est dĂ©sormais identique Ă  celle du premier Ă©tage c'est-Ă -dire 3,05 mètres de diamètre). La masse du missile Titan II passe Ă  149,5 tonnes soit une augmentation de 50 %. Le nouveau missile peut lancer une tĂŞte nuclĂ©aire de 3,7 tonnes d'une puissance de 9 mĂ©gatonnes. Titan II, contrairement Ă  son prĂ©dĂ©cesseur qui est radiocommandĂ©, est pilotĂ© de manière autonome grâce Ă  un système de navigation inertielle utilisant des gyroscopes. Le missile, qui sera le plus gros mis en Ĺ“uvre par les États-Unis, sera dĂ©ployĂ© dès 1962 Ă  une cinquantaine d'exemplaires avant d'ĂŞtre complètement retirĂ© du service en 1982[1].

Le lanceur du programme Gemini : Titan II GLV

En , la NASA dĂ©cide d'utiliser le missile Titan II pour lancer les vaisseaux de son programme spatial habitĂ© Gemini. Ă€ l'Ă©poque, l'agence spatiale amĂ©ricaine n'a pas le choix car il n'existe aucun autre lanceur amĂ©ricain capable de mettre en orbite les 3 600 kg du vaisseau Gemini biplace (Titan II pouvait placer 3 810 kg en orbite basse). Mais le lanceur est encore dans une phase de dĂ©veloppement et fonctionne avec un niveau de vibrations longitudinales (effet POGO) très Ă©levĂ© (+/- 2,5 g). La NASA ayant besoin pour lancer des Ă©quipages humains que ce niveau soit abaissĂ© Ă  +/- 0,25 g accepte de participer au financement des amĂ©liorations rĂ©duisant les vibrations. Ces modifications comportent notamment un abaissement de la pression dans la chambre de combustion des moteurs. Douze lanceurs seront construits pour le programme de la NASA plus deux exemplaires pour qualifier cette version. Toutes les fusĂ©es du programme Gemini sont tirĂ©es depuis une unique rampe de lancement du missile situĂ©e sur la base de lancement de Cap Canaveral et reconvertie pour un usage civil : le dĂ©lai de mise en Ĺ“uvre du lanceur est tellement court que la NASA parvient Ă  lancer deux missions Gemini Ă  moins de 10 jours d'intervalle depuis la mĂŞme installation (Gemini 6 et Gemini 7). Le premier vol sans Ă©quipage a lieu le lors de la mission Gemini 1 (vol de qualification, le premier vol avec Ă©quipage le pour la mission Gemini 3) et l'utilisation du lanceur dans le cadre du programme de la NASA s'achève avec la mission Gemini 12 qui dĂ©colle le . Le coĂ»t total du dĂ©veloppement et de fabrication des Titan utilisĂ©es par la NASA se monte en tout Ă  283,2 millions $. Tous les lancements sont rĂ©ussis : le seul incident Ă  dĂ©plorer est une mise Ă  feu interrompue au sol pour Gemini 6. L'utilisation du missile Titan II comme lanceur semble s'achever en 1966 mais il reprendra plus tard avec la version 23G lorsque les missiles installĂ©s dans les silos seront retirĂ©s du service.

Les missiles Titan II recyclés : la version Titan 23 G

En 1982, les 54 missiles Titan II porteurs de l'arme nuclĂ©aire sont retirĂ©s du service. L'ArmĂ©e de l'Air amĂ©ricaine demande au constructeur Martin Marietta d'Ă©tudier la reconversion des missiles obsolètes en lanceur. L'opĂ©ration s'avère très Ă©conomique puisque 14 missiles sont reconvertis en lanceur pour un coĂ»t unitaire de 47 millions de dollars, soit un prix infĂ©rieur Ă  celui des Delta II de l'Ă©poque, alors que la charge utile emportĂ©e est supĂ©rieure. Les modifications portent principalement sur une modernisation de l'Ă©lectronique embarquĂ©e, le dĂ©veloppement d'une coiffe adaptĂ©e Ă  l'emport de satellite et la reconversion d'un pas de tir utilisĂ© Ă  l'Ă©poque par les Titan 3. Cette version du lanceur, baptisĂ©e Titan 23 G, remplace les fusĂ©es Atlas E pour le lancement des satellites lourds de l'ArmĂ©e de l'air circulant sur une orbite polaire (altitude comprise entre 700 et 1 200 km). Il s'agit essentiellement de satellites mĂ©tĂ©orologiques. La NASA utilise Ă©galement cette version pour le lancement du satellite d'observation de la Terre Landsat 6 (Ă©chec) et de la sonde spatiale lunaire Clementine.

Titan 3

Premier lancement de la Titan 3A
Titan 3C
Titan 3E lançant Voyager 1

La Titan 3A et l'Ă©tage Transtage

Dès 1962, Martin Marietta propose Ă  la NASA de dĂ©velopper un lanceur civil utilisant la Titan 2 surmontĂ©e d'un nouvel Ă©tage supĂ©rieur. L'ensemble est baptisĂ© Titan 3 (ou Titan III) car il comporte trois Ă©tages. La NASA n'est pas intĂ©ressĂ©e par le lanceur proposĂ© car elle s'est engagĂ©e dans le dĂ©veloppement de l'Ă©tage supĂ©rieur Centaur qui doit donner Ă  la fusĂ©e Atlas les capacitĂ©s de lancement qu'elle recherche. L'ArmĂ©e de l'Air amĂ©ricaine, Ă©galement peu intĂ©ressĂ©e au dĂ©but, change d'avis car elle doit mettre en orbite gĂ©ostationnaire des satellites de plus en plus lourds. Martin Marietta dĂ©veloppe donc un Ă©tage supĂ©rieur baptisĂ© Transtage qui peut ĂŞtre rallumĂ© plusieurs fois sur une pĂ©riode de plusieurs jours et qui est conçu notamment pour rĂ©pondre aux besoins du satellite de reconnaissance KH-8. L'Ă©tage Transtage très compact (diamètre de 3,05 m pour une longueur de 4,57 m) est propulsĂ© par deux moteurs-fusĂ©es Aerojet AJ10-138 d'une poussĂ©e de 36 kN qui utilisent les mĂŞmes carburants que les deux premiers Ă©tages du lanceur Titan. Mais, Ă  la mĂŞme Ă©poque, la Titan 3 connaĂ®t des problèmes de dĂ©veloppement importants et Martin Marietta ne reçoit qu'une commande de 5 lanceurs Titan 3A qui n'auront pas de suite sans doute du fait du coĂ»t Ă©levĂ© de l'Ă©tage supĂ©rieur. Les commandes suivantes porteront sur des Titan 3B, version utilisant l'Ă©tage supĂ©rieur Agena moins puissant mais beaucoup moins coĂ»teux. Seuls 4 lanceurs Titan 3A sont tirĂ©s entre le 1er septembre et le avec un Ă©chec (le premier tir). La charge utile la plus lourde placĂ©e en orbite a une masse de 4,08 tonnes[2].

La Titan 3B avec Ă©tage Agena

La Titan 3B est le nom donnĂ© Ă  la version utilisant l'Ă©tage supĂ©rieur Agena D. Bien que moins puissant que le Transtage, cet Ă©tage a quelques atouts. Outre son prix, il a une masse Ă  vide beaucoup plus faible et il bĂ©nĂ©ficie d'une longue sĂ©rie de lancements qui ont permis d'amĂ©liorer sa fiabilitĂ©. Comme le Transtage la version D utilisĂ©e est rallumable. D'un diamètre rĂ©duit (1,54 mètre), il donne une silhouette très particulière Ă  cette version du lanceur. Celui-ci peut placer une charge de 3,6 tonnes sur une orbite basse. Après une longue phase de mise au point, la Titan 3B est lancĂ©e pour la première fois le . La Titan 3B est lancĂ©e Ă  59 reprises (2 Ă©checs) et le dernier tir a lieu le . La majoritĂ© des charges utiles sont des satellites de reconnaissance de la famille KH-8 dont la durĂ©e de vie très brève (2 semaines) nĂ©cessite des lancements frĂ©quents. Ă€ la fin des annĂ©es 1980, la masse des satellites de reconnaissance croit fortement et les missions assurĂ©es par les Titan 3B sont prises en charge par la Titan 3C beaucoup plus puissante. Une version particulière, baptisĂ©e Titan 34B et dotĂ©e d'un premier et deuxième Ă©tage rallongĂ©s portant la charge utile Ă  3,9 tonnes, est lancĂ©e Ă  11 reprises entre et (2 Ă©checs). Les Ă©tages rallongĂ©s seront repris pour la version Titan 3D[2].

La Titan 3C et l'apparition des gros propulseurs d'appoint

Une fois que la Titan 3A a achevĂ© son programme de test, Martin Marietta dĂ©veloppe une nouvelle version dotĂ©e de propulseurs d'appoint. Il s'agit d'une Ă©volution logique des lanceurs mais la spĂ©cificitĂ© de la Titan 3C est que chacun de ses propulseurs est plus lourd que le lanceur lui-mĂŞme : 230 tonnes pour chacun des propulseurs d'appoint contre 170 tonnes pour l'ensemble des trois Ă©tages centraux. Ce choix d'architecture est une première et ne sera pas repris avant le dĂ©veloppement du lanceur Ariane 5. Le propulseur d'appoint dĂ©veloppĂ© par United Alliant a un diamètre identique Ă  celui de la Titan 3A (3,05 mètres pour une hauteur de 25,9 mètres) et comporte une tuyère fixe inclinĂ©e de 6 ° vers l'extĂ©rieur pour que l'axe de la poussĂ©e passe par le centre de masse. Le propulseur d'appoint brĂ»le un mĂ©lange d'aluminium (combustible) et de perchlorate d'ammonium (oxydant) avec un liant de type PBAA qui fournit une puissance maximum d'environ 5300 kN par propulseur et une poussĂ©e moyenne de 4551 kN. Le premier Ă©tage n'est allumĂ© que 10 secondes avant l'extinction des propulseurs d'appoint et 12 secondes avant leur largage alors que la fusĂ©e se trouve dĂ©jĂ  Ă  50 km d'altitude c'est-Ă -dire pratiquement dans le vide. Pour diriger la fusĂ©e lorsque les propulseurs d'appoint fonctionnent, un jet de gaz modifiant la gĂ©omĂ©trie de la combustion est injectĂ© dans la tuyère, sa direction permettant ainsi de modifier de 5° l'axe de la poussĂ©e. Le nouveau lanceur est tirĂ© Ă  36 reprises (5 Ă©checs) entre le et le . Ă€ une exception près, il est utilisĂ© pour lancer des satellites de reconnaissance ou de tĂ©lĂ©communications militaires[2]. .

La Titan 3D la version sans étage supérieur

Pour le lancement des satellites de reconnaissance placés en orbite basse, l'étage Transtage n'était pas nécessaire compte tenu de la puissance du lanceur avec ses propulseurs d'appoint par contre il accroissait fortement le coût du lancement. La version Titan 3D est une Titan 3C sans étage supérieur. Dotée d'une coiffe de 19 mètres de long, elle est utilisée pour lancer en orbite polaire des satellites de reconnaissance KH-9 et KH-11 d'une masse comprise entre 10 et 12 tonnes. Les premières études de cette version sont entreprises en 1966 dans le cadre d'un programme de recherche sur les corps portants de l'Armée de l'Air avec des propulseurs d'appoint de longueur différentes mais ce programme se poursuivra avec la version Titan 34. La Titan 3D comporte l'inconvénient de ne pas disposer d'étage réallumable ce qui impose une orbite elliptique. Ce n'est toutefois pas une contrainte pour les satellites de reconnaissance KH qui disposent de leur propre propulsion et sont conçus pour travailler sur une orbite elliptique. La version Titan3D est tirée à 22 reprises entre le et le sans aucun échec[2]. .

La Titan 3E la version avec Ă©tage Centaur

La NASA a besoin dans les années 1970 de lancer des sondes spatiales lourdes ou à très grandes vitesses. Son choix se porte sur un lanceur Titan utilisant l'étage supérieur Centaur beaucoup plus performant que le Transtage. Une coiffe de 4,27 mètres de diamètre recouvre à la fois la charge utile et l'étage Centaur. La Titan 3E peut lancer sur une trajectoire interplanétaire une masse de 5,1 tonnes contre 2,9 tonnes pour la Titan 3C. La Titan 3E peut lancer ainsi 3,9 tonnes vers la planète Mars et 300 kg vers Pluton.

Sept lancements de cette version sont réalisés entre le et le . Le premier essai le 11 février 1974 est un échec, la fusée dévie de la trajectoire prévue et doit être détruite, avec sa charge, une maquette de sonde Viking. Parmi les charges utiles lancées figurent les quatre sondes spatiales emblématiques des programmes Voyager et Viking[2]. .

La Titan 34D alternative Ă  la navette spatiale

À la fin des années 1970 s'achève le développement de la navette spatiale américaine. Pour justifier son développement, elle est censée remplacer l'ensemble des lanceurs américains existants dont la fusée Titan. La ligne de production des Titan doit s'arrêter après avoir produit 424 exemplaires du lanceur. Mais le premier vol de la navette, planifié initialement en 1978, est régulièrement repoussé et manifestement la navette aura du mal à atteindre rapidement une cadence de tir lui permettant de prendre en charge toutes les charges utiles. Martin Marietta décide de développer une version plus puissante de son lanceur capable de placer en orbite géostationnaire les satellites de télécommunications militaires conçus pour l'arrivée de la navette qui sont en attente de la montée en puissance de celle-ci. Les premiers et deuxième étages du lanceur sont rallongés et les propulseurs d'appoint comportent 5,5 segments au lieu de 5. Enfin cette version du lanceur, baptisée Titan 34D, adopte l'étage supérieur IUS développé pour la navette spatiale dans une version toutefois allégée : l'IUS permet de placer sur une orbite géostationnaire un satellite de 1,9 tonne contre 2,3 tonnes dans la version conçue pour la navette. L'IUS est composé de deux étages à propergol solide disposant de son propre système de contrôle d'attitude. Cette nouvelle version est lancée à 15 reprises entre le et le pour placer en orbite des satellites militaires. Mais le lanceur est peu fiable (3 échecs) et son coût explose (multiplié par trois) du fait de la faible fréquence de tir des Titan durant cette période[2].

La Titan en version commerciale

Les constructeurs du lanceur Titan sont au début des années 1980 à la recherche de nouveaux clients pour remplacer les commandes de l'Armée de l'Air qui sont désormais prises en charge par la navette spatiale. Ils décident de développer une version commerciale tournée vers le marché des satellites de télécommunications civils qui commence à se développer rapidement et qui est prospecté avec succès par le lanceur européen Ariane. Cette version repose sur la Titan 34. Trois types d'étage supérieur sont proposés au client : l'IUS, le Transtage et l'étage PAM issu des programmes de la navette spatiale et du lanceur Delta. Une coiffe d'un diamètre de 4 mètres est conçue pour cette version. Enfin, la fusée peut effectuer des lancements multiples grâce à un système analogue au Sylda du lanceur Ariane. La Titan commerciale est lancée après le premier accident de la navette spatiale américaine. La Titan est retenue pour trois lancements que la fusée Ariane, dont le carnet de commandes s'est brutalement rempli à la suite de l'accident, ne peut prendre en charge. Un quatrième exemplaire est commandé pour la sonde Mars Observer. Mais le lanceur Titan manque d'attractivité et ne trouvera pas d'autre client : il est beaucoup plus coûteux que le lanceur européen et le délai de mise à disposition est de 30 mois après commande contre 3 mois pour Ariane. Il n'y aura donc que 4 vols du lanceurs entre le et le dont un échec[2].

Titan IV

Le Titan IV-A

Un lanceur Titan IVB lance un satellite de reconnaissance Lacrosse.

En 1985, l'Armée de l'Air remet en question le monopole des lancements détenu par la navette spatiale américaine. Le lancement du premier satellite militaire n'intervient que 5 ans après les débuts de la navette soit avec 3 ans de retard et le scepticisme des militaires vis-à-vis de cet type de lanceur va croissant. Vers , le développement du Titan IV-A est lancé. Cette nouvelle version doit permettre de lancer les satellites conçus pour la navette dont la soute est longue de 18,3 mètres et a un diamètre de 4,3 mètres. Le Titan IV a une coiffe d'un diamètre de 5 mètres pour une longueur qui va de 17 à 26 mètres selon l'étage supérieur utilisé. Les principales modifications portent sur les propulseurs d'appoint qui passent de 5,5 segments à 7 segments, l'allongement des deux étages centraux qui reçoivent des moteurs dont la poussée est optimisée. Le lanceur est proposé sans étage supérieur ou avec un étage IUS ou Centaur G. L'étage Centaur G est une version de l'étage Centaur développée pour la navette spatiale : le diamètre passe de 3,05 à 4,3 mètres tandis que la longueur est raccourcie et la masse passe de 15,8 tonnes à 23,86 tonnes. Le nouveau lanceur peut placer une charge de 18,3 mètres en orbite basse. Il est lancé à 22 reprises entre le et le (2 échecs)[2].

Le Titan IV-B

Pour pouvoir soulever des charges utiles de masse encore plus élevées, le constructeur développe la version Titan IV-B. Les changements portent essentiellement sur les propulseurs d'appoint : ceux-ci, baptisés USRM, passent de 7 à 3 segments mais le temps de combustion est allongé, l'impulsion spécifique est augmentée et la masse à vide diminuée. Les tuyères sont désormais montées sur cardan et le système d'injection de gaz pour orienter la poussée est abandonné. Enfin l'électronique obsolète des versions précédentes est remplacée. Le nouveau lanceur, qui peut placer une charge de 22,6 tonnes en orbite basse, est utilisé pour le lancement de la sonde Cassini-Huygens. Mais son coût atteint des sommets (422 millions de dollars américains pour le lancement de la sonde). De nouveaux lanceurs américains concurrents, Delta IV et Atlas V, sont apparus dans le cadre du programme Evolved Expendable Launch Vehicle (EELV) lancé par les usagers militaires américains. Lockheed Martin, qui a acheté le fabricant du lanceur Titan, Martin Marietta en 1995, est également constructeur de l'Atlas V. Or, le lanceur Titan est sur tous les plans inférieur au nouveau lanceur ce qui conduit à l'arrêt de sa production. La version Titan IV-B est lancée à 17 reprises (2 échecs) entre le et le [2].

Caractéristiques des principaux modèles du lanceur Titan

Titan IITitan 23GTitan 3ATitan 3BTitan 34BTitan 3CTitan 3DTitan 3ETitan 34DTitan 3
commerciale
Titan 4ATitan 4B
PĂ©riode1964-19661988-20031964-19651966-19841975-19871965-19821971-19821974-19771982-19891990-19921989-19971997-2005
Lancements/Ă©checs12/013/14/159/211/236/522/07/115/34/122/217/2
Charge utile
Orbite basse3,81 t4,1 t3,6 t3,9 t13,15 t11 t15,4 t14,515 t14,515 t18,14 t21 700 kg
HĂ©liosynchrone1,9 t3,6 t
Transfert géostationnaire4,77 t6,98 t5 t4,545 t5 800 kg (avec étage Centaur) ou 2 380 kg (avec IUS)
Interplanétaire1 t5,4 t(lancement Cassini-Huygens vers Saturne : 5 712 kg)
Caractéristiques techniques
Longueur30,2 m30,2 m42 m47,5 m47,5 m49 m49 m61,2 m62 m
Masse totale154 t154 t161,7 t
Nombre d'Ă©tages2222-32-3
Propulseur d'appoint
Moteurs-----UA1205UA1205UA1205UA1206UA1206UA1207SRMU
Poussée-----14,234 MN15,12 MN
Ergols-----PBANHTPB
Durée de la combustion-----120 s140 s
Masse totale/masse Ă  vide-----
Premier Ă©tage
Moteurs2 x LR-87-32 x LR-87-32xLR-87-72xLR-87-112xLR-87-112xLR-87-112xLR-87-11
Poussée1950 kN1950 kN1910 kN2000 kN2000 kN2440 kN2440 kN
N2O4/Aerozine 50
Masse totale/masse Ă  vide115,7 t/5 t115,7 t/5 t120,8 t/6 t124 t/6,9 t
Durée de la combustion159 s159 s150 s147 s
Longueur22,29 m22,29 m22,22 m22,22 m23,77 m
Diamètre3,05 m
2e Ă©tage
MoteursLR-91-3LR-91-3LR-91-7LR-91-11LR-91-11LR-91-11LR-91-11
Poussée (vide)445 kN445 kN445 kN450 kN450 kN467 kN467 kN
N2O4/Aerozine 50
Masse totale/Ă  vide28,9 t/2,1 t28,9 t/2,1 t33,4 t/2,8 t99,2 t/2,7 t
Durée de la combustion180 s180 s214 s185 s
Longueur7,9 m7,9 m9,14 m7,5 m9,14 m
Diamètre3,05 m
Étage supérieur
DĂ©signation-37XFP (optionnel)TranstageAgenaCentaur-TCentaur-T ou IUS
Moteur--2xAJ10-138Bell 8096
Poussée-31,5 kN71 kN71 kN
Ergols-Propergol solideN2O4/Aerozine 50HNO3/UDMH
Masse totale/Ă  vide-955 kg/71 kg12,2 t/1,9 t6,8 t/0,73 t
Durée de la combustion-66 s430 s265 s
Longueur-1,52 m4,57 m6,31 m
Diamètre-0,93 m3,05 m1,54 m
Coiffe
Diamètre-3,30 m5,5
Longueur-6,10/9,15 m18,5 Ă  28 m
Masse-

Notes et références

Notes

    Références

    1. (de) Bernd Leitenberger, « Die Titan 1+2 » (consulté le )
    2. (de) Bernd Leitenberger, « Die Titan 3+4 » (consulté le )

    Bibliographie

    • (en) Dennis R. Jenkins et Roger D Launius, To reach the high frontier : a history of U.S. launch vehicles, The university press of Kentucky, (ISBN 978-0-8131-2245-8)
    • (en) J.D. Hunley, US Space launch vehicle technology : Viking to space shuttle, University press of Florida, , 453 p. (ISBN 978-0-8130-3178-1)

    Voir aussi

    Articles connexes

    Liens externes

    Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.