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Cosmos 1402

Cosmos 1402 (en russe : ĐšĐŸŃĐŒĐŸŃ 1402) Ă©tait un satellite-espion soviĂ©tique lancĂ© le . Le satellite dysfonctionna et rentra dans l'atmosphĂšre le . Il Ă©tait Ă©quipĂ© d'un rĂ©acteur nuclĂ©aire qui rentra dans l’atmosphĂšre quelques jours plus tard, le .

Cosmos 1402
Données générales
Programme RORSAT
Type de mission Satellite de surveillance océanique radar
Lancement 30 août 1982 à 10:06 UTC[1] depuis Baïkonour Site 90
Lanceur Tsiklon-2
DĂ©sorbitage 23 janvier 1983
Réacteur : 7 février 1983
Identifiant COSPAR 1982-084A
Caractéristiques techniques
Masse au lancement 1 400 kg
Source d'énergie réacteur nucléaire à fission BES-5
Puissance Ă©lectrique 2 kW
Données clés
Orbite Orbite terrestre basse
PĂ©rigĂ©e 251 km
ApogĂ©e 263 km
PĂ©riode 89.64 min
Inclinaison 65.6°
Excentricité 0.00188

Il s'agissait d'un satellite de surveillance RORSAT qui utilisait un radar pour surveiller les navires de l'OTAN. La source d’énergie du satellite Ă©tait un rĂ©acteur nuclĂ©aire Ă  fission BES-5 contenant environ 50 kg d'uranium enrichi. Le satellite fonctionnait en orbite terrestre basse et le rĂ©acteur Ă©tait conçu pour s’éjecter sur une orbite de rebut plus haute Ă  la fin de la mission ou en cas d’incident. Ce mĂ©canisme d'Ă©jection avait Ă©tĂ© mis en place dans les satellites RORSAT aprĂšs l'accident provoquĂ© par le satellite Cosmos 954, qui avait dispersĂ© cinq ans auparavant des dĂ©bris radioactifs au dessus des Territoires du Nord-Ouest canadien[2].

Ainsi, ce systĂšme devait permettre d'Ă©jecter le rĂ©acteur en cas de panne ou Ă  la fin de la vie du satellite, afin de placer le cƓur radioactif Ă  environ 1 000 km, oĂč le combustible resterait pendant 500 ans [3].

Accident

Le , le systÚme d'éjection de Cosmos 1402 ne réussit pas à propulser le réacteur sur une orbite plus haute ; le satellite se scinda en trois parties qui dérivÚrent[4] : le réacteur avec son propulseur, la partie instrumentation avec le deuxiÚme étage du lanceur et l'antenne radar[3].

L'explosion d'un cƓur du rĂ©acteur dans l'atmosphĂšre et la chute prĂšs d'une zone peuplĂ©e de fragments radioactifs aurait causĂ© un risque de contamination important sur une zone Ă©tendue[4] - [5]. Les ingĂ©nieurs soviĂ©tiques avaient pour cette raison repensĂ© le rĂ©acteur de maniĂšre qu'il brĂ»le complĂštement dans l'atmosphĂšre et que rien n'atteigne le sol. Mais cette modification n'avait pas Ă©tĂ© vĂ©rifiĂ©e par d'autres pays Ă  l'Ă©poque[6] - [7].

L'incertitude du lieu et du moment de la rentrĂ©e atmosphĂ©rique, ainsi que les risques de contamination radioactive poussĂšrent de nombreux pays (les États-Unis, le Canada, l'Australie[5], Oman, les Emirats Arabes Unis, l'Allemagne de l'Ouest, la France et la SuĂšde entre autres[8]) Ă  placer des Ă©quipes d'intervention d'urgence en Ă©tat d'alerte. Des avions militaires, des navires et du personnel furent mobilisĂ©s par anticipation.

L’antenne fut la premiĂšre partie du satellite Ă  rentrer, elle brĂ»la dans l’atmosphĂšre le .

La partie centrale du satellite rentra dans l'atmosphĂšre le , au sud de Diego Garcia dans l'ocĂ©an Indien (25° S, 84° E). Aucun dĂ©bris ne fut rĂ©cupĂ©rĂ©, mais on pense que le satellite s'est dĂ©sintĂ©grĂ© puis est tombĂ© dans la mer. Le satellite Ă©tait visible au-dessus du Royaume-Uni pendant une minute la nuit prĂ©cĂ©dant l'impact[8].

La partie rĂ©acteur et le cƓur continuĂšrent Ă  orbiter deux semaines de plus, puis ils rentrĂšrent dans l'atmosphĂšre le au dessus de l'ocĂ©an Atlantique Sud, prĂšs de l'Île de l'Ascension (19° S, 22° O). On pense que le rĂ©acteur s'est complĂštement consumĂ© et que les particules se sont dispersĂ©s dans l'atmosphĂšre Ă  des niveaux de radioactivitĂ© sans danger.

Conséquences

Les RORSAT suivants furent Ă©quipĂ©s d’un mĂ©canisme d’éjection de secours supplĂ©mentaire (lorsque le mĂ©canisme d’éjection principal Ă©choua sur le Cosmos 1900 en 1988, ce systĂšme permit de placer le cƓur du rĂ©acteur sur une orbite de rebut sĂ»re[9]).

Cet accident interrompit pendant un an et demi les lancements de nouveaux satellites de la série US-A.

Du strontium radioactif provenant du satellite fut dĂ©tectĂ© dans des Ă©chantillons d'eau de pluie Ă  Fayetteville dans l'Arkansas, dans les mois qui suivirent l'incident[10]. Une autre enquĂȘte dĂ©termina que 44 kg d'uranium furent dispersĂ©s dans la stratosphĂšre aprĂšs l'incident[11].

Un vaste dĂ©bat fut dĂ©clenchĂ© sur la technologie nuclĂ©aire dans l’espace, autour du droit spatial, des assurances et responsabilitĂ©s, de la militarisation de l'espace, de la sĂ»retĂ© et de la sĂ©curitĂ© nuclĂ©aire.

Notes et références

  1. Jonathan McDowell, « Launch Log », Jonathan's Space Page (consulté le )
  2. Hanton et Weidinger, « Top 10 Space Age Radiation Incidents - Listverse », Listverse, Listverse Ltd., (consulté le )
  3. Bennett, « A LOOK AT THE SOVIET SPACE NUCLEAR POWER PROGRAM », International Forum on Energy Engineering, NASA Propulsion, Power and Energy Division, vol. IECEC-89,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  4. Spector, « Thirty Years Ago, Everyone Thought A Nuclear Satellite Was Going To Fall From Space And Spread Destruction », Business Insider, Insider Inc., (consulté le )
  5. (en) John Noble Wilford, « Nuclear-powered satellite may crash sunday », The New York Times,‎ (lire en ligne)
  6. David Deudney, What goes up must come down, Bulletin of the Atomic Scientists, (lire en ligne), p. 10
  7. (en) Dominic Phelan, Cold War space sleuths : the untold secrets of the Soviet space program, New York/Chichester, UK, Springer Science & Business Media, (ISBN 978-1-4614-3052-0, lire en ligne), p. 85
  8. (en) Davies et Tucker, « Russian spy satellite tumbles to Earth », the Guardian, (consulté le )
  9. David M Harland et Ralph D. Lorenz, Space Systems Failures – Disasters and rescues of satellites, rockets, and space probes, Berlin, Heidelberg, New York, Praxis Publishing (Springer), , 370 p. (ISBN 0-387-21519-0)
  10. GUIMON, SHENG, BURCHFIELD et KURODA, « Radioactive strontium fallout from nuclear-powered satellite Cosmos-1402 », Geochemical Journal, vol. 19,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  11. LEIFER, JUZDAN, KELLY et FASSETT, « Detection of Uranium from Cosmos-1402 in the Stratosphere », Science, vol. 238, no 4826,‎ , p. 512–514 (DOI 10.1126/science.238.4826.512, JSTOR 1700533)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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