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Miniaturisation des satellites

La miniaturisation des satellites regroupe les problématiques associées à la réduction de la masse des satellites artificiels et des sondes spatiales. L'objectif de cette réduction de poids est de permettre l'abaissement des coûts de lancement qui constituent un poste budgétaire très important et qui sont à peu près proportionnels à la masse des objets spatiaux. Il s'agit également de diminuer l'énergie consommée dont la production peut mobiliser jusqu'à 30 % de la masse d'un engin spatial. La miniaturisation bénéficie des progrès dans le domaine de l'électronique et de la production d'énergie dans l'espace. Toutefois il reste difficile aujourd'hui de concevoir un engin performant au-dessous d'une masse comprise entre 100 et 200 kg.

Microsatellite CHIPSat.

DĂ©finition du besoin

Le coĂ»t de lancement des satellites reste aujourd'hui très Ă©levĂ© et seuls les organismes nationaux ou les grandes entreprises disposent de budgets suffisamment importants pour accĂ©der Ă  l'espace. Le coĂ»t de la mise en orbite basse d'un kilogramme est en 2014 gĂ©nĂ©ralement compris entre 8 000 et 12 000 € (10 000 et 15 000 US$). La baisse des coĂ»ts de lancement promise par les nouveaux acteurs comme SpaceX reste en 2014 limitĂ©e. Une solution permettant d'abaisser les coĂ»ts de manière significative est donc la rĂ©duction de la masse des satellites. Les institutions disposant de budgets spatiaux importants (comme les services chargĂ©s de la reconnaissance militaire aux États-Unis) sont Ă©galement intĂ©ressĂ©s par la mise Ă  disposition de petits satellites permettant d'assurer des missions ponctuelles et ciblĂ©es ne justifiant pas le lancement ou la mobilisation de "gros satellites". Enfin dans le domaine de l'exploration du système solaire, la masse d'une sonde spatiale est un paramètre qui influe de manière importante sur les coĂ»ts de la mission car l'engin spatial doit ĂŞtre fortement accĂ©lĂ©rĂ© pour atteindre la plupart des planètes, a fortiori lorsqu'il doit se placer en orbite autour de celles-ci.

Classification des petits satellites

Les satellites directement concernés par la miniaturisation sont rangés dans plusieurs catégories en fonction de leur masse (masse à sec c'est-à-dire sans les ergols). Ce découpage n'est pas normalisé et les institutions spatiales fixent des bornes différentes pour les catégories les plus lourdes (micro et minisatellites)[1] :

  • Femtosatellite : masse < 100 g.
  • Picosatellite : masse < kg
  • Nanosatellite : masse < 10 kg (CubeSat)
  • Microsatellite : masse < 100–150 kg (NASA < 100 kg)
  • Minisatellite : masse < 500 kg (NASA small satellite < 180 kg).

Évolution du marché des satellites

Au cours de la dĂ©cennie 2010 la miniaturisation des satellites est devenu un phĂ©nomène majeur du marchĂ©. En 2013, environ 60 % des satellites lancĂ©s avaient une masse infĂ©rieure Ă  600 kg et parmi ceux-ci 83 % pesaient moins 200 kg et 37 % Ă©taient des nano satellites. Sur les 1 282 placĂ©s en orbite en 2020, 94 % avaient une masse infĂ©rieure Ă  600 kg et parmi ceux-ci 28 % pesaient moins de 200 kg et 9 % Ă©taient des nano satellites[2].

  • Les minisatellites (100 Ă  180 kg) ont dĂ©montrĂ© leurs capacitĂ©s pour des missions scientifiques et sont dĂ©sormais majoritaires sur l'orbite basse (2021). Ils sont dĂ©sormais capables de mener des missions complexes, disposent souvent d'un système de propulsion et peuvent produire une quantitĂ© d'Ă©nergie notable tout en pouvant maintenir un pointage prĂ©cis de leurs instruments. Plusieurs fabricants (Surrey Satellite Technology, Ball Aerospace, Space Flight Laboratory...) fournissent des plateformes adaptĂ©es Ă  cette taille qui peuvent maintenir une prĂ©cision de pointage de quelques dixièmes de degrĂ© et produire de 100 Watts Ă  200 Watts[3].
  • La catĂ©gorie des micro-satellites (10-100 kg) qui comprend les CubeSats de plus de 3U comprend notamment des engins spatiaux destinĂ©s Ă  valider dans l'espace de nouvelles technologies. En 2020 29 tirs ont placĂ©s en orbite basse des CubeSats 6U (environ 12 kg) destinĂ©s Ă  tester de nouvelles technologies ou faisant partie de constellations commerciales (images, internet des objets, donnĂ©es mĂ©tĂ©orologiques...)[4].

Axes de recherche

Propulsion

À l'horizon 2020, l'industrie devrait disposer de systèmes de propulsion électrique ou chimique adaptés à la taille réduite des microsatellites[5].

Énergie

Les panneaux solaires de dernière gĂ©nĂ©ration (triple jonction) ont un rendement de 29 Ă  30 % tandis que dans les laboratoires on approche des 38 %. Ces progrès permettent de rĂ©duire la masse nĂ©cessaire pour produire une quantitĂ© d'Ă©lectricitĂ© donnĂ©e. Un nanosatellite de type CubeSat (cube de 10 cm de cĂ´tĂ©) peut disposer de 50 watts avec les technologies actuelles. Les cellules solaires flexibles en cours de dĂ©veloppement permettant d'adapter plus facilement la forme des panneaux solaires Ă  de petites structures au prix d'un rendement moindre (10 Ă  20 % en 2018)[6]. Un satellite a besoin de batteries pour pouvoir fonctionner durant les Ă©clipses ou faire face aux pics de consommation Ă©lectrique qui dĂ©passent ce que peuvent fournir les cellules solaires. Les technologies les plus adaptĂ©es Ă  la petite taille des satellites sont les batteries lithium-ion Ă  la fois compactes et lĂ©gères (100 Wh/kg et 250 Wh/dm3 contre 24–35 Wh/kg et 10–80 Wh/dm3 pour les batteries nickel-cadmium) qui prĂ©sentent toutefois l'inconvĂ©nient de supporter un nombre de cycles de dĂ©charge/recharge limitĂ© Ă  400 (dĂ©charge de 50 %) contre 50 000 cycles avec une dĂ©charge de 25 % pour les batteries nickel-cadmium)[7]. De nouvelles techniques de production et de conservation de l'Ă©nergie sont Ă  l'Ă©tude. Les piles Ă  combustibles nĂ©cessitent une rĂ©duction de leur volume et de leur masse pour pouvoir ĂŞtre embarquĂ©es Ă  bord de petits satellites[8]. La miniaturisation d'un gĂ©nĂ©rateur Stirling Ă  radioisotope (Small Radioisotope Power System ou SRPS) est Ă©galement Ă  l'Ă©tude dans le centre de recherche Glenn de la NASA[9].

ContrĂ´le d'attitude

La miniaturisation des composants intervenant dans le contrôle d'attitude permet en 2014 d'obtenir une précision de 0,1° sur les mini et microsatellites. Pour les satellites de taille plus réduite la précision est de l'ordre de 2°. On ne dispose pas actuellement de propulseurs adaptés au maintien de l'orientation pour l'ensemble de la catégorie de satellites[10].

ContrĂ´le thermique

À cause de leur masse, les systèmes de contrôle thermiques actifs sont encore limités à certains composants très sensibles comme les batteries. L'utilisation de MEMS et d'autres composants à l'échelle nanométrique pourrait à terme permettre la généralisation de ces dispositifs[11].

Télécommunications

Les recherches dans le domaine des télécommunications portent sur l'utilisation du laser et le déploiement d'antennes à grand gain sur les plus petits satellites. Il n'existe pas en 2014 de solutions satisfaisantes pour les sondes spatiales de petite taille qui seraient envoyés à grande distance de la Terre[12].

Mise en Ĺ“uvre

PROCYON : mini sonde spatiale (2014)

L'agence spatiale japonaise, la JAXA, a lancé en 2014 un prototype de sonde spatiale miniaturisée. PROCYON d'une masse de 65 kilogrammes est stabilisée 3 axes et dispose d'un système propulsif utilisant un moteur ionique. Celui-ci fournit un delta-V de 250 m/s lui permettant de corriger sa trajectoire. Le système de télécommunications embarqué permet d'assurer des liaisons radio à grande distance. La charge utile est constituée par une caméra. PROCYON devait survoler l'astéroïde binaire 2000 DP107 et collecter des observations. La sonde spatiale a été victime d'une panne de son système de propulsion avant d'atteindre l'astéroïde. Le déroulement de la mission a permis tout de même de démontrer l'efficacité de sa propulsion miniaturisé ainsi que de son système de communications à grande distance[13].

La plateforme ANGELS pour nano-satellites du CNES

Le CNES a lancĂ© en 2017 le dĂ©veloppement d'une plateforme modulaire pour des satellites ayant une charge utile opĂ©rationnelle et de format CubeSat 6U Ă  27U (12 Ă  45 kg) avec une durĂ©e de vie de 4 Ă  5 ans. Une première application est constituĂ©e par le satellite ANGELS emportant une charge utile Argos de 2,5 kg[14].

ANGELS est le premier nano-satellite français développé par l'entreprise Hemeria en collaboration avec le CNES. Le satellite a été mis en orbite le 18/12/19 par le laceur Soyouz . Deux ans après sa mise en orbite, il fait preuve de ses capacités : il est cinq fois plus performant et dix fois plus petit que ses prédécesseurs [15].

DĂ©veloppement du nano-satellite EyeSat au CNES

EyeSat est un exemple de nano-satellite développé dans le cadre d'un projet pédagogique. C'est un cubesat 3U dont les dimensions sont 34×10×10 cm3 . Environ 250 stagiaires du CNES ont contribué à la mise au point du nano-satellite expérimental.

Le but est d'intégrer un télescope au sein d'EyeSat pour observer la lumière zodiacale. Ce projet a également un objectif pédagogique puisqu'il permet aux étudiants de travailler sur les technologies spatiales.

Le satellite a été lancé en décembre 2019 par le lanceur Soyouz et transmet des images de la voie lactée [16].

Les CubeSats lunaires de la mission Exploration Mission 1 (2020)

13 CubeSats 6U, embarqués en tant que charge utile secondaire, doivent être placés dans l'espace interplanétaire par la fusée Space Launch System dans le cadre de la mission Exploration Mission 1 de la NASA planifiée en 2020. Parmi ces nano-satellites figurent plusieurs engins prenant en charge pour la première fois des missions dévolues habituellement à des sondes spatiales "lourdes" :

Galerie

Notes et références

  1. Small Spacecraft Technology - State of the Art, p. 1
  2. Small Spacecraft Technology - State of the Art, p. i
  3. Small Spacecraft Technology - State of the Art, p. 7-8
  4. Small Spacecraft Technology - State of the Art, p. 8-9
  5. Small Spacecraft Technology State of the Art 2018, p. 30-35
  6. Small Spacecraft Technology State of the Art 2014, p. 34
  7. Small Spacecraft Technology State of the Art 2018, p. 18
  8. Small Spacecraft Technology State of the Art 2018, p. 21-22
  9. Small Spacecraft Technology State of the Art 2018, p. 22-24
  10. Small Spacecraft Technology State of the Art 2018, p. 45-65
  11. Small Spacecraft Technology State of the Art 2018, p. 80-94
  12. Small Spacecraft Technology State of the Art 2018, p. 117-128
  13. (en) « PROCYON », sur EOPortal, Agence spatiale européenne (consulté le )
  14. Stefan Barensky, « Nanosatellites : une nouvelle filière industrielle en France », sur Aerospatium,
  15. « Succès d'ANGELS, 1er nanosatellite industriel français », sur presse.cnes.fr, (consulté le )
  16. Mathetics, « EYESAT - Un nano-satellite du projet JANUS », sur Métiers du Spatial, (consulté le )
  17. (en) « Lunar IceCube », sur EO Portal, Agence spatiale européenne (consulté le )
  18. (en) « Lunar Flashlight », sur NASA/JPL, Jet Propulsion Laboratory (consulté le )
  19. (en) « LunaH-Map: University-Built CubeSat to Map Water-Ice on the Moon », sur NASA/JPL, NASA,
  20. (en) Julie Castillo-Rogez et all, « Near-Earth Asteroid Scout Mission », sur NASA/JPL, Lunar and Planetary Institute,
  21. (en) « EQUULEUS and OMOTENASHI », sur EO Portal, Agence spatiale européenne (consulté le )

Bibliographie

  • (en) Centre de recherche Ames de la NASA, Small Spacecraft Technology - State of the Art, NASA, , 428 p. (lire en ligne)
    État de l'art des technologies utilisées sur les micro-satellites et nano-satellites en 2021 ; première publication en 2013 ; Référence : NASA/TP—20210021263
  • (en) M. N. Sweeting, « Modern Small Satellites-Changing the Economics of Space », Proceedings of the IEEE,, vol. 106, no 3,‎ , p. 343-361 (DOI 10.1109/JPROC.2018.2806218, lire en ligne) — DĂ©veloppement des satellites de petites tailles (Ă©tat des lieux en 2018)

Voir aussi

Articles connexes

  • Satellite artificiel
  • CubeSat
  • PROCYON Micro sonde spatiale japonaise (dĂ©monstrateur technologique)
  • CYGNSS Constellation de 8 satellites mĂ©tĂ©orologiques de 28 kg de la NASA
  • ANGELS (satellite) satellite de format CubeSat 17U dĂ©veloppĂ© pour le CNES destinĂ© Ă  ĂŞtre la tĂŞte de sĂ©rie d'une plateforme de nano-satellites.
  • MarCO (2018) satellite de format CubeSat 6U de la NASA utilisĂ© de manière expĂ©rimentale comme relais de tĂ©lĂ©communications dans le cadre d'une mission vers Mars
  • PicSat (2018) est un Cubesat 3U qui embarque un petit tĂ©lescope pour tenter de mesurer les caractĂ©ristiques d'une exoplanète par la mĂ©thode des transits

Liens externes

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