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OneWeb

OneWeb (antĂ©rieurement WorldVu) est une constellation d'environ 650 satellites de tĂ©lĂ©communications circulant sur une orbite basse pour fournir aux professionnels et aux particuliers un accès Ă  Internet Ă  haut dĂ©bit dans les rĂ©gions mal desservies par des liaisons terrestres. Ce service est commercialisĂ© essentiellement auprès de grandes sociĂ©tĂ©s de tĂ©lĂ©communications qui ont besoin d'Ă©tendre leurs prestations (tĂ©lĂ©phonie, internet) Ă  une clientèle mal reliĂ©e par le rĂ©seau terrestre. Avec la constellation Starlink de SpaceX, OneWeb inaugure une nouvelle ère de mĂ©gaconstellations de satellites comprenant au moins dix fois plus de satellites que les constellations prĂ©cĂ©dentes. Le projet est mis sur pied par l’amĂ©ricain Greg Wyler, crĂ©ateur de la constellation de satellites O3b Networks.

Logo de OneWeb.

La constellation doit comprendre, une fois opĂ©rationnelle, 648 satellites d'environ 150 kilogrammes circulant sur une orbite polaire de 1 200 kilomètres. Une cinquantaine de stations terriennes rĂ©parties dans le monde entier assurent la liaison entre la constellation et le rĂ©seau Internet terrestre. Les utilisateurs mettent en Ĺ“uvre un terminal d'une dizaine de kilogrammes Ă©quipĂ© d'une antenne plate.

Compte tenu de la taille de l'investissement (entre 3 et 6,5 milliards US$) et des incertitudes sur le marchĂ© visĂ© (concurrence d'autres constellations ou des rĂ©seaux terrestres), le projet prĂ©sente de grands risques financiers. Pour rĂ©duire l'ampleur de l'investissement et rentabiliser le projet, une usine dĂ©diĂ©e est Ă©difiĂ©e en Floride, qui doit maximiser l'effet d'Ă©chelle. Les concepteurs du projet espĂ©raient initialement abaisser le coĂ»t de fabrication de chaque satellite Ă  500 000 US$, mais le coĂ»t final est plus Ă©levĂ©. Alors que le dĂ©ploiement de satellites vient tout juste de commencer, la sociĂ©tĂ© OneWeb dĂ©pose son bilan en se plaçant sous la protection du chapitre 11. La sociĂ©tĂ© est reprise par un consortium qui comprenait comme actionnaires principaux en le groupe indien Bharti Enterprises (PDG Sunil Mittal), l'opĂ©rateur français Eutelsat et l'État britannique.

Les premiers prototypes de satellite sont placĂ©s en orbite en fĂ©vrier 2019. Les satellites sont lancĂ©s par des fusĂ©es russes Soyouz emportant chacune 36 satellites, qui dĂ©collent des cosmodromes de BaĂŻkonour et de Vostochny en Russie ainsi que de Kourou en Guyane. Il est prĂ©vu que l'ensemble de la constellation soit dĂ©ployĂ© d'ici fin 2022. La commercialisation des services doit dĂ©buter en au-dessus de 50° de latitude et se gĂ©nĂ©raliser fin 2022. Une extension de la constellation Ă  6 372 satellites est Ă  l'Ă©tude.

En , 428 satellites ont été placés en orbite et le reste de la constellation doit être placé en orbite d'ici la fin de l'été par des fusées Soyouz. Toutefois, par suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie en et des sanctions décidées par les pays occidentaux contre la Russie, l'agence spatiale russe Roscosmos décide de ne plus prendre en charge le déploiement de la constellation. OneWeb lancera finalement le reste de sa constellation avec la fusée Falcon 9 de SpaceX[1].

Historique du projet

Le projet WorldVu (2014)

La sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine WorldVu est crĂ©Ă©e, dĂ©but 2014, avec l'objectif de fournir aux particuliers un accès Ă  internet Ă  haut dĂ©bit grâce Ă  une constellation de près de 1 000 satellites. Un des points majeurs de l'architecture du système est le recours Ă  des satellites de petite taille, dont le coĂ»t est largement abaissĂ© grâce Ă  l'effet d'Ă©chelle dĂ©coulant du nombre d'engins commandĂ©s. La cible commerciale est constituĂ©e par les centaines de millions d'usagers potentiels d'internet vivant dans des rĂ©gions trop isolĂ©es pour bĂ©nĂ©ficier du rĂ©seau terrestre Ă  haut dĂ©bit. En , WorldVu rachète les droits de bande passante dĂ©tenus par SkyBridge, qui avait un projet similaire mais qui a fait faillite en 2000.

Lancement du projet OneWeb

O3b Networks, qui dispose d'une constellation de satellites ayant le même projet initial mais s'est finalement reconvertie dans le BtoB, est rachetée par Google en 2013. Plusieurs cadres quittent O3b en pour rejoindre WorldVu. Parmi ceux-ci, l'Américain Greg Wyler, qui a créé quelques années auparavant la constellation de satellites O3b Networks, prend la tête du projet. Des échanges informels ont lieu la même année entre WorldVu et SpaceX qui portent sur la construction d'une usine commune de construction de satellites et sur leurs lancements. En , Virgin Group et Qualcomm décident d'investir dans la société rebaptisée OneWeb LTD. En , OneWeb signe un contrat avec Arianespace pour la mise en orbite d'un premier sous-ensemble de satellites par 21 lanceurs Soyouz. En , Intelsat annonce son intention de fusionner avec OneWeb[2]. En , Intelsat renonce finalement à cette fusion[3].

Partenariat avec le constructeur aérospatial Airbus pour la fabrication des satellites (2016)

Usine d'assemblage des satellites OneWeb Ă  Merrit Island (Floride).

En , WorldVu lance un appel d'offres auprès des constructeurs de satellites pour la construction de 900 satellites ainsi que celle d'installations au sol. L'objectif de coĂ»t de production d'un satellite est de 500 000 US$. La sociĂ©tĂ© aĂ©rospatiale europĂ©enne Airbus Defence and Space est sĂ©lectionnĂ©e dĂ©but 2016 pour la construction des satellites. Ceux-ci seront assemblĂ©s par Airbus-Oneweb-Satellite, une coentreprise fondĂ©e Ă  cet effet par Airbus d'une part et OneWeb d'autre part. L'usine d'assemblage se situe Ă  Merrit Island en Floride près du Centre spatial Kennedy. Pour mettre au point le processus de production les dix premiers exemplaires sont fabriquĂ©s dans l'usine de Toulouse du groupe Airbus[4].

DĂ©termination de la taille de la constellation

L'organisme de rĂ©gulation des tĂ©lĂ©communications amĂ©ricain (FCC) a assoupli la rĂ©glementation concernant la durĂ©e du dĂ©ploiement des constellations de satellites, qui passe de six ans Ă  neuf ans. Cette dĂ©cision ayant Ă©tĂ© prise après l'autorisation accordĂ©e par la FCC Ă  OneWeb, cette dernière demande en Ă  dĂ©ployer 1 260 satellites supplĂ©mentaires, faisant passer le nombre total Ă  1 980 satellites. Ceux-ci auraient les mĂŞmes caractĂ©ristiques que ceux alors en cours de fabrication. Le nombre de plans orbitaux occupĂ©s passerait de 18 Ă  36 et le nombre maximal de satellites circulant sur un plan orbital de 40 Ă  55[5]. En OneWeb dĂ©cide que, compte tenu des performances des satellites supĂ©rieures Ă  celles constatĂ©es durant les tests sur Terre, leur nombre nĂ©cessaire Ă  la constellation initiale sera rĂ©duit de 900 Ă  600[5].

La position paradoxale des responsables russes

L'industrie spatiale russe est une des grandes bénéficiaires du projet, qui repose sur l'utilisation de plus de 20 fusées Soyouz (un contrat de un milliard US$) ainsi que la production en masse de propulseurs à effet Hall de type SPT-50M fournis par la société russe Fakel. Mais les responsables russes redoutent les conséquences de la disponibilité d'un accès à Internet à haut débit pour des utilisateurs russes (particuliers, mais également écoles, villes et autres institutions) situées dans des régions périphériques de la Russie qui n'ont jusque-là qu'un accès très limité à ce réseau. Le projet fait l'objet de discussions aux niveaux les plus élevés de l'État sans qu'une position claire ne se dégage. Les fréquences utilisées par OneWeb sont allouées en 2016 par la Commission d'État russe pour les radiofréquences (en) à l'opérateur des satellites Gonets, qui a dans ses cartons un projet de constellation de satellites de télécommunications en orbite basse non démarré début 2019. En 2017, OneWeb, pour contourner cet obstacle, crée une coentreprise avec l'opérateur des Gonets, baptisée OOO OneWeb, pour commercialiser ses services en se conformant aux contraintes russes. Mais la mise à disposition des fréquences reste au point mort début 2019. Par ailleurs, les responsables russes semblent envisager la construction d'un système de contrôle d'accès à Internet sur le modèle chinois. Le gouvernement russe a fait un premier pas dans ce sens en prenant le contrôle (prise de participation à hauteur de 51 %) de la coentreprise OOO OneWeb. Fin 2018, les services de sécurité russes attaquent frontalement OneWeb en accusant la société de mettre en place un outil favorisant l’espionnage. La construction des six stations passerelles nécessaires sur le territoire russe est remise en question, bien que leur absence ne bloquera pas le système sur une large portion du pays (en particulier la partie européenne), grâce aux stations situées dans les pays limitrophes[6].

Début du déploiement (février/mars 2019)

Six des dix prototypes construits dans l'usine d'Airbus située à Toulouse sont placés en orbite le par un lanceur Soyouz ST-B qui décolle depuis la base de lancement de Kourou. Les quatre autres engins spatiaux doivent rester au sol et seront éventuellement utilisés comme pièces de rechange. Les prototypes en orbite doivent permettre de vérifier le fonctionnement du système. Une fois la phase de recette achevée, le déploiement des satellites opérationnels doit débuter en 2020[7]. Deux autres lancements de satellites de la constellation ont lieu entre et .

Faillite et reprise par un consortium anglo-indien (mars-)

Malgré ce succès technique, la situation financière de la société, qui ne dispose pas des capitaux permettant de mener à terme son projet, est mauvaise. Le OneWeb dépose son bilan se plaçant sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites[8] - [9]. En , OneWeb sollicite la mise en place d'une ligne de crédit de 75 millions USD minimum dont dix nécessaires dans l'immédiat pour assurer le fonctionnement courant de l'entreprise[10]. En , le tribunal des faillites de New York choisit, pour se substituer à Softbank et reprendre OneWeb, un partenariat public-privé, consortium dont le meneur est le groupe Bharti Enterprises (PDG Sunil Mittal) associé à l'État britannique ; chacun des deux partenaires y investit 500 millions de dollars. Cette opération obtient l'accord du Département de la Justice américain (DoJ) et des autorités fédérales[11].

Entrée dans le capital d'Eutelsat ()

L'opérateur de satellites Eutelsat entre en dans le capital de OneWeb en investissant 550 millions puis 165 millions d'euros en octobre de la même année. Eutelsat devient le deuxième actionnaire, détenant 22,9 %, après le groupe indien Bharti (30 %) et devant l'État britannique. L'objectif d'Eutelsat, qui met en œuvre des satellites de télécommunications en orbite géostationnaire, est d'accéder au nouveau marché desservi par les méga-constellations en cours de déploiement. Le commissaire européen chargé du marché intérieur Thierry Breton critique l'investissement effectué par Eutelsat car, six mois avant cette décision, l'Union européenne a passé un contrat avec cette société pour étudier la faisabilité technique d'une constellation européenne[12] - [13] - [14].

Commercialisation (fin 2021)

Courant décembre 2021, 394 satellites, soit plus de la moitié du total prévus, ont été déployés grâce à 12 lancements[15]. Une dizaine de vols supplémentaires doivent permettre de compléter la constellation d'ici fin 2022. Il est prévu que la commercialisation des services débute en auprès de la clientèle résidant aux latitudes supérieures à 50° (du fait de leurs orbites polaires, le survol d'un point par des satellites est d'autant plus fréquent que l'on se rapproche des pôles). La couverture doit être étendue à l'ensemble de la planète d'ici la fin de l'année 2022[16]

En Mars 2023, l'opérateur Orange annonce un accord[17] visant à intégrer l'offre OneWeb dans son offre de services par satellite.

Projets d'extension (phase 2)

DĂ©but 2021 la sociĂ©tĂ© OneWeb dĂ©pose auprès de la Commission fĂ©dĂ©rale des communications (la FCC) une demande d'extension de sa constellation Ă  6 372 unitĂ©s. Les satellites dĂ©ployĂ©s intĂ©greraient de nouvelles fonctionnalitĂ©s dont un système de positionnement demandĂ© par le gouvernement britannique pour pallier la perte d'accès au système de positionnement par satellites de l'Union europĂ©enne Galileo Ă  la suite du Brexit. Par ailleurs un accord est passĂ© avec l'Agence spatiale indienne pour placer en orbite les futurs satellites Ă  l'aide de fusĂ©es indiennes PSLV et GSLV[16].

Coup d'arrêt du déploiement à la suite du conflit russo-ukrainien ()

En , 428 satellites ont été placés en orbite[18]. Un lanceur Soyouz tiré depuis le cosmodrome de Baïkonour doit placer en orbite 36 satellites début mars et OneWeb compte déployer les 220 satellites restant d'ici fin grâce à ce même lanceur. Mais à la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022 et des sanctions décidées par les pays occidentaux contre la Russie, alors que le lanceur est déjà sur le pas de tir, l'agence spatiale russe Roscosmos riposte par ses propres mesures de représailles et exige que le gouvernement britannique sorte du capital de OneWeb et que la société s'engage à ne pas fournir de services aux militaires[19]. OneWeb refuse de donner suite aux exigences de Roscosmos et le lancement par les fusées Soyouz est abandonné et le lanceur renvoyé dans son hangar. Les équipes de OneWeb quittent le site de Baïkonour. Outre le lancement de mars 2022, les cinq lancements suivants sur Soyouz, les derniers permettant d'achever le déploiement, avaient eux aussi été payés d'avance[20]. Par ailleurs, OneWeb ne sait pas si elle va pouvoir récupérer ses 36 satellites restés à Baïkonour[21]. Les conséquences pour l'opérateur sont importantes[22] - [23]. Premièrement, OneWeb est à la recherche de nouveaux opérateurs de lancement pour placer en orbite les 220 satellites restants. Contractuellement c'est Arianespace qui doit fournir une solution. OneWeb envisage l'utilisation de lanceurs américains, indiens ou japonais. Deuxièmement, les satellites OneWeb utilisent des propulseurs fournis par la société russe Fakel et leur constructeur n'a pas indiqué s'il disposait d'un stock suffisant pour compléter la constellation. Par ailleurs, la livraison par Airbus d'une petite constellation de 15 satellites (Loft Orbital) commandée en et dérivée des satellites OneWeb est menacée dans la mesure où elle utilise des satellites OneWeb.

Le 21 mars, OneWeb a finalement décidé que SpaceX placera en orbite le reste de sa constellation. Le premier lancement est planifié pour l'année 2022[1]. Le 20 avril 2022, OneWeb choisit également des lanceurs indiens[24].

Viabilité financière du projet

Économies d'échelle

L'investissement requis le plus important pour mettre en place le système OneWeb est la fabrication et le lancement des satellites. Pour abaisser les coĂ»ts, la sociĂ©tĂ© a misĂ© sur l'effet d'Ă©chelle obtenu en construisant 600 satellites identiques (Ă  titre de rĂ©fĂ©rence, il s'est lancĂ© en 2017 155 satellites de plus de 50 kg la plupart diffĂ©rents les uns des autres). L'industrie aĂ©rospatiale construit des satellites Ă  l'unitĂ© ou en très petites sĂ©ries et dans ce dernier cas souvent sur des pĂ©riodes Ă©talĂ©es sur de nombreuses annĂ©es. Le projet OneWeb repose sur l'optimisation du processus de fabrication des satellites et la commande de grands volumes de composants permettant d'abaisser leur prix d'achat. Une coentreprise entre OneWeb et Airbus Defence and Space baptisĂ©e OneWeb Satellites est chargĂ©e de l'assemblage des 600 satellites. Une usine consacrĂ©e Ă  leur assemblage et d'une superficie de 13 900 m2 est amĂ©nagĂ©e Ă  partir de . Elle Ă©tĂ© inaugurĂ©e en 2018 près du centre spatial Kennedy en Floride. L'usine devrait construire en pointe un Ă  deux satellites par jour[5].

La rentabilité en question

Les projets de constellation de satellites de tĂ©lĂ©communications prĂ©sentent un risque financier car ils nĂ©cessitent des investissements très importants pour mettre en place le rĂ©seau de satellites et les stations terriennes alors que les premières rentrĂ©es financières n'interviennent que plusieurs annĂ©es après le lancement du projet. Fin 2018, OneWeb est confrontĂ© Ă  plusieurs problèmes potentiels. Le coĂ»t unitaire du satellite fixĂ© initialement Ă  500 000 US$ serait passĂ© selon certaines sources non officielles Ă  900 000 US$. Le premier lancement a pris six mois de retard par rapport au planning initial. OneWeb a rĂ©ussi Ă  mobiliser environ 1.7 milliard US$ de fonds pour financer la construction et le lancement des satellites mais la somme totale nĂ©cessaire serait comprise entre 3,5 et 6 milliards US$. Or, l'Ă©tablissement de crĂ©dit Ă  l'export français Bpifrance, fortement impliquĂ©, attend des engagements plus prĂ©cis de la clientèle potentielle avant de prĂŞter les sommes nĂ©cessaires. Par ailleurs, des projets concurrents comme celui de SpaceX pourraient entraĂ®ner une guerre des prix qui augmenterait le seuil de rentabilitĂ©[25].

Prestations assurées par la constellation OneWeb

OneWeb permet à des utilisateurs particuliers ou professionnels de bénéficier de connexions à haut débit sur le réseau internet à haut débit terrestre et en téléphonie, principalement dans les régions mal desservies. Contrairement à son principal concurrent SpaceX (constellation Starlink) qui s'adresse directement aux utilisateurs finaux, le service OneWeb est commercialisé essentiellement auprès de grandes sociétés de télécommunications comme British Telecom ou AT&T, qui ont besoin d'étendre leurs prestations (téléphonie, internet) à une clientèle qui ne peut être reliée par la fibre optique ou une liaison filaire performante. Ces utilisateurs se connectent via des postes fixes ou des petits récepteurs mobiles ou via de petits réseaux. La couverture est planétaire. Le débit maximal annoncé est de 50 mégabits par seconde et le temps de latence minimal est de 50 millisecondes. OneWeb prévoit, dans le cadre de son projet d'extension de sa constellation, d'ajouter une prestation de navigation à la demande de son actionnaire britannique qui à la suite du Brexit ne participe plus au système de navigation Galileo de l'Union européenne[5] - [16].

Segment spatial

Le système repose sur le déploiement en orbite d'une constellation de 600 satellites identiques auxquels s'ajoutent 48 satellites en réserve[16] :

Caractéristiques des satellites

Description de cette image, également commentée ci-après
Maquette d'un satellite en 2017.
Données générales
Organisation OneWeb
Constructeur Airbus Defense and Space
Domaine Internet par satellite
Nombre d'exemplaires 648 (48 en réserve)
Constellation oui
Statut en cours de déploiement
Lancement 2019-2021
Lanceur Soyouz, LauncherOne
DurĂ©e 7 ans
Caractéristiques techniques
Masse au lancement ~150 kg
Contrôle d'attitude stabilisé 3 axes
Orbite
Orbite orbite polaire
Altitude 1 200 km
Inclinaison 87,9°

Les microsatellites OneWeb ont une forme approximativement cubique (1 Ă— 1 Ă— 1,3 m) et une masse de 147,7 kg. Chacun est stabilisĂ© 3 axes Ă  l'aide notamment d'un viseur d'Ă©toiles. L'Ă©nergie est fournie par des panneaux solaires orientables disposant d'un degrĂ© de libertĂ©. Le satellite utilise un propulseur Ă  effet Hall de type SPT-50M fourni par la sociĂ©tĂ© russe Fakel pour atteindre, puis en cours de vie, corriger son orbite[26]. Ce modèle de moteur est une version optimisĂ©e (durĂ©e de vie, coĂ»t) d'un moteur dĂ©jĂ  mis en Ĺ“uvre sur des satellites opĂ©rationnels (Canopus-V). Il gĂ©nère une poussĂ©e de 14,8 millinewtons en expulsant du xĂ©non avec une impulsion spĂ©cifique de 930 secondes et en consommant environ 220 watts[27]. Le satellite dispose de six antennes paraboliques : deux en bande Ku pour communiquer avec les utilisateurs finaux, quatre en bande Ka pour communiquer avec les stations passerelle qui assurent la liaison avec le rĂ©seau internet terrestre. L'envoi des donnĂ©es aux utilisateurs est rĂ©alisĂ© Ă  travers l'Ă©mission de 16 faisceaux couvrant globalement une surface au sol de forme elliptique dont le grand axe mesure environ 1 500 km. Chaque faisceau utilise la bande de frĂ©quence Ku en TDMA/FDMA. Le dĂ©bit global par satellite est de huit gigabits par seconde. Un rĂ©cepteur GPS permet de dĂ©terminer la position du satellite Ă  quelques mètres près. La durĂ©e de vie d'un satellite est au minimum de sept ans[28] - [5] - [26].

Charge utile secondaire

L'opĂ©rateur commercialise par ailleurs l'emport d'une charge utile secondaire dont la masse peut s'Ă©lever Ă  60 kg et qui disposera de 200 watts et d'un panneau tournĂ© vers la Terre d'une superficie de 750 Ă— 850 mm2[5].

Orbite

Les satellites sont placĂ©s sur une orbite polaire (inclinaison orbitale 87,9°) Ă  une altitude de 1 200 km. Ă€ cette altitude, chaque satellite assure une couverture de 1 080 Ă— 1 080 km. Cette altitude peu Ă©levĂ©e a Ă©tĂ© choisie pour que le temps de rĂ©ponse internet soit très faible. La constellation de satellites circule au-dessus de la rĂ©gion la plus encombrĂ©e par les dĂ©bris spatiaux (600–1 050 km). 648 satellites sont rĂ©partis initialement sur 12 puis sur 18 plans orbitaux. Les satellites restants sont soit stockĂ©s au sol, soit mis en rĂ©serve en orbite, pour pallier les dĂ©faillances des satellites opĂ©rationnels[5] - [29].

Segment terrestre

Le segment terrestre du projet comprend deux stations de contrĂ´le et 50 stations terriennes rĂ©parties Ă  la surface du globe terrestre pour assurer la liaison entre les satellites et les rĂ©seaux de tĂ©lĂ©communications terrestres.

Stations passerelles

Plus de 50 stations terriennes rĂ©parties Ă  la surface de la Terre mettent en relation les utilisateurs et le rĂ©seau Internet terrestre via la constellation OneWeb. Les communications entre les satellites et les stations s'effectuent en bande Ka. Les Ă©quipements de ces stations passerelles sont fournis par Hughes Network Systems[30].

Stations de contrĂ´le

Les satellites sont contrôlés par deux stations de contrôle, l'une située à Washington DC (États-Unis), l'autre au Royaume-Uni[31].

Terminal utilisateur

Le terminal standard permettant Ă  l'utilisateur de se connecter Ă  internet via OneWeb, baptisĂ© PW1, a une masse de 10 kilogrammes et la forme d'un pavĂ© droit de 50 Ă— 43 Ă— 10 centimètres de cĂ´tĂ©s. Il est associĂ© Ă  une antenne rĂ©seau Ă  commande de phase de forme plate mesurant 36 Ă— 16 centimètres qui devrait permettre de disposer d'un dĂ©bit d'environ 50 mĂ©gabits par seconde. La connexion pourra se faire en utilisant les protocoles 3G, LTE, 5G et Wi-Fi. Le terminal est construit par les sociĂ©tĂ©s sud-corĂ©enne Intellian Technologies et amĂ©ricaine Collins Aerospace. Des antennes de plus grande taille sont utilisĂ©es Ă  bord des avions et des navires[32] - [16].

Processus de déploiement

Lanceurs

Le déploiement en orbite de la constellation OneWeb dans sa première version opérationnelle est effectué grâce à une quinzaine de vols du lanceur Soyouz, qui emporte 34 à 36 satellites en décollant des cosmodromes de Baïkonour et Vostochny en Russie ainsi que de Kourou en Guyane. Les lancements ont été commercialisés par Arianespace. Selon le contrat original, 21 vols de Soyouz étaient prévus ainsi que 39 tirs du lanceur aéroporté LauncherOne de Virgin Galactic pour le renouvellement des satellites défaillants. Ce dernier est largué par un avion porteur au-dessus de l'océan Pacifique et peut placer en orbite un ou deux satellites[5] - [28].

Mise en fonction des satellites et fin de vie

Les satellites sont dĂ©ployĂ©s par leur lanceur Ă  une altitude de 450 Ă  475 kilomètres. Chaque satellite utilise ensuite sa propulsion Ă©lectrique pour rejoindre progressivement, en dĂ©crivant des spirales, son altitude opĂ©rationnelle Ă  1 200 kilomètres d'altitude. En fin de vie, le satellite utilise sa propulsion pour rejoindre une orbite basse situĂ©e Ă  250 kilomètres d'altitude qui garantit une rentrĂ©e atmosphĂ©rique rapide au cours de laquelle le satellite est dĂ©truit (Ă  cette altitude l'atmosphère rĂ©siduelle est suffisamment dense pour rapidement dĂ©grader l'orbite du satellite). Le dĂ©roulement de cette phase est conçu pour que la rentrĂ©e atmosphĂ©rique ait lieu au maximum cinq ans après la fin de vie opĂ©rationnelle du satellite[5].

Controverses

En démultipliant le nombre d'objets en orbite, les projets de mégaconstellations de fournisseurs d'Internet par satellite soulèvent des inquiétudes et critiques à travers le monde. De quelques milliers en 2020, ces objets seraient en effet plusieurs dizaines de milliers à terme[33] - [34] - [35].

DĂ©bris spatiaux

La multiplication des satellites lancĂ©s fait craindre une forte augmentation du nombre potentiel des dĂ©bris spatiaux susceptibles d'ĂŞtre gĂ©nĂ©rĂ©s par ce type de projet[36]. En effet, au risque de collision des satellites en fonctionnement s'ajoute celui de pannes, qui rendraient incontrĂ´lables les satellites, risque d'autant plus Ă©levĂ© qu'ils sont nombreux[34]. Dans le pire des cas, un syndrome de Kessler rendrait les orbites basses totalement impraticables. Les satellites OneWeb sont placĂ©s sur une orbite nettement plus haute (1200 contre 600 km) que leurs homologues Starlink car en cas de panne leur orbite ne se dĂ©grade que très lentement et ils restent longtemps en orbite[16].

Pollution lumineuse du ciel nocturne

La constellation OneWeb, par ses 650 satellites (Ă  terme 6 300), contribue Ă  la forte augmentation du nombre d'objets circulant en orbite basse et rejoint l'ensemble des projets en cours de dĂ©ploiement, comme les 12 000 voire 42 000 satellites de Starlink de SpaceX[34], les 3 250 prĂ©vus pour Kuiper d'Amazon[37] - [34] - [38], etc., qui pose le problème de la pollution lumineuse spatiale du ciel nocturne. Celle-ci s'ajoute Ă  la pollution lumineuse terrestre (issue de l'Ă©clairage de surface).

La magnitude apparente des satellites est de 7,5[39], ce qui est moins que les satellites de Starlink. Cela signifie que les satellites ne sont pas visibles à l'œil nu, mais sont quand même aussi brillants que Neptune. Placés sur une orbite nettement plus élevée que les satellites de Starlink et bien que moins visibles que ceux-ci, ils sont plus problématiques que ces derniers car ils sont visibles plus longtemps depuis une région plus étendue[16].

Cette pollution perturbe beaucoup le travail des astronomes, professionnels et amateurs, ainsi que des photographes de paysages de nuit, qui doivent filtrer ces sources indésirables de lumière[34], quand cela est possible.

Historique des lancements

Historique des lancements des satellites OneWeb (mise Ă  jour le 13 mars 2022)[28].
Numéro vol Date Base de lancement Lanceur Nombre
satellites
Commentaire
1 27 février 2019 Kourou Soyouz ST-B / Fregat-MT 6 Prototypes
2 6 février 2020 Baïkonour Soyouz 2.1b / Fregat-M 34
3 21 mars 2020 BaĂŻkonour Soyouz 2.1b / Fregat-M 34
4 18 décembre 2020 Baïkonour Soyouz 2.1b / Fregat-M 36
5 25 mars 2021 Vostochny Soyouz 2.1b / Fregat-M 36
6 25 avril 2021 Vostochny Soyouz 2.1b / Fregat-M 36
7 28 mai 2021 Vostochny Soyouz 2.1b / Fregat-M 36
8 1er juillet 2021 Vostochny Soyouz 2.1b / Fregat-M 36
9 21 aout 2021 BaĂŻkonour Soyouz 2.1b / Fregat-M 34
10 14 septembre 2021 BaĂŻkonour Soyouz 2.1b / Fregat-M 34
11 14 octobre 2021 Vostochny Soyouz 2.1b / Fregat-M 36
12 27 décembre 2021 Baïkonour Soyouz 2.1b / Fregat-M 36
13 10 février 2022 Kourou Soyouz ST-B / Fregat-M 34
14 22 octobre 2022 Centre spatial Satish-Dhawan LVM3 36
15 8 décembre 2022 Centre spatial Kennedy LC 39A Falcon 9 40
16 10 janvier 2023 Cap Canaveral SLC-40 Falcon 9 40
17 9 mars 2023 Cap Canaveral SLC-40 Falcon 9 40
18 26 mars 2023 Centre spatial Satish-Dhawan LVM3 36
Lancements planifiés
19 2023 Cap Canaveral Falcon 9 15
Lancements annulés[40]
14 vers 5 mars 2022 Baïkonour Soyouz 2.1b / Fregat-M 36 Annulés
15 vers avril 2022 Vostochny Soyouz 2.1b / Fregat-M 36
16 vers mai 2022 Vostochny Soyouz 2.1b / Fregat-M 36
17 vers juin 2022 BaĂŻkonour Soyouz 2.1b / Fregat-M 34
? 2022 BaĂŻkonour Soyouz 2.1b / Fregat-M ?
? 2022 BaĂŻkonour Soyouz 2.1b / Fregat-M ?
? 2022 Kourou Soyouz ST-B / Fregat-M ?

Notes et références

  1. (en) « OneWeb agrees satellite programme with SpaceX », sur OneWeb (consulté le )
  2. « Mariage en orbite entre Intelsat et OneWeb », Les Échos,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. (en) Jessica DiNapoli et Aishwarya Venugopal, Intelsat says it expects $14 billion OneWeb merger deal to fail, Reuters, .
  4. « OneWeb Satellites finalise son organisation industrielle », sur space-airbusds.com, Airbus Defence and Space, .
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