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Challenger (navette spatiale)

Challenger ou OV-099 (Orbital Vehicle-099) était une navette spatiale américaine originellement conçue à des fins de test (STA-099).

OV-099

Challenger
OV-099
Description de cette image, également commentée ci-après
Challenger au lancement, lors de la mission STS-7.
Caractéristiques
Organisation NASA
Date de construction [1]
Date de fin du programme 28 janvier 1986
Performances
Nombre de vols 10
Challenger lors de la mission STS-8.
Challenger en route vers son pas de tir.

Elle porte le nom du bateau HMS Challenger, qui fit une expĂ©dition de 1872 Ă  1876 pour notamment mesurer la profondeur des ocĂ©ans, et a donnĂ© son nom au point le plus profond du globe, Challenger Deep (dans la fosse des Mariannes, Ă  10 916 m sous la surface de l'eau).

Challenger s'est dĂ©sintĂ©grĂ©e le [2], au cours du dĂ©collage, après seulement 73 secondes de vol alors qu'elle Ă©voluait Ă  3 200 km/h. Les sept membres de l'Ă©quipage pĂ©rirent. Il s'agit de :

Missions

STS signifie Space Transportation System ou système de transport spatial. C'est le terme officiel pour désigner les missions.

Au total, Challenger a accompli neuf missions pendant lesquelles elle a passĂ© 62,41 jours dans l'espace et parcouru 41 527 416 km. Elle a dĂ©ployĂ© 10 satellites au total.

# Date Désignation Notes Durée du vol Commandant Patch
1 STS-6 Déploiement d'un satellite de communication. Première sortie dans l'espace depuis une navette. 5 jours Paul J. Weitz
2 STS-7 Sally Ride première Américaine dans l'espace. Deux satellites de communication déployés. 6 jours, 2 heures Robert Crippen
3 STS-8 Premier lancement et atterrissage de nuit. DĂ©ploiement d'un satellite 6 jours, 1 heure Richard H. Truly
4 STS-41-B Première sortie dans l'espace sans attache. Échec de la mise en orbite de deux satellites (Palapa B2, Westar 6) 7 jours, 23 heures Vance Brand
5 STS-41-C Mise en orbite du module LDEF. RĂ©paration de Solar Max 6 jours, 23 heures Robert Crippen
6 STS-41-G Première sortie d'une femme (Kathryn Sullivan). Marc Garneau premier canadien dans l'espace. 8 jours, 5 heures Robert Crippen
7 STS-51-B Spacelab-3 7 jours Robert F. Overmyer
8 STS-51-F Spacelab-2 7 jours 22 heures C. Gordon Fullerton
9 STS-61-A Spacelab D-1 7 jours Henry W. Hartsfield, Jr
10 STS-51-L Perte de la navette au décollage. 73 secondes[3] Francis "Dick" Scobee

L'accident de Challenger

L'accident a été provoqué par la rupture de l'un des joints toriques d'un des deux propulseurs à poudre accolés au réservoir principal d'hydrogène. Il avait souffert de conditions climatiques particulièrement froides au cours de la nuit précédant le tir. Les joints en question, développés par la compagnie américaine Morton Thiokol, située au nord des États-Unis, n'avaient pas été testés en conditions de grand froid. Les concepteurs considéraient que le lieu de tir, la Floride, bénéficiait d'un climat toujours ensoleillé. Le fait est qu'un phénomène météorologique touchant assez fréquemment la Floride avait fait descendre la température bien en dessous de 0 °C au cours de la nuit précédant le tir.

Les ingénieurs de Morton Thiokol avaient néanmoins de sérieux doutes sur la capacité de résistance du joint au froid, à cause notamment d'incidents remarqués au cours de certains vols précédents. Certains d'entre eux, notamment Roger Boisjoly, avaient lancé l'alerte[4]. Mais le joint n'ayant pas été formellement testé puisque la question du froid ne s'était même pas posée, ils furent incapables de prouver la faiblesse de cette pièce au directeur de tir. Leurs remarques furent rejetées par les responsables de Thiokol qui recommandèrent que le lancement soit exécuté comme prévu[5].

Il faut comprendre que, pour des raisons financières, les propulseurs d'appoint (SRB) n'étaient pas construits en une seule pièce. Chacun était composé de plusieurs sections reliées par deux joints toriques permettant de sceller hermétiquement l’ensemble. Une enquête menée par la suite démontra que ces joints étaient beaucoup moins élastiques lorsqu'ils étaient confrontés au froid : une fois compressés, ils ne retrouvaient pas leur forme. En d'autres mots, le matériau perdait son d'élasticité à une température de 0 °C. Cependant, une interrogation persiste après les conclusions de la commission : si le joint a été détruit et qu'une fuite s'est révélée dès le lancement, pourquoi la navette n'a-t-elle pas été détruite à ce moment-là ? Certains experts émettent l’hypothèse que la poudre d’aluminium ajoutée au carburant des propulseurs d’appoint pour accroître la poussée aurait pu colmater la fuite jusqu'à la zone de max Q, où la navette était au maximum de pression aérodynamique. À ce moment-là, les secousses subies par la navette alors exposée à un fort vent latéral ont probablement délogé les résidus d'aluminium qui avaient jusque-là bouché la fuite, libérant ainsi les gaz qui ont chauffé les réservoirs jusqu'à exploser[6].

L'enquête révélera également que les ingénieurs de sécurité de la NASA estimaient les probabilités d'accident de l'ensemble du dispositif à environ 1 % alors que les directeurs de tirs, prenant la décision finale, tablaient sur des probabilités mille fois inférieures. Dans ces deux contextes, l'information concernant la solidité du joint ne prenait pas la même ampleur. Diane Vaughan, ayant enquêté sur l'accident, parle d'une culture du risque à la NASA[7]. Les directeurs de tirs décidèrent donc de passer outre et d'effectuer le tir.

La rupture progressive du joint sur le propulseur d'appoint solide (SRB) de droite laissa passer une flamme dirigĂ©e vers le rĂ©servoir externe. Mais, si la flamme avait touchĂ© le rĂ©servoir dès le dĂ©part, la fusĂ©e aurait dĂ» exploser Ă  ce moment. Ce retard est expliquĂ© par le fait que des restes de poudre d'aluminium incomplètement brĂ»lĂ©e vinrent boucher la faille. Avant le vol, un avion passant juste au-dessus de la fusĂ©e dĂ©clara qu'il y avait de fortes turbulences. Lorsque la fusĂ©e traversa cette zone, les restes de poudre se dĂ©sintĂ©grèrent et de nouvelles flammes sortirent. Vers 72 secondes, le rĂ©servoir externe explosa, dĂ©stabilisant l'autre propulseur (ses joints toriques avaient rĂ©sistĂ©) dont la partie supĂ©rieure et le vint toucher la tĂŞte de la fusĂ©e qui explosa.

Challenger ne fut pas détruite par une explosion. Après la désintégration due aux forces aérodynamiques, le combustible qui se trouvait dans l'orbiteur et le réservoir principal brûla en quelques secondes, formant ainsi une boule de feu massive.

L'habitacle, toujours largement intact, retomba alors vers l'océan.

Il a été prouvé que des astronautes ont survécu au choc initial (une des bouteilles d'oxygène ayant été utilisée). Nous ignorons si les astronautes sont décédés lors de la chute qui a duré deux minutes ou à l'impact avec l'eau.

  • VidĂ©o de l'explosion
  • Explosion de Challenger
    Explosion de Challenger
  • Challenger mĂ©morial au cimetière national d'Arlington
    Challenger mémorial au cimetière national d'Arlington
  • Les sept membres de l'Ă©quipage dĂ©cĂ©dĂ©s lors de l'accident
    Les sept membres de l'équipage décédés lors de l'accident

Sept astéroïdes ont été baptisés en hommage aux membres de l'équipage.

Références

  1. « Shuttle Orbiter Challenger (OV-99) », sur science.ksc.nasa.gov (consulté le ).
  2. http://www.ina.fr/video/CAB86002535/accident-challenger-video.html Journal télévisé d'Antenne 2 du (Archive INA)
  3. Accident de la navette spatiale Challenger
  4. « Cas de Challenger : le premier Whistleblower ? », sur Techniques de l'Ingénieur (consulté le )
  5. « Aerospaceweb.org | Ask Us - Space Shuttle Challenger Disaster », sur www.aerospaceweb.org (consulté le )
  6. « L'accident de Challenger - Documentaire 2020 » (consulté le )
  7. (en) Diane Vaughan, The Challenger Launch Decision (DOI 10.7208/chicago/9780226346960.001.0001, lire en ligne)

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Melvin Smith, An Illustrated History of Space Shuttle : US winged spacecraft : X-15 to Orbiter, Haynes Publishing Group, , 246 p. (ISBN 0-85429-480-5), p. 189-214.

Article connexe

Liens externes


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