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Le Redoutable (S611)

Le sous-marin nucléaire lanceur d'engins (SNLE) Le Redoutable est le premier sous-marin de ce type construit par la France. Il fait partie d'une classe de sous-marins qui comprenait 6 navires. Propulsé par un réacteur nucléaire à eau pressurisée, il emportait 16 missiles à tête nucléaire de type M20 et était armé par un équipage de 135 personnes. Sa construction a débuté en 1964 et il est entré en service en 1971. Il a été désarmé en décembre 1991.

Le Redoutable
illustration de Le Redoutable (S611)
SNLE Le Redoutable

Type SNLE
Classe Le Redoutable
Histoire
A servi dans Marine nationale
Chantier naval Arsenal de Cherbourg
Commandé
Quille posée 1964
Lancement
Armé
Statut Retiré du service en 1991 / En exposition à Cherbourg-en-Cotentin
Équipage
Équipage 135
Caractéristiques techniques
Longueur 128,7 m
Maître-bau 10,6 m
Tirant d'eau 10 m
Tirant d'air 11 m
DĂ©placement 8 080 t en surface, 8 920 t en plongĂ©e
Propulsion
  • 1 rĂ©acteur Ă  eau pressurisĂ©e de 100 MW
  • 1 groupe turborĂ©ducteur
  • 1 hĂ©lice Ă  5 puis 7 puis 11 pales
  • 1 moteur Ă©lectrique auxiliaire alimentĂ© par 2 Diesel-alternateurs SEMT-Pielstick 8 PA V 185 de 750 kW chacun (combustible embarquĂ© pour une autonomie de 5 000 nautiques)
Puissance 2 Ă— 12 000 cv
Vitesse 25 nœuds en plongée
Profondeur 300
Caractéristiques militaires
Armement 16 MSBS
4 tubes lance-torpilles de 533 mm avec 18 torpilles L 5, F 17 et missiles Exocet
Électronique
  • 1 Système Global de Navigation (SGN)
  • 1 radar de navigation Thomson CSF DRUA 33 (bande I)
  • 1 sonar passif/actif d'Ă©trave (antennes sur les flancs) Thomson Sintra DSUX 21 multifonctions
  • 1 sonar passif basse frĂ©quences tĂ©lĂ©mètre acoustique DUXX 5
  • 1 flĂ»te ETBF (ultra-basse frĂ©quences) DSUV 61 B
  • 1 dĂ©tecteur de radar Thomson CSF ARUR 13
Rayon d'action illimité, 65 jours de vivres
Carrière
Pavillon France
Port d'attache Brest
Indicatif Q252
Localisation
CoordonnĂ©es 49° 38′ 53″ nord, 1° 37′ 02″ ouest
GĂ©olocalisation sur la carte : Cherbourg-Octeville
(Voir situation sur carte : Cherbourg-Octeville)
Le Redoutable
Le Redoutable

Historique

Le premier sous-marin français destinĂ© Ă  ĂŞtre nuclĂ©aire reçut le numĂ©ro de construction Q244. Sa construction fut commencĂ©e Ă  la fin des annĂ©es 1950 puis abandonnĂ©e, le rĂ©acteur Ă  eau lourde pressurisĂ©e ne pouvant tenir dans la coque pour une puissance suffisante. Les morceaux fabriquĂ©s furent nĂ©anmoins assemblĂ©s pour devenir le sous-marin Gymnote, sous-marin Ă  propulsion classique mais Ă©quipĂ© de 4 tubes lance-missiles. Il fut toute sa carrière le sous-marin d'essais pour la qualification des systèmes de lancement des missiles stratĂ©giques.

Le , la décision de construire le premier SNLE français est signée, il se nomme le projet Q-252 (numéro de coque).

La construction de ce nouveau type de matĂ©riel dĂ©bute fin 1964 Ă  Cherbourg Ă  partir des plans de l'ingĂ©nieur de l'Armement AndrĂ© Gempp. Il s'agit de crĂ©er un sous-marin de plus de 9 000 tonnes, Ă©quipĂ© d'un système de propulsion nuclĂ©aire et capable en outre de tirer des missiles Ă  tĂŞtes nuclĂ©aires.

Le , il est lancé à Cherbourg en présence du général de Gaulle et avec comme commandants les capitaines de frégate Bernard Louzeau et Jacques Bisson[1], commandant chacun l'un des deux équipages.

Le , il est transféré de son quai provisoire situé dans l'arsenal de Brest à la nouvelle base de l'Île longue.

Le , il est admis au service actif au sein de la Force ocĂ©anique stratĂ©gique (FOST) sous le commandement du capitaine de frĂ©gate Louzeau. Ă€ son admission au service actif, il est Ă©quipĂ© de 16 missiles mer-sol balistiques M1 (450 kt sur 2 000 km), puis M2 Ă  partir de 1974, puis de missiles M20 comportant chacun une tĂŞte nuclĂ©aire d'une mĂ©gatonne et d'une portĂ©e supĂ©rieure Ă  3 000 km.

Le sous-marin et son armement ont coĂ»tĂ© 90 milliards de francs les quinze premières annĂ©es, Ă©quivalant Ă  90 milliards d'euros d'aujourd'hui, en tenant compte de l'inflation[2].

Deux Ă©quipages de 135 hommes chacun (120 hommes et 15 officiers), les « Bleus » et les « Rouges » se relayaient pour que le navire soit opĂ©rationnel en tout temps. Sur les 6 SNLE, quatre devaient toujours se trouver en mer, dont trois en position de tir.

Le , le premier tir Onagre d'un missile stratĂ©gique M1E a eu lieu Ă  partir du Redoutable en plongĂ©e. Ce SNLE appareille pour sa première patrouille le ; celles-ci duraient de 55 jours au dĂ©but Ă  75 jours de mer Ă  la fin de sa carrière. Comme tous les autres SNLE, il fut durant toute sa carrière intĂ©grĂ© Ă  la Force ocĂ©anique stratĂ©gique de la Marine nationale française et basĂ© Ă  l'ĂŽle Longue, dans la rade de Brest. Ă€ la diffĂ©rence des cinq autres sous-marins de la sĂ©rie, il n'a pas bĂ©nĂ©ficiĂ© de la « refonte M4 ».

En 20 ans de service, il a effectuĂ© 51 patrouilles, 3 469 journĂ©es en mer, et 83 500 heures de plongĂ©e (soit 11 ans Ă  la mer dont 10 en plongĂ©e). Le Redoutable a Ă©tĂ© retirĂ© du service actif le et condamnĂ© le . Avant son retrait du service actif et après enlèvement des missiles balistiques, il effectua une escale avec relève d'Ă©quipage Ă  Dakar en avril 1991 soutenu par le TCD Orage (opĂ©ration Jubarte, pour tester grandeur nature une relève d'Ă©quipage loin des bases). Ce fut la seule escale en terre africaine de l'histoire des SNLE français.

Le , Le Redoutable revient sur la base du port militaire de Cherbourg, où son constructeur, la direction des constructions navales, se lance dans son démantèlement qui durera un peu plus de deux années. Dans le courant de l'année 1993, la tranche réacteur est séparée du reste du sous-marin puis entreposée pour quelques dizaines d'années sur une aire antisismique spécialement aménagée et protégée dans la zone militaire du Homet avant stockage définitif sur un site de l'ANDRA[3].

Le , le Ministère de la Défense décide de faire don du Redoutable à la Communauté urbaine de Cherbourg en vue d’en faire l’attraction de la future Cité de la Mer.

Cette opĂ©ration unique en son genre, rĂ©alisĂ©e par l’arsenal de Cherbourg en collaboration avec la CommunautĂ© urbaine de Cherbourg nĂ©cessite un investissement de 25 millions de francs, financĂ© en totalitĂ© par le Ministère de la dĂ©fense.

Pour accueillir le sous-marin Le Redoutable, il est nécessaire de créer une darse à sa mesure. Creusée entièrement dans la partie nord du quai de France et à ciel ouvert, les travaux de la forme de radoub débutent en . La darse de La Cité de la Mer devait être conçue pour répondre à un projet touristique. C’est pourquoi, elle ne répond pas aux normes des bassins destinés à accueillir les bâtiments militaires en construction ou en opération programmée d’entretien.

La forme de radoub est effectivement trop étroite pour permettre le passage d’un navire accompagné d’un attelage de remorqueurs ou de pousseurs, et elle est très haute par rapport au niveau moyen de la mer. Le Redoutable ne peut donc y pénétrer qu’à marée haute de fort coefficient, et par conditions météorologiques parfaites.

Toutes les prouesses techniques doivent ĂŞtre rĂ©unies pour introduire et Ă©chouer un bâtiment de 128 mètres de long sur 10,60 mètres de large dans une darse de 136 mètres sur 19 mètres. Ce bassin est en effet dĂ©pourvu d’un dispositif de fermeture, de moyens d’assèchement et d’infrastructures de manutention ou d’amarrage.

Le , 70 hommes et la presque totalitĂ© des moyens nautiques de la base navale de Cherbourg sont mobilisĂ©s pour conduire Le Redoutable du port militaire Ă  la darse de La CitĂ© de la Mer. Une fois placĂ© dans sa darse, le sous-marin doit ĂŞtre Ă©chouĂ© sur sa ligne de tins. Les Ă©quipes refont l'opĂ©ration deux fois par jour, jusqu'Ă  la fermeture de la darse par des palplanches et son assèchement.

Le , Le Redoutable est ouvert au public, au cœur de La Cité de la Mer à Cherbourg-en-Cotentin, un musée consacré à l'aventure industrielle de la propulsion nucléaire navale, à l'exploration sous la mer et à la Force océanique stratégique.

Le Redoutable en cale sèche à Cherbourg-Octeville

Caractéristiques

Missiles M45 et M51 dans des coques de SNLE (type Le Redoutable, Ă  gauche) et de SNLE-NG (type Le Triomphant, au milieu)

Le Redoutable est équipé d'un Système Global de Navigation (SGN) spécifiquement créé par SAGEM pour les sous-marins de type SNLE.

Les quatre premiers de ces six sous-marins étaient à l'origine de la classe « Redoutable » puis refondus pour recevoir les missiles M4 et mis au niveau de L'Inflexible.

Leur coque est en acier 80 HLES (haute limite Ă©lasticitĂ© soudable) qui leur permet de plonger Ă  300 m.

Certains ont reçu le système d'aide au commandement SEAO/OPSMER.

Ils Ă©taient parmi les sous-marins les plus silencieux de leur Ă©poque.

Ces bâtiments ont été conçus pour être des bâtiments « fumeur », avec un système d'extraction des fumées à la sortie du fumoir. Cependant, pour perpétuer la tradition des sous-mariniers, le premier commandant du Redoutable décida qu'il serait interdit de fumer à bord, interdiction qui perdure sur tous les sous-marins français.

Notes et références

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Jean Meyer et Martine Acerra, Histoire de la marine française : des origines Ă  nos jours, Rennes, Ouest-France, , 427 p. [dĂ©tail de l’édition] (ISBN 2-7373-1129-2, BNF 35734655)
  • Michel VergĂ©-Franceschi (dir.), Dictionnaire d'Histoire maritime, Paris, Ă©ditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1508 p. (ISBN 2-221-08751-8 et 2-221-09744-0)
  • Alain Boulaire, La Marine française : De la Royale de Richelieu aux missions d'aujourd'hui, Quimper, Ă©ditions Palantines, , 383 p. (ISBN 978-2-35678-056-0)
  • RĂ©mi Monaque, Une histoire de la marine de guerre française, Paris, Ă©ditions Perrin, , 526 p. (ISBN 978-2-262-03715-4)
  • Jean Moulin, Les sous-marins français en images, Rennes, Marines Éditions, , 91 p. (ISBN 2-915379-40-8), p. 84-85.
  • Claude Huan et Jean Moulin, Les sous-marins français 1945-2000, Rennes, Marines Ă©ditions, , 119 p. (ISBN 978-2-35743-041-9 et 2-35743-041-9, EAN 978-2-35743-041-9), p. 72.

Liens externes

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