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Communication avec les sous-marins

Les communications avec les sous–marins en plongée sont techniquement très difficiles, elles nécessitent la mise en œuvre de techniques et d'équipements spécifiques. Cette extrême difficulté est due à un effet incontournable : les ondes électromagnétiques des fréquences habituellement utilisées pour les télécommunications sont incapables de traverser un conducteur électrique épais comme de l'eau salée.

La solution la plus simple est de déployer une antenne radioélectrique à la surface de l'eau et d'utiliser les techniques de télécommunications classiques. Cependant, cette solution ne convient guère aux sous-marins nucléaires lanceurs d'engins. En effet, ces bâtiments ont été conçus par les plus importantes puissances militaires au moment de la guerre froide pour pouvoir rester cachés en immersion au fond des océans pendant des semaines ou des mois. Afin de rester en communication avec ces bateaux militaires sans risquer qu'ils soient repérés, il a fallu aborder la question sous des angles différents.

Transmission acoustique

Un hydrophone.

Le son se propage très bien dans l'eau si bien qu'avec un haut-parleur sous-marin et un hydrophone on peut envisager des communications d'une bonne portée. Ce mode de transmission s'intitule l'acoustique sous-marine[1] (qui concerne aussi bien la détection que la transmission). Dans les zones souvent fréquentées par leurs sous-marins, la Marine américaine (US Navy) et la Marine russe ont installé au fond de la mer des équipements d'écoute et de transmission sonique reliés par un câble sous-marin à leurs stations terrestres respectives (système Sound Surveillance System pour les États-Unis). Il est envisagé qu'à proximité d'un de ces dispositifs, un sous-marin puisse communiquer et rester en contact avec sa base[2].

Très basse fréquence (VLF)

Les ondes radio aux très basses frĂ©quences (VLF) — entre 3 et 30 kHz — sont capables de pĂ©nĂ©trer l'eau de mer sur une Ă©paisseur d'une vingtaine de mètres. Ainsi, un sous-marin en plongĂ©e peu profonde peut communiquer en utilisant ces frĂ©quences. Dans le cas de plongĂ©e profonde, le navire peut utiliser une bouĂ©e munie d'une antenne qui sera dĂ©ployĂ©e un peu en dessous de la surface. Cette bouĂ©e peut ĂŞtre suffisamment petite pour ne pas ĂŞtre dĂ©tectĂ©e par un radar ou un sonar.

Extrêmement basse fréquence (ELF)

Les ondes Ă©lectromagnĂ©tiques dans la bande des « ExtrĂŞmement basses frĂ©quences » (ELF) peuvent traverser les ocĂ©ans et atteindre les sous-marins oĂą qu'ils se trouvent (on peut aussi consulter Ă  ce propos l'article sur les « Super basses frĂ©quences » (SLF)). Construire un Ă©metteur sur ces frĂ©quences est une vĂ©ritable gageure en raison des longueurs d'onde extraordinairement longues mises en Ĺ“uvre. Le système de l'US Navy appelĂ© « Seafarer » Ă©mettait sur 76 hertz, et son Ă©quivalent russe appelĂ© « Zeus », sur 82 hertz. Cette dernière frĂ©quence correspond Ă  une longueur d'onde de 3 658,5 kilomètres, supĂ©rieure au demi-rayon terrestre[3]. Il est par consĂ©quent Ă©vident qu'on ne peut pas utiliser dans ce cas le dipĂ´le demi-onde classique.

1982 — Vue aérienne du centre « ELF » (en réalité SLF) de Clam Lake dans le Wisconsin.

Pour contourner la difficultĂ©, il a fallu trouver un lieu avec une très faible conductivitĂ© Ă©lectrique du sol (c'est-Ă -dire le contraire de ce que l'on recherche habituellement en radioĂ©lectricitĂ©), enterrer deux Ă©normes Ă©lectrodes, puis les alimenter Ă  partir d'une station situĂ©e Ă  leur centre. Pour ce qui est de Zeus situĂ© non loin de Mourmansk, l'espacement est de 60 km. Cette valeur n'est pas critique, on aurait pu en choisir d'autres. Comme la conductivitĂ© du sol est faible, l'Ă©nergie entre les deux Ă©lectrodes va pĂ©nĂ©trer profondĂ©ment Ă  l'intĂ©rieur de la Terre et utiliser ainsi une grande partie du globe terrestre comme antenne. Le rendement de l'antenne est très mauvais ; pour l'alimenter il a fallu construire un Ă©metteur de puissance spĂ©cial. Bien que la puissance Ă©mise par l'antenne soit très faible, de l'ordre de quelques watts, le signal peut ĂŞtre reçu potentiellement partout sur la planète ; une station en Antarctique a pu dĂ©tecter la mise en service de Zeus, le système de la Marine russe.

En raison de l'immense complexité technique que représente la construction d'un émetteur ELF, seules l'US–Navy américaine et la Marine russe se sont lancées dans cette aventure. Jusqu'à son démantèlement à la fin du mois de septembre 2004 le « Seafarer » américain était constitué de deux antennes situées, l'une dans le Wisconsin depuis 1977 et l'autre dans le Michigan depuis 1980. Avant 1977, on utilisait le système « Sanguine » situé dans le bouclier canadien au Wisconsin. L'antenne russe du système Zeus est installée dans la péninsule de Kola près de Mourmansk. Le système Zeus a été signalé à l'Ouest au début des années 1990.
La Royal Navy britannique avait également envisagé de construire un émetteur dans la forêt de Glengarry en Écosse, mais le projet a été abandonné.

Trafic ELF

La transmission sur ELF se fait à l'aide d'un code de Reed-Solomon sur 64 caractères. Chaque caractère est transmis sous forme d'une longue séquence pseudo-aléatoire. L'ensemble du message est codé. L'intérêt de cette technique est qu'en rapprochant plusieurs messages identiques lors d'une transmission multiple, on peut reconstituer le message initial même avec un rapport signal sur bruit très défavorable. De plus, comme peu de séquences pseudo-aléatoires représentent réellement un caractère du message, il y a une très forte probabilité que si un message est reçu, ce message soit valide. De plus, le message transmis est, de ce fait, presque impossible à falsifier par une station de brouillage par exemple.

Ceci est très important car la communication ne se fait que dans un seul sens (terre vers sous-marin) ; il est bien sûr impossible d'envisager un équipement ELF à bord pour des raisons évidentes de dimension des antennes. Les études pour concevoir un émetteur qui pourrait être immergé dans la mer ou transporté par un avion ont rapidement été abandonnées.

En raison de la faible bande passante due à la fréquence d'émission très basse, l'information ne peut être transmise que très lentement, de l'ordre de quelques caractères par minute. On peut donc raisonnablement penser que les messages consistent surtout en des instructions génériques ou des demandes de communication bilatérale par un autre canal.

Technique radio classique

Un sous-marin en surface peut utiliser les moyens de communication hertzienne classiques. Les sous-marins peuvent utiliser les réseaux HF, VHF et UHF en radiotéléphonie ou en radiotélétype. Lorsqu'ils sont disponibles, ils utiliseront préférentiellement les systèmes de communication par satellite car les communications classiques pourraient trahir leur présence, et même leur position par radiogoniométrie.

Notes et références

  1. Fourniture de système d'acoustique sous-marine « Copie archivée » (version du 6 août 2018 sur Internet Archive)
  2. (en) Norman Polmar, The Naval Institute guide to the ships and aircraft of the U.S. fleet, Annapolis, Md, Naval Institute, , 592 p. (ISBN 978-1-59114-685-8 et 1-591-14685-2, OCLC 56876111, lire en ligne), p. 565.
  3. Rayon Ă©quatorial terrestre = 6 378,137 km et rayon polaire = 6 356,752 314 2 km.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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