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LGM-25C Titan II

Le LGM-25C Titan II est un missile balistique intercontinental conçu et mis au point par la Glenn L. Martin Company pour l'US Air Force. Ce successeur du missile Titan I d'une portĂ©e de 10 000 km est capable de lancer une charge deux fois plus lourde que son prĂ©dĂ©cesseur et contrairement Ă  ce dernier utilise des ergols dits « stockables ».

LGM-25C Titan II
LGM-25C Titan II
Tir d'un ICBM Titan II depuis le silo de lancement souterrain 395-Charlie situé sur la Vandenberg AFB, Californie, au milieu des années 1960 (photo USAF).
Présentation
Type de missile ICBM et lanceur spatial
Constructeur Glenn L. Martin Company
Statut Retiré du service
CoĂ»t Ă  l'unitĂ© 3,16 millions USD
DĂ©ploiement du au
Caractéristiques
Nombre d'Ă©tages 2
Moteurs 1er Ă©tage : 2 x LR-87-5
2ème étage : 1 x LR-91-5
Ergols Peroxyde d'azote / AĂ©rozine 50
Masse au lancement 154 tonnes
Longueur 31,4 m
Diamètre 3,05 m
Charge utile En tant qu'ICBM : ogive nucléaire W53
Plateforme de lancement Silo de lancement
Pays utilisateurs
Drapeau des États-Unis États-Unis

Historique

Jusqu'Ă  63 missiles ont Ă©tĂ© dĂ©ployĂ©s sur le territoire des États-Unis contigus entre 1963 et 1987. Avec leur ogive W53 de 9 mĂ©gatonnes, ils sont les missiles ayant la plus puissante force de destruction fabriquĂ©s aux États-Unis.

Certains de ces missiles ont été reconvertis en lanceurs Titan pour placer en orbite les engins spatiaux de la NASA, notamment les vaisseaux du programme Gemini, des satellites météorologiques de la NOAA et de l'US Air Force notamment les Defense Meteorological Satellite Program (DMSP), cette famille effectua 220 vols de 1959 à 2005.

DĂ©veloppement

La version précédente : le Titan 1

Au milieu des annĂ©es 1950, les États-Unis dĂ©veloppent leurs premiers missiles balistiques intercontinentaux. L’ArmĂ©e de l'Air amĂ©ricaine dĂ©cide de lancer en 1955 en parallèle le dĂ©veloppement des missiles SM-68 Titan et Atlas : l'objectif est de disposer d'une solution de rechange au cas oĂą le dĂ©veloppement de l'Atlas, Ă  la conception audacieuse, Ă©chouerait. Le constructeur est la sociĂ©tĂ© Glenn L. Martin Company qui deviendra par la suite Martin Marietta avant d'ĂŞtre absorbĂ© dans Lockheed-Martin. Le missile Titan comporte contrairement Ă  l'Atlas deux Ă©tages propulsĂ©s par des moteurs Aerojet LR-87 brĂ»lant un mĂ©lange de RP-1 (kĂ©rosène) et d'oxygène liquide. Le missile haut de 26 mètres et d'une masse de 100 tonnes est capable de lancer une bombe atomique unique de 4 mĂ©gatonnes Ă  15 000 km. Le premier Ă©tage a un diamètre de 3,05 mètres qu'on retrouvera sur toutes les versions ultĂ©rieures. Le deuxième Ă©tage a un diamètre de 2,06 mètres qui ne sera pas reconduit dans les versions suivantes. Le missile est guidĂ© depuis le sol : un ordinateur installĂ© dans un bunker calcule les corrections de trajectoire qui sont transmises par radio. Le missile est dĂ©ployĂ© Ă  compter de 1962 dans des silos Ă  une cinquantaine d'exemplaires mais est retirĂ© du service dès 1965 car l'utilisation de l'oxygène liquide, qui entraine un dĂ©lai de lancement de 20 minutes, le rend rapidement obsolète pour les besoins militaires[1].

DĂ©veloppement de la version Titan II

Alors que le missile Titan I Ă©tait encore dans une phase de test, le dĂ©veloppement de son remplaçant, le missile Titan II, est entamĂ©. L'objectif est de rĂ©duire de manière significative le dĂ©lai de lancement de 15 Ă  20 minutes imposĂ© par le remplissage des rĂ©servoirs d'oxygène liquide et de supprimer Ă©galement les risques d'explosion. Le nouveau missile reprend la configuration du Titan I mais ses moteurs utilisent de nouveaux ergols hypergoliques qui peuvent ĂŞtre stockĂ©s dans les rĂ©servoirs Ă  tempĂ©rature ambiante, supprimant la nĂ©cessitĂ© d'un remplissage avant le lancement. Les moteurs LR-87 sont lĂ©gèrement modifiĂ©s pour brĂ»ler un mĂ©lange de peroxyde d'azote et d'aĂ©rozine 50 en gagnant en poussĂ©e (965 kN au lieu de 647 kN au niveau du sol pour les deux moteurs du premier Ă©tage) et en masse (739 kg au lieu de 839 kg). La longueur est identique Ă  celle du Titan I (27 mètres de long mais le diamètre du second Ă©tage est dĂ©sormais identique Ă  celle du premier Ă©tage c'est-Ă -dire 3,05 mètres de diamètre). La masse du missile Titan II passe Ă  149,5 tonnes soit une augmentation de 50%. Le nouveau missile peut lancer une tĂŞte nuclĂ©aire de 3,7 tonnes d'une puissance de 9 mĂ©gatonnes. Titan II, contrairement Ă  son prĂ©dĂ©cesseur qui est radiocommandĂ©, est pilotĂ© de manière autonome grâce Ă  un système de navigation inertielle utilisant des gyroscopes. Le missile, qui sera le plus gros mis en Ĺ“uvre par les États-Unis, sera dĂ©ployĂ© dès 1962 Ă  une cinquantaine d'exemplaires avant d'ĂŞtre complètement retirĂ© du service en 1982[1].

Le premier vol du Titan II eut lieu en et le missile, alors dĂ©signĂ© LGM-25C, a atteint sa capacitĂ© opĂ©rationnelle initiale en . Le Titan II disposait d'une ogive nuclĂ©aire W-53 contenue dans un vĂ©hicule de rentrĂ©e Mark 6, avec une portĂ©e d'environ 16 000 kilomètres (9 900 milles ; 8 700 milles nautiques). L'ogive W-53 avait une puissance de 9 mĂ©gatonnes. Cette ogive Ă©tait guidĂ©e sur son objectif par une centrale inertielle. Les 54 Titan II dĂ©ployĂ©s ont constituĂ© l'Ă©pine dorsale de la force de dissuasion amĂ©ricaine jusqu'au dĂ©ploiement massif de l'ICBM LGM-30 Minuteman durant la première moitiĂ© des annĂ©es 1960.

Douze Titan II volèrent au milieu des années 1960 dans le cadre du programme spatial piloté Gemini mis en œuvre par la NASA.

Les tirs d'essai

Le premier lancement du Titan II, Missile N-2, a lieu le , Ă  partir du LC-16 (Launch Complex 16), Ă  Cap Canaveral. Ce tir d'essai se dĂ©roule sans difficultĂ©s, le missile parcourt 8 046 kilomètres (5 000 milles) et dĂ©pose son vĂ©hicule de rentrĂ©e Ă  l'endroit prĂ©vu, Ă  proximitĂ© de l'Ă®le de l'Ascension. Le seul problème est l'existence d'un taux Ă©levĂ© de vibrations longitudinales durant le fonctionnement du premier Ă©tage. Ces vibrations ne sont pas un motif de souci pour l'armĂ©e de l'air, mais inquiètent les responsables de la NASA. Ceux-ci pensent en effet que ce phĂ©nomène pourrait s'avĂ©rer nuisible pour les astronautes Ă  l'occasion des vols pilotĂ©s du programme Gemini.

Le second lancement, Missile N-1, a lieu le à partir du LC-15. Le fonctionnement du premier étage est presque nominal, mais la poussée du second étage est inférieure à ce qui est prévu en raison d'une diminution dans l'alimentation du générateur de gaz. L'officier de sécurité commande l'arrêt des moteurs du second étage, ce qui cause une séparation prématurée du véhicule de rentrée, dont l'impact a en conséquence lieu bien avant l'endroit prévu.

Le troisième lancement, Missile N-6, le , est un succès complet.

Mis Ă  part l'effet pogo (surnom donnĂ© par les ingĂ©nieurs de la NASA au phĂ©nomène de vibrations, puisque celles-ci ressemblent au comportement d'un bâton sauteur (« pogo stick Â»)), le Titan II doit faire face Ă  des problèmes inĂ©vitables chez une fusĂ©e neuve. Le test du (VĂ©hicule N-4) est initialement prĂ©vu pour le , mais est repoussĂ© d'un mois quand le moteur droit du Titan montre une instabilitĂ© de combustion sĂ©vère au moment de la mise Ă  feu. Cet Ă©vènement cause la sĂ©paration d'avec le premier Ă©tage de toute la chambre de combustion, laquelle chute dans le carneau (dĂ©flecteur de jet) et finit sa course Ă  environ 7 mètres de la table de lancement (l'ordinateur interne du Titan a coupĂ© les moteurs au moment de la perte de poussĂ©e). L'origine du problème est identifiĂ©e : de l'alcool Ă  nettoyer avait Ă©tĂ© laissĂ© par nĂ©gligence dans le moteur. Un nouveau lot de moteurs est commandĂ© Ă  Aerojet, et le missile dĂ©colle du LC-16 dans la matinĂ©e du . Le vol se dĂ©roule selon le plan tant que fonctionne le premier Ă©tage, mais le second Ă©tage prĂ©sente Ă  nouveau des anomalies de fonctionnement quand la pompe hydraulique tombe en panne et quand la poussĂ©e chute d'environ 50 %. L'ordinateur compense en faisant fonctionner le moteur pendant 111 secondes supplĂ©mentaires, jusqu'Ă  l'Ă©puisement des propergols. Comme l'ordinateur n'avait pas ordonnĂ© l'arrĂŞt des moteurs, le vĂ©hicule de rentrĂ©e ne se sĂ©pare pas du deuxième Ă©tage et ne rĂ©alise donc pas son vol balistique. L'impact a lieu Ă  2 400 kilomètres (1 500 milles) du site de lancement, c'est-Ă -dire Ă  la moitiĂ© de la distance prĂ©vue.

Les trois tirs suivants - Missiles N-5 (), N-9 () et N-12 () - sont entièrement couronnĂ©s de succès. Toutefois le lancinant problème posĂ© par l'effet pogo demeure et le premier Ă©tage ne peut ĂŞtre utilisĂ© pour des vols pilotĂ©s tant qu'il n'est pas rĂ©solu. Martin-Marietta ajoute donc au sein du premier Ă©tage une canalisation munie d'un suppresseur de surpression dans la conduite d'alimentation de l'oxydant, mais quand le système est testĂ© sur le Titan N-11 le , le rĂ©sultat est en fait une aggravation de l'effet pogo dans le premier Ă©tage. Il s'ensuit une vibration si forte que la poussĂ©e devient instable et prend fin trop tĂ´t. Le second Ă©tage dĂ©bute alors sa combustion mais, en raison des vitesse et position incorrectes au moment de la sĂ©paration, le système de guidage dysfonctionne et provoque une trajectoire de vol instable. L'impact a lieu Ă  seulement 1 100 kilomètres (700 milles) du site de lancement.

La fusĂ©e N-13 est lancĂ©e 13 jours plus tard sans système anti-surpression. La pression est augmentĂ©e dans les rĂ©servoirs de propergols du premier Ă©tage, ce qui rĂ©duit les vibrations. De plus, les conduites d'alimentation de l'oxydant sont constituĂ©es d'aluminium au lieu d'acier. Toutefois, l'origine exacte de l'effet pogo demeure floue et constitue un problème irritant pour la NASA.

Le dixième vol du Titan II (fusée N-15) a lieu le . Il s'agit du seul tir de nuit réalisé pendant les tests. Le problème posé par l'effet pogo est largement réduit pendant ce vol, mais le second étage perd à nouveau de la poussée en raison d'une diminution dans l'alimentation du générateur de gaz. Il ne parcourt donc que la moitié du trajet prévu. La cause des précédents problèmes affectant le second étage avait été attribuée à l'effet pogo, mais cela ne pouvait pas être le cas pour le N-15. L'instabilité de combustion était encore un problème et ceci fut confirmé par des tests statiques de mise à feu menés par Aerojet. Ceux-ci montrèrent que les moteurs LR-91 à propergols liquides avaient des difficultés à atteindre une combustion régulière après le choc provoqué par le démarrage.

Les efforts réalisés pour permettre au Titan II d'accueillir des astronautes allaient également à l'encontre du fait que l'armée de l'air était chargée de son développement, et pas la NASA. Le but principal de l'armée de l'air n'était pas de développer une fusée pour le projet Gemini, mais un système de missiles. Les militaires s'intéressaient aux améliorations techniques du premier étage uniquement dans la mesure où celles-ci présentaient un intérêt pour leur programme. Le , la Division des Systèmes Balistiques (Air Force Ballistic Systems Division -BSD-) de l'armée de l'air déclara que l'effet pogo avait été suffisamment réduit dans le Titan pour permettre à celui-ci d'être utilisé en tant que missile balistique intercontinental (ICBM) et que tout autre amélioration était inutile. L'augmentation de la pression dans les réservoirs de propergol avait certes permis de réduire la vibration, mais elle avait également ajouté des charges structurelles dangereuses sur le Titan ; dans tous les cas de figure, les résultats n'étaient donc pas satisfaisants du point de vue de la NASA. Tandis que le BSD cherchait un moyen d'aider la NASA, on décida finalement qu'une nouvelle réduction de l'effet pogo ne valait pas le temps, les ressources et le risque nécessaires pour l'atteindre et que le programme ICBM avait la priorité.

Le programme de dĂ©veloppement du Titan II connaĂ®t une dĂ©faillance sĂ©vère durant la première moitiĂ© de 1963. Le , le missile N-7 est lancĂ© d'un silo situĂ© sur la base aĂ©rienne de Vandenberg en Californie et dysfonctionne presque immĂ©diatement après le dĂ©collage. Un cordon ombilical ne se sĂ©pare pas nettement et arrache les câblages Ă©lectriques du second Ă©tage. Ceci non seulement coupe l'alimentation Ă©lectrique du système de guidage, mais de plus empĂŞche l'activation des charges explosives de sĂ©curitĂ©. Le missile dĂ©colle affectĂ© d'un roulis incontrĂ´lĂ© et continu ; après environ 15 secondes, quand commence en principe le programme de contrĂ´le du tangage et du roulis, il se dirige soudainement vers le sol. Les Ă©quipes de lancement sont prises de panique face Ă  un missile qui non seulement est hors de contrĂ´le, mais qui de plus ne peut pas ĂŞtre dĂ©truit et qui est susceptible de s'Ă©craser dans une zone habitĂ©e. Heureusement, le vol incontrĂ´lĂ© du Titan prend fin lorsque le missile bascule sur lui-mĂŞme, ce qui provoque la sĂ©paration du second Ă©tage d'avec le reste de la fusĂ©e. Le ISDS (Inadvertent Separation Destruct System) s'active alors et fait exploser le premier Ă©tage. La plupart des dĂ©bris tombe en mer ou sur la plage ; le second Ă©tage demeure presque intact après son impact sur l'eau, bien que le rĂ©servoir de peroxyde d'azote a Ă©tĂ© perforĂ© par des dĂ©bris propulsĂ©s par la destruction du premier Ă©tage. Les Ă©quipages de la marine lancent une opĂ©ration de rĂ©cupĂ©ration de l'ogive ainsi que du système de guidage. L'ogive est trouvĂ©e sur le fond marin et draguĂ©e avec des parties du second Ă©tage ; le système de guidage n'est pas retrouvĂ©.

L'origine de l'accident rĂ©sidait dans un dĂ©faut de conception du silo : l'espace y Ă©tait trop rĂ©duit pour que les cordons ombilicaux se dĂ©tachent correctement, ce qui a provoquĂ© l'arrachage des câblages du Titan. Le problème est rĂ©solu en allongeant les cordons ombilicaux. Le vol est nĂ©anmoins considĂ©rĂ© comme un succès « partiel Â», parce que le Titan est sorti du silo sans difficultĂ©. Le roulis intempestif peut mĂŞme avoir empĂŞchĂ© un dĂ©sastre plus grave puisqu'il a ajoutĂ© de la stabilitĂ© et ainsi Ă©vitĂ© que le missile heurte les parois du silo pendant son ascension.

Le , le missile N-18, lancĂ© de Cap Canaveral, effectue un vol couronnĂ© de succès. Le vol du N-21 subit une nouvelle dĂ©faillance du second Ă©tage, après avoir Ă©tĂ© reportĂ© durant plusieurs semaines en raison d'un nouveau cas de sĂ©paration des chambres de combustion avant le dĂ©collage. Ceci est suivi par le lancement le , Ă  partir de la base de Vandenberg, du missile N-8, dont le vol se dĂ©roule sans difficultĂ©. Le missile N-14 (), lancĂ© du complexe LC-16 au Cap Canaveral, subit un nouvel arrĂŞt prĂ©maturĂ© du second Ă©tage en raison d'une fuite dans le conduit d'oxydant. Les vols des missiles N-19 () et N-17 (), lancĂ©s respectivement de Vandenberg et de Cap Canaveral, sont des succès, mais sur les 18 lancements de Titan II rĂ©alisĂ©s, seuls 10 avaient accomplis tous leurs objectifs. Le , le missile N-20 est lancĂ© du complexe LC-16 muni de nouveaux dispositifs anti-pogo. Malheureusement, le feu se dĂ©clare dans le premier Ă©tage peu après le dĂ©collage, ce qui provoque une perte de contrĂ´le durant l'ascension. Le missile se dirige soudainement vers le sol et le second Ă©tage se sĂ©pare Ă  T+52 secondes, dĂ©clenchant l'ISDS et donc la destruction du premier Ă©tage. Le second Ă©tage est dĂ©truit manuellement par l'officier de sĂ©curitĂ© peu après. La brièvetĂ© du vol ne permet pas d'obtenir des informations utiles concernant l'effet pogo, mais l'enquĂŞte permet d'identifier la cause de l'accident : la corrosion d'une vanne de carburant, qui a provoquĂ© une fuite de propergol, lequel a pris feu au contact des pièces chaudes du moteur.

Le vol d'essai suivant concerne le missile N-22, lancé d'un silo le à partir de la base aérienne Vandenberg. Une fois encore, le second étage perd de la poussée en raison d'une diminution dans l'alimentation du générateur de gaz. Le BSD (Ballistic Systems Division) décide alors de suspendre les futurs vols. Sur les 20 tirs de Titan réalisés à ce stade, 7 auraient du être interrompus si des astronautes avaient été présents. Par ailleurs, la priorité étant donnée au programme ICBM, les recherches sur la suppression de l'effet pogo durent être ajournées.

Toutefois, seul le missile N-11 avait subi une défaillance due à l'effet pogo et le problème de l'instabilité de combustion s'était posé durant les tirs statiques, non pendant les vols réels. Tous les échecs du Titan II, à l'exception du N-11, trouvaient leur origine dans une diminution de l'alimentation du générateur de gaz, dans des ruptures de tuyauterie ou dans des soudures défectueuses. Le problème semblait être lié à la société Aerojet, et une visite de contrôle effectuée par les dirigeants de MSC dans leur usine de Sacramento (Californie) au mois de juillet permit de constater que les procédures de manipulation et de fabrication étaient réalisées avec une grande négligence. Un effort systématique pour améliorer la qualité des moteurs LR-87 fut mis en œuvre, avec une modification importante de certains composants afin d'améliorer leur fiabilité ainsi que pour mettre fin aux difficultés dues au générateur de gaz.

Graphique de 1965, montrant les lancements du Titan II (milieu), avec les échecs représentés par mois (surligné en rose) ainsi que les statistiques concernant le missile Atlas SM-65 Atlas et l'utilisation du Titan par la NASA pour les projets Mercury et Gemini (bleu). L'évolution et les prévisions de Apollo-Saturn apparaissent également.

Accidents

Le , 53 personnes trouvent la mort en raison d'une perte d'oxygène provoquĂ©e par un incendie, lui-mĂŞme consĂ©quence de la coupure d'une canalisation hydraulique Ă  haute pression par un chalumeau oxyacĂ©tylĂ©nique. L'accident se produit dans le silo 373-4 situĂ© Ă  proximitĂ© de Searcy, Arkansas. La plupart des victimes sont des civils effectuant des travaux de maintenance. Le feu se dĂ©clenche quand le couvercle du silo, d'un poids de 750 tonnes, est fermĂ© ; ceci contribue Ă  rĂ©duire le niveau d'oxygène dont peuvent disposer les hommes ayant survĂ©cu Ă  l'incendie initial. Il y a deux survivants, souffrant tous les deux de blessures provoquĂ©es par le feu et la fumĂ©e. Le missile n'est pas endommagĂ©.

Le , un des deux moteurs ne s'allume pas à l'occasion d'un lancement effectué à partir du silo 395C, sur la base de aérienne de Vandenberg en Californie. Ce tir avait été organisé dans le cadre du programme de missile anti balistique, en présence d'officiers généraux et de parlementaires. Le Titan subit des défaillances structurelles sévères, avec l'apparition de fuites dans les deux réservoirs et l'accumulation des propergols au fond du silo. Un grand nombre de cocontractants civils est évacué du bunker de commande.

Le , le sergent-chef Robert Thomas, de l'armée de l'air, est tué à proximité de Rock, Kansas, quand un missile perd ses propergols dans son silo. Un autre militaire, le caporal Erby Hepstall, décède plus tard en raison de blessures aux poumons subies pendant l'accident.

Le , un grave accident se produit lorsqu'une clé à douille tombe d'une plateforme et perfore le réservoir de carburant du premier étage du missile, causant une fuite majeure. En raison de la nature hypergolique des propergols, le missile entier explose quelques heures plus tard, entraînant la mort du caporal-chef David Livingston et détruisant le silo (374-7, à proximité de Damascus, Arkansas). Il s'agissait du même missile, remis en état et déplacé, que celui qui se trouvait dans le silo 373-4 durant le tragique incendie du . L'ogive n'explose pas, grâce à ses dispositifs de sécurité. Un téléfilm, Désastre à la centrale 7, est consacré à l'évènement en 1988 et un documentaire, Command and Control, est réalisé en 2016.

Mise en service

Le Titan II est en service de 1963 Ă  1987. Ă€ l'origine, 63 missiles Titan II sont affectĂ©s au Strategic Air Command. 9 d'entre eux sont utilisĂ©s sur la base aĂ©rienne de Vandenberg, en Californie, pour la formation du personnel. 18 missiles sont disposĂ©s en alerte permanente autour de la base aĂ©rienne de Davis-Monthan, près de Tucson en Arizona. Les missiles restants sont dĂ©ployĂ©s sur les bases aĂ©riennes de Little Rock (Arkansas) et Wichita (Kansas).

Retrait

Il Ă©tait prĂ©vu de retirer le Titan II après seulement 5 Ă  7 ans de service, mais il est demeurĂ© en service beaucoup plus longtemps que ce que ce qui Ă©tait envisagĂ© Ă  l'origine. Une idĂ©e rĂ©pandue Ă  tort est que les Titan II furent mis hors service en application d'un traitĂ© de dĂ©sarmement. En rĂ©alitĂ© leur dĂ©sarmement fut la consĂ©quence d'un programme de modernisation. En raison de la volatilitĂ© des propergols et du vieillissement des joints d'Ă©tanchĂ©itĂ©, il Ă©tait Ă  l'origine prĂ©vu que le retrait des missiles Titan II commence en 1971. Au milieu des annĂ©es 1970, le système de guidage inertiel d'origine (fabriquĂ© par AC Spark Plug) Ă©tait devenu obsolète et les pièces dĂ©tachĂ©es n'Ă©taient plus disponibles. C'est pourquoi le système de guidage fut remplacĂ© par un dispositif plus moderne, le Delco Universal Space Guidance System (USGS). Après la survenance de deux accidents, en 1978 et 1980, la dĂ©sactivation du système Titan II ICBM commença finalement en . Le dernier missile Titan II, situĂ© dans le silo 373-8 Ă  proximitĂ© de Judsonia (Arkansas) fut dĂ©sactivĂ© le . Après enlèvement de leurs ogives, les missiles dĂ©sactivĂ©s furent initialement stockĂ©s sur la base aĂ©rienne Davis-Monthan (Arizona) ainsi que sur l'ancienne base aĂ©rienne Norton (Californie), puis dĂ©mantelĂ©s en 2006.

À la suite de la mise hors service des Titan II, un seul complexe de lancement, dépendant de la base aérienne Davis-Monthan, a échappé à la destruction. Il forme aujourd'hui le Titan Missile Museum et est ouvert au public à Sahuarita (Arizona). Le missile qui se trouve dans le silo est un vrai Titan II, mais celui-ci était un missile d'entraînement qui n'a jamais contenu ni comburant, ni carburant, ni ogive.

Nombre de missiles Titan II en service, par année :

  • 1963 – 56
  • 1964 – 59
  • 1965 – 59
  • 1966 – 60
  • 1967 – 63
  • 1968 – 59 (3 missiles dĂ©sactivĂ©s sur la base aĂ©rienne de Vandenberg)
  • 1969 – 60
  • 1970 – 57 (3 missiles supplĂ©mentaires dĂ©sactivĂ©s sur la base aĂ©rienne de Vandenberg).
  • 1971 – 58
  • 1972 – 57
  • 1973 – 57
  • 1974 – 57
  • 1975 – 57
  • 1976 – 58
  • 1977 – 57
  • 1978 – 57
  • 1979 – 57
  • 1980 – 56
  • 1981 – 56 (Le prĂ©sident Ronald Reagan annonce le retrait du système d'arme Titan II)
  • 1983 – 53
  • 1984 – 43 (fermeture du site de la base aĂ©rienne Davis–Monthan)
  • 1985 – 21
  • 1986 – 9 (fermeture en 1987 du site de la base aĂ©rienne de Little Rock)

Galerie

Notes et références

  1. (de) Bernd Leitenberger, « Die Titan 1+2 » (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

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