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Joseph Goebbels

Joseph Goebbels (prononcĂ© en allemand : [ˈɡƓbəls]), nĂ© le Ă  Rheydt[1] et mort par suicide le Ă  Berlin, est un homme d'État allemand. Proche d'Adolf Hitler, il fut, avec Hermann Göring et Heinrich Himmler, l'un des dirigeants les plus puissants et influents du rĂ©gime nazi.

Joseph Goebbels
Illustration.
Portrait de Joseph Goebbels par Heinrich Hoffmann (1933).
Fonctions
Chancelier du Reich
–
(1 jour)
Président Karl Dönitz
Gouvernement Goebbels
Prédécesseur Adolf Hitler
Successeur Lutz Schwerin von Krosigk (ministre-président)
Ministre de l'Éducation du peuple et de la Propagande du Reich
–
(12 ans, 1 mois et 17 jours)
Président Paul von Hindenburg
Adolf Hitler
Gouvernement Hitler
Prédécesseur Poste créé
Successeur Werner Naumann
Député au Reichstag
–
(17 ans, 1 mois et 4 jours)
Élection 20 mars 1928
RĂ©Ă©lection 14 septembre 1930
31 juillet 1932
6 novembre 1932
5 mars 1933
12 novembre 1933
29 mars 1936
10 avril 1938
Circonscription Berlin
Biographie
Nom de naissance Paul Joseph Goebbels
Date de naissance
Lieu de naissance Rheydt, Allemagne
Date de décÚs
Lieu de décÚs Berlin, Allemagne
Nature du décÚs Suicide
Nationalité Allemand
Parti politique NSDAP
Conjoint Magda Goebbels
Enfants Helga Goebbels
Hildegard Goebbels
Helmut Goebbels
Holdine Goebbels
Hedwig Goebbels
Heidrun Goebbels
Entourage Adolf Hitler
Religion NĂ© catholique

Signature de Joseph Goebbels

Joseph Goebbels
Chefs du gouvernement allemand

Du fait de son action de 1933 Ă  1945 au ministĂšre de l'Éducation du peuple et de la Propagande, son nom reste indissolublement liĂ© Ă  l'emploi des techniques modernes de manipulation des masses, et un modĂšle pour la propagande des États totalitaires.

Antichrétien radical[2], et surtout antisémite fanatique, il a joué un rÎle moteur dans les persécutions contre les Juifs allemands, par ses discours enflammés et, notamment, en organisant la nuit de Cristal en .

Quoique dĂ©signĂ© comme chancelier par Hitler avant son suicide[alpha 1], il se donne la mort le lendemain dans le FĂŒhrerbunker — en compagnie de son Ă©pouse Magda, aprĂšs qu'elle a empoisonnĂ© leurs six enfants —, Ă©chappant ainsi Ă  tout jugement.

Biographie

Enfance et Ă©tudes (1897-1922)

Paul Joseph Goebbels naĂźt Ă  Rheydt, ville industrielle de l'ouest de l'Allemagne, dans la banlieue sud de Mönchengladbach[alpha 2], Ă  une vingtaine de kilomĂštres Ă  la fois de la frontiĂšre nĂ©erlandaise (Ă  l'ouest), du Rhin (Ă  l'est) et de la Ruhr (au nord), principale rĂ©gion industrielle allemande. D'origine modeste, il est le fils de Fritz Goebbels et de Katharina Odenhausen. Son pĂšre, d'abord garçon de course dans une fabrique de rĂ©verbĂšres, devient ensuite commis, puis employĂ© de bureau, comptable et chef-comptable d'une usine de fabrication de mĂšches. Tous deux catholiques, ses parents ont eu en tout six enfants : Konrad (1893-1949), Hans (1895-1947), Maria (1896-1896), Joseph (1897-1945), Elisabeth (1901-1915) et Maria (1910-1949)[3] ; la famille comporte cinq enfants vivants : Goebbels a deux frĂšres aĂźnĂ©s puis deux sƓurs cadettes.

Atteint d’ostĂ©omyĂ©lite dans sa petite enfance, Goebbels perd l’usage de son pied droit Ă  l'Ăąge de 4 ans. En outre aprĂšs l'Ă©chec d'une opĂ©ration l'annĂ©e de ses 10 ans, il est contraint de porter un appareil orthopĂ©dique pour le restant de ses jours[4].

Goebbels a entamé ses études primaires depuis Pùques 1904, dans une école proche de son domicile. Il suit ses études secondaires au Gymnasium catholique de Rheydt : élÚve brillant mais peu aimé de ses camarades et professeurs, il y est surnommé « Ulex » par référence à Ulysse renommé pour sa mÚtis (« intelligence rusée »)[5].

Alors que ses deux frĂšres sont incorporĂ©s pour prendre part Ă  la PremiĂšre Guerre mondiale, un mĂ©decin militaire le dĂ©clare inapte pour le service dĂšs 1914, l'annĂ©e de ses 17 ans et, Ă  son grand dĂ©pit, il est rĂ©formĂ©. AppelĂ© en pour un poste dans les bureaux de l'armĂ©e, il est vite renvoyĂ© Ă  la vie civile[6]. DiminuĂ©, et ne mesurant que 1,65 m, il aurait fait passer par la suite son infirmitĂ© pour une blessure de guerre[7]. Toute sa vie, il va garder un fort complexe de sa faible constitution physique[8].

Il dĂ©croche son Abitur (Ă©quivalent du baccalaurĂ©at) en 1917. Quoiqu'excellent, « cet Ă©lĂšve studieux Ă©tait trop renfermĂ© pour ĂȘtre aimĂ© de ses camarades, trop prĂ©tentieux pour ĂȘtre apprĂ©ciĂ© de ses professeurs »[9].

Il poursuit des Ă©tudes universitaires en philologie classique pendant deux semestres Ă  Bonn[10], puis Ă  Fribourg en Ă©tĂ© 1918, et l’hiver suivant Ă  Wurtzbourg. De retour Ă  Fribourg-en-Brisgau en Ă©tĂ© 1919, il part ensuite Ă©tudier Ă  Munich. AprĂšs un nouveau retour Ă  Fribourg, il s’inscrit Ă  l’universitĂ© de Heidelberg oĂč il termine ses Ă©tudes. Il est fascinĂ© par l'Ă©crivain Friedrich Gundolf, et sous la direction d’un professeur d’origine juive, Max von Waldberg, il rĂ©dige une thĂšse de doctorat consacrĂ©e Ă  l’écrivain romantique Wilhelm von SchĂŒtz, « l’un des modĂšles du conservatisme intellectuel et politique le plus strict »[11]. AprĂšs un an, il obtient son doctorat le [12] : il vient d'avoir 24 ans. Jusqu’à sa mort, il ne manquera jamais, en toutes circonstances, de veiller Ă  ce que soit indiquĂ© son titre universitaire : « Monsieur le Docteur Goebbels »[13] - [alpha 3].

CarriĂšre au sein du parti nazi (1922-1933)

Mariage de Magda et Joseph Goebbels, en . En arriÚre-plan, leur témoin : Adolf Hitler.

Un proche des frĂšres Strasser (1922-1926)

AprĂšs son doctorat, Goebbels travaille comme journaliste, et tente sans succĂšs de faire publier un roman d'inspiration autobiographique, Michael[14].

En 1923, il Ă©crit dans son journal qu'il va proposer Ă  l'Ă©dition Ă  La Schauspiel Köln (le thĂ©Ăątre de la ville de Cologne) deux de ses piĂšces de thĂ©Ăątre : Le Voyageur et PromĂ©thĂ©e[15]. Il cherche Ă  compenser la mauvaise image qu'il a de lui-mĂȘme par ses conquĂȘtes fĂ©minines[16], puis trouve des responsables Ă  ses Ă©checs littĂ©raires lors de ses premiers contacts avec le NSDAP : « les Juifs ». DĂšs 1924, Goebbels rejoint le NSDAP dirigĂ© par Adolf Hitler depuis 1921. Son supĂ©rieur dans le parti est Gregor Strasser, et son haut niveau d'Ă©tudes le propulse rapidement Ă  la tĂȘte des journaux nazis de la Ruhr. Sa grande intelligence et sa formation intellectuelle font qu'il a la charge d'un nombre plus important de publications du parti dans de plus en plus de rĂ©gions d'Allemagne.

ParallĂšlement Ă  cette activitĂ©, il Ă©crit de nombreux discours, et ses talents d'orateur sont apprĂ©ciĂ©s. Dans le parti d'alors, les frĂšres Strasser (Otto et Gregor) sont ses mentors. Ils ont une place Ă©minente au sein du parti, car ils ont su profiter du sĂ©jour de Hitler en prison[17] (du au ). À son retour, Hitler ne peut supporter cet Ă©tat de fait. Joseph Goebbels fait donc ses premiĂšres armes dans une aile du parti qui est jugĂ©e plutĂŽt rivale de celle de Hitler (mĂȘme s'il rĂ©pĂšte sans cesse son dĂ©vouement Ă  ce dernier).

À cette Ă©poque, il note dans son journal intime que certains discours de Hitler l'horrifient et lui rĂ©pugnent fortement, par leur brutalitĂ©, mais aussi par le rapprochement souhaitĂ© par Hitler du parti avec les puissances d'argent, le parti ayant besoin de financement. DĂ©sireux de changements radicaux, il n'hĂ©site pas Ă  dĂ©noncer les « rĂ©actionnaires », et Ă  proclamer que « seul le socialisme peut libĂ©rer l'Europe » : pour lui, il faut d'abord bannir le libĂ©ralisme et rĂ©nover le socialisme. Il fait alors des discours dĂ©nonçant « le systĂšme capitaliste28_fĂ©vrier_1925_21-0">[18] ».

Le , Goebbels voit Hitler pour la premiĂšre fois Ă  Weimar lors d'un discours public de ce dernier qui le laisse subjuguĂ© « Quelle voix, quels gestes, quelle passion ! [
] mon cƓur s'arrĂȘte, je suis suspendu Ă  chacun de ses mots »[19]. Il admire Hitler, mais a des dĂ©saccords profonds au sujet des nationalisations Ă©conomiques (que Goebbels veut mettre en place partout) et sur la notion de propriĂ©tĂ© (Goebbels veut supprimer la propriĂ©tĂ© privĂ©e). Le , lors d'un meeting au cours duquel Hitler est absent, il exprime le souhait de l'exclure du parti[20].

Au service de Hitler (1926-1933)

Membre de l’aile gauche du parti, Goebbels va pourtant rejoindre son aile droite. Au dĂ©but de 1926, Hitler remet progressivement la main sur le parti. Il s'appuie pour cela sur l'aile droite animĂ©e par Julius Streicher (que Goebbels appelle « les porcs », « les crapules d'en-bas »), opposĂ© aux Strasser, et en lien avec l'establishment allemand (Erich Ludendorff par exemple). Hitler, dans son discours du Ă  Bamberg, devant soixante dirigeants du parti, dĂ©finit une politique dont le seul ennemi est le bolchevisme. Ce discours offense profondĂ©ment les partisans des Strasser. Goebbels est retournĂ©, malade (« C'est ma cohĂ©sion intĂ©rieure qu'on m'a retirĂ©e. Je ne suis plus que la moitiĂ© de moi-mĂȘme »). Il commente : « Quel Hitler est-ce lĂ  ? Un rĂ©actionnaire ? L'Italie et l'Angleterre sont des partenaires naturels. Terrifiant ! [
] Ne pas porter atteinte Ă  la propriĂ©tĂ© privĂ©e ! Atroce[21] ! »

Durant le reste du mois de fĂ©vrier, Goebbels et le clan Strasser essayent de retourner Hitler contre l'aile droite. Vainement, mais Hitler tempĂšre, laissant une porte ouverte : dans un discours du , il s'en prend essentiellement au « marxisme ». Goebbels sait que c'est la chance Ă  saisir, il prĂ©pare sa trahison : au dĂ©but de , Strasser est griĂšvement blessĂ© par des communistes lors d'un meeting ; c'est l'occasion pour Goebbels d'aller Ă  la rencontre de l'aile droite. Le , il est invitĂ© sur les terres d'un des tenants de cette derniĂšre (en Franconie chez Streicher), puis le , Ă  Nuremberg, il rencontre Streicher et se rĂ©concilie avec lui[alpha 4]. Le , Goebbels fait son autocritique, en Ă©crivant un Ă©ditorial au titre Ă©vocateur : « Il y a quelque chose qui cloche en moi[23] ! » C'en est fini du Goebbels « strassĂ©rien » ; dĂ©sormais il est entiĂšrement hitlĂ©rien. Cette trahison n'empĂȘche pas que Goebbels ait toujours admirĂ© Hitler[alpha 5]. Il met ses erreurs sur le dos de ses mauvais conseillers, notamment Hermann Esser, le responsable de la propagande du NSDAP. Goebbels est Ă  partir de cette date entiĂšrement dĂ©vouĂ© Ă  Hitler.

D'autre part, si Goebbels est pour le socialisme, il se dit absolument contre le marxisme, mais pour la suppression de la propriété privée[alpha 6] et de ce fait, un national-socialiste convaincu. Concernant son antisémitisme virulent, l'historien Joachim Fest relÚve qu'au départ de sa carriÚre politique, Goebbels se moquait de l'« antisémitisme simpliste des politiciens racistes ». Néanmoins, par la force des choses, notamment la consolidation du TroisiÚme Reich, la baisse de son influence et surtout la recherche de nouvelles cibles, il devint un antisémite des plus acharnés, bien qu'il s'agisse sans doute plus d'une tentative de « compenser sa disgrùce physique », qui ne correspondait pas aux canons du TroisiÚme Reich, que d'une conviction profonde[26].

Mais ce retournement de situation, Goebbels l'a aussi souhaitĂ©, car il a compris que le camp de Strasser est condamnĂ© Ă  plus ou moins long terme[alpha 7]. De plus, Goebbels sait qu'avec ses talents de propagandiste, il a une place dans le parti avec ou sans les Strasser. Hitler tient Ă  s'attacher ses services, et pour cela il met les moyens : alors qu'il convoque l'aile gauche et l'aile droite Ă  Munich, pour s'expliquer sur le 12 fĂ©vrier, Hitler rĂ©serve un traitement de faveur Ă  Goebbels. DĂšs le premier jour, il lui offre une accolade chaleureuse avec les larmes aux yeux ; Goebbels dit ĂȘtre alors « sur un nuage »[21]. Puis Hitler multiplie les privilĂšges pour son hĂŽte : il l'attend seul Ă  son hĂŽtel ; ils dĂźnent ensemble, c'est Hitler qui invite « et il ne mĂ©gote pas ! » commente un Goebbels flattĂ©. À l'opĂ©ra, Hitler se met Ă  cĂŽtĂ© de Goebbels, ce qui le flatte davantage encore. Le lendemain matin commence l'explication : l'aile droite charge Strasser et Goebbels ; ce dernier rĂ©plique, les insultes fusent. Hitler se frotte les mains : il n'a plus qu'Ă  apparaitre Ă  la fin de la rĂ©union comme « le dieu pacificateur et unificateur »[alpha 8]. L'aprĂšs-midi, Hitler le passe avec Goebbels, Kaufmann et Pfeffer pour expliquer ses nouvelles positions : individualisme et collectivisme sont liĂ©s ; il prĂ©voit du privĂ© et du public dans son Ă©conomie, dans une sorte d'Ă©conomie mixte.

Le , Hitler invite Ă  nouveau Goebbels chez lui, qui y reste trois jours ; puis ils vont Ă  Stuttgart, dans la salle Wulle, pour un meeting, dĂźnent ensemble, Hitler l'embrasse et le flatte tellement que Goebbels croit qu'il le « porte dans son cƓur comme personne d'autre »[28]. Le , Goebbels a l'honneur de fĂȘter l'anniversaire du FĂŒhrer (37 ans) avec lui. Hitler remplace peu Ă  peu ses amis d'antan : Strasser, mais aussi Kaufmann qui n'hĂ©site pas Ă  le lui reprocher dans une lettre de dĂ©but . Goebbels semble avoir fait son choix depuis longtemps dĂ©jĂ . Le retournement de Goebbels s'est donc effectuĂ© lĂ . Hitler a rĂ©ussi, en soufflant d'abord le froid le 13 fĂ©vrier, incitant Goebbels Ă  se rapprocher de Streicher (19-), puis en soufflant le chaud en avril (meeting de Munich vendredi , anniversaire de Hitler le 20, meeting du ) l'incitant Ă  se rapprocher de lui-mĂȘme.

Ce retournement et cette fidĂ©litĂ© nouvellement tĂ©moignĂ©e sont rĂ©compensĂ©s, tout comme le succĂšs de ses actions de propagande. Pour redonner de la visibilitĂ© au parti, en perte de vitesse, Goebbels a multipliĂ© les scandales et les provocations, en utilisant les rixes, les harangues anticommunistes ou antisĂ©mites. Il prĂ©tend lui-mĂȘme fiĂšrement, dans Kampf um Berlin, p. 66, que, Ă  la suite d'une rĂ©union le vendredi oĂč des contradicteurs communistes ont dĂ©clenchĂ© une bagarre sanglante, les SA ont Ă©tĂ© surnommĂ©s les bandits et lui-mĂȘme le « super-bandit ». En contrepartie, il est nommĂ© gauleiter de Berlin Ă  partir de 1926, il est Ă©lu dĂšs les Ă©lections lĂ©gislatives de mai 1928, devenant ainsi l'un des douze premiers dĂ©putĂ©s du NSDAP Ă  siĂ©ger au Reichstag[29] : « Nous entrons au Reichstag [
] comme des loups dans la bergerie », Ă©crit-il dans Der Angriff, le journal qu'il a fondĂ© en 1927.

Il Ă©pouse Johanna Maria Magdalena Behrend — plus connue sous le nom de Magda Goebbels et qui avait Ă©tĂ© la seconde femme de GĂŒnther Quandt — le . Sous le TroisiĂšme Reich, la propagande fait de Magda Goebbels l'Ă©pouse et la mĂšre de famille modĂšle de l'Allemagne nazie. Il a cependant des liaisons avec de nombreuses femmes, dont, entre 1936 et 1938, l'actrice tchĂšque, LĂ­da BaarovĂĄ[30]. Le couple n'Ă©vite le divorce que grĂące Ă  l'insistance de Hitler, qui veut Ă©viter que les frasques de Goebbels soient connues.

Ministre de la Propagande : 1933-1945

Goebbels et la cinéaste Leni Riefenstahl en 1937.

Le , le nouveau chancelier Hitler le nomme ministre de l'Éducation du peuple et de la Propagande du Reich en raison de ses talents d'orateur et de rhĂ©toricien. Son rĂŽle est essentiel dans la mise en place de la dictature nazie et de la diffusion des mots d'ordre. Selon lui, l'idĂ©al, c'est que la presse soit organisĂ©e avec une telle finesse qu'elle soit en quelque sorte un piano sur lequel puisse jouer le gouvernement[31].

NommĂ© ministre, il se trouve Ă  la tĂȘte d'un ministĂšre comptant 1 300 agents aux moyens en expansion durant toute son existence ; du fait de ses activitĂ©s, le ministĂšre est rapidement divisĂ© en dĂ©partements spĂ©cialisĂ©s, contrĂŽlant l'ensemble des mĂ©dias. Ministre chargĂ© de la Propagande, il prĂ©side une confĂ©rence quotidienne au cours de laquelle il Ă©dicte les consignes devant ĂȘtre rĂ©percutĂ©es par le parti et la propagande de l'État[32]. Le , il organise la journĂ©e de Potsdam, peu avant le vote de la loi des pleins pouvoirs par le Reichstag, lors de laquelle Hitler obtient le ralliement du Zentrum contre d'Ă©ventuelles garanties constitutionnelles qui ne seront pas rĂ©alisĂ©es. La Telegraphen Union du Trust Hugenberg est confisquĂ©e et fusionnĂ©e avec l'Agence Continentale et l'Agence de presse Transocean pour crĂ©er une agence de presse aux ordres.

C'est lui qui est Ă  l'initiative de la Chambre de la Culture du Reich, fondĂ©e le et inaugurĂ©e le suivant. Elle met en Ɠuvre dans les milieux culturels le processus de Gleichschaltung, la mise au pas la sociĂ©tĂ© allemande. Son ministĂšre rĂ©gente et censure ainsi la presse Ă©crite, la radio, le cinĂ©ma, l'art. Sous l'impulsion de Goebbels, les moyens modernes de communication sont considĂ©rablement dĂ©veloppĂ©s : radio, informations cinĂ©matographiques et mĂȘme tĂ©lĂ©vision (dĂšs 1935).

En 1940, alors que l'Allemagne est entrĂ©e en guerre, il souhaite toucher un lectorat plus intellectuel que les lecteurs du StĂŒrmer ou du Völkischer Beobachter. Il crĂ©e donc un hebdomadaire, Das Reich, qui paraĂźt du 26 mai 1940 au 15 avril 1945. Le journal voit sa diffusion tripler entre 1940 et 1944, tirĂ© en Ă  500 000 exemplaires et en 1944 Ă  plus 1 400 000 exemplaires[32]. Avec ce journal, le ministre de la Propagande, qui Ă©crit 218 Ă©ditoriaux durant toute l'existence du journal[33], vise Ă  la fois les nazis convaincus et un public plus informĂ© et plus cultivĂ© que le lectorat du reste de la presse nazie[33].

Partisan de la violence physique, il organise le boycott gĂ©nĂ©ral de tous les magasins juifs le . Le , 20 000 livres sont brĂ»lĂ©s lors de l'autodafĂ© organisĂ© par les nazis sur la place de l'opĂ©ra Ă  Berlin. DĂšs septembre, une loi oblige Ă  adhĂ©rer Ă  une Chambre de la culture du Reich (Reichskulturkammer) pour pouvoir exercer une profession artistique ou celle de rĂ©dacteur en chef d'un journal. Comme cette adhĂ©sion est interdite aux « non-Aryens », ces professions deviennent ainsi rĂ©servĂ©es aux seuls Aryens. L'Ă©migration de nombreux intellectuels commence. Goebbels est constamment aux avant-postes dans la radicalisation du rĂ©gime contre les Juifs avant la guerre (par exemple, lors du pogrom qu'il fera surnommer « nuit de Cristal » et dont il apparaĂźt comme le principal instigateur[34]).

Il est dĂ©crit comme de type mĂ©diterranĂ©en, de taille moyenne (mesurant 1,65 m), la jambe droite dĂ©formĂ©e des suites d'un pied-bot ou d'une ostĂ©omyĂ©lite, squelettique, de complexion maladive et disposant d'un nez proĂ©minent et pointu. De tous les dirigeants du TroisiĂšme Reich et hormis la personne de Hitler lui-mĂȘme, Joseph Goebbels avait l’apparence la plus Ă©loignĂ©e du canon esthĂ©tique nazi du grand blond athlĂ©tique aux yeux bleus (on ironisait volontiers en disant que le bel Aryen Ă©tait blond comme Hitler, grand comme Goebbels et Ă©lancĂ© comme Goering[35], comme on le voit sur un comic strip de Vaughn Shoemaker [36]. Goebbels n'hĂ©site pas Ă  faire figurer ses propres enfants dans un film de 1939 destinĂ© Ă  justifier la politique d'euthanasie des infirmes alors que lui-mĂȘme a Ă©tĂ© rĂ©formĂ© du service militaire en raison de son infirmitĂ©. Selon Joachim Fest, il cherchait Ă  compenser ses dĂ©fauts physiques par une dĂ©votion complĂšte au nazisme [37].

En 1936, il entame une relation avec la jeune actrice tchĂšque alors ĂągĂ©e de 22 ans, LĂ­da BaarovĂĄ. Son Ă©pouse Magda menace alors de divorcer, n'hĂ©sitant pas Ă  aller jusqu'au Berghof afin de plaider sa cause auprĂšs de Hitler, menaçant mĂȘme de divulguer des documents prĂ©cĂ©demment mis Ă  l’abri (lettres, listes, etc.) tĂ©moignant des nombreuses incartades extraconjugales de son Ă©poux. Le FĂŒhrer accĂšde alors Ă  la requĂȘte de Magda, craignant le scandale que pourrait provoquer un divorce, notamment en raison de l'image de la famille modĂšle qu'incarnent les Goebbels, qui est diffusĂ©e par la propagande, et qu'il faut dĂ©fendre Ă  tout prix. Hitler intime donc l'ordre Ă  son ministre de cesser toute relation avec l'actrice qui est renvoyĂ©e en TchĂ©coslovaquie en 1938 (elle va ĂȘtre emprisonnĂ©e aprĂšs la guerre pour collaboration). Jusqu'Ă  la fin de sa vie, LĂ­da BaarovĂĄ a dĂ©menti avoir eu une quelconque relation avec Joseph Goebbels.

Proche de Hitler, Goebbels joue un rĂŽle dĂ©terminant Ă  Berlin dans l'Ă©chec du complot du 20 juillet 1944 contre le FĂŒhrer, rendant possible une conversation tĂ©lĂ©phonique entre le commandant Otto Ernst Remer et Hitler encore dans la Wolfsschanze oĂč a eu lieu l’attentat, alors que la rumeur prĂ©tendait qu'il Ă©tait mort. Il devient immĂ©diatement aprĂšs « plĂ©nipotentiaire pour la guerre totale » en . Durant les mois qui suivent, il continue de croire Ă  la victoire du IIIe Reich. Ainsi, lors du congrĂšs des gauleiters Ă  Posen dĂ©but , il rend les Ă©chelons intermĂ©diaires de commandement responsables des dĂ©faites du dĂ©but de l'Ă©tĂ© ; puis, il expose les raisons d'ĂȘtre optimistes, Ă  partir du moment oĂč les traitres sont dĂ©masquĂ©s et punis[38].

À partir de l'automne 1944, il tente d'insuffler un esprit combatif Ă  la population : le , il participe Ă  un meeting du NSDAP Ă  Aix-la-Chapelle, directement visĂ©e par l'armĂ©e amĂ©ricaine ; durant son discours, tout en reconnaissant un certain nombre d'erreurs, il insiste sur les points positifs de la situation militaire et politique dans laquelle se trouve le Reich Ă  l'automne 1944, selon lui : des lignes de dĂ©fense plus courtes, une connaissance du terrain[39]. Dans le mĂȘme temps, lors d'une rencontre avec Hitler le 21 septembre 1944 il tente de convaincre ce dernier de nĂ©gocier une paix sĂ©parĂ©e avec l'Union soviĂ©tique[38]. Durant cette pĂ©riode, le ministre de la Propagande se berce d'illusions, non seulement sur la rĂ©alitĂ© de la situation militaire, et donc sur les probabilitĂ©s rĂ©elles de victoire allemande[39], mais aussi sur des solutions diplomatiques, notamment avec l'Union soviĂ©tique[38]. Cependant, cet optimisme de façade est absent de son journal personnel, lequel tĂ©moigne plus d'un sentiment de morositĂ© et d'abattement touchant l'ensemble des dirigeants allemands durant cette pĂ©riode[39].

Le , son dernier Ă©ditorial dans Das Reich lui fournit une derniĂšre occasion de revenir sur les AlliĂ©s et le prĂ©tendu ciment de leur coalition. Selon lui, capitalisme et bolchevisme seraient les deux facettes d'une mĂȘme domination, servie par les soldats alliĂ©s, mercenaires stipendiĂ©s par les Juifs, domination Ă  laquelle le national-socialisme se serait attaquĂ©e[40]. Il reprend la thĂ©matique de la domination juive lors de son discours radiodiffusĂ© du 28 fĂ©vrier 1945 : les alliĂ©s occidentaux, ayant contractĂ© une alliance contre nature avec l'Union soviĂ©tique, ont « trahi » le Reich[41] et le laissent seul aux prises avec l'« État juif » par excellence, l'Union soviĂ©tique[41].

Le , il prononce son dernier discours public, dans lequel il développe pour la derniÚre fois en public le rÎle historique que Hitler aurait assumé, selon lui, rÎle pour lequel les Allemands lui devraient une obéissance totale[42]. Puis, il compare le Reich en déliquescence à Dieu qui refoulera sûrement les forces du mal, incarnées par la « juiverie internationale »[40].

Il suit son « FĂŒhrer » jusqu'Ă  la dĂ©faite. Le ministĂšre de la Propagande, au service de « la sainte croisade du XXe siĂšcle contre le bolchevisme », mobilise les troupes allemandes et le reste de la population au fur et Ă  mesure que la situation militaire se dĂ©tĂ©riore. Il est directement responsable du Volkssturm, troupes de rĂ©serve composĂ©es d'adolescents et de personnes ĂągĂ©es, lors de la bataille de Berlin.

Stratégies de propagande

D’aprĂšs Leonard W. Doob (en), une des stratĂ©gies que Goebbels suit est que les propagandistes doivent toujours avoir accĂšs aux informations concernant l’opinion publique. Cela permet d’avoir un contrĂŽle permanent sur la population et les Ă©vĂšnements qui les entourent. De plus, Goebbels estime que pour que la propagande soit remarquĂ©e, elle doit produire de l’intĂ©rĂȘt chez le peuple et ĂȘtre transmise par un moyen de communication qui attire leur attention. Elle doit tenter de crĂ©er un niveau d’anxiĂ©tĂ© optimal, c’est-Ă -dire que d’un cĂŽtĂ©, les consĂ©quences possibles d’une dĂ©faite doivent ĂȘtre prises en considĂ©ration (donc garder un degrĂ© Ă©levĂ© d’anxiĂ©tĂ©), mais d’un autre cĂŽtĂ© (au niveau des individus), l’angoisse doit ĂȘtre modĂ©rĂ©e pour ne pas crĂ©er une atmosphĂšre chaotique. Goebbels insiste aussi sur la propagande externe, utilisĂ©e pour affecter la politique de ses ennemis et leurs actions. C’est en offrant Ă  l’adversaire des renseignements utiles, en l’aidant Ă  parvenir Ă  des conclusions dĂ©sirĂ©es et en le forçant Ă  rĂ©vĂ©ler des informations importantes que cette stratĂ©gie est percutante. Qu’elle soit interne ou externe, la propagande de Goebbels est appuyĂ©e sur le “timing”. En d’autres mots, au moment oĂč il dĂ©cide de lancer sa campagne de propagande, le temps doit ĂȘtre idĂ©al pour que son public soit le premier touchĂ©, tout en considĂ©rant les consĂ©quences possibles de ses stratĂ©gies[43].

Pour que ces stratĂ©gies soient efficaces, Goebbels utilise des outils de propagande en plein dĂ©veloppement Ă  cette Ă©poque (le TroisiĂšme Reich). La crĂ©ation du ministĂšre Ă  l'Éducation du peuple et Ă  la Propagande du Reich, que Goebbels dirige, lui permet d’accaparer le contrĂŽle des journaux et des affiches pour propager ses intentions et attirer l’attention de son public (une de ses principales stratĂ©gies), dans le but de rallier le plus d’individus pour qu’ils soutiennent le rĂ©gime nazi. Par exemple, les journaux qui vont Ă  l’encontre des idĂ©ologies de Goebbels et celles du rĂ©gime Nazi sont suspendus et la presse antisĂ©mite se dĂ©veloppe Ă©normĂ©ment pendant cette pĂ©riode. Cela signifie que les individus ne peuvent plus exprimer leurs opinions librement, de peur qu’ils subissent de graves consĂ©quences.

Goebbels utilise aussi les journaux et les affiches pour faire de la propagande. Parmi les journaux auxquels beaucoup d’individus ont accĂšs et les affiches les plus visibles, on retrouve des slogans simples, puissants, et rĂ©pĂ©titifs ainsi que le symbole de la croix gammĂ©e dans un disque blanc, sur un fond rouge vif[44]. De plus, depuis l’arrivĂ©e d’Adolf Hitler au pouvoir, la radio se rĂ©pand de plus en plus et est extrĂȘmement politisĂ©e ainsi que les films allemands. Goebbels s’en rend rapidement compte et dĂ©cide de s’en servir puisqu’il croit que c’est le meilleur outil pour diffuser le message nazi Ă  travers toute l’Allemagne afin de mobiliser la population. Dans un article, Goebbels dit : « Je considĂšre la radio comme l’instrument le plus moderne et le plus important d’influence de masse qui existe partout[45]. » Le VolksempfĂ€nger est le nom qu’on donne au rĂ©cepteur radio allemand de l’époque. Largement subventionnĂ©, c’est le moyen par lequel Goebbels parvient Ă  communiquer avec l’ensemble de la population lorsque ce dernier y diffuse ses plus grands discours. Voici un exemple qui illustre ce phĂ©nomĂšne : « on y voit une famille de paysans rĂ©unie dans une salle de sĂ©jour, toutes gĂ©nĂ©rations confondues ; sur une tablette dans un pan de mur, un VolksempfĂ€nger ; Ă  cĂŽtĂ©, un portrait du FĂŒhrer ; la famille semble plongĂ©e dans un recueillement quasi religieux[46]. » Finalement, les arts, la musique, le thĂ©Ăątre, et les livres sont tous des outils qui ont aussi un rĂŽle important dans la propagande interne et externe de Goebbels. Ces productions, diffusĂ©es dans plusieurs pays d’Europe, permettent d’envoyer des messages incisifs aux ennemis de l’Allemagne notamment.

En instaurant une puissante propagande nazie, Goebbels cherche Ă  contrĂŽler l’ensemble de la population allemande en se penchant particuliĂšrement sur le secteur culturel et celui des mĂ©dias. Il rĂ©ussit Ă  atteindre cet objectif, car une des principales consĂ©quences qui Ă©merge durant cette pĂ©riode est la peur, que ça soit au sein du pays ou Ă  l’extĂ©rieur de ses frontiĂšres. Les individus atteints par cette vague de propagande sont dans un Ă©tat d’angoisse constant. Parmi la vaste population allemande, Goebbels se concentre particuliĂšrement sur les juifs allemands, contre lesquels il Ă©labore une propagande haineuse. Notamment, en 1938, il dĂ©cide d’organiser la nuit de Cristal pour les persĂ©cuter. De plus, sur les affiches et les images qu’il ordonne de rĂ©aliser, il les reprĂ©sente de maniĂšre pĂ©jorative et les place en position d’infĂ©rioritĂ© par rapport au reste du peuple allemand[47]. En raison de ces inĂ©galitĂ©s, la propagande de Goebbels cause aussi d’énormes rĂ©voltes, menant Ă  une atmosphĂšre chaotique et plusieurs milliers de morts.

Kirchenkampf, le combat contre le catholicisme

En 1933, Hitler signa le Reichskonkordat, un traitĂ© avec le Vatican qui exigeait du rĂ©gime d'honorer l'indĂ©pendance des institutions catholiques et interdisait au clergĂ© la participation politique[48]. Toutefois, le rĂ©gime a continuĂ© Ă  cibler les Églises chrĂ©tiennes et Ă  essayer d'affaiblir leur influence. Tout au long de 1935 et 1936, des centaines de membres du clergĂ©, religieux et laĂŻcs dirigeants ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s, souvent sur des fausses accusations de contrebande de devises ou de dĂ©lits sexuels[49] - [50]. Goebbels a largement diffusĂ© ces accusations dans ses campagnes de propagande, montrant les cas sous le pire des jours possible. Des restrictions ont Ă©tĂ© imposĂ©es aux rĂ©unions publiques et les publications catholiques furent confrontĂ©es Ă  la censure. Les Ă©coles catholiques ont Ă©tĂ© sommĂ©es de rĂ©duire l'instruction religieuse et des crucifix ont Ă©tĂ© retirĂ©s de bĂątiments d'État.

Hitler hĂ©sita souvent sur la question de savoir si le Kirchenkampf devait ĂȘtre une prioritĂ©, mais ses frĂ©quents commentaires enflammĂ©s Ă  ce sujet Ă©taient suffisants pour convaincre Goebbels d'intensifier ses travaux sur la question dans la premiĂšre moitiĂ© de 1937. En rĂ©ponse Ă  la persĂ©cution, le pape Pie XI publia l'encyclique Mit brennender Sorge, introduite en contrebande en Allemagne le Dimanche de la Passion de 1937 et lue depuis toutes les chaires. Il dĂ©nonçait par lĂ  l'hostilitĂ© systĂ©matique du rĂ©gime envers l'Église[51]. En rĂ©ponse, Goebbels reconduit la rĂ©pression et la propagande du rĂ©gime contre les catholiques[52]. Son discours du Ă  Berlin devant 20 000 membres du parti, qui a Ă©tĂ© Ă©galement diffusĂ© Ă  la radio, attaquait l'Église catholique en l'accusant d'ĂȘtre moralement corrompue. À la suite de cette campagne de propagande, les inscriptions dans les Ă©coles confessionnelles diminuĂšrent fortement et, en 1939, toutes ces Ă©coles furent dissoutes ou converties en Ă©tablissements publics. Les harcĂšlements et menaces d'emprisonnement ont conduit les membres du clergĂ© Ă  ĂȘtre beaucoup plus prudents dans leurs critiques du rĂ©gime[53]. En partie poussĂ© par des prĂ©occupations de politique Ă©trangĂšre, Hitler ordonna une rĂ©duction du Kirchenkampf Ă  la fin de [50].

Plénipotentiaire pour la guerre totale

À la suite de la dĂ©faite de Stalingrad, Goebbels prononce le 18 fĂ©vrier 1943 un de ses plus importants discours au palais du Sport de Berlin. Conscient que l'Allemagne est en train de perdre la guerre, il fait approuver par 15 000 dĂ©lĂ©guĂ©s la guerre totale. Il conclut son discours par cette phrase : « Et maintenant peuple, lĂšve-toi, et toi, tempĂȘte, dĂ©chaĂźne-toi ».

NommĂ© « plĂ©nipotentiaire pour la guerre totale » par dĂ©cret de Hitler datĂ© du 25 juillet 1944, il exige que les mesures Ă  mettre en Ɠuvre soient concentrĂ©es sous l'autoritĂ© d'un seul responsable, appuyĂ© sur les gauleiters[54], et, alliant ses demandes Ă  celles de Speer, dĂ©fend l'opportunitĂ© d'un ratissage de la main-d’Ɠuvre, ratissage de nature Ă  permettre la formation de 50 divisions[54]. Le , soit deux jours aprĂšs l'Ă©chec de l'attentat contre Hitler, Goebbels est officiellement chargĂ© de mobiliser les civils pour le conflit[55] : dans un discours devant le cabinet rĂ©uni pour l'occasion ce jour-lĂ , il se propose de « rĂ©former la vie publique » : son action est strictement bornĂ©e par Bormann, responsable du NSDAP, et par Himmler, responsable de l'armĂ©e[56] ; il dĂ©finit aussi la guerre totale non seulement comme un problĂšme matĂ©riel, mais aussi comme un problĂšme psychologique et idĂ©ologique[56].

Doté de pouvoirs élargis, « dictateur intérieur de la guerre », selon ses mots, il doit néanmoins compter avec Himmler et Keitel, responsable de l'armée, et Bormann, compétent pour tout ce qui touche au NSDAP, mais surtout il reste un pouvoir parmi d'autres au sein du Reich en guerre, tenant son pouvoir de Hitler[57]. Il fait cependant rapidement preuve d'une activité importante, imposant aux Gauleiter une conférence téléphonique quotidienne, mais doit tenir compte des demandes des secteurs économiques vitaux pour le Reich en guerre, sans compter les demandes du parti et des gauleiters[57] : ses efforts, qui consistent en réalité à « gratter les fonds de tiroirs »[58], se soldent en définitive par l'envoi d'un million d'hommes sur le front à la fin de l'année 1944[58].

Rapidement, ces pouvoirs Ă©largis le font entrer en conflit avec Speer, chargĂ© de la production d'armements : ce conflit a pour enjeu l'utilisation de la main-d’Ɠuvre dĂ©gagĂ©e par les mesures de rationalisation de l'Ă©conomie de guerre[59]. Ils se rĂ©concilient Ă  l'automne, lors de la rĂ©ception organisĂ©e le 14 novembre 1944 au ministĂšre de la propagande, Ă  laquelle sont conviĂ©s, en plus de Speer, Dönitz, Kaltenbrunner, Backe (de), Funk et Ley : Ă  cette occasion est projetĂ© un film commandĂ© par Speer sur les V2 tournĂ© Ă  l'Ă©tĂ© 1944[60].

Derniers jours

Joseph Goebbels remettant la croix de fer, au trĂšs jeune adolescent Willi HĂŒbner, membre des Jeunesses hitlĂ©riennes en 1945.

AprĂšs le suicide de Hitler dans l'aprĂšs-midi du 30 avril, il est briĂšvement chancelier du Reich du au . Ses derniĂšres tentatives consistent Ă  essayer de prendre contact avec les SoviĂ©tiques qui sont parvenus Ă  la Zimmerstrasse, non loin du FĂŒhrerbunker de la Neue Reichskanzlei, en parvenant avec ses aides de camp Ă  mettre en place une ligne tĂ©lĂ©phonique pour communiquer avec eux. Il tente alors de nĂ©gocier un armistice, mais ne parvient pas rĂ©ellement Ă  joindre les autoritĂ©s soviĂ©tiques.

Refusant catĂ©goriquement une reddition sans conditions, Goebbels se suicide par balle au soir du , avec son Ă©pouse Magda, aprĂšs qu'elle a tuĂ© leurs six enfants ĂągĂ©s de 4 Ă  12 ans en les empoisonnant au cyanure. Tout comme Hitler, il dĂ©cide de se faire incinĂ©rer mais son corps n'est que partiellement brĂ»lĂ© par les aides de camp de la chancellerie Ă  cause du manque d’essence. Le 4 ou le , des soldats soviĂ©tiques dĂ©couvrent le corps ; du fait que la calcination est incomplĂšte, l'identification est facilitĂ©e par les caractĂ©ristiques physiques de Goebbels.

Les dĂ©pouilles de la famille Goebbels furent alors transportĂ©es jusqu'Ă  Rathenow et inhumĂ©es dans un champ (ou une forĂȘt ?) prĂšs du village de Neu Friedrichsdorf, Ă  environ un kilomĂštre Ă  l'est de la ville oĂč le SMERSH (contre-espionnage soviĂ©tique) avait son enceinte. Huit mois plus tard, elles Ă©taient exhumĂ©es pour ĂȘtre ensevelies dans la garnison de Magdebourg au 32 et 36 Westerndstraße (aujourd’hui Klausenerstraße). Aussi longtemps que le territoire resta sous autoritĂ© soviĂ©tique, le secret pouvait ĂȘtre bien gardĂ©. En 1970, devant restituer au gouvernement de la RĂ©publique dĂ©mocratique allemande les garnisons qu’ils occupaient Ă  Magdebourg, les SoviĂ©tiques craignirent que la dĂ©couverte des dĂ©pouilles n'engendre un lieu de pĂšlerinage nĂ©o-nazi. Youri Andropov, chef du KGB, ordonna alors de faire disparaitre dĂ©finitivement les restes. Le au soir, les os furent dĂ©terrĂ©s et placĂ©s dans des boĂźtes. À l'aube du , celles-ci furent empilĂ©es sur un bĂ»cher Ă  l’extĂ©rieur de la commune de Schönebeck Ă  onze kilomĂštres de Magdebourg, brĂ»lĂ©es, puis leurs cendres dispersĂ©es dans l'Elbe, depuis un pont Ă  Biederitz Ă  une vingtaine de kilomĂštres de lĂ [61].

Vie privée

La famille Goebbels au « grand complet », le , avec, rajoutĂ© sur la photo, en arriĂšre-plan portant un uniforme de Feldwebel de la Luftwaffe, Harald Quandt, le fils de Magda et de GĂŒnther Quandt, son 1er mari.

En 1939, il fait construire une résidence d'été à Bogensee, à 15 km de Berlin.

Le Journal de Goebbels

Le volumineux Journal tenu par Goebbels de 1923 Ă  1945 est un document capital pour les historiens et comporte vingt-neuf volumes Ă©ditĂ©s intĂ©gralement par l’Institut fĂŒr Zeitgeschichte (Institut d'histoire contemporaine de Munich). On y dĂ©couvre, de l'intĂ©rieur, le fonctionnement complexe du rĂ©gime nazi, la servilitĂ© de Goebbels vis-Ă -vis de son maĂźtre considĂ©rĂ© infaillible, les intrigues et rivalitĂ©s au sein du premier cercle, et surtout la machine Ă  manipuler les esprits que dirige Goebbels. Trois thĂšmes lui serviront jusqu'au bout Ă  entretenir ses propres illusions sur le succĂšs final alors que troupes alliĂ©es, soviĂ©tiques et anglo-amĂ©ricaines, ont manifestement mis Ă  genoux la « Grande Allemagne » : les Juifs, responsables du mal par dĂ©finition, les SoviĂ©tiques, autre incarnation du mal absolu, et les promesses de lendemains meilleurs. On dĂ©couvre aussi la psychologie d'un personnage-clĂ© du « Reich millĂ©naire » niant les crimes nazis et s'indignant des bombardements « criminels » de civils dans les villes allemandes attaquĂ©es par les AlliĂ©s occidentaux et les SoviĂ©tiques.

Dans le premier volume paru de la traduction en français du « Journal » de Goebbels (Journal 1943-1945, texte Ă©tabli et annotĂ© par Pierre Ayçoberry), on assiste au dĂ©clin puis Ă  la chute du TroisiĂšme Reich. La rigueur de sa documentation fait de cet ouvrage un document important sur les rouages du pouvoir dans l'Allemagne nazie. Son style est frĂ©quemment grandiloquent. Goebbels Ă©crivait en prĂ©vision de la publication de son journal (les droits en avaient Ă©tĂ© vendus aux presses officielles du NSDAP en , en prĂ©vision d'une parution vingt ans aprĂšs sa mort)[62]. C'est sans doute pourquoi les Ă©crits de Goebbels dĂ©rivent progressivement vers l'auto-justification et la recherche de coupables pour expliquer la dĂ©faite de plus en plus probable de l'Allemagne nazie. Les deux cibles principales de Goebbels sont Ă  ce titre la Luftwaffe — et Ă  travers elle Hermann Göring — et le haut commandement de la Wehrmacht, plus particuliĂšrement les milieux aristocratiques. DerriĂšre cette derniĂšre critique, on sent poindre la fascination de Hitler et Goebbels pour Staline qui a, selon eux, rĂ©ussi Ă  mettre en place un rĂ©gime totalitaire ultime en Ă©liminant tous les cercles intermĂ©diaires.

Dans des tomes prĂ©cĂ©dents, il aborde en 1941 la liquidation des malades mentaux, arguant que « Quarante mille d’entre eux sont dĂ©jĂ  partis, et soixante mille doivent encore y passer. C’est un travail dur, mais nĂ©cessaire. » À la fin de 1941 et en 1942, il revient Ă  plusieurs reprises sur l'extermination des Juifs, Emmanuel Le Roy Ladurie parlant Ă  cet Ă©gard d'un « antisĂ©mitisme enragĂ© », co-inspirateur de ce que Goebbels Ă©voque aussi sous le nom de « liquidation », « anĂ©antissement » ou « exĂ©cutions de masse »[63]. Il a, en tant que gauleiter, participĂ© de maniĂšre active Ă  la dĂ©portation des Juifs de Berlin.

Enfin, le texte dĂ©crit de maniĂšre saisissante le dĂ©sordre qui rĂšgne dans les milieux dĂ©cisionnels du TroisiĂšme Reich et fait ainsi dĂ©finitivement voler en Ă©clats le mythe de la machine de guerre allemande bien huilĂ©e. En l'absence d'une hiĂ©rarchie dĂ©finitive et d'une rĂ©partition claire des compĂ©tences, on assiste en effet Ă  d'incessantes querelles personnelles dans lesquelles Goebbels n'est jamais le dernier Ă  s'impliquer, et oĂč le but est in fine de gagner les faveurs d'un FĂŒhrer de plus en plus enfermĂ© dans son idĂ©e fixe. Ce climat rend difficile, voire impossible, la prise de dĂ©cision comme la rĂ©alisation de tout projet concret. Ainsi, bien que Goebbels n'ait de cesse d'appeler Ă  la guerre totale et mentionne continuellement le sujet, de rĂ©union en rĂ©union, ce projet n'avance pas. Par exemple, Goebbels lui-mĂȘme, privilĂ©giant la propagande aux objectifs militaires, prĂ©lĂšve en 1944 des milliers de soldats sur le front de l'Est pour tourner en tant que figurants dans une de ses productions cinĂ©matographiques[64].

Il parlait couramment le français mais absolument pas l’anglais. Cela explique peut-ĂȘtre ses erreurs de ton face Ă  l'Angleterre, mais aussi les idĂ©es empruntĂ©es[65] Ă  Joseph Arthur de Gobineau.

Écrits de Goebbels

Textes publiés

  • Das kleine abc des Nationalsozialisten (1925)
  • Lenin oder Hitler? Eine Rede (1926)
  • Die zweite Revolution, Briefe an Zeitgenossen (1926)
  • Wege ins dritte Reich, Briefe und AufsĂ€tze fĂŒr Zeitgenossen (1927)
  • Michael. Ein deutsches Schicksal in TagebuchblĂ€ttern (de) (roman, 1929)
  • Vom Proletariat zum Volk (1932)
  • Vom Kaiserhof zur Reichskanzlei (1934)
  • Der Faschismus und seine praktischen Ergebnisse Reihe : Deutsche Hochschule fĂŒr Politik. Écrits, vol. 1, Junker et DĂŒnnhaupt, 1934. PrĂ©face de Paul Meier-Benneckenstein, prĂ©sident de la DHfP (discours de G. dans la "Hochschule") )
  • Kampf um Berlin - Combat pour Berlin (1934)
  • Signale der neuen Zeit (1934)
  • Kommunismus ohne Maske
  • Shafft Waffen fĂŒr die Front
  • Der Angriff. AufsĂ€tze aus der Kampfzeit (1935)
  • Die Zeit ohne Beispiel (1942)
  • Das deutsche Hausbuch (1943) - PrĂ©face. Zentralverlag der NSDAP Franz Eher Nachf. GmbH
  • Das Eherne Herz (1943)
  • Der steile Aufstieg (1944)

Textes non publiés

  • Der Lenz und ich und Du (Gedichte, o. J.)
  • Der Mutter Gebet. Ein Idyll aus dem Kriege (o. J.)
  • Bin ein fahrender SchĂŒler, ein wĂŒster Gesell (Novelle, 1917)
  • Judas Iscariot (Drama, 1918)
  • Heinrich KĂ€mpfert (Drama, 1919)
  • Die Saat (Drama, 1920)
  • Wilhelm von SchĂŒtz als Dramatiker. Ein Beitrag zur Geschichte der Romantischen Schule (Dissertation, 1921)
  • Der Wanderer, Ein Spiel in einem Prolog, elf Bildern und einem Epilog von Joseph Goebbels. Dem anderen Deutschland geschrieben 1923 begonnen, Fragment. 1927 aufgefĂŒhrt.
  • Michael Voormann: Ein Menschenschicksal in TagebuchblĂ€ttern. (Roman, 1924)

Journal

  • Elke Fröhlich (Hrsg.): Die TagebĂŒcher von Joseph Goebbels. K. G. Saur, Munich (Projektbeschreibung auf der IfZ-Website).
    • Partie I : Aufzeichnungen 1923–1941. 14 vol. 1997–2005, (ISBN 3-598-23730-8).
    • Partie II : Diktate 1941–1945. 15 vol. 1993–1996, (ISBN 3-598-21920-2).
    • Partie III : Register 1923–1945. 3 vol. 2007-2008, (ISBN 3-598-21925-3, 978-3-598-21959-7 et 978-3-598-21925-2).
  • Édition française (voir infra)

Notes et références

Notes

  1. Hitler, en tant que FĂŒhrer und Reichskanzler depuis le plĂ©biscite du 19 aoĂ»t 1934, c’est-Ă -dire, chancelier et prĂ©sident du Reich, dĂ©signe ses successeurs dans son testament : Goebbels comme chancelier et Dönitz comme prĂ©sident du Reich.
  2. À l'Ă©poque de la naissance de Goebbels, Mönchengladbach s'appelait « MĂŒnchen-Gladbach » depuis 1888, et la commune de Rheydt comptait environ 33 000 habitants ; elle en avait trois fois plus, soit prĂšs de 100 000, lorsqu'elle a Ă©tĂ© absorbĂ©e par Mönchengladbach en 1975, pour en devenir un des quartiers principaux.
  3. Indiquer le titre universitaire est cependant en Allemagne une pratique courante : le titre de docteur ou de professeur peut ĂȘtre inscrit sur ses documents d'identitĂ©.
  4. « Là-bas [à Nuremberg] Julius Streicher m'attend. Longue discussion. Réconciliation »[22].
  5. « Quel type formidable ! », « Un sacré gaillard »[21] ; « Hitler est grand »[24].
  6. « Mot d'ordre : contre le marxisme, pour le socialisme »[25] et « Ne pas porter atteinte à la propriété privée ! (sic !) Atroce ! »[21].
  7. « Nous ne sommes pas vraiment à la hauteur de ces porcs d'en face ! »[27].
  8. « Mais tout se termine dans la concorde, Hitler est grand, il nous tend une main cordiale à tous »[21].

Références

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  61. « Tombes et sépultures dans les cimetiÚres et autres lieux », sur tombes-sepultures.com (consulté le )
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  63. Emmanuel Le Roy Ladurie, « Goebbels : les confessions d’un monstre », AcadĂ©mie des Sciences morales et politiques, .
  64. Kolberg, de Veit Harlan, (1945). Drame sur la rĂ©sistance hĂ©roĂŻque de la citadelle de Kolberg aux canons de NapolĂ©on. Film tournĂ© en Agfacolor qui coĂ»ta huit millions de Reichmarks, le plus cher jamais produit par le rĂ©gime nazi. La Wehrmacht fut requise pour les milliers de figurants en costume. Les plateaux devaient ĂȘtre sans cesse Ă©vacuĂ©s sous les bombardements incessants de la RAF. Goebbels voulait une sortie massive, mais trouva difficilement des salles intactes pour le projeter. Il s’agit de l’une des entreprises les plus extrĂȘmes de l’histoire du cinĂ©ma. Le film a Ă©tĂ© projetĂ© par FR3 en 1988 et est disponible en DVD. Ce film est aujourd'hui, outre ses qualitĂ©s de rĂ©alisation propres, un document prĂ©cieux sur la propagande du IIIe Reich.
  65. Men behind Hitler

Annexes

Journal de Joseph Goebbels

  • Joseph Goebbels et Collectif, Journal, Tallandier, 2006-2009, 3382 p., en 4 volumes :
    1. Journal 1923-1933, 907 pages (776 jours), 2006, (ISBN 978-2-847-34300-7).
    2. Journal 1933-1939, 968 pages, 2007, (ISBN 978-2-847-34461-5).
    3. Journal 1939-1942, 741 pages, 2009, (ISBN 978-2-847-34544-5).
    4. Journal 1943-1945, 766 pages (70 jours), 2006, (ISBN 978-2-847-34114-0).

Il ne s'agit que d'une Ă©dition partielle. (Voir t. 1, p. XXXI.)

Bibliographie

Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article : document utilisĂ© comme source pour la rĂ©daction de cet article.

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Articles connexes

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