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Euthanasie

À l'origine, euthanasie (du grec ancien : Î”áœÎžÎ±ÎœÎ±ÏƒÎŻÎ± / euthanasĂ­a : Δ᜖ / eĂ», « bonne », ÎžÎŹÎœÎ±Ï„ÎżÏ‚ / thĂĄnatos, « mort ») dĂ©signe le fait d'avoir une mort douce, qu'elle soit naturelle ou provoquĂ©e[1].

Dans une acception plus contemporaine et plus restreinte[2] - [3], l'euthanasie est dĂ©crite comme une pratique (action ou omission) visant Ă  provoquer — particuliĂšrement par un mĂ©decin ou sous son contrĂŽle[4] — le dĂ©cĂšs d'un individu atteint d'une maladie incurable qui lui inflige des souffrances morales ou physiques intolĂ©rables.

Sa pratique relevant à la fois des domaines philosophiques, bioéthiques et légaux, son contenu exact et son acceptation sont générateurs de puissantes controverses, divisions et débats d'idées.

L'euthanasie est à distinguer de l'aide au suicide (ou suicide assisté).

DĂ©finitions actuelles

L'euthanasie est caractérisée par l'intentionnalité[5] : provoquer le décÚs d'un individu, avec des circonstances précises : maladie sans espoir de guérison et souffrances intolérables. Elle ne se définit pas par son moyen, puisqu'il peut y avoir euthanasie par une action directe telle qu'une injection létale ou simplement par omission de certains gestes relevant des soins fondamentaux, comme l'alimentation artificielle.

Accompagnement et accélération de la fin de vie

L'espĂ©rance de vie ayant augmentĂ© dans certains pays industrialisĂ©s de pair avec une modernisation scientifique et technologique de la mĂ©decine, la part jouĂ©e par la dĂ©cision mĂ©dicale dans les dĂ©cĂšs a augmentĂ© corrĂ©lativement Ă  cette hausse. Avec l'intensification des moyens mĂ©dicaux est apparue la notion d'« acharnement thĂ©rapeutique ». Elle dĂ©signe « une obstination dĂ©raisonnable, refusant par un raisonnement butĂ© de reconnaĂźtre qu’un homme est vouĂ© Ă  la mort et qu’il n’est pas curable »[6]. La disproportion entre des thĂ©rapies exagĂ©rĂ©ment lourdes pour le patient et la faible amĂ©lioration attendue, qui est de l'ordre du court rĂ©pit, font que l'acharnement thĂ©rapeutique est de plus en plus frĂ©quemment rejetĂ©.

L'accĂ©lĂ©ration de la fin de vie peut englober des formes trĂšs diffĂ©rentes, de l'interruption du traitement mĂ©dical Ă  l'injection de produits lĂ©taux, en passant par l'arrĂȘt de la nutrition et de l'hydratation ou l'administration de sĂ©datifs en dose importante. On estime ainsi que, en Europe, 40 Ă  50 % des dĂ©cĂšs rĂ©sultent d'une dĂ©cision mĂ©dicale. Bien entendu, la plupart de ces cas ne relĂšvent pas de l'« euthanasie », dans la mesure oĂč le but n'est pas le dĂ©cĂšs lui-mĂȘme.

Suivant les pays, certaines pratiques sont acceptĂ©es par la lĂ©gislation, d'autres non. L'euthanasie est ainsi interdite dans la plupart des Etats. C'est Ă©galement le cas d'une autre forme d'assistance Ă  la fin de vie, l'aide au suicide. Cette derniĂšre dĂ©signe le fait de fournir un environnement et des moyens nĂ©cessaires Ă  une personne pour qu'elle se suicide, quelles qu'en soient les motivations. Dans ce cas, c'est le « patient » lui-mĂȘme qui dĂ©clenche sa mort et non un tiers[7]. L'aide au suicide demande une manifestation claire et libre de la volontĂ© de mourir, ce qui la distingue de l'incitation au suicide. Le suicide assistĂ© peut impliquer d'instaurer un espace sĂ©curitaire dans lequel les personnes suicidaires peuvent parler de leur dĂ©sir de mort, ĂȘtre Ă©coutĂ©es et accompagnĂ©es. Les professionnels de la santĂ© pourraient utiliser une approche de rĂ©duction des mĂ©faits et accompagner la personne suicidaire qui a un dĂ©sir stable et profond de mourir dans son choix. L'aide au suicide pourrait aider Ă  briser l'isolement liĂ© au suicide et permettre aux personnes suicidaires d'ĂȘtre accompagnĂ©es dans cette Ă©tape de la vie qu'est la mort[8] - [9]. Toutefois, lorsque cette pratique est lĂ©gale, le mĂ©decin accompagnant doit quelquefois s'engager, comme en Belgique, Ă  procĂ©der Ă  une euthanasie dans le cas oĂč le suicide se dĂ©roule mal. En 2022, le lĂ©gislateur belge a dĂ©cidĂ© que l'euthanasie sera bientĂŽt rĂ©munĂ©rĂ©e. À l'avenir, les mĂ©decins qui rĂ©alisent une euthanasie seront indemnisĂ©s (pour les obligations lĂ©gales qu'ils doivent assumer dans ce cadre)[10].

Euthanasie et soins palliatifs

L'euthanasie doit aussi ĂȘtre distinguĂ©e des « soins palliatifs », dont le but premier n'est jamais de provoquer le dĂ©cĂšs des patients, mĂȘme si, pour soulager la douleur, il arrive aux soignants d'user de doses d'analgĂ©siques ou d'antalgiques risquant de rapprocher le moment du dĂ©cĂšs. Ainsi le docteur Bernard Devalois dĂ©nonce l'ambigĂŒitĂ© de certains termes trop flous comme « sĂ©dation » et souligne qu'« il faut impĂ©rativement faire la distinction entre l’utilisation de traitements Ă  visĂ©e sĂ©dative pour soulager un malade en fin de vie, et l’utilisation de sĂ©datifs pour faire perdre conscience Ă  un malade, jusqu’à la survenue de sa mort, Ă  sa demande et alors qu’il n’existe pas d’indications mĂ©dicales »[11].

Plusieurs États accompagnent le refus de l'euthanasie d'un programme de dĂ©veloppement des soins palliatifs.

Toutefois, les dĂ©fenseurs de l'euthanasie considĂšrent qu'elle s'inscrit dans un continuum de soins, et qu'elle est une suite possible des soins palliatifs lorsque ceux-ci se rĂ©vĂšlent inopĂ©rants, et que le malade en fait la demande. Cette position a notamment Ă©tĂ© dĂ©fendue au QuĂ©bec par la Commission spĂ©ciale sur la question de mourir dans la dignitĂ© : « une option supplĂ©mentaire est nĂ©cessaire dans le continuum de soins de fin de vie : l’euthanasie sous la forme d’une aide mĂ©dicale Ă  mourir [
] pourvu que cet acte soit strictement circonscrit et balisĂ© et qu’il rĂ©sulte d’une demande libre et Ă©clairĂ©e de la personne »[12]. Les responsables de l'hĂŽpital Érasme de Bruxelles ont tenu le mĂȘme discours Ă  un opposant Ă  l'euthanasie : « De plus, contrairement Ă  ce qui se passe en France, nous n'opposons pas soins palliatifs et euthanasie en dĂ©fendant le concept de soins continus »[13].

Typologie

Classification par les moyens employés

Il est d'usage de sĂ©parer l’euthanasie active, qui dĂ©signe un acte volontaire en vue d'abrĂ©ger la vie du patient de l’euthanasie passive, qui consiste Ă  cesser un traitement curatif ou Ă  arrĂȘter l'usage d'instruments ou de produits maintenant un patient en vie. Dans ce dernier cas, on n'utilise aucun moyen hĂątant la mort du patient.

D'aprĂšs Françoise Biotti-Mache, l'euthanasie est dite « active » « quand elle consistera dans un acte volontairement effectuĂ© pour donner la mort ; c’est une action directe qui sous-entend l’intention, telle l’administration d’une injection lĂ©tale ». L'euthanasie dite « passive » « consiste fondamentalement dans une omission. On s’abstient d’entreprendre un traitement ou on l’arrĂȘte. On peut Ă©galement classer ici, le fait de dĂ©brancher les dispositifs de survie artificielle (en). La mort est alors considĂ©rĂ©e comme une consĂ©quence indirecte de l’acte d’interruption du traitement ou d’arrĂȘt des moyens de survie »[14].

Plusieurs associations ou commentateurs rĂ©cusent la distinction entre euthanasie active et passive, qui leur semble essentielle. Ils l'accusent de masquer la question fondamentale de l'objectif visĂ©, qui caractĂ©rise l'euthanasie, au dĂ©triment de la question des moyens, qui se pose purement en termes d'opportunitĂ© pratique. Pour certains, il n'existe pas de diffĂ©rence Ă©thique entre l'euthanasie active et passive.Étude comparative France-QuĂ©bec sur les dĂ©cisions de fin de vie : le droit sous le regard de l’éthique, mĂ©moire de maĂźtrise en droit non publiĂ©, universitĂ© de Sherbrooke et universitĂ© Montpellier-1, 2010[15]. L'insistance sur la distinction entre euthanasie active et passive pourrait Ă©galement entraĂźner une confusion quant au statut des soins palliatifs.

Classification par type de consentement

  1. Euthanasie volontaire : lorsqu'un individu a la capacité mentale et physique de demander de l'aide pour mourir et qu'il la demande. La plupart des auteurs qualifient également d'euthanasie volontaire le cas d'un individu qui n'a plus la capacité mentale et physique de demander de l'aide pour mourir mais qui a pu exprimer précédemment un tel souhait.
  2. euthanasie non volontaire : lorsqu'un individu n'a plus la capacité mentale et physique de demander de l'aide pour mourir ou de s'y opposer et qu'on ignore quelle aurait été sa volonté.
  3. Euthanasie involontaire : lorsque l'acte d'euthanasie est pratiqué sur un individu qui a eu l'occasion d'exprimer une opposition explicite (assimilée à un meurtre)[16].

Étymologie et histoire du terme

Antiquité grecque

Le serment d'Hippocrate a Ă©tĂ© formulĂ© vers 400 avant J.-C. dans la GrĂšce antique par l'un des pĂšres fondateurs de la mĂ©decine. Hippocrate a Ă©crit contre l'acte d'euthanasie : « Je ne prescrirai pas un mĂ©dicament mortel pour plaire Ă  quelqu'un, ni ne donnerai de conseils susceptibles de causer sa mort ». À cette Ă©poque, les individus n'avaient pas Ă  faire face Ă  des dilemmes tels que l'euthanasie dans son sens moderne. Les circonstances, ainsi que les perceptions de la vie et de la mort, Ă©taient diffĂ©rentes. Les Grecs percevaient la dĂ©bilitĂ© de la vieillesse comme humiliante, les privant de ce qu'ils dĂ©siraient toute leur vie : la cĂ©lĂ©britĂ© posthume. Cette perspective est exprimĂ©e par Platon : « Quand nous allons mourir, les choses qui ont Ă©tĂ© dites Ă  notre sujet ne seront pas perdues aussi »[17].

La langue hellénique a offert des milliers de termes au monde scientifique, dont l'euthanasie. Cependant, les penseurs classiques ont attribué à ce terme un sens différent du nÎtre. Pour eux, il avait le sens d'une bonne mort qui tombait sur une personne naturellement, à la suite du passage du temps, au processus de vieillissement, ou comme un don divin. L'historien Polyvious a qualifié l'euthanasie d'« accomplissement des hommes vertueux » et de « couronnement d'une vie bonne et utile ». Pour le philosophe Filon à l'époque, l'euthanasie était parallÚle à l'eugiria (eu, « bon » et giras, « vieillesse »), souvent identifiée comme la vertu ultime. Le mot « euthanasie » apparaßt pour la premiÚre fois dans Myrmiki, la derniÚre comédie de Posidippe (vers 300 avant J.-C.). Pour lui, l'euthanasie était le meilleur cadeau que l'homme pouvait souhaiter recevoir des dieux. En général, l'attitude des anciens Grecs à l'égard du suicide était positive[17].

Il est essentiel de comprendre les significations que les gens attribuent Ă  la mort. La comprĂ©hension de la mort chez les Grecs de l'AntiquitĂ© Ă©tait, d'une certaine maniĂšre, fondamentalement diffĂ©rente de la nĂŽtre. Le philosophe Épicure (IVe siĂšcle avant JĂ©sus-Christ) niait l'existence de la mort. Selon lui, l'Ă©vitement de la douleur et la poursuite de l'hĂ©donisme constituaient l'axe de l'existence humaine. Il soutenait que l'expĂ©rience ou la rĂ©alitĂ© de la mort ne devait pas ĂȘtre terrifiante pour les humains, et il n'aurait pas pu imaginer qu'Ă  l'avenir, la peur de la mort serait remplacĂ©e par le souci de savoir comment on meurt[17].

Dans la mythologie grecque, Hypnos, le Sommeil, Ă©tait le frĂšre de Thanatos, la Mort. Les rĂȘves d'HomĂšre (VIIIe siĂšcle av. J.-C.) sont comme la mort, mais ils participent Ă  la vie et sont considĂ©rĂ©s comme un don des dieux. Dans l'OdyssĂ©e, les citoyens ĂągĂ©s mais en bonne santĂ© d'une Ăźle utopique appelĂ©e Sirii sont capables d'obtenir une mort rapide et sans douleur grĂące Ă  l'arrivĂ©e des divinitĂ©s ArtĂ©mis et Apollon. Apollon les tuerait avec ses flĂšches. Le poĂšte Euripide (480-406 avant J.-C.) a dĂ©clarĂ© : « En vain, les vieux veulent mourir, accusant leur vieillesse et leur longĂ©vitĂ© ; quand la mort approche, aucun d'entre eux ne veut mourir »[17].

À l'Ă©poque classique (du IVe au IIIe siĂšcle avant JĂ©sus-Christ), les habitants de l'Ăźle de KĂ©a mettaient fin Ă  leur vie aprĂšs avoir obtenu le consentement de leurs concitoyens. PlutĂŽt que de vieillir et de tomber malade, ils prĂ©fĂ©raient un exode massif de la vie en buvant de la ciguĂ«, dans une atmosphĂšre festive comme celle des anciens symposiums, lorsqu'ils buvaient du vin au nom de leurs dieux. L'empressement Ă  mettre fin Ă  leur vie de cette maniĂšre pourrait venir du fait que l'acte Ă©tait considĂ©rĂ© comme hĂ©roĂŻque. Comme le note Platon dans le PhĂ©don (vers 399 avant JC), le philosophe Socrate a choisi la ciguĂ« au lieu de l'exil, comme acte de bonne mort. Avant de procĂ©der Ă  cet acte, il a demandĂ© au gardien de la prison de faire une libation aux dieux, et lorsque le gardien a refusĂ©, Socrate a priĂ© les dieux pour que sa vie soit heureuse sur le chemin des Enfers[17].

L'acte actuellement qualifiĂ© d'« euthanasie passive » Ă©tait pratiquĂ© dans la GrĂšce antique dans les cas de difformitĂ©. Dans La RĂ©publique (vers 374 avant JC), Platon soutient le concept selon lequel les individus qui ne sont pas en bonne santĂ© de corps et d'esprit doivent ĂȘtre abandonnĂ©s Ă  la mort, pour le bien-ĂȘtre des citoyens et de la ville. Il s'oppose Ă©galement Ă  la prolongation de la vie pour quelque raison que ce soit, affirmant que la mĂ©decine ne devrait contribuer qu'Ă  l'amĂ©lioration de la vie du patient[17].

Le fait que les Grecs de l'Antiquité, en particulier les Spartiates, se débarrassaient réguliÚrement des nouveau-nés présentant des déficiences physiques visibles a été confirmé par l'histoire. Les bébés malformés étaient par nature odieux pour les peuples du monde antique, et l'historien Plutarque note dans l'Ithika (Ier siÚcle aprÚs J.-C.) que ces enfants étaient laissés à mourir dans un ravin appelé Keadas. Dans son Lycurgus, Plutarque blùme les divinités égyptiennes Isis et Osiris pour le corps déformé de leur fils. Néanmoins, les nourrissons « redondants » (déformés) n'étaient pas considérés comme odieux en soi, mais perçus comme indésirables au sein d'une structure donnée, compte tenu de l'idée philosophique grecque de symétrie et d'équilibre[17].

Époque mĂ©diĂ©vale

Au Moyen Âge, l'Occident chrĂ©tien se prĂ©occupe de la façon de mourir, mais dans la perspective du salut de l’ñme. C'est ainsi que paraissent des traitĂ©s du « bien mourir », comme le cĂ©lĂšbre Ars moriendi, qui proposent de se prĂ©parer spirituellement au passage vers l'au-delĂ . La crainte est donc non pas d'entrer en agonie, mais de ne pas avoir la possibilitĂ© de vivre cette Ă©tape. C'est ainsi que la litanie des saints porte cette injonction : « De la mort subite et imprĂ©vue, dĂ©livrez-nous, Seigneur ».

Le concept d'euthanasie est dĂ©crit par Thomas More, dans son Utopie (Utopia, 1516), oĂč il parle de volontary death, lorsque, « [Ă  des] maux incurables se joignent d'atroces souffrances que rien ne peut suspendre ou adoucir »[18]. Comme pour de nombreux autres thĂšmes de l'ouvrage, il ne semble pas pour autant que More dĂ©fende cette pratique.

Par ailleurs, le mot « euthanasie » lui-mĂȘme a Ă©tĂ© rĂ©introduit par le philosophe anglais Francis Bacon (1561-1626), et apparaĂźt dans un texte de 1605. Ce mot est formĂ© de deux Ă©lĂ©ments tirĂ©s du grec, le prĂ©fixe eu, « bien », et le mot thanatos, « mort » ; il signifie donc littĂ©ralement « bonne mort », c'est-Ă -dire « mort dans de bonnes conditions ». C'est ainsi que le prĂ©sente Bacon :

« L'office du mĂ©decin n'est pas seulement de rĂ©tablir la santĂ©, mais aussi d'adoucir les douleurs et souffrances attachĂ©es aux maladies ; et cela non pas seulement en tant que cet adoucissement de la douleur, considĂ©rĂ©e comme un symptĂŽme pĂ©rilleux, contribue et conduit Ă  la convalescence, mais encore afin de procurer au malade, lorsqu'il n'y a plus d'espĂ©rance, une mort douce et paisible ; car ce n'est pas la moindre partie du bonheur que cette euthanasie [
]. Mais de notre temps les mĂ©decins [
], s'ils Ă©taient jaloux de ne point manquer Ă  leur devoir, ni par consĂ©quent Ă  l'humanitĂ©, et mĂȘme d'apprendre leur art plus Ă  fond, ils n'Ă©pargneraient aucun soin pour aider les agonisants Ă  sortir de ce monde avec plus de douceur et de facilitĂ©[19]. »

L'euthanasie est définie comme « mort heureuse » dans le Dictionnaire de Trévoux (éd. 1771), ce qui atteste son emploi en français dÚs ce siÚcle. Jusqu'à la fin du XIXe siÚcle, il a cet emploi d'« adoucissement de la mort » (« Euthanasie ou Traitement médical pour procurer une mort facile et sans douleur » ; William Munk 1888, traduction 1889).

L'euthanasie au temps du mouvement eugéniste

Au XIXe siĂšcle le sens s'inflĂ©chit, d'abord, sous l'influence de l'eugĂ©nisme dans le sens d'une Ă©limination « douce » de populations « non dĂ©sirables », puis d'Ă©limination de ces populations sans que le sens de « bonne mort » soit retenu. À ce titre elle intĂšgre l'ensemble des moyens envisagĂ©s par les eugĂ©nismes scientifiques ou idĂ©ologiques pour empĂȘcher ou limiter l'existence de ces populations : stĂ©rilisations et avortements forcĂ©s, enfermement, dĂ©portation, sĂ©paration des sexes, etc.

Le point culminant de ces pratiques d'euthanasie est leur premiĂšre rĂ©alisation Ă  grande Ă©chelle par le TroisiĂšme Reich : le programme Aktion T4. Ce programme aboutit Ă  l'assassinat systĂ©matique de plus de 100 000 « aliĂ©nĂ©s » et handicapĂ©s. Il s'inscrit dans le programme plus large d'hygiĂšne raciale des nazis, en parallĂšle avec la solution finale, l'Ă©limination planifiĂ©e des juifs au premier chef, mais aussi des tsiganes et d'autres populations considĂ©rĂ©es indĂ©sirables. Selon certains, ce dĂ©voiement du terme (le programme ne visait pas Ă  adoucir la mort ni Ă  Ă©pargner des souffrances, et ses victimes n'avaient rien demandĂ©) a parasitĂ© les dĂ©bats sur l'euthanasie pendant toute la seconde moitiĂ© du XXe siĂšcle[20].

Acceptions modernes

AprÚs la Seconde Guerre mondiale, le mot est principalement associé à son emploi euphémique et fallacieux de la premiÚre moitié du siÚcle, et à ce titre connoté négativement. Ce n'est que dans la décennie 1970, et dans le cadre de la lutte contre ce qu'on commence à nommer acharnement thérapeutique, que l'on revient à un emploi plus proche du sens initial, tout en lui ajoutant des acceptions nouvelles.

DÚs lors que les progrÚs de la médecine dans la préservation et le prolongement de la vie ont connu des progrÚs décisifs, s'est posée la question des limites à poser aux pratiques de «maintien de la vie». Le débat sur ce sujet amena la profession médicale, les philosophes et les hommes politiques à débattre du sujet de la qualité de la fin de vie, des bonnes pratiques médicales et des droits des patients.

ParallĂšlement Ă  ce dĂ©bat, le paternalisme mĂ©dical (oĂč le mĂ©decin savait ce qui Ă©tait bon pour le patient, et donc prenait seul les dĂ©cisions mĂ©dicales) a Ă©tĂ© graduellement abandonnĂ© pour mieux respecter l'autonomie du patient. Toutefois, la participation de l'entourage au processus de dĂ©cision n'est pas toujours la rĂšgle, ou relĂšve plus de l'« assentiment » que du « consentement » ; et une partie significative des dĂ©cisions de fin de vie se prennent dans le secret au sein de l'Ă©quipe mĂ©dicale, lorsque le patient ne peut pas s'exprimer, selon deux Ă©tudes sociologiques rĂ©alisĂ©es en France et en Angleterre, parues en 2007 et 2008[21].

Les souffrances ont également été mieux prises en compte, notamment avec l'apparition et le développement des soins palliatifs qui ont permis de mieux traiter la douleur physique et surtout de tenir compte des autres types de souffrance.

Ces Ă©volutions ont conduit in fine les États Ă  lĂ©gifĂ©rer en ces matiĂšres, dans le cadre des lois de bioĂ©thique.

En Belgique, la plupart des demandes d'euthanasie (2017) pour raisons dites psychiatriques concernent des personnes avec troubles de la personnalité, dépression, et syndrome d'Asperger[22]. Le nombre d'euthanasies demandé pour ce motif est assez faible (40 sur 2000 demandes) mais néanmoins supérieur au nombre de demandes attendues par les professionnels de la santé[22].

L'« euthanasie » animale

Longtemps appliquĂ© Ă  des pratiques destinĂ©es aux seuls humains, le mot est dĂ©sormais employĂ© pour les autres espĂšces, et l'on parle alors d'euthanasie animale, effectuĂ©e dans l'intĂ©rĂȘt supposĂ© d'un animal ou d'un groupe d'animaux, par opposition Ă  l'abattage, effectuĂ© dans l'intĂ©rĂȘt des ĂȘtres humains[23].

LĂ©gislation et pratique judiciaire

État des lĂ©gislations nationales

LĂ©gislation et pratique judiciaire dans le monde
  • Euthanasie active lĂ©gale
  • Euthanasie passive lĂ©gale (refus de traitement / retrait du soutien vital)
  • Euthanasie active illĂ©gale, euthanasie passive non lĂ©gifĂ©rĂ©e ou rĂ©glementĂ©e
  • Toutes les formes d'euthanasie illĂ©gales

La majoritĂ© des États ne reconnaĂźt pas ou interdit l'euthanasie active et les autres formes d'aide Ă  la fin de vie, mais dans beaucoup d'entre eux, notamment en Europe et en AmĂ©rique du Nord, il existe une tolĂ©rance implicite ou explicite Ă  l'encontre de ces pratiques, pour autant qu'elles se dĂ©roulent dans un cadre rĂ©glementĂ©.

L'euthanasie est autorisée, sous conditions, dans 7 pays dans le monde:

  • Les Pays-Bas sont le premier pays au monde Ă  lĂ©galiser la pratique, le 12 avril 2001[24]. La loi dĂ©gage de toutes poursuites les mĂ©decins qui auraient participĂ© Ă  un suicide assistĂ© sous des conditions extrĂȘmement prĂ©cises : le ministĂšre de la SantĂ© dĂ©clare que cette pratique « autorise une personne Ă  terminer sa vie dans la dignitĂ© aprĂšs avoir reçu tous les soins palliatifs disponibles »[25]. Depuis 2004 l'euthanasie y est autorisĂ© pour les enfants de plus de 12 ans.
  • En Belgique, l'euthanasie est dĂ©pĂ©nalisĂ©e depuis la loi du 28 mai 2002[24].En 2008, cette dĂ©pĂ©nalisation a Ă©tĂ© Ă©tendue aux personnes avec troubles psychiatriques[22]. En 2014, la Belgique supprime la limite d’ñge, devenant le premier pays au monde Ă  autoriser l’euthanasie sans limite d'Ăąge.
  • Au Luxembourg, depuis la lĂ©gislation du 16 mars 2009, l'euthanasie et l'assistance au suicide sont lĂ©gaux[26] - [27].
  • En Colombie, l'euthanasie est lĂ©gale depuis 1997 Ă  la suite de la dĂ©cision de justicie C-239/97[28] de la Cour Constitutionnelle mais l'euthanasie n'Ă©tait pas formellement rĂ©glementĂ© jusqu'Ă  2015. La lĂ©gislation actuelle demande remplir quatre conditions[29] pour approuver la procĂ©dure :
    1. Le patient doit avoir une maladie mortelle.
    2. Le patient doit considĂ©rer que la vie a cessĂ© d'ĂȘtre digne produit de la maladie.
    3. Le patient doit exprimer le consentement dans une maniÚre claire, éclairée, complÚte et précise.
    4. La procĂ©dure doit ĂȘtre rĂ©alisĂ©e par un mĂ©decin professionnel.
  • Au Canada, l'euthanasie volontaire, est depuis le 17 juin 2016, dĂ©criminalisĂ©e, Ă  la suite d'une dĂ©cision du 6 fĂ©vrier 2015 de la Cour SuprĂȘme. Les personnes en phase terminale d'une maladie peuvent dĂ©sormais demander l'aide mĂ©dicale Ă  mourir[30]. La province du QuĂ©bec avait toutefois devancĂ© le pas en adoptant un projet de loi semblable en juin 2014[31].
  • En Espagne, le 17 dĂ©cembre 2020, le pays est devenu le 6Ăšme au monde Ă  autoriser l'euthanasie active et le suicide assistĂ©[32]. Le Parlement a approuvĂ© Ă  198 voix pour et 138 contre, la proposition de loi « rĂ©gulation de l'euthanasie » qui devrait entrer en vigueur au printemps 2021. L'individu victime d'une « souffrance grave chronique et invalidante ou d’une maladie grave et incurable » pourra en bĂ©nĂ©ficier avec la certification d'un mĂ©decin. La loi implique un temps de rĂ©flexion de dix jours et l’avis d’une commission d’évaluation indĂ©pendante, formĂ©e de mĂ©decins et de juristes, ce qui devrait fixer un dĂ©lai minimum d’un mois pour rendre effective toute demande d’euthanasie. Celle-ci pourra ĂȘtre pratiquĂ©e dans un hĂŽpital public ou privĂ© ou Ă  domicile[33].
  • Au Portugal, la pratique est autorisĂ©e depuis le 29 janvier 2021[34]. Le Portugal devient donc le cinquiĂšme pays d'Europe Ă  autoriser l'euthanasie et l'assistance au suicide.

Aux États-Unis, cinq États acceptent le suicide assistĂ© : Oregon, Washington, Montana, Vermont et Californie.

En Suisse, si l'euthanasie reste interdite, le suicide assisté est en revanche autorisé, sauf pour des « mobiles égoïstes », par le biais d'associations telles que Exit ou Dignitas.

En France, si la loi réprime formellement l'euthanasie et le suicide assisté, entre 1998 et 2016 les textes réglementaires et législatifs ont cependant élargi les possibilités de cessation de l'acharnement thérapeutique et étendu les droits du malade à une fin de vie digne ; et dans la pratique judiciaire, la plupart des affaires ressortissant à ces questions donnent le plus souvent lieu, depuis le début de la décennie 2000, à des non-lieux ou à des peines symboliques. Depuis 2013, le Défenseur des droits et la Fondation de France financent une étude sur les Demandes d'Euthanasie et de Suicide Assisté (DESA), elle se veut « prospective, multicentrique, épidémiologique et qualitative de leur fréquence, leurs caractéristiques et de leurs motivations »[35]

La carte est à actualiser. En Pologne l'euthanasie n'est pas complÚtement illégale
LĂ©gislation et pratique judiciaire en Europe
  • Euthanasie active lĂ©gale
  • Euthanasie passive lĂ©gale
  • Euthanasie illĂ©gale/toute forme d'euthanasie interdite
  • Situation lĂ©gale ambiguĂ«

Au niveau europĂ©en, la Cour europĂ©enne des Droits de l'Homme se montre trĂšs rĂ©ticente Ă  l'Ă©gard de l'euthanasie. On peut notamment le constater dans l'affaire Diane Pretty c. Royaume-Uni du 29 avril 2002, dans laquelle la Cour a refusĂ© de reconnaĂźtre un quelconque « droit Ă  la mort » par le biais de l'art.2 CEDH, consacrant le droit Ă  la vie. En effet, pour la Cour, celui-ci ne saurait ĂȘtre interprĂ©tĂ© sans distorsion de langage de maniĂšre nĂ©gative, c'est-Ă -dire comme confĂ©rant un droit diamĂ©tralement opposĂ©, Ă  savoir un droit Ă  mourir. Il ne saurait davantage confĂ©rer un droit Ă  l'autodĂ©termination en ce sens qu'il donnerait Ă  tout individu le droit de choisir la mort plutĂŽt que la vie. En consĂ©quence, il n'est pas possible de dĂ©duire de l'art. 2 CEDH un droit Ă  mourir, que ce soit de la main d'un tiers ou avec l'assistance d'une autoritĂ© publique.

En France

Le terme n'est pas dĂ©fini juridiquement. Classiquement, l’interdiction de l’euthanasie constitue l’une des applications du principe d’indisponibilitĂ© du corps humain[36]. L'euthanasie active est qualifiĂ©e d'assassinat ou d'empoisonnement prĂ©mĂ©ditĂ© punissable thĂ©oriquement de la rĂ©clusion criminelle Ă  perpĂ©tuitĂ©[37], alors que l'euthanasie passive est qualifiable de non-assistance Ă  personne en danger. Dans le cas d'une personne n'Ă©tant pas gravement malade, la simple connaissance du projet suicidaire sans porter secours peut justifier des poursuites pour « abstention dĂ©lictueuse de porter secours Ă  personne en danger ».

En matiÚre pénale

L'euthanasie relÚve de plusieurs chefs d'accusation en matiÚre pénale :

  • le meurtre : le code pĂ©nal français ne contient pas de texte direct incriminant l'euthanasie. Aussi, les juges considĂšrent que l'acte d'euthanasie qu'il soit actif ou passif correspond Ă  un homicide. L'article du code pĂ©nal concernĂ© est l'article 221-1 du code pĂ©nal qui souligne que : « Le fait de donner volontairement la mort Ă  autrui constitue un meurtre. Il est puni de trente ans de rĂ©clusion criminelle » ;
  • la non-assistance Ă  personne en danger : est traitĂ©e dans l'article 223-6 du code pĂ©nal ;
  • l'empoisonnement par substances toxiques dans le cas d'injection de produits dits Ă  risques. L'article 221-5 du code pĂ©nal dispose : « Le fait d'attenter Ă  la vie d'autrui par l'emploi ou l'administration de substances de nature Ă  entraĂźner la mort constitue un empoisonnement. L'empoisonnement est puni de trente ans de rĂ©clusion criminelle. Il est puni de la rĂ©clusion criminelle Ă  perpĂ©tuitĂ© lorsqu'il est commis dans l'une des circonstances prĂ©vues aux articles 221-2, 221-3 et 221-4. Les deux premiers alinĂ©as de l'article 132-23 relatif Ă  la pĂ©riode de sĂ»retĂ© sont applicables Ă  l'infraction prĂ©vue par le prĂ©sent article. » La complicitĂ© en matiĂšre d'euthanasie est elle-mĂȘme punissable. La tentative d'euthanasie est elle-mĂȘme punissable puisque nous sommes dans le cadre d'un crime.
En matiĂšre civile

De plus, elle engage effectivement la responsabilitĂ© civile dĂ©lictuelle de celui qui commet l'acte et peut conduire au paiement de dommages et intĂ©rĂȘts.

En matiĂšre disciplinaire

Il s'agit du cas oĂč celui qui commet l'acte a agi dans le cadre de sa profession. Il encourt des sanctions disciplinaires et risque de se voir interdire toute possibilitĂ© d'exercer. Ainsi, l'article 38 du code de dĂ©ontologie des mĂ©decins en France, dans son alinĂ©a 2, interdit formellement de provoquer ou de donner la mort au patient. Le texte dispose que « le mĂ©decin doit accompagner le mourant jusqu'Ă  ses derniers moments, assurer par des soins et mesures appropriĂ©s la qualitĂ© d'une vie qui prend fin, sauvegarder la vie du malade et rĂ©conforter son entourage. Il n'a pas le droit de provoquer dĂ©libĂ©rĂ©ment la mort. »

En matiĂšre successorale

Si l'un des héritiers est l'instigateur de l'acte, il peut se voir déchu du droit à hériter.

En Europe, la position de la CEDH

La Cour europĂ©enne des droits de l'homme a Ă©tĂ© plusieurs fois saisie sur la question de l'euthanasie, notamment sur le fondement des articles 2 (droit Ă  la vie) et 8 (droit au respect de la vie privĂ©e) de la Convention europĂ©enne des droits de l'homme (CEDH). Les diffĂ©rentes requĂȘtes avaient pour but de savoir si la CEDH garantissait le droit Ă  mourir.

En 2002 dans l'arrĂȘt Diane Pretty, la CEDH pose le fondement de sa jurisprudence sur l'euthanasie. Pour elle, l'article 2 consacre le droit Ă  la vie, mais ne confĂšre pas le droit contraire, c'est-Ă -dire le droit Ă  la mort[38].

Cependant, ce principe connait des exceptions : La peine capitale ; L’arrestation ; L’évasion ; La lĂ©gitime dĂ©fense ; L’émeute et l’insurrection.

Dans l'arrĂȘt Haas contre la Suisse du 20 janvier 2011[39], la Cour consacre une nouvelle Ă©volution dans sa jurisprudence, et affirme : "le droit d’un individu de dĂ©cider de quelle maniĂšre et Ă  quel moment sa vie doit prendre fin, Ă  condition qu’il soit en mesure de forger librement sa propre volontĂ© Ă  ce propos et d’agir en consĂ©quence, est l’un des aspects du droit au respect de sa vie privĂ©e au sens de l’article 8 de la Convention". La Cour reconnaĂźt dans cette dĂ©cision, de façon conditionnĂ©e, une forme de droit Ă  l’autodĂ©termination quant Ă  sa propre mort, autrement dit de « droit au suicide ». La Cour reconnait l'existence de ce droit au suicide tout en fixant les conditions auxquelles elle est soumise Ă  savoir : l’une relative Ă  la qualitĂ© de la volontĂ© (du discernement) de la personne concernĂ©e, l’autre Ă  sa capacitĂ© d’agir en consĂ©quence.

Dans sa dĂ©cision la Cour confirme l’application de l’article 8 de la Convention Ă  la question de la fin de vie volontaire, cependant elle rejette l’argument du requĂ©rant tenant Ă  l’existence d’une obligation positive des États d’avoir Ă  mettre en Ɠuvre des mesures propres Ă  faciliter la commission de tels suicides[40]. Par contre, la Cour a indiquĂ© qu’il existait une obligation pesant sur les États de mettre en place une procĂ©dure propre Ă  assurer qu’une dĂ©cision de mettre fin Ă  la vie corresponde bien Ă  la libre volontĂ© de l’intĂ©ressĂ©, cette procĂ©dure devant ĂȘtre effective.

Dans l’arrĂȘt Koch contre l’Allemagne, elle pose la troisiĂšme pierre. Par cet arrĂȘt, il apparaĂźt que la Convention garantit Ă  prĂ©sent non seulement le droit de se suicider, mais oblige aussi l’État non pas encore Ă  faciliter le suicide - mais Ă  justifier son refus de faciliter le suicide. Le suicide assistĂ© n’est plus seulement une facultĂ© personnelle, il devient un droit opposable Ă  l’État nonobstant son interdiction dans le droit interne. DĂšs lors que la Cour accorde au suicide assistĂ© la qualitĂ© de droit, l’État en devient garant de la jouissance effective[41].

Au Québec

Un projet de loi sur les soins de fin de vie légalisant l'euthanasie volontaire en fin de vie (projet de loi 52) fut soumis au vote et adopté en juin 2014. L'euthanasie active y est soumise à de nombreuses conditions.

Demandes d'euthanasie

  • En 1985, les mĂ©decins de Stephen Hawking proposĂšrent Ă  sa femme, Jane Wilde Hawking, de dĂ©brancher la machine qui le maintient en vie, ne croyant pas Ă  un rĂ©tablissement futur. Jane Wilde Hawking refusa et Stephen Hawking se remit peu Ă  peu de sa pneumonie aprĂšs qu'il eut subi une trachĂ©otomie le rendant incapable de parler[42].
  • En 1993, au Canada, Robert Latimer tue sa fille, Tracy, handicapĂ©e et ĂągĂ©e de seulement douze ans en la plaçant dans la cabine de son camion en y faisant passer les gaz d’échappement du moteur. Tracy, gravement atteinte de paralysie cĂ©rĂ©brale, ne pouvait ni parler, ni marcher, ni s’alimenter seule. Il fut condamnĂ© Ă  la prison Ă  perpĂ©tuitĂ© avec possibilitĂ© de libertĂ© conditionnelle aprĂšs dix ans[43].
  • En 2003 a lieu l'affaire Vincent Humbert, dĂ©cĂ©dĂ© en France (affaire qui a accĂ©lĂ©rĂ© en France le processus de lĂ©gislation sur la fin de vie et les soins palliatifs).
  • En 2006, Piergiorgio Welby avait Ă©tĂ©, Ă  sa demande, dĂ©branchĂ© du respirateur qui le faisait survivre. Le mĂ©decin a Ă©tĂ© relaxĂ© par la justice italienne aprĂšs que l'Ordre des mĂ©decins italiens a approuvĂ© son attitude.
  • Le en France, le jury des assises de la Dordogne a condamnĂ© la docteure Laurence Tramois Ă  un an de prison avec sursis, et a acquittĂ© l'infirmiĂšre Chantal Chanel. En 2003, la mĂ©decin avait prescrit et l'infirmiĂšre avait administrĂ© une injection mortelle de chlorure de potassium Ă  une patiente de 65 ans atteinte d'un cancer du pancrĂ©as en phase terminale.
  • En 2008, en France, suicide de RĂ©my Salvat, ĂągĂ© de 24 ans, atteint d'une maladie dĂ©gĂ©nĂ©rative incurable. Il avait auparavant adressĂ© un courrier au prĂ©sident de la RĂ©publique pour demander le droit Ă  l'euthanasie.
  • En 2008, en France, Chantal SĂ©bire, ĂągĂ©e de 52 ans, dĂ©figurĂ©e par un esthĂ©sioneuroblastome, demande au prĂ©sident de la rĂ©publique, Nicolas Sarkozy, le « droit de mourir dans la dignitĂ© » sans avoir Ă  se rendre dans un pays Ă©tranger acceptant l'euthanasie. Elle n'a pu obtenir satisfaction.
  • Au Canada, oĂč l'euthanasie est un acte condamnable, le 12 dĂ©cembre 2008, un jury d'Alma dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean acquitta StĂ©phan Dufour, accusĂ© d'avoir aidĂ© son oncle malade Ă  s'oter la vie[44].
  • En 2020, la justice belge a acquittĂ© trois docteurs accusĂ©s d'avoir, Ă  l'encontre de la loi, empoisonnĂ© Tine Nys, ĂągĂ©e de 38 ans, dans le but de l'aider Ă  mourir le . Les sƓurs de Tine Nys et les rĂ©probateurs se sont opposĂ©s Ă  cette euthanasie argumentant que la dĂ©cision de la dĂ©funte Ă©tĂ© due Ă  une rupture amoureuse et non Ă  une « souffrance incurable » comme le requiert la loi belge depuis 2002. Tine Nys a souffert de sĂ©vĂšres troubles psychiatriques durant son enfance et a dĂ©jĂ  tentĂ© de mettre fin Ă  ses jours quand elle Ă©tait plus jeune mais pour Lotte et Sophie Nys, elle souffrait pendant sa demande d'une rupture amoureuse et n'avait pas reçu de traitement psychiatrique depuis 15 ans. Elle avait aussi Ă©tĂ© diagnostiquĂ©e autiste avant sa mort et n'avait encore jamais Ă©tĂ© traitĂ©e pour cela. La famille et les sƓurs de Tine Nys, qui Ă©taient prĂ©sents lors de son suicide assistĂ© ont critiquĂ© le manque d'humanisme de la profession mĂ©dicale pendant l'acte d'euthanasie. Un des mĂ©decins aurait « comparĂ© sa mort Ă  celle d'un animal de compagnie qui souffre et se fait vacciner » et aurait, toujours selon la famille, « demandĂ© [au pĂšre de la victime] de lui tenir l'aiguille dans le bras parce qu'il avait oubliĂ© d'apporter des pansements. Quand elle est morte, il a demandĂ© [aux parents de la victime] s'ils voulaient Ă©couter au stĂ©thoscope pour vĂ©rifier que son cƓur avait bien cessĂ© de battre ». Le psychiatre chargĂ© de l'affaire, Lieve Thienpont, a assurĂ© que Tine Nys avait rempli toutes les conditions nĂ©cessaires Ă  l'application d'une euthanasie. Il a Ă©tĂ© acquittĂ© avec Joris Van Hove, le mĂ©decin qui a dĂ©livrĂ© l'injection lĂ©tale et Frank D, le mĂ©decin traitant de la dĂ©funte le [45].

Euthanasies non volontaires

Il s'agit en général de personnes tombées dans un coma de longue durée.

  • En 2009, en Italie, aprĂšs une succession de dĂ©cisions contradictoires, l'alimentation artificielle d'Eluana Englaro, dans le coma depuis dix-sept ans, est retirĂ©e.
  • L'affaire Terri Schiavo aux États-Unis, au terme de laquelle, les mĂ©decins dĂ©cident de ne pas la rĂ©intuber et de la laisser mourir de dĂ©shydratation, seule alternative lĂ©gale en accord avec la loi de l'État.
  • L'affaire Karen Ann Quinlan aux États-Unis.
  • L’affaire Vincent Lambert en France.

Euthanasies non demandées

  • En 2003, le cas de Christine MalĂšvre, infirmiĂšre française condamnĂ©e Ă  12 ans de rĂ©clusion criminelle pour avoir fait mourir des patients qui n'auraient pas formulĂ© de demande en ce sens.
  • En 2011, le Docteur Nicolas Bonnemaison, soupçonnĂ© d'euthanasie active sur 9 patients Ă  l'hĂŽpital de Bayonne (PyrĂ©nĂ©es-Atlantiques)[46], est suspendu. Lors du procĂšs en premiĂšre instance Ă  Pau en juin 2014, il est acquittĂ©. Il sera radiĂ© par l'Ordre des mĂ©decins, puis condamnĂ© Ă  deux ans de prison avec sursis par la cour d'Assises, le Parquet ayant interjetĂ© appel[47].

Impact des premiÚres expériences de dépénalisation encadrée

Lors de la modification de la lĂ©gislation belge, un des arguments figurant dans l'exposĂ© des motifs est qu'effectuer une euthanasie dans un cadre mĂ©dicalisĂ© Ă©vite des pratiques qui auraient quand mĂȘme eu lieu de façon clandestine, et permet de placer les acteurs dans des conditions de bon encadrement des pratiques et de sĂ©curitĂ© juridique[24]. Dans le cas belge, cet encadrement semble avoir Ă©tĂ© difficile, puisqu'au bout de dix ans, la Commission chargĂ©e de ce suivi dĂ©clare « ne pas avoir la possibilitĂ© d’évaluer la proportion du nombre d’euthanasies dĂ©clarĂ©es par rapport au nombre d’euthanasies rĂ©ellement pratiquĂ©es »[24].

L'exemple des pays qui ont dĂ©pĂ©nalisĂ© l'euthanasie montre qu'il peut ĂȘtre difficile d'espĂ©rer le maintien d'une forme d'euthanasie limitĂ©e et encadrĂ©e : au dĂ©part dĂ©pĂ©nalisĂ©e sous conditions strictes, le domaine de l’euthanasie s'Ă©largit, elle devient petit Ă  petit un acte normal et banal, conçu comme un « droit »[24]. Ce constat donne lieu Ă  l'argument de la pente savonneuse (slippery slope) qui ne pourrait ĂȘtre qu'Ă©vitĂ©e entiĂšrement ou dĂ©valĂ©e entiĂšrement. Il est dĂ©crit ainsi par le select committee on medical Ethics de la Chambre des lords anglaise : « Nous sommes arrivĂ©s Ă  la conclusion qu'il serait virtuellement impossible d'assurer que tous les actes d'euthanasie soient effectivement volontaires et qu'il est impossible de libĂ©raliser la loi britannique sans qu'elle soit dĂ©tournĂ©e. Nous nous sommes Ă©galement inquiĂ©tĂ©s de ce que les personnes vulnĂ©rables — ĂągĂ©es, solitaires, malades ou dĂ©primĂ©es — ressentiraient une pression, rĂ©elle ou imaginaire, pour que leur dĂ©cĂšs soit hĂątĂ© »[48].

DÚs lors ce type de débat se concentre sur les statistiques de l'euthanasie aux Pays-Bas, en Belgique ou en Suisse (dans ce dernier cas il s'agit plutÎt de suicide assisté), et sur leur interprétation.

Dans ces pays qui ont légalisé l'euthanasie, le débat est encore d'actualité. Ainsi, Els Borst, ministre néerlandais de la santé qui a introduit la loi sur l'euthanasie en 2002, a déclaré que cette loi était intervenue « beaucoup trop tÎt » et que les soins palliatifs en avaient pùti[49]. On compte ces derniÚres années en Belgique une hausse d'environ 25 % par an du nombre d'euthanasies, sans que le nombre de maladies incurables ait augmenté[50]. En sens inverse, l'échec de la limitation de l'euthanasie pousse de nouvelles propositions d'extension de la loi : ainsi les experts auditionnés au Sénat fait valoir que l'euthanasie active est déjà pratiquée chez des mineurs, hors du cadre légal, au su de tous, et demandent sa légalisation, ainsi que celle des patients souffrant de la maladie d'Alzheimer[51].

Arguments pour et contre l'euthanasie

Invocation des droits individuels contre transgression d'un interdit

Les contours de la notion de droit à la vie sont l'objet de débats, philosophiques, juridiques et moraux. Plusieurs traditions philosophiques ou religieuses rejettent ainsi le suicide sous ses différentes formes. D'autres rejettent spécifiquement l'euthanasie : l'intervention d'un acteur qui met fin à la vie du patient est assimilée à une forme de meurtre.

Ainsi un groupe de personnels mĂ©dicaux belges a-t-il pu mettre en lumiĂšre, dans un manifeste contre l'euthanasie, que « L’autorisation lĂ©gale de l’euthanasie [
] transgresse un interdit fondateur et affecte en cela mĂȘme les bases de notre dĂ©mocratie, en dĂ©limitant une classe de citoyens Ă  qui on peut donner la mort avec l’aval de la sociĂ©tĂ© »[52].

La question de l'euthanasie dĂ©borde nĂ©cessairement le niveau des droits individuels. Le gĂ©nĂ©ticien Axel Kahn, membre du ComitĂ© consultatif national d'Ă©thique, indique ainsi que « Le dĂ©sir individuel de vouloir mourir [
] n’appelle de la part de la sociĂ©tĂ© laĂŻque aucune rĂ©probation morale. Il ne s’ensuit pas, bien sĂ»r, qu’il revienne Ă  la sociĂ©tĂ© “d’offrir ce service” Ă  qui le demande »[53].

Pour Robert Badinter, ancien garde des Sceaux et principal artisan de l'abolition de la peine de mort, l'introduction d'une exception d'euthanasie dans le droit ne pourrait se faire sans nuire au droit Ă  la vie, « le premier des droits de l'homme ». Il estime que le code pĂ©nal « a une fonction expressive et que, Ă  ce titre il doit traduire les valeurs d’une sociĂ©tĂ© » ; « elle est Ă  son plus haut niveau quand il s’agit de la vie et de la mort. Nul ne peut retirer la vie Ă  autrui dans une dĂ©mocratie »[54].

L'exercice de la liberté et de l'autonomie

Axel Kahn Ă©voque le caractĂšre contraint de la demande d'euthanasie, notamment par la douleur, le sentiment d'abandon, le dĂ©sespoir. Cette dimension contrainte lui semble par essence incompatible avec l'exercice d'une authentique libertĂ©. DĂšs lors, la premiĂšre rĂ©ponse de la sociĂ©tĂ© Ă  ces demandes ne devrait jamais, selon lui, ĂȘtre l'organisation d'un suicide assistĂ© ou d'un acte d'euthanasie direct, mais devrait ĂȘtre de tenter de rĂ©tablir les conditions d'une libertĂ© authentique par le rĂ©tablissement d'une vie dĂ©sirable[53].

Dans son avant propos à l'avis n°121, le CCNE exprime la différence entre l'euthanasie et le suicide assisté. Le comité explique que dans le cas du suicide assisté, il y a nécessité qu'un tiers fournisse un produit létal, mais que la décision d'ingérer celui-ci revient à la personne voulant se donner la mort. La responsabilité de l'acte final donnant la mort revient uniquement à la personne qui la demande. Le comité parle alors d'assistance pharmacologique au suicide car la présence d'un médecin (ce qui serait une assistance médicale) n'est pas requise.

Le CCNE explique que « L'assistance au suicide prĂ©sente aussi cette particularitĂ© d'ĂȘtre une simple possibilitĂ© donnĂ©e Ă  la personne de mettre fin Ă  son existence, et non pas, comme l'euthanasie, la rĂ©alisation d'un interruption de l'existence »[55].

Afin de mieux tenir compte des souhaits du patient, y compris quand il devient incapable de les exprimer, de nombreux États ont mis en place la possibilitĂ© d'Ă©mettre des directives anticipĂ©es (en anglais living will).

De mĂȘme, l'Association mĂ©dicale mondiale a fait connaĂźtre un certain nombre de prĂ©conisations concernant la forme de ces directives au cours de son assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de 2003[56].

La vision de la dignité de la vie humaine

Un point qui marque trÚs couramment la ligne de partage entre partisans et opposants à l'euthanasie est la vision de la dignité humaine, puisque c'est un argument invoqué aussi bien pour justifier le maintien de l'interdiction de l'euthanasie que sa dépénalisation. Ainsi, une recommandation de l'assemblée parlementaire du conseil de l'Europe, adoptée le 21 mai 1999, stipule que la dignité est une notion absolue :

« La dignitĂ© est inhĂ©rente Ă  l'existence de tout ĂȘtre humain. Si sa possession Ă©tait due Ă  des particularitĂ©s, Ă  des compĂ©tences ou Ă  une condition quelconque, la dignitĂ© ne serait ni Ă©galement ni universellement le propre de tous les ĂȘtres humains. L'ĂȘtre humain est donc investi de dignitĂ© tout au long de sa vie. La douleur, la souffrance ou la faiblesse ne peuvent l'en priver. »

La recommandation appelle[57] en conséquence à « consacr[er] et protég[er] le droit des malades incurables et des mourants à une gamme complÚte de soins palliatifs » et à « mainten[ir] l'interdiction absolue de mettre intentionnellement fin à la vie des malades incurables et des mourants. »

Au contraire, le philosophe Simon Blackburn considÚre qu'il est impossible de « fonder l'interdiction [de l'euthanasie] sur le respect de la vie (encore moins sur le respect de la dignité), puisque ce qu'elle [l'interdiction] requiert réellement ce n'est pas le respect envers la vie mais le respect envers l'acte de mourir - c'est-à-dire, le fait de traiter comme sacro-sainte la procédure souvent intolérable, sans aucune dignité, cruelle et douloureuse de notre dissolution naturelle »[58].

L'impact de l'euthanasie sur la question de la dignitĂ© humaine dĂ©passe le cadre de l'interrogation sur une situation individuelle de fin de vie. Ainsi, le rapport Sicard critique l'euthanasie car « elle intĂ©riorise des reprĂ©sentations sociĂ©tales nĂ©gatives d’un certain nombre de situations vieillesse, de maladie et de handicap »[7], risquant d’éloigner la mĂ©decine du « devoir universel d’humanitĂ© de soins et d’accompagnement »[7].

Gestion des ressources sociales

Une partie des dĂ©fenseurs de l'euthanasie cherchent Ă  dĂ©passer Ă  la fois la vision d'une dignitĂ© et d'une libertĂ© individuelles absolues au profit d'une conception utilitariste de la morale. L'utilitarisme permet, et Ă©ventuellement promeut, le sacrifice du bonheur individuel au profit de celui du plus grand nombre. Dans cette optique, il est considĂ©rĂ© comme lĂ©gitime d'optimiser l'utilisation des ressources mĂ©dicales en privilĂ©giant les patients dont la vie peut ĂȘtre sauvĂ©e, et de considĂ©rer comme un fardeau les ressources destinĂ©es Ă  maintenir en vie des gens qui ne peuvent plus rien apporter Ă  la sociĂ©tĂ©. Cette conception, thĂ©orisĂ©e par le philosophe Peter Singer est notamment dĂ©fendue en Suisse par le prĂ©sident du parti dĂ©mocrate-chrĂ©tien (PDC), Christophe Darbellay[59].

La prise en compte de la souffrance

Selon les opposants à l'euthanasie, les douleurs sont actuellement bien prises en compte et souvent calmées de maniÚre efficace, en particulier dans les services de soins palliatifs. Il persiste des souffrances importantes qui ne sont pas des douleurs. Ainsi :

  • la perte progressive du contrĂŽle sur son propre corps, comme dans le cas de maladies neurodĂ©gĂ©nĂ©ratives ;
  • la sensation d'Ă©touffement ;
  • la dĂ©formation de son corps, et surtout de son visage ;
  • la perte dĂ©finitive de son autonomie.

La baisse des cas d'euthanasie aux Pays-Bas entre 2001 et 2005 semble attribuée, selon les auteurs d'un rapport basé sur des statistiques sur l'euthanasie, à l'amélioration des soins palliatifs[60].

Certains mĂ©decins et commentateurs objectent sur la nĂ©cessitĂ© d'une introduction de l'euthanasie dans la loi, du fait des progrĂšs (prĂ©sents et Ă  venir) de la mĂ©decine palliative dans la lutte contre la souffrance dans sa globalitĂ©. Ainsi, le gĂ©nĂ©ticien Axel Kahn affirme « Je me rĂ©soudrais Ă  une loi d’euthanasie si c’était lĂ  le seul moyen de calmer les souffrances »[53].

Vision du rÎle du médecin

Les avis des mĂ©decins sur la lĂ©galisation de l'euthanasie sont partagĂ©s. Ainsi, une enquĂȘte rĂ©alisĂ©e par l'INSERM en 2003 montre que 45 % des mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes français sont favorables Ă  une dĂ©pĂ©nalisation de l’euthanasie comparable Ă  celle des Pays-Bas. Les auteurs de l'Ă©tude signalent que « Les mĂ©decins les plus impliquĂ©s et les plus Ă  l'aise dans les soins palliatifs et le suivi des fins de vie sont plus souvent hostiles Ă  une lĂ©galisation de l'euthanasie », au contraire de « ceux qui se sentent mal Ă  l'aise face aux patients en fin de vie ». La mĂȘme Ă©tude signale une tendance, notamment parmi les mĂ©decins n'ayant pas reçu de formation spĂ©cifique, Ă  assimiler des techniques telles qu'arrĂȘt de rĂ©animation ou sĂ©dation Ă  de l'euthanasie. Elle indique enfin une corrĂ©lation entre la tendance Ă  faire cette assimilation et le fait de se dĂ©clarer en faveur de l'euthanasie[61].

Dans tous les cas, que l'euthanasie soit ou non dĂ©pĂ©nalisĂ©e, les enjeux pour les mĂ©decins et les Ă©quipes soignantes restent d'ordre Ă©thique : la loi ne l'emporte pas sur la rĂ©flexion Ă©thique et personnelle dans le choix des actes de fin de vie (qu'il s'agisse d'injections lĂ©tales, de dĂ©cision d'arrĂȘt de soins ou de sĂ©dation terminale). Dans le cas de l'euthanasie en particulier, la question de sa lĂ©gitimitĂ© Ă©thique ne se confond pas avec la question de sa lĂ©galisation ou dĂ©pĂ©nalisation. À cet Ă©gard, la philosophe Marta Spranzi relĂšve que « le fait d’autoriser explicitement des membres du corps mĂ©dical Ă  donner la mort, ne fĂ»t-ce que dans l’intention louable de soulager les souffrances des patients, est perçu, notamment par les mĂ©decins eux-mĂȘmes, comme plus problĂ©matique encore que la rĂ©alitĂ© du geste lui-mĂȘme, accompli dans le silence de la relation mĂ©dicale » du fait des dĂ©rives possibles[62].

Arguments sur la nécessité et la praticabilité d'une introduction contrÎlée

Lors de la modification de la lĂ©gislation belge, un des arguments figurant dans l'exposĂ© des motifs est qu'effectuer une euthanasie dans un cadre mĂ©dicalisĂ© Ă©vite des pratiques qui auraient quand mĂȘme eu lieu de façon clandestine, et permet de placer les acteurs dans des conditions de bon encadrement des pratiques et de sĂ©curitĂ© juridique[24].

En sens inverse, le rapport Sicard publiĂ© en 2012 en France considĂšre que l'introduction d'une forme encadrĂ©e d'euthanasie est une illusion[7] : « la pratique euthanasique dĂ©veloppe sa propre dynamique rĂ©sistant Ă  tout contrĂŽle efficace et tend nĂ©cessairement Ă  s’élargir ».

Euthanasie et religion

Église catholique

Pour le catholicisme, dont la doctrine Ă  ce sujet a Ă©tĂ© rappelĂ©e par la lettre encyclique Evangelium vitae (L'Évangile de la vie) du pape Jean-Paul II en 1995, l'euthanasie est en opposition directe avec le 5e commandement : « Tu ne tueras point » (Exode XX/13). En consĂ©quence, toute forme d'euthanasie est prohibĂ©e. Le catĂ©chisme distingue toutefois clairement euthanasie active et le simple refus de l'acharnement thĂ©rapeutique, qu'il considĂšre comme licite[63].

« [
] l’euthanasie est donc un crime qu’aucune loi humaine ne peut prĂ©tendre lĂ©gitimer. Des lois de cette nature, non seulement ne crĂ©ent aucune obligation pour la conscience, mais elles entraĂźnent une obligation grave et prĂ©cise de s’y opposer par l’objection de conscience ». Evangelium vitae, no 73[64].

Cette interdiction entre dans le cadre plus gĂ©nĂ©ral de la dĂ©nonciation d'une « culture de mort » des sociĂ©tĂ©s occidentales pour lesquelles « une incapacitĂ© irrĂ©versible prive une vie de toute valeur ». Au contraire, pour les catholiques, la profondeur de la vocation surnaturelle de l'Homme rĂ©vĂšle la grandeur et le prix de sa vie humaine, mĂȘme dans sa phase temporelle[65].

Mgr Pierre d'Ornellas explique les mots du Pape Jean-Paul II écrits dans Fides et Ratio[66] en montrant que l'autonomie est relationnelle et que la faiblesse de l'autonomie se trouve dans "la remise de soi confiante à un autre qui demeure attentif au respect intégral de sa dignité"[67].

Par ailleurs, les soins palliatifs sont acceptĂ©s, il est notamment « licite de supprimer la douleur au moyen de narcotiques, mĂȘme avec pour effet d'amoindrir la conscience et d'abrĂ©ger la vie » (affirmation de Pie XII rappelĂ©e dans Evangelium vitae, 65).

Le Vatican a réaffirmé en septembre 2007 que l'alimentation des patients dans un « état végétatif » était « obligatoire », à propos du cas de Terri Schiavo, une Américaine dans le coma pendant 15 ans et décédée en 2005 aprÚs que son alimentation eut été interrompue[68].

Le 9 juin 2016, le Pape François invite Ă  ne pas "se cacher derriĂšre une prĂ©tendue compassion pour justifier et approuver la mort d’un malade" et fustige la "culture du rejet" qui "mĂ©prise les personnes qui ne rĂ©pondent pas Ă  des canons de santĂ©, de beautĂ© et d’utilitĂ© dĂ©terminĂ©s"[69].

Le 22 mars 2018, les 118 Ă©vĂȘques de France signent une dĂ©claration intitulĂ©e Fin de vie : oui Ă  l'urgence de la fraternitĂ© ! dans laquelle ils indiquent leur opposition Ă  une loi qui lĂ©galiserait l'euthanasie. Pour eux, la fin de vie doit s'envisager comme un accompagnement plus attentif, non un abandon prĂ©maturĂ© au silence de la mort dans la mesure oĂč le choix du malade ou du mourant, dĂ©crit comme libre, s'envisage nĂ©cessairement dans une dimension collective. Il s'agit donc ne pas faire entrer le suicide dans la vie sociale par le biais d'une coopĂ©ration lĂ©gale[70].

Église orthodoxe

L'Église orthodoxe, tout comme l'Église catholique, refuse l'euthanasie, celle-ci Ă©tant assimilĂ©e Ă  un suicide pour la personne qui veut la subir, et Ă  un homicide pour le mĂ©decin qui la pratique[71].

Pour l’Église orthodoxe, l'euthanasie est exclue par le Commandement « Tu ne tueras pas », qui implique l'interdiction de se tuer soi-mĂȘme ou de se faire tuer par autrui[71]. Le rejet de l'euthanasie (comme du suicide) est fondĂ© sur la reconnaissance du fait que Dieu est le seul maĂźtre de la vie et de la mort, et qu'une euthanasie constitue un rejet du don de la vie accordĂ© par Dieu[72].

En outre, l'Église orthodoxe russe a dĂ©clarĂ© que les patients voulant l'euthanasie peuvent ĂȘtre au moment de la demande dans des Ă©tats de dĂ©sespoir ou de dĂ©pression, ce qui fait qu'accepter de telles requĂȘtes est inacceptable[73]. L’Église orthodoxe russe s'est prononcĂ©e en 2007 contre un projet de loi russe prĂ©voyant la lĂ©galisation de l'euthanasie[74].

JudaĂŻsme

Selon le Grand rabbin de France, HaĂŻm Korsia, lors du diner sur la bioĂ©thique Ă  l’ÉlysĂ©e de fĂ©vrier 2018, l'euthanasie est un « assassinat » : « Toute l'Ă©thique mĂ©dicale est basĂ©e sur le refus absolu de ce qui s'est passĂ© dans les camps de la mort et plus particuliĂšrement Ă  Auschwitz. »[75].

Bouddhisme

Pour le bouddhisme, la mort n'est pas la fin du continuum de l'esprit d'une personne. D'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, le bouddhisme considĂšre la suppression de la vie comme un acte nĂ©gatif. En revanche, du point de vue du mĂ©decin, l'euthanasie peut ĂȘtre un acte de compassion, et son analyse devient dĂ©licate et complexe; la condamnation d'une euthanasie n'est pas automatique[76] - [77] - [78].

De grands maĂźtres du bouddhisme tibĂ©tain comme Kalou RinpochĂ© ou Dilgo Khyentse RinpochĂ© ne sont pas dĂ©favorables Ă  l’euthanasie passive. En revanche, le 14e dalaĂŻ-lama met en garde contre l’euthanasie active, expliquant qu’en essayant d’échapper aux souffrances de cette vie, nous pourrions ĂȘtre confrontĂ©s Ă  ces mĂȘmes souffrances dans une vie future dans des conditions plus difficiles[79].

Le bouddhisme theravada a une position semblable : selon le code monastique (Vinaya), l'euthanasie active ou le suicide assisté sont des fautes graves, alors que l'euthanasie passive est une faute légÚre[80].

Sunnisme

Pour le sunnisme, le consensus semble considérer l'euthanasie active comme un homicide[81]. L'euthanasie passive est tolérée au mieux, interdite sinon, suivant les interprétations.

Hindouisme

De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, l'hindouisme a des convictions proches de celle du bouddhisme. Par consĂ©quent, d'aprĂšs le docteur Agarwal de l’hĂŽpital Sir Ganga Ram de New Delhi « les malades et leurs familles acceptent la maladie, mĂȘme incurable, parce qu'elle incite Ă  comprendre que la mort est inĂ©vitable et qu'elle n'est pas un dĂ©sastre »[82].

Par ailleurs, le pays autorise l'euthanasie passive, comme le suggĂšre la Cour SuprĂȘme Indienne Ă  la suite de l'affaire Aruna Shanbaug : « L'euthanasie active est illĂ©gale. L'euthanasie passive est autorisĂ©e, mais doit ĂȘtre effectuĂ©e sous la supervision de la Haute Cour »[83]. L'euthanasie active est prohibĂ©e car elle enfreint les rĂšgles du Karma: tuer, de n'importe quelle maniĂšre que ce soit, entraĂźne un mauvais karma pour le meurtrier.

Mouvements militants d'opposition Ă  l'euthanasie

En France

En France, on assiste depuis 2014 à l'apparition d'une militance associative contre l'euthanasie, surtout d'inspiration catholique[84]. Parmi les associations opposantes les plus connues, on peut citer CIVITAS[85]. Elle fait suite à l'opposition sur les réseaux sociaux, relevée par la presse dÚs 2009, en particulier du site le Salon beige[85].

ƒuvres traitant de l'euthanasie

Études

  • Nicolas Aumonier, Bernard Beigner et Philippe Letellier, L'Euthanasie, Puf, coll. « Que sais-je ? », 2006.
  • Charles Binet-SanglĂ©, L'Art de mourir : DĂ©fense et technique du suicide secondĂ©, Albin Michel, 1919, rĂ©Ă©ditĂ© en 2007.
  • Bernard DebrĂ©, Nous t'avons tant aimĂ© : L'Euthanasie, l'impossible loi, 2004.
  • Tugdual Derville, La Bataille de l'euthanasie : EnquĂȘte sur les sept affaires qui ont bouleversĂ© la France, Ă©ditions Salvator, coll. « Carte blanche », fĂ©vrier 2012 (ISBN 978-2-7067-0892-3)
  • Axel Kahn, L'Ultime LibertĂ© ?, Ă©ditions Plon, 2008.
  • Jean-Claude Martinez, Euthanasie, stade suprĂȘme du capitalisme, Via Romana, 2013 (ISBN 979-10-90029-49-1)
  • Corine Pelluchon, L'Autonomie brisĂ©e : BioĂ©thique et philosophie, Puf, 2009
  • Jean-Luc Romero, Les Voleurs de libertĂ© : Une loi de fin de vie pour tous les Français, Ă©ditions Florent Massot, 2009.
  • Pierre-Jean Ruff, L'euthanasie: comment respecte-t-on le mieux la vie ?, ThĂ©olib, fĂ©vrier 2013 (ISBN 978-2-36500-061-1)
  • Yves Ternon et Socrate Helman, Le Massacre des aliĂ©nĂ©s, Casterman, 1971.

Romans et témoignages

Films et téléfilms

Musique

Notes et références

  1. Le TrĂ©sor de la langue française (TLF) la dĂ©finit comme une « mort douce, de laquelle la souffrance est absente, soit naturellement, soit par l'effet d'une thĂ©rapeutique dans un sommeil provoquĂ© » et, presque dans les mĂȘmes termes, le Grand Robert de la langue française (GRLF) comme une « mort douce et sans souffrance, survenant naturellement ou grĂące Ă  l'emploi de substances calmantes ou stupĂ©fiantes » ; l’EncyclopĂ©die Hachette multimĂ©dia (EHM) rappelle que le mot « a Ă©tĂ© crĂ©Ă© par le philosophe anglais Francis Bacon, qui estimait que le rĂŽle du mĂ©decin Ă©tait non seulement de guĂ©rir, mais d'attĂ©nuer les souffrances liĂ©es Ă  la maladie et, lorsque la guĂ©rison Ă©tait impossible, de procurer au malade une « mort douce et paisible » » ; le Petit Larousse 2007 (PL07) enfin, s'attachant plutĂŽt Ă  une dĂ©finition lĂ©gale, la donne comme l’« acte d'un mĂ©decin qui provoque la mort d'un malade incurable pour abrĂ©ger ses souffrances ou son agonie », et prĂ©cise qu'il est « illĂ©gal dans la plupart des pays ».
  2. Celle retenue par le Petit Larousse
  3. « euthanasie », dictionnaire Larousse
  4. TLF : « Fait de donner dĂ©libĂ©rĂ©ment la mort Ă  un malade (gĂ©nĂ©ralement incurable ou qui souffre atrocement). Euthanasie agonique » ; EHM : « Avec le dĂ©veloppement des techniques mĂ©dicales, il a pris Ă  partir du dernier tiers du XXe siĂšcle un sens nouveau : celui de mettre fin Ă  la vie du patient pour lui Ă©pargner des souffrances. On distingue alors l'euthanasie active de l'euthanasie passive, selon que la mort rĂ©sulte d'un acte positif du mĂ©decin ou de l'absence de recours Ă  des thĂ©rapeutiques qui auraient pu prolonger la vie » ; PL07 : « Euthanasie passive : acte d'un mĂ©decin qui laisse venir la mort d'un malade incurable sans acharnement thĂ©rapeutique » ; GRLF : « Usage des procĂ©dĂ©s qui permettent de hĂąter ou de provoquer la mort pour dĂ©livrer un malade incurable de souffrances extrĂȘmes, ou pour tout motif d'ordre Ă©thique ».
  5. « Donner la mort au patient est illégal », interview de Jean Leonetti dans Sud Ouest, 12 août 2011
  6. « Avis du comitĂ© consultatif national d'Ă©thique »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?).
  7. Compte-rendu du rapport Sicard, journal La Croix, 18 décembre 2012
  8. Alexandre Baril. « Les personnes suicidaires peuvent-elles parler? ThĂ©oriser l’oppression suicidiste Ă  partir d’un modĂšle sociosubjectif du handicap », Criminologie, 51(2), 2018, 189–212.
  9. Alexandre Baril. “The Somatechnologies of Canada’s Medical Assistance in Dying Law: LGBTQ Discourses on Suicide and the Injunction to Live,” Special Issue: Sexuality in Canada, Somatechnics, 7(2), 2017, p. 201-217.
  10. "loi portant des dispositions diverses urgentes en matiÚre de santé" 18 mai 2022
  11. Bernard Devalois, « SĂ©dation, euthanasie, suicide assistĂ© : et si on arrĂȘtait de tout mĂ©langer ? » La Vie, 26 fĂ©vrier 2013
  12. « Le conseil d’administration prend connaissance du rapport de la Commission spĂ©ciale sur la question de mourir dans la dignitĂ© » Office des personnes handicapĂ©es du QuĂ©bec, 19 juin 2012
  13. RĂ©ponse au professeur Hirsh Ă  propos de l'enquĂȘte sur les dĂ©rives Ă©ventuelles de la lĂ©gislation belge relative Ă  l'euthanasie HĂŽpital Erasme, 22 mars 2012
  14. Françoise Biotti-Mache, « L’euthanasie : quelques Mots de vocabulaire et d’histoire », dans Études sur la mort, (lire en ligne), chap. 150, p. 17-33.
  15. Voir aussi Éric Folot, Étude comparative France-QuĂ©bec sur les dĂ©cisions de fin de vie : le droit sous le regard de l'Ă©thique, Collection Minerve, Cowansville, Éditions Yvon Blais, 2012
  16. Mollie Dunsmuir et al. L'euthanasie et l'aide au suicide, BibliothÚque du Parlement canadien, février 1992, révisé en août 1998
  17. (en) Kyriaki Mystakidou, Efi Parpa, Eleni Tsilika et Emmanuela Katsouda, « The Evolution of Euthanasia and Its Perceptions in Greek Culture and Civilization », Perspectives in Biology and Medicine, vol. 48, no 1,‎ , p. 95–104 (ISSN 1529-8795, DOI 10.1353/pbm.2005.0013, lire en ligne, consultĂ© le )
  18. Thomas More, L'Utopie, Paris, Librio, p. 91.
  19. Francis Bacon, Du progrĂšs et de la promotion des savoirs, livre II, partie 3, p. 150, Gallimard, 1991.
  20. EHM : « L'exercice d'un « bio-pouvoir » eugénique par le régime nazi a entraßné l'élimination de milliers d'enfants malformés ou handicapés. Cet événement et la condamnation unanime qu'il a suscitée aprÚs la Seconde Guerre mondiale ont renforcé les attitudes de rejet de toute forme d'euthanasie. »
  21. Commentaires sur Anne Paillet, Sauver la vie, donner la mort, Paris, La Dispute, coll. « Corps santĂ© sociĂ©tĂ© », 2007 et sur Nancy Kentish-Barnes, Mourir Ă  l’hĂŽpital, Paris, Seuil, 2008, dans Marta Spranzi, « Éthique de la fin de vie », dans La Vie des idĂ©es, 8 juillet 2009 (ISSN 2105-3030)
  22. (en-US) « “What could help me to die?” Doctors clash over euthanasia », The Seattle Times,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  23. GRLF : « Le mot ne s'est employé qu'à propos des humains. Il s'est étendu aux animaux que l'on s'applique à faire mourir sans souffrance, ce qu'autorise l'étymologie » ; PL07: « Acte comparable pratiqué par un vétérinaire sur un chien, un chat, etc. »
  24. Euthanasie : 10 ans aprÚs la dépénalisation, Institut européen de bioéthique
  25. Lire la discussion sur l'euthanasie (en anglais) sur le site du ministĂšre nĂ©erlandais de la SantĂ©, du Bien-Être et des Sports
  26. Consulter la loi sur le site www.legilux.lu
  27. Exposé des motifs du gouvernement tel que publié dans la Proposition de loi de 2002 sur le droit de mourir en dignité (Dossier parlementaire no 4909) sur le site de la Chambre des députés
  28. (es) « Sentencia C-239/97 », sur corteconstitucional.gov.co (consulté le )
  29. (es) Lucas Correa, « Qué dice la ley sobre eutanasia en Colombia: 4 requisitos que se deben cumplir », sur desclab.com (consulté le )
  30. « Oui à l'aide médicale », sur tvanouvelles.ca,
  31. « L'aide médicale à mourir adoptée au Québec », sur lemonde.fr,
  32. « SociĂ©tĂ©. Espagne : les dĂ©putĂ©s approuvent la lĂ©galisation de l’euthanasie », sur Courrier international, (consultĂ© le )
  33. « En Espagne, le Parlement approuve le droit Ă  l’euthanasie », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  34. « Au Portugal, le Parlement légalise l'euthanasie », sur lemonde.fr,
  35. HélÚne Tisserand, « DESA - Demandes d'Euthanasie et de Suicide Assisté », sur MSHE C. N. Ledoux, (consulté le )
  36. François Rigaux, La vie privĂ©e : Une libertĂ© parmi les autres ?, Éditions Larcier, (ISBN 978-2-8044-0032-3), p. 143
  37. V. not. l'article de Aline Cheynet de Beaupré : Vivre et laisser mourir (D.2003.2980).
  38. Cour europĂ©enne des Droits de l’Homme, CEDH, 29 avril 2002, Pretty c. Royaume-Uni, affaire numĂ©ro 2346/02, français (lire en ligne AccĂšs libre)
  39. CEDH, AFFAIRE HAAS c. SUISSE, 20 janvier 2011, 31322/07, « CEDH, AFFAIRE HAAS c. SUISSE, 20 janvier 2011, 31322/07 », français,‎ cedh, affaire haas c. suisse, 20 janvier 2011, 31322/07
  40. « C.E.D.H (1Ăšre sect.), ArrĂȘt Hass c. Suisse du 20 janvier 2001 (Req. N° 31322/07) », C.E.D.H (1Ăšre sect.), ArrĂȘt Hass c. Suisse du 20 janvier 2001 (Req. N° 31322/07),‎ c.e.d.h (1Ăšre sect.), arrĂȘt hass c. suisse du 20 janvier 2001 (req. n° 31322/07)
  41. affaire KOCH contre Allemagne (no 497/09) relative Ă  l’interdiction de l’euthanasie en Allemagne, « affaire KOCH contre Allemagne (no 497/09) relative Ă  l’interdiction de l’euthanasie en Allemagne », français,‎ affaire koch contre allemagne (no 497/09) relative Ă  l’interdiction de l’euthanasie en allemagne
  42. (en) « Stephen Hawking tells how doctors offered to turn off life support in 1985 », sur The Guardian, (consulté le )
  43. Publications de recherche, sur le site parl.gc.ca
  44. « Le jury au procĂšs de
 Ă  se suicider, rend son verdict aprĂšs trois jours de dĂ©libĂ©rations » sur le site radio-canada.ca du 12 dĂ©cembre 2008
  45. (en-GB) « Belgian doctors cleared in first euthanasia trial », BBC News,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  46. « Euthanasie : le docteur Bonnemaison a été suspendu », sur Le Point, (consulté le )
  47. « L'actualité sur Nicolas Bonnemaison par L'Obs », sur L'Obs (consulté le )
  48. (en) Medical Ethics: Select Committee Report
  49. (en) Simon Caldwell, « Now the Dutch turn against legalised mercy killing » Mail online, 9 décembre 2009
  50. Stéphane Kovacs, « Belgique : le nombre d'euthanasies explose », Le Figaro, vendredi 30 mai 2014, page 9.
  51. Stéphane Kovacs, « La Belgique veut étendre l'euthanasie aux mineurs » Le Figaro, 20 février 2013
  52. « 10 ans d’euthanasie en Belgique : pas vraiment un heureux anniversaire » Atlantico.fr, 10 juillet 2012
  53. Axel Kahn, « L’euthanasie : un droit ? une libertĂ© ? » La revue du projet, 6 avril 2011
  54. Robert Badinter, Rapport de la mission d'évaluation de la loi N° 2005-370 du 22 avril 2005, p. 570-571, sur le site assemblee-nationale.fr
  55. « CCNE avant propos à l'Avis 121 », sur ccne-ethique.fr
  56. Prise de position de l'AMM sur les directives anticipées ("Living Wills"), site de l'AMM
  57. Site de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe
  58. Simon Blackburn, Review from Times Literary Supplement, 30 septembre 2005.
  59. Interview de Christophe Darbellay, Le Matin, 10 mai 2009.
  60. Conclusions d'un rapport officiel cité par la Libre Belgique.
  61. Conclusions de l'étude sur le site de l'agence de presse spécialisée APM international
  62. Peut-on distinguer euthanasie active et euthanasie passive ? Marta Spranzi, La Vie des idées, 24 avril 2009 (ISSN 2105-3030).
  63. CatĂ©chisme § 2277 : Quels qu’en soient les motifs et les moyens, l’euthanasie directe consiste Ă  mettre fin Ă  la vie de personnes handicapĂ©es, malades ou mourantes. Elle est moralement irrecevable
 La cessation de procĂ©dures mĂ©dicales onĂ©reuses, pĂ©rilleuses, extraordinaires ou disproportionnĂ©es avec les rĂ©sultats attendus, peut ĂȘtre lĂ©gitime. C’est le refus de « l’acharnement thĂ©rapeutique ». On ne veut pas ainsi donner la mort ; on accepte de ne pas pouvoir l’empĂȘcher.
  64. Evangelium vitae troisiÚme chapitre, « Tu ne tueras pas : La Loi sainte de Dieu ».
  65. Evangelium vitae, Introduction.
  66. « Fides et Ratio », sur vatican.va,
  67. Fin de vie, un enjeu de fraternité, Salvator, , p. 87-100
  68. Visible sur le site de l'agence de presse Apic.
  69. « Le pape s'élÚve contre "une fausse compassion" qui justifie l'euthanasie », sur Famille Chrétienne, .
  70. « Fin de vie: les Ă©vĂȘques de France appellent Ă  « prendre individuellement et collectivement soin les uns des autres » », sur rcf.fr (consultĂ© le )
  71. « Une fin de vie paisible sans douleur, sans honte, - Un éclairage orthodoxe sur les questions éthiques liées à la fin de la vie », Jean-Claude Larchet, éditions du CERF, 2010, p. 82
  72. (en) « Russian Orthodox Church condemns euthanasia », sur pravda.ru, (consulté le ).
  73. « ЕпосĐșĐŸĐż ĐĄĐŒĐŸĐ»Đ”ĐœŃĐșĐžĐč Đž Đ’ŃĐ·Đ”ĐŒŃĐșĐžĐč ĐŸĐ°ĐœŃ‚Đ”Đ»Đ”ĐžĐŒĐŸĐœ рассĐșĐ°Đ·Đ°Đ», Ń‡Đ”ĐŒ ĐŸĐżĐ°ŃĐœĐ° эĐČŃ‚Đ°ĐœĐ°Đ·ĐžŃ / ПраĐČĐŸŃĐ»Đ°ĐČОД.Ru », sur pravoslavie.ru (consultĂ© le ).
  74. « Sputnik France : actualités du jour, infos en direct et en continu », sur ria.ru (consulté le ).
  75. http://www.lavie.fr/actualite/politique/dans-les-coulisses-du-premier-diner-sur-la-bioethique-a-l-elysee-14-02-2018-88059_813.php Dans les coulisses du premier dĂźner sur la bioĂ©thique Ă  l’ÉlysĂ©e, La Vie, 14 fĂ©vrier 2018
  76. La santĂ© face aux droits de l'homme, Ă  l'Ă©thique et aux morales, Éditions du Conseil de l'Europe, Strasbourg, 1996.
  77. Nouvelle Encyclopédie de bioéthique, sous la direction de Gilbert Hottois et Jean-Noël Missa, DeBoeck Université, Bruxelles, 2001
  78. (en) M Forster, « Buddhism and ethical issues: The case of euthanasia » Éthique & SantĂ© Volume 5, numĂ©ro 2, p. 110-114 (juin 2008)
  79. Sogyal Rinpoché, Le Livre tibétain de la vie et de la mort, éditeur LGF, 2005, (ISBN 2-253-06771-7)
  80. (en) Educating Compassion, by Thanissaro Bhikkhu, sur le site accesstoinsight.org
  81. « Souffrance et Euthanasie », sur islamdefrance.fr, (consulté le )
  82. « Euthanasie - Hindouisme et euthanasie (par un médecin hindou) », sur site.christophore.com (consulté le )
  83. « Inde: "euthanasie passive" autorisée », sur lefigaro.fr, (consulté le )
  84. « « Soulager mais pas tuer », un nouveau mouvement contre l’euthanasie », sur macommune.info (consultĂ© le ).
  85. Emilie Cailleau, « Le dĂ©bat sur l'euthanasie secoue la blogosphĂšre », L'Express,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  86. Fiche de You Dont Know Jack

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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