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Francis Bacon (philosophe)

Francis Bacon (Verulamus ou Verulamius en latin[1]), nĂ© le Ă  Londres et mort Ă  Highgate prĂšs de la mĂȘme ville en 1626, baron de Verulam, vicomte de St Albans, Chancelier d'Angleterre, est un scientifique, un philosophe et un homme d'État anglais. Francis Bacon dĂ©veloppe dans son Ɠuvre le De dignitate et augmentis scientiarum[n 1] une thĂ©orie empiriste de la connaissance et, en 1620, il prĂ©cise les rĂšgles de la mĂ©thode expĂ©rimentale dans le Novum organum, ce qui fait de lui l’un des pionniers de la pensĂ©e scientifique moderne.

Francis Bacon
Portrait de Francis Bacon.
Naissance

York House, The Strand
DĂ©cĂšs
SĂ©pulture
St Michael's Church, St Albans (en)
Formation
École/tradition
Précurseur de l'empirisme
Principaux intĂ©rĂȘts
Idées remarquables
méthode expérimentale, logique inductive, savoir = pouvoir, interprétation de la nature, idoles
ƒuvres principales
Du progrĂšs et de la promotion des savoirs, Nouvel Organon
Influencé par
A influencé
Citation
Cure the disease, and kill the patient.
Adjectifs dérivés
baconien, baconienne
PĂšre
MĂšre
Fratrie
Sir Nicholas Bacon (en)
Elizabeth Bacon (en)
Nathaniel Bacon (en)
Edward Bacon (en)
Anthony Bacon
Anne Bacon (d)
Conjoint
Alice Barnham (en) (de Ă  )
Distinction
signature de Francis Bacon
Signature

Il a dĂ©fendu la possibilitĂ© d'une connaissance scientifique basĂ©e uniquement sur un raisonnement inductif et une observation minutieuse des Ă©vĂ©nements de la nature. Plus important encore, il soutenait que la science pouvait ĂȘtre atteinte par l'utilisation d'une approche sceptique et mĂ©thodique par laquelle les scientifiques cherchent Ă  Ă©viter de se tromper eux-mĂȘmes. Bien que ses propositions les plus spĂ©cifiques concernant une telle mĂ©thode, la mĂ©thode baconienne, n'aient pas eu une influence durable, l'idĂ©e gĂ©nĂ©rale de l'importance et de la possibilitĂ© d'une mĂ©thodologie sceptique fait de Bacon le pĂšre de la mĂ©thode scientifique. Cette mĂ©thode a constituĂ© un nouveau cadre rhĂ©torique et thĂ©orique dont les dĂ©tails pratiques sont encore au cƓur des dĂ©bats sur la science et sur la mĂ©thodologie scientifique.

Biographie

Il fut d'abord membre de la Chambre des communes en Angleterre avant de devenir Procureur général pour l'Angleterre et le Pays de Galles, Lord garde des sceaux royaux (en) et finalement chancelier à l'ùge de 57 ans.

Rùgne d'Élisabeth Ire (1561-1603)

Bacon naquit le , Ă  York House (en), dans le Strand oĂč son pĂšre, sir Nicholas Bacon (1509 - 1579) possĂ©dait une rĂ©sidence. Ce dernier fut Lord Keeper (Lord Garde du Grand Sceau) pendant vingt ans. La mĂšre de Bacon, Anne Cooke, Ă©tait la seconde femme de Nicholas Bacon.

Bacon fut envoyĂ©, Ă  l'Ăąge de douze ans (avril 1573) au Trinity College de l'universitĂ© de Cambridge, avec son frĂšre Anthony Bacon (1558-1601). Il se fit remarquer dĂšs son enfance par la prĂ©cocitĂ© de son gĂ©nie, et conçut de bonne heure le dessein de rĂ©former les sciences ; mais il fut longtemps dĂ©tournĂ© de ce projet par le soin de sa fortune. Dans sa jeunesse, il accompagna l'ambassadeur d'Angleterre Amias Paulet (en) en France Ă  la cour de Henri III. RappelĂ© dans son pays par la mort de son pĂšre, il se fit recevoir avocat, et se livra avec succĂšs Ă  l'Ă©tude de la jurisprudence. PrĂ©fĂ©rant nĂ©anmoins la carriĂšre des affaires publiques, il s'attacha au comte d'Essex, et devint membre de la Chambre des communes (1592). Quoiqu'il eĂ»t consenti, pour se concilier la faveur de la reine Élisabeth, Ă  justifier la condamnation du malheureux Essex, son protecteur, il ne reçut d'elle que le titre honorifique de Conseil de la Reine.

Il étudia aussi un temps à l'université de Poitiers.

Avocat-conseil du Roi (1607-1618)

AprĂšs la mort d'Élisabeth, Jacques Ier, qui aimait les savants, Ă©leva rapidement Bacon aux honneurs ; il le nomma successivement solliciteur gĂ©nĂ©ral (1607), puis attorney gĂ©nĂ©ral (1615), membre du conseil privĂ© (1616), garde des Sceaux (1617) et enfin grand chancelier (1618) ; il le fit en outre Baron de Verulam et vicomte de Saint-Alban. C'est dans cette charge qu'il jugea Walter Raleigh (il fut le premier Ă  lui annoncer sa condamnation Ă  mort), puis Thomas Howard (1619).

Bacon seconda puissamment les efforts du roi pour unir les royaumes d'Angleterre et d'Écosse et fit d'utiles rĂ©formes. Mais il avait Ă  peine exercĂ© pendant deux ans les fonctions de grand chancelier qu'il fut accusĂ© par les Communes de s'ĂȘtre laissĂ© corrompre, en acceptant de l'argent pour des concessions de places et de privilĂšges. La raison de sa chute politique est une accusation de corruption envers la cour de chancellerie en 1621.

ProcĂšs et condamnation (1621)

Bacon fut en consĂ©quence condamnĂ© par la Chambre des lords en 1621 Ă  ĂȘtre emprisonnĂ© dans la tour de Londres et Ă  payer une amende de 400 000 livres sterling ; il fut en outre privĂ© de toutes ses dignitĂ©s et exclu des fonctions publiques. Il admit sa faute, reçut une amende et ne remit plus jamais les pieds au Parlement. Par cette sentence sĂ©vĂšre, le Parlement ne voulut pas tant frapper Bacon, dont le crime Ă©tait loin d'ĂȘtre aussi grand qu'on l'a fait croire, qu'atteindre le favori de Jacques, George Villiers de Buckingham, dont le faible chancelier Ă©tait la crĂ©ature et dont il avait trop facilement tolĂ©rĂ© les malversations. Par contre, il se pourrait qu'il ait Ă©tĂ© victime des coups politiques dans le milieu de la cour anglaise. Au bout de quelques jours, le roi lui rendit la libertĂ© et lui fit remise de l'amende.

DerniÚres années (1621-1626)

Quelques années aprÚs, le roi le releva de toutes les incapacités prononcées contre lui (1624). Cependant, Bacon resta depuis sa disgrùce éloigné des affaires, et il consacra les derniÚres années de sa vie à ses travaux philosophiques. Il mourut le 9 avril 1626, à la suite d'expériences de physique qu'il avait faites avec trop d'ardeur. Sur le point de mourir, il écrivit à Lord Arundel :

« Milord, il Ă©tait dans ma destinĂ©e de finir comme Pline l'Ancien, qui mourut pour s’ĂȘtre trop approchĂ© du VĂ©suve, afin d’en mieux observer l’éruption. Je m’occupais avec ardeur d’une ou deux expĂ©riences sur l’endurcissement et la conservation des corps, et tout me rĂ©ussissait Ă  souhait, quand, chemin faisant il me prit, entre Londres et Highgate, un si grand vomissement, que je ne sais si je dois l’attribuer Ă  la pierre, Ă  une indigestion, au froid ou Ă  tous les trois ensemble[2]. »

Des thÚses controversées soutenues en premier par Elizabeth Wells Gallup (en) puis par le général François Cartier (1862-1953) dans Un ProblÚme de cryptographie et d'histoire[3] ou par Pierre Henrion dans plusieurs publications dont Shakespeare: Supreme Masterpiece and Proof Definitive[4] - [5] cherchent à démontrer que Francis Bacon et Shakespeare ne font qu'un[6]. Ces thÚses ne seront pas retenues par les historiens. Leurs principaux contradicteurs sont William Friedman et son épouse Elizabeth, dans The Shakespearean Ciphers Examined.

Francis Bacon est mort d'une pneumonie, le 9 avril 1626 à Highgate, aprÚs avoir contracté une infection pulmonaire lors d'une de ses tentatives de prolonger la durée de vie d'un poulet en le congelant dans de la neige[7].

ƒuvre

Lord Bacon.

En plus d'avoir fait carriÚre en droit et en politique, Francis Bacon a contribué à la science, à la philosophie, à l'histoire et à la littérature. Adversaire de la scolastique, il est le pÚre de l'empirisme[8]. Sa réflexion sur les erreurs des savants le conduit à formuler la célÚbre doctrine des idoles de l'esprit (Idoles du Théùtre, Idoles de la Tribu, Idoles de la Caverne et Idoles du Forum). Il écrit dans Novum Organum que la difficulté que rencontre l'esprit humain dans son effort pour connaßtre la nature, c'est qu'il tend à projeter sur elle ses propres constructions (qu'il appelle des « anticipations »). D'aprÚs Bacon, donc, l'erreur scientifique vient de ce que l'esprit humain tend spontanément à déformer la réalité, au lieu de la refléter fidÚlement.

Au xixe siÚcle, une « thÚse baconnienne » a été introduite, affirmant que Bacon aurait été l'auteur des piÚces de théùtre de Shakespeare. Cependant, cette théorie reste contestée.

Science et méthode

Francis Bacon est le pĂšre de l'empirisme sous sa forme moderne. Kant lui dĂ©dia Ă  ce titre sa Critique de la raison pure. Il pose le premier les fondements de la science moderne et de ses mĂ©thodes[9] - [10] - [11], qu'il conçoit comme entreprise collective — ce qui le distinguera de la recherche solitaire prĂŽnĂ©e en grande partie par Descartes dans le Discours de la mĂ©thode — fondĂ©e sur l'observation des faits naturels, des arts et techniques et la recherche des causes naturelles.

Il projeta d'écrire un ouvrage intitulé Instauratio magna, qui devait comprendre six parties :

  • De Augmentis Scientiarum (la revue des sciences)
  • Novum Organum (la mĂ©thode nouvelle)
  • Historia Naturalis (le recueil des faits et des observations)
  • Scala Intellectus (l'art d'appliquer la mĂ©thode aux faits recueillis)
  • Anticipationes PhilosophiĂŠ Secunda (les rĂ©sultats provisoires de la mĂ©thode)
  • Philosophia Secunda aut Scientia ActivĂŠ (les rĂ©sultats dĂ©finitifs ou philosophie seconde)

De ces six parties, deux seulement ont été exécutées (De dignitate et augmentis scientiarum et le Novum Organum, qu'on peut traduire par « Nouvel instrument » ou « nouvelle logique »[12], son ouvrage le plus célÚbre). Il ne reste sur les autres parties que des ébauches incomplÚtes. Bacon est considéré comme le pÚre de la philosophie expérimentale : l'idée fondamentale de tous ses travaux est de faire, comme il le dit, une restauration des sciences, et de substituer aux vaines hypothÚses et aux subtiles argumentations qui étaient alors en usage dans la scolastique, l'observation et les expériences qui font connaßtre les faits, puis une induction légitime, qui découvre les lois de la nature et les causes des phénomÚnes, en se fondant sur le plus grand nombre possible de comparaisons et d'exclusions.

Le De dignitate et augmentis scientiarum (« De la dignitĂ© et de l'accroissement des savoirs ») Ă©tablit une classification des sciences de son Ă©poque et signale leurs lacunes, et le Novum Organum expose une mĂ©thode pour guider l’esprit et avancer dans les sciences et dans la connaissance.

Dans son Ă©tude des faux raisonnements, sa meilleure contribution concerne la doctrine des idoles. Il Ă©crit ainsi dans le Novum Organum, en opposition Ă  Aristote, que la connaissance nous vient sous forme d'objets de la nature, mais que l'on impose nos propres interprĂ©tations sur ces objets. D'aprĂšs Bacon, nos thĂ©ories scientifiques sont construites en fonction de la façon dont nous voyons les objets ; l'ĂȘtre humain est donc biaisĂ© dans sa dĂ©claration d'hypothĂšses. Pour Bacon, « la science vĂ©ritable est la science des causes ». S’opposant Ă  la scolastique rĂ©duite Ă  l'interprĂ©tation des textes classiques[13], il soutient l’« interprĂ©tation de la nature », oĂč l’observation directe des faits enrichit le savoir. Il cherche ainsi une voie moyenne entre l'accumulation empirique des faits, sans tentative de les mettre en ordre, et le raisonnement thĂ©orique ne procĂ©dant qu'Ă  partir de principes et de dĂ©duction :

« Les empiriques, semblables aux fourmis, ne savent qu’amasser et user ; les rationalistes, semblables aux araignĂ©es, font des toiles qu’ils tirent d’eux-mĂȘmes ; le procĂ©dĂ© de l’abeille tient le milieu entre ces deux : elle recueille ses matĂ©riaux sur les fleurs des jardins et des champs ; mais elle les transforme et les distille par une vertu qui lui est propre : c’est l’image du vĂ©ritable travail de la philosophie, qui ne se fie pas aux seules forces de l’esprit humain et n’y prend mĂȘme pas son principal appui. [...] C’est pourquoi il y a tout Ă  espĂ©rer d'une alliance intime et sacrĂ©e de ces deux facultĂ©s expĂ©rimentale et rationnelle ; alliance qui ne s'est pas encore rencontrĂ©e[14]. »

Bacon, Ă  travers la phrase « On ne commande la nature qu’en lui obĂ©issant[15] » (« Natura non nisi parendo vincitur ») met en Ă©vidence l'affinitĂ© entre la connaissance thĂ©orique et l'opĂ©ration technique et pratique (Novum Organum, I, 124), ce qui lui vaudra, Ă  tort, d'ĂȘtre accusĂ© d'utilitarisme par certains historiens des sciences. La connaissance est un pouvoir car elle permet d'agir sur l'objet Ă©tudiĂ© de façon Ă  obtenir ce que l'on veut de lui. Il ajoute que la technique et la science sont complĂ©mentaires, car la science permet de concevoir des inventions, comme la connaissance de la lumiĂšre permet de fabriquer des microscopes, et qu'elle permet une mise en ordre des faits observĂ©s, mais que la technique permet d'explorer les faits, un microscope servant ainsi Ă  de nouvelles dĂ©couvertes.

On lui doit Ă©galement plusieurs concepts d’ordre mĂ©dicinaux et moraux, comme le concept d'euthanasie. Il Ă©crit dans un passage de The Advancement of Learning (en)[16] : « De Euthanasia exteriore. Plus encore, j’estime que c’est la tĂąche du mĂ©decin non seulement de faire retrouver la santĂ©, mais encore d’attĂ©nuer les souffrances et les douleurs. Et ce, non pas seulement quand un tel adoucissement est propice Ă  la guĂ©rison, mais aussi quand il peut aider Ă  trĂ©passer paisiblement et facilement. »

« Ce ne sont pas des ailes qu'il faut ajouter à l'entendement, précisait-il, mais du plomb. »

— Francis Bacon[17]

Critique

Alexandre Koyré porte un jugement trÚs négatif sur sa méthode[18] :

« “Bacon initiateur de la science moderne” est une plaisanterie, et fort mauvaise, que rĂ©pĂštent encore les manuels. En fait, Bacon n'a jamais rien compris Ă  la science. Il est crĂ©dule et totalement dĂ©nuĂ© d’esprit critique. Sa mentalitĂ© est plus proche de l’alchimie, de la magie (il croit aux “sympathies”), bref, de celle d’un primitif ou d’un homme de la Renaissance que de celle d’un GalilĂ©e, ou mĂȘme d'un scolastique. »

Science et politique

Portrait de Francis Bacon par Paul van Somer (1617), huile sur bois, conservé au palais Ɓazienki de Varsovie.

L'idée prophétique de Francis Bacon était d'institutionnaliser une forme d'apprentissage expérimental afin de former une classe de scientifiques expérimentaux ayant les moyens de quérir le pouvoir. Cf. La Nouvelle Atlantide.

Il a formulĂ© en 1597, l'Ă©quation fameuse, Nam et ipsa scientia potestas est, que l'on peut traduire par « En effet le savoir lui-mĂȘme est pouvoir », plus connue sous sa forme moderne : « Savoir, c'est pouvoir[19] », formule qui se trouve d'ailleurs dĂ©jĂ  chez Abu'l-Qāsem Ferdousi (voir FerdowsĂź) (935–1020)[20].

« Le savoir dĂ©rivĂ© d’Aristote, s'il est soustrait au libre examen, ne montera pas plus haut que le savoir qu'Aristote avait. »

— Francis Bacon[21]

Langage

Il est à l'origine d'une méthode de cryptographie : l'alphabet bilitÚre (à deux lettres)[22].

Il élabora le schéma d'une langue universelle[23] - [24].

Organisation de la connaissance

Francis Bacon soutient l'idĂ©e qu'une classification des connaissances doit ĂȘtre universelle tout en utilisant la totalitĂ© des ressources disponibles. Selon lui, l'humanitĂ© serait meilleure si l'accĂšs aux ressources Ă©ducatives Ă©tait offert Ă  tous, d'oĂč la nĂ©cessitĂ© de l'organiser. Son approche de l'apprentissage a transformĂ© la vision occidentale de la thĂ©orie de la connaissance en opĂ©rant un transfert de la motivation de l'individu Ă  l'intĂ©rĂȘt de la sociĂ©tĂ©. C'est ainsi que Bacon organise tous les types de savoirs en trois groupes gĂ©nĂ©raux : histoire, poĂ©sie et philosophie. Il le fait en fonction de sa propre comprĂ©hension des mĂ©canismes du traitement de l'information que sont respectivement la mĂ©moire, l'imagination et la raison. Son approche mĂ©thodique de la catĂ©gorisation des connaissances va de pair avec les principes de sa mĂ©thode scientifique. Les Ă©crits de Bacon ont Ă©tĂ© le point de dĂ©part du systĂšme de classification de William Torrey Harris (en) pour les bibliothĂšques des États-Unis dans la seconde moitiĂ© des annĂ©es 1800.

Autres opuscules

Il a aussi laissé quelques opuscules philosophiques, qui ont été publiés en 1653 par Isidor Gruter à Amsterdam, sous le titre de Scripta in naturali et universali philosophia, 1 vol. in-18 ; des Discours, qu'il avait prononcés, soit comme solliciteur et procureur général, soit comme membre du parlement, et enfin un grand nombre de Lettres qui éclairent sa vie et son caractÚre.

Et encore De la Sagesse des Anciens :

« Dans un style d’une grande Ă©lĂ©gance et concision Bacon expose trente-et-une fables des « anciens poĂštes » ; Ă  la narration de chacune faisant suite une interprĂ©tation extrĂȘmement dense, qui met en jeu l'une ou plusieurs des grandes orientations de la pensĂ©e baconienne : philosophie de la nature, thĂ©orie de la science, morale, pensĂ©e politique. »

— J. P. CavaillĂ©, introduction de La Sagesse des anciens[25].

Vie privée

À l'Ăąge de 45 ans, Francis Bacon a contractĂ© un mariage avec Alice Barnham (en)[26].

La nature de la sexualité de Francis Bacon, dont il est notoire qu'il a accueilli dans le lit conjugal certains de ses serviteurs de sexe masculin[27] - [28], fait depuis longtemps l'objet de discussions[29].

À la date du , Simon d’Ewes (en), un opposant rĂ©solu, fait dans son journal intime le rĂ©cit circonstanciĂ© des pratiques homosexuelles supposĂ©es de son adversaire, Ă  un moment oĂč celui-ci connaĂźt d'importantes difficultĂ©s politiques : « Il n'abandonna pas la pratique de cet Ă©pouvantable pĂ©chĂ© secret de sodomie, conservant Ă  ses cĂŽtĂ©s ce Godrick, jeunot au visage effĂ©minĂ©, comme catamite et compagnon de lit, alors qu'il avait remerciĂ© presque tous ses autres domestiques ; ce qu'il convient d'admirer, car l'homme, aprĂšs sa chute, se met gĂ©nĂ©ralement Ă  discourir sur ce crime contre nature, bien qu'il l'ait pratiquĂ© de nombreuses annĂ©es, desservant le lit de sa dame, qu'il estimait, comme les Turcs et les Italiens, ĂȘtre un plaisir petit et infime comparĂ© Ă  l’autre. »

Quelques décennies aprÚs d'Ewes, John Aubrey (1626-1697), auteur de nombreuses biographies, décrit Bacon comme un « pédéraste », mentionnant ses « GanymÚdes » et ses « favoris[30] ».

Certains auteurs considÚrent que ces éléments ne donnent pas lieu à considérer que Bacon ait été homosexuel ou bisexuel[31].

ƒuvres de Bacon

  • 1597 : Meditationes SacrĂŠ. Ouvrage thĂ©ologique.
  • 1597 : Essais de morale et de politique (en). (traduction latine, sous le titre de Sermones fideles, 1633).
  • 1603 : Valerius Terminus of the Interpretation of Nature.
  • 1603 : De Interpretatione NaturĂŠ ProƓmium.
  • 1603 : Temporis Partus Masculus (Ă  nouveau en 1608).
  • 1604 : Cogitationes de Scientia Humana.
  • 1605 : Of the Proficience and Advancement of Learning Divine and Human (livres I et II) (Du progrĂšs et de la promotion des savoirs, Gallimard, 1991, (ISBN 2-07-072141-8)). Traduction latine en 1623, sous le titre De dignitate et augmentis scientiarum libri IX.
  • 1606-1607 : Partis Instaurationis SecundĂŠ DelinĂŠtio et Argumentum.
  • 1607 : Cogitata et Visa de Interpretatione NaturĂŠ
  • 1608 : De Interpretatione NaturĂŠ SententiĂŠ XII
  • 1608 : Aphorismi et Consilia de Auxiliis Mentis et Accessione Luminis.
  • 1608-1609 : Redargutio Philosophiarum.
  • 1609 : De sapientia veterum.
  • 1620 : Instauratio Magna Scientiarum (traduction française du titre en Grande Restauration). Ouvrage encyclopĂ©dique rĂ©digĂ© en latin. Sur les six parties initialement prĂ©vues, nous ne possĂ©dons que des Ă©bauches de la premiĂšre et de la troisiĂšme, tandis que les trois derniĂšres ne furent jamais rĂ©digĂ©es. La seconde partie du traitĂ©, en revanche, est la seule Ă  avoir Ă©tĂ© achevĂ©e. Il s'agit du cĂ©lĂšbre Novum Organum (PUF, 1986), un texte dĂ©volu Ă  l'exposĂ© de la mĂ©thode inductive, visant Ă  dĂ©passer la logique aristotĂ©licienne.
    Bacon, Sylva sylvarum
  • 1622 : Exemplum Tractatus de Justitia Universali, sive de Fontibus Juris.
  • 1622 : Historia ventorum.
  • 1622 : Histoire de Henri VII (en anglais ; 1627 en latin).
  • 1622 : New Atlantis ou Atlantis nova. IngĂ©nieuse utopie philosophique.
  • 1627 : Sylva Sylvarum, en anglais, posthume.
  • 1658 : Historia densi et rari.
  • 1662 : Historia vitae et morlis.
  • 1843 : ƒuvres de Francis Bacon en deux tomes, traduits en français et prĂ©sentĂ©s par M. F. Riaux. Tome I, De la dignitĂ© et de l'accroissement des sciences. Tome 2, Nouvel organum. Essais de Morale et de Politique. De la sagesse des Anciens. Paris, Charpentier.
  • 1945 : Essais, Bruxelles, Éditions La BoĂ©tie.
  • 1995 : La Nouvelle Atlantide, Paris, Flammarion, (ISBN 2-08-070770-1).
  • 2002 : Sur le prolongement de la vie et les moyens de mourir, Paris, Rivages.
  • 2008 : ƒuvres complĂštes, Paris, L'Harmattan.
  • 2010 : RĂ©cusations des doctrines philosophiques et autres opuscules, Paris, Hermann.

Notes et références

Notes


  1. De dignitate et augmentis scientiarum et Novum organum ne sont en fait qu'un seul ouvrage intitulé Instauratio magna.

Références

  1. Par exemple, Huygens à Leibniz, 4 février 1692 (lire en ligne). Descartes écrit Verulam ou Verulamus (lettre du 10 mai 1632 : AT, I, 251).
  2. Cité par Jean-Baptiste Vauzelles, Histoire de la vie et des ouvrages de François Bacon, 1833, tome II, p. 190).
  3. Un ProblĂšme de cryptographie et d'histoire, Mercure de France, Paris, 1938, 4e Ă©dition.
  4. Shakespeare: Supreme Masterpiece and Proof Definitive, 1964, chez l'auteur.
  5. « William Shakespeare », sur infomysteres.com, (consulté le ).
  6. Thiel, Peter. et Blake, Masters (trad. de l'anglais par J.-F. Hel Guedj), De zéro à un : comment construire le futur, Paris, JC LattÚs, dl 2016, cop. 2016, 276 p. (ISBN 978-2-7096-4931-5 et 2709649314, OCLC 945422988, lire en ligne), p. 102.
  7. Roger Caratini, Initiation à la philosophie : 2500 ans de philosophie Occidentale, Paris, Éditions Archipoche, , 718 p. (ISBN 978-2-35287-342-6, lire en ligne), p. 624 sur Google Livres.
  8. Pour plus de détails, voir : Michel Malherbe, Jean-Marie Pousseur, Francis Bacon, science et méthode en ligne sur Google Livres.
  9. Jean PestrĂ© (rĂ©dacteur) et Diderot (dir.), EncyclopĂ©die, « Baconisme ou philosophie de Bacon » : « Le chancelier Bacon est un de ceux qui ont le plus contribuĂ© Ă  l'avancement des Sciences. »
  10. Voltaire, Lettre sur le chancelier Bacon, sur Wikisource :
    « C’est l’échafaud avec lequel on a bĂąti la nouvelle philosophie. [
] Il est le pĂšre de la philosophie expĂ©rimentale. [
] En un mot, personne avant le chancelier Bacon n’avait connu la philosophie expĂ©rimentale ; et de toutes les Ă©preuves physiques qu’on a faites depuis lui, il n’y en a presque pas une qui ne soit indiquĂ©e dans son livre. »
  11. L'Organon était un terme utilisé par les commentateurs d'Aristote pour désigner ses traités concernant la science et la logique.
  12. Francis Bacon la fustige Ă  travers cette cĂ©lĂšbre dĂ©claration, tirĂ©e du Novum Organum : « La science doit ĂȘtre tirĂ©e de la lumiĂšre de la nature, elle ne doit pas ĂȘtre retirĂ©e de l’obscuritĂ© de l’antiquitĂ©. »
  13. Novum Organum (texte en ligne), Francis Bacon, nouvelle traduction de Lorquet, Hachette, 1857, p.51.
  14. Nouvelles sciences: modeles techniques et pensée politique de F. Bacon à Condorcet, page.37.
  15. Dominique Weber, « La prolongation de la vie humaine selon Francis Bacon. Ou : quel Tithon voulons-nous ĂȘtre ? », AstĂ©rion,‎ (ISSN 1762-6110, lire en ligne)
  16. « Bacon Francis », sur l’EncyclopĂ©die de l'Agora.
  17. Alewandre KoyrĂ©, Études galilĂ©ennes, Paris, Hermann, 1966, p. 12.
  18. Sir Francis Bacon, Meditationes Sacrae (1597), XI, De haeresibus, in Exemplum Tractatus de Fontibus Juris and other latin pieces of Lord Bacon (tr. anglaise par James Glassford), Waugh & Innes, 1823, p. 191. Texte original latin dans ƒuvres philosophiques de Bacon, avec notice, sommaires et Ă©claircissemens, par M. Bouillet, t. 3, Paris, 1834, p. 474 ; consultable sur Google Books. Pour le contexte, voir Eli Thorkelson, ‘'The will to knowledge and cultural crisis in universities, prononcĂ© Ă  Rethinking The University: Labor, Knowledge, Value, UniversitĂ© du Minnesota, 11 avril 2008, en ligne.
  19. Voir par exemple le site EncyclopĂŠdia Iranica.
  20. MichĂšle LE DƒUFF., « BACON chancelier FRANCIS (1560 ou 1561-1626). », sur http://www.universalis.fr/encyclopedie (consultĂ© le ).
  21. Francis Bacon et Francis-Marie Riaux, Oeuvres, Charpentier, (lire en ligne)
  22. C’est en 1605 dans The Advancement of Learning qu’il Ă©nonce son systĂšme dans lequel il y aurait autant de caractĂšres que de “mots radicaux” reprĂ©sentant des choses ou des notions (voir Jonathan Cohen, “On the Project of a Universal Character”, Mind, lxiii, 1954, p. 51). La finalitĂ© universelle d’un tel systĂšme se perçoit davantage dans De Augmentis Scientiarum de 1623 oĂč il affirme que chaque pays pourra lire dans sa propre langue un livre Ă©crit dans le caractĂšre qu’il propose, Ă  l’image de la langue chinoise qui est la mĂȘme Ă  l’écrit dans tout l’empire et qui est pourtant parlĂ©e diffĂ©remment dans chaque province chinoise (Cornelius, op. cit., 27).
  23. Francis Bacon et Joseph Devey, Advancement of learning. Edited by Joseph Devey, New York P.F. Collier, (lire en ligne)
  24. La Sagesse des anciens, Francis Bacon (trad. du latin par J. P. Cavaillé), La Sagesse des anciens : introduction, Paris, Vrin, , 161 p. (ISBN 2-7116-1302-X), p. 11.
  25. Peltonen 1996, p. 14
  26. (en) James Neill, The Origins and Role of Same-sex Relations in Human Societies, p. 402
  27. (en) Bruce R. Smith, Homosexual Desire in Shakespeare's England: A Cultural Poetics, p. 26
  28. Des opinions contradictoires sont notamment reprĂ©sentĂ©es d'un cĂŽtĂ© par : A. L. Rowse, Homosexuals in History, New York: Carroll & Garf, 1977, page 44 ; Jardine, Lisa, Stewart, Alan Hostage To Fortune: The Troubled Life of Francis Bacon, Hill & Wang, 1999, page 148 et de l'autre par Nieves Mathews, Francis Bacon: The History of a Character Assassination, Yale University Press, 1996 ; Ross Jackson, The Companion to Shaker of the Speare: The Francis Bacon Story, England: Book Guild Publishing, 2005, pages 45 – 46
  29. (en) Victoria Kahn, Lorna Hutson, ‘'Rhetoric and law in early modern Europe, p. 128
  30. C'est par exemple l'opinion de Nieves Mathews, cf. Francis Bacon: The History of a Character Assassination (Yale University Press, 1996)

Voir aussi

Bibliographie

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  • RĂ©musat, Charles de (1797-1875). Bacon, sa vie, son temps, sa philosophie et son influence jusqu’à nos jours, Paris, Didier, 1858, XV-464 p. En ligne
  • Pierre-Maxime Schuhl, Pour connaĂźtre la pensĂ©e de Lord Bacon, Paris, Bordas, 1949.

Articles connexes

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