Francis Bacon (philosophe)
Francis Bacon (Verulamus ou Verulamius en latin[1]), nĂ© le Ă Londres et mort Ă Highgate prĂšs de la mĂȘme ville en 1626, baron de Verulam, vicomte de St Albans, Chancelier d'Angleterre, est un scientifique, un philosophe et un homme d'Ătat anglais. Francis Bacon dĂ©veloppe dans son Ćuvre le De dignitate et augmentis scientiarum[n 1] une thĂ©orie empiriste de la connaissance et, en 1620, il prĂ©cise les rĂšgles de la mĂ©thode expĂ©rimentale dans le Novum organum, ce qui fait de lui lâun des pionniers de la pensĂ©e scientifique moderne.
Naissance | York House, The Strand |
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DĂ©cĂšs | |
SĂ©pulture |
St Michael's Church, St Albans (en) |
Formation | |
Ăcole/tradition |
Précurseur de l'empirisme |
Principaux intĂ©rĂȘts | |
Idées remarquables |
méthode expérimentale, logique inductive, savoir = pouvoir, interprétation de la nature, idoles |
Ćuvres principales |
Du progrĂšs et de la promotion des savoirs, Nouvel Organon |
Influencé par | |
A influencé | |
Citation |
Cure the disease, and kill the patient. |
Adjectifs dérivés |
baconien, baconienne |
PĂšre | |
MĂšre | |
Fratrie | |
Conjoint |
Alice Barnham (en) (de Ă ) |
Distinction |
Il a dĂ©fendu la possibilitĂ© d'une connaissance scientifique basĂ©e uniquement sur un raisonnement inductif et une observation minutieuse des Ă©vĂ©nements de la nature. Plus important encore, il soutenait que la science pouvait ĂȘtre atteinte par l'utilisation d'une approche sceptique et mĂ©thodique par laquelle les scientifiques cherchent Ă Ă©viter de se tromper eux-mĂȘmes. Bien que ses propositions les plus spĂ©cifiques concernant une telle mĂ©thode, la mĂ©thode baconienne, n'aient pas eu une influence durable, l'idĂ©e gĂ©nĂ©rale de l'importance et de la possibilitĂ© d'une mĂ©thodologie sceptique fait de Bacon le pĂšre de la mĂ©thode scientifique. Cette mĂ©thode a constituĂ© un nouveau cadre rhĂ©torique et thĂ©orique dont les dĂ©tails pratiques sont encore au cĆur des dĂ©bats sur la science et sur la mĂ©thodologie scientifique.
Biographie
Il fut d'abord membre de la Chambre des communes en Angleterre avant de devenir Procureur général pour l'Angleterre et le Pays de Galles, Lord garde des sceaux royaux (en) et finalement chancelier à l'ùge de 57 ans.
RĂšgne d'Ălisabeth Ire (1561-1603)
Bacon naquit le , Ă York House (en), dans le Strand oĂč son pĂšre, sir Nicholas Bacon (1509 - 1579) possĂ©dait une rĂ©sidence. Ce dernier fut Lord Keeper (Lord Garde du Grand Sceau) pendant vingt ans. La mĂšre de Bacon, Anne Cooke, Ă©tait la seconde femme de Nicholas Bacon.
Bacon fut envoyĂ©, Ă l'Ăąge de douze ans (avril 1573) au Trinity College de l'universitĂ© de Cambridge, avec son frĂšre Anthony Bacon (1558-1601). Il se fit remarquer dĂšs son enfance par la prĂ©cocitĂ© de son gĂ©nie, et conçut de bonne heure le dessein de rĂ©former les sciences ; mais il fut longtemps dĂ©tournĂ© de ce projet par le soin de sa fortune. Dans sa jeunesse, il accompagna l'ambassadeur d'Angleterre Amias Paulet (en) en France Ă la cour de Henri III. RappelĂ© dans son pays par la mort de son pĂšre, il se fit recevoir avocat, et se livra avec succĂšs Ă l'Ă©tude de la jurisprudence. PrĂ©fĂ©rant nĂ©anmoins la carriĂšre des affaires publiques, il s'attacha au comte d'Essex, et devint membre de la Chambre des communes (1592). Quoiqu'il eĂ»t consenti, pour se concilier la faveur de la reine Ălisabeth, Ă justifier la condamnation du malheureux Essex, son protecteur, il ne reçut d'elle que le titre honorifique de Conseil de la Reine.
Il étudia aussi un temps à l'université de Poitiers.
Avocat-conseil du Roi (1607-1618)
AprĂšs la mort d'Ălisabeth, Jacques Ier, qui aimait les savants, Ă©leva rapidement Bacon aux honneurs ; il le nomma successivement solliciteur gĂ©nĂ©ral (1607), puis attorney gĂ©nĂ©ral (1615), membre du conseil privĂ© (1616), garde des Sceaux (1617) et enfin grand chancelier (1618) ; il le fit en outre Baron de Verulam et vicomte de Saint-Alban. C'est dans cette charge qu'il jugea Walter Raleigh (il fut le premier Ă lui annoncer sa condamnation Ă mort), puis Thomas Howard (1619).
Bacon seconda puissamment les efforts du roi pour unir les royaumes d'Angleterre et d'Ăcosse et fit d'utiles rĂ©formes. Mais il avait Ă peine exercĂ© pendant deux ans les fonctions de grand chancelier qu'il fut accusĂ© par les Communes de s'ĂȘtre laissĂ© corrompre, en acceptant de l'argent pour des concessions de places et de privilĂšges. La raison de sa chute politique est une accusation de corruption envers la cour de chancellerie en 1621.
ProcĂšs et condamnation (1621)
Bacon fut en consĂ©quence condamnĂ© par la Chambre des lords en 1621 Ă ĂȘtre emprisonnĂ© dans la tour de Londres et Ă payer une amende de 400 000 livres sterling ; il fut en outre privĂ© de toutes ses dignitĂ©s et exclu des fonctions publiques. Il admit sa faute, reçut une amende et ne remit plus jamais les pieds au Parlement. Par cette sentence sĂ©vĂšre, le Parlement ne voulut pas tant frapper Bacon, dont le crime Ă©tait loin d'ĂȘtre aussi grand qu'on l'a fait croire, qu'atteindre le favori de Jacques, George Villiers de Buckingham, dont le faible chancelier Ă©tait la crĂ©ature et dont il avait trop facilement tolĂ©rĂ© les malversations. Par contre, il se pourrait qu'il ait Ă©tĂ© victime des coups politiques dans le milieu de la cour anglaise. Au bout de quelques jours, le roi lui rendit la libertĂ© et lui fit remise de l'amende.
DerniÚres années (1621-1626)
Quelques années aprÚs, le roi le releva de toutes les incapacités prononcées contre lui (1624). Cependant, Bacon resta depuis sa disgrùce éloigné des affaires, et il consacra les derniÚres années de sa vie à ses travaux philosophiques. Il mourut le 9 avril 1626, à la suite d'expériences de physique qu'il avait faites avec trop d'ardeur. Sur le point de mourir, il écrivit à Lord Arundel :
« Milord, il Ă©tait dans ma destinĂ©e de finir comme Pline l'Ancien, qui mourut pour sâĂȘtre trop approchĂ© du VĂ©suve, afin dâen mieux observer lâĂ©ruption. Je mâoccupais avec ardeur dâune ou deux expĂ©riences sur lâendurcissement et la conservation des corps, et tout me rĂ©ussissait Ă souhait, quand, chemin faisant il me prit, entre Londres et Highgate, un si grand vomissement, que je ne sais si je dois lâattribuer Ă la pierre, Ă une indigestion, au froid ou Ă tous les trois ensemble[2]. »
Des thÚses controversées soutenues en premier par Elizabeth Wells Gallup (en) puis par le général François Cartier (1862-1953) dans Un ProblÚme de cryptographie et d'histoire[3] ou par Pierre Henrion dans plusieurs publications dont Shakespeare: Supreme Masterpiece and Proof Definitive[4] - [5] cherchent à démontrer que Francis Bacon et Shakespeare ne font qu'un[6]. Ces thÚses ne seront pas retenues par les historiens. Leurs principaux contradicteurs sont William Friedman et son épouse Elizabeth, dans The Shakespearean Ciphers Examined.
Francis Bacon est mort d'une pneumonie, le 9 avril 1626 à Highgate, aprÚs avoir contracté une infection pulmonaire lors d'une de ses tentatives de prolonger la durée de vie d'un poulet en le congelant dans de la neige[7].
Ćuvre
En plus d'avoir fait carriÚre en droit et en politique, Francis Bacon a contribué à la science, à la philosophie, à l'histoire et à la littérature. Adversaire de la scolastique, il est le pÚre de l'empirisme[8]. Sa réflexion sur les erreurs des savants le conduit à formuler la célÚbre doctrine des idoles de l'esprit (Idoles du Théùtre, Idoles de la Tribu, Idoles de la Caverne et Idoles du Forum). Il écrit dans Novum Organum que la difficulté que rencontre l'esprit humain dans son effort pour connaßtre la nature, c'est qu'il tend à projeter sur elle ses propres constructions (qu'il appelle des « anticipations »). D'aprÚs Bacon, donc, l'erreur scientifique vient de ce que l'esprit humain tend spontanément à déformer la réalité, au lieu de la refléter fidÚlement.
Au xixe siÚcle, une « thÚse baconnienne » a été introduite, affirmant que Bacon aurait été l'auteur des piÚces de théùtre de Shakespeare. Cependant, cette théorie reste contestée.
Science et méthode
Francis Bacon est le pĂšre de l'empirisme sous sa forme moderne. Kant lui dĂ©dia Ă ce titre sa Critique de la raison pure. Il pose le premier les fondements de la science moderne et de ses mĂ©thodes[9] - [10] - [11], qu'il conçoit comme entreprise collective â ce qui le distinguera de la recherche solitaire prĂŽnĂ©e en grande partie par Descartes dans le Discours de la mĂ©thode â fondĂ©e sur l'observation des faits naturels, des arts et techniques et la recherche des causes naturelles.
Il projeta d'écrire un ouvrage intitulé Instauratio magna, qui devait comprendre six parties :
- De Augmentis Scientiarum (la revue des sciences)
- Novum Organum (la méthode nouvelle)
- Historia Naturalis (le recueil des faits et des observations)
- Scala Intellectus (l'art d'appliquer la méthode aux faits recueillis)
- Anticipationes PhilosophiÊ Secunda (les résultats provisoires de la méthode)
- Philosophia Secunda aut Scientia ActivÊ (les résultats définitifs ou philosophie seconde)
De ces six parties, deux seulement ont été exécutées (De dignitate et augmentis scientiarum et le Novum Organum, qu'on peut traduire par « Nouvel instrument » ou « nouvelle logique »[12], son ouvrage le plus célÚbre). Il ne reste sur les autres parties que des ébauches incomplÚtes. Bacon est considéré comme le pÚre de la philosophie expérimentale : l'idée fondamentale de tous ses travaux est de faire, comme il le dit, une restauration des sciences, et de substituer aux vaines hypothÚses et aux subtiles argumentations qui étaient alors en usage dans la scolastique, l'observation et les expériences qui font connaßtre les faits, puis une induction légitime, qui découvre les lois de la nature et les causes des phénomÚnes, en se fondant sur le plus grand nombre possible de comparaisons et d'exclusions.
Le De dignitate et augmentis scientiarum (« De la dignitĂ© et de l'accroissement des savoirs ») Ă©tablit une classification des sciences de son Ă©poque et signale leurs lacunes, et le Novum Organum expose une mĂ©thode pour guider lâesprit et avancer dans les sciences et dans la connaissance.
Dans son Ă©tude des faux raisonnements, sa meilleure contribution concerne la doctrine des idoles. Il Ă©crit ainsi dans le Novum Organum, en opposition Ă Aristote, que la connaissance nous vient sous forme d'objets de la nature, mais que l'on impose nos propres interprĂ©tations sur ces objets. D'aprĂšs Bacon, nos thĂ©ories scientifiques sont construites en fonction de la façon dont nous voyons les objets ; l'ĂȘtre humain est donc biaisĂ© dans sa dĂ©claration d'hypothĂšses. Pour Bacon, « la science vĂ©ritable est la science des causes ». Sâopposant Ă la scolastique rĂ©duite Ă l'interprĂ©tation des textes classiques[13], il soutient lâ« interprĂ©tation de la nature », oĂč lâobservation directe des faits enrichit le savoir. Il cherche ainsi une voie moyenne entre l'accumulation empirique des faits, sans tentative de les mettre en ordre, et le raisonnement thĂ©orique ne procĂ©dant qu'Ă partir de principes et de dĂ©duction :
« Les empiriques, semblables aux fourmis, ne savent quâamasser et user ; les rationalistes, semblables aux araignĂ©es, font des toiles quâils tirent dâeux-mĂȘmes ; le procĂ©dĂ© de lâabeille tient le milieu entre ces deux : elle recueille ses matĂ©riaux sur les fleurs des jardins et des champs ; mais elle les transforme et les distille par une vertu qui lui est propre : câest lâimage du vĂ©ritable travail de la philosophie, qui ne se fie pas aux seules forces de lâesprit humain et nây prend mĂȘme pas son principal appui. [...] Câest pourquoi il y a tout Ă espĂ©rer d'une alliance intime et sacrĂ©e de ces deux facultĂ©s expĂ©rimentale et rationnelle ; alliance qui ne s'est pas encore rencontrĂ©e[14]. »
Bacon, Ă travers la phrase « On ne commande la nature quâen lui obĂ©issant[15] » (« Natura non nisi parendo vincitur ») met en Ă©vidence l'affinitĂ© entre la connaissance thĂ©orique et l'opĂ©ration technique et pratique (Novum Organum, I, 124), ce qui lui vaudra, Ă tort, d'ĂȘtre accusĂ© d'utilitarisme par certains historiens des sciences. La connaissance est un pouvoir car elle permet d'agir sur l'objet Ă©tudiĂ© de façon Ă obtenir ce que l'on veut de lui. Il ajoute que la technique et la science sont complĂ©mentaires, car la science permet de concevoir des inventions, comme la connaissance de la lumiĂšre permet de fabriquer des microscopes, et qu'elle permet une mise en ordre des faits observĂ©s, mais que la technique permet d'explorer les faits, un microscope servant ainsi Ă de nouvelles dĂ©couvertes.
On lui doit Ă©galement plusieurs concepts dâordre mĂ©dicinaux et moraux, comme le concept d'euthanasie. Il Ă©crit dans un passage de The Advancement of Learning (en)[16] : « De Euthanasia exteriore. Plus encore, jâestime que câest la tĂąche du mĂ©decin non seulement de faire retrouver la santĂ©, mais encore dâattĂ©nuer les souffrances et les douleurs. Et ce, non pas seulement quand un tel adoucissement est propice Ă la guĂ©rison, mais aussi quand il peut aider Ă trĂ©passer paisiblement et facilement. »
« Ce ne sont pas des ailes qu'il faut ajouter à l'entendement, précisait-il, mais du plomb. »
â Francis Bacon[17]
Critique
Alexandre Koyré porte un jugement trÚs négatif sur sa méthode[18] :
« âBacon initiateur de la science moderneâ est une plaisanterie, et fort mauvaise, que rĂ©pĂštent encore les manuels. En fait, Bacon n'a jamais rien compris Ă la science. Il est crĂ©dule et totalement dĂ©nuĂ© dâesprit critique. Sa mentalitĂ© est plus proche de lâalchimie, de la magie (il croit aux âsympathiesâ), bref, de celle dâun primitif ou dâun homme de la Renaissance que de celle dâun GalilĂ©e, ou mĂȘme d'un scolastique. »
Science et politique
L'idée prophétique de Francis Bacon était d'institutionnaliser une forme d'apprentissage expérimental afin de former une classe de scientifiques expérimentaux ayant les moyens de quérir le pouvoir. Cf. La Nouvelle Atlantide.
Il a formulĂ© en 1597, l'Ă©quation fameuse, Nam et ipsa scientia potestas est, que l'on peut traduire par « En effet le savoir lui-mĂȘme est pouvoir », plus connue sous sa forme moderne : « Savoir, c'est pouvoir[19] », formule qui se trouve d'ailleurs dĂ©jĂ chez Abu'l-QÄsem Ferdousi (voir FerdowsĂź) (935â1020)[20].
« Le savoir dĂ©rivĂ© dâAristote, s'il est soustrait au libre examen, ne montera pas plus haut que le savoir qu'Aristote avait. »
â Francis Bacon[21]
Langage
Il est à l'origine d'une méthode de cryptographie : l'alphabet bilitÚre (à deux lettres)[22].
Il élabora le schéma d'une langue universelle[23] - [24].
Organisation de la connaissance
Francis Bacon soutient l'idĂ©e qu'une classification des connaissances doit ĂȘtre universelle tout en utilisant la totalitĂ© des ressources disponibles. Selon lui, l'humanitĂ© serait meilleure si l'accĂšs aux ressources Ă©ducatives Ă©tait offert Ă tous, d'oĂč la nĂ©cessitĂ© de l'organiser. Son approche de l'apprentissage a transformĂ© la vision occidentale de la thĂ©orie de la connaissance en opĂ©rant un transfert de la motivation de l'individu Ă l'intĂ©rĂȘt de la sociĂ©tĂ©. C'est ainsi que Bacon organise tous les types de savoirs en trois groupes gĂ©nĂ©raux : histoire, poĂ©sie et philosophie. Il le fait en fonction de sa propre comprĂ©hension des mĂ©canismes du traitement de l'information que sont respectivement la mĂ©moire, l'imagination et la raison. Son approche mĂ©thodique de la catĂ©gorisation des connaissances va de pair avec les principes de sa mĂ©thode scientifique. Les Ă©crits de Bacon ont Ă©tĂ© le point de dĂ©part du systĂšme de classification de William Torrey Harris (en) pour les bibliothĂšques des Ătats-Unis dans la seconde moitiĂ© des annĂ©es 1800.
Autres opuscules
Il a aussi laissé quelques opuscules philosophiques, qui ont été publiés en 1653 par Isidor Gruter à Amsterdam, sous le titre de Scripta in naturali et universali philosophia, 1 vol. in-18 ; des Discours, qu'il avait prononcés, soit comme solliciteur et procureur général, soit comme membre du parlement, et enfin un grand nombre de Lettres qui éclairent sa vie et son caractÚre.
Et encore De la Sagesse des Anciens :
« Dans un style dâune grande Ă©lĂ©gance et concision Bacon expose trente-et-une fables des « anciens poĂštes » ; Ă la narration de chacune faisant suite une interprĂ©tation extrĂȘmement dense, qui met en jeu l'une ou plusieurs des grandes orientations de la pensĂ©e baconienne : philosophie de la nature, thĂ©orie de la science, morale, pensĂ©e politique. »
â J. P. CavaillĂ©, introduction de La Sagesse des anciens[25].
Vie privée
à l'ùge de 45 ans, Francis Bacon a contracté un mariage avec Alice Barnham (en)[26].
La nature de la sexualité de Francis Bacon, dont il est notoire qu'il a accueilli dans le lit conjugal certains de ses serviteurs de sexe masculin[27] - [28], fait depuis longtemps l'objet de discussions[29].
Ă la date du , Simon dâEwes (en), un opposant rĂ©solu, fait dans son journal intime le rĂ©cit circonstanciĂ© des pratiques homosexuelles supposĂ©es de son adversaire, Ă un moment oĂč celui-ci connaĂźt d'importantes difficultĂ©s politiques : « Il n'abandonna pas la pratique de cet Ă©pouvantable pĂ©chĂ© secret de sodomie, conservant Ă ses cĂŽtĂ©s ce Godrick, jeunot au visage effĂ©minĂ©, comme catamite et compagnon de lit, alors qu'il avait remerciĂ© presque tous ses autres domestiques ; ce qu'il convient d'admirer, car l'homme, aprĂšs sa chute, se met gĂ©nĂ©ralement Ă discourir sur ce crime contre nature, bien qu'il l'ait pratiquĂ© de nombreuses annĂ©es, desservant le lit de sa dame, qu'il estimait, comme les Turcs et les Italiens, ĂȘtre un plaisir petit et infime comparĂ© Ă lâautre. »
Quelques décennies aprÚs d'Ewes, John Aubrey (1626-1697), auteur de nombreuses biographies, décrit Bacon comme un « pédéraste », mentionnant ses « GanymÚdes » et ses « favoris[30] ».
Certains auteurs considÚrent que ces éléments ne donnent pas lieu à considérer que Bacon ait été homosexuel ou bisexuel[31].
Ćuvres de Bacon
- 1597 : Meditationes SacrÊ. Ouvrage théologique.
- 1597 : Essais de morale et de politique (en). (traduction latine, sous le titre de Sermones fideles, 1633).
- 1603 : Valerius Terminus of the Interpretation of Nature.
- 1603 : De Interpretatione NaturĂŠ ProĆmium.
- 1603 : Temporis Partus Masculus (Ă nouveau en 1608).
- 1604 : Cogitationes de Scientia Humana.
- 1605 : Of the Proficience and Advancement of Learning Divine and Human (livres I et II) (Du progrĂšs et de la promotion des savoirs, Gallimard, 1991, (ISBN 2-07-072141-8)). Traduction latine en 1623, sous le titre De dignitate et augmentis scientiarum libri IX.
- 1606-1607 : Partis Instaurationis SecundĂŠ DelinĂŠtio et Argumentum.
- 1607 : Cogitata et Visa de Interpretatione NaturĂŠ
- 1608 : De Interpretatione NaturĂŠ SententiĂŠ XII
- 1608 : Aphorismi et Consilia de Auxiliis Mentis et Accessione Luminis.
- 1608-1609 : Redargutio Philosophiarum.
- 1609 : De sapientia veterum.
- 1620 : Instauratio Magna Scientiarum (traduction française du titre en Grande Restauration). Ouvrage encyclopédique rédigé en latin. Sur les six parties initialement prévues, nous ne possédons que des ébauches de la premiÚre et de la troisiÚme, tandis que les trois derniÚres ne furent jamais rédigées. La seconde partie du traité, en revanche, est la seule à avoir été achevée. Il s'agit du célÚbre Novum Organum (PUF, 1986), un texte dévolu à l'exposé de la méthode inductive, visant à dépasser la logique aristotélicienne. Bacon, Sylva sylvarum
- 1622 : Exemplum Tractatus de Justitia Universali, sive de Fontibus Juris.
- 1622 : Historia ventorum.
- 1622 : Histoire de Henri VII (en anglais ; 1627 en latin).
- 1622 : New Atlantis ou Atlantis nova. Ingénieuse utopie philosophique.
- 1627 : Sylva Sylvarum, en anglais, posthume.
- 1658 : Historia densi et rari.
- 1662 : Historia vitae et morlis.
- 1843 : Ćuvres de Francis Bacon en deux tomes, traduits en français et prĂ©sentĂ©s par M. F. Riaux. Tome I, De la dignitĂ© et de l'accroissement des sciences. Tome 2, Nouvel organum. Essais de Morale et de Politique. De la sagesse des Anciens. Paris, Charpentier.
- 1945 : Essais, Bruxelles, Ăditions La BoĂ©tie.
- 1995 : La Nouvelle Atlantide, Paris, Flammarion, (ISBN 2-08-070770-1).
- 2002 : Sur le prolongement de la vie et les moyens de mourir, Paris, Rivages.
- 2008 : Ćuvres complĂštes, Paris, L'Harmattan.
- 2010 : RĂ©cusations des doctrines philosophiques et autres opuscules, Paris, Hermann.
Notes et références
Notes
- De dignitate et augmentis scientiarum et Novum organum ne sont en fait qu'un seul ouvrage intitulé Instauratio magna.
Références
- Par exemple, Huygens à Leibniz, 4 février 1692 (lire en ligne). Descartes écrit Verulam ou Verulamus (lettre du 10 mai 1632 : AT, I, 251).
- Cité par Jean-Baptiste Vauzelles, Histoire de la vie et des ouvrages de François Bacon, 1833, tome II, p. 190).
- Un ProblĂšme de cryptographie et d'histoire, Mercure de France, Paris, 1938, 4e Ă©dition.
- Shakespeare: Supreme Masterpiece and Proof Definitive, 1964, chez l'auteur.
- « William Shakespeare », sur infomysteres.com, (consulté le ).
- Thiel, Peter. et Blake, Masters (trad. de l'anglais par J.-F. Hel Guedj), De zéro à un : comment construire le futur, Paris, JC LattÚs, dl 2016, cop. 2016, 276 p. (ISBN 978-2-7096-4931-5 et 2709649314, OCLC 945422988, lire en ligne), p. 102.
- Roger Caratini, Initiation Ă la philosophie : 2500 ans de philosophie Occidentale, Paris, Ăditions Archipoche, , 718 p. (ISBN 978-2-35287-342-6, lire en ligne), p. 624 sur Google Livres.
- Pour plus de détails, voir : Michel Malherbe, Jean-Marie Pousseur, Francis Bacon, science et méthode en ligne sur Google Livres.
- Jean Pestré (rédacteur) et Diderot (dir.), Encyclopédie, « Baconisme ou philosophie de Bacon » : « Le chancelier Bacon est un de ceux qui ont le plus contribué à l'avancement des Sciences. »
- Voltaire, Lettre sur le chancelier Bacon, sur Wikisource :
« Câest lâĂ©chafaud avec lequel on a bĂąti la nouvelle philosophie. [âŠ] Il est le pĂšre de la philosophie expĂ©rimentale. [âŠ] En un mot, personne avant le chancelier Bacon nâavait connu la philosophie expĂ©rimentale ; et de toutes les Ă©preuves physiques quâon a faites depuis lui, il nây en a presque pas une qui ne soit indiquĂ©e dans son livre. »
- L'Organon était un terme utilisé par les commentateurs d'Aristote pour désigner ses traités concernant la science et la logique.
- Francis Bacon la fustige Ă travers cette cĂ©lĂšbre dĂ©claration, tirĂ©e du Novum Organum : « La science doit ĂȘtre tirĂ©e de la lumiĂšre de la nature, elle ne doit pas ĂȘtre retirĂ©e de lâobscuritĂ© de lâantiquitĂ©. »
- Novum Organum (texte en ligne), Francis Bacon, nouvelle traduction de Lorquet, Hachette, 1857, p.51.
- Nouvelles sciences: modeles techniques et pensée politique de F. Bacon à Condorcet, page.37.
- Dominique Weber, « La prolongation de la vie humaine selon Francis Bacon. Ou : quel Tithon voulons-nous ĂȘtre ? », AstĂ©rion,â (ISSN 1762-6110, lire en ligne)
- « Bacon Francis », sur lâEncyclopĂ©die de l'Agora.
- Alewandre KoyrĂ©, Ătudes galilĂ©ennes, Paris, Hermann, 1966, p. 12.
- Sir Francis Bacon, Meditationes Sacrae (1597), XI, De haeresibus, in Exemplum Tractatus de Fontibus Juris and other latin pieces of Lord Bacon (tr. anglaise par James Glassford), Waugh & Innes, 1823, p. 191. Texte original latin dans Ćuvres philosophiques de Bacon, avec notice, sommaires et Ă©claircissemens, par M. Bouillet, t. 3, Paris, 1834, p. 474 ; consultable sur Google Books. Pour le contexte, voir Eli Thorkelson, â'The will to knowledge and cultural crisis in universities, prononcĂ© Ă Rethinking The University: Labor, Knowledge, Value, UniversitĂ© du Minnesota, 11 avril 2008, en ligne.
- Voir par exemple le site EncyclopĂŠdia Iranica.
- MichĂšle LE DĆUFF., « BACON chancelier FRANCIS (1560 ou 1561-1626). », sur http://www.universalis.fr/encyclopedie (consultĂ© le ).
- Francis Bacon et Francis-Marie Riaux, Oeuvres, Charpentier, (lire en ligne)
- Câest en 1605 dans The Advancement of Learning quâil Ă©nonce son systĂšme dans lequel il y aurait autant de caractĂšres que de âmots radicauxâ reprĂ©sentant des choses ou des notions (voir Jonathan Cohen, âOn the Project of a Universal Characterâ, Mind, lxiii, 1954, p. 51). La finalitĂ© universelle dâun tel systĂšme se perçoit davantage dans De Augmentis Scientiarum de 1623 oĂč il affirme que chaque pays pourra lire dans sa propre langue un livre Ă©crit dans le caractĂšre quâil propose, Ă lâimage de la langue chinoise qui est la mĂȘme Ă lâĂ©crit dans tout lâempire et qui est pourtant parlĂ©e diffĂ©remment dans chaque province chinoise (Cornelius, op. cit., 27).
- Francis Bacon et Joseph Devey, Advancement of learning. Edited by Joseph Devey, New York P.F. Collier, (lire en ligne)
- La Sagesse des anciens, Francis Bacon (trad. du latin par J. P. Cavaillé), La Sagesse des anciens : introduction, Paris, Vrin, , 161 p. (ISBN 2-7116-1302-X), p. 11.
- Peltonen 1996, p. 14
- (en) James Neill, The Origins and Role of Same-sex Relations in Human Societies, p. 402
- (en) Bruce R. Smith, Homosexual Desire in Shakespeare's England: A Cultural Poetics, p. 26
- Des opinions contradictoires sont notamment reprĂ©sentĂ©es d'un cĂŽtĂ© par : A. L. Rowse, Homosexuals in History, New York: Carroll & Garf, 1977, page 44 ; Jardine, Lisa, Stewart, Alan Hostage To Fortune: The Troubled Life of Francis Bacon, Hill & Wang, 1999, page 148 et de l'autre par Nieves Mathews, Francis Bacon: The History of a Character Assassination, Yale University Press, 1996 ; Ross Jackson, The Companion to Shaker of the Speare: The Francis Bacon Story, England: Book Guild Publishing, 2005, pages 45 â 46
- (en) Victoria Kahn, Lorna Hutson, â'Rhetoric and law in early modern Europe, p. 128
- C'est par exemple l'opinion de Nieves Mathews, cf. Francis Bacon: The History of a Character Assassination (Yale University Press, 1996)
Voir aussi
Bibliographie
- Arnaud Milanese, Bacon et le gouvernement du savoir : critique, invention, systÚme : la pensée moderne comme épreuve de l'histoire, Paris, Classiques Garnier, coll. « Constitution de la modernité » (no 1), , 587 p. (ISBN 978-2-406-05739-0 et 978-2-406-05740-6, OCLC 949659507).
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- Pierre-Maxime Schuhl, Pour connaßtre la pensée de Lord Bacon, Paris, Bordas, 1949.
Articles connexes
- Bibliographie de Francis Bacon
- Philosophie de la nature
- Méthode expérimentale
- Euthanasie
- Descartes
- Mathématiques en Europe au XVIIe siÚcle
- Novum Organum
- Scientia potentia est
- Tycho Brahé
- Roger Bacon, autre philosophe britannique qui, quatre siÚcles auparavant, avait été lui-aussi un promoteur de la méthode expérimentale et de l'empirisme.
Liens externes
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