Vinaya
Le Vinaya, « discipline » en pali et sanskrit (ch : jiĂšlÇ æćŸ ; ja : kairitsu æćŸ ; ti : dulwa ouâdul ba), est le corpus de textes bouddhiques ayant trait aux pratiques de la communautĂ© monastique ou sangha noble. Il constitue, avec le dharma, corpus plus centrĂ© sur la thĂ©orie et essentiellement constituĂ© de sutras, lâessentiel de lâenseignement que le Bouddha dĂ©clare laisser Ă ses disciples dans son « testament », le MahÄparinibbÄna Sutta.
Le vinaya sâest tout dâabord transmis durant quelques siĂšcles par voie orale, se diversifiant selon les lieux et les Ă©coles, bien quâon considĂšre en gĂ©nĂ©ral les diffĂ©rences comme mineures. Sa partie principale est constituĂ©e de lâensemble des nombreuses rĂšgles qui rĂ©gissent la vie monastique, appelĂ© patimokkha en pali et pratimoksha en sanscrit. On trouve Ă©galement dans le vinaya des rĂšgles additionnelles, les sanctions en cas dâinfraction, les modalitĂ©s de rĂ©solution des conflits, des textes expliquant lâorigine des articles du patimokkha, des prĂ©cisions sur leur application. Sây ajoutent quelques sutras et des biographies de grands disciples.
Vinayas actuels
Trois vinayas sont encore en usage de nos jours :
- Vinaya Pitaka des theravadin (Myanmar, Cambodge, Laos, Sri Lanka, ThaĂŻlande) ; le patimokkha comprend 227 rĂšgles pour les moines et 311 pour les moniales.
- Dharmaguptaka Vinaya ou Dharmagupta Vinaya, en chinois ćććŸ, (pratiquĂ© dans le mÄhÄyana, en Chine (incluant TaĂŻwan), CorĂ©e, Japon, Vietnam) ; le patimokkha prĂ©voit 250 rĂšgles pour les moines et 348 pour les moniales.
- MĆ«lasarvÄstivÄda Vinaya, (vajrayana, au Bhoutan, chez les TibĂ©tains, d'autres peuples bouddhistes himalayens, et Mongols bouddhistes (de Mongolie, rĂ©gions Mongoles de Chine et de fĂ©dĂ©ration de Russie (Bouriatie, Kalmoukie,) et Afghanistan, et pratique plus rare dans le reste de la Chine et au Japon) ; le patimokkha impose 253 rĂšgles aux moines et 364 aux moniales, limitĂ©es Ă quelques occidentales rĂ©cemment ordonnĂ©es.
Les monastĂšres appartiennent en gĂ©nĂ©ral Ă un courant dĂ©terminĂ© et prĂ©fĂšrent recevoir des personnes ayant reçu lâordination de leur lignĂ©e. NĂ©anmoins, ils ne sont pas forcĂ©ment exclusifs et peuvent accepter des moines ou nonnes suivant un autre vinaya. Ce type de cohabitation Ă©tait frĂ©quent dans certaines rĂ©gions autrefois. Les monastĂšres theravada sont en principe exclusifs ; cette restriction constitue un obstacle pour les aspirantes-nonnes. En effet, les novices doivent prononcer leurs vĆux de nonnes auprĂšs de moniales confirmĂ©es, or lâordre fĂ©minin theravada a disparu au XIe siĂšcle, empĂȘchant thĂ©oriquement toute nouvelle ordination. Un certain nombre de femmes se sont fait ordonner par des moniales taĂŻwanaises et corĂ©ennes mahÄyÄna suivant le Dharmagupta Vinaya, sâappuyant sur le fait que les fondatrices des ordres fĂ©minins chinois Ă©taient en fait des nonnes theravada venues de Sri Lanka. NĂ©anmoins, la lĂ©gitimitĂ© de leur ordination nâest pas acceptĂ©e par lâensemble du clergĂ© masculin, en gĂ©nĂ©ral peu favorable Ă lâentrĂ©e des femmes dans les ordres.
Les courants vajrayÄna manquaient aussi traditionnellement de nonnes confirmĂ©es, les femmes entrant dans les monastĂšres restant au stade de novice. Cependant, lâordination selon le Dharmaguptaka Vinaya y est parfois acceptĂ©e et les premiĂšres moniales confirmĂ©es sont apparues il y a peu.
Naissance du vinaya selon la tradition
La tradition prĂ©tend quâaucun vinaya nâĂ©tait nĂ©cessaire au dĂ©but des activitĂ©s de prĂȘche de Gautama, lorsque les moines Ă©taient encore peu nombreux ; il sâavĂ©ra indispensable face Ă la baisse gĂ©nĂ©rale de la qualitĂ© des disciples suivant l'expansion de la communautĂ© monastique. Ce serait juste aprĂšs la mort du Bouddha, en entendant le moine Subhadra se rĂ©jouir de pouvoir vivre dĂ©sormais plus librement, que Mahakashyapa aurait dĂ©cidĂ© de convoquer le premier concile pour faire rĂ©citer par Upali les rĂšgles du Vinaya Pitaka. Les bouddhas du passĂ© nâauraient pas tous laissĂ© de vinaya, mais lâenseignement de ceux qui en avaient laissĂ© un aurait durĂ© plus longtemps. Le patimokkha doit avoir prĂ©sentĂ© au dĂ©part une certaine flexibilitĂ© car le MahÄparinibbÄna Sutta mentionne que les rĂšgles mineures peuvent ĂȘtre abandonnĂ©es. NĂ©anmoins, Ananda, principal dĂ©positaire des paroles de Gautama, aurait nĂ©gligĂ© de se faire prĂ©ciser desquelles il s'agissait, aussi toutes les rĂšgles furent-elles conservĂ©es et Ananda fut rĂ©primandĂ©.
Bibliographie
Traductions
- (en) Vinaya Texts, trad. Thomas William Rhys Davids et Hermann Oldenberg, Oxford, coll. "Sacred Books of the East", n° 13, 17, 20, 1881-1885.
- (en) The Book of the Discipline (Vinaya-pitaka), trad. L. B. Horner, Oxford, coll. "Sacred Books of the Buddhists", n° 10, 11, 13, 1938-1942. Sections du Vinaya-pitaka : Suttavibhanga (Bhikkhuvibhanga, Explication des rÚgles concernant les moines ; Bhikhunßvibhanga, Explication des rÚgles concernant les nonnes), Khandhaka (Mahùvagga, Grand groupe ; Cullavaga, Petit groupe), Parivùra (CortÚge). (Lire en ligne - consulté le )
Ătudes
- (en)Matthew Megmaprasara, New Guide to the Tipitaka. A Complete Reference to the PĂąli Buddhist Canon, Delhi, Sangha of Books, 2013, 440 p.
- Moine Dhamma Sùmi, Le manuel du bhikkhu, 2003 (2e éd.), 106 p. (Lire en ligne - consulté le )