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Rapport Sicard

Le rapport Sicard est un rapport élaboré par la Mission présidentielle de réflexion sur la fin de vie créée par décret du président de la République française François Hollande le .

La mission

Cette mission, est présidée par Didier Sicard, médecin et ancien président du Comité national d'éthique entre 1999 et 2008. Ses autres membres sont Jean-Claude Ameisen, Régis Aubry, Marie-Frédérique Bacqué, Alain Cordier, Chantal Deschamps, Éric Fourneret, Florence Gruat, Valérie Sebag-Depadt[1]. Elle organise huit débats publics, du au , dans différentes villes de France[2].

Le rapport remis au président

La mission examine, dans son rapport remis le , s'il convient ou non d'ouvrir la voie Ă  une « assistance mĂ©dicalisĂ©e pour terminer sa vie dans la dignitĂ© Â», qui Ă©tait l'engagement 21 de François Hollande durant la campagne prĂ©sidentielle de 2012[3].

Le rapport dénonce l'accès insuffisant aux soins palliatifs, notamment au travers de témoignages. Il regrette la séparation de fait entre les soins palliatifs et les autres spécialités médicales. Il préconise de revoir l'ensemble de la formation médicale dans le but de promouvoir « l’intégration d’une compétence en soins palliatifs dans toute pratique clinique »[4].

Selon le rapport, il est nĂ©cessaire de « mieux faire droit aux attentes et espĂ©rances des citoyens Ă  l'Ă©gard de la fin de vie Â»[3]. Arguant que beaucoup de Français souhaitent ĂŞtre aidĂ©s mĂ©dicalement pour mourir, le rapport envisage deux pratiques qui pourraient rĂ©pondre Ă  cette attente. D'une part, il prĂ©conise de recourir la sĂ©dation profonde, en fait dĂ©jĂ  prĂ©vue par la loi Leonetti, permettant l'administration Ă  un patient en phase terminale de morphine ou d'un sĂ©datif Ă  très forte dose, quitte Ă  le faire mourir plus vite[4] - [5]. D'autre part, il envisage, sans pour autant la prĂ©coniser, une forme de suicide assistĂ©, pratique qui consiste Ă  dĂ©livrer sur ordonnance des produits lĂ©taux, sous certaines conditions, et que le patient choisit finalement d'utiliser ou non[6].

En revanche l'euthanasie est fortement critiquĂ©e : les auteurs du rapport ne croient pas Ă  la possibilitĂ© d'une introduction contrĂ´lĂ©e puisque selon eux, « la pratique euthanasique dĂ©veloppe sa propre dynamique rĂ©sistant Ă  tout contrĂ´le efficace et tend nĂ©cessairement Ă  s'Ă©largir ». Ils pointent Ă©galement l'impact de l'introduction de l'euthanasie sur les « reprĂ©sentations sociĂ©tales Â» de la vieillesse, de la maladie ou de handicap[4].

Finalement, le rapport n'envisage pas de bouleverser la loi Leonetti par l'introduction de nouvelles dispositions lĂ©gislatives en urgence. Il pointe le fait que cette loi est peu, mal ou pas appliquĂ©e et prĂ©conise avant tout « un effort massif de formation »[4] - [6]. Il critique notamment très fortement l'attitude des professionnels de santĂ©, qui est souvent celle d'une « mĂ©decine sans âme », encore marquĂ©e par une culture du tout-curatif[4] - [3] et la « surditĂ© face Ă  la dĂ©tresse psychique et aux souhaits des patients Â»[5]. Il estime que les pratiques peuvent Ă©voluer en appliquant la loi Leonetti non Ă  la lettre mais dans son esprit[3].

RĂ©actions Ă  la publication du rapport

Dans un communiquĂ©, l'Association pour le droit de mourir dans la dignitĂ© se montre critique Ă  l'Ă©gard du rapport, qui lui semble ne pas marquer de progrès depuis un rapport prĂ©cĂ©dent de 2008. Elle lui reproche sa vision favorable de la loi Leonetti, qu'elle estime pour sa part responsable de « tant de drames de la fin de vie Â». Le prĂ©sident de l'association, Jean-Luc Romero, salue la mention du suicide assistĂ©, mais regrette qu'elle ne s'accompagne d'aucune perspective concrète et appelle au « respect de la proposition n°21 de François Hollande Â»[7].

De son côté, Alliance VITA salue le travail de la mission Sicard. Elle apprécie notamment le refus de la « mort sociale » des personnes malades ou âgées, la demande de généralisation de la culture palliative, et le refus de la légalisation de l’injection létale. En revanche elle manifeste son inquiétude quant au suicide assisté, acte décidé pour quelques-uns mais qui aurait une forte répercussion sur l'ensemble de la société[8].

L'introduction du suicide assistĂ© est Ă©galement rejetĂ©e par plusieurs personnalitĂ©s politiques de droite[9]. La ministre des Affaires sociales et de la SantĂ©, Marisol Touraine, estime pour sa part que le rapport est « un pas très important, une brèche Â». Ă€ la remise du rapport, le prĂ©sident François Hollande estime que « MalgrĂ© les apports indĂ©niables de la loi Leonetti, la lĂ©gislation en vigueur ne permet pas de rĂ©pondre Ă  l'ensemble des prĂ©occupations lĂ©gitimes exprimĂ©es par des personnes atteintes de maladie graves et incurables Â». Il indique qu'un projet de loi sera prĂ©sentĂ© au parlement en , après consultation du ComitĂ© consultatif national d'Ă©thique[10].

Notes et références

  1. BĂ©atrice Gurrey, La mission sur la fin de vie "Ă  la rencontre des citoyens", Le Monde, 24 septembre 2012
  2. Calendrier des débats publics sur le site du ministère des affaires sociales
  3. Analyse du rapport par le journal Le Monde, 18 décembre 2012
  4. Analyse du texte du rapport dans le journal La Croix, 18 décembre 2012
  5. Euthanasie: et si nous parlions de sédation profonde?, Huffington Post, 19 décembre 2012
  6. Interview de Jean Leonetti dans le Figaro, 18 décembre 2012]
  7. Texte du communiqué de l'ADMD
  8. Texte du communiqué d'Alliance VITA
  9. Réactions hostiles à droite contre le "suicide assisté", Le Monde, 18 décembre 2012
  10. Fin de vie : un projet de loi dès juin, Libération, 18 décembre 2012

Voir aussi

Sources et liens externes

Engagement 21 du candidat Hollande
Concernant la mission
Concernant les constats et propositions de la mission

Articles connexes

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