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Dalton Trumbo

Dalton Trumbo, nĂ© le Ă  Montrose (Colorado) et mort le Ă  Los Angeles, est un Ă©crivain, scĂ©nariste et rĂ©alisateur amĂ©ricain. Il est surtout connu pour ĂȘtre l'auteur et le rĂ©alisateur de Johnny s'en va-t-en guerre (Johnny Got His Gun), son unique long-mĂ©trage rĂ©alisĂ©, et pour avoir Ă©tĂ© l'un des « Dix d'Hollywood », un groupe de professionnels du cinĂ©ma qui a refusĂ© de tĂ©moigner devant le House Un-American Activities Committee (Commission de la Chambre des ReprĂ©sentants sur les activitĂ©s anti-amĂ©ricaines) lors de la commission d'enquĂȘte de 1947 sur les influences communistes dans l'industrie cinĂ©matographique. Inscrit sur la liste noire, il ne peut dĂšs lors plus travailler. Il continue toutefois Ă  travailler sous divers pseudonymes, remportant mĂȘme Ă  deux reprises l'Oscar de la meilleure histoire originale en 1954 et fin de l'annĂ©e 1956.

Dalton Trumbo
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Nom de naissance James Dalton Trumbo
Surnom Millard Kaufman
Ian Mc Lellan Hunter
Robert Rich
Naissance
Montrose, Colorado (États-Unis)
NationalitĂ© Drapeau des États-Unis AmĂ©ricain
DĂ©cĂšs (Ă  70 ans)
Los Angeles, Californie (États-Unis)
Profession Scénariste
Ă©crivain
réalisateur
Films notables Exodus
Spartacus
Johnny s'en va-t-en guerre

Biographie

Jeunesse et débuts dans le cinéma (1905-1947)

Dalton Trumbo naĂźt dans le Colorado en 1905. À l'Ăąge de vingt ans, il part pour la Californie. Il y travaille comme boulanger la nuit, tandis que le jour il Ă©tudie Ă  l'UniversitĂ© de Californie du sud. À la fin de ses Ă©tudes, il commence Ă  Ă©crire des articles en tant que journaliste indĂ©pendant.

En 1933, il devient rédacteur en chef de la revue Hollywood Spectator, une publication de critique cinématographique. La revue cesse de paraßtre un an plus tard. Trumbo est alors engagé comme lecteur à la Warner Bros jusqu'en 1936. Il est renvoyé, car il refuse de démissionner de la Screen Writers Guild, un syndicat fortement ancré à gauche. Il écrit quelques scénarios sans grande importance pour la Screen Writers Guild et milite dans plusieurs associations de gauche.

En 1938, il Ă©pouse ClĂ©o Beth Fincher avec qui il a trois enfants. Cette annĂ©e-lĂ , il Ă©crit le roman Johnny s'en va-t-en guerre (Johnny Got His Gun). Il Ă©crit Ă©galement le scĂ©nario de son premier « grand » film, A Man to Remember de Garson Kanin. Il devient rapidement l'un des scĂ©naristes les mieux payĂ©s de Hollywood. Il a une capacitĂ© Ă  Ă©crire trĂšs rapidement : en une journĂ©e il peut proposer trois, quatre versions d'une mĂȘme scĂšne. En 1941, Kitty Foyle, rĂ©alisĂ© par Sam Wood, est nommĂ© pour l'Oscar du meilleur scĂ©nario. Il est Ă©galement un grand pamphlĂ©taire.

En 1941, peu de temps aprĂšs l'invasion allemande de l'URSS, alors que le Parti communiste USA vient de faire un virage Ă  180° sur la question de l'entrĂ©e en guerre, Johnny s'en va-t-en guerre est Ă©puisĂ© et l'extrĂȘme droite amĂ©ricaine fait pression sur lui et son Ă©diteur pour obtenir une rĂ©Ă©dition. Cela le convainc que c'est « exactement le type de livre qu'il ne fallait pas rĂ©imprimer avant la fin de la guerre ». Il va jusqu'Ă  informer le FBI des agissements de ces correspondants, ce qui provoque le dĂ©but de ses ennuis avec celui-ci[1].

Il est membre du Parti communiste USA de 1943 Ă  1948[2] - [3].

Les années noires (1947-1960)

En octobre 1947, le House Un-American Activities Committee (commission des activitĂ©s antiamĂ©ricaines) se rĂ©unit Ă  Washington et commence des audiences afin de dĂ©terminer quels sont les individus « dĂ©viants » du monde hollywoodien. Trumbo est l'un des Dix d'Hollywood, qui refusent de rĂ©pondre Ă  la question : « Êtes-vous encore, ou avez-vous Ă©tĂ© membre du parti communiste ? ». Les dix invoquent le premier amendement (libertĂ© d'expression et de rĂ©union) pour justifier leur refus de rĂ©pondre. La commission, quant Ă  elle, estime qu'ils outragent le congrĂšs. Trumbo est condamnĂ© Ă  une peine de prison qu'il effectue en 1950 pendant onze mois.

La commission des activités anti-américaines

Trumbo ne refuse pas catĂ©goriquement de rĂ©pondre Ă  la question, mais ne rĂ©pond pas comme le dĂ©sirerait la commission. Un exemple de ceci est l'extrait suivant, tirĂ© de l'audience de Dalton Trumbo devant la commission. L'Ă©change a lieu entre Trumbo, J. Parnell Thomas (prĂ©sident de la Commission) et Robert E. Stripling, l'enquĂȘteur en chef de la Commission :

Le président - (coups de marteau)
 un instant. La commission veut savoir quelle était la question, et voir si votre réponse est pertinente. Quelle était la question ?
L'enquĂȘteur en chef - Monsieur Trumbo, je vais vous poser diverses questions, toutes auxquelles il peut ĂȘtre rĂ©pondu par "oui" ou par "non". Si vous voulez donner une explication aprĂšs avoir fourni cette rĂ©ponse, je suis persuadĂ© que la commission donnera son accord. Cependant, afin que cette audience puisse se passer rĂ©guliĂšrement, il est nĂ©cessaire que vous rĂ©pondiez Ă  la question sans faire de discours en rĂ©ponse Ă  chaque question.
Dalton Trumbo - Je comprends, Monsieur Stripling. Cependant votre travail est de poser des questions et le mien est d'y rĂ©pondre. Je rĂ©pondrai par oui ou par non si cela me convient de rĂ©pondre ainsi. Je rĂ©pondrai en utilisant mes propres mots. Il y a beaucoup de questions auxquelles il ne peut ĂȘtre rĂ©pondu par "oui" ou "non" que par un imbĂ©cile ou un esclave.
Le président - La Commission est d'accord avec vous, vous n'avez pas besoin de répondre par "oui" ou par "non".
Dalton Trumbo - Merci, monsieur.
Le président - Mais vous devez répondre aux questions.

Trumbo souhaitait également ajouter une déclaration dans laquelle il présente une défense offensive, niant la légitimité de la Commission et comparant la situation à l'incendie du Reichstag en 1933 qui avait permis d'asseoir le pouvoir de Hitler.

La liste noire

Il est inscrit sur la liste noire de Hollywood ce qui lui interdit de travailler dans le cinĂ©ma. Il s'exile au Mexique avec Hugo Butler et sa femme Jean Rouverol eux aussi sur la liste noire. Il y rencontre Luis Buñuel et une relation amicale se noue entre les deux cinĂ©astes. Il lui parle alors d'un projet qui lui tient Ă  cƓur : l'adaptation au cinĂ©ma du livre qu'il a Ă©crit en 1938, Johnny s'en va-t-en guerre.

Au Mexique, il continue Ă  Ă©crire pour le cinĂ©ma amĂ©ricain sous des noms d'emprunts : Millard Kaufman (Gun Crazy en 1950), Guy Endore (Menace dans la nuit, en 1951) ou encore Robert Rich, nom sous lequel il remporte mĂȘme l'Oscar du meilleur scĂ©nario pour Les Clameurs se sont tues de Irving Rapper, en 1956 (Robert Rich est en fait le nom du neveu des frĂšres King, producteurs du film). À partir de 1957, tout contribue Ă  affaiblir le pouvoir de la liste noire.

La consécration (1960-1976)

Il sort officiellement de la liste noire en 1960, lorsque Otto Preminger, pour Exodus et puis Kirk Douglas, pour Spartacus demandent que Dalton Trumbo soit crĂ©ditĂ© sous son vrai nom au gĂ©nĂ©rique[4]. Douglas a besoin d'un scĂ©nariste rapide et efficace, et Trumbo s'avĂšre ĂȘtre l'homme de la situation (d'autant plus qu'il a Ă©tĂ© le compagnon de cellule d'Howard Fast, auteur du roman sur lequel est basĂ© le film)[5].

En 1971, il réalise son unique film, une adaptation de son roman Johnny s'en va-t-en guerre. Le film est montré au festival de Cannes et reçoit les louanges de Jean Renoir et Luis Buñuel. Il obtient le Grand prix du jury.

Dalton Trumbo est mort d'un infarctus du myocarde Ă  l'Ăąge de 70 ans, le .

RĂ©compenses et nominations

Année Récompense Catégorie Film Résultat
1941 Academy Award Best Writing, Screenplay Kitty Foyle Nomination
1954 Academy Award Best Writing, Motion Picture Story[6] Vacances romaines Lauréat
1957 Academy Award Best Writing, Motion Picture Story[7] Les clameurs se sont tues Lauréat
1961 Writers Guild of America Award Best Written American Drama Spartacus Nomination
1969 Golden Globes Award Best Screenplay L'Homme de Kiev Nomination
1970 Laurel Award (WGA) Screen Writing Achievement Lauréat
1971 Prix FIPRESCI (Cannes) Johnny s'en va-t-en guerre Lauréat
1971 Grand Prix du Jury (Cannes) Lauréat
1972 Writers Guild of America Award Best Drama Adapted from Another Medium Lauréat

ƒuvre littĂ©raire

Romans

  • Eclipse (1935)
  • Washington Jitters (1936)
  • Johnny Got His Gun (1939)
    Publié en français sous le titre Johnny s'en va-t-en guerre, traduit par Andrée R. Picard, Paris, Denoël, « Arc-en-ciel » no 1, 1971 ; réédition, Points. Roman no 624, 1993 ; réédition, Babel no 624, 2003
  • The Remarkable Andrew ou Chronical of a Literal Man (1940)
  • Night of the Aurochs (1979), roman inachevĂ©
    PubliĂ© en français sous le titre La Nuit de l'Aurochs, Paris, Éditions Alta, 1980

Théùtre

  • The Biggest Thief in Town (1949)

Essai

  • The Time Out of the Toad (1972)

Autres publications

  • Harry Bridges (1941), biographie
  • The Devil in the Book (1956)
  • Additional Dialogue : Letters of Donald Trumbo, 1942-1962 (1970)

Filmographie

RĂ©alisateur

Scénariste

Autre

Incarnations de Dalton Trumbo Ă  l'Ă©cran

Anecdotes

  • Son fils, Christopher Trumbo (en), a Ă©galement Ă©crit des scĂ©narios et Ă©tait assistant-rĂ©alisateur sur Johnny s'en va-t-en guerre et Exodus
  • L'Ă©cole de journalisme de l'universitĂ© du Colorado a inaugurĂ© une « fontaine de la libertĂ© d'expression Dalton Trumbo ». Selon l'Ă©cole, elle « est nommĂ©e en l'honneur de Dalton Trumbo, un des dix d'Hollywood ».
  • Kirk Douglas a dĂ©clarĂ© Ă  son sujet : Les autres Ă©crivains peuvent produire 20 pages en une semaine. Lui peut en dĂ©biter le double en une seule journĂ©e ![5]

Notes et références

  1. (en) Dalton Trumbo, Johnny Got His Gun, Citadel Press, 2000, p. 5, Introduction
  2. (en) Dalton Trumbo : Biography - IMDb
  3. (en) Americanism with a Vengeance: Civil Liberties and Dalton Trumbo - Ron Capshaw, City University of New York, 49th Parallel, Issue 4, hiver 2000
  4. deadline.com, 2015
  5. Thomas Baurez, « Dalton Trumbo - Dans l'enfer du dĂ©cor », Studio CinĂ© Live n°78,‎ , p. 68
  6. L'Oscar a été remis à Ian McLellan Hunter
  7. Sous le nom d'emprunt de Robert Rich


Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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