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Reichstag (république de Weimar)

Le Reichstag [ʁajʃstaɡ][1] (de l'allemand [ˈʁaɪ̯çsˌtaːk][2] litt. « Diète d'Empire ») était l’assemblée parlementaire représentant le peuple allemand dans son ensemble pendant la république de Weimar et le Troisième Reich.

Reichstag
Informations générales
Type
Chambre basse (1919-1934)
Parlement monocaméral (1934-1945)
Lieu
Régime

Établie en 1919 par la constitution de Weimar et constituée en , cette assemblée siégeait au palais du Reichstag, à Berlin.

Histoire

La tribune du Reichstag le . Le chancelier von Papen est debout, à gauche.
Adolf Hitler s’adressant au Reichstag, lors d'un discours contre le président américain Franklin D. Roosevelt, le .

Ses compétences incluaient le pouvoir législatif, l’adoption du budget, la déclaration de la guerre et la ratification des traités. Le régime étant parlementaire, le Gouvernement du Reich était responsable devant lui, ce qui lui donnait un rôle nettement plus important que le Reichstag de l’Empire allemand. Sa position était équilibrée par les pouvoirs étendus accordés au président du Reich, qui pouvait le dissoudre ou renvoyer le Gouvernement, et par des procédures de démocratie directe.

Ses membres étaient élus pour quatre ans au scrutin proportionnel plurinominal et au suffrage universel, secret, égal et direct, le corps électoral comprenant tous les hommes et femmes majeures de plus de vingt ans.

À partir de 1933, le Reichstag, sans être formellement aboli, fut rapidement privé de tout pouvoir par l’établissement de la domination nazie, en particulier en application de la loi du qui attribua le pouvoir législatif au Gouvernement.

Le Reichstag, dont le siège avait été incendié fin février, ne fonctionna plus que comme un corps d’acclamation périodique pour les actions d’Adolf Hitler ; sa dernière séance eut lieu le à partir de 15 heures. Après l'incendie, les parlementaires siègent à l’opéra Kroll, situé à proximité du bâtiment endommagé : à cette occasion, Hitler, chancelier du Reich, prononce un discours dans lequel, il fixe un cadre historique au conflit, la lutte pour la suprématie mondiale, désigne de nouveau son principal adversaire : le Juif, lié à l'alliance qui menace l'Allemagne dans ses fondements, selon Hitler[3]. À l'issue de cette réunion de la chambre, un texte proposant l'extension des compétences judiciaires du chancelier et président du Reich, est adopté à l'unanimité[4].

En 1949, la Loi fondamentale de la République fédérale d'Allemagne institua le « Bundestag » comme successeur du Reichstag.

Féminisation du Reichstag

Les Allemandes obtiennent le droit de vote après la Première Guerre mondiale. Lors de l’Assemblée nationale de Weimar, on compte entre 8 et 9 % de députées mais lors des autres législatures, leur nombre tourne autour de 6 %. Après la prise de pouvoir du NSDAP, leur nombre chute à 4 % avant de disparaître sous les quatre législatures du Troisième Reich.

Marie Juchacz est la première femme à prendre la parole devant l'hémicycle le , et la première de toute l'histoire parlementaire allemande. Elle est également la seule femme à être membre du Conseil consultatif de l'Assemblée, chargé d'élaborer une Constitution pour le Reich allemand (Ausschuß zur Vorberatung des Entwurfs einer Verfassung des Deutschen Reichs ; l'Allemagne était encore officiellement le Reich, même après l'abdication de l'empereur Guillaume II et l'instauration de la république).

Législatures de 1919 à 1933
sous la république de Weimar
Début de la
législature
Pourcentage
de femmes
Femmes
députées
Pourcentage
d’hommes
Hommes
députés
Total
de députés
Assemblée nationale de Weimar 1919 8,7 % 37 91,3 % 386 423
1re législature 1920 8,0 % 37 92,0 % 426 463
2e législature 1924 5,7 % 27 94,3 % 445 472
3e législature 1924 6,7 % 33 93,3 % 460 493
4e législature 1928 6,7 % 33 93,3 % 457 490
5e législature 1930 6,8 % 39 93,2 % 538 577
6e législature 1932 5,6 % 34 94,4 % 574 608
7e législature 1932 6,0 % 35 94,0 % 547 582
8e législature 1933 3,8 % 21 96,2 % 537 558
Liste non exhaustive de députées

Galerie

  • La tribune présidentielle avec le président de la République Paul von Hindenburg.
    La tribune présidentielle avec le président de la République Paul von Hindenburg.
  • Entrée des députés, avec la presse, le 31 octobre 1931.
    Entrée des députés, avec la presse, le .
  • Le perchoir du président de la chambre.
    Le perchoir du président de la chambre.
  • Une partie de l’hémicycle depuis le perchoir. On remarque plusieurs femmes députées.
    Une partie de l’hémicycle depuis le perchoir. On remarque plusieurs femmes députées.

Prise du Reichstag

Le palais du Reichstag en ruines en 1946, un an après sa prise.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la prise du Reichstag constitue un des évènements symboliques de la bataille de Berlin et de la défaite du Troisième Reich. À l'extérieur du palais du Reichstag se trouvaient également 4 canons de 88 et deux chars Tigre II. La défense du bâtiment était assurée par un groupe d'hommes sous les ordres du SS-Brigadeführer Wilhelm Mohnke.

L'assaut des Soviétiques sur l'édifice débute le , au soir. Pendant les combats à l'extérieur et à l'intérieur du palais, les Soviétiques hissent le drapeau de l'URSS sur le toit du Reichstag. C'est le soldat kazakh Rakhimzhan Qoshqarbaev (en) qui sera le premier à placer le drapeau rouge, drapeau qui est cependant abattu peu de temps après par des snipers allemands[5]. C'est au matin du 1er mai que le drapeau est définitivement hissé pour de bon, alors que les Soviétiques prennent totalement contrôle du Reichstag. Staline avait demandé au photographe ukrainien Yevgeny Khaldei d'immortaliser cet événement mais il n'était pas présent le jour même. La propagande soviétique recrée la scène le . Le soldat d'origine géorgienne Meliton Kantaria hisse le drapeau à la manière des soldats américains à Iwo Jima le . Aucun des soldats ayant participé à la première mise en place du drapeau rouge ne participeront à la mise en scène. La célèbre photographie fut retouchée pour effacer une des deux montres, celle au poignet droit de l'officier soutenant le soldat portant le drapeau, montre surnuméraire laissant apparaître qu’elle avait été volée, acte pourtant courant au sein des armées d'invasion.

Après la mort d'Adolf Hitler, les avis au sein des derniers hauts dignitaires nazis divergent concernant la demande de négociations pour un armistice ; les jusqu'au-boutistes comme Joseph Goebbels s'y opposent formellement.

Peu de temps avant que Hitler ne se suicide et que le palais du Reichstag ne soit pris, la radio berlinoise réussit à diffuser, pour la dernière fois, une œuvre de Richard Wagner : La Marche funèbre de Siegfried, afin de donner du courage aux troupes. Celle-ci annonçait la fin du Troisième Reich.

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

  • Martin Broszat (trad. de l'allemand), L'État hitlérien : l'origine et l'évolution des structures du IIIe Reich, Paris, Fayard, , 625 p. (ISBN 2-213-01402-7).
  • (de) Martin Döring, "Parlamentarischer Arm der Bewegung" : die Nationalsozialisten im Reichstag der Weimarer Republik, Dusseldorf, Droste, , 492 p. (ISBN 3-7700-5237-4).
  • Saul Friedländer (trad. de l'anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat), L'Allemagne nazie et les JuifsThe years of extermination »], vol. 2 : 1939-1945 les Années d'extermination, Paris, Éd. du Seuil, coll. « Points. Histoire » (no 457), , 1028 p. (ISBN 978-2-02-020282-4).
  • (de) Thomas Mergel, Parlamentarische Kultur in der Weimarer Republik : politische Kommunikation, symbolische Politik und Öffentlichkeit im Reichstag, Dusseldorf, Droste, , 530 p. (ISBN 3-7700-5249-8).

Liens externes

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