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Opéra Kroll

L'opéra Kroll (en allemand : Krolloper) est un bâtiment de l'opéra, aujourd'hui disparu, de Berlin en Allemagne, situé à l'ouest de l'actuelle place de la République face au palais du Reichstag. Il abrite l’assemblée du Reichstag du Troisième Reich après l'incendie du palais le .

Opéra Kroll
L'opéra Kroll en 1930.
Présentation
Type
Fondation
Style
Architectes
Ludwig Persius, Oskar Kaufmann (en)
Ouverture
DĂ©molition
Occupant
Reichstag (en)
État de conservation
détruit (d)
Localisation
Localisation
Coordonnées
52° 31′ 07″ N, 13° 22′ 14″ E
Carte

Histoire

DĂ©buts

L'Ă©tablissement Kroll vers 1850.

Joseph Kroll (1797–1848) a possĂ©dĂ© le Wintergarten, un restaurant et Ă©tablissement très populaire Ă  Breslau, oĂą il accueillait le roi FrĂ©dĂ©ric-Guillaume IV de Prusse en 1841. Le monarque souhaite recrĂ©er un lieu de divertissement similaire Ă  sa ville capitale et il offrit Ă  Kroll un vaste terrain au sein du groĂźer Tiergarten, Ă  l'Ă©poque Ă  l'extĂ©rieur de Berlin. Ă€ cet endroit, le bâtiment fut construit en seulement dix mois, sur les plans de Ludwig Persius, Carl Ferdinand Langhans et Eduard Knoblauch, et inaugurĂ© le . L'imposant Ă©tablissement avec Ă©clairage au gaz peut accueillir jusqu'Ă  5 000 personnes ; Joseph Kroll a dĂ» en effet emprunter jusqu'Ă  30 000 thalers pour financer la rĂ©alisation.

Après de brillants débuts, avec des concerts très réussis comme de Johann Strauss, l'entreprise a rencontré des difficultés financières. Joseph Kroll meurt amèrement en 1848 ; sous la direction de sa fille Augusta, le bâtiment est réaménagé et utilisé pour la représentation d'opéras, opérettes et pièces de théâtre. L'auditoire a pu apprécier des opéras comme Martha de Friedrich von Flotow, Le Barbier de Séville de Gioachino Rossini et surtout l'œuvre d'Albert Lortzing. À la suite d'un incendie en 1851, l'établissement a été rebâti en très peu de temps. Toutefois, Augusta et son mari Jakob Engel n'ont jamais réussi à exploiter le théâtre de façon rentable.

Opéra

L'opéra Kroll vers l'an 1900.

En 1894, l'entreprise a Ă©tĂ© acquise par le brasseur Julius Bötzow ; deux ans plus tard, il vend le bâtiment au théâtre national de Prusse. L'Ă©tablissement est de nouveau rĂ©amĂ©nagĂ© jusqu'en 1898 et nommĂ© « Nouvel opĂ©ra royal Â» (Neues Königliches Operntheater), rĂ©sidence des compagnies d'opĂ©ra et de ballet d’État prussiennes. Il a attirĂ© les plus grands chanteurs comme Enrico Caruso et Ă©tait aussi le lieu de reprĂ©sentation d'un rĂ©pertoire moderne avec des Ĺ“uvres d'Igor Stravinsky et de Gustav Mahler. L'opĂ©rette de Johann Strauss Die Fledermaus a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e 98 fois avec grand succès.

La Première Guerre mondiale empĂŞchait la dĂ©molition et la reconstruction de l'opĂ©ra envisagĂ©e. Ă€ partir de 1920, le théâtre de la VolksbĂĽhne fit restaurer l'Ă©difice avec la salle principale en style expressionniste. Finalement, l'opĂ©ra a Ă©tĂ© rouvert le avec la reprĂ©sentation de Die Meistersinger von NĂĽrnberg par l'ensemble de l'OpĂ©ra de l'État, dirigĂ©e par Erich Kleiber. Le bâtiment est rebaptisĂ© « opĂ©ra d’État sur la place de la RĂ©publique Â» (Staatsoper am Platz der Republik), mais est toujours appelĂ© familièrement opĂ©ra Kroll. Pendant les annĂ©es 1920, le chef d’orchestre est Otto Klemperer. C’est Ă  l’opĂ©ra Kroll qu’on crĂ©e les Ĺ“uvres de Paul Hindemith, Neues vom Tage en 1929 et de Arnold Schönberg Begleitmusik zu einer Lichtspielszene en 1930.

Déclin et démolition

Discours d’Hitler devant les députés du Reichstag réunis à l’opéra Kroll, le , déclarant la guerre aux États-Unis.

Au cours de la Grande Dépression, l'État de Prusse a ordonné la fermeture de l'opéra. La dernière représentation dans l'édifice, Les Noces de Figaro de Wolfgang Amadeus Mozart, a eu lieu le . Après l’incendie du Reichstag en 1933, les parlementaires de cette assemblé contrôlée par les nazis siègent à l’opéra Kroll, situé à proximité du bâtiment endommagé. Le choix s’est porté sur l’opéra qui était à la fois bien placé et suffisamment vaste pour abriter l’institution. Le , le Reichstag donne les pleins pouvoirs à Adolf Hitler.

Le parlement allemand y reste jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, et il est le théâtre de certains discours majeurs d’Hitler, dont le discours « prophĂ©tique » du dans lequel il affirme « si la Juiverie capitaliste internationale d’Europe et hors d’Europe rĂ©ussit Ă  jeter les nations dans une nouvelle guerre mondiale, le rĂ©sultat ne sera pas une bolchĂ©visation du monde, ni la victoire des Juifs, mais l’élimination de la race juive du sol europĂ©en. Â» La dernière sĂ©ance du Reichstag eut lieu Ă  l’opĂ©ra Kroll le , pour voter un dĂ©cret autorisant Hitler Ă  passer outre la justice et l’administration dans tous les domaines.

Le bâtiment est gravement endommagé à la suite d’un bombardement allié le , et ses ruines sont démolies en .

Liens externes

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