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Arnold Schönberg

Arnold Schönberg, ou Arnold Schoenberg[1] (/ˈaʁ.nɔlt ˈʃøːn.bɛɐ̯k/[2] ) est un compositeur, peintre et théoricien autrichien né le [3] à Vienne, et mort le à Los Angeles. Deux siècles après Jean-Sébastien Bach et Jean-Philippe Rameau, qui avaient posé les fondements de la musique tonale, il chercha à émanciper la musique de la tonalité et inventa le dodécaphonisme, qui aura une influence marquante sur une part de la musique du XXe siècle.

Arnold Schönberg
Description de cette image, également commentée ci-après
Los Angeles, 1948
Naissance
Leopoldstadt, Vienne, Autriche-Hongrie
Décès (à 76 ans)
Los Angeles, États-Unis
Activité principale Compositeur, théoricien
Activités annexes Peintre
Collaborations Seconde école de Vienne
Maîtres Alexander von Zemlinsky
Enseignement Malkin Conservatory
Élèves Anton Webern, Alban Berg, John Cage, Hanns Eisler, Egon Wellesz, Otto Klemperer, Theodor Adorno, Viktor Ullmann, Winfried Zillig, René Leibowitz, Nikos Skalkottas, Josef Rufer, Roberto Gerhard, Vilma von Webenau
Conjoint Mathilde Zemlinsky († 1923)
Gertrud Kolisch († 1967)
Descendants E. Randol Schoenberg (petit-fils)
Famille Alexander von Zemlinsky (beau-frère)
Luigi Nono (gendre)

Œuvres principales

Biographie

Arnold Schönberg est né au sein d’une famille juive ashkénaze de la classe moyenne à Leopoldstadt à Vienne (anciennement un ghetto juif). Son père Samuel, né à Szécsény en Hongrie, déménagea à Pozsony (en français Presbourg, faisant alors partie du Royaume de Hongrie, aujourd'hui Bratislava en Slovaquie) puis à Vienne, était propriétaire d'un magasin de chaussures et sa mère, Pauline Schönberg (née Nachod), native de Prague, enseignait le piano.

Il fut avant tout autodidacte. Il reçut uniquement des leçons de contrepoint de celui qui devint son premier beau-frère, le compositeur Alexander von Zemlinsky. Il fonda avec ses élèves Alban Berg et Anton Webern la seconde école de Vienne, avant de s'installer à Berlin pour y enseigner la musique. Pédagogue et théoricien de réputation mondiale, Schönberg eut pour autres élèves notamment Hanns Eisler, Egon Wellesz, Otto Klemperer, Theodor Adorno, Viktor Ullmann, Winfried Zillig, René Leibowitz, Nikos Skalkottas, Josef Rufer, Roberto Gerhard et John Cage avec lequel il entretenait une relation très amicale.

A. Schönberg par Egon Schiele, 1917

Après des œuvres qui procèdent de son admiration pour Richard Wagner et Richard Strauss, dont il a assimilé l'art avec une prodigieuse maîtrise (La Nuit transfigurée, sextuor à cordes, 1899 ; Gurrelieder, cantate profane en deux parties pour chœurs, solistes et grand orchestre, 1900-1911 ; Quatuor à cordes no 1, 1905), il élimine au terme d'une profonde évolution (dont les étapes principales sont le Quatuor à cordes no 2, 1908, avec sa partie pour soprano dans le dernier mouvement, sur un poème approprié de Stefan George affirmant « je respire l'air d'autres planètes » ; les Cinq Pièces pour orchestre, 1909 ; les six petites pièces pour piano, 1911) les relations tonales et élabore le mode de déclamation du « Sprechgesang » (« chant parlé ») avec Pierrot lunaire pour soprano et huit instruments solistes en 1912. Cette composition l'établit définitivement en tête des compositeurs les plus influents de son temps. Igor Stravinsky (Trois poésies de la lyrique japonaise) et Maurice Ravel (Trois poèmes de Mallarmé) l'imitent, Darius Milhaud le fait jouer à Paris[4] et Ernest Ansermet à Zurich, tandis que l'Europe musicale se divise en atonalistes et anti-atonalistes. Ces derniers perturbèrent le concert du (qui fut appelé par la suite « Skandalkonzert »). Il ne put aller à son terme. La première audition du Sacre du Printemps de Stravinsky, à Paris, en mai de la même année, donna lieu à une « bataille » tout aussi célèbre, comme l'avait été celle d'Hernani, drame de Victor Hugo, en 1830). Certains opposants demandèrent également le renvoi de Schönberg de sa chaire de professeur.

Patriote autrichien dans l'âme (et plus tard nostalgique de l'empire des Habsbourg), il se porte, malgré son âge relativement avancé, volontaire durant la Première Guerre mondiale et sert à l'arrière. Cet engagement lui vaudra l'animosité de Claude Debussy, tout aussi patriote que lui, mais du bord opposé.

Recherchant de plus en plus le systématisme de la construction musicale dans l'esprit du classicisme du XVIIIe siècle tel que synthétisé par Johannes Brahms, mais dans une expression moderne — il s'agit donc d'une double transcendance de l'esprit bacho-mozartien, car c'est finalement dans le « conservateur » Brahms que Schönberg reconnaît le véritable novateur — il inaugure en 1923 une technique de composition fondée sur la notion de série qui le place à l’avant-garde du mouvement musical : Suite pour piano (1923), Quatuor à cordes nº 3 (1927), Variations pour orchestre (1928), Moses und Aron (Moïse et Aaron, opéra inachevé, 1930-1932). Durant un séjour à Barcelone en 1929 où il vit dans le quartier de Vallcarca près du parc Güell, il compose morceau pour piano, op. 33a.

A. Schönberg en 1928.

Après l'accession d'Adolf Hitler au pouvoir en Allemagne et avec la promulgation de la « Loi allemande sur la restauration de la fonction publique du 7 avril 1933 », Schönberg doit démissionner de ses activités, notamment des classes de composition qu'il donne à l'Académie prussienne des arts. Considéré par le régime nazi comme « dégénéré », il est contraint de quitter l'Allemagne. En 1938, il fait l'objet d'une section entière (intitulée « Schönberg et les théoriciens de l'atonalité ») au sein de l'exposition Musique dégénérée organisée à Düsseldorf par les partisans d'Alfred Rosenberg[5]. Dans le catalogue de l'exposition qui paraît la même année, le commissaire de l'exposition Hans Severus Ziegler écrit : « L’atonalité, en tant que résultat de la destruction de la tonalité, représente un exemple de dégénérescence et de bolchevisme artistique. Étant donné, de plus, que l’atonalité trouve ses fondements dans les cours d’harmonie du Juif Arnold Schönberg, je la considère comme le produit de l’esprit juif »[6].

En 1933, après un court séjour en France, Schönberg est à New York, ainsi qu'à Boston où il enseigne au Malkin Conservatory. Une année plus tard, il déménage et s'établit définitivement à Los Angeles où il développe un dodécaphonisme « classique » : Concerto pour violon (1936), Ode to Napoleon Bonaparte pour baryton, quatuor à cordes et piano (1942), Concerto pour piano (idem), Trio pour cordes (1946), Un survivant de Varsovie (oratorio dramatique, 1947).

En 1944, il est mis à la retraite par l'Université de Californie où il enseignait depuis 1936, ce qui le pousse à donner des cours particuliers. En parallèle, il écrit des œuvres qui démontrent son intérêt pour un retour à une forme de tonalité : achèvement de la Seconde « symphonie de chambre » (Kammersinfonie, commencée en 1906, terminée en 1939), composition d'œuvres vocales d'inspiration religieuse juive (Kol Nidre 1938, Psaume 130 et Psaume modernemoderner Psalm1950).

Le , le compositeur faillit mourir d'un arrêt cardiaque à la suite d'une violente crise d'asthme et s'en sort grâce à une injection médicamenteuse.

Vivant dans un certain dénuement, Schönberg continue d'enseigner jusqu'à sa mort. C'est à des mécènes comme Elizabeth Sprague Coolidge et à des musiciens comme Leopold Stokowski, le pianiste Eduard Steuermann ou encore le violoniste et beau-frère du compositeur Rudolf Kolisch que nous devons les commandes de la plupart de ses œuvres de la période américaine.

Bien qu'installé à seulement quelques pâtés de maisons de Stravinsky, Schönberg, qui le détestait car il le jugeait futile, refusait obstinément de le voir ou même d'entendre parler de lui. Stravinsky le lui rendait bien, mais ne s'opposa plus à ses théories après sa mort, et sut lui rendre hommage.

Famille

La famille Schönberg (1907) par Richard Gerstl.

Arnold Schönberg se maria deux fois. En , il épousa Mathilde Zemlinsky, sœur d'Alexander von Zemlinsky, avec qui il eut deux enfants, Gertrud (1902–1947) et Georg (1906–1974). Le peintre et ami de Schönberg Richard Gerstl entretint une relation amoureuse avec Mathilde Schönberg. Après la découverte par Arnold Schönberg de la relation adultérine, Richard menace de se donner la mort. Le couple Schönberg décide de rester ensemble pour les enfants ; le , Richard Gerstl se pend devant un miroir.

Mathilde Schönberg mourut en ; en , Schönberg épousa Gertrud Kolisch (1898–1967), sœur de son élève, le violoniste Rudolf Kolisch. Ils eurent trois enfants : (Deborah) Nuria, Ronald (Ronny) et Lawrence (Larry), ce dernier conçu à l'âge de soixante-six ans. Nuria deviendra l'épouse du compositeur italien Luigi Nono.

E. Randol Schoenberg, l'un de ses petits-fils (notons les anagrammes — Ronald, ou Arnold — que forment son prénom) est, quant à lui, un important avocat américain, spécialiste du droit de succession et tout particulièrement des restitutions de biens spoliés par les nazis, dont les débuts sont décrits dans le film La Femme au tableau.

De la rupture avec le système tonal au dodécaphonisme

Portrait d'Arnold Schönberg par Richard Gerstl (v. 1905-06)

C'est le musicologue et chef d'orchestre René Leibowitz qui a le plus fait pour introduire dans une France ravélienne et debussyste le système dit « de composition avec douze sons » (Schönberg refusait le terme « atonal »).

Au début de sa carrière, Schönberg est un compositeur très romantique, dépositaire d'une tradition musicale essentiellement germanique. C'est un admirateur inconditionnel de Wagner et de Brahms, de Mozart, de Beethoven et de Bach. Personne n'a peut-être mieux compris Brahms et Wagner que lui, deux prédécesseurs desquels il arrive à concilier les influences, ce qui semble à l'époque contradictoire.

Schönberg en est arrivé à créer son système au terme d'une analyse très personnelle de l'évolution de l'harmonie à la fin du romantisme où il voyait à l'œuvre des forces irrépressibles de désagrégation de la tonalité. Selon Schönberg, l'accumulation des modulations se succédant de plus en plus vite, l'usage croissant des appoggiatures, des notes de passage, des échappées, des broderies et autres notes étrangères à l'accord habituent l'auditeur à « supporter » des dissonances de plus en plus audacieuses.

Et de fait les premières œuvres de Schönberg, à savoir ses premiers lieder (évoquant Hugo Wolf), « La Nuit transfigurée », poignante, inquiétante et « tristanienne », ainsi que les gigantesques « Gurrelieder » et le déjà ambigu « Pelleas und Melisande »), comportent des passages très chromatiques où la tonalité semble déjà plus ou moins suspendue.

Le processus se poursuit avec le premier quatuor (1905), déjà « atonal » à l'oreille non exercée. La suspension des fonctions tonales est complète dans le second quatuor, op. 10 (1908).

Caricature d'un concert, 6 avril 1913

Il semble que Schönberg se soit alors trouvé à cette époque face à un redoutable problème artistique. La suspension de la tonalité avait déjà été tentée (même si Schönberg l'ignorait) par d'autres compositeurs (« Bagatelle sans tonalité » de Franz Liszt (1885) n'est que semi-atonale), mais Schönberg était arrivé à ce stade non par tâtonnements mais par un processus compositionnel très progressif et très contrôlé. Il ne pouvait plus reculer mais, en même temps, abolissant toutes les règles de l'écriture, il venait d'anéantir à la fois le contrepoint, l'harmonie et la mélodie, sans système « organiseur » alternatif. Que faire ?

Sans tonalité, les douze sons qui constituent notre système musical occidental n'ont plus de fonction définie : plus de degrés, donc plus de dominante, de sous-dominante, etc. Schönberg mit donc au point un système qu'il baptisa « Reihenkomposition », ou « composition sérielle », destiné, en fait, à organiser le chaos sonore qu'il redoutait de voir se substituer à la tonalité. Il décréta ainsi que tout morceau devrait être basé sur une « série » de douze sons, les douze sons de l'échelle chromatique : do, do dièse, ré, ré dièse, etc., jusqu'à si. L'on peut donc faire se succéder ces douze sons dans l'ordre que l'on veut (au gré de l'inspiration « sérielle »), et l'on ne doit pas répéter deux fois le même son. La série peut ensuite être utilisée par mouvement inverse, puis par miroir, être transposée, puis par fragment, et enfin sous forme d'agrégation. Tout le morceau découle donc d'une série préalablement établie, ce qui donne donc un cadre formel substitutif de la tonalité.

La première œuvre de Schönberg rigoureusement écrite selon ce principe est le « prélude de la Suite pour piano opus 25 » écrit en et non comme il est coutume de l'annoncer la valse (dernière des « Cinq pièces pour piano op. 23 » écrite elle en ). La série du prélude est : mi, fa, sol, ré bémol, sol bémol, mi bémol, la bémol, ré, si, do, la et si bémol.

Schönberg et Hauer

Composition dodécaphonique pour l'opéra Moïse et Aron

La question de la paternité de la dodécaphonie en tant que composition avec douze sons a longtemps été le sujet d'âpres disputes. Un contemporain et compatriote viennois de Schönberg, le compositeur Josef Matthias Hauer (1883-1959), avait en effet développé, à la même époque que lui, un système dont le rigorisme et le concept de base semblait en tous points similaire.

Schönberg et Hauer se connaissaient, se fréquentaient et, au début, s'estimaient assez pour tenter de concilier leurs deux méthodes qui se distinguaient tout de même par certains aspects (le système de Schönberg est plus flexible que celui de Hauer, qui, lui, ne permet la répétition de la série de base que dans le sens où celle-ci est écrite, et non pas également à l'envers — en crabe (Krebs) —, transposée d'un ton, etc.). Mais peu à peu, l'intransigeance méthodologique de Hauer, combinée au manque de reconnaissance qu'il expérimentait par rapport à son rival et aux élèves de celui-ci, le rendit assez amer pour que les deux hommes se séparassent. Hauer a longtemps revendiqué pour lui-même le rôle du garant d'un dodécaphonisme (Hauer n'utilisant pas de séries au sens strict) réellement orthodoxe. Alors que Schönberg n'avait jamais cessé de se tourner, dans l'image qu'il se faisait du rôle du compositeur, vers un passé qu'il idéalisait, Hauer annonce dans son radicalisme novateur certaines écoles « anti-schönbergiennes » des années 1970, notamment le minimalisme.

Quant au terme « dodécaphonisme », il a été utilisé pour la première fois par René Leibowitz.

Schönberg et le judaïsme

Document attestant le retour au judaïsme en 1933 d'Arnold Schönberg, Marc Chagall étant témoin

Converti au protestantisme en 1898, comme de nombreux juifs « arrivés » ayant choisi à l'époque l'assimilation, gage d'une certaine respectabilité, Schönberg dut néanmoins se préoccuper de l'antisémitisme, ce qui l'amena à repenser sa propre religion.

A priori, l'origine de Schönberg, compositeur on ne peut plus germanique de tradition, n'a pas d'intérêt musical. Or il est clair que des œuvres comme l'oratorio inachevé Die Jakobsleiter (l'échelle de Jacob), l'opéra inachevé (coïncidence ?), Moses und Aron (Moïse et Aaron) – également superstitieux, Schönberg élimina le second a d'A(a)ron afin de ne pas se retrouver avec un titre de treize lettres – et la pièce de théâtre Der biblische Weg (le chemin biblique) marquent l'évolution et l'approfondissement de son interrogation.

Face à la montée de l'antisémitisme, qu'il subit lui-même, bien que converti, lors d'un séjour en vacances à Mattsee en 1921, il devient, surtout à partir de 1923, de plus en plus amer et virulent. En 1933, il se reconvertit au judaïsme à la synagogue de la rue Copernic, à Paris, avec comme témoin Marc Chagall.

Aux États-Unis il esquissera même un projet de sauvetage des juifs d'Europe et, pour le réaliser, évoquera même la possibilité d'abandonner la musique ; mais ce projet ne se réalisera pas. Au cours de la dernière décennie de sa vie, il tentera de proposer un nouveau type de liturgie juive, et même une reformulation complète de certaines prières (le Kol Nidré, prière qui ouvre le Yom Kippour). Il sera très enthousiaste lors de la création de l'État d'Israël en 1948, composant pour la circonstance : Dreimal tausend Jahre opus 50a (Trois fois mille ans) et une cantate qui restera inachevée Israel exists again (Israël existe à nouveau)[7] - [8].

Autres centres d'intérêt

Ensemble de cartes à jouer conçu par Schoenberg
Jeu d'échecs conçu par Schönberg

Outre ses œuvres et essais portant sur la situation sociale et historique du peuple juif, Schönberg écrivit de nombreux ouvrages : des pièces de théâtre, de la poésie, des ouvrages théoriques sur la musique (le célèbre Traité d'harmonie). Il entretenait également une abondante correspondance, dont le ton désarçonne quelquefois par sa méfiance ou sa virulence[9].

Schoenberg conçut dans les années 1920, un (al) jeu d'échecs de la coalition appelée « variante d'échecs pour quatre joueurs »[10] ; aussi un ensemble de cartes à jouer ou une machine à écrire tactile en 1909, une méthode documentaire pour le jeu de tennis pour lequel il se passionnait, des modèles de meubles…

Peinture

Schönberg fut aussi un peintre suffisamment accompli pour que ses œuvres soient présentées aux côtés de peintures de Franz Marc et de Vassily Kandinsky. Il peignit en particulier de nombreux autoportraits, dont un, assez étonnant, de dos[11].

Enfin, Schönberg fut un joueur de tennis amateur passionné. Voisin de George Gershwin, il aimait à aller le défier sur son court.

  • Quelques œuvres picturales d'Arnold Schönberg
  • Weibliches Portrait, 1910
    Weibliches Portrait, 1910
  • Landschaft, 1910
    Landschaft, 1910
  • Denken, 1910
    Denken, 1910
  • Bund, mai 1910
    Bund,
  • Autoportrait bleu, 1910
    Autoportrait bleu, 1910

Docteur Faustus

La méthode de composition développée par Schönberg servit d'ailleurs, par le truchement d'Adorno, d'inspiration à celle inventée par Adrian Leverkühn, le héros du roman Le Docteur Faustus de Thomas Mann, écrit à l'époque où tous les trois vivaient en relatif voisinage dans l'exil californien. Le compositeur poursuivra le romancier et le philosophe de sa vindicte, accusant l'un et l'autre de l'avoir « pillé », de s'être « appropriés indûment » son invention. Les tentatives de conciliation de Mann, notamment une dédicace explicite dès le second tirage, s'avérèrent infructueuses. À la question de savoir pourquoi il n'avait pas crédité également Hauer de l'invention de la méthode de composition à douze tons, Mann répondra en substance : « Il ne fallait pas faire mourir le vieux colérique. »

Honneurs

Rue Arnold Schoenberg à Urdenbahe à Düsseldorf (Allemagne)

Plusieurs lieux rendent hommage à Arnold Schönberg : en 1952, son nom est donné à une place à Vienne à Penzing, orthographié Schoenberg ; un jardin à Berlin-Weißensee (1998), une rue à Düsseldorf ou Munich (Allemagne) ; des rues dans plusieurs villes d'Autriche, en Suisse ou en Israël ; un square à Barcelone (Espagne) ; une rue à Amsterdam, Almere ou Utrecht (Pays-Bas) ; une rue à Guyancourt ou Bures-sur-Yvette, une place à Lyon (France).

En astronomie, sont nommés en son honneur Schoenberg, un cratère de la planète Mercure[12], et (4527) Schoenberg, un astéroïde de la ceinture principale d'astéroïdes[13].

Des instituts portent son nom notamment Arnold Schönberg Center (de)[14] à Vienne, qui est un référentiel culturel de l'œuvre et de l'héritage de Schönberg, ou à Berlin[15].

Sa maison natale de Mödling est devenue un musée ouvert au public depuis 1999.

Schönberg est également mécène du Prix Arnold-Schoenberg (de) décerné depuis 2001 pour récompenser l'œuvre d'une vie artistique.

Œuvres

Liste complète par numéro d'opus

  • Opus 1 : 2 Gesänge pour baryton (1898)
  • Opus 2 : 4 Lieder (1899)
  • Opus 3 : 6 Lieder (1899/1903)
  • Opus 4 : Verklärte Nacht (La Nuit transfigurée) pour sextuor à cordes (1899)
  • Opus 5 : Pelleas und Melisande (Pelléas et Mélisande), poème symphonique (1902/03)
  • Opus 6 : 8 Lieder pour soprano (1903/05)
  • Opus 7 : Quatuor à cordes no. 1, en ré mineur (1904/05)
  • Opus 8 : 6 Lieder avec orchestre (1903/05)
  • Opus 9 : Kammersymphonie n° 1, en mi majeur (1906)
  • Opus 10 : Quatuor à cordes n° 2 en fa dièse mineur (1907/08)
    Ensemble de la première du Pierrot Lunaire d'A. Schoenberg à la chambre Berliner Choralion. Collaborateurs : Albertine Zehme (récitation), Hans W. de Vries (flûte), Karl Essberger (clarinette), Jakob Malinjak (violon), Hans Kindler (violoncelle), Eduard Steuermann (piano), 16 octobre 1912.
  • Opus 11 : Drei Klavierstücke (Trois pièces), pour piano (février-, publication en 1910 ; le n° 3 a été révisé en 1924)
  • Opus 12 : 2 Balladen (1906)
  • Opus 13 : Friede auf Erden (1907)
  • Opus 14 : 2 Lieder (1907/08)
  • Opus 15 : 15 Gedichte aus Das Buch der hängenden Gärten de Stefan George (1908/09)
  • Opus 16 : Fünf Orchesterstücke (1909)
  • Opus 17 : Erwartung, monodrame (opéra) en un acte, pour soprano et orchestre (1909)
  • Opus 18 : Die glückliche Hand, drame (opéra en un acte) avec musique, pour voix et orchestre (1910/13)
  • Opus 19 : Sechs kleine Klavierstücke (Six petites pièces pour piano) (1911, publication en 1913)
  • Opus 20 : Herzgewächse pour soprano (1911)
  • Opus 21 : Pierrot lunaire (1912)
  • Opus 22 : Funf lieder für orchester (1913/16)
  • Opus 23 : 5 Stücke (Cinq pièces), pour piano (1920-1923, publication en 1923)
  • Opus 24 : Serenade (1920/23)
  • Opus 25 : Suite pour piano (1921/24, publication en 1925)
  • Opus 26 : Quintette pour vents (1924)
  • Opus 27 : 4 Stücke (1925)
  • Opus 28 : 3 Satiren (1925/26)
  • Opus 29 : Suite, pour septuor (1925)
  • Opus 30 : Quatuor à cordes nº 3 (1927)
  • Opus 31 : Variations pour orchestre (1926/28)
  • Opus 32 : Von heute auf morgen opéra en un acte (1928-29), sur un livret de Max Blonda, pseudonyme de la seconde femme de Schönberg, Gertrud.
  • Opus 33 : 2 Stücke für Klavier (Deux pièces pour piano), Op. 33a (1928-29, publication en 1929) et 33b (1931, publication en 1932)
  • Opus 34 : Begleitmusik zu einer Lichtspielszene (1930)
  • Opus 35 : 6 Stücke pour chœur d'hommes (1930)
  • Opus 36 : Concerto pour violon (1934/36)
  • Opus 37 : Quatuor à cordes n° 4 (1936)
  • Opus 38 : Kammersymphonie n° 2, mi bémol mineur (1906/39)
  • Opus 39 : Kol nidre pour chœur et orchestre (1938)
  • Opus 40 : Variations sur un récitatif pour orgue (1941)
  • Opus 41: Ode pour Napoléon Bonaparte pour voix, piano et quatuor à cordes (1942)
  • Opus 42 : Concerto pour piano (1942)
  • Opus 43a : Thème et variations pour orchestre (1943)
  • Opus 44 : Prélude à la Genèse, Suite pour chœur et orchestre (1945)
  • Opus 45 : Trio à cordes (1946)
  • Opus 46 : Un survivant de Varsovie (1947)[16]
  • Opus 47 : Fantaisie pour violon et piano (1949)
Rue à son nom à Barcelone rappelant son séjour en 1929.
  • Opus 48 : Drei lieder (1933)
  • Opus 49 : Drei lieder (1948)
  • Opus 50a : Dreimal tausend Jahre (1949)
  • Opus 50b : Psaume 130 « De profundis » (1950)
  • Opus 50c : Psaume moderne (1950, inachevé)

Sans numéro d'opus

Écrits

Carte de Noël au compositeur A. Schoenberg par son fils George, 1940.
  • Fonctions structurelles de l'harmonie (Structural functions of harmony, 1954, 1969), édition révisée, traduction, introduction et commentaires de Bernard Floirat, préface de Nicolas Meeùs, collection Musique Recherches sous la direction de Jean-Jacques Nattiez et Jean-Michel Bardez, Sampzon, Delatour France, 2017 (30 p., 230 p.) ;
  • Fondements de la composition musicale - Manuel de composition musicale (Fundamentals of musical composition, 1967), traduction de Dennis Collins, annotations de Jean-Loup Cataldo, collection Pedago, Rousset, Mediamusique, 2013 (308 p.) ;
  • Le style et l’idée (Style and Idea, 1950, 1951, 1975), traduction française de Christiane de Lisle, Paris, Buchet-Chastel, 1994 (389 p.) ;
  • Traité d'harmonie (Harmonielehre, 1911, 1922), traduit et présenté par Gérard Gubish, collection Pédago, Rousset, Mediamusique, 2008 (592 p.) ;
  • (en) Arnold Schoenberg Self-Portrait, a collection of articles program notes and letters by the composer about his own works, edited by Nuria Schoenberg Nono, Belmont Music Publishers, Pacific Palisades, 1988 (128 p.) ;
  • (en) Coherence, Counterpoint, Instrumentation, Instruction in Form (Zusammenhang, Kontrapunkt, Instrumentation, Formenlehre), traduction anglaise de Charlotte M. Cross et Severine Neff, Lincoln et London, University of Nebraska Press, 1994 (72 p., 135 p.) ;
  • (en) Models for Beginners in Composition (1942, 1943, 1972), nouvelle édition revue et corrigée par Gordon Root, Oxford University Press, collection Schoenberg in Words, volume 2, 2016 (264 p.) ;
  • (en) Preliminary exercises in counterpoint (1963, 1964), édition revue et corrigée par Severine Neff, Schoenberg on Counterpoint, Oxford University Press, collection Schoenberg in Words, volume 3 ;
  • (en) Schoenberg’s Program Notes and Musical Analyses, textes réunis par J. Daniel Jenkins, collection Schoenberg in Words, volume 5, Oxford University Press, 2016 (504 p.) ;
  • (en)The Musical Idea and the Logic, Technique, and Art of its Presentation (Musikalische Gedanke und die Logik, Technik und Kunst seiner Darstellung), traduction anglaise de Patricia Carpenter et Severine Neff, New York, Colombia University Press, 1995 (462 p.).
Projet d'une machine à écrire tactile par A. Schoenberg, 1909

Discographie

Filmographie

Les cinéastes Jean-Marie Straub et Danièle Huillet ont porté à l'écran trois pièces de Schönberg :

  • Einleitung zu Arnold Schoenbergs „Begleitmusik zu einer Lichtspielscene“ (Introduction à la « Musique d’accompagnement pour une scène de film » d'Arnold Schoenberg, d'après Schönberg et Brecht, 16 mm, couleur & noir et blanc, 15 min, 1973.
  • Moïse et Aaron (Moses und Aron), 35 mm et 16 mm, couleur, 105 min, 1975.
  • Du jour au lendemain (Von heute auf morgen), 35 mm, noir et blanc, 62 min, 1997.
Portrait de G. Mahler par A. Schönberg, 1910

Expositions (peinture)

Notes et références

  1. L'orthographe Schoenberg est également courante, notamment dans la littérature savante. Le compositeur a lui-même opté pour le remplacement du ö par oe quand il s'est installé aux États-Unis, ainsi qu'on peut le lire dans sa correspondance (JC Lattès). En allemand, le ö (o avec umlaut) représente une ligature verticale entre un o et un e. L'orthographe oe est donc une alternative courante, notamment quand le signe ö n'est pas disponible.
  2. Prononciation en allemand standard retranscrite phonémiquement selon la norme API.
  3. Né (et, ironiquement, mort) un 13, il conserva toujours une horreur superstitieuse de ce chiffre et du vendredi, allant jusqu'à numéroter les mesures de ses partitions avec un 12 bis.
  4. Kerdiles, Dimitri, « 1927. Schönberg à Paris », dans Nouvelle histoire de la musique en France (1870-1950), sous la direction de l'équipe « Musique en France aux XIXe et XXe siècles : discours et idéologies », (lire en ligne)
  5. Élise Petit, Musique et politique en Allemagne, du IIIe Reich à l'aube de la guerre froide, Paris, PUPS, , p. 66-69
  6. Élise Petit, Musique et politique en Allemagne, du IIIe Reich à l'aube de la guerre froide, Paris, PUPS, , 393 p. (ISBN 979-10-231-0575-9, BNF 45490484), p. 44
  7. (de) Bayerischer Rundfunk, « BR-KLASSIK: Die ganze Welt der Klassischen Musik », Br-Klassik, , Schoenberg (lire en ligne, consulté le )
  8. « L’œuvre juive d’Arnold Schönberg - Institut Européen des Musiques Juives », sur iemj.org (consulté le )
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Voir aussi

Bibliographie

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  • Hans Heinz Stuckenschmidt, Alain Poirier (trad. de l'allemand), Arnold Schoenberg, Paris, Fayard, coll. « Bibliothèque des grands musiciens », , 816 p. (ISBN 978-2-213-02796-8, BNF 35616037)

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