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Le Barbier de SĂ©ville (Rossini)

Il barbiere di Siviglia

Le Barbier de SĂ©ville
Il barbiere di Siviglia
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Représentation de Figaro
Genre Opéra-bouffe
Nbre d'actes 2
Musique Gioachino Rossini
Livret Cesare Sterbini
Langue
originale
Italien
Sources
littéraires
Le Barbier de Séville, comédie (1775) de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais
Dates de
composition
- mi-janvier 1816
Création
Teatro di Torre Argentina, Rome

Représentations notables

: Teatro di Torre Argentina de Rome, triomphe aprÚs le célÚbre fiasco de la premiÚre, la veille

Personnages

  • Le comte Almaviva, amoureux de Rosina (tĂ©nor)
  • Figaro, barbier (baryton)
  • Rosina, pupille de Bartolo (contralto)
  • Bartolo, docteur en mĂ©decine (basse)
  • Basilio, maĂźtre de musique de Rosina (basse)
  • Berta, femme de chambre de Bartolo (soprano)
  • Fiorello, domestique du comte Almaviva (basse)
  • Domestiques, musiciens, soldats, un officier.

Airs

la scĂšne de l'orage dans Le Barbier de SĂ©ville, lithographie d'Alexandre-Évariste Fragonard, 1830.restaurĂ©e par

Le Barbier de SĂ©ville est l'opĂ©ra le plus connu de Gioachino Rossini, sur un livret de Cesare Sterbini, crĂ©Ă© en 1816 et considĂ©rĂ© par beaucoup comme le chef-d'Ɠuvre de l'opĂ©ra-bouffe italien.

L'histoire a été tirée de la comédie Le Barbier de Séville ou la Précaution inutile de Beaumarchais (1732-1799), jouée pour la premiÚre fois au Théùtre-Français le , l'une des trois piÚces de cet auteur comptant parmi ses héros le personnage de Figaro.

Avant Rossini, un autre compositeur italien, Giovanni Paisiello, avait composé Il barbiere di Siviglia, ovvero La precauzione inutile, créé en 1782 et qui remporta un succÚs énorme[1]. Mozart composa Les Noces de Figaro, opéra inspiré de la piÚce de Beaumarchais qui fait suite au Barbier de Séville, La Folle journée, ou le Mariage de Figaro.

Création

La premiÚre interprétation eut lieu le [2] au Teatro di Torre Argentina à Rome[2], avec Gertrude Giorgi-Righetti (Rosine), Manuel Garcia (Almaviva), Luigi Zamboni (Figaro), Bartolomeo Botticelli (Bartolo), et Zenobio Vitarelli (Basile). Ce fut une succession de catastrophes : non seulement la cabale montée par Gaspare Spontini, rival de Rossini, fonctionna à merveille mais le ténor Garcia, qui avait voulu s'accompagner à la guitare (qui était désaccordée), fut sifflé. Rossini en habit noisette au clavecin pour le continuo, fut chahuté. Vitarelli trébucha et saigna du nez. Pour couronner le désastre, un chat traversa la scÚne et la salle entiÚre se mit à miauler. La représentation se poursuivit dans un désordre indescriptible. Le lendemain, Rossini déclara qu'il ne participerait pas à la deuxiÚme représentation. Une fois couché, il fut réveillé par la foule venue acclamer le compositeur ébahi.

L'ouverture de l'opĂ©ra est restĂ©e cĂ©lĂšbre grĂące Ă  sa mĂ©lodie. Elle avait prĂ©alablement servi Ă  deux autres Ɠuvres quelques annĂ©es auparavant. Rossini avait rĂ©alisĂ© l'ouverture pour Aureliano in Palmira (crĂ©ation le ), et l'avait rĂ©utilisĂ©e ensuite dans Elisabetta, regina d'Inghilterra (crĂ©ation le ), avant Il barbiere.

L'opĂ©ra fut donnĂ© pour la premiĂšre fois Ă  Paris en italien le au ThĂ©Ăątre-Italien. Le compositeur et critique Castil-Blaze rĂ©alisa une adaptation française en rajoutant des rĂ©citatifs pour la plupart empruntĂ©s Ă  Beaumarchais et en modifiant la structure (qui passe de deux Ă  quatre actes) ; certaines tessitures vocales furent Ă©galement changĂ©es pour s'adapter au goĂ»t français : Rosine passa ainsi de mezzo-soprano Ă  soprano. Cette version fut crĂ©Ă©e le Ă  l'OdĂ©on. AprĂšs de nombreuses vicissitudes dues aux rivalitĂ©s des thĂ©Ăątres parisiens, c'est une version en français avec dialogues parlĂ©s (dans le style opĂ©ra-comique) crĂ©Ă©e le Ă  l’OpĂ©ra-Comique avec un trĂšs grand succĂšs qui s'imposa au rĂ©pertoire jusque dans les annĂ©es 1960. Une nouvelle reprise de cette version eut lieu en 1996 avec Annick Massis.

Argument

Ouverture

Un solennel andante maestoso l'ouvre suivi sans transition par un allegro vivo, mouvementĂ© et moqueur qui indique la nature comique de l'opĂ©ra. Cette deuxiĂšme partie comporte notamment deux cĂ©lĂšbres crescendi successifs, marque de fabrique du compositeur, reprenant les mĂ©lodies de l'andante. Le deuxiĂšme crescendo dĂ©bouche sur une brĂšve coda PiĂč mosso qui conclut gaiement l'ouverture.

1er tableau

Nous sommes Ă  SĂ©ville, oĂč la nuit est dĂ©jĂ  noire. Le comte Almaviva vient chanter une sĂ©rĂ©nade devant la maison du vieux docteur Bartolo.

« Ecco ridente in cielo »

Sa chanson s’adresse Ă  Rosina, la jeune et belle pupille du docteur. Figaro, un ancien domestique du comte, barbier-chirurgien de Bartolo, fait une joyeuse entrĂ©e.

« Largo al factotum »

Le comte Almaviva lui demande son aide. Mais voilĂ  que Rosina paraĂźt au balcon et laisse tomber un billet dans lequel elle invite le comte Ă  se prĂ©senter. Ce qu’il fait dans une nouvelle sĂ©rĂ©nade oĂč il dit s’appeler Lindor, ĂȘtre pauvre, et trĂšs amoureux. Figaro lui conseille ensuite de se prĂ©senter chez Bartolo avec un billet de logement. Pour mieux Ă©garer les soupçons, il aura l’air Ă  moitiĂ© ivre.

2e tableau

Rosina, seule, chante son amour pour Lindor et sa dĂ©termination d’échapper Ă  son tuteur.

« Una voce poco fa »

Ce dernier paraĂźt, fulminant contre Figaro qui vient de donner mĂ©decine Ă  toute la maison. Mais voici qu’entre Basilio, le maĂźtre de musique de Rosina, qui vient prĂ©venir Bartolo de la prĂ©sence Ă  SĂ©ville d’Almaviva. Comment lutter contre lui ? Par une arme terrible, la calomnie, rĂ©pond Basilio.

« La calunnia Ú un venticello »

Puis, pendant que tous deux vont prĂ©parer le contrat de mariage qui doit unir Bartolo Ă  Rosina, Figaro prĂ©vient cette derniĂšre, d’une part que son tuteur veut l’épouser dĂšs le lendemain, d’autre part que Lindor l’adore. Rosine ravie remet Ă  Figaro un billet doux dĂ©jĂ  prĂ©parĂ© pour Lindor. À peine Figaro est-il sorti que Bartolo fait irruption, plus soupçonneux et inquisiteur que jamais. Il n’est pas, proclame-t-il, un homme qu’on berne facilement.

« A un dottor della mia sorte”

Mais voici qu’Almaviva dĂ©guisĂ© en soldat se prĂ©sente. Bartolo lui rĂ©plique en brandissant un certificat l’exemptant de toute rĂ©quisition. Sur ce, le dialogue s’échauffe, et le comte en profite pour glisser un billet Ă  Rosina. Figaro accourt, puis c’est la garde qui vient arrĂȘter le fauteur de dĂ©sordre. Mais le comte fait discrĂštement savoir qui il est, et la garde se retire, laissant tout le monde dans l’ébahissement.

Acte II

Bartolo s’interroge sur l’identitĂ© du soldat qui s’est introduit chez lui, quand un nouveau venu se prĂ©sente. C’est Alonso, un Ă©lĂšve de Basilio remplaçant son maĂźtre pour la leçon de Rosina. Basilio, dit-il, est souffrant. Alonso, bien sĂ»r, n’est autre qu’Almaviva dĂ©guisĂ©. Bartolo restant mĂ©fiant, le comte utilise pour lever ses soupçons le billet doux que lui a fait parvenir Rosina. Il prĂ©tend l’avoir reçu par hasard Ă  la place d’Almaviva, et suggĂšre de l’utiliser pour calomnier ce dernier. Bartolo reconnaĂźt lĂ  les procĂ©dĂ©s chĂ©ris de Basilio et fait bon accueil Ă  Alonso. La leçon commence. Mais la musique endort Bartolo, et les amoureux en profitent pour se livrer Ă  des apartĂ©s passionnĂ©s. LĂ -dessus entre Figaro, venu pour raser le docteur. Il parvient Ă  lui subtiliser la clĂ© de la porte du balcon. Mais c’est alors que surgit Basilio, Ă  la grande surprise de Bartolo. Il faut trouver d’urgence une solution. Une bourse bien garnie convainc Basilio qu’il est trĂšs malade et qu’il doit retourner au lit au plus tĂŽt. Figaro rase donc Bartolo, mais ce dernier surprend des propos non Ă©quivoques des amoureux. Il entre dans une rage folle, chasse tout le monde, et envoie chercher le notaire pour prĂ©cipiter son mariage. Puis il montre Ă  Rosina le billet qu’elle avait Ă©crit comme preuve de la lĂ©gĂšretĂ© d’Almaviva. Rosina, effondrĂ©e rĂ©pond Ă  Bartolo qu’elle consent Ă  l’épouser sur-le-champ. Mais Figaro et le comte se sont introduits dans la maison grĂące Ă  la clĂ© dĂ©robĂ©e. Rosina repousse le comte, mais celui-ci n’a pas de mal, en dĂ©voilant son identitĂ©, Ă  se justifier. Ils se prĂ©parent Ă  s’enfuir discrĂštement.

Requis pour le contrat de mariage, Basilio et le notaire arrivent et produisent le document que signent Rosina
 et Almaviva bien sĂ»r ! Un pistolet et un bijou de prix convainquent Basilio d’accepter d’ĂȘtre tĂ©moin. Et Bartolo ne peut que s’incliner, et constater l’inutilitĂ© de ses prĂ©cautions.

La musique du Barbier de SĂ©ville

Fichier audio
Air de la calomnie
par FĂ©dor Chaliapine (basse)
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L'opĂ©ra contient un certain nombre d'airs qui sont parmi les plus populaires de la musique classique. Ainsi, l'ouverture de l'opĂ©ra est restĂ©e cĂ©lĂšbre grĂące Ă  sa mĂ©lodie. Elle avait prĂ©alablement servi Ă  deux autres Ɠuvres quelques annĂ©es auparavant. Rossini avait rĂ©alisĂ© l'ouverture pour Aureliano in Palmira (crĂ©ation le ), et l'avait rĂ©utilisĂ©e ensuite dans Elisabetta, regina d'Inghilterra (crĂ©ation le ), avant Il barbiere.

  • Cavatine de Figaro « Largo al factotum » : Cette cavatine extrĂȘmement cĂ©lĂšbre est l'un des grands airs du rĂ©pertoire de baryton. Elle est trĂšs fameuse notamment pour ses sĂ©ries de "Figaro figaro figaro", "bravo, bravissimo et fortunatissimo" en croches, qui exigent une grande virtuositĂ© et une grande maĂźtrise de la part de l'exĂ©cutant. Certains chanteurs d'opĂ©ra demandent au chef d'orchestre d'accĂ©lĂ©rer le tempo de cet air de maniĂšre Ă  augmenter la vitesse de diction qui peut ainsi devenir vertigineuse, privilĂ©giant ainsi la virtuositĂ© au dĂ©triment de la qualitĂ© musicale.
  • Cavatine de Rosina « Una voce poco fa » : Cette cavatine est l'un des chefs-d’Ɠuvre du bel canto, et l'un des grands airs de colorature. Le rĂŽle de Rosina est originellement Ă©crit pour contralto de coloratura (ou d'agilitĂ©) mais sa popularitĂ© a conduit le rĂŽle Ă  ĂȘtre trĂšs souvent transposĂ© pour soprano, comme dans la version française du Barbiere. Una voce poco fa, Ă©crit en mi majeur dans la tonalitĂ© originale, est un vĂ©ritable feu d'artifice vocal. Trilles, arpĂšges, gammes et ornements s'allient Ă  un tempo serrĂ© pour demander de la part de l'interprĂšte une grande maĂźtrise technique[3]. Au XIXe siĂšcle, un certain nombre de solistes, parmi lesquelles Maria Malibran, ont mĂȘme ajoutĂ© leurs propres ornementations Ă  la mĂ©lodie de Rossini, en accroissant encore la difficultĂ©. Aujourd'hui, l'aria est chantĂ©e autant par des contraltos ou plus communĂ©ment par mezzos (dans le ton original) que par des sopranos (qui ajoutent traditionnellement des cadences pouvant monter jusqu'au contre-rĂ©, dans le cas de Diana Damrau). Maria Callas, dont la tessiture de prĂ©dilection Ă©tait un soprano, a crĂ©Ă© la surprise en 1957 en chantant Una voce poco fa dans la tonalitĂ© originale de mi majeur[4].
  • Air de Basilio « La calunnia Ăš un venticello »
  • Air (souvent supprimĂ©) du comte Almaviva « Cessa di piĂč resistere »

Autres versions

Discographie

Version originale
Année Distribution
(Rosina,
Almaviva,
Figaro)
Chef
Opéra et Orchestre
Éditeur
1950Giulietta Simionato,
Luigi Infantino (en),
Giuseppe Taddei
Fernando Previtali,
Coro e Orchestra della Rai di Milano
Audio CD: Warner Fonit
Cat: 5046 71224-2
1954Antonietta Pastori,
Nicola Monti,
Rolando Panerai
Carlo Maria Giulini,
Symphony Orchestra and Chorus of RAI
Audio CD: Great Opera Performances Classics
Cat: G.O.P. 66.104
1956Maria Callas,
Luigi Alva,
Tito Gobbi
Carlo Maria Giulini,
Teatro alla Scala Orchestra and Chorus
Audio CD: Cetra
1957Giulietta Simionato,
Alvinio Misciano,
Ettore Bastianini
Alberto Erede,
Maggio Musicale Fiorentino Orchestra and Chorus
Audio CD: Decca Eloquence
Cat 467 4112
1957Maria Callas,
Luigi Alva,
Tito Gobbi
Alceo Galliera,
Philharmonia Orchestra and Chorus
Audio CD: EMI Classics
1958Roberta Peters,
Cesare Valletti,
Robert Merrill
Erich Leinsdorf,
Metropolitan Opera Orchestra and Chorus
Audio CD: RCA
1962Victoria de los Ángeles,
Luigi Alva,
Sesto Bruscantini
Vittorio Gui,
Royal Philharmonic Orchestra Glyndebourne Festival Chorus
EMI Classics
Cat: 7243 567765 2 4
1972Teresa Berganza,
Luigi Alva,
Hermann Prey
Claudio Abbado,
London Symphony Orchestra and Chorus
Audio CD: Deutsche Grammophon
Cat: 457 7332
1975Beverly Sills,
Nicolai Gedda,
Sherrill Milnes
James Levine,
London Symphony Orchestra,
John Alldis Choir
Audio CD: EMI Classics
1982Marilyn Horne,
Paolo Barbacini,
Leo Nucci
Riccardo Chailly,
Coro e Orchestra del
Teatro alla Scala, Milan
Audio CD: Sony Classics
1983Agnes Baltsa,
Francisco Araiza,
Thomas Allen
Neville Marriner,
Ambrosian Opera Chorus
Audio CD: Philips Classics
RĂ©Ă©d. Decca, 2002
1987Luciana Serra,
Rockwell Blake,
Bruno Pola
Bruno Campanella,
Teatro Regio di Torino Orchestra and Chorus
Audio CD: Nuova Era
1993Kathleen Battle,
Frank Lopardo,
PlĂĄcido Domingo
Claudio Abbado,
Chamber Orchestra of Europe and Chorus
Audio CD: Deutsche Grammophon
1997Edita GruberovĂĄ,
Juan Diego FlĂłrez,
Vladimir Chernov
Ralf Weikert,
MĂŒnchner Rundfunkorchester and Chorus
(Live performance)
Audio CD: Nightingale Classics
Cat: NC 004022
Version française

Les deux enregistrements les plus cĂ©lĂšbres sont ceux de Jules Gressier en 1956 (avec Michel Dens) et Jean-Pierre Marty en 1975. Tous deux sont Ă©ditĂ©s chez PathĂ©/EMI. Il existe Ă©galement un enregistrement au concert de l'OpĂ©ra-Comique de 1955 avec Jacques Jansen et Louis Musy, Orchestre et ChƓurs de Paris, Jean Fournet Malibran Music, Bourg Records BCG 24-25 (1991).

Notes et références

  1. . Pour diffĂ©rencier les deux Ɠuvres, la version de Rossini fut intitulĂ©e Almaviva, ou l'inutile prĂ©caution, jusqu'Ă  la mort de Paisiello.
  2. François-RenĂ© Tranchefort, L'OpĂ©ra, Paris, Éditions du Seuil, , 634 p. (ISBN 2-02-006574-6), p. 133
  3. voir la partition sur http://imslp.org/wiki/Il_barbiere_di_Siviglia_%28Rossini,_Gioacchino%29
  4. voir le site callas.free.fr

Liens externes

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