AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Maria Malibran

María-Felicia García, dite la Malibran, née le à Paris et morte le à Manchester, est une artiste lyrique française (mezzo-soprano) d'origine espagnole.

Maria Malibran
Description de l'image (Gaillac) Maria Malibran - Firmin Salabert - Musée des Beaux-Arts de Gaillac.jpg.
Surnom La Malibran
Nom de naissance MarĂ­a-Felicia GarcĂ­a
Naissance
Ancien 2e arrondissement de Paris
DĂ©cĂšs (Ă  28 ans)
Manchester
Activité principale artiste lyrique
mezzo-soprano
Style
Ascendants Manuel Garcia
Maria Joaquina Sitches, dite la Briones
Conjoint EugĂšne Malibran Charles-Auguste de BĂ©riot
Descendants Charles Wilfrid de BĂ©riot
Famille Manuel Garcia junior
Pauline Viardot
Josefa Ruiz García, demi-sƓur
Antonia SitchĂšs de Mendi, cousine

Biographie

Origines familiales

Numéros 1 et 3 de la rue de Condé, avec la plaque commémorative de la naissance de Maria Malibran.
Détail de la plaque commémorative.

María de la Felicídad García naßt la nuit du à Paris, au 3, rue de Condé. Elle est la fille de Manuel Garcia, ténor célÚbre à l'époque, né en 1775 à Séville, et de Joaquína Sitchez, chanteuse soprano[1], née en 1780 à Barcelone.

Elle est la sƓur aĂźnĂ©e de Pauline Garcia, dite Viardot, plus jeune qu'elle de 13 ans[2].

Enfance et début de carriÚre

Les trois premiĂšres annĂ©es de Maria se dĂ©roulent paisiblement dans un foyer « uni et aisĂ© ». Son pĂšre rayonne autant sur scĂšne, au ThĂ©Ăątre des Italiens, que dans les salons mondains, tandis que Maria fait ses premiers pas au jardin du Luxembourg et qu’un peu plus tard, sa mĂšre lui apprend Ă  lire, Ă©crire, et compter.

En 1811, la famille Garcia dĂ©mĂ©nage Ă  Naples, oĂč le pĂšre de Maria a Ă©tĂ© appelĂ© par le roi Joachim Murat qui vient de le nommer maĂźtre de sa chapelle privĂ©e aprĂšs l’avoir Ă©coutĂ© au San Carlo. Avant le dĂ©part, Manuel remporte un dernier succĂšs dans la capitale française, Ă  l’occasion des festivitĂ©s donnĂ©es en l’honneur de la naissance de l’Aiglon, fils de NapolĂ©on et de Marie-Louise d’Autriche. La famille Garcia passe quatre annĂ©es Ă  Naples, « totalement rythmĂ©es par la musique ». Manuel Garcia et sa femme Maria se produisent rĂ©guliĂšrement au San Carlo, tandis que leurs deux premiers enfants, Manuel Garcia fils ainsi que Maria, apprennent le solfĂšge et la musique avec le pianiste HĂ©rold et le compositeur Panseron[3]. Maria impressionne beaucoup HĂ©rold qui Ă©crit dans ses MĂ©moires : « Depuis Mozart, on n'a jamais vu de vocation si Ă©nergiquement prononcĂ©e pour la musique[3]. ».

En 1813, Maria, alors ĂągĂ©e de cinq ans, fait ses premiers pas sur scĂšne en jouant un rĂŽle secondaire dans L’Agnese (AgnĂšs), de Ferdinando PaĂ«r, qui consiste Ă  apporter une lettre Ă  son pĂšre lorsqu’il chante avec la soprano[4] - [2] ; son neveu, Louis HĂ©ritte-Viardot, raconte qu'un soir, la soprano a une dĂ©faillance et que Maria prend sa suite en chantant l'air au pied levĂ©, Ă  la stupĂ©faction et Ă  la grande joie du public[5]. À Naples, Manuel Garcia fait Ă©galement la connaissance de personnages importants, dont le tĂ©nor ĂągĂ© Giovanni Ansani, avec lequel Manuel perfectionne son chant, et Rossini[3], alors Ă  ses dĂ©buts, et avec qui Manuel Garcia et Maria resteront amis Ă  vie.

En 1815, c’est la chute de l’Empire français, suivie de celle des Murat. Les Bourbons reprennent possession du trĂŽne de Naples. Les Murat dĂ©trĂŽnĂ©s, l’engagement de Garcia ne tient plus. Il s’en va donc avec sa famille et Rossini Ă  Rome. L’hiver de cette mĂȘme annĂ©e, Ă  la demande du duc de Sforza-Cesarini, Rossini compose Le Barbier de SĂ©ville. Le rĂŽle du comte Almaviva Ce lien renvoie vers une page d'homonymie est attribuĂ© Ă  Manuel Garcia.

En 1816, la famille Garcia revient Ă  Paris, oĂč Manuel ouvre une Ă©cole de chant au Palais-Royal, rue de Louvois. Sa notoriĂ©tĂ© et sa technique lui attirent des Ă©lĂšves qui feront de carriĂšre, tels le haute-contre Adolphe Nourrit[6]. Il fait Ă©galement la formation vocale de Maria, mais la voix de sa fille est rebelle. Le pĂšre et la fille ont tous les deux un caractĂšre fort, aussi les leçons tournent-elles la plupart du temps au conflit. Son pĂšre lui impose un enseignement terrifiant, tant par son rythme que par son exigence[2] : Maria ne doit manger que ce qui est bon pour sa voix, il lui interdit de se promener, de faire la grasse matinĂ©e, d'aller rire et s'amuser avec d'autres filles de son Ăąge – elle se doit dĂ©jĂ  corps et Ăąme au chant[7].

En 1824, les Garcia partent pour Londres, oĂč le pĂšre de Maria a Ă©tĂ© engagĂ© pour chanter les opĂ©ras de Rossini au King’s Theatre. Le grand lancement de Maria a lieu en 1825. Le de cette annĂ©e-lĂ , Giambattista Velluti, le dernier des grands castrats, se produit au King's Theatre. Parmi les Ɠuvres interprĂ©tĂ©es, figure le duo de RomĂ©o et Juliette, de Zingarelli ; mais aucune soprano ne veut se mesurer Ă  la voix et la ligne vocale sans failles du chanteur. Le directeur du thĂ©Ăątre, John Ebers (en), cherche alors une voix capable de relever le dĂ©fi, et demande l’aide de Garcia, qui propose sa fille de dix-sept ans. Le directeur accepte. Le soir de la reprĂ©sentation arrive, et Velluti lance son fameux « canto fiorito » – art d‘enjoliver la partition en ajoutant plus de nuances, de modulations, de vocalises et d’effets de rythme que Velluti possĂ©dait Ă  un trĂšs haut degrĂ©, et qui a fait sa cĂ©lĂ©britĂ©. Lorsque vient le tour de Maria pour chanter, celle-ci ajoute encore plus de fioritures que le chanteur. Le public lui fait une telle ovation qu’en sortant de scĂšne, Velluti, jaloux, lui pince le bras avec vĂ©hĂ©mence, en la traitant de briccona (« coquine »)[4].

Voyant le grand succĂšs de Maria, John Ebers l’engage pour chanter Rosine du Barbier de SĂ©ville. Ce rĂŽle, dans lequel elle dĂ©bute Ă  partir du de cette mĂȘme annĂ©e, et qu’elle chante pendant six semaines, lui permet de connaĂźtre un succĂšs qui s’amplifie au fur et Ă  mesure des reprĂ©sentations. Il croĂźt aussi lorsque Maria chante, avec la troupe de son pĂšre, Il Crociato en Egitto (Le CroisĂ© en Égypte) de Meyerbeer dans le rĂŽle de Felicia[8] Ă  Londres, Manchester, et Liverpool.

Installation Ă  New York et mariage avec EugĂšne Malibran

À Liverpool, le , la famille Garcia et sa troupe embarquent dans un brick de la Black Ball Company en partance pour New York, dĂ©sirant faire dĂ©couvrir l‘opĂ©ra aux AmĂ©ricains. Ils y arrivent le , aprĂšs trente-sept jours de navigation dans des conditions difficiles, et s'installent dans un hĂŽtel qui leur a Ă©tĂ© rĂ©servĂ© par Stephen Price (en), directeur du Park Theatre (en) de Manhattan, qui, avec le librettiste de Mozart, Lorenzo Da Ponte, et le milliardaire Dominick Lynch (en), grand amateur d’opĂ©ra et importateur de vins français, est Ă  l’origine de ce voyage. Le , la troupe reprĂ©sente Le Barbier de SĂ©ville[2]. C’est un triomphe. La troupe amasse une recette de trois mille dollars, une somme Ă©levĂ©e pour l’époque. Les mois suivants la troupe joue successivement Ă  New York : TancrĂšde, Othello, Cendrillon et Le Turc en Italie de Rossini, RomĂ©o et Juliette de Zingarelli, ainsi que deux opĂ©ras de Garcia, L’Amante TĂȘtue et La Fille de l’air, et pour finir Don Giovanni de Mozart, le . Tous furent accueillis avec enthousiasme.

La beautĂ© de Maria sĂ©duit Ă  New York. Le premier homme Ă  la courtiser est le poĂšte Fitz-Greene Halleck (en)[9]. Mais le pĂšre de Maria ne l’apprĂ©cie pas et voyant que Maria n’est pas insensible au charme du poĂšte, le somme d’arrĂȘter ses avances. Puis vient EugĂšne Malibran. Il fait sa cour avec respect, et n’oublie jamais, Ă  chacune de ses visites, « d’apporter des fleurs, des chocolats, et autres friandises. » Au bout de quatre mois, Maria est conquise, et veut se marier avec lui, surtout, selon son fils, pour Ă©chapper Ă  la fĂ©rule paternelle. Au dĂ©but ses parents refusent — EugĂšne Malibran a une cinquantaine d’annĂ©es et MarĂ­a, pas encore 18 ans — puis, aprĂšs quelques disputes, son pĂšre finit par accepter[4]. Le mariage est prononcĂ© par le consul de France Ă  New-York, le . Avec son Ă©poux, Maria s’initie au sport. Il lui apprend Ă  nager et Ă  monter Ă  cheval. L’équitation va d’ailleurs devenir sa seconde passion aprĂšs le chant[4].

Mais la scĂšne lui manque. De plus, les affaires de son mari, qui a manifestement menti sur la rĂ©alitĂ© de ses finances, vont trĂšs mal, il est au bord de la faillite, la dot de Maria ne suffit pas Ă  renflouer sa trĂ©sorerie. Maria tente de remonter ses finances en crĂ©ant une troupe qui se produit sur la scĂšne du Bowery Theater (en). Cette fois, elle abandonne le rĂ©pertoire italien et choisit de jouer les comĂ©dies lĂ©gĂšres françaises et anglaises, plus faciles Ă  monter. Le succĂšs est immense. Maria l’entretient en chantant dans les Ă©glises le dimanche. Elle est bientĂŽt engagĂ©e Ă  Philadelphie. Son mari Ă  nouveau en faillite, Maria le quitte et s'embarque pour la France au dĂ©but de novembre. Elle dĂ©barque au Havre le [10].

Retour Ă  Paris

Maria Malibran (vers 1831), par Henri Decaisne, musée Carnavalet.

Elle fait son retour sur la scĂšne parisienne durant l’hiver 1828, lors d’un concert de charitĂ©, Ă  la salle du conservatoire de la rue Bleue. C'est un succĂšs. Elle s’installe, au numĂ©ro 23 de la rue Neuve-Saint-Eustache, chez ses deux belles-sƓurs, avec lesquelles elle devient amie. Mais celles-ci la surveillent pour le compte de leur frĂšre, le mari de Maria. Le dĂ©couvrant, elle Ă©crira Ă  son mari : « Si j’avais des dispositions Ă  ĂȘtre mauvaise ou Ă  me laisser entraĂźner par la sĂ©duction, tu serais lĂ , le PĂšre Ă©ternel y serait aussi que cela ne ferait rien ! [
] Je ne veux que ce qui est bien. Quand bien mĂȘme les anges du ciel viendraient me tenter, je rĂ©sisterais comme saint Antoine. »[11].

Avec l’aide du comĂ©dien Nicolas Bouilly, relation de son pĂšre grĂące auquel elle a pu chanter au conservatoire de la rue Bleue, elle donne des concerts de charitĂ© qui la font connaĂźtre, et oĂč elle connaĂźt continuellement le succĂšs. Par la suite, elle se produit au salon de son amie Mercedes, dĂ©sormais comtesse Merlin, puisque mariĂ©e au gĂ©nĂ©ral comte Christophe Merlin. Le salon, situĂ© rue de Bondy, est alors l'un des plus renommĂ©s de Paris. Il est frĂ©quentĂ© par des artistes tels que George Sand, Balzac, MĂ©rimĂ©e, ou Rossini. Elle est ensuite invitĂ©e Ă  chanter chez la duchesse de Berry, aux Tuileries.

Le (12 selon les mĂ©moires de son fils), elle chante Ă  l’OpĂ©ra pour le bĂ©nĂ©fice du chanteur Galli. Elle y interprĂšte un acte de SĂ©miramis de Rossini, en duo avec la contralto Benedetta Pisaroni, puis un acte de RomĂ©o et Juliette, avec Hariett Smithson, et finit avec la soprano allemande Henriette Sontag. Le public l’ovationne, et l’OpĂ©ra lui propose un autre engagement, qu’elle refuse, parce qu’elle n’aime pas le grand opĂ©ra français. Le ThĂ©Ăątre Italien lui fait une autre proposition qu'elle acceptera, avec un cachet de soixante-quinze mille francs pour sa nouvelle saison. Son frĂšre Manuel rejoint lui aussi la troupe du ThĂ©Ăątre Italien, ce qui leur permet de chanter ensemble. Elle commence la saison dans le rĂŽle-titre de SĂ©miramis. C’est un grand succĂšs populaire. Elle rencontre le mĂȘme succĂšs dans Othello, La Cenerentola et RomĂ©o et Juliette. Elle prend ensuite trois mois de vacances chez son amie, la comtesse de Sparre, au chĂąteau de Brizay, en Touraine. La comtesse lui conseille de ne plus loger chez ses belles-sƓurs. En effet, aprĂšs l’avoir bien accueillie, elles lui lancent souvent des piques. DĂšs son retour Ă  Paris, elle va loger rue d’Artois, chez Madame Naldi, qui, bientĂŽt, gĂšre ses contrats. Maria revient au ThĂ©Ăątre des Italiens.

Charles-Auguste de BĂ©riot devant le buste de Maria Malibran (BibliothĂšque du Conservatoire royal de Bruxelles).

En 1829, elle fait une tournée à Londres, puis en Belgique, à Bruxelles et à Chimay. C'est au chùteau de Chimay qu'elle rencontre Charles-Auguste de Bériot, premier violoniste du roi des Pays-Bas. Immédiatement, elle éprouve pour lui un amour qui est réciproque et ils deviennent amants.

Portrait de Maria Malibran, par Ary Scheffer, 1831.

Le , le pĂšre de Maria meurt. Elle invite sa mĂšre et sa jeune sƓur Ă  rĂ©sider dans la villa que Charles-Auguste de BĂ©riot a fait construire Ă  Ixelles[4]. Toute l'annĂ©e, elle est en tournĂ©e Ă  Rome, Ă  Naples et Ă  Bologne.

Le , Ă  Paris, elle donne naissance Ă  Charles Wilfrid de BĂ©riot. En juin, elle est en tournĂ©e Ă  Londres, oĂč elle se lie d’amitiĂ© avec Vincenzo Bellini. Le , elle chante dans Le Mariage de Figaro Ă  Covent Garden[12].

En 1834, la Malibran fait un tour de chant dans les grandes villes d'Italie — Bologne, Milan, ModĂšne, Senigallia, Lucca et Florence — oĂč elle chante souvent avec sa demi-sƓur, Josefa Ruiz GarcĂ­a.

Le , l'annulation par le tribunal de la Seine de son mariage avec EugĂšne Malibran, obtenu sur la base d'une erreur juridique[α 1], est finalement prononcĂ©e[4]. En cette annĂ©e 1835, elle fait une autre tournĂ©e italienne, Ă  Venise et Naples, avec l'aide de la basse Lablache. À Venise — oĂč elle se fait fabriquer sa propre gondole —, elle chante Ă  la Fenice et y apprend la faillite d'un thĂ©Ăątre Ă©difiĂ© par la famille Grimant. Elle propose alors un concert de bienfaisance pour aider au redressement de celui-ci. La recette de ce concert se rĂ©vĂ©lant insuffisante, Maria y ajoute son cachet de la Fenice. Depuis ce jour, ce thĂ©Ăątre fameux, puisque le plus grand et le plus somptueux avant l'existence de la Fenice, portera le nom de Teatro Malibran. Elle poursuit sa tournĂ©e par Londres, avant de revenir Ă  Milan, malgrĂ© une Ă©pidĂ©mie de cholĂ©ra.

En 1836, elle fait un sĂ©jour parisien durant lequel elle Ă©pouse, le , le violoniste belge Charles-Auguste de BĂ©riot, avec pour tĂ©moins LegouvĂ©, le pianiste Sigismund Thalberg et Rossini. BĂ©riot Ă©tait son amant depuis six ans et le pĂšre de son fils, Charles Wilfrid de BĂ©riot, qui deviendra pianiste virtuose et professeur de Maurice Ravel. Entre-temps, le couple s'est fixĂ© Ă  Bruxelles, oĂč il rĂ©side Ă  Ixelles et Saint-Josse, dans deux vastes hĂŽtels de maĂźtre en forme de villa entourĂ©e de jardins[13], puis fait une tournĂ©e en Angleterre pendant l'Ă©tĂ© de 1836. À nouveau enceinte de quelques mois, elle monte Ă  cheval chaque matin, fait une chute, mais refuse de se soigner et tente encore d'honorer son public sur scĂšne[4]. Elle donne encore des concerts Ă  LiĂšge, Aix la Chapelle, Paris puis participe au festival de Manchester[4]. En septembre, aprĂšs quelques jours de coma, elle meurt Ă  Manchester des suites de cet accident, qui avait provoquĂ© la formation d'un caillot de sang au cerveau.

BĂ©riot fait rapatrier son corps Ă  Bruxelles, grĂące Ă  l'intervention de la mĂšre de Maria Malibran, et construire un imposant mausolĂ©e dans le cimetiĂšre de Laeken, nĂ©cropole sise autour de l'Ă©glise Notre-Dame de Laeken, qui abrite les tombeaux de la dynastie de Belgique. Une foule immense et trois formations musicales l’accompagnent : la SociĂ©tĂ© d’Harmonie d’Ixelles (dont BĂ©riot est le prĂ©sident), la SociĂ©tĂ© de Philharmonie de Bruxelles et la Musique du 1er RĂ©giment des Guides belges[4].

Postérité

Les hommages

Maria Malibran laisse un souvenir ébloui à tous ses admirateurs. Alfred de Musset lui a dédié des stances bouleversées dont celle-ci :

« Ô Ninette ! oĂč sont-ils, belle muse adorĂ©e,
Ces accents pleins d'amour, de charme et de terreur,
Qui voltigeaient le soir sur ta lÚvre inspirée,
Comme un parfum léger sur l'aubépine en fleur ?
OĂč vibre maintenant cette voix Ă©plorĂ©e,
Cette harpe vivante attachĂ©e Ă  ton cƓur ? »

Sur sa tombe, on peut lire ce quatrain de Lamartine :

Beauté, génie, amour furent son nom de femme,
Écrit dans son regard, dans son cƓur, dans sa voix.
Sous trois formes au ciel appartenait cette Ăąme.
Pleurez, terre ! Et vous, cieux, accueillez-la trois fois !

Le fonds Maria Malibran

En 1913, la veuve du lieutenant-gĂ©nĂ©ral Henri Wauwermans, cousine de Charles-Auguste de BĂ©riot, second Ă©poux de la Malibran, lĂšgue une partie des documents et objets personnels ayant appartenu Ă  la diva au Conservatoire royal de Bruxelles, oĂč ils sont conservĂ©s aujourd'hui au sein du Fonds Maria Malibran[14].

La rue Malibran

Une rue d'Ixelles porte son nom : la rue Malibran, aujourd'hui rue Maria-Malibran, qui monte de la place EugĂšne Flagey Ă  la place Raymond Blyckaerts. Les [[Liste des lignes de bus de Bruxelles#Ligne 38|bus 38]] et 60 de la STIB la parcourent de bout en bout, desservant Ă  mi-chemin l'arrĂȘt Malibran.

La cantatrice

La voix de la Malibran est dĂ©crite Ă  la fois « ample, avec des variations dynamiques importantes »[15], « sombre, chaude, et ronde »[16]. Castil-Blaze ajoute qu'elle est « vibrante, pleine d'Ă©clat et de vigueur ». S'il revendique qu'elle ne perd « jamais ce timbre flatteur, ce veloutĂ© qui lui donnaient tant de sĂ©duction dans les morceaux tendres ou passionnĂ©s », d'autres ont Ă©voquĂ© des sons « durs » et « “effondrĂ©s” », « quelques notes creuses » dans le mĂ©dium[17] et un aigu instable dans ses notes les plus hautes[18], et « un peu voilĂ© »[15].

Sa maĂźtrise de la colorature est rĂ©putĂ©e « Ă©poustouflante »[16]. Elle Ă©tait d'un si haut niveau qu'elle a exĂ©cutĂ© un trille sur « la note extrĂȘme du registre de soprano »[19]. Castil-Blaze tĂ©moigne :

« Vivacité, justesse, audace dans l'attaque, gammes chromatiques ascendantes, de quinziÚme, arpÚges, traits éblouissants de force, de grùce ou de coquetterie, tout ce que l'art peut faire acquérir, elle le possédait[20]. »

Sa perfection technique, la cantatrice l'obtint grĂące Ă  la formation que lui prodigua son pĂšre. Parlant de sa voix au dĂ©but de cette formation, sa sƓur Pauline Viardot, la dĂ©crit : « faible, d'un registre Ă©troit, dont les tons aigus Ă©taient durs et le mĂ©dium voilĂ© ». Elle ajoute :

« la lutte constante qu'elle avait à soutenir contre son organe imparfait et rebelle était tellement pénible que, parfois, le découragement l'envahissait. Et c'est ainsi qu'elle acquit le don assez rare de savoir pleurer en chantant[21] »

. Elle maintenait sa voix dans les meilleures conditions possibles grùce à une volonté de fer et un travail vocal sans relùche. Ernest Legouvé, son premier biographe, raconte à ce sujet :

« Je l'ai entendue, Ă  Rome, un jour oĂč elle devait jouer le Barbier [de SĂ©ville], travailler pendant plusieurs heures les traits de sa cavatine, et de temps en temps, elle s'interrompait pour interpeller sa voix en lui disant : “Je te forcerai bien Ă  m'obĂ©ir !” La lutte Ă©tait donc chez elle un besoin, une habitude qui [
] prĂȘtait un caractĂšre puissant et original Ă  son talent[19]. »

La tessiture de Maria Malibran s'Ă©tendait du sol2 au contre-mi, et son Ă©tendue extrĂȘme partait du rĂ©2 (ce qui lui a permis d'interprĂ©ter le rĂŽle-titre d'Otello) et monter la gamme jusqu'au fa5 en altissimo – atteint lors d'Ă©chauffements vocaux et une interprĂ©tation privĂ©e de Exsultate, jubilate de Mozart[22] - [23].

La compositrice

Sous le nom de Garcia de Bériot, elle a publié des romances :

  • Hymne des matelots ; Troupenas, 1840
  • Belle, viens Ă  moi ! Nocturne Ă  2 voix Ă©gales de Mme Marceline Desbordes-Valmore ; 1877, Paris
  • Chagrin d'amour. Paroles de M.-L. de RonsiĂšre ; Hachette 1907
  • En soupirant ! Tyrolienne ; Pacini
  • Le Prisonnier, romance, paroles de Pierre-Jean de BĂ©ranger ; Pacini
  • PensĂ©es musicales de Marie-FĂ©licitĂ© Garcia de BĂ©riot ; Troupenas[24]

Maria Malibran au cinéma

Maria Malibran sur la scĂšne

  • La cantatrice CĂ©cilia Bartoli lui a consacrĂ© un spectacle en 2008 pour le bicentenaire de sa naissance : Maria (cf. le DVD Maria : the Barcelona Concert ; Malibran rediscovered, the romantic revolution, Michael Sturminger (de), rĂ©al. - Decca, 2008).

Bibliographie

Notes et références

Notes

  1. Le consul de France n'aurait pas dû marier un Américain et une Espagnole.

Références

  1. « Joaquina Garcia (1780-1864) », sur data.bnf.fr (consulté le ).
  2. Bruno Serrou, « Malibran, Maria [Paris 1808 – Manchester 1836 ] », dans BĂ©atrice Didier, Antoinette Fouque et Mireille Calle-Gruber (dir.), Dictionnaire universel des crĂ©atrices, Éditions des femmes, , p. 2727-2728.
  3. Gonzague Saint Bris, La Malibran : la voix qui dit je t'aime, Paris, Place des Ă©diteurs, , 153 p. (ISBN 978-2-71444-889-7, lire en ligne).
  4. « Compositrices du XIXe siÚcle : Maria Malibran », sur Crescendo Magazine (consulté le ).
  5. Louis HĂ©ritte de la Tour, Une famille de grands musiciens, Stock, , p. 51.
  6. « Nourrit Adolphe (1802-1839) », sur EncyclopÊdia Universalis.
  7. Gonzague Saint Bris, La Malibran, Belfond, , p. 37.
  8. (en) Robert Ignatius Letellier (en), Giacomo Meyerbeer : A Critical Life and Iconography, Cambridge Scholars Publishing (en), , 732 p. (ISBN 978-1-52752-758-4, lire en ligne), p. 139.
  9. (en) Howard Bushnell, Maria Malibran : A Biography of the Singer, Pennsylvania State University Press, , 264 p. (ISBN 978-0-27100-222-4, lire en ligne), p. 26.
  10. (it) Remo Giazotto, Maria Malibran (1808-1836): una vita nei nomi di Rossini e Bellini, ERI, , p. 541-542.
  11. Henry Malherbe, La passion de la Malibran, Albin Michel, .
  12. Archives de la famille Dumangin.
  13. Les deux résidences de la Malibran à Bruxelles ont subsisté et sont devenues chacune hÎtel communal d'Ixelles et de Saint-Josse.
  14. Référence B-Bc, FMM.
  15. Placido Carrerotti, « Quand Bartoli célÚbre la Malibran », sur Forumopera.com.
  16. « Maria », sur classiquenews.com.
  17. « María de la Felicidad García dite Maria Malibran », sur larousse.fr (consulté le ).
  18. (en) « The Callas Debate », Opera, septembre–.
  19. Gonzague Saint Bris, La Malibran, Belfond, Paris, 2009. p. 92.
  20. Gonzague Saint Bris, La Malibran, Belfond, Paris, 2009. p. 104-105.
  21. Gonzague Saint Bris, La Malibran, Belfond, Paris, 2009. p. 35-36.
  22. (en) Geoffrey S. Riggs, The assoluta voice in opera, (ISBN 0-7864-1401-4), p. 137-141.
  23. (en) William Ashbrook (en), Donizetti and his Operas, 1983, p. 634.
  24. François-Joseph Fétis, Biographie universelle des musiciens, p. 420.

Annexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.