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Ariane 6

Ariane 6 est un lanceur de moyenne Ă  forte puissance (5 Ă  11,5 tonnes en orbite de transfert gĂ©ostationnaire), que l'Agence spatiale europĂ©enne dĂ©veloppe pour remplacer sa fusĂ©e lourde Ariane 5 Ă  compter de 2023[1]. MalgrĂ© son succès et sa position dominante Ă  l'Ă©poque dans le domaine des lancements de satellites gĂ©ostationnaires, Ariane 5 coĂ»te cher Ă  fabriquer et ses parts de marchĂ© sont menacĂ©es Ă  moyen terme, Ă  la fois par l'Ă©volution du marchĂ© des satellites et par l'arrivĂ©e de concurrents, en particulier par le lanceur partiellement rĂ©utilisable Falcon 9 de SpaceX. Dans le cadre de la confĂ©rence ministĂ©rielle de novembre 2012, les ministres de l'UE octroient une enveloppe de 157 millions d'euros[2] pour l'Ă©tude du nouveau lanceur qui devra remplacer Ă  la fois Ariane 5 et la version du lanceur russe Soyouz utilisĂ©e par les pays europĂ©ens. Trois options sont Ă©valuĂ©es : la première consiste Ă  faire Ă©voluer l'Ariane 5 (Ariane 5 ME) en repoussant Ă  plus tard une refonte totale; la deuxième propose une configuration oĂą les Ă©tages Ă  propergol solide dominent; la dernière propose une configuration proche de celle d'Ariane 5. C'est cette dernière qui est retenue lorsque l'Agence spatiale europĂ©enne lance le dĂ©veloppement d'Ariane 6 en dĂ©cembre 2014.

Ariane 6
Lanceur spatial
Versions A62 et A64 d'Ariane 6
Versions A62 et A64 d'Ariane 6
Données générales
Pays d’origine
Constructeur Drapeau de la France ArianeGroup
Premier vol 2023
Statut En développement
Hauteur 63 m
Diamètre 5,4 m
Masse au dĂ©collage A62 : 530 t
A64 : 860 t
Étage(s) 2
PoussĂ©e au dĂ©collage A62 : 8 000 kN
A64 : 15 000 kN
Base(s) de lancement Drapeau de la France Kourou
Charge utile
Orbite basse A62 : 10,35 t
A64 : 21,65 t
Orbite hĂ©liosynchrone A62 : 6,45 t
A64 : 14,9 t
Transfert gĂ©ostationnaire (GTO) A62 : 5 t
A64 : 11,5 t
Motorisation
Ergols Oxygène liquide / Hydrogène liquide
Propulseurs d'appoint A62 : 2 x P120
(poussĂ©e unitaire 3 500 kN)
A64 : 4 x P120 3 500 kN de poussĂ©e chacun
1er Ă©tage Vulcain 2.1 : 1 350 kN de poussĂ©e
2e Ă©tage Vinci : 180 kN de poussĂ©e

Pour réduire son coût de production, le nouveau lanceur utilise des propulseurs d'appoint à propergol solide mono-segment à enveloppe carbone (le P120C). Leur utilisation comme premier étage de la version Vega-C du lanceur léger européen qui doit voler à compter de 2022 permet une économie d'échelle. Le premier étage a des caractéristiques très proches de celui d'Ariane 5. Par contre, le deuxième étage met en œuvre pour la première fois le moteur-fusée Vinci plus performant et qui peut être rallumé plusieurs fois, contrairement à son prédécesseur. Toujours dans le but de réduire les coûts, le processus industriel est optimisé (redistribution de certaines tâches), la coentreprise ArianeGroup, qui réunit les établissements d'Airbus et Safran contribuant à la construction du lanceur, est créée. Enfin, un nouveau complexe de lancement dédié à l'Ariane 6 (ELA 4) et permettant des campagnes de lancement plus courtes est construit au Centre spatial guyanais entre 2015 et 2021. Le coût de développement du nouveau lanceur avec les installations au sol était estimé à 3,8 milliards d'euros courant 2020.

Ariane 6 est un peu plus haute qu'Ariane 5 (62 mètres) mais conserve son diamètre (5,4 mètres). Sa masse est comprise entre 530 et 860 tonnes selon les versions. Comme Ariane 5, le nouveau lanceur comporte deux étages utilisant des ergols cryogéniques (oxygène et hydrogène liquide). Le premier étage est propulsé par une version optimisée du moteur-fusée Vulcain (135 tonnes de poussée) et le deuxième par un nouveau moteur Vinci (18 tonnes de poussée) plus performant et pouvant être rallumé. Au décollage et durant les deux premières minutes du vol, la poussée est fournie principalement par des propulseurs à propergol solide d'une poussée unitaire moyenne de 350 tonnes : le lanceur est disponible dans deux configurations (deux ou quatre P120C) qui permettent une adaptation plus facile aux différents types de charge utile.

Un deuxième étage allégé (Icarus) et un kick stage (Astris) sont en cours de développement pour accroître les performances du lanceur et son domaine d'application dans des versions qui deviendront disponibles vers 2024/2025. Face à la montée en puissance croissante de la concurrence des lanceurs réutilisables, Ariane 6 semble néanmoins une réponse partiellement satisfaisante et l'Agence spatiale européenne a déjà lancé le développement de son successeur, Ariane Next, qui pourrait, comme son concurrent direct la Falcon 9, mettre en œuvre un premier étage réutilisable. Plusieurs prototypes d'étage réutilisable (Callisto, Themis), ainsi qu'un nouveau moteur (Prometheus) de la classe du Vulcain et brûlant un mélange d'oxygène liquide et de méthane liquide sont en cours de développement pour mettre au point les techniques nécessaires.

Contexte

Les faiblesses d'Ariane 5

Ariane 5, qui constitue le principal lanceur de l'Agence spatiale europĂ©enne, a Ă©tĂ© conçue dans les annĂ©es 1990. Sa capacitĂ© (20 tonnes en orbite basse et 10 tonnes en orbite de transfert gĂ©ostationnaire (GTO)) dĂ©coule en grande partie de la nĂ©cessitĂ© de pouvoir lancer la navette spatiale europĂ©enne Hermes abandonnĂ©e par la suite. Ariane 5 fait partie avec Atlas V et Delta IV des lanceurs lourds, mais contrairement Ă  ceux-ci, sa capacitĂ© ne peut pas ĂŞtre modulĂ©e par la prĂ©sence de propulseurs d'appoint optionnels. Après des dĂ©buts difficiles entachĂ©s par un Ă©chec (V501) et un demi-Ă©chec (V502), il s'est emparĂ© de pratiquement la moitiĂ© des parts de marchĂ© des satellites de tĂ©lĂ©communications en orbite gĂ©ostationnaire, ce qui garantit en moyenne 5 lancements par an. Les satellites institutionnels europĂ©ens (sondes spatiales, satellites scientifiques, satellites de navigation, satellites d'observation de la Terre) Ă  destination de l'orbite basse sont par contre gĂ©nĂ©ralement lancĂ©s par des fusĂ©es d'autres puissances spatiales (Russie, Chine), moins coĂ»teuses et mieux adaptĂ©es Ă  ce type de charge utile.

Les caractéristiques du lanceur Ariane 5 présentent des faiblesses qui pourraient lui faire perdre sa position dominante actuelle :

  • dans les conditions de marchĂ© actuelles, Ariane 5, qui bĂ©nĂ©ficie d'une prime par rapport Ă  ses concurrents liĂ©e Ă  la qualitĂ© de sa prestation, reste relativement concurrentielle tant qu'elle peut lancer deux satellites en orbite gĂ©ostationnaire. Mais la masse de ces satellites tend Ă  augmenter. Lorsqu'un des satellites reprĂ©sente plus de la moitiĂ© de la charge utile du lanceur (soit environ 5 tonnes), il devient plus difficile et parfois impossible de trouver un deuxième satellite Ă  lancer sur la mĂŞme pĂ©riode. Le coĂ»t du lancement est dans ce cas entièrement supportĂ© par l'opĂ©rateur du premier satellite. Sur le marchĂ© très Ă©troit des satellites de tĂ©lĂ©communications en orbite gĂ©ostationnaire (20 satellites environ par an dont la moitiĂ© sont lancĂ©s par Ariane 5), la nĂ©cessitĂ© de lancer Ă  chaque fois deux satellites impose des contraintes calendaires fortes pour les propriĂ©taires de ces satellites. Les lanceurs aux capacitĂ©s plus faibles et donc optimisĂ©s pour un lancement simple, comme le lanceur russe Proton-M d’ILS et russo-ukrainien Zenit-3, disposent dans ce domaine d'un avantage concurrentiel[3] ;
  • le deuxième Ă©tage d'Ariane 5 ne peut pas ĂŞtre rallumĂ©, contrairement Ă  celui des lanceurs Zenit et Proton, qui utilisent cette technique depuis plusieurs dĂ©cennies. Les orbites de certains satellites nĂ©cessitent cette capacitĂ©. C'est ainsi que le lancement le 20 avril 2009 d’un satellite militaire italien (Sicral-1B) a Ă©tĂ© confiĂ© au lanceur russo-ukrainien Zenit-3 et non Ă  une fusĂ©e europĂ©enne ;
  • Ă  moyen terme, la concurrence va se renforcer. Ariane 5 bĂ©nĂ©ficie actuellement des dĂ©boires des lanceurs russes Zenit et Proton qui sont beaucoup moins chers mais qui ont eu ces dernières annĂ©es des problèmes de fiabilitĂ© importants. Ces problèmes de qualitĂ© pourraient ĂŞtre rĂ©solus dans le futur. La Chine dispose dĂ©jĂ  d'un lanceur de faible capacitĂ© mais très peu cher et elle dĂ©veloppe un lanceur Longue Marche 5 de la classe d'Ariane 5, qui devrait ĂŞtre opĂ©rationnel dans quelques annĂ©es. Aux États-Unis, la NASA finance pour le ravitaillement de la Station spatiale internationale le dĂ©veloppement de deux lanceurs privĂ©s Antares et Falcon 9 qui pourraient dans un futur proche proposer l'emport de charges utiles Ă  des coĂ»ts beaucoup plus faibles ;
  • Ariane 5 est un lanceur coĂ»teux dont la fabrication est subventionnĂ©e par l'Agence spatiale europĂ©enne Ă  hauteur de 120 millions € par an. Ce montant pourrait augmenter fortement dans un contexte plus concurrentiel par deux biais : un abaissement gĂ©nĂ©ral des tarifs de lancement sous l'effet d'une concurrence exacerbĂ©e, et un abaissement de la cadence de tir du lanceur europĂ©en qui diminuerait les Ă©conomies d'Ă©chelle et nĂ©cessiterait d'amortir les frais fixes (installations, Ă©quipes de lancement) sur un nombre de tirs plus rĂ©duit.

Le rapport du CNES de 2009

Logo du projet de nouveau lanceur spatial Ariane 6.

L'agence spatiale française du CNES préconise le développement d'un nouveau lanceur baptisé Ariane 6 pour s'adapter à l'évolution probable du marché des lanceurs. Un rapport de l'agence commandé par le gouvernement français en janvier 2009 et remis en juin de cette même année, a retenu quelques préconisations structurantes pour le développement du successeur d'Ariane 5 :

  • poursuivre dans la lignĂ©e des lanceurs consommables, car le dĂ©veloppement d'un lanceur entièrement rĂ©utilisable serait bien trop coĂ»teux (entre 13 et 19 milliards d'euros) et la maintenance d'un tel lanceur coĂ»terait aussi cher que l'actuelle Ariane 5 ;
  • renoncer Ă  l'Ă©ventualitĂ© de vols habitĂ©s, l'Europe n'ayant pas les moyens de dĂ©velopper de façon autonome une technologie Ă©quivalente Ă  celles existant dĂ©jĂ  aux États-Unis et en Russie ;
  • abandonner les lancements doubles, qui ont fait le succès d'Ariane 5, pour se concentrer sur les lancements Ă  charge unique de trois Ă  six tonnes en orbite gĂ©ostationnaire ;
  • confirmer le dĂ©veloppement d'un dernier Ă©tage cryogĂ©nique LOX/LH2 propulsĂ© par le moteur Vinci ;
  • Ă©tudier la possibilitĂ© de dĂ©velopper, pour le premier Ă©tage, une propulsion de type LOX/RP-1 ;
  • permettre une configuration Ă  trois premiers Ă©tages parallèles Ă  l'image du lanceur amĂ©ricain Delta IV en configuration Heavy ;
  • orienter les travaux vers la rĂ©alisation d'un lanceur « extrĂŞmement modulable », selon les termes du rapport.

SĂ©lection d'une architecture (2009-2014)

Propositions initiales du CNES

La division lanceurs du CNES a jouĂ© un rĂ´le majeur dans la conception des prĂ©cĂ©dents lanceurs moyens et lourds de l'Agence spatiale europĂ©enne Ariane 1 Ă  Ariane 5. Le CNES propose que le remplaçant d'Ariane 5 soit conçu pour lancer un unique satellite en orbite gĂ©ostationnaire (contrairement Ă  Ariane 5), ce qui doit lui donner une souplesse opĂ©rationnelle plus importante. Il peut Ă©galement mettre en orbite des charges utiles de faible taille avec des capacitĂ©s similaires Ă  celles de la fusĂ©e Soyouz. Cette modularitĂ© de la capacitĂ© est obtenue en adjoignant un nombre variable de propulseurs d'appoint. Les architectures envisagĂ©es ont en commun l'utilisation d'un Ă©tage supĂ©rieur cryogĂ©nique utilisant le moteur Vinci et une capacitĂ© de lancement modulable comprise entre 2 et 8 tonnes. Le CNES, promoteur du dĂ©veloppement de l'Ariane 6, propose essentiellement deux scĂ©narios. Le premier, qui a la faveur de l'agence spatiale française, est basĂ© sur un premier Ă©tage propulsĂ© par un moteur Ă  propergol solide. Celui-ci, d'un diamètre d'au moins 3,7 mètres, pourrait faire l'objet de deux innovations sur une fusĂ©e de cette taille : une enveloppe en matĂ©riaux composites mono-segment et un chargement du propergol se faisant en coulĂ©e continue. Le deuxième scĂ©nario repose sur l'utilisation d'un premier Ă©tage Ă  ergols liquides cryotechniques avec un moteur Ă  la fois plus puissant et plus performant que le moteur Vulcain d'Ariane 5[4].

Les différentes options

Pour répondre aux contraintes de coût (investissement, fabrication en série), d'adéquation aux besoins de l'agence et du marché, de maintien de la capacité industrielle européenne, les concepteurs du lanceur peuvent jouer principalement sur les paramètres architecturaux suivants en s'appuyant sur les travaux existants :

  • modularitĂ© de la capacitĂ© (capacitĂ© maximum et minimum) : nombre et puissance des propulseurs d'appoint + performance 1er Ă©tage ;
  • premier Ă©tage Ă  propergol solide (moins performant, abandon Vulcain, coĂ»t abaissĂ©) ;
  • diamètre du premier Ă©tage (ergols liquides) ;
  • propulseur d'appoint Ă  propergol solide, longueur, diamètre, rĂ©utilisation sur Vega ;
  • rĂ©servoirs avec ou sans fonds commun (premier Ă©tage ergols liquide), moins coĂ»teux mais lanceur plus long ;
  • moteur Vinci Ă  tuyère dĂ©ployable ou fixe (moins coĂ»teux mais lanceur plus long).

Pour le premier étage, la tendance actuelle est d'avoir recours au mélange kérosène/oxygène liquide moins performant que le mélange oxygène/hydrogène utilisé par le moteur Vulcain du premier étage de l'Ariane 5. En effet, la réduction des performances est largement compensée par les avantages : il est beaucoup plus facile de développer un moteur de forte puissance requis pour le premier étage, le moteur est plus simple donc moins coûteux à produire et plus fiable, le kérosène occupe beaucoup moins d'espace que l'hydrogène (étage moins long) et est plus facile à mettre en œuvre (coût). Cette solution a été toutefois d'emblée écartée car elle suppose de développer un nouveau moteur.

Lancement des Ă©tudes (juin 2009)

Au cours du salon du Bourget qui s'est tenu en juin 2009, l'exécutif français a affirmé souhaiter que « s'engagent, en concertation avec [ses] partenaires européens et l'Agence spatiale européenne, les premières études sur ce lanceur en vue de décisions à la conférence ministérielle 2011 de l'ESA »[5].

La nĂ©cessitĂ© de faire Ă©voluer Ariane 5 fait l'unanimitĂ© au sein de l'Agence spatiale europĂ©enne mais les pays membres divergent sur les solutions Ă  mettre en Ĺ“uvre. Deux scĂ©narios coexistent pour le dĂ©veloppement du futur lanceur europĂ©en. Le premier scĂ©nario soutenu par le CNES consiste Ă  mettre en chantier immĂ©diatement le dĂ©veloppement du lanceur Ariane 6. Le deuxième scĂ©nario est de privilĂ©gier pour le moyen terme le dĂ©veloppement de l'Ă©tage supĂ©rieur utilisĂ© par une nouvelle version de l'Ariane 5 (ME) capable de pallier certaines des lacunes actuelles de l'Ariane 5 ECA. L'Ariane 5 ME (ex Ariane 5 ECB) est un projet ancien Ă  l'Ă©tude depuis plus de 10 ans mais avec jusque-lĂ  des fonds insuffisants pour dĂ©boucher sur une version opĂ©rationnelle. Grâce Ă  un nouveau moteur Vinci cette version doit permettre de lancer une charge utile plus importante (11,2 tonnes en GTO) et d'effectuer des missions plus complexes (moteur rĂ©-allumable). Dans ce scĂ©nario, le dĂ©veloppement du successeur d'Ariane 5 serait reportĂ© Ă  une Ă©chĂ©ance plus lointaine.

Le remplacement de la fusĂ©e Ariane 5 est le thème majeur de la confĂ©rence ministĂ©rielle de novembre 2012 qui a dĂ©fini pour 2 ans les budgets de l'Agence spatiale europĂ©enne. Les ministres ont octroyĂ© une enveloppe de 157 millions € pour l'Ă©tude du nouveau lanceur qui devrait Ă  la fois remplacer Ariane 5 et la version du lanceur russe Soyouz utilisĂ©e par les pays europĂ©ens. La dĂ©cision de fabriquer Ariane 6 doit ĂŞtre prise en 2014. En parallèle, les travaux sur l'Ariane 5 ME sont financĂ©s avec une livraison attendue vers 2015[6] - [7].

DĂ©finition d'une architecture (2012-2014)

Vue en coupe de la configuration PPH (prédominance des étages à propergol solide) qui ne sera pas retenue.

Durant 6 mois le projet d'Ă©tude rĂ©unissant les principaux industriels concernĂ©s (Astrium, Avio, Herakles avec la participation de Safran, Air Liquide, MT Aerospace...) Ă©tudie plusieurs configurations permettant de rĂ©pondre au cahier des charges de l'Agence spatiale europĂ©enne. Pour rĂ©pondre aux attentes, le nouveau lanceur doit [8] :

  • pouvoir placer sur une orbite gĂ©ostationnaire un satellite ayant une masse comprise entre 3 et 6,5 tonnes. 6,5 tonnes constitue aujourd'hui la limite supĂ©rieure des satellites de tĂ©lĂ©communications. Ariane 5 ECA peut placer 10,5 tonnes en orbite gĂ©ostationnaire mais elle doit donc emporter deux satellites pour rentabiliser le lancement ;
  • Avoir des coĂ»ts d'exploitation rĂ©duits (-40% estimĂ©s par rapport Ă  une Ariane 5)[9],
  • RĂ©utiliser les dĂ©veloppements en cours sur le moteur cryotechnique rĂ©-allumable Vinci ;
  • RĂ©duire le temps de dĂ©veloppement et les coĂ»ts du nouveau lanceur.

Finalement début juillet 2013, l'équipe projet de l'Agence spatiale européenne annonce que la configuration PPH (deux étages à propergol solide et un étage supérieur Hydrogène/Oxygène) est retenue comme permettant de répondre au mieux aux critères définis par l'ESA. La prochaine étape du projet (Preliminary Requirements Review PRR) est planifiée en octobre 2013. Les débuts opérationnels du lanceur sont planifiés au début des années 2020[8].

Contreproposition des acteurs industriels (été 2014)

Le 16 juin, Airbus et Safran, les deux principaux industriels impliquĂ©s dans la construction du lanceur, annoncent le rapprochement de leurs divisions chargĂ©es de ces dĂ©veloppements. Ils remettent Ă  l'Agence spatiale europĂ©enne une contreproposition d'architecture pour Ariane 6. Dans cette nouvelle configuration, dite PHH, l'architecture de l'Ariane 5 est reprise mais avec les deux premiers Ă©tages de taille rĂ©duite. Deux configurations sont proposĂ©es dont la plus puissante permet de placer 8,5 tonnes sur une orbite de transfert gĂ©ostationnaire contre 6,5 tonnes pour l'architecture PPH. Cette dernière version permet des lancements doubles de satellites de tĂ©lĂ©communications de taille intermĂ©diaire. L'objectif officiel des industriels est de pouvoir continuer Ă  rĂ©pondre aux besoins des opĂ©rateurs commerciaux grâce Ă  un lanceur Ă©volutif et de conserver ainsi des parts de marchĂ© cruciales pour le coĂ»t de production du lanceur. Sur le plan industriel, cette nouvelle configuration permet de conserver les implantations industrielles et les compĂ©tences dans le domaine des moteurs cryotechniques de grande puissance (Vulcain). Elle est plus satisfaisante pour les partenaires industriels allemands peu impliquĂ©s dans la propulsion Ă  propergol solide qui dominait dans la configuration PPH[10]. Par contre, les rĂ©ductions sur le coĂ»t de fabrication attendues sont plus faibles dans la mesure oĂą l'Ă©tage cryotechnique Vulcain est conservĂ© et deux configurations sont prĂ©vues pour l'Ă©tage supĂ©rieur. Le coĂ»t de la configuration lourde est Ă©valuĂ© par l'industriel Ă  100 millions € alors que l'objectif fixĂ© pour la refonte Ariane 6 Ă©tait d'abaisser le coĂ»t de lancement Ă  70 millions €[11].

Comparaison des caractéristiques des différentes versions d'Ariane 6 avec celles d'Ariane 5 ME et ECA[12] - [13] - [14] - [15].
Ariane 6Ariane 5 (pour mémoire)
Versions juin 2016[16] - [17]Configuration PPHConfiguration PHH
Ariane 62Ariane 64Ariane 6 PPHAriane 6.1 PHH VinciAriane 6.2 (PHH) EPSAriane 5 MEAriane 5 ECA
Lanceur completStatutVersions en développementPropositions abandonnéesEn production
Longueur63 m59 m ??53,78 m55,90 m
Masse530 t.860 t.567,8 t785 t772,8 t
Charge utile GTOt11,5 t6,5 t8,5 t.t. ?11,5 t9,5 t
Charge utile orbite basse10,35 t21,65 t> t. ?
Propulseur d'appointDésignation2 × P1204 × P120néant2 × P 1452 × EAP 241
Longueur Ă— diamètre16 Ă— 3,4 m16 Ă— 3,7 m31,16 Ă— 3,05 m
Masse (dont propergol)154,6 t (143,6 t) ? t (? t)553,20 t (481,25 t)
Type / impulsion spécifiquePropergol solidePropergol solide
Poussée moyenne4500 kN (par P120)4000 kN (par P135)4984 kN (par EAP)
Durée de fonctionnement130 s120 s129,7 s
1er Ă©tageDĂ©signation"EPC raccourci"3 Ă— P 145"EPC raccourci"EPC
Longueur Ă— diamètre? Ă— 5,4 m16 Ă— 3,7 m2? Ă— 4,5 m31 Ă— 5,46 m
Masse dont propergol? t (140 t)? t (404,7 t) ? t (? t)? t (173,15 t)188,3 t (173,3 t)
Type / impulsion spécifiqueOxygène et hydrogène liquidesPropergol solideOxygène et hydrogène liquides
MoteurVulcain 2.1MPSVulcain 2+ ?Vulcain 2
Poussée1370 kN4000 kN (par P135)1340 kN ?1340 kN
Durée de fonctionnement460 s120 s ?544 s
2e Ă©tageDĂ©signationVinciP-145VinciEPSVinciESC-A
Longueur Ă— diamètre ? Ă— 5,4 m14,7 Ă— 3,7 m ? Ă— 5,45 mx m ? Ă— 5,45 m5,84 Ă— 5,45 m
Masse (dont propergol)? t (31 t)? t (134,9 t)? t (28,22 t)10,95 t (9,7 t) ? t (28,22 t)18,94 t (14,54 t)
Type / impulsion spécifiqueOxygène et hydrogène liquidesPropergol solideOxygène et hydrogène liquidesmonométhylhydrazine /
peroxyde d'azote
Oxygène et hydrogène liquides
MoteurVinci
à tuyère fixe
MPSVinciAestusVinciHM-7B
Poussée180 kN4000 kN180 kN29 kN180 kN64,8 kN
Temps de fonctionnement900 s120 s715 s1110 s.715 s980 s
3e Ă©tageDĂ©signationVinciNĂ©ant
Longueur Ă— diamètre ? Ă— 4,0 m
Masse dont propergol ? t (32 t)
Type / impulsion spécifiqueOxygène et hydrogène liquides
MoteurVinci
Poussée180 kN
Temps de fonctionnement715 s
CoiffeLongueur Ă— diamètre20 Ă— 5,4 m17 Ă— 5,45 m ??20 Ă— 5,45 m15,81 Ă— 5,45 m
Masse ?2,9 t2,38 t

Sélection de la configuration finale : Ariane 62 et 64 (décembre 2014)

La configuration finale proposĂ©e au Conseil des ministres des 1er et 2 dĂ©cembre 2014 s'accompagne de l'abandon du projet d'Ă©volution Ariane 5 ME. Les Ariane 62 et 64 combinent le premier Ă©tage raccourci de l'Ariane 5 ECA avec des propulseurs d'appoint dĂ©rivĂ©s du premier Ă©tage de la fusĂ©e Vega. Deux versions doivent ĂŞtre disponibles : Ariane 62 avec 2 propulseurs d'appoint et Ariane 64 en comportant 4. Selon la version, le nouveau lanceur aura la capacitĂ© de placer sur une orbite de transfert gĂ©ostationnaire des satellites d'une masse de 5 ou 10,5 tonnes. La dĂ©cision de rĂ©aliser l'Ariane 6 est entĂ©rinĂ©e par le Conseil des ministres du 2 dĂ©cembre 2014. Un examen des travaux prĂ©paratoires est planifiĂ© en 2016 pour dĂ©cider Ă  cette date de la poursuite du projet[18].

La configuration finale, validée dans le cadre du Conseil des ministres des 1 et 2 décembre 2014, comporte[19] :

  • un premier Ă©tage dĂ©rivĂ© du premier Ă©tage de l'Ariane 5 ECA existante avec un moteur Vulcain inchangĂ© ;
  • deux ou quatre propulseurs d'appoint Ă  propergol solide de type P120 qui constitueront Ă©galement le premier Ă©tage du lanceur lĂ©ger Vega-C (future version de Vega). Comme dans le cas du premier Ă©tage Vega actuel, il s'agit d'un propulseur monobloc Ă  enveloppe composite ;
  • un Ă©tage supĂ©rieur cryogĂ©nique propulsĂ© par le nouveau moteur Vinci Ă©quipĂ© d'une tuyère fixe pour rĂ©duire les coĂ»ts.

Deux versions sont proposĂ©es : Ariane 62 avec 2 propulseurs d'appoint et Ariane 64 en comportant 4. Selon la version, le nouveau lanceur aura la capacitĂ© de placer sur une orbite de transfert gĂ©ostationnaire des satellites d'une masse de 10,5 ou 5 tonnes. La hauteur totale du lanceur est de 70 mètres.

Les coĂ»ts de fabrication sont abaissĂ©s par un abandon de certains choix d'architecture les plus coĂ»teux : la tuyère du Vinci n'est plus dĂ©ployable (ce qui entraine un allongement du lanceur) et les rĂ©servoirs du premier Ă©tage n'ont plus de fonds commun (alourdissement de la structure). Par ailleurs le mode de fabrication des propulseurs d'appoint (une seule coulĂ©e) et l'effet d'Ă©chelle (volume trois fois plus important compte tenu de son utilisation pour le premier Ă©tage de la Vega-C) devraient Ă©galement contribuer Ă  rĂ©duire les coĂ»ts qui sont annoncĂ©s Ă  70 M€ pour Ariane 62 et 115 M€ pour Ariane 64. Le dĂ©veloppement du nouveau lanceur doit s'accompagner d'une redistribution des tâches de fabrication entre les diffĂ©rents industriels. La rĂ©alisation des propulseurs d'appoint incombera entièrement Ă  l'Italie[10].

DĂ©veloppement du lanceur (2015-2022)

Le chantier du pas de tir d'Ariane 6 a dĂ©butĂ© en septembre 2015 au Centre spatial guyanais. Le site occupe une surface de 145 hectares[20].

Le 10 juin 2016, Airbus Safran Launchers (rebaptisé depuis ArianeGroup) remet à l’Agence spatiale européenne la première revue de conception du futur lanceur européen, intitulée « Maturity Gate 5 ». Elle confirme les performances, les délais et les coûts d’exploitation du lanceur[21]. Le 18 décembre 2017, ArianeGroup annonce avoir passé la phase « Maturity Gate 6.2 », lançant la phase de production[22] - [23], à la suite du succès de la 6.1 permettant une qualification au sol des caractéristiques techniques et industrielles. Le premier vol effectif est planifié pour mi-2020[23].

La construction du nouveau lanceur par ArianeGroup débute en décembre 2017. Le vol inaugural, qui doit avoir lieu en juillet 2020, sera de type Ariane 62[24].

Le report de la date du vol inaugural au deuxième trimestre 2022 est annoncé en octobre 2020. Ce report s'explique principalement par l'impact de la pandémie de Covid-19 sur le programme[25]. En 2020, le coût de développement du lanceur avec les installations au sol atteint 3,8 milliards d'euros[26]. Le nouvel ensemble de lancement ELA-4, développé au Centre spatial guyanais (Kourou) pour accueillir Ariane 6, est inauguré en septembre 2021[27].

En juin 2022, Josef Aschbacher annonce en interview Ă  la BBC que le vol inaugural arrivera en 2023[1].

Caractéristiques techniques détaillées

Le lanceur Ariane 6 est haut d'environ 62 mètres pour un diamètre (corps central avec la coiffe) de 5,45 mètres. Il comprend deux étages propulsés par des moteurs-fusées à ergols-liquides brûlant tous deux de l'hydrogène et de l'oxygène liquide. Le premier étage LLPM est propulsé par un moteur Vulcain 2.1 tandis que le deuxième étage ULPM est propulsé par un moteur Vinci. Le premier étage est flanqué de deux à quatre propulseurs d'appoint à propergol solide LLPM qui fournissent l'essentiel de la poussée durant les deux premières minutes du vol. Enfin le lanceur dispose d'une coiffe disponible en deux tailles (14 et 20 mètres de haut). Les charges utiles sont fixées au lanceur par un adaptateur LVA auquel s'ajoutent des accessoires permettant des lancements multiples.

Premier Ă©tage

Premier étage supérieur ULPM sur le banc d'essai P5.2 de l'Institut de propulsion spatiale du DLR à Lampoldshausen, le 17 février 2021.

Le premier étage baptisé LLPM (Lower Liquid Propulsion Module) est dérivé du premier étage EPC d'Ariane 5. Il emporte 154 tonnes d'oxygène et d'hydrogène liquide. Il est propulsé par un moteur Vulcain 2.1, version améliorée du moteur Vulcain 2 d'Ariane 5, qui fournit une poussée de 137 tonnes (performance dans le vide) durant les huit premières minutes du vol. Au décollage et durant les deux premières minutes, il est assisté dans sa tâche par les étages à propergol solide qui fournissent l'essentiel de la poussée. Par rapport à la version précédente de ce moteur-fusée, il dispose d'un générateur de gaz réalisé par impression 3D, sa tuyère a été simplifiée, le circuit d'hélium qui mettait en pression le réservoir d'oxygène a été supprimé (c'est de l'oxygène chaud qui remplit désormais cet office) et la mise à feu effectuée par un système au sol qui s'engage jusqu'au sommet de la tuyère et qui remplace des composants pyrotechniques embarqués[28]

Propulseurs Ă  propergol solide

L'Ariane 6 comporte deux Ă  quatre propulseurs d'appoint ESR (Equiped Solid Rocket) fixĂ©s sur le premier Ă©tage qui sont mis Ă  feu au dĂ©collage. Chacun est haut de 22 m avec la coiffe supĂ©rieure et l'embase pour un diamètre maximum de 3,4 m. La masse totale est de 154,6 t dont 143,6 t de propergol. La partie propulsive, commune avec le premier Ă©tage du lanceur Vega-C, est un Ă©tage cylindrique P120C haut 11,7 m et chargĂ© avec un propergol solide de type PBHT. Il s'agit du plus gros propulseur Ă  propergol solide mono-segment. L'enveloppe est rĂ©alisĂ©e en composite carbone. L'Ă©tage a une poussĂ©e moyenne de 350 tonnes et une poussĂ©e maximale de 440 tonnes au dĂ©collage. Son impulsion spĂ©cifique dans le vide atteint 278,5 s. La pression dans la chambre de combustion atteint 110 bar. Il fonctionne durant 135 secondes. Pour orienter la poussĂ©e, la tuyère peut pivoter de 7°. L'enveloppe (le corps du propulseur), dont la masse est de 8,3 tonnes, est fabriquĂ©e par Avio et obtenue par bobinage et placement automatique de prĂ©imprĂ©gnĂ©s carbone/expoxy. La tuyère, qui est fournie par ArianeGroup, est rĂ©alisĂ©e dans plusieurs matĂ©riaux composites dont du carbone/carbone. Elle est conçue de manière Ă  rĂ©sister Ă  l'expulsion Ă  très grand vitesse des gaz extrĂŞmement chauds gĂ©nĂ©rĂ©s par le moteur. La coulĂ©e du moteur et son intĂ©gration au lanceur sont effectuĂ©s sur le site du Centre Spatial Guyanais Ă  Kourou[29].

Second Ă©tage

Le second étage ULPM (Upper Liquid Propulsion Module) est haut de 8,7 mètres pour un diamètre de 5,45 mètres. Il est propulsé par un moteur-fusée à ergols liquides Vinci brûlant un mélange d'hydrogène et d'oxygène liquide et sa poussée est d'environ 18 tonnes. Ce moteur-fusée peut être rallumé à plusieurs reprises pour répondre aux besoins d'une mission. L'étage emporte environ 30 tonnes d'ergols. Pour mettre en pression les ergols dans les réservoirs et permettre leur allumage à plusieurs reprises, l'étage utilise des gaz chauds produits par un moteur auxiliaire (l'APU) qui fonctionne en brûlant une petite quantité d'hydrogène et d'oxygène[30].

Coiffe

Le lanceur peut utiliser deux types de coiffe toutes deux fournies par la société suisse RUAG : elles ont en commun un diamètre de 5,4 mètres et sont hautes de 14 et 20 mètres avec un volume intérieur utilisable de 4,6 mètres de diamètre et respectivement de 11,85 (5 mètres à diamètre maximal) et 19 mètres (11,85 à diamètre maximal) de haut. L'adaptateur de forme conique qui assure la liaison entre la charge utile et le lanceur fait 1,9 mètre de haut. Pour les lancements doubles, plusieurs types de structure, enveloppant le satellite en position inférieure, peuvent être utilisées d'une hauteur allant de 7,8 à 9,8 mètres de haut. Enfin, le constructeur du lanceur propose une structure servant de support pour le lancement d'un grand nombre de micro et mini satellites[31].

Performances

Sources : arianespace.com[32] - [33]
Orbite Charge utile¹ Inclinaison orbitale Périgée Apogée
Orbite de transfert géostationnaireAriane 62 : 4,5 tonnes
Ariane 64 : 11,5 tonnes
6°250 km35786 km
Orbite géostationnaireAriane 62 :
Ariane 64 : 6 tonnes
0°35786 km35786 km
Orbite héliosynchroneAriane 62 : 7,2 tonnes
Ariane 64 : 15,5 tonnes
97,4°500 km500 km
Orbite polaireAriane 62 : 7 tonnes
Ariane 64 : 15,4 tonnes
90°900 km900 km
Orbite basseAriane 62 : 10 tonnes
Ariane 64 : 20 tonnes
51,6°250 km250 km
Orbite ISSAriane 62 : 10,3 tonnes
Ariane 64 : 21,6 tonnes
5°300 km300 km
Orbite moyenneAriane 62 : 1,7 tonnes
Ariane 64 :
56°23200 km23200 km
Orbite hauteAriane 62 : 3,3 tonnes
Ariane 64 : 8 tonnes
6° ??? ???
Orbite de transfert vers la LuneAriane 62 : 3,5 tonnes
Ariane 64 : 8,6 tonnes
Mission interplanétaire
(Vitesse de libération 2,5 km/s)
Ariane 62 : 2,6 tonnes
Ariane 64 : 6,9 tonnes
Âą Y compris l'adaptateur et les structures porteuses (sylda,...)
Schéma 1 : Plan des principales installations du Centre Spatial Guyanais dont l'ensemble de lancement ELA-4 utilisé par Ariane 6 (G).

Installations de lancement (ELA-4)

Le pas de tir ELA4 en cours de construction (été 2017).
Le portique mobile en cours d'achèvement.
Le deuxième étage de l'Ariane 6 est testé sur un banc d'essais.

Le lanceur Ariane 6 est conçu pour être lancé comme son prédécesseur, depuis le Centre spatial guyanais en Guyane. L'ensemble de lancement ELA-3 d'où décolle Ariane 5 ne peut être utilisé par Ariane 6 car les caractéristiques de celui-ci sont différentes. Un nouvel ensemble de lancement baptisé ELA-4 (Schéma 1 : G) a dû être construit. Sa conception contribue à la réduction des coûts grâce à une optimisation du processus d'intégration. La durée d'une campagne de lancement n'est plus que de deux semaines, ce qui permet d'obtenir une cadence d'environ 12 tirs par an.

Les principaux Ă©lĂ©ments du complexe de lancement ELA-4 sont le bâtiment d'assemblage BAL (Bâtiment d'Assemblage Lanceur SchĂ©ma 1 : 9) et un pas de tir disposant d'un portique mobile et d'un mât ombilical. Contrairement Ă  la mĂ©thode employĂ©e pour Ariane 5, le premier Ă©tage et le second Ă©tage du lanceur sont assemblĂ©s Ă  l'horizontale dans le BAL (116 m de long, 41 m de large, 35 m de haut). La prĂ©paration dans le bâtiment d'assemblage dure quelques jours mais les Ă©tages peuvent y ĂŞtre stockĂ©s pour une plus longue durĂ©e. Une fois assemblĂ©s, les deux Ă©tages sont transportĂ©s Ă  l'horizontale sur un vĂ©hicule Ă  pneus jusqu'au pas tir[34].

Le corps central du lanceur constituĂ© des deux Ă©tages est dressĂ© Ă  la verticale et fixĂ© sur la table de lancement grâce Ă  un pont roulant situĂ© dans le portique mobile qui vient entourer le lanceur et permet de finaliser l'assemblage Ă  l'abri des Ă©lĂ©ments extĂ©rieurs. Ce portique, qui se dĂ©place sur des rails, est haut de 89 mètres et pèse 8 200 tonnes. Les propulseurs d'appoint et le composite (coiffe, charge utiles et adaptateurs) y sont assemblĂ©s en utilisant le pont roulant. Un mât ombilical solidaire de la table de lancement et haut de 66 mètres sert de support aux diffĂ©rentes canalisations (alimentation des rĂ©servoirs du deuxième Ă©tage, climatisation de la coiffe) et aux liaisons Ă©lectroniques[34].

La table de lancement fixe repose sur le massif de lancement, un ensemble en bĂ©ton semi-enterrĂ© long de 95 mètres, large de 35 mètres et profond de 30 mètres. Au moment du dĂ©collage, les flammes des moteurs sont dirigĂ©es vers une tranchĂ©e profonde de 30 mètres. Le pas de tir est arrosĂ© avec de grandes quantitĂ©s d'eau en provenance d'un château d'eau haut de 92 mètres et contenant 1 200 m3 d'eau situĂ© Ă  proximitĂ© (système de dĂ©luge). L'eau permet d'attĂ©nuer les effets acoustiques et vibratoires, d'abaisser la tempĂ©rature des gaz en sortie des moteurs (3 000 °C) et de diminuer leur aciditĂ©. L'eau, devenue acide et polluĂ©e, est immĂ©diatement pompĂ©e et recyclĂ©e avant d'ĂŞtre rejetĂ© dans le rĂ©servoir de la Roche Nicole qui sert de source d'approvisionnement pour le château d'eau. Un carneau unique (il y en a trois sur le pas de tir d'ELA-3, un par moteur), permet d'Ă©vacuer les gaz moteurs produits au dĂ©collage. Disposant de deux Ă©vacuateurs de gaz longs de 64 mètres avec une section de 18x20 mètres, il a Ă©tĂ© conçu pour rĂ©duire la frĂ©quence des gros travaux d'entretien (tous les 15 Ă  20 lancements)[34].

DĂ©roulement d'un lancement

Transport des composants du lanceur

Le premier étage du lanceur tout comme le deuxième étage, les enveloppes en carbone des propulseurs d'appoint et la coiffe arrivent par bateau d'Europe et sont débarquées au port de Pariacabo. Le premier étage est en provenance de l'établissement des Mureaux (France) de la société ArianeGroup tandis que le second étage a été fabriqué à Brême (Allemagne), également établissement d'ArianeGroup[34]. La campagne de lancement d'une Ariane 6 dure 29 jours soit environ deux fois moins que celle d'Ariane 5. Elle débute avec l'arrivée du premier étage au BAL (Bâtiment d'Assemblage Lanceur) de l'ensemble de lancement ELA-4 ( Schéma 1 : 9)[35].

Assemblage des Ă©tages centraux

Les premier et deuxième étages sont transportés par la route sur des remorques adaptées circulant en convoi exceptionnel (les conteneurs ont une largeur de 7 mètres) depuis le port de Pariacabo jusqu'au Bâtiment d'Assemblage Lanceur (BAL) du nouvel ensemble de lancement ELA-4. Ils sont déchargés dans le hall de déstockage du bâtiment sur des véhicules automatiques AGV pour le premier étage et sur deux berceaux mobiles mais non motorisés pour le deuxième étage. L'assemblage à l'horizontale des deux étages et les tests sont alors réalisés[36].

Préparation des propulseurs d'appoint

La préparation des propulseurs d'appoint P120C s'effectue dans les bâtiments de la zone propulseurs du CSG qui ont été en partie aménagés pour prendre en compte certaines modifications dans le processus d'assemblage. Celui-ci ne se réalise plus verticalement mais horizontalement pour permettre une automatisation partielle du processus. L'enveloppe en carbone du propulseur d'appoint qui a été fabriquée par Avio en Italie est chargée avec du propergol solide dans le bâtiment UPG (Usine Propergol Guyanaise) située dans le périmètre du CSG ( Schéma 1 : 14). Le propulseur P120C résultant, qui pèse 140 tonnes pour 13,5 mètres de haut et 3,4 mètres de diamètre, est placé en position verticale sur un fardier AIT250 qui le transporte jusqu'au BPP (Bâtiment de basculement propulseur) où il est inséré dans un berceau (le skidder), qui permet sa manipulation durant toutes les opérations d'assemblage suivantes, puis placé à l'horizontale sur un nouveau fardier, l'AIT 400. Celui-ci le transfère dans le bâtiment BIP (Schéma 1 : 14). Là, il est assemblé avec sa tuyère, son allumeur et son cône avant dans une des deux cellules construites dans cet objectif. Il est ensuite transporté jusqu'au bâtiment EFF (ESR Finishing Facilities) où il est replacé à la verticale, placé sur la palette martyr (qui servira de support sur la table de lancement). Dans l'EFF, son assemblage est finalisé : mise en place des protections thermiques, brochage des vérins sur la tuyère, essais fonctionnels, mise en place des bielles qui le relieront à l'étage central. Il est ensuite transféré à la verticale par un fardier AIT250 vers le BSB (Bâtiment Stockage Booster), un bâtiment qui doit permettre de stocker 6 à 12 P120C en attendant leur utilisation. Lorsque la préparation d'un nouveau lanceur débute en zone de lancement, il est transporté à la verticale par un fardier AIT250 jusqu'au portique où s'effectue l'assemblage final du lanceur[37] - [35].

Préparation de la charge utile

La préparation des satellites est réalisée comme dans le cas d'Ariane 5 dans un des bâtiments EPCU de la base de lancement (par exemple le bâtiment S5 Schéma 1 : 5). Le satellite est ensuite transporté dans un container jusqu'au hall d'encapsulation du bâtiment BAF (Schéma 1 : 7). Dans cette partie du bâtiment, baptisée BAF-HE, les différents satellites constituant la charge utile du lanceur sont assemblés entre eux à la verticale puis fixés sur l'adaptateur qui doit les relier à la fusée et enfin enfermés dans la coiffe. Le composite résultant est ensuite transporté sur un véhicule routier (le PFRCU, un engin de 180 tonnes, 6 mètres de large et 26 mètres de long embarquant un système de climatisation de la charge utile) jusqu'au portique de la zone de lancement d'Ariane 6. La durée du trajet, qui s'effectue à une vitesse de 9,5 km/h, est de 1h30[35].

Assemblage final du lanceur

Cinq jours avant le lancement s'achève l'assemblage des premier et deuxième étages du lanceur dans le bâtiment BAL. L'ensemble est transporté par un véhicule à pneus (le TCC) jusqu'au pas de tir distant de 800 mètres où a été positionné le portique mobile. Le pont roulant du portique est utilisé pour redresser à la verticale le corps du lanceur sur la table de lancement entre les propulseurs d'appoint (deux ou quatre selon la configuration du lanceur) qui ont été installés auparavant. Les différents tuyaux par lesquels les ergols solidaires de la table de lancement sont connectés au premier étage du lanceur tandis que ceux du mât ombilical sont connectés au deuxième étage. Le composite supérieur, qui comprend la ou les charges utiles, l'adaptateur et la coiffe, est fixé au sommet du lanceur. Â J commence le compte à rebours du lancement qui est suivi depuis le centre de contrôle installé dans une salle du bâtiment CDL3 (Schéma 1 : 8) à côté du centre de contrôle du lanceur Ariane 5[35].

Lancement

Quatre à cinq heures avant le lancement, le portique mobile est déplacé sur ses rails pour l'éloigner du pas de tir d'environ 120 mètres. Les opérations de remplissage des réservoirs des premier et deuxième étages avec les ergols cryogéniques (oxygène et hydrogène liquide) débutent[34]. L'alimentation électrique bascule sur les batteries du lanceur 4 minutes 30 secondes avant le lancement (H). Le système de déluge commence à arroser le mât ombilical et le déflecteur en acier sous le lanceur 30 secondes avant le décollage. Puis c'est au tour du tunnel sous le massif et la table de lancement d'être arrosé. En tout, 700 m³ d'eau sont déversés. Le moteur Vulcain est allumé à H-2 s. Dès que son fonctionnement a été vérifié, les bras cryogéniques du mât ombilical qui alimentent en ergols l'étage Vinci se détachent du lanceur et s'écartent. Si l'allumage du moteur Vulcain est arrêté et le décollage avorté, les bras cryogéniques restés en place permettent la purge immédiate des réservoirs. Le décollage a lieu à H dès la mise à feu des propulseurs à propergol solide[38].

Lancements prévus

Vol inaugural (2023)

En octobre 2022, l'Agence spatiale européenne fixe le vol inaugural d'Ariane 6 au quatrième trimestre 2023[39]. La version lancée sera une Ariane 62 comportant une coiffe de 14 mètres de haut (version courte). Le lanceur n'emportera pas de satellite commercial sur ce vol à risques, mais l'Agence spatiale européenne a émis, en novembre 2021, une demande de propositions de charges utiles. Sous la coiffe, se trouvera une plateforme permettant d'installer des expériences solidaires de celle-ci dont la masse totale ne doit pas excéder 80 kilogrammes, ainsi que des satellites dont la masse totale ne doit pas dépasser 800 kilogrammes. En février 2022, quatre expériences avaient été retenues, d'une masse comprise entre 0,6 et 12 kilogrammes, ainsi que plusieurs CubeSats[28] - [40].

Vols commercialisés

Les concurrents

Ariane 6 entre en concurrence non seulement avec la Falcon 9 de SpaceX mais également avec plusieurs autres lanceurs développés dans la même optique (abaissement des couts soit par réutilisation soit par optimisation de l'architecture) et entrés en service au cours de la décennie 2010 ou au début de la décennie 2020.

Caractéristiques et performances des lanceurs lourds durant la décennie 2020[42] - [43] - [44] - [45] - [46] - [47] - [48] - [49] - [50].
Charge utileÂą
Lanceur Premier vol Masse Hauteur Poussée Orbite basse Orbite GTO Autre caractéristique
Drapeau de l’Union europĂ©enne Ariane 6 (64)2023860 t63 m10 775 kN21,6 t11,5 t
Drapeau des États-Unis New Glenn202282,3 m17 500 kN45 t13 tPremier Ă©tage rĂ©utilisable
Drapeau des États-Unis Vulcan (441)2023566 t57,2 m10 500 kN27,5 t13,3 t
Drapeau des États-Unis Falcon Heavy20181 421 t70 m22 819 kN64 t27 tPremier Ă©tage rĂ©utilisable
Drapeau des États-Unis Space Launch System Bloc I20222 660 t98 m39 840 kN95 t
Drapeau du Japon H3 (24L)2022609 t63 m9 683 kN6,5 t
Drapeau des États-Unis Falcon 9 bloc 52018549 t70 m7 607 kN22,8 t8,3 tPremier Ă©tage rĂ©utilisable
Drapeau de la RĂ©publique populaire de Chine Longue Marche 52016867 t57 m10 460 kN23 t13 t
¹Charge utile de la version non réutilisable.

Évolutions prévues et préparation du successeur Ariane Next

Avant même que le lanceur Ariane 6 effectue son premier vol, l'Agence spatiale européenne a lancé le développement d'évolutions : Icarus, version allégée du second étage et Astris, un troisième étage qui doit permettre de positionner les satellites sur différentes orbites. Le prototype d'étage réutilisable Thémis propulsé par un nouveau moteur-fusée Promotheus brûlant un mélange méthane/oxygène liquide doit préparer Ariane Next qui succèdera à Ariane 6 au cours de la décennie 2030.

Second Ă©tage Icarus

Un nouvel étage supérieur, baptisé ICARUS (Innovative Carbon Ariane Upper Stage ), en polymère renforcé de fibres de carbone, pourrait remplacer vers 2025 le deuxième étage ULPM dont la structure est réalisée en aluminium. La réalisation de deux prototypes PHOEBUS développés par ArianeGroup et son principal sous-contractant MT Aerospace a reçu un financement de 70 millions euros en mai 2019. Grâce à l'allègement obtenu, l'étage pourrait permettre d'augmenter la charge utile d'Ariane 6 de deux tonnes[51] - [52].

Troisième étage Astris

Maquette du moteur-fusée BERTA, exposée à l'IAC 2022.

Astris est un troisième étage optionnel qui pourra être mis en œuvre par les satellites de télécommunications (moteur d'apogée) pour atteindre directement l'orbite géostationnaire, pour placer les sondes spatiales sur leur trajectoire interplanétaire et pour délivrer des satellites sur des orbites basses différenciées. Il est propulsé par un moteur-fusée à ergols liquides BERTA (Bi-Ergoler RaumtransporTAntrieb) de 4 kiloNewtons de poussée (avec la possibilité de le faire évoluer pour porter sa poussée à 6/7 kiloNewtons) brûlant des ergols hypergoliques et il peut être rallumé plusieurs fois. Le planning de développement de cet étage est relativement serré car il doit permettre un premier vol en 2024, date du lancement de la mission de défense planétaire Hera qui repose sur sa mise en œuvre. L'étage Astris est développé pour un montant de 90 millions euros dans le cadre d'un contrat décidé lors de la conférence de Séville de 2019. Le projet fait partie du programme d'amélioration de la compétitivité (CIP) et FPLP (Future Launcher Preparatory Program) de l'Agence spatiale européenne. Astris est développé par les différents établissements de la branche allemande d'ArianeGroup[53] - [54].

Le successeur d'Ariane 6 : Ariane Next et le prototype Themis

Pour différentes raisons, l'Agence spatiale européenne a sélectionné en 2014 pour son nouveau lanceur Ariane 6 une architecture technique classique qui ne comprend pas la possibilité de réutiliser en partie le lanceur après usage. Mais SpaceX avec son lanceur Falcon 9 réutilisable, commercialisé à des coûts nettement inférieurs à ceux d'Ariane 6, menace les positions acquises par les lanceurs européens sur le marché commercial. Aussi l'agence spatiale européenne a commencé à investir sur le successeur d'Ariane 6 (le lanceur partiellement réutilisable Ariane Next), avant même le premier vol de celui-ci. Un démonstrateur baptisé Themis est en cours de développement par la coentreprise ArianeWorks constituée par ArianeGroup et le Centre national d'études spatiales, l'agence spatiale française. Équipé de moteurs Prometheus brûlant un mélange d'oxygène liquide et de méthane liquide, cet étage réutilisable atterrissant verticalement doit effectuer un premier vol, dit « Hop test », en 2022 à Esrange, près de Kiruna en Suède. Il est prévu qu'il effectue en 2023 des vols suborbitaux à partir du Centre spatial guyanais à Kourou, en Guyane. L'objectif est que Ariane Next effectue son premier vol en 2030[55].

Les premières configurations d'Ariane 6 proposées : Ariane 6 PPH et PHH

Ariane 6 PPH

La première configuration proposĂ©e, dite PPH, comprend deux Ă©tages utilisant du propergol solide. Quatre moteurs Ă  poudre pratiquement identiques sont utilisĂ©s : trois pour le premier Ă©tage (configuration dite Multi P linear) et un seul pour le second Ă©tage. Chaque moteur est chargĂ© avec 145 tonnes de poudre. L'objectif est de capitaliser sur les avancĂ©es du lanceur Vega qui utilise pour son premier Ă©tage un bloc de poudre de 88 tonnes coulĂ© en une seule fois dans une enveloppe en composite carbone beaucoup plus lĂ©gère que l'acier utilisĂ© par les boosters d'Ariane 5. Le deuxième Ă©tage utilise le moteur Vinci qui brĂ»le un mĂ©lange d'ergols liquides oxygène et hydrogène et qui est en cours de dĂ©veloppement pour la version Ariane 5 ME. La coiffe d'un diamètre de 5,4 mètres permet d'accueillir des satellites de mĂŞme taille que la fusĂ©e Ariane 5[8]. Le lanceur a une masse totale de 660 tonnes pour une hauteur totale de 50,6 mètres. L'objectif est un coĂ»t de dĂ©veloppement lanceur compris entre 2,5 et 3,5 milliards d'euros et un coĂ»t de lancement Ă  70 M€ soit 30 % de moins que Ariane 5 Ă  charge Ă©quivalente[56]. Cependant selon des calculs rĂ©alisĂ©s par un bureau indĂ©pendant qui a utilisĂ© la mĂ©thode Transcost, mondialement reconnue, le coĂ»t de lancement serait supĂ©rieur Ă  100 M€ , en partie Ă  cause du fait que 5 Ă©lĂ©ments constitutifs (4 P-135 et un Ă©tage cryogĂ©nique) doivent ĂŞtre assemblĂ©s[57], mais en se basant sur une approche organisationnelle de type Ariane 5. Si ces calculs se confirment (non remise en cause du schĂ©ma industriel de type Ariane 5), Ariane 6 serait plus chère au lancement qu'Ariane 5 Ă  charge Ă©quivalente, mais faciliterait les lancements simples (une charge utile par lancement).

Configuration Ariane PHH

La configuration PHH, proposĂ©e par les industriels, reprend l'architecture de l'Ariane 5 mais avec deux premiers Ă©tages (cryotechnique et propulseurs d'appoint) de taille rĂ©duite. L'Ă©tage EPC propulsĂ© par le moteur Vulcain voit son diamètre ramenĂ© Ă  4,5 m. Il est flanquĂ© des deux propulseurs Ă  propergol solide P145 prĂ©vus dans la version PPH. L'Ă©tage supĂ©rieur est comme dans le cas d'Ariane 5, soit un EPS (Ariane 6.2), soit l'Ă©tage Vinci en cours de dĂ©veloppement (Ariane 6.1).

Notes et références

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  3. Ariane 5, ses succès et la concurrence internationale
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Documents de référence

  • (en) Marco Aliberti et Matteo Tugnoli, The European Launchers between Commerce and Geopolitics (report 56), European Space Policy Institute (ESPI), , 106 p. (ISSN 2076-6688, lire en ligne) — Analyse des motivations Ă  l'origine du dĂ©veloppement d'Ariane 6 et des choix effectuĂ©s (architecture, refonte de l'organisation industrielle), viabilitĂ© Ă  moyen terme des solutions retenues.
  • (en) Ariane 6 User's Manual Issue 2 revision 0, Arianespace, (lire en ligne) — Performances lanceur, conditions subies par les charges utiles, configuration charges utiles supportĂ©es par le lanceur, installations de lancement, dĂ©roulement d'une campagne de tir.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • « Ariane-6 », sur EO portal, Agence spatiale europĂ©enne (consultĂ© le ) — Historique du dĂ©veloppement du lanceur Ariane 6.
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