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MĂ©thane liquide

Le mĂ©thane liquide est le mĂ©thane refroidi en dessous de son point de condensation, soit −161,52 °C Ă  pression atmosphĂ©rique (101 325 Pa). Il a une masse volumique de 422,62 kg/m3[1].

Il est généralement désigné par l'acronyme « LCH4 » pour les applications astronautiques. C'est un combustible utilisé depuis peu dans l'astronautique notamment par SpaceX et son moteur Raptor ou Blue Origin et le moteur BE-4 en développement.

Moteur Raptor lors d'un test.

Propriétés combustibles

Le méthane est un combustible qui compose jusqu'à 90 % le gaz naturel. Son point d'auto-inflammation dans l'air est de 540 °C. La réaction de combustion du méthane s'écrit :

CH4 + 2 O2 → CO2 + 2 H2O ΔH = −891 kJ/mol.

La combustion du mĂ©thane Ă  25 °C libĂšre une Ă©nergie de 39,77 MJ/m3 (55,53 MJ/kg)[alpha 1], soit 11,05 kWh/m3 (15,42 kWh/kg)[alpha 2].

Utilisation comme ergol en astronautique

Le mĂ©thane liquide prĂ©sente plusieurs avantages opĂ©rationnels qui le rendent compĂ©titif avec l'oxygĂšne liquide (LOX) par rapport Ă  l'hydrogĂšne liquide (LH2) malgrĂ© une impulsion spĂ©cifique thĂ©orique d'environ 380 s, contre environ 450 s pour le systĂšme LOX/LH2, soit une valeur 16 % infĂ©rieure. En effet, les technologies de moteurs-fusĂ©es Ă  ergols liquides des annĂ©es 2020 permettent d'opĂ©rer Ă  des pressions plus Ă©levĂ©es qui amĂ©liorent sensiblement leurs performances, tandis que la liquĂ©faction du mĂ©thane et la manipulation du mĂ©thane liquide requiĂšrent des installations moins complexes et moins coĂ»teuses que celles nĂ©cessaires pour l'hydrogĂšne liquide[2], bien plus froid : les intervalles de tempĂ©ratures auxquelles ces substances existent Ă  l'Ă©tat liquide Ă  pression atmosphĂ©rique sont de 54 Ă  90 K pour le dioxygĂšne, 91 Ă  112 K pour le mĂ©thane liquide, mais 14 Ă  20 K pour le dihydrogĂšne.

Cependant, face au couple LOX/RP-1 ayant une impulsion spĂ©cifique comprise entre 270 et 360 s, lĂ©gĂšrement infĂ©rieure Ă  celle obtenue avec le mĂ©thane, les avantages sont moindres : le lĂ©ger gain d'impulsion spĂ©cifique nĂ©cessite un systĂšme de refroidissement et de pressurisation, certes plus simple que celui requis pour le LH2, mais beaucoup plus complexe que le systĂšme requis pour le RP-1, utilisable Ă  tempĂ©rature ambiante. C'est pourquoi cet ergol n'avait jamais Ă©tĂ© utilisĂ© pour des lanceurs spatiaux.

Toutefois, l'utilisation du méthane liquide avec l'oxygÚne liquide requiert une isolation thermique entre les deux moins importante que celle devant isoler le RP-1 ou le LH2 du LOX : deux réservoirs avec un fond commun sont possibles.

En revanche, par rapport au RP-1, l'utilisation du méthane ne produit pas de suies ou de noir de carbone et n'encrasse pas les moteurs, ce qui simplifie leur remise en état pour une éventuelle réutilisation et est encore moins polluante. De plus, en remplaçant l'hydrogÚne, le méthane permet d'éviter tous les problÚmes liés à la fragilisation par l'hydrogÚne, simplifiant là encore une réutilisation.

Autre intĂ©rĂȘt du mĂ©thane liquide comme ergol combustible, il peut ĂȘtre produit localement sur la planĂšte Mars par une combinaison de rĂ©action de Sabatier et de rĂ©action du gaz Ă  l'eau inverse (RWGS) dans le cadre de technologies d'utilisation des ressources in situ (ISRU)[3] - [4].

Ces deux derniers points sont responsables du regain d'intĂ©rĂȘt pour cet ergol au dĂ©but des annĂ©es 2020. Alors que seules quelques entreprises avaient effectuĂ© des Ă©tudes et une construction en petite sĂ©rie, ainsi par exemple des Ă©tudes prĂ©liminaires avaient Ă©tĂ© menĂ©es dans les annĂ©es 2000 par Rocketdyne sur le moteur RS-18 (en) dans le cadre du programme Constellation de la NASA, annulĂ© en 2010, cette technologie est dĂ©veloppĂ©e par plusieurs constructeurs amĂ©ricains, europĂ©ens, russes et chinois.

Schéma de combustion du moteur Raptor de SpaceX.
Moteurs utilisant le méthane liquide
Pays/Agence Constructeur Lanceur Moteur Poussée (vide)
(kN)
Drapeau des États-Unis États-Unis SpaceX Starship/Superheavy Raptor 2 116
Drapeau des États-Unis États-Unis Blue Origin New Glenn, Vulcan BE-4 2 714
Drapeau des États-Unis États-Unis / Drapeau de la Nouvelle-ZĂ©lande Nouvelle-ZĂ©lande Rocket Lab Neutron Archimedes
Drapeau des États-Unis États-Unis Relativity Space Terran 1, Terran R Aeon 1, R et Vac
Drapeau de la Russie Russie KBKhA Amour RD-0169
Drapeau de l'Italie Italie/Drapeau de la Russie Russie Avio/KBKhA Vega E M10
Drapeau de l’Union europĂ©enne ESA ArianeGroup Ariane Next, MaĂŻa Prometheus 1 000
Drapeau de la RĂ©publique populaire de Chine Chine LandSpace Zhuque-2 TQ-11 (en) 80
Drapeau de la RĂ©publique populaire de Chine Chine LandSpace Zhuque-2 TQ-12 (en) 712
Drapeau de la RĂ©publique populaire de Chine Chine iSpace Hyperbola-2 JD-1

Notes et références

  1. Le pouvoir calorifique Ă  25 °C vaut PCI = 890,8 Ă— 103 J/mol et le volume molaire V = 22,4 Ă— 10−3 m3/mol donc PCI/V = 39,77 Ă— 106 J/m3. La masse molaire vaut M = 16,042 5 Ă— 10−3 kg/mol donc PCI/M = 55,53 Ă— 106 J/kg.
  2. kWh = 3,6 Ă— 106 J.
  1. (en) « Methane », sur Gas Encyclopedia Air Liquide, (consulté le ).
  2. (en) Drew Turney, « Why the next generation of rockets will be powered by methane », sur australiascience.tv, Australia’s Science Channel, (consultĂ© le ).
  3. (en) Sergio Adan-Plaza, Mark Hilstad, Kirsten Carpenter, Chris Hoffman, Laila Elias, Matt Schneider, Rob Grover et Adam Bruckner, « Extraction of Atmospheric Water on Mars for the Mars Reference Mission », sur lpi.usra.edu, USRA, 4-5 mai 1998 (consulté le ).
  4. (en) Kim Newton, « NASA Tests Methane-Powered Engine Components for Next Generation Landers », sur nasa.gov, NASA, Centre de vol spatial Marshall, (consulté le ).

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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