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Symphonie (satellite)

Les satellites Symphonie[1] sont les premiers satellites de télécommunications réalisés en France et en Europe et les premiers stabilisés trois-axes en orbite géostationnaire à système de propulsion biergol pour la manœuvre de circularisation geosynchrone et le maintien à poste (précurseur des satellites modernes à partir des années 1990), et premier système complet (après le lancement du second modèle) avec tous les segments dédiés de contrôle et d'utilisation. Ils sont le résultat d'un programme de coopération exemplaire franco-allemand.

Symphonie
Description de cette image, également commentée ci-après
Satellite Symphonie 1 (maquette)
Données générales
Organisation Consortium CIFAS
Domaine Télécommunications
Lancement Symphonie-A Symphonie-B
Lanceur Thor-Delta 2914
DĂ©sorbitage Symphonie-A Symphonie-B
Caractéristiques techniques
Masse au lancement 402 kg
Données clés
Orbite GĂ©ostationnaire

1963 - 1967 : Genèse

  • : signature du TraitĂ© de l'ÉlysĂ©e, un accord gĂ©nĂ©ral de coopĂ©ration franco-allemand, par le PrĂ©sident Charles de Gaulle et le Chancelier Konrad Adenauer. DĂ©but des Ă©tudes prĂ©liminaires en France (projet SAROS) et en RĂ©publique fĂ©dĂ©rale d'Allemagne (projet Olympia) des projets de satellites de tĂ©lĂ©communications.
  • : Les gouvernements des deux pays signent une convention intergouvernementale pour la construction, le lancement et l’utilisation d’un satellite expĂ©rimental de tĂ©lĂ©communications Symphonie ainsi que pour la construction et la rĂ©alisation des stations terriennes nĂ©cessaires Ă  l’utilisation des satellites[2]. Formation d’un Conseil de Direction et d’un ComitĂ© ExĂ©cutif Franco-Allemand paritaire dirigĂ© par deux secrĂ©taires exĂ©cutifs, un Allemand et un Français. La Belgique se joint au programme.

Organisation gouvernementale

Logo créé par le groupe de programme

Pour la première fois en Europe, la construction d'un satellite civil était confiée a un Consortium industriel. Aussi, comme le prévoit la Convention franco-allemande, les Gouvernements ont conservé au titre de la maîtrise d'ouvrage une participation importante au programme Symphonie. Sous l'autorité du Conseil de Direction, le Secrétariat Exécutif a dirigé pendant 15 ans les structures chargées de piloter la réalisation, de contrôler le fonctionnement en orbite et de mener un vaste programme d'expérimentations internationales. Les principales missions assumées au niveau gouvernemental ont été :

  • RĂ©alisation. Une Ă©quipe intĂ©grĂ©e installĂ©e Ă  BrĂ©tigny sur Orge dans les locaux du CNES (Centre National d'Études Spatiales) a suivi techniquement et financièrement le projet durant la conception et la rĂ©alisation des deux satellites. Elle a nĂ©gociĂ© les conditions des lancements par la fusĂ©e Thor Delta 2914 avec la Nasa après l'abandon d'Europa.Elle a travaillĂ© Ă©troitement avec le Consortium industriel chargĂ© du dĂ©veloppement et de la fabrication.
  • OpĂ©rations. Le suivi opĂ©rationnel des satellites a Ă©tĂ© assurĂ© 24h/24 de 1974 Ă  1985 par deux Centres de ContrĂ´le installĂ©s Ă  Toulouse (Fr) et Ă  Oberpfaffenhofen (RFA) depuis la mise Ă  poste gĂ©ostationnaire jusqu'Ă  l'envoi des satellites sur une orbite excentrĂ©e de fin de vie. L'expĂ©rience acquise a Ă©tĂ© utilisĂ©e pour les satellites gĂ©ostationnaires des programmes europĂ©ens qui ont suivi.
  • Exploitation. Pendant 10 ans, l'Ă©quipe franco-allemande du maĂ®tre d'ouvrage a recherchĂ©, nĂ©gociĂ© et mis en Ĺ“uvre des utilisations internationales des deux satellites. Les Administrations nationales de TĂ©lĂ©communication et de TĂ©lĂ©vision ont largement contribuĂ© Ă  ce programme expĂ©rimental (140 missions) qui a abordĂ© toutes les formes d'utilisations qui peuvent ĂŞtre confiĂ©es Ă  un satellite de radiocommunication.
Structures franco-allemandes.

Les grands établissements concernés par les télécommunications spatiales en France et en Allemagne ont été représentés dans les organismes mis en place par les gouvernements.

Conseil de Direction Il est composé de six membres qui représentent :

  • Pour la France :
    • Le Centre National d'Études Spatiales-CNES (coprĂ©sidence),
    • les Postes et TĂ©lĂ©communications (PTT)
    • TĂ©lĂ©diffusion de France
  • Pour la R.F.A. :
    • Le ministère de la Recherche et de la Technologie-BMFT (coprĂ©sidence),
    • les Postes et TĂ©lĂ©communications (BundesPost)
    • la TĂ©lĂ©vision (Deutsche Welle)

Comité permanent Il est dirigé par deux Secrétaires Exécutifs (Allemand et Français) et se compose d'équipes franco-allemandes. Le Comite a pour mission, sous l'autorité du Conseil, de diriger l'exécution du projet sur les plans technique et financier pendant la production des satellites et sur le plan du contrôle et de l'exploitation après la mise en orbite. Il est en outre chargé de coordonner les travaux de tous les organismes nationaux et internationaux participant au projet.

Organisation industrielle - Consortium CIFAS

1967 - 1968 : Lancement de l'appel d'offres pour le satellite Symphonie auquel répondent deux consortia franco-allemands dont les chefs de file respectifs sont Nord-Aviation (qui deviendra SNIAS - dite Aerospatiale - en 1970 après fusion avec Sud-Aviation) pour le consortium CIFAS (Consortium Industriel Franco-Allemand pour le satellite Symphonie), et Matra Espace pour le consortium concurrent. Le consortium CIFAS est choisi au terme de l’évaluation des offres et entreprend, selon les termes de la consultation, une « symétrisation » des rôles dévolus aux firmes françaises et allemandes chargées des activités électroniques.

1969: Engagement d’une phase préliminaire de définition du satellite et négociation du contrat et des principaux sous-contrats. Mise en place du Groupe de Projet Industriel aux Mureaux (Nord-Aviation) et du Groupe de Projet Client à Brétigny (CNES). Production des spécifications de mission, des spécifications du satellite et des spécifications des segments de contrôle et d’exploitation.

Dans le cadre d’un marché bilatéral CNES – GfW, et sous maîtrise d’œuvre industrielle du consortium CIFAS, constitué en Groupement d'intérêt économique (GIE), sous régime de Droit Français et composé de six sociétés, trois françaises et trois allemandes comme suit.

Aerospatiale (France)

Aerospatiale est:

  • Chef de File du Consortium et hĂ´te du Groupe de Projet intĂ©grĂ© de maĂ®trise d’œuvre Ă  l’Établissement des Mureaux
  • RĂ©alisation de toutes les structures et mĂ©canismes associĂ©s, du contrĂ´le thermique, et des rĂ©flecteurs d’antennes (Ă©tablissement de Cannes)
  • RĂ©alisation des Propulseurs Ă  gaz froid, des câblages Ă©lectriques et des commandes pyrotechniques (Les Mureaux)
  • IntĂ©gration des maquettes mĂ©canique et thermique (Cannes)
  • IntĂ©gration du modèle d’identification Ă©lectrique puis du modèle de vol Symphonie-A (Les Mureaux).

Messerschmitt-Bölkow-Blohm (MBB) (RFA)

MBB est chargé de :

Thomson-CSF (France)

Thomson-CSF est chargé de :

  • la rĂ©alisation des antennes SHF pour la charge utile de tĂ©lĂ©communications et des antennes VHF pour la fonction TĂ©lĂ©mesure- TĂ©lĂ©commande (Meudon) ;
  • la rĂ©alisation du système de TĂ©lĂ©mesure et TĂ©lĂ©commande (Gennevilliers puis VĂ©lizy) ;
  • la rĂ©alisation d’équipements pour les transpondeurs de tĂ©lĂ©communications, oscillateurs locaux et conversion de frĂ©quence ;
  • la tâche d'ensemblier des remorques de test Ă©lectrique des satellites au sol dĂ©nommĂ© EGSE niveau 1 (phase d’intĂ©gration et de prĂ©paration au vol des satellites).

Siemens AG (RFA)

Siemens AG est chargé de :

  • la tâche d'ensemblier des rĂ©pĂ©teurs de tĂ©lĂ©communications SHF bande C (Munich) ;
  • la rĂ©alisation d’équipements pour les rĂ©pĂ©teurs de tĂ©lĂ©communications, section rĂ©ception et amplification en frĂ©quence intermĂ©diaire (Munich) ;
  • la contribution aux ensembles Ă©lectriques de test.

SAT (France)

SAT est chargé de :

  • la rĂ©alisation du gĂ©nĂ©rateur solaire (Paris et Lannion) ;
  • la rĂ©alisation du Codeur de TĂ©lĂ©mesure (Paris) ;
  • la contribution aux ensembles Ă©lectriques de test.

AEG-Telefunken (RFA)

AEG-Telefunken est chargé de :

  • la rĂ©alisation de l’alimentation Ă©lectrique rĂ©gulĂ©e (Wedel, près de Hambourg) ;
  • la rĂ©alisation d’équipements pour les rĂ©pĂ©teurs de tĂ©lĂ©communications, section Ă©mission (Backnang près de Stuttgart, et Ulm) ;
  • la rĂ©alisation des modulateurs et dĂ©modulateurs SHF pour la chaĂ®ne bord de tĂ©lĂ©mesure-tĂ©lĂ©commande ;
  • la contribution aux ensembles Ă©lectriques de test.

Autres participations importantes

  • Les six industriels composant le CIFAS participent au Groupe de Projet intĂ©grĂ© CIFAS via du personnel dĂ©tachĂ©, le Chef de Projet Ă©tant Pierre Madon (Aerospatiale).
  • La Belgique contribue officiellement au Projet et son industrie est prĂ©sente, notamment les Ateliers de constructions Ă©lectriques de Charleroi (ACEC), repris depuis par Alcatel Space, Ă  Marcinelle, via la division spatiale ETCA fournisseur des convertisseurs DC-DC de l’alimentation Ă©lectrique, et SAIT pour les calculateurs de test.
  • Des Ă©quipementiers français et allemands contribuent derrière les sociĂ©tĂ©s du Consortium, notamment Sodern, SAFT, Crouzet et Starec en France, Teldix et VFW en Allemagne.
  • Grands moyens d’essais employĂ©s pour la qualification et l’acceptation : Simulation de l’environnement spatial : SOPEMEA, filiale du CNES (Toulouse), IABG (de) (Ottobrunn)
  • Etalonnage des performances de tĂ©lĂ©communications : Centre national d'Ă©tudes des tĂ©lĂ©communications CNET (La Turbie)

Personnages clés

Les divers responsables de ce premier grand programme spatial européen ont tous fait ensuite de brillantes carrières dans leurs industries ou organismes respectifs.

Industrie

Établissements publics

  • Michel Bignier, prĂ©sident français du Conseil de Direction (1967-1976). Directeur gĂ©nĂ©ral du CNES, dĂ©cĂ©dĂ© en [6].
  • Yves Sillard, prĂ©sident français du Conseil de Direction (Après 1976). Directeur gĂ©nĂ©ral du CNES.
  • Dr Hermann Strub, prĂ©sident allemand du Conseil de Direction BMFT (Ministère de la Recherche et de le Technologie)
  • Dr Georg Mösl, GfW/DFVLR SecrĂ©taire ExĂ©cutif allemand.
  • Bernard Deloffre, secrĂ©taire ExĂ©cutif français CNES, succĂ©dant Ă  Jean-Bernard Dementhon dĂ©cĂ©dĂ©. Sera directeur du Centre spatial guyanais.
  • Jack Muller, secrĂ©taire ExĂ©cutif français CNES (De 1975 Ă  1985). Sera Directeur du Centre spatial de Toulouse.
  • Burkhard (Bob) Pfeiffer, directeur de projet (Structure franco-allemande).GfW/DFVLR

1970 : RĂ©alisation des satellites

  • 1970 - 1971: DĂ©marrage du programme de rĂ©alisation des satellites Symphonie dont le contrat est cosignĂ© par le GĂ©nĂ©ral Robert Aubinière, Directeur GĂ©nĂ©ral du CNES, et le Dr Mayer reprĂ©sentant le Ministère allemand (Bundesministerium fĂĽr Wissenschaft und Forschung) (BMWF). Le Consortium CIFAS, organisĂ© en GIE et dont l’Administrateur GĂ©rant est alors Charles Cristofini, a vĂ©cu les diffĂ©rentes restructurations industrielles successives : la crĂ©ation de Thomson-CSF, MBB (Messerschmitt Bölkow Blohm), AEG-Telefunken et Aerospatiale.
  • 1972: L’échec du lanceur Europa II et l’abandon du programme correspondant qui Ă©tait conduit par l’ELDO provoque une crise. Doit-on continuer de dĂ©velopper le satellite Symphonie, et si oui, comment le lancer ? Après diverses tergiversations au plus haut niveau gouvernemental, le programme est poursuivi. Les satellites seront lancĂ©s par la fusĂ©e amĂ©ricaine Thor-Delta 2914 au prix d’un accord dont le volet politique est astreignant puisque toute utilisation commerciale de Symphonie est proscrite par le DĂ©partement d'État des États-Unis.
  • 1973: IntĂ©gration et essais du modèle de qualification du satellite.
  • 1974: IntĂ©gration aux Mureaux du premier modèle de vol, Symphonie-A, puis livraison du satellite.

Description du satellite[7]

Le satellite est placĂ© sur une orbite gĂ©ostationnaire, Ă  15 degrĂ©s de longitude Ouest. Il pèse 200 kg environ (sans son moteur d'apogĂ©e).

Plate-forme

Il est stabilisé en attitude selon ses trois axes par une roue d'inertie et des jets d'azote.

La position du satellite sur orbite est maintenue par un système de tuyères à gaz chaud (bi-ergol) pendant une durée de vie de 5 ans.

L'alimentation en énergie électrique est assurée par trois panneaux solaires fixes déployables.

Le contrĂ´le thermique est du type passif.

Les opérations sur le satellite se font par l'intermédiaire d'une télécommande-télémesure fonctionnant soit en THF, soit en SHF.

charge utile

Il porte une antenne de réception de 17 degrés d'ouverture et deux antennes d'émission elliptiques (8,5 et 13 degrés d'ouverture), l'une couvrant la zone Europe-Afrique, l'autre la zone Amérique. Le service de télécommunications est assuré en hyperfréquences par ce jeu d'antennes et par deux répéteurs fonctionnant simultanément, chacun pouvant émettre dans l'une des deux zones de couverture; à chaque répéteur est allouée une fréquence d'émission (entre 3,7 et 4,2 GHz) et une fréquence de réception (entre 5,9 et 6,4 GHz).

L'équipement de télécommunications permet la distribution du programme de radiodiffusion et de télévision, la transmission de communications télégraphiques et téléphoniques et la transmission de données. Les deux modèles de vol sont destinés à être lancés et exploités simultanément.

L'originalité de Symphonie par rapport aux satellites de télécommunications fabriqués jusque-là est qu'il est stabilisé selon ses trois axes tandis que les précédents sont stabilisés par rotation, ce qui nécessite des travaux originaux sur le générateur solaire, les senseurs terrestres, la roue d'inertie. D'autres équipements nouveaux, tels que tubes à ondes progressives, antennes hyperfréquences, micro propulseurs à bi-ergol, demandent un effort particulier de l'industrie européenne. Enfin, le fait de vouloir obtenir pour le satellite une durée de vie de cinq ans en utilisant au maximum des composants européens oblige les fabricants à fournir des composants de haute fiabilité. En un mot, le satellite Symphonie fait partie d'un programme ambitieux, à la mesure de l'industrie européenne. Il est dit "expérimental" car il va permettre de mettre à l'épreuve des techniques et des technologies nouvelles qui ouvrent la voie aux satellites de distribution régionale à pinceaux fins et aux futurs satellites de télécommunications de forte puissance.

Lancement des satellites

Le lancement des satellites Symphonie devait être réalisé par Europa, premier programme de lanceurs européen, mais il est interrompu à cause des nombreux échecs et du manque de coordination entre les États européens (principalement la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne de l'Ouest). Les États-Unis acceptent de lancer Symphonie à condition que les satellites n'aient aucune activité commerciale[8].

La Thor Delta 2914

Symphonie-A est lancé avec succès, depuis le Centre spatial Kennedy le à 2h39 TU.

  • Le , le PrĂ©sident ValĂ©ry Giscard d’Estaing et le Chancelier Helmut Schmidt Ă©changent leurs vĹ“ux en direct et par visioconfĂ©rence via Symphonie-A arrivĂ© Ă  poste en orbite gĂ©ostationnaire. Symphonie-A est alors le premier satellite de tĂ©lĂ©communications gĂ©ostationnaire rĂ©alisĂ© et opĂ©rĂ© en Europe. Certaines de ses technologies constituent des premières mondiales.
  • Après fin d’intĂ©gration chez MBB Ă  Ottobrunn, puis livraison, Symphonie-B est lancĂ© avec succès, depuis le Centre spatial Kennedy le Ă  1h42 TU.
  • Les deux satellites positionnĂ©s en orbite gĂ©ostationnaire Ă  11,5° de longitude Ouest remplissent parfaitement la mission (2 zones de desserte, Euro-Afrique et AmĂ©rique, pouvant bĂ©nĂ©ficier d’un total de quatre rĂ©pĂ©teurs Ă  large bande de 90 MHz chacun) et constituent le « clou » du salon Telecom 1975 Ă  Genève.
  • 1977 - 1979: Ă€ partir de et pendant 2 ans, Symphonie-A est repositionnĂ© au-dessus de l’OcĂ©an Indien Ă  49° de longitude Est oĂą il permet de nombreuses expĂ©rimentations notamment avec l’Inde et la Chine.
  • du 4 au : Tenue Ă  Berlin du Colloque International sur les rĂ©sultats techniques et opĂ©rationnels du programme. Parmi de nombreux exposĂ©s, le Professeur Hubert Curien, alors PrĂ©sident du CNES, dĂ©clare en raccourci « Symphonie est le père d’Ariane » car il a servi de catalyseur Ă  la volontĂ© europĂ©enne de disposer d’un grand lanceur.
  • : Le Symphonie-A effectue sa dernière manĹ“uvre orbitale pour ĂŞtre placĂ© sur l'orbite de rebut puis est dĂ©sactivĂ© après environ 8,5 ans de service.
  • : 10 ans exactement après le lancement du satellite Symphonie-A, le satellite Symphonie-B, Ă©galement placĂ© en fin de vie sur l'orbite de rebut, est dĂ©sactivĂ© après plus de 9 ans de service. Ainsi, le service d’utilisation de Symphonie aura fonctionnĂ© avec succès sur une durĂ©e double de celle qui Ă©tait nominalement prĂ©vue et dĂ©montrĂ©, par des centaines d’expĂ©rimentations, tous les usages civils que l’on peut attendre des tĂ©lĂ©communications spatiales.

Utilisation des satellites Symphonie

Les utilisations de Symphonie et leur caractère précurseur de très nombreux services de télécommunications. L’interdiction d’utilisation commerciale de Symphonie, et c’est là une conséquence paradoxale, a sans doute suscité le plus grand programme d’expérimentation des télécommunications spatiales jamais exercé tant par le nombre des pays participants que par l’extrême diversité du champ des applications. Pour donner une idée de l’étendue des utilisations, rappelons que près de 40 pays ont participé à des liaisons via les satellites Symphonie A et B (d’Ouest en Est et du Nord au Sud), du Canada à l’Argentine, de la Finlande à l’Ile de La Réunion, de la Chine à l’Indonésie. On peut classer les expérimentations Symphonie A et B selon deux grands thèmes :

À ces thèmes s’ajoutent certaines utilisations à caractère opérationnel, notamment pour les liaisons entre la France métropolitaine et les départements d'outre-mer en téléphonie et la télévision par satellite. De ce point de vue, Symphonie a été le précurseur des programmes nationaux français, Telecom-1 et 2, TDF 1 et 2, et allemands TV-SAT et DFS-Kopernikus. Les répéteurs à large bande, par leur souplesse d’utilisation, ont permis d’essayer toutes les techniques d’accès (simple ou multiple) et de modulation : FDMA (répartition de fréquences), TDMA (répartition dans le temps), SSMA (étalement de spectre). Les stations terriennes Symphonie de divers diamètres (de 16 à 2,2 m), fixes, transportables, mobiles ont également largement contribué au renom du programme Symphonie à travers le monde. Pour ne citer que quelques démonstrations exemplaires, retenons :

  • la liaison entre le Quartier-gĂ©nĂ©ral de l’ONU Ă  Genève et les dĂ©tachements de Casques Bleus de l’ONU Ă  JĂ©rusalem et IsmaĂŻlia, inaugurant le futur mode de communication dit VSAT (Very Small Aperture Terminal) utilisant des antennes au sol de petit diamètre,
  • la tĂ©lĂ©vision Ă©ducative en Afrique et spĂ©cialement en CĂ´te d’Ivoire et au Gabon,
  • les Ă©changes interculturels de tĂ©lĂ©travail et de tĂ©lĂ© Ă©ducation, de tĂ©lĂ©mĂ©decine notamment entre la France et le QuĂ©bec,
  • les services occasionnels de tĂ©lĂ©transmission (liaisons d’urgence en zones sinistrĂ©es au profit de la Croix Rouge, reportages sportifs, etc.),
  • les liaisons bidirectionnelles Ă  grande cadence entre calculateurs.... un emploi prĂ©curseur des rĂ©seaux tĂ©lĂ©matiques transcontinentaux et d’Internet !
  • la synchronisation d'horloges atomiques Ă  l’échelle intercontinentale pour l’obtention d’un temps universel de très haute stabilitĂ©, prĂ©curseurs des programmes de système de positionnement par satellites (GPS, Galileo)
  • les essais Ă  l’échelle rĂ©gionale des emplois mixtes de tĂ©lĂ©diffusion et de radiodiffusion analogiques et numĂ©riques, dĂ©jĂ  ! (nombreux pays dont l’Iran, l’Inde et la Chine).

Une occasion de démonstration de la capacité de Symphonie dans le domaine, aujourd’hui qualifié de mission de Sécurité et de Gestion des crises par l’Union Européenne (GMES) n’a pas été saisie. Elle aurait pu être aisément satisfaite en 1978 à Kolwezi (intervention de troupes françaises au Zaïre pour protéger les ressortissants européens résidant dans la province du Katanga) si les états-majors français, au lieu d’appeler à l’aide la logistique des États-Unis, avaient suffisamment anticipé en imitant l’exemple onusien cité précédemment.

Les retombées du programme Symphonie

Les 10 ans de services Symphonie ont largement accrédité la maturité et la fiabilité de la technique spatiale à une époque où les opérateurs de télécommunications pensaient en termes de câbles et de faisceaux hertziens. Après Intelsat qui avait fait le travail de pionnier et d’opérateur pour les liaisons intercontinentales, en téléphonie principalement, Symphonie a ouvert la voie et permis l’essor de nombreux systèmes régionaux à applications variées combinant la télé-distribution, le télé-enseignement et l’accès radioélectrique fiable avec les zones souvent dépourvues d’infrastructures sol, régions isolées ou à très faible densité de population. Il est également justifié d’ajouter, sur le plan humain, que le programme Symphonie a constitué un « programme école » car il a formé beaucoup d’ingénieurs, d’opérateurs et d’utilisateurs de satellites qui ont acquis leur haute qualification sur ce programme puis ont diffusé leur savoir-faire au niveau européen et international. Dès lors de nouveaux programmes européens pouvaient suivre et permettre de conforter la place de l’Europe dans le domaine des télécommunications spatiales. La réussite technique de ce programme initiateur, la démonstration en orbite de la qualité des techniques nées en Europe, l’excellence des diverses utilisations faites au bénéfice de nombreux pays et communautés, tous ces éléments réunis font de Symphonie l’un des fondements principaux de la réussite européenne dans le domaine spatial.

Enfin, sur le plan industriel, il a vraiment lancé l'Europe dans les grands programmes, et participé aux débuts des grandes restructurations industrielles qui ont transformé des industries nationales en groupes européens et permis le démarrage programme Spacebus, avec les mêmes acteurs. De même il a contribué à l'essor de ce qui va devenir le premier industriel européen de ce secteur : le Centre spatial de Cannes - Mandelieu.

Palmarès

Symphonie est le :

  • Premier satellite de tĂ©lĂ©communications stabilisĂ© trois-axes en orbite gĂ©ostationnaire Ă  système de propulsion biergol pour la manĹ“uvre de circularisation geosynchrone et le maintien Ă  poste (prĂ©curseur des satellites modernes Ă  partir des annĂ©es 1990), et premier système complet (après le lancement du second modèle) avec tous les segments dĂ©diĂ©s de contrĂ´le et d'utilisation.
  • Premier satellite de tĂ©lĂ©communications europĂ©en.

Notes et références

  1. Jean-Jacques Dechezelles, directeur APSAT Conseil, « De Symphonie à Spacebus - 30 ans de succès des satellites de télécommunication », Conférence AAAF, mars 2006, publiée dans Lettre_AAAF_n_5_2006
  2. Simone Courteix, Télévision sans frontières, Economica (ISBN 978-2-402-05861-2, présentation en ligne)
  3. http://club.esiea.fr/article_edit.php?num=23
  4. Jean-Jacques Dechezelles sur le site CASPWiki
  5. Jean-Jacques Dechezelles sur le site de l'Académie de l'air et de l'espace
  6. Voir Michel Bignier sur le site de l'ESA
  7. C. de Vaulx, « Le satellite franco-allemand Symphonie », 1968, dans Site web Symphonie
  8. Catherine Procaccia et Bruno Sido, Rapport sur « Les enjeux et perspectives de la politique spatiale européenne », Rapport parlementaire (Assemblée nationale no 348, Sénat no 114), , 201 p. (lire en ligne).

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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