AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Horloge atomique

Une horloge atomique est une horloge qui utilise la pérennité et l'immuabilité de la fréquence du rayonnement électromagnétique émis par un électron lors du passage d'un niveau d'énergie à un autre pour assurer l'exactitude et la stabilité du signal oscillant qu'elle produit. Un de ses principaux usages est le maintien du temps atomique international (TAI) et la distribution du temps universel coordonné (UTC) qui sont les échelles de temps de référence.

Horloge atomique
L’horloge atomique FOCS-1 dans le laboratoire de l’Office fĂ©dĂ©ral de mĂ©tĂ©orologie et de climatologie Ă  Berne.
Type
Invention
Date
Horloge atomique commerciale à césium ayant servi à réaliser le temps légal français dans les années 1980 et comme référence pour l'horloge parlante.
Horloge atomique à césium, vue interne.

Histoire

L'horloge atomique est apparue au vingtiĂšme siĂšcle.

En 1955, Louis Essen et Jack Parry, avec le National Physical Laboratory (NPL), prototypent une horloge atomique Ă  une frĂ©quence de 9 192 631 830 ± 10 cycles par seconde soit une erreur de l’ordre de 1s sur 30 ans.

En 1967, la treiziÚme Conférence Générale des Poids et Mesures décide :

« La seconde est la durĂ©e exacte de 9 192 631 770 oscillations (ou pĂ©riodes) de la transition entre les niveaux hyperfins de l’état fondamental de l’atome de 133Cs (atome au repos T=0K) »

— CGPM

Aujourd'hui, les horloges atomiques ont été transformées en horloges optiques et sont suffisamment précises pour que la mesure du temps soit influencée par une variation d'altitude de 30 centimÚtres de par l'effet gravitationnel dit de la théorie de la relativité générale[1]. De ce fait, le césium peut ne plus constituer une référence suffisamment précise.

Les Types D'Horloges Atomiques ?

Les horloges atomiques[2] se dĂ©clinent en diffĂ©rents types, mais leur principe de fonctionnement reste fondamentalement le mĂȘme. La diffĂ©rence rĂ©side surtout dans le choix de l'Ă©lĂ©ment utilisĂ© et dans les mĂ©thodes employĂ©es pour dĂ©tecter les variations de niveau d'Ă©nergie.

Les horloges atomiques les plus courantes sont les horloges atomiques au césium, à l'hydrogÚne et au rubidium.

Les horloges atomiques au césium fonctionnent en faisant passer un faisceau d'atomes de césium à travers un champ magnétique qui sépare les atomes selon leurs niveaux d'énergie.

Les horloges atomiques à hydrogÚne maintiennent les atomes d'hydrogÚne à un niveau d'énergie constant à l'aide d'un récipient spécial en vue d'éviter toute perte trop rapide de leur état d'énergie supérieur.

Les horloges atomiques au rubidium sont les plus simples et compactes de toutes, elles utilisent une cellule en verre de rubidium gazeux qui change son absorption de la lumiÚre à la fréquence optique du rubidium lorsque la fréquence des micro-ondes environnantes est adéquate.

Les horloges atomiques les plus prĂ©cises actuellement disponibles utilisent l'atome de cĂ©sium avec des champs magnĂ©tiques et des dĂ©tecteurs standards. Par ailleurs, l'utilisation de faisceaux laser permet de limiter les variations de frĂ©quence dues Ă  l'effet Doppler, en empĂȘchant les atomes de cĂ©sium de se dĂ©placer dans tous les sens.

Principe de fonctionnement

Processus énergétiques atomiques

La stabilité des raies spectrales atomiques avait déjà été remarquée par Lord Kelvin en 1879[3].

Un atome passe d'un état excité d'énergie E2 à un état plus stable d'énergie inférieure E1 par l'émission spontanée d'un photon de fréquence :

oĂč est la constante de Planck.

À l'inverse, un atome dans un Ă©tat plus stable d'Ă©nergie E1 passera Ă  un Ă©tat excitĂ© d'Ă©nergie supĂ©rieure E2 par l'absorption d'un photon de frĂ©quence dont la valeur est donnĂ©e par la mĂȘme Ă©quation que ci-dessus.

On connaĂźt aussi le principe d'Ă©mission stimulĂ©e consistant pour un atome Ă  passer d'un Ă©tat d'Ă©nergie excitĂ© vers un Ă©tat plus stable aprĂšs la rencontre d'un autre photon. L'Ă©nergie de l'atome sera alors dissipĂ©e par l'Ă©mission d'un autre photon qui possĂ©dera les mĂȘmes caractĂ©ristiques que le photon initiateur.

Il existe également une probabilité non nulle pour qu'un atome se trouvant dans un état excité redescende dans un état plus stable et plus faible par un processus de désexcitation non radiative, c'est-à-dire sans émettre de photon. Le systÚme devant alors satisfaire à la relation de conservation de l'énergie, il en résultera soit un échauffement de l'atome, soit un transfert de quantité de mouvement.

Ces processus atomiques Ă©lĂ©mentaires, dont la thĂ©orie a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e en grande partie par Albert Einstein, vont ĂȘtre Ă  la base de toute l'interaction permettant d'Ă©laborer un Ă©talon atomique de mesure du temps.

Notion de structure fine et hyperfine

L'observation Ă  haute rĂ©solution des raies lumineuses d'un spectre d'Ă©mission ou d'absorption met en Ă©vidence la prĂ©sence d'une superposition de plusieurs composantes au sein d'une mĂȘme raie.

Une raie principale est donnĂ©e par le nombre quantique principal n caractĂ©risant les Ă©tats propres des fonctions d'onde de ses orbitales Ă©lectroniques. Dans un mĂȘme niveau quantique principal, la thĂ©orie va donner une sĂ©rie de sous-niveaux quantiques correspondant Ă  des Ă©tats quantiques dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s qui vont ĂȘtre crĂ©Ă©s par les diverses interactions physiques au sein de l'atome (interaction spin–orbite, effets de volume, effets relativistes, etc.). Ces sous-niveaux sont en fait la cause de la structure composĂ©e de la raie principale observĂ©e dans le spectre. On parle alors de structure fine : cette observation nĂ©cessite en effet une spectroscopie de plus grande prĂ©cision, les Ă©carts en Ă©nergie Ă©tant de l'ordre de 1000 fois plus faibles que les Ă©carts entre niveaux principaux.

Enfin, d'autres effets peuvent intervenir encore plus faiblement : interaction du spin du noyau et de l'électron, effets d'électrodynamique quantique... Une mesure encore plus poussée révÚle alors l'existence d'une structure hyperfine des niveaux d'énergie.

Fonctionnement

L'horloge atomique Ă  fontaine d'atomes de cĂ©sium NIST-F1 (en). Cette horloge est l'Ă©talon primaire de temps et de frĂ©quence des États-Unis, avec une incertitude de 5,10 Ă— 10−16 (en 2005).

Un systÚme physique, ici une enceinte chauffée contenant du césium, permet de créer un jet d'atomes.

Dans ce jet, seuls les atomes correspondant à l'état d'énergie initiale désiré, ici E1, sont conservés (la sélection se faisant par déflexion grùce à un champ magnétique).

Un oscillateur Ă  quartz (produisant un signal Ă  10 MHz) est multipliĂ© afin de piloter un gĂ©nĂ©rateur micro-ondes Ă  une frĂ©quence Îœâ€Č (voisine de Îœ). Ce signal est ensuite injectĂ© dans une cavitĂ© rĂ©sonante dite de Ramsey.

Le jet d'atomes dans l'Ă©tat E1 passe dans la cavitĂ© de Ramsey : plus la frĂ©quence Îœâ€Č sera proche de Îœ, plus grand sera le nombre d'atomes qui, par absorption de l'onde, subiront la transition vers l'Ă©tat E2.

À la sortie, le jet atomique subit une seconde dĂ©flexion magnĂ©tique qui sĂ©pare les atomes dans l'Ă©tat E2 de ceux dans l'Ă©tat E1.

Un dĂ©tecteur, placĂ© dans la trajectoire des atomes dans l'Ă©tat E2, produit un signal proportionnel au nombre de ces atomes. Plus Îœâ€Č est proche de Îœ, plus le nombre d'atomes E2 comptĂ© en sortie est grand.

Un systÚme d'asservissement ajuste en permanence la fréquence de l'oscillateur à quartz pour maximiser le nombre d'atomes dans l'état E2, et donc conserver la fréquence de l'oscillateur proche de la fréquence optimale. La fréquence de l'oscillateur est ainsi asservie à la fréquence de la transition atomique.

Dans le cas du cĂ©sium, la frĂ©quence Îœ est de 9 192 631 770 Hz. Cette valeur est exacte puisque c'est celle utilisĂ©e pour dĂ©finir tout Ă  la fois la seconde et son inverse le hertz.

Le comptage du temps est ensuite assuré par une division des oscillations de l'oscillateur à quartz, associé à un circuit électronique affichant par exemple l'heure comme dans une montre à quartz.

Les oscillations peuvent aussi ĂȘtre utilisĂ©es directement pour piloter des dispositifs ou Ă©quipements nĂ©cessitant une frĂ©quence de fonctionnement stable.

Performances

Les meilleures horloges au cĂ©sium (en 2013) parviennent Ă  une stabilitĂ© de l'ordre de 1 Ă— 10−14 s.s−1, et atteignent 2 Ă— 10−16 s.s−1 aprĂšs plusieurs jours de fonctionnement[4]. Ceci signifie que l'horloge dĂ©rive de 2 Ă— 10−16 seconde en une seconde, ce qui est souvent vulgarisĂ© en donnant le nombre d'annĂ©es nĂ©cessaire pour qu'une horloge dĂ©rive d'une seconde complĂšte, dans ce cas une seconde en 160 millions d'annĂ©es.

Applications

Le temps atomique international est la référence mondiale fondée sur la définition de la seconde atomique, calculée au Bureau international des poids et mesures à SÚvres, en faisant la moyenne d'environ 500 horloges atomiques (en 2016) réparties dans plus de 70 laboratoires dans le monde[5]. Ces horloges de référence sont majoritairement du type atomique au césium, d'autres fonctionnant au rubidium ou avec un maser à hydrogÚne[6].

En France, le temps lĂ©gal est gĂ©nĂ©rĂ© par le Laboratoire national de mĂ©trologie et d'essais - SystĂšme de rĂ©fĂ©rences temps–espace (LNE-SYRTE) situĂ© Ă  l'Observatoire de Paris. Il repose sur les lectures d'une centaine d'instruments dont en particulier six horloges au cĂ©sium et quatre masers actifs Ă  hydrogĂšne[7].

Les horloges atomiques sont également employées dans les systÚmes de positionnement par satellites. Ainsi, les satellites des constellations du GPS, du systÚme GLONASS ou ceux du programme Galileo embarquent chacun plusieurs horloges atomiques, jusqu'à quatre pour les satellites GPS.

Les deux satellites GIOVE de test du systÚme Galileo, lancés en 2005 et 2008[8], emportaient l'un une horloge au rubidium, l'autre un maser à hydrogÚne supplémentaire, en faisant la référence temporelle la plus stable jamais envoyée en orbite et le satellite de navigation le plus performant du monde[9].

Les horloges atomiques sont aussi utilisées dans les réseaux de télécommunications pour fournir un signal de référence aux oscillateurs internes des équipements, afin d'assurer une qualité de transmission des services en accord avec les normes internationales. On utilise soit les signaux directement produits par des horloges atomiques soit les signaux élaborés à partir des émissions des satellites de la constellation GPS qui ont la stabilité des horloges atomiques embarquées.

Histoire et développement

Les débuts

Horloge atomique aux fréquences optiques

Les recherches rĂ©centes pour amĂ©liorer la prĂ©cision des horloges atomiques se sont portĂ©es sur d'autres atomes (calcium, ytterbium, strontium, mercure, aluminium) piĂ©gĂ©s dans des treillis optiques dont les transitions Ă©nergĂ©tiques s'effectuent Ă  des frĂ©quences optiques (d'un ordre de grandeur 100 000 fois supĂ©rieur Ă  celle de la transition de l'atome de cĂ©sium; le BIPM a fixĂ© la transition du strontium Ă  429 228 004 229 873.2 Hz en ). En 2018, le JILA a construit des horloges manipulant les atomes avec des lasers dĂ©passant la prĂ©cision des meilleures horloges au cĂ©sium : une prĂ©cision de 2,5 Ă— 10−19 s s−1 a Ă©tĂ© atteinte par une horloge utilisant un treillis tridimensionnel d'atomes de strontium[12].

Références

  1. « L’horloge atomique - UFR DE PHYSIQUE », sur sorbonne-universite.fr (consultĂ© le ).
  2. « Comment fonctionne une horloge atomique », Blog,‎ (lire en ligne)
  3. (en) Thomson, William; Tait, Peter Guthrie, Treatise on Natural Philosophy, Cambridge, England, Cambridge University Press, , p. 227
  4. Antoine Cappelle, « Les horloges atomiques montent en frĂ©quence », La Recherche, no 483,‎ , p. 50 (lire en ligne).
  5. (en) « Establishment of International Atomic Timeand of Coordinated Universal Time », dans BIPM Annual Report on Time Activities, Bureau international des poids et mesures, (lire en ligne [PDF]).
  6. (en) « Table 4. Equipment and source of UTC(k) of the laboratories contributing to TAI in 2016 », dans BIPM Annual Report on Time Activities, Bureau international des poids et mesures, (lire en ligne [PDF]).
  7. « Références Nationales de Temps », SYRTE.
  8. (fr + en) Philip Tuckey, « Galileo : l’espace au service du citoyen europĂ©en », Le Magazine de l'Observatoire de Paris, Observatoire de Paris, no 10 « SpĂ©cial spatial »,‎ , p. 15 (lire en ligne [PDF], consultĂ© le ).
  9. Frédéric Guérin, « GIOVE-B prévu pour le 27 avril », Air et Cosmos, No 2116, 14 mars 2008.
  10. (en) « NIST Time and Frequency Division History », National Institute of Standards and Technology.
  11. (en) « A Brief History of Atomic Clocks at NIST », National Institute of Standards and Technology (consulté le ).
  12. (en) G. Edward Marti; Ross B. Hutson; Akihisa Goban; Sara L. Campbell; Nicola Poli; Jun Ye, « Imaging Optical Frequencies with 100  ΌHz Precision and 1.1  Όm Resolution », Physical Review Letters,‎ , p. 120 (10): 1–6 (arXiv:1711.08540)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.