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Attentat du Petit-Clamart

L’attentat du Petit-Clamart, dĂ©signĂ© par ses auteurs sous le nom d'opĂ©ration Charlotte Corday, est un attentat organisĂ© par le lieutenant-colonel Jean Bastien-Thiry, visant Ă  assassiner le gĂ©nĂ©ral de Gaulle, prĂ©sident de la RĂ©publique, le Ă  Clamart dans le dĂ©partement de la Seine (aujourd'hui dans les Hauts-de-Seine).

Attentat du Petit-Clamart
Localisation Clamart, Seine, France
Cible Charles de Gaulle
CoordonnĂ©es 48° 46â€Č 44″ nord, 2° 14â€Č 07″ est
Date
19 h 30
Morts Aucun
Organisations OAS
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Attentat du Petit-Clamart
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Attentat du Petit-Clamart

Contexte

Les différents motifs et enjeux de l'opération Charlotte Corday ainsi que ses répercussions (l'affaire Bastien-Thiry) ne peuvent se comprendre que dans le contexte particulier des événements qui l'ont précédée, notamment une précédente tentative d'assassinat à Pont-sur-Seine le . Pour diverses raisons, l'opération prévue dans la foulée a été reportée en août 1962[1].

Le , la RĂ©publique française dirigĂ©e par Charles de Gaulle reconnaĂźt l'indĂ©pendance de l'AlgĂ©rie d'une part Ă  la suite des accords d'Évian Ă©tablissant le cessez-le-feu, et d'autre part aprĂšs le rĂ©sultat de deux rĂ©fĂ©rendums, organisĂ©s en mĂ©tropole puis en AlgĂ©rie, portant sur l'autodĂ©termination de l'AlgĂ©rie. La guerre d'AlgĂ©rie s'achĂšve par le rapatriement d'un million de pieds-noirs, d'origine europĂ©enne et de juifs sĂ©farades, fuyant les exactions provoquĂ©es par le rejet des garanties des accords d'Évian, notamment aprĂšs le massacre d'Oran.

Et pourtant, en mai 1958, à Alger, un coup de force avait été mené conjointement par Pierre Lagaillarde, député d'Alger (poujadiste) et officier parachutiste de réserve, les généraux Raoul Salan (commandant des forces armées françaises en Algérie), Edmond Jouhaud (armée de l'air), Jean Gracieux (10e DP), l'amiral Auboyneau (marine nationale) avec l'appui de la 10e division parachutiste du général Massu (victorieuse de la décisive bataille d'Alger l'année précédente) et la complicité active des alliés de Jacques Soustelle. Il avait pour but de permettre le retour au pouvoir du général Charles de Gaulle qui était alors en retraite[2]. En effet, les partisans du général de Gaulle misaient sur un changement radical de politique gouvernementale fondée sur le maintien de l'intégrité du territoire républicain, et donc de la poursuite de la politique de « pacification » dans les départements français d'Algérie menée depuis 1954.

AprĂšs avoir rassurĂ© une foule gaulliste « europĂ©enne » (Pieds-Noirs et Juifs sĂ©farades) et « musulmane » (Harkis et Moghaznis) fraternisant Ă  Alger le , par un historique « Je vous ai compris[3] », suivi d'un univoque « Vive l'AlgĂ©rie française » Ă  Mostaganem, Charles de Gaulle une fois devenu prĂ©sident de la RĂ©publique en 1959, entreprit pourtant d'achever la politique de dĂ©colonisation qu'il avait amorcĂ©e, alors gĂ©nĂ©ral, en 1943 avec le Liban et la Syrie durant sa campagne de ralliement des colonies Ă  la France libre en vue de la libĂ©ration du territoire mĂ©tropolitain lui-mĂȘme occupĂ© par l'Allemagne nazie d'Hitler. Plus tard, le , de Gaulle accordait l'indĂ©pendance Ă  la GuinĂ©e Ă  la suite du rejet de la nouvelle constitution par celle-ci.

Quand, le , le prĂ©sident de Gaulle emploie pour la premiĂšre fois le terme d' « autodĂ©termination » Ă  propos de ce qui n'est encore dans les mĂ©dias que « l'affaire algĂ©rienne », certaines voix de contestation commencĂšrent Ă  se faire entendre parmi certains gaullistes en AlgĂ©rie et en mĂ©tropole. Les contestataires interprĂ©taient le revirement de politique du chef de l'État, qu'ils avaient eux-mĂȘmes contribuĂ© Ă  porter au pouvoir, comme une « trahison[4]. »

C'est finalement quelques mois plus tard, le , que les plus extrĂ©mistes dĂ©fenseurs du maintien de l'AlgĂ©rie française Ă©tablirent un Ă©tat de siĂšge dans la capitale algĂ©rienne, alors seconde « ville de France » comptant un million d'habitants « de souche europĂ©enne, » dans ce qui allait devenir la semaine des barricades. À la suite de dĂ©clarations auprĂšs du journal d'Allemagne de l'Ouest SĂŒddeutsche Zeitung laissant perplexe le chef de l'État quant Ă  la loyautĂ© que lui accordait le gĂ©nĂ©ral Massu, dĂ©sormais remplaçant de Salan Ă  la tĂȘte de l'armĂ©e d'AlgĂ©rie, celui-ci fut sur le champ mutĂ© en mĂ©tropole. Plus tard, Massu est affectĂ© Ă  la zone d'occupation de la RFA, Ă  Baden-Baden, d'oĂč il tient un rĂŽle historique en mai 1968. C'est le renvoi de celui qui avait permis le « putsch gaulliste » de 1958 qui servit d'Ă©lĂ©ment dĂ©clencheur dans ce que les mĂ©dias dĂ©crivirent comme « les Ă©vĂ©nements d'Alger. »

Pierre Lagaillarde prit la tĂȘte des opĂ©rations d'insurrection, le commandement militaire Ă©tant assurĂ© par le colonel Gardes. Des civils se solidarisĂšrent avec les factieux mais, Ă  la surprise des insurgĂ©s, le gĂ©nĂ©ral CrĂ©pin remplaçant Massu, resta fidĂšle au devoir de rĂ©serve de l'armĂ©e et ne fraternisa pas avec eux. IsolĂ©, Lagaillarde dut se constituer prisonnier auprĂšs de son supĂ©rieur hiĂ©rarchique au bout d'une semaine de siĂšge. Il fut envoyĂ© en mĂ©tropole pour y rĂ©pondre de ses actes.

En 1960, Lagaillarde profita de sa mise en liberté conditionnelle pour s'évader et s'exila à Madrid vivant alors à l'heure du franquisme. C'est en février 1961, à l'issue d'un accord avec Raoul Salan, lui aussi entré dans la clandestinité, que se créa l'Organisation armée secrÚte, qui plus tard prend parfois le nom d' « Organisation de l'armée secrÚte » ou tout simplement « Armée secrÚte. »

EmblĂšme de l'organisation

Une partie de la population dite « de souche européenne », les pieds-noirs, qui, paradoxalement, n'avait pas été consultée lors du premier référendum, refusa de quitter sa terre natale, voire ancestrale pour certaines familles. Elle rejoignit les « maquis » de l'OAS dont l'un des plus connus fut celui de l'Ouarsenis[5] - [6] - [7].

En avril 1961, à la suite de l'échec du putsch des généraux visant cette fois à renverser de Gaulle, celui-ci menant des pourparlers avec une délégation des indépendantistes, et à substituer à son autorité une junte militaire, l'OAS multiplia ses opérations clandestines.

Ces actions, dont les plus radicales relevaient de l'assassinat politique et du terrorisme, ont été menées aussi bien dans les départements français d'Algérie qu'en métropole, l'OAS disposant d'une branche « Métro », par les « commandos Delta ».

En Espagne, Pierre Lagaillarde – toujours fugitif – se tenait avec les colonels Charles Lacheroy (co-crĂ©ateur des CIPCG avec Salan) et Antoine Argoud, membre-clĂ© du putsch des gĂ©nĂ©raux en mĂ©tropole, Ă  la tĂȘte de la branche dissidente OAS-Madrid qui s'opposait au commandement Salan en prĂ©conisant un comitĂ© de direction coordonnant les opĂ©rations depuis l'Ă©tranger. Mais Lagaillarde fut interpellĂ© par la Guardia Civil et mis en rĂ©sidence surveillĂ©e en octobre 1961.

Le en Italie, Georges Bidault, ancien ministre des Affaires Ă©trangĂšres de De Gaulle sous le GPRF, puis pendant la guerre d'Indochine, fut Ă©lu prĂ©sident du Conseil national de la RĂ©sistance (CNR, crĂ©Ă© en 1962 pour la dĂ©fense de l'AlgĂ©rie française) par le comitĂ© exĂ©cutif, dont faisaient partie, entre autres, Jacques Soustelle (lui aussi ministre sous le GPRF) et le colonel Antoine Argoud. L'intitulĂ© faisait rĂ©fĂ©rence Ă  la RĂ©sistance Ă  l'occupant allemand durant la Seconde Guerre mondiale, Bidault ayant lui-mĂȘme occupĂ© le poste de prĂ©sident du CNR (fĂ©dĂ©rant l'ensemble des mouvements de la RĂ©sistance) Ă  la suite de Jean Moulin en 1943.

C'est, entre autres, pour tenter de mettre fin Ă  ce qu'il voit comme l'immobilisme de la France face Ă  la persĂ©cution des harkis et des Français d'AlgĂ©rie par les AlgĂ©riens alliĂ©s au FLN (le massacre de ces populations s'est poursuivi aprĂšs les accords d'Évian du 18 mars 1962, sans que l'armĂ©e française ne soit autorisĂ©e Ă  les protĂ©ger), que Bastien-Thiry met au point l’opĂ©ration Charlotte Corday, au mois d'aoĂ»t 1962, selon lui, sous l'Ă©gide du CNR[8].

DĂ©roulement

« Le 22 aoĂ»t 1962 [
], au Petit-Clamart, la voiture qui me conduit Ă  un avion de Villacoublay avec ma femme, mon gendre Alain de Boissieu et le chauffeur Francis Marroux est prise soudain dans une embuscade soigneusement organisĂ©e : mitraillade Ă  bout portant par plusieurs armes automatiques, puis poursuite menĂ©e par tireurs en automobile. Des quelque 150 balles qui nous visent, quatorze touchent notre vĂ©hicule. Pourtant — hasard incroyable ! — aucun de nous n'est atteint. »

— Charles de Gaulle[9]

Une DS présidentielle de 1963 exposée à l'espace à Paris, en 2012.
De Gaulle traversant le village d'Isles-sur-Suippe (Marne), en 1963.

Le , aux environs de 19 h 45[10], deux CitroĂ«n DS 19 banalisĂ©es et escortĂ©es de deux motards (Robert Herry et Marcel Ehrman) quittent le palais de l'ÉlysĂ©e pour emmener le GĂ©nĂ©ral et son Ă©pouse Ă  la base aĂ©rienne de Villacoublay, oĂč ils doivent prendre un avion du GLAM Ă  destination de Saint-Dizier pour rallier ensuite Colombey-les-Deux-Églises par la route. À bord de la premiĂšre voiture, se trouvent de Gaulle, de retour d'un Conseil des ministres et son Ă©pouse Yvonne ; le colonel Alain de Boissieu, gendre et aide de camp du prĂ©sident, est quant Ă  lui assis Ă  cĂŽtĂ© du chauffeur, le gendarme Francis Marroux[11]. Dans la deuxiĂšme DS conduite par le brigadier de police RenĂ© Casselin, se trouvent le commissaire de police Henri Puissant, l'un des gardes du corps du gĂ©nĂ©ral, Henri Djouder et le mĂ©decin militaire Jean-Denis Degos[12].

Sorti de Paris par la porte de ChĂątillon, le cortĂšge emprunte la route nationale 306 (devenue D 906 et dĂ©nommĂ©e depuis « avenue du GĂ©nĂ©ral-de-Gaulle ») et roule en direction de VĂ©lizy-Villacoublay oĂč attend l'avion prĂ©sidentiel. Alors qu'il arrive, Ă  20 h 20[13], Ă  hauteur du carrefour des rues Charles-Debry, RN 306 et rue du Bois, Ă  environ trois cents mĂštres avant le rond-point du Petit Clamart[14], le commando Bastien-Thiry est dissimulĂ© en guet-apens[15].

Ce dernier est composĂ© de Jean Bastien-Thiry, secondĂ© par un autre mĂ©tropolitain, Alain de La Tocnaye, qui considĂšre de Gaulle comme un « cryptocommuniste » au mĂȘme titre que les Hongrois LĂĄszlĂł Varga, Lajos Marton et Gyula SĂĄri, eux aussi farouchement anticommunistes. Le reste du groupe est composĂ© de mĂ©tropolitains et de Pieds-noirs. Ces derniers entendent venger les exactions commises contre leur communautĂ©, notamment la fusillade de la rue d'Isly (80 morts et 200 blessĂ©s civils[16]), ainsi que la perte de l'AlgĂ©rie française[16]. Le commando, de type militaire, est constituĂ© de douze hommes[11] Ă©quipĂ©s d'armes automatiques, d'explosifs[11] et de quatre vĂ©hicules[11].

Bastien-Thiry est dissimulĂ© avant le croisement, dans une Simca 1000, d'oĂč il donne le signal en agitant un journal[11]. Cinq hommes sont dans une Estafette Renault jaune (Buisines, Varga, SĂĄri, Bernier et Marton), Ă©quipĂ©s de fusils-mitrailleurs[11] ; La Tocnaye est Ă  bord d'une ID 19, avec Georges Watin et PrĂ©vost, munis de pistolets-mitrailleurs[11] ; une camionnette Peugeot 403, dans laquelle sont embusquĂ©s CondĂ©, Magade et Bertin, Ă©galement avec des armes automatiques, est en rĂ©serve[11]. La puissance de feu de ce commando est considĂ©rable : 187 balles ont Ă©tĂ© tirĂ©es par le commando, 14 ont criblĂ© la DS prĂ©sidentielle[11].

Le commando ouvre le feu sur la DS prĂ©sidentielle, les pneumatiques avant du vĂ©hicule sont crevĂ©s[11]. Georges Watin envoie une rafale de MAT 49 Ă  l'arriĂšre de la voiture oĂč sont assis de Gaulle et son Ă©pouse. La glace arriĂšre, cĂŽtĂ© de Gaulle, vole en Ă©clats[11]. Lors de l'assaut, in extremis, Alain de Boissieu crie aux de Gaulle de se baisser, ce qui leur Ă©vite d'ĂȘtre touchĂ©s. De Gaulle rapporte que son gendre lui a intimĂ© l'ordre de se mettre Ă  l'abri, lui disant : « À terre, PĂšre ! » Boissieu ordonne au chauffeur, Francis Marroux (le mĂȘme chauffeur pilotait la DS 19 prĂ©sidentielle, le , lors de l'attentat de Pont-sur-Seine[11]) d'accĂ©lĂ©rer[11], ce qu'il fait et parvient, malgrĂ© l'Ă©tat de la voiture et le sol mouillĂ© Ă  gagner Ă  vive allure le terrain d'aviation de VĂ©lizy-Villacoublay[11]. Sur les 187 balles[11] tirĂ©es par le commando, 14 impacts sont identifiĂ©s sur la DS[11] dont une dans le dossier du passager avant oĂč Ă©tait assis de Boissieu[11] et plusieurs Ă  hauteur des visages de Mme de Gaulle et du gĂ©nĂ©ral[11] - [17]. Autour de l'endroit de l'attentat, plusieurs magasins sont criblĂ©s d'impacts de balles[11]. RĂ©alisant l'Ă©chec de l'attaque, GĂ©rard Buisines tente d'Ă©peronner la DS avec l'Estafette tandis qu'Ă  ses cĂŽtĂ©s Alain de La Tocnaye, par-delĂ  la portiĂšre, tente de mitrailler la DS[11].

À l'arrivĂ©e Ă  la base aĂ©rienne de Villacoublay, le gĂ©nĂ©ral dit Ă  ceux qui les accueillent : « Cette fois, c'Ă©tait tangent. ». À la surprise des forces de l'ordre les encadrant, Yvonne de Gaulle prononce cette seule phrase, restĂ©e cĂ©lĂšbre « J'espĂšre que les poulets n'ont rien eu », voulant parler non pas des policiers mais des volailles en gelĂ©e achetĂ©es chez Fauchon et transportĂ©es dans le coffre de la DS[18] - [19] - [20] - [21] - [22]. Le GĂ©nĂ©ral glisse Ă  l'oreille de son Ă©pouse, assise Ă  ses cĂŽtĂ©s dans l'avion du retour : « Vous ĂȘtes brave, Yvonne »[23].

Pendant l'attentat, une Panhard, circulant sur l'autre sens de la chaussée et dans laquelle se trouvait un couple et ses trois enfants[11] - [24], essuie les coups de feu des tireurs. Le conducteur, M. Fillon, est légÚrement blessé à un doigt[25].

Selon certains auteurs, comme Jean-Pax MĂ©fret, et le membre du commando Lajos Marton, les conjurĂ©s auraient bĂ©nĂ©ficiĂ© d'un appui secret au sein de l'ÉlysĂ©e, celui du commissaire Jacques Cantelaube. Ce dernier, contrĂŽleur gĂ©nĂ©ral de la police et directeur de la sĂ©curitĂ© du prĂ©sident, dĂ©missionna un peu avant l'attentat. Il Ă©prouvait de l'antipathie envers l'homme dont il Ă©tait chargĂ© d'assurer la protection Ă  la suite de sa conduite des affaires algĂ©riennes Ă  partir de 1959[4]. Ces complicitĂ©s auraient permis Ă  Bastien-Thiry de connaĂźtre l'immatriculation de la DS, la composition du cortĂšge, ainsi que les diffĂ©rents itinĂ©raires empruntĂ©s dont celui qui sera choisi au dernier moment par mesure de sĂ©curitĂ©[26] - [4]. Selon Jean Lacouture : « [...] grĂące aux informations, dira le chef des conjurĂ©s, d'une « taupe » dont il disposait au sein de l'ÉlysĂ©e : mais les innombrables supputations faites Ă  ce sujet n'ont dĂ©bouchĂ© sur aucune information sĂ©rieuse. Il semble que Bastien-Thiry, sur ce plan, ait bluffĂ©, pour affoler ou diviser l'entourage du gĂ©nĂ©ral. En fait, il se fondait sur les appels tĂ©lĂ©phoniques de guetteurs placĂ©s autour de l'ÉlysĂ©e — notamment d'un certain « Pierre » — sitĂŽt qu'Ă©tait prĂ©vu un dĂ©placement du chef de l'État[27]. »

En 2015, Lajos Marton relance Ă©galement l'hypothĂšse de l'implication du ministre des Finances de l’époque, ValĂ©ry Giscard d'Estaing, qui — sous le nom de code « B12 » — aurait informĂ© l’OAS des dĂ©placements du chef de l’État[28] - [29].

Interpellations, jugements et verdicts

Une gigantesque chasse Ă  l'homme Ă©tait lancĂ©e au soir du 22 aoĂ»t pour retrouver les auteurs de l'attentat. L'enquĂȘte se dirigea d'abord vers l'Estafette jaune, plusieurs tĂ©moins dĂ©clarant que parmi ses trois occupants, l'un d'entre eux boitait. Les policiers pensĂšrent reconnaĂźtre l'ingĂ©nieur Watin, dit « la Boiteuse », membre de l'OAS, mais ne parvinrent pas Ă  l'apprĂ©hender. Deux hommes furent interpellĂ©s par hasard Ă  un barrage de contrĂŽle routier de la gendarmerie de Tain-l'Hermitage. Parmi ces deux hommes, un dĂ©serteur qui se vanta en disant : « Je suis de l'OAS ». TransfĂ©rĂ© d'abord au service rĂ©gional de Police Judiciaire de Lyon, il avoua au commissaire Geneston faire partie du commando. Puis, transfĂ©rĂ© Ă  Paris, il poursuivit sa confession, donnant au commissaire Bouvier tous les noms ou surnoms des conjurĂ©s qu'il connaissait[30].

Au bout de quinze jours, une quinzaine de suspects étaient interpellés par les hommes du commissaire divisionnaire Bouvier, alors que certains d'entre eux mettaient au point une nouvelle opération visant de Gaulle. La derniÚre interpellation, la plus spectaculaire, fut celle de Bastien-Thiry le 15 septembre, au sortir de son domicile de Bourg-la-Reine[31].

Le procĂšs se tint au fort de Vincennes. Lors de la premiĂšre sĂ©ance, neuf accusĂ©s comparaissaient devant la Cour militaire de justice le 28 janvier 1963 : Jean-Marie Bastien-Thiry dĂ©fendu par Jean-Louis Tixier-Vignancour, Alain de La Tocnaye, Pascal Bertin, GĂ©rard Buisines, Alphonse Constantin, Étienne Ducasse, Pierre-Henri Magade, Jacques PrĂ©vost et LĂĄszlĂł Varga. Six autres accusĂ©s furent jugĂ©s par contumace ; les absents, en fuite, se nommaient Serge Bernier, Louis de CondĂ©, Gyula SĂĄri, Lajos Marton, Jean-Pierre Naudin, et Georges Watin. Ce dernier s'Ă©tait enfui en Suisse oĂč il fut arrĂȘtĂ© en janvier 1964 et mis au secret en prison afin d'Ă©chapper Ă  la police française. Il y rencontra Marcel Boillat. De faux papiers lui furent fournis et il gagna l'AmĂ©rique du Sud. Il mourut au Paraguay en 1994[32]. Tous les accusĂ©s Ă©taient inculpĂ©s de tentative d'homicide volontaire avec guet-apens et d'attentat contre l'autoritĂ© de l'État avec usage d'armes[33].

Cette Cour militaire de justice avait pourtant Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©e illĂ©gale par l'arrĂȘt du Conseil d'État du 19 octobre 1962, au motif qu'elle portait atteinte aux principes gĂ©nĂ©raux de droit, notamment par l’absence de tout recours contre ses dĂ©cisions. De Gaulle prolongea malgrĂ© tout l'existence de cette Cour pour cette affaire. En effet, la lecture de l'arrĂȘt du Conseil d'État du vendredi 19 octobre 1962, faisant rĂ©fĂ©rence Ă  l'ordonnance prĂ©sidentielle du 1er juin 1962 instituant la Cour militaire de justice, indiquait : « ConsidĂ©rant qu'il ne rĂ©sulte pas de l'instruction que, eu Ă©gard Ă  l'importance et Ă  la gravitĂ© des atteintes que l'ordonnance attaquĂ©e apporte aux principes gĂ©nĂ©raux du droit pĂ©nal, en ce qui concerne, notamment, la procĂ©dure qui y est prĂ©vue et l'exclusion de toute voie de recours, la crĂ©ation d'une telle juridiction d'exception fut nĂ©cessitĂ©e par l'application des dĂ©clarations gouvernementales du 19 mars 1962 ; que les requĂ©rants sont, dĂšs lors, fondĂ©s Ă  soutenir que ladite ordonnance, qui excĂšde les limites de la dĂ©lĂ©gation consentie par l'article 2 de la loi du 13 avril 1962, est entachĂ©e d'illĂ©galitĂ© ; qu'il y a lieu, par suite, d'en prononcer l'annulation[34]. » Cependant, cette Cour qui devait ĂȘtre remplacĂ©e par une autre juridiction d'exception, la Cour de sĂ»retĂ© de l'État, fut prorogĂ©e par la loi du 20 fĂ©vrier 1963[35].

Le 4 mars à l'issue de l'instruction à charge[36] contre l'officier Bastien-Thiry, la Cour militaire de justice l'a jugé coupable d'avoir planifié et orchestré l'opération Charlotte Corday.

JugĂ©s en tant que simples exĂ©cutants, les tireurs furent condamnĂ©s Ă  diffĂ©rentes peines de rĂ©clusion mais bĂ©nĂ©ficiĂšrent en 1968 de la grĂące prĂ©sidentielle. Mais Jean-Marie Bastien-Thiry, Alain de la Tocnaye et Jacques PrĂ©vost, dĂ©fendu par Jacques Isorni furent condamnĂ©s Ă  mort. Deux des condamnĂ©s furent graciĂ©s ; seul Bastien-Thiry fut exĂ©cutĂ©, fusillĂ© au fort d’Ivry le 11 mars 1963. Les cinq accusĂ©s absents furent condamnĂ©s par contumace Ă  des peines de mort ou de rĂ©clusion et bĂ©nĂ©ficiĂšrent eux aussi, beaucoup plus tard, de la grĂące prĂ©sidentielle.

CondamnĂ© Ă  la peine capitale aux motifs de complot contre la sĂ»retĂ© de l'État et tentative d'assassinat contre le prĂ©sident de la RĂ©publique, le fait d'avoir menacĂ© la vie d'une femme ayant portĂ© Ă  charge comme cause aggravante aux yeux de De Gaulle[24], le lieutenant-colonel Bastien-Thiry fut passĂ© par les armes par un peloton militaire, au fort d'Ivry, le 11 mars 1963 Ă  l'aube. Il reste le dernier condamnĂ© Ă  mort fusillĂ© en France.

Affaire Bastien-Thiry

Le , succĂ©dant aux brĂšves dĂ©clarations de ses coaccusĂ©s prĂ©sents lors du procĂšs, le principal inculpĂ© de l’opĂ©ration Charlotte Corday, Jean-Marie Bastien-Thiry plaida dans un discours fleuve la lĂ©gitime dĂ©fense Ă  dĂ©charge pour lui et ses « camarades » et Ă  charge contre les « hommes de pouvoir » et en particulier contre le plus puissant d'entre eux, celui que son avocat et futur candidat Ă  la prĂ©sidence Jean-Louis Tixier-Vignancour surnomma le « Prince[37] ».

Constituante de « l'affaire Bastien-Thiry », la dĂ©claration du colonel, que RenĂ© Wittmann publia Ă  un tirage confidentiel le et dont la Serp Ă©dita une sĂ©rie de 33 tours la mĂȘme annĂ©e, commençait par ces mots[38] :

« L'action dont nous rĂ©pondons aujourd'hui devant vous prĂ©sente un caractĂšre exceptionnel, et nous vous demandons de croire que seuls des motifs d'un caractĂšre Ă©galement exceptionnel ont pu nous dĂ©terminer Ă  l'entreprendre. Nous ne sommes ni des fascistes ni des factieux, mais des Français nationaux, Français de souche ou Français de cƓur. Ce sont les malheurs de la patrie qui nous ont conduits sur ces bancs. »

Pour ce qu'il reprĂ©sente et la nature de la dĂ©claration de Bastien-Thiry, ce procĂšs sera vĂ©cu Ă  l'Ă©poque comme celui de l'OAS et, dans une certaine mesure, celui de la guerre d'AlgĂ©rie. Il inspira nombre d'ouvrages des annĂ©es 1960 Ă  nos jours, qu'il s'agisse de critiques de la peine de mort, l'opinion publique française y Ă©tant alors majoritairement dĂ©favorable[39], de tĂ©moignages, la famille du condamnĂ© Ɠuvre depuis pour sa rĂ©habilitation Ă  travers le « cercle Bastien-Thiry, » ou de contre-enquĂȘtes ; dans Bastien-Thiry : jusqu'au bout de l'AlgĂ©rie française, Jean-Pax MĂ©fret, grand reporter, s'interroge : « Comment un homme, dotĂ© de profondes convictions catholiques et d'un bagage culturel supĂ©rieur, a-t-il pu en arriver lĂ [40] ? »

Dans la presse nationale, les rĂ©actions Ă  « l'affaire Bastien-Thiry », qui dĂ©bouche Ă  la fois sur la derniĂšre exĂ©cution politique en France et sur le dernier fusillĂ©, ne se firent pas attendre. Le remarquable de la situation consiste en trois points : la virulence de la critique de Bastien-Thiry Ă  l'Ă©gard de la politique algĂ©rienne adoptĂ©e par de Gaulle, le fait que les condamnĂ©s aient finalement Ă©tĂ© graciĂ©s Ă  l'exception d'un seul, le caractĂšre expĂ©ditif de la sentence. Ainsi au lendemain de l'exĂ©cution, dans L'Express, Jean Daniel Ă©crivait : « En fait, l'inhumanitĂ© du souverain finit par accabler jusqu'Ă  ses partisans », tandis que dans Le Canard enchaĂźnĂ©, sous la plume de JĂ©rĂŽme Gauthier, on pouvait lire : « C'est la honte qui rase les murs. Une certaine justice aussi, semble-t-il
 », suivi de : « Le lieutenant-colonel Bastien-Thiry est mort, je ne dis pas pleurĂ©, mais plaint par un trĂšs grand nombre de Français, mĂȘme parmi ceux les plus farouchement hostiles Ă  sa cause ».

ThĂšse de l'enlĂšvement

Remise en cause de l'objectif de l’assassinat

Il existe une thĂšse alternative et polĂ©mique selon laquelle le but premier de l'opĂ©ration n'Ă©tait pas d'assassiner le prĂ©sident Charles de Gaulle Ă  Clamart mais de l'enlever pour le dĂ©fĂ©rer devant le tribunal du CNR. Cette thĂšse a Ă©tĂ© dĂ©fendue par maĂźtre Jean-Louis Tixier-Vignancour avocat de Bastien-Thiry pour faire acquitter les neuf conjurĂ©s prĂ©sents lors du procĂšs. Par la suite, elle a Ă©tĂ© reprise et dĂ©fendue par AgnĂšs de Marnhac (troisiĂšme et plus jeune fille de Bastien-Thiry ĂągĂ©e de trois ans lors des faits) dans son ouvrage Mon pĂšre, le dernier des fusillĂ©s Ă©ditĂ© par Michalon, le . PsychogĂ©nĂ©alogiste et thĂ©rapeute de profession, elle a soutenu en outre une thĂšse basĂ©e sur la psychogĂ©nĂ©alogie selon laquelle « en faisant don de sa vie, [s]on pĂšre rachetait la faute de son ancĂȘtre le duc de Massa qui avait envoyĂ© au peloton d'exĂ©cution un innocent, le duc d'Enghien[41] » (affaire du duc d'Enghien). AgnĂšs de Marnhac a disparu le des suites d'un cancer[42].

La thĂšse de l'enlĂšvement est rigoureusement contestĂ©e et a Ă©tĂ© dĂ©mentie dans les mĂ©dias en 2005 (dont le quotidien PrĂ©sent et l'Ă©mission Tout le monde en parle) par les membres mĂȘmes du commando du Petit-Clamart dont Louis Honorat de CondĂ©, Lajos Marton et Armand Belvisi[43] (ce dernier a Ă©tĂ© Ă©vincĂ© de l'opĂ©ration au dernier moment Ă  la suite d'un diffĂ©rend avec Alain de La Tocnaye)[44].

Commanditaire de l'attentat

AgnĂšs de Marnhac rĂ©cuse aussi l'appartenance de Bastien-Thiry Ă  l'OAS[45], prĂ©tendant que son pĂšre a agi sur ordre du CNR[46]. Or certains membres du commando contestent cette version. Selon Louis Honorat de CondĂ© : « Notre chef ne fut pas membre de l'OAS-AlgĂ©rie mais appartenait Ă  la derniĂšre formation de l'OAS-MĂ©tropole qui fut appelĂ©e OAS-CNR, laquelle succĂ©dait Ă  Mission I, Mission II et Mission III. ». Le chef de l'OAS-MĂ©tro Ă©tait le capitaine Pierre Sergent et celui de Mission III Ă©tait AndrĂ© Canal dit « le Monocle ». Bastien-Thiry ne faisait pas partie de l'organigramme de l'OAS et avait dĂ©jĂ  organisĂ© de sa propre initiative l'attentat de Pont-sur-Seine. De Lajos Marton ajoute qu'en 1961 Bastien-Thiry a contactĂ© le colonel Argoud[47] en disgrĂące depuis la semaine des Barricades (janvier 1960), nommĂ© Ă  Metz Ă  un poste « placard » oĂč il passe le plus clair de son temps Ă  prĂ©parer le putsch qui a lieu le 21 avril 1961. En dĂ©pit de la sympathie que lui inspire Bastien-Thiry, Argoud ne peut prendre le risque de l'associer Ă  l'action en cours, et encore moins lui apporter de l'aide pour le projet d'exĂ©cuter de Gaulle. Il revoit nĂ©anmoins Bastien-Thiry en 1961[48]. Nul ne sait comment, Bastien prit par la suite contact avec Jean Bichon, « ancien rĂ©sistant, officier de liaison entre le « Vieil État-Major » et le Haut-Commandement de l'OAS »[47]. Dans L' Attentat : indicatif Écho-Gabriel (1972), Armand Belvisi Ă©crit: « je contactai le Monocle pour qu'il me donne les armes dont j'avais besoin. Nous Ă©tions les seuls, Ă  Mission III, Ă  possĂ©der un important stock de munitions. Ni le Vieil État-Major, ni Jean Bichon ne pouvaient aider Bastien-Thiry. Ils ne possĂ©daient presque plus rien. [...] je cachai tout cela dans mon studio [...] et, le 27 avril, avec Bernier, j'allai les essayer dans le bois [...]. »[49]

AprĂšs le putsch d'Alger d'avril 1961, le gĂ©nĂ©ral Raoul Salan prend la tĂȘte de l'OAS avec pour adjoint le gĂ©nĂ©ral Edmond Jouhaud. Le Jouhaud est interpellĂ© Ă  Oran, puis le c'est au tour de Salan d'ĂȘtre arrĂȘtĂ© Ă  Alger. Le 24 avril le gĂ©nĂ©ral Paul Gardy annonce Ă  la radio pirate d'Oran (le seul Ă©metteur de l'OAS) qu'il prend sa place au sommet de l'organigramme[50], mais le commandement est Ă©galement revendiquĂ© par Jean-Jacques Susini. Dans les faits, le gĂ©nĂ©ral Gardy n'exerce un contrĂŽle complet que sur l'OAS d'Oran. Le 20 mai 1962, Georges Bidault en exil Ă  Munich, RĂ©publique FĂ©dĂ©rale d'Allemagne, a fondĂ© Ă  Milan le CNR avec Jacques Soustelle[51].

Membres du commando Charlotte Corday

  • Jean Bastien-Thiry (35 ans), alias « Didier », lieutenant-colonel de l'armĂ©e de l'air, ingĂ©nieur en chef de l'armement, polytechnicien[52].
  • Alain de La Tocnaye (36 ans) alias « Max », lieutenant d'artillerie, dĂ©serteur.
  • Jacques PrĂ©vost (31 ans), ancien sergent parachutiste Ă  Ðiện BiĂȘn Phủ.
  • Georges Wattin (29 ans), natif d'AlgĂ©rie, alias « la boiteuse, » recherchĂ© par la police.
  • Pierre Magade (22 ans), dĂ©serteur de l'armĂ©e de l'air.
  • Louis Honorat de CondĂ© (24 ans), sous-lieutenant de rĂ©serve.
  • Pascal Bertin (20 ans), Ă©tudiant.
  • Lazlo Varga (20 ans), ex-insurgĂ© anticommuniste de l'insurrection de Budapest, rĂ©fugiĂ© politique hongrois en 1956.
  • Lajos Marton (31 ans), ex-Ă©lĂšve pilote de l'aviation magyare, ex-insurgĂ© anticommuniste de l'insurrection de Budapest, rĂ©fugiĂ© politique hongrois en 1956.
  • Serge Bernier (29 ans), ancien sous-officier du Bataillon de CorĂ©e.
  • Gyula SĂĄri (31 ans), ex-sergent 2e REI de la LĂ©gion Ă©trangĂšre blessĂ© Ă  Ðiện BiĂȘn Phủ, ex-insurgĂ© anticommuniste de l'insurrection de Budapest, rĂ©fugiĂ© politique hongrois en 1956.
  • GĂ©rard Buisines (36 ans), ancien lĂ©gionnaire.
  • Alphonse Constantin (34 ans), ancien lĂ©gionnaire, dĂ©serteur Ă  la veille de l'attentat.
  • Armand Belvisi (37 ans), arrĂȘtĂ© en juin 62, dans des conditions spectaculaires qui ont inspirĂ© une des scĂšnes du film Le Complot, dans lequel le rĂŽle de Belvisi est jouĂ© par Michel Duchaussoy ; selon A. Belvisi, cette arrestation qui eut lieu avenue Victor-Hugo dans l'appartement d'une journaliste de l'ORTF, rĂ©sulterait d'un dĂ©saccord avec de La Tocnaye et sur dĂ©nonciation de Wattin.
  • Jean-Pierre Naudin (20 ans), Ă©tudiant classe prĂ©paratoire Ă  Saint-Cyr.
  • Membres du complot non identifiĂ©s au moment de l'instruction et du procĂšs : Jean Bichon, Pierre et Jacques Sidos, Olivier Sers et, selon ce dernier (cf. bulletin du Cercle JBT de fĂ©vrier 2011), quelque 200 complices.

Devenir du véhicule

Deux ans aprĂšs l'attentat, la DS 19 endommagĂ©e est restaurĂ©e, les impacts de balles Ă©tant effacĂ©s, puis est vendue le au gĂ©nĂ©ral Robert-Pol Dupuy, ancien commandant militaire de l'ÉlysĂ©e[53] - [54]. Celui-ci endommage gravement le vĂ©hicule quelques annĂ©es plus tard lors d'un accident avec son fils durant l'hiver 1971-1972, prĂšs de Verdun[53]. Il est remisĂ© dans un garage Ă  Lissey, dans l'attente d'Ă©ventuelles rĂ©parations[53]. En 1980, sept ans aprĂšs la mort du gĂ©nĂ©ral Dupuy, sa famille fait don de la DS en trĂšs mauvais Ă©tat Ă  l'institut Charles-de-Gaulle[53]. CitroĂ«n s'engage Ă  restaurer gratuitement cette voiture historique, mais elle s'avĂšre trop dĂ©gradĂ©e[53] - [54].

Avec le soutien de CitroĂ«n et PSA[55], une rĂ©plique de la DS du Petit-Clamart est donc crĂ©Ă©e avec un modĂšle identique, avec notamment les impacts de balles balisĂ©s par des croix-blanches sur la carrosserie (d'ailleurs pas exactement au bon endroit pour certains)[53]. Les plaques d'immatriculation du vĂ©hicule authentique sont apposĂ©es sur cette rĂ©plique, et sont les seules piĂšces d'origine Ă  y ĂȘtre ajoutĂ©es[53]. Cette rĂ©plique est d'abord exposĂ©e dans une vĂ©randa de la maison natale de Charles de Gaulle Ă  Lille[53]. Elle rejoint ensuite le vaste musĂ©e du mĂ©morial Charles-de-Gaulle de Colombey les Deux Églises[54]. Le musĂ©e n'indique pas clairement qu'il ne s'agit pas du vĂ©ritable vĂ©hicule, si ce n'est la mention floue « DS 19 dite du Petit-Clamart »[56], et emploie les termes vagues de « reconstitution Â» ou « restauration Â» de la voiture historique[54] - [55] - [57] - [58]. La rĂ©plique, toujours prĂ©sentĂ©e comme la vraie, effectue deux voyages en Chine, en 2003-2004 et 2013-2014, dans des expositions itinĂ©rantes Ă  l'occasion des 40e puis 50e anniversaires de la reconnaissance de la rĂ©publique populaire de Chine par la France en 1964[55] - [54] - [57] - [58].

Notes et références

  1. Jean-Teddy Filippe, Ils voulaient tuer de Gaulle, TF1 Vidéo, 2005.
  2. Yves CourriÚre, La Guerre d'Algérie, Reggane Films, 1972.
  3. Discours du Forum d'Alger, .
  4. Jean-Pax Méfret, Bastien-Thiry : Jusqu'au bout de l'Algérie française, Pygmalion, 2003.
  5. Lakhdar Belaid, « Du FLN Ă  l’OAS », France Soir, .
  6. Rémy Madoui, J'ai été fellagha, officier et déserteur : biographie du FLN à l'OAS, éditions du Seuil, 2004.
  7. Pierre Montagnon, L'OAS, Les secrets d'une organisation clandestine, chapitre « Les cibles : n'importe oĂč, n'importe quand
, » Historia ThĂ©matique, no 76.
  8. « Déclaration du colonel Bastien-Thiry, » 2 février 1963, sur le site du Cercle Jean Bastien-Thiry, bastien-thiry.com.
  9. Charles de Gaulle, MĂ©moires d'Espoir, Tome 1, Le Renouveau, 1958-1962, Ă©ditions Plon, 1970, p. 137-138.
  10. Jacques Delarue et Odile Rudelle, L'attentat du Petit-Clamart : vers la révision de la Constitution, Paris, la Documentation française, coll. « Les médias et l'événement », , 96 p. (ISBN 978-2-11-002403-9), p. 30.
  11. Jean Lacouture, Charles de Gaulle – Le souverain 1959-1970, t. III, op. cit., p. 276-280.
  12. Bernard Michal, De Gaulle : 30 ans d'histoire de France, Historama, , p. 144.
  13. Bernard Michal, De Gaulle : 30 ans d'histoire de France, Historama, , p. 145.
  14. Lieu de l'attentat sur google maps.
  15. Le ProcĂšs de l'attentat du Petit-Clamart, Ed. Albin Michel, , p. 110.
  16. Patrice GĂ©linet, ?id=14997 2000 d'Histoire - L'Homme qui a voulu tuer de Gaulle : Bastien-Thiry, France Inter, 16 juin 2003.
  17. La voiture est exposée au musée Charles-de-Gaulle, à Lille.
  18. Philippe Valode, L'histoire de France en 2 000 dates, Place Des Éditeurs, , p. 641.
  19. OLIVIER FAYE, « Il y a 50 ans, de Gaulle Ă©chappait Ă  l’attentat du Petit-Clamart », La Croix,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  20. « AoĂ»t 1962: De Gaulle visĂ© par l'attentat du Petit-Clamart (VIDEO) », France-Soir,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  21. Le Parisien, « Clamart se souvient de l'attentat contre le gĂ©nĂ©ral de Gaulle », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  22. par Jean Bourquin et, « La voiture qui sauva de Gaulle », sur Lexpress.fr, L'Express, (consulté le ).
  23. Par OLIVIER FAYE, « Il y a 50 ans, de Gaulle Ă©chappait Ă  l’attentat du Petit-Clamart », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consultĂ© le ).
  24. Max Gallo, De Gaulle, tome IV, La Statue du commandeur, éd. Robert Laffont, Paris, 1998 (ISBN 2-266-09305-3) ; rééd. Pocket, Paris, 2006, p. 29.
  25. Jacques Delarue et Odile Rudelle, L'Attentat du Petit-Clamart, Documentation française, , p. 40.
  26. Lajos Marton, Il faut tuer de Gaulle, Ă©ditions du Rocher, 2002.
  27. Jean Lacouture, op. cit., p. 274.
  28. Christine Rousseau, « Giscard et l’OAS, un vieux « serpent de mer Â» », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  29. « Attentat du Petit-Clamart : un ex-membre du commando accuse VGE », sur BFMTV (consulté le ).
  30. Jacques Delarue, Odile Rudelle, L'Attentat du Petit-Clamart : vers la révision de la Constitution, Documentation française, , p. 35.
  31. Paul Barril, L'enquĂȘte explosive, Flammarion, , p. 245.
  32. (es) Octavi Marti, « El hombre que quiso matar a De Gaulle Â», elpais.com, 22 fĂ©vrier 1994.
  33. Jacques Delarue et Odile Rudelle, L'Attentat du Petit-Clamart : vers la révision de la Constitution, Documentation française, , p. 48.
  34. ArrĂȘt Canal, Robin et Godot du Conseil d'État du 19 octobre 1962.
  35. http://legifrance.gouv.fr/jopdf/common/jo_pdf.jsp?numJO=0&dateJO=19630221&numTexte=&pageDebut=01723&pageFin=.
  36. Moncef El Materi, De Saint-Cyr au peloton d'exécution de Bourguiba, Al Manhal, , p. 161.
  37. Jean-Louis Tixier-Vignancour, ?vue=notice&from=fulltext&full=Affaire+Bastien-ThiryÎœm_notice=1&total_notices=1 Campagne Ă©lectorale officielle : Ă©lection prĂ©sidentielle 1er tour, ORTF, .
  38. Enregistrement sonore.
  39. « La peine de mort en France – Rapport du SĂ©nat sur l'abolition de la peine de mort – TroisiĂšme partie : le dĂ©bat sur la peine capitale – III. - Les termes du dĂ©bat dans la France d'aujourd'hui – 1. L'opinion publique », sur le site peinedemort.org, consultĂ© le 7 mai 2010.
  40. Jean-Pax Méfret, Bastien-Thiry : jusqu'au bout de l'Algérie française, Pygmalion, 2003.
  41. La Provence du 8 novembre 2004, Édition Bouches-du-RhĂŽne, ConfĂ©rence: Pourquoi Bastien-Thiry a voulu tuer De (sic) Gaulle, Emmanuelle Fabre.
  42. AgnÚs Bastien-Thiry nous a quitté.
  43. ENLEVER OU TUER DE GAULLE sur le site officiel d'Armand Belvisi, voyez les différentes coupures de presse.
  44. Ils voulaient tuer de Gaule - L'attentat du Petit-Clamart: un complot contre la République !, réalisé par Jean-Teddy Filippe, écrit par Georges-Marc Benamou et Bruno Dega, TF1 Vidéo, 2005.
  45. AgnĂšs Bastien Thiry Ă  propos de son livre, Tout le monde en parle - 16/04/2005.
  46. « Un attentat Petit-Clamart, 22 août 1962 », sur La CliothÚque, (consulté le )
  47. Lajos Marton dans le quotidien Présent des mercredi 14 et 21 septembre 2005, propos recueillis par Catherine Robinson.
  48. Olivier Cazeaux : interview enregistrée du Col. Argoud, juin 1996.
  49. Armand Belvisi, L' Attentat: indicatif Écho-Gabriel, Publibook, 1972, p. 159.
  50. « L'ex-gĂ©nĂ©ral Gardy se prĂ©sente comme le successeur de Salan », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  51. ?id=14630 Historia Thématique: OAS, les secrets d'une organisation clandestine, Chapitre : Combien de divisions... internes ?, page 29, Guy Pervillé (professeur à l'université de Toulouse-Le Mirail), mars-avril 2002.
  52. Données biographiques fournies en 2002 par le professeur à l'Institut d'études politiques Rémi Kauffer dans la revue historique Historia, Historia Thématique : OAS, les secrets d'une organisation clandestine - Pour solde de tout compte, p. 73.
  53. Pascal Ceaux, « La fausse DS du Petit-Clamart », Le Monde, no 16831,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  54. « De Gaulle made in China », Le Canard enchaĂźnĂ©, no 4865,‎ (lire en ligne).
  55. « Les DS présidentielles du général de Gaulle (archive) », sur charles-de-gaulle.org, fondation Charles-de-Gaulle / musée Charles-de-Gaulle, Lille, au 22 octobre 2009 (consulté le ).
  56. « La DS 19 dite du "Petit Clamart" », sur memorial-charlesdegaulle.fr, Mémorial Charles-de-Gaulle (consulté le ).
  57. Alain-Gabriel Verdevoye, « La DS 19, clou des cérémonies pour le 50Úme anniversaire des relations franco-chinoises », sur latribune.fr, La Tribune, (consulté le ).
  58. AFP, « Citroën : la DS 19 de l'attentat du Petit-Clamart part pour la Chine », sur lepoint.fr, Le Point, (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

  • France. Cour militaire de justice, Le ProcĂšs de l'attentat du Petit Clamart : [devant la Cour militaire de justice, 28 janvier-4 mars 1963], compte-rendu stĂ©nographique. Paris : Albin Michel, 1963, 2 vol. (1019-IV p.). (Collection des grands procĂšs contemporains).
  • Joan-Daniel Bezsonoff, L'annĂ©e de Syracuse, Ă©ditions Balzac, 2016, traduit du catalan
  • Alain de La Tocnaye, Comment je n'ai pas tuĂ© de Gaulle, Ă©d. Nalis, 1969
  • Frederick Forsyth a tirĂ© de cette histoire un roman paru en 1971, The Day of the Jackal (Chacal), Paris, Ă©ditions Tallandier, 400 p., adaptĂ© au cinĂ©ma en 1973 (Chacal).
  • Jacques Delarue, L'OAS contre de Gaulle, 1981
  • Alain de Boissieu, Pour servir le GĂ©nĂ©ral, 1982.
  • Jean Lacouture, Charles de Gaulle – Le souverain 1959-1970, t. III, Ă©d. du Seuil, 1986 (ISBN 2-02-009393-6).
  • Georges Fleury, Tuez de Gaulle ! Histoire de l'attentat du Petit Clamart, 1996.
  • Lajos Marton, Il faut tuer de Gaulle, 2002.
  • Jean-Pax MĂ©fret, Bastien-Thiry : Jusqu'au bout de l'AlgĂ©rie française, 2003.
  • GastĂłn Segura Valero, A la sombra de Franco, El refugio de los activistas franceses de la OAS (À l'ombre de Franco, Le refuge des activistes français de l'OAS), Ediciones B, 2004, (ISBN 8466614427)
  • AgnĂšs Bastien-Thiry, Mon pĂšre, le dernier des fusillĂ©s, 2005
  • Roland C. Wagner en a fait une uchronie RĂȘves de gloire, L'Atalante, coll. La Dentelle du cygne, 2011, roman dans laquelle le GĂ©nĂ©ral meurt lors de l'attentat.
  • AbbĂ© Olivier Rioult, Bastien-Thiry, De Gaulle et le tyrannicide, Ă©d. des Cimes, Paris, 2013 (ISBN 979-10-91058-05-6).
  • Jean-NoĂ«l Jeanneney, Un attentat. Petit-Clamart, 22 aoĂ»t 1962, Seuil, 2016.

Filmographie

  • Fred Zinnemann, The Day of the Jackal (1973, titre Français Le Chacal), d'aprĂšs le roman du mĂȘme nom de Frederick Forsyth. Les premiĂšres minutes de ce film sont une reconstruction de l'attentat, clĂŽturant avec l'exĂ©cution de Bastien-Thiry.
  • Jean-Teddy Filippe, Ils voulaient tuer de Gaulle, 2005.

Enregistrements sonores

Articles connexes

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