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DĂ©colonisation

La décolonisation est un processus d'émancipation des territoires coloniaux vis-à-vis des métropoles colonisatrices[N 1] - [1]. Elle conduit le plus souvent à l'indépendance des pays colonisés. Commencée dÚs 1775 en Amérique, c'est au lendemain de la Seconde Guerre mondiale que le terme se répand, alors que le phénomÚne prend une ampleur mondiale avec le développement des premiers nationalismes émergeant au début du XXe siÚcle. L'Organisation des Nations unies (ONU) offre un contexte favorable à la décolonisation[3].

Le terme « dĂ©colonisation » est attestĂ© dĂšs 1836, parmi ceux qui, dans les premiĂšres annĂ©es de l'occupation de l'AlgĂ©rie[4], rĂ©clament son Ă©vacuation[5] - [6], puis retombe dans l'oubli avant d'ĂȘtre rĂ©employĂ© au dĂ©but des annĂ©es 1950[6].

Historique de la décolonisation

Guerre d'indĂ©pendance des États-Unis

Signature du traité de Paris, mettant fin à la guerre d'indépendance américaine (1783).

La guerre d'indĂ©pendance des États-Unis est souvent considĂ©rĂ©e comme le premier mouvement de dĂ©colonisation notamment par les AmĂ©ricains eux-mĂȘmes qui vont s'en rĂ©clamer ultĂ©rieurement pour encourager Ă  l'indĂ©pendance les colonies europĂ©ennes et particuliĂšrement espagnoles. Les États-Unis doivent leur indĂ©pendance Ă  une rĂ©volte des colons, et non des indigĂšnes, contre leur mĂ©tropole. Les indigĂšnes sont alors plus radicalement opprimĂ©s, certaines communautĂ©s dĂ©cimĂ©es, voire anĂ©anties, par les colons indĂ©pendants, lorsque ceux-ci ont les mains libres, avec le renfort d'immigrants venus d'autres pays d'Europe. L'usage du mot dĂ©colonisation est Ă  cet Ă©gard trĂšs ambigu. Il signifie ici l'abandon d'une colonie par la mĂ©tropole mais en aucun cas la renonciation au fait colonial lui-mĂȘme. L'indĂ©pendance acquise par les colons amĂ©ricains, au contraire, n'a fait que renforcer leurs moyens et leur volontĂ© de coloniser l'arriĂšre-pays, reprenant Ă  leur compte la conquĂȘte de l'Ouest commencĂ©e par les Espagnols et les Français, ce qui a abouti Ă  la quasi-Ă©limination des populations indigĂšnes. En outre, l'indĂ©pendance n'a pas mis fin Ă  l'esclavage, phĂ©nomĂšne caractĂ©ristique du colonialisme d'Ancien RĂ©gime.

Guerre d'indépendance d'Haïti

La Bataille de Saint-Domingue, huile sur toile de Janvier Suchodolski, 1845, musée de l'Armée polonaise, Varsovie.
Les causes et les conséquences

La guerre d'indĂ©pendance d'HaĂŻti survient au moment de la RĂ©volution française, Ă  la suite des rĂ©ticences d'une partie des rĂ©volutionnaires mĂ©tropolitains Ă  accorder l'Ă©galitĂ© aux esclaves parce que leur accĂšs Ă  l'Ă©galitĂ© risque de priver les plantations de leur main-d'Ɠuvre et donc les colonies de plantation de leur rentabilitĂ© mais surtout parce qu'ils sont considĂ©rĂ©s comme encore inaptes Ă  se diriger eux-mĂȘmes selon les thĂ©ories raciales de l'Ă©poque. Viennent s'y ajouter l'hostilitĂ© des crĂ©oles[N 2] Ă  une Ă©galitĂ© avec les anciens esclaves noirs, inconcevable Ă  leurs yeux et le problĂšme particulier des mĂ©tis, souvent propriĂ©taires terriens et donc peu portĂ©s Ă  accepter la fin de l'esclavage.

Les consĂ©quences de cette guerre mĂšnent Ă  la premiĂšre rĂ©volte d’esclaves rĂ©ussie du monde moderne et Ă©tablit en 1804, HaĂŻti en tant que premiĂšre rĂ©publique noire indĂ©pendante du monde. La France perd ainsi sa colonie la plus prospĂšre.

Au XIXe siĂšcle

La premiÚre partie de la décennie 1820 voit la dislocation de l'empire espagnol, par la création d'une série de républiques indépendantes en Amérique latine.

Indépendance des colonies espagnoles

Un mouvement d'indépendance prend naissance en Amérique latine. Ce mouvement aboutit, par une succession de campagnes militaires, à l'indépendance des colonies espagnoles continentales.

Indépendance du Brésil

Le Brésil accÚde à l'indépendance sous la couronne d'un membre de la famille régnante portugaise.

Intervention des États-Unis

Les interventions militaires des États-Unis contre l'Espagne entre 1898 et 1901 Ă  Cuba et aux Philippines se soldent par la mainmise du pays sur ces deux territoires, considĂ©rant le continent amĂ©ricain comme une chasse gardĂ©e. C'est Ă  cette occasion qu'est annexĂ©e, Ă  perpĂ©tuitĂ©, la baie de GuantĂĄnamo.

Les décennies suivantes en Amérique latine

L'indĂ©pendance des colonies espagnoles et portugaises du Nouveau monde n'est pas pour autant suivie de la mise en application du bolivarisme. Des antagonismes apparaissent rapidement entre certaines des nouvelles nations sud-amĂ©ricaines. L'Argentine est au bord de la guerre civile entre fĂ©dĂ©ralistes et unitaires. SimĂłn BolĂ­var, JosĂ© de San MartĂ­n et Antonio JosĂ© de Sucre qui sont parmi les principaux acteurs de l'indĂ©pendance sont Ă©cartĂ©s du pouvoir quelques annĂ©es ou plus aprĂšs la fin des guerres : San MartĂ­n s'exile dĂšs 1824, Sucre est assassinĂ© en 1830 et BolĂ­var abandonne le pouvoir puis meurt la mĂȘme annĂ©e.

MalgrĂ© l'indĂ©pendance, le sort des AmĂ©rindiens encore majoritaires dans la plupart de ces pays n'Ă©volue pas beaucoup. L'esclavage est aboli dans certains pays libĂ©rĂ©s (Chili dĂšs 1811, Argentine en 1813, Venezuela en 1816, Bolivie en 1826) mais parfois sous condition d'un enrĂŽlement des hommes dans l'armĂ©e[7]. L'esclavage se poursuit dans d'autres pays comme le PĂ©rou, oĂč il n'est aboli qu'en 1851, Cuba et le BrĂ©sil, oĂč l'abolition attendra 1888. L'abolition devient totale en Argentine en 1853 et au Venezuela en 1854. L'Argentine et le Chili mĂšnent une politique de colonisation et d'extermination contre les Mapuches Ă  la fin du XIXe siĂšcle.

Par ailleurs les interventions des puissances europĂ©ennes (France, Grande-Bretagne, Allemagne) ou l'aide militaire des États-Unis aux insurgĂ©s (doctrine Monroe), ressemblent en pratique, par certains cĂŽtĂ©s, Ă  une nouvelle forme d'impĂ©rialisme.

Principe des nationalités

Ce principe émerge, en Europe, au XIXe siÚcle et se prolonge au siÚcle suivant avec le président américain Woodrow Wilson dans sa fameuse liste des quatorze points.

Application en Europe du principe des nationalités

Sous ses premiĂšres formes, ce principe ne concerne que les nations europĂ©ennes, les nations colonisĂ©es Ă©tant prĂ©sumĂ©es inaptes Ă  se diriger elles-mĂȘmes. Il se traduit, en Europe, selon deux tendances :

  1. le droit à l'unité telle l'unité italienne (avec l'aide de la France) ou l'unité allemande (contre l'Autriche et la France) ;
  2. le droit à l'indépendance de la Moldo-Valachie (Roumanie) et de la Serbie.

Au XXe siĂšcle

À la diffĂ©rence de la plupart des dĂ©colonisations prĂ©cĂ©dentes, les dĂ©colonisations du XXe siĂšcle vont profiter aux indigĂšnes et non aux colons.

Premier ébranlement de la suprématie militaire européenne

La guerre russo-japonaise de 1905, se termine par une victoire militaire des Japonais, notamment sur mer, Ă  Tsushima, oĂč leurs vaisseaux modernes et leur artillerie Ă  plus longue portĂ©e surclassent ceux des Russes. Cette victoire d'un pays asiatique, certes non colonisĂ© mais qui s'est engagĂ© sur la voie de l'industrialisation quelques dizaines d'annĂ©es seulement auparavant, montre aux Ă©lites des autres nations d'Asie que la domination europĂ©enne n'est pas fatale et que, Ă  condition d'assimiler les techniques de l'Occident, les pays colonisĂ©s ont les moyens de s'affirmer face Ă  eux.

Choc de la Seconde Guerre mondiale et ses conséquences

Les mĂ©tropoles ont perdu leur prestige et rĂ©putation d'invulnĂ©rabilitĂ© Ă  la suite des brusques et inattendues dĂ©faites militaires de pour la France et du Royaume-Uni et la perte d'une partie de son empire pour le Royaume-Uni en zone Asie Ă  la suite de l'invasion par le Japon. RuinĂ©es ou fortement affaiblies, en 1945, les puissances occidentales ne sont plus en mesure de maintenir leurs influences et leurs conquĂȘtes. Facteur aggravant, les puissances occidentales n'ont pu remporter la victoire que grĂące Ă  l'intervention militaire de l'URSS et des États-Unis[8].

ParallĂšlement, les forces alliĂ©s, dont font partie les puissances coloniales, ont prĂ©sentĂ© leur combat comme celui de la dĂ©mocratie et de la libertĂ© des peuples. En outre, les puissances europĂ©ennes sont concurrencĂ©es frontalement par les États-Unis et l'URSS, les puissances gagnantes Ă  l'issue du conflit. En effet, les États-Unis, qui bien qu'ancienne colonie, souhaitent faire progresser leur influence politique et Ă©conomique en lieu et place des anciennes puissances coloniales[8]. Pour l'URSS, la lutte anti-coloniale est directement assimilĂ©e Ă  la lutte contre le camp impĂ©rialiste[8].

Enfin, sur le plan international, le , l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de l'Organisation des Nations unies (ONU) devenue une tribune pour les pays rĂ©cemment indĂ©pendants, proclame le droit des territoires non-autonomes et sous tutelle Ă  disposer d’eux-mĂȘmes[8].

L'ensemble de ces facteurs et influences politiques, idéologiques et économiques va créer les conditions de la décolonisation à travers l'ensemble de la planÚte.

Décolonisation soviétique

Panneau de protestation des exilés baltes de la seconde moitié du XXe siÚcle appelant l'ONU à abolir le colonialisme soviétique dans les états baltes.

Lors de la rĂ©volution russe, les Mencheviks au pouvoir (sociaux-dĂ©mocrates), tout en se rĂ©clamant du principe des nationalitĂ©s, ont refusĂ© de reconnaĂźtre, avant la tenue d'Ă©lections gĂ©nĂ©rales, la sĂ©cession de diverses provinces de l'Empire, comme l'Ukraine et la Finlande, sĂ©cessions proclamĂ©es par la Rada ukrainienne et la DiĂšte finlandaise. C'est alors que les Bolcheviks, aprĂšs s'ĂȘtre emparĂ©s de Petrograd, par leur rĂ©volution d'Octobre en 1917, dĂ©cident de reconnaĂźtre l'indĂ©pendance des nationalitĂ©s qui le dĂ©sirent : Ukraine, pays baltes, Pologne et nations caucasiennes mais cette indĂ©pendance ne dure pas ; l'Ukraine est reprise par l'URSS en 1921-1922, Ă  l'issue de la guerre civile. Les pays baltes sont rĂ©intĂ©grĂ©s Ă  l'URSS de façon autoritaire sous Staline en 1940, Ă  la suite du pacte germano-soviĂ©tique. Quant Ă  la Pologne, elle est occupĂ©e par l'ArmĂ©e rouge et placĂ©e dans l'orbite de Moscou aprĂšs la Seconde Guerre mondiale.

Ils adoptent une constitution fĂ©dĂ©rale pour le reste du pays dĂ©sormais dĂ©nommĂ© RĂ©publique socialiste fĂ©dĂ©rative des Soviets de Russie (RSFSR). À l'intĂ©rieur de cette fĂ©dĂ©ration, les peuplades indigĂšnes qui n'ont pas fait sĂ©cession sont Ă©rigĂ©s en rĂ©publiques autonomes ou provinces autonomes, dotĂ©es de gouvernements autonomes. Certes, la domination du parti communiste, qui contrĂŽle tous les États membres par un systĂšme d'Ă©lections avec liste unique, fait que, dans toutes ces rĂ©publiques, seuls les communistes locaux dont le parti est centralisĂ© exercent le pouvoir mais du moins les citoyens des nationalitĂ©s non-russes ont-ils la satisfaction d'amour-propre de sentir leur identitĂ© reconnue. Ainsi cette autonomie reconnue aux anciennes colonies du Tsar, va devenir un modĂšle pour certains patriotes des nations colonisĂ©es Ă  travers le monde, tels que le futur Ho Chi Minh.

Politique du Royaume-Uni

Pendant la PremiĂšre Guerre mondiale, la politique arabe du Royaume-Uni, dĂ©jĂ  prĂ©existante en Égypte, est Ă©largie grĂące Ă  ses agents comme Lawrence pour obtenir une rĂ©volte des nations arabes contre l'Empire ottoman. Toutes les promesses possibles sont alors faites non seulement aux Arabes mais aussi aux sionistes et aux Kurdes pour affaiblir l'adversaire turc. À l'issue du conflit, cette politique conduit aux accords Sykes-Picot et Ă  la bataille de Khan Mayssaloun mettant dĂ©finitivement fin au panarabisme et induisant la naissance de nouveaux Ă©tats au Proche-Orient, tels que la Syrie, l'Irak, et la Transjordanie, provisoirement sous mandats de la SociĂ©tĂ© des Nations, ainsi que du territoire sous mandat de Palestine Ă©rigĂ© en Foyer national juif, avec l'accord du prince Faycal, chef des nationalistes arabes qui ont combattu les Turcs.

Doctrine sioniste vue comme revendication du principe des nationalités

Theodor Herzl revendique la renaissance d'un État juif, sur le sol de la Palestine, oĂč les Juifs seraient majoritaires et ne seraient donc plus Ă  la merci des actes d'intolĂ©rance rĂ©sultant des changements de gouvernants ou des caprices de la foule. L'Empire ottoman, comprenant Ă  l'Ă©poque la Palestine, est dĂ©favorable Ă  ce projet de crĂ©ation d'un nouvel État mais ne peut s'opposer frontalement Ă  un premier mouvement d'immigration, faible en nombre, essentiellement europĂ©en, sur un territoire prĂ©sentĂ© comme dĂ©nuĂ© de valeur sur le plan stratĂ©gique ou Ă©conomique. Le Royaume-Uni qui dĂ©tient la rĂ©alitĂ© du pouvoir en Palestine d'aprĂšs les accords de Sykes-Picot (1916), publie une dĂ©claration en 1917 dite dĂ©claration Balfour par laquelle — et largement pour des raisons financiĂšres (crĂ©dits de guerre) — il se montre favorable Ă  un foyer juif en Palestine. Certains dirigeants britanniques proposent aux leaders sionistes de s'installer en Ouganda pour rĂ©aliser leur État mais ceux-ci refusent cette proposition, indiquant que leur mouvement vise Ă  fonder un État indĂ©pendant « en ressuscitant l’État d'IsraĂ«l sur son territoire antique » sur la base d'une identitĂ© historique, religieuse et nationale.

Modalités de la décolonisation

Le mouvement de décolonisation peut s'opérer selon différentes options non exclusives les unes des autres : l'assimilation, l'autonomie interne et l'indépendance.

Assimilation

L'assimilation est le mode de dĂ©colonisation qui attribue aux indigĂšnes l'Ă©galitĂ© civile et politique et, corrĂ©lativement, intĂšgre l'ex-colonie Ă  l'État colonisateur. Des prĂ©cĂ©dents de cette solution existent de longue date, puisque l'Empire romain en fait usage pĂ©riodiquement, jusqu'Ă  l'Édit de Caracalla, exemple le plus imposant de cette politique qui a accordĂ© en 212 la pleine citoyennetĂ© romaine Ă  tous les hommes et femmes libres de l'Empire.

La France expĂ©rimente ce type de rĂ©forme dans ses colonies, d'abord en AlgĂ©rie oĂč le sĂ©natus-consulte de 1865 accorde Ă  tous les indigĂšnes, sujets français musulmans ou juifs, la possibilitĂ© de devenir individuellement citoyens, Ă  condition d'adopter le statut civil laĂŻc de droit commun (pas de polygamie) et d'en accepter tous les devoirs (service militaire, impĂŽts). Ensuite, toujours en AlgĂ©rie, un pas de plus concerne les indigĂšnes juifs. Ceux-ci, antĂ©rieurement traitĂ©s en parias (Dhimmis) dans leur propre pays par la conquĂȘte musulmane, accueillent en 1830 les Français en libĂ©rateurs et adoptent d'emblĂ©e la langue et la culture française. C'est pourquoi, lorsque, en 1870, le dĂ©cret CrĂ©mieux du gouvernement de DĂ©fense nationale attribue d'office la citoyennetĂ© française aux indigĂšnes juifs « mais en supprimant leur statut civil religieux mosaĂŻque », ceux-ci n'en ont pas moins bien accueilli la rĂ©forme et les devoirs nouveaux qui en dĂ©coulent. Cela se vĂ©rifie largement sur les champs de bataille de 1914-1918 et de 1939-1945. Ce dĂ©cret CrĂ©mieux est certes un premier acte de dĂ©colonisation mais il demeure partiel. Il aurait fallu l'Ă©tendre ultĂ©rieurement aux musulmans, comme le rĂ©clament notamment plusieurs dirigeants juifs, tels que le professeur Henri Aboulker et le docteur Loufrani et surtout comme le revendiquent plusieurs grands patriotes musulmans comme l'Émir Khaled, descendant d'Abd El Kader en 1920 et Ferhat Abbas jusqu'en 1943. C'est pourquoi les milieux colonialistes n'ont de cesse de demander la suppression du dĂ©cret CrĂ©mieux et d'attaquer les patriotes musulmans qui demandent un texte semblable, c’est-Ă -dire l'accĂšs Ă  l'Ă©galitĂ© et au droit de vote pour leurs coreligionnaires.

En 1936, le gouvernement de Front populaire propose une mesure d'assimilation partielle limitĂ©e en faveur des musulmans : le projet Blum-Viollette ; selon lequel les indigĂšnes, titulaires d'une citation militaire ou d'un diplĂŽme français, tel que le certificat d'Ă©tudes, soit quelque 25 000 individus sur 6 millions, pourraient devenir citoyens sans renonciation Ă  leur statut. Les colonialistes et leurs accusations rĂ©ussissent Ă  faire Ă©chouer cette mesure en rĂ©alitĂ© insuffisante. En 1940, le gouvernement du marĂ©chal PĂ©tain donne satisfaction aux colonialistes en abrogeant rĂ©troactivement le dĂ©cret CrĂ©mieux et en retirant leur citoyennetĂ© française aux juifs d'AlgĂ©rie, sans tenir compte du sang qu'ils ont versĂ© pour la France depuis 1870. Quant aux musulmans algĂ©riens, il ne fait rien pour eux. Aussi, aprĂšs le dĂ©barquement alliĂ©, le retrait de citoyennetĂ© infligĂ© aux juifs algĂ©riens est maintenu par François Darlan et Henri Giraud. Ferhat Abbas estime alors que cette assimilation, qui peut ĂȘtre retirĂ©e par un simple dĂ©cret, est sans avenir. Aussi opte-t-il, en 1943, pour l'autonomie interne, en publiant son Manifeste du peuple algĂ©rien dans les arguments duquel, il cite le retrait du dĂ©cret CrĂ©mieux, parmi les raisons qui l'ont fait renoncer Ă  revendiquer la citoyennetĂ© française.

Par la suite, en 1943, le ComitĂ© français de la LibĂ©ration nationale prĂ©sidĂ© par le gĂ©nĂ©ral de Gaulle rĂ©tablit le dĂ©cret CrĂ©mieux puis adopte, le , une ordonnance qui reprend les dispositions du projet Blum-Viollette en les Ă©largissant en faveur des musulmans. À partir de 1946, les colonies françaises deviennent des dĂ©partements ou des territoires d'outre-mer. Tous leurs habitants sont rĂ©putĂ©s ĂȘtre citoyens mais cette rĂ©forme n'est rĂ©alisĂ©e pleinement qu'aux Antilles et Ă  La RĂ©union. Dans les autres colonies, en effet, les anciens sujets, tout en recevant la qualitĂ© de citoyens français, sont faits citoyens du 2e collĂšge, de sorte qu'un statut inĂ©galitaire est perpĂ©tuĂ© Ă  leur dĂ©triment : en AlgĂ©rie, en 1947, le million de citoyens du 1er collĂšge (Ă  statut civil de droit commun) bĂ©nĂ©ficie d'autant de reprĂ©sentants Ă  l'AssemblĂ©e algĂ©rienne (60) que les 8 millions de citoyens du 2e collĂšge (Ă  statut civil coranique) et ce aprĂšs 117 ans de prĂ©sence française. Ils sont donc des 1/8 de citoyens, ce qui est de nature Ă  motiver leur mĂ©contentement. À l'initiative du ministre Gaston Defferre, les collĂšges multiples sont enfin supprimĂ©s en 1956, dans tous les territoires d'outre-mer et l'Ă©galitĂ© donc instituĂ©e. Toutefois la fusion des deux collĂšges n'est rĂ©alisĂ©e en AlgĂ©rie que lors du retour au pouvoir du gĂ©nĂ©ral de Gaulle en 1958.

Reconnaissance de compétences propres

Dans ce systĂšme, on rĂ©serve aux ex-colonies le droit d'Ă©dicter leurs propres lois dans un nombre de domaines plus ou moins large. Le pouvoir central conserve en principe les compĂ©tences d'affaires Ă©trangĂšres, militaires et de l'ordre intĂ©rieur. Les gouvernements locaux des ex-colonies exercent alors toutes les autres compĂ©tences. Bien souvent, mĂȘme dans ces domaines de base, les compĂ©tences de maintien de l'ordre (police), militaires (Garde nationale) et mĂȘme d'Affaires Ă©trangĂšres (reprĂ©sentation en France du QuĂ©bec, membre de la FĂ©dĂ©ration canadienne) peuvent ĂȘtre partagĂ©es. Inversement, de nouvelles compĂ©tences centrales peuvent apparaĂźtre, par exemple en matiĂšre sociale ou en matiĂšre d'Ă©nergie nuclĂ©aire, lorsque les États autonomes ne peuvent les exercer.

Fédéralisation de l'ancien empire russe

Cette autonomie interne ne peut subsister de façon durable que dans les fédérations. C'est ainsi qu'en Russie, lors de leur révolution d'Octobre 1917, les Bolcheviks doivent faire face au problÚme des minorités nationales. Certaines minorités européennes arrachent par la force leur indépendance (Finlandais, Baltes, Polonais) ou leur rattachement à un autre état telle la Moldavie, roumaine jusqu'en 1940. D'autres connaissent une tentative d'indépendance brÚve et tumultueuse. L'Ukraine, disputée entre indépendantistes, Russes blancs, anarchistes makhnistes, Polonais et Bolcheviks, finit par revenir à ces derniers. Dans le Caucase c'est la menace turque qui incite les Arméniens et les Géorgiens à revenir dans le giron russe. Dans toutes les régions périphériques, l'Armée rouge a pu s'appuyer sur des communistes locaux qui ne sont souvent que des modernistes antiféodaux, les forces traditionnelles (grands propriétaires et religieux) étant plutÎt contre-révolutionnaires.

L'Union des rĂ©publiques socialistes soviĂ©tiques (URSS) est une confĂ©dĂ©ration de rĂ©publiques, thĂ©oriquement Ă©gales en droit et oĂč les langues et autonomies nationales sont reconnues. En fait, les organes essentiels (Parti unique, police politique, Ă©conomie planifiĂ©e) sont Ă©troitement centralisĂ©s depuis Moscou. Le rĂ©gime soviĂ©tique impose des bouleversements en partie modernisateurs (alphabĂ©tisation, droits des femmes) mais impose aussi des choix Ă©conomiques contestables (monoculture du coton en Asie centrale) et mĂšne souvent une politique de terreur : collectivisation des terres dans les annĂ©es 1930, dĂ©portation de peuples entiers (Tatars de CrimĂ©e, TchĂ©tchĂšnes , etc.) en 1945.

Dans les années 1980, le systÚme apparaßt fragilisé par l'effondrement économique, par la guerre d'Afghanistan et par l'écart démographique croissant entre les républiques européennes à faible natalité et les républiques asiatiques à natalité forte. Cependant, ce n'est pas la révolte des colonisés, mais la chute du pouvoir central soviétique en 1991 qui entraßne l'éclatement du dernier empire colonial européen.

Indépendance

La décolonisation par l'indépendance a consisté à reconnaßtre la pleine souveraineté à une ancienne colonie. Les mouvements de décolonisation ont milité, les uns pour l'autonomie interne, comme l'UDMA de Ferhat-Abbas en Algérie, ou le RDA de Félix Houphouët-Boigny en Afrique noire française et les autres pour l'indépendance, comme le Parti du peuple algérien (PPA) de Messali Hadj en Algérie, le Viet Minh ou le Daï-Viet en Indochine mais il est clair que c'est l'indépendance qui a principalement leur faveur. Si bien que l'autonomie interne constitue souvent une étape sur la voie de l'indépendance. Le processus qui conduit à l'indépendance peut donc s'effectuer soit par étapes soit par révolution.

Répartition des territoires coloniaux en 1920 ; l'Empire britannique a su préserver son influence en responsabilisant ses vice-royaumes.

Indépendance obtenue par étapes

L'indépendance par étapes est le plus souvent obtenue en faisant passer le pays décolonisé par un ou plusieurs stades d'autonomie interne.

  • L'autonomie interne est trĂšs utilisĂ©e, d'abord dans les anciennes colonies britanniques transformĂ©es en dominions, comme Terre-Neuve, le Canada, les colonies d'Australie, la Nouvelle-ZĂ©lande et l'Union d'Afrique du Sud dont les compĂ©tences locales sont par Ă©tapes devenues de plus en plus Ă©tendues. Ces Ă©tats ne deviennent pleinement souverains qu’aprĂšs 1910 tout en conservant cependant un chef d'État commun, le monarque britannique, reprĂ©sentĂ© sur place par un gouverneur. Comme ce dernier n'a pas, en pratique, plus de pouvoirs que le monarque n'en a au Royaume-Uni, sa prĂ©sence n'est guĂšre gĂȘnante et tout se dĂ©cide dĂ©sormais sur place. Ainsi est inaugurĂ© le Commonwealth. Il faut cependant observer que l'indĂ©pendance est, dans quatre de ces cinq cas, attribuĂ©e aux descendants des colons europĂ©ens et des immigrants ultĂ©rieurs, non aux indigĂšnes car ceux-ci sont pratiquement marginalisĂ©s depuis longtemps Ă  Terre-Neuve, au Canada, en Australie et en Afrique-du-Sud. En Nouvelle-ZĂ©lande la situation est diffĂ©rente et les Maori ont, depuis 1867, un nombre de siĂšges destinĂ©s Ă  leur minoritĂ© au sein du Parlement. De nos jours, cependant, ces Ă©tats concĂšdent des avantages aux hĂ©ritiers statutaires des peuplades amĂ©rindiennes, aborigĂšnes ou maories.
  • Les indĂ©pendances du Maroc et de la Tunisie : ces deux territoires ont Ă©tĂ© des protectorats français, la France y dĂ©tenant le pouvoir sur plan diplomatique et militaire et s'appuyant sur l'Ă©lite locale pour les administrations. AprĂšs la guerre, l'agitation nationaliste est trĂšs forte et se traduit par des manifestations. La France agit par la rĂ©pression et l'arrestation de dirigeants : pour la Tunisie c'est Habib Bourguiba et, pour le Maroc, c'est le sultan Mohammed ben Youssef. Ces mesures renforcent la contestation puis des nĂ©gociations sont engagĂ©es et annoncĂ©es dĂšs le discours de Carthage du par Pierre MendĂšs-France. En 1956, la Tunisie et le Maroc deviennent indĂ©pendants.
  • L'Ă©mancipation des colonies françaises d'Afrique noire est d'abord lente parce que les revendications des Africains sont le plus souvent limitĂ©es, hormis dans l'Ăźle de Madagascar qui est le thĂ©Ăątre en 1947 d'une dramatique insurrection rĂ©primĂ©e. En effet, aprĂšs la Seconde Guerre mondiale, un nouveau parti voit le jour dans toutes les colonies françaises d'Afrique noire, sauf au SĂ©nĂ©gal, et se dĂ©veloppe dans l'opinion et au parlement français, le Rassemblement dĂ©mocratique africain (RDA). Ce parti utilise le droit de vote attribuĂ© aux indigĂšnes des ex-colonies par la Constitution de 1946 [N 3] pour pĂ©nĂ©trer les groupes parlementaires de certains partis mĂ©tropolitains. À partir de 1956, grĂące Ă  leurs contacts en mĂ©tropole, les Ă©lus du RDA obtiennent que s'engage un processus pacifique qui va permettre un transfert progressif de souverainetĂ©. D'abord par la loi-cadre Defferre de 1956 ; cette loi et ses dĂ©crets d'application, adoptĂ©s alors que le parti socialiste de Guy Mollet est engagĂ© Ă  fond dans la guerre d'AlgĂ©rie, accorde une dĂ©centralisation trĂšs poussĂ©e aux territoires d'Outre-Mer (TOM), avec la suppression des collĂšges multiples encore en vigueur en AlgĂ©rie, des assemblĂ©es locales librement Ă©lues et des conseils de gouvernement dĂ©signĂ©s librement par celles-ci dans chaque territoire. Ce nouveau rĂ©gime Ă©lectoral, appliquĂ© pour une fois sans truquage, permet enfin l'accession Ă  la tĂȘte de chaque territoire de dirigeants reprĂ©sentatifs comme FĂ©lix HouphouĂ«t-Boigny ou LĂ©opold SĂ©dar Senghor.

Par la suite, en 1958, lors du vote sur la nouvelle constitution de la 5e RĂ©publique, tous les TOM, sauf la GuinĂ©e, votent favorablement et ont alors le choix, dans les 3 mois, entre le maintien de leur statut de TOM, l'adoption du statut de dĂ©partement, ou celle du nouveau statut d'État autonome. Au cours de ces trois mois, les assemblĂ©es de tous les TOM, d'Afrique et de Madagascar adoptent le statut d'États autonome, sauf celui de la CĂŽte des Somalis. Tous les autres TOM, y compris la Nouvelle-CalĂ©donie, se prononcent pour le maintien de leur statut, tel qu'il dĂ©coule de la loi Defferre. Les nouveaux États autonomes entrent dans une CommunautĂ© conduite par la France, avec le titre d'États-membres. Quant Ă  la GuinĂ©e, elle est devenue indĂ©pendante immĂ©diatement aprĂšs sa rĂ©ponse nĂ©gative au rĂ©fĂ©rendum, sous l'influence de son prĂ©sident Ahmed SĂ©kou TourĂ©, mais subit au contraire une guerre Ă©conomique (les liens Ă©conomiques sont rompus, les colons rapatrient tout le matĂ©riel de valeur, les services secrets rĂ©pandent de faux francs CFA pour dĂ©stabiliser la GuinĂ©e monĂ©tairement, etc.)[9]. La communautĂ© française de 1958 ne va pas durer longtemps sous sa forme fĂ©dĂ©rative.

En effet ses membres vont Ă  leur tour accĂ©der Ă  l'indĂ©pendance en 1959 et 1960, par la nĂ©gociation, mais avec conclusion d'accords de coopĂ©ration avec la France. Ceux-ci garantissent le maintien de la zone franc et la France conserve un droit de veto sur les instituts africains d’émissions monĂ©taires, les avoirs financiers restent contrĂŽlĂ©s par le TrĂ©sor français, les entreprises françaises conservent leurs privilĂšges douaniers, leurs exonĂ©rations de longues durĂ©es, la libertĂ© de transfert des bĂ©nĂ©fices et obtiennent des garanties contre les nationalisations. La France conserve Ă©galement des troupes dans ses ex-colonies[10].

Congo
Patrice Lubumba, considéré héros de l'indépendance congolaise.

C'est le cas du Congo (Ă©galement connu sous le nom de ZaĂŻre) dont le roi des Belges annonce Ă  l'improviste, en , sa dĂ©cision de dĂ©coloniser ce qui s'appelait le Congo belge « sans atermoiement funeste, mais sans prĂ©cipitation inconsidĂ©rĂ©e ». Mais le gouvernement belge du Premier ministre Gaston Eyskens veut hĂąter les Ă©vĂ©nements et convoque Ă  Bruxelles une table ronde belgo-congolaise en reconnaissant la reprĂ©sentativitĂ© des leaders congolais jusque-lĂ  tenu Ă  l'Ă©cart de la gestion du Congo. Jusque-lĂ  la Belgique avait pratiquĂ© au Congo une politique ultra-colonialiste en s'attachant Ă  ne former que des cadres subalternes et en restreignant l'accĂšs de ses universitĂ©s aux indigĂšnes au point qu'il n'existe pas plus d'une trentaine d'Ă©tudiants congolais sortis des Ă©tudes universitaires au moment de l'indĂ©pendance. Mais le taux d'alphabĂ©tisation et de scolarisation des indigĂšnes est supĂ©rieur Ă  celui des autres pays d'Afrique noire et nombre d'entre eux sont formĂ©s Ă  des pratiques comme infirmiers ou fonctionnaires qui les mettent sur un pied proche de celui des Belges exerçant les mĂȘmes activitĂ©s, mais sans avoir les mĂȘmes revenus. Enfin dans la Force publique congolaise, seulement quelques dizaines d'aspirants sont formĂ©s dans les derniĂšres annĂ©es prĂ©cĂ©dant l'indĂ©pendance, car les Belges tiennent Ă  conserver Ă©troitement le contrĂŽle de cette armĂ©e sur laquelle ils avaient pu compter pendant les deux guerres mondiales.

Lorsque l'indĂ©pendance est proclamĂ©e, le parti unitaire de Patrice Lumumba, seul Ă  ĂȘtre prĂ©sent dans tout le Congo, n'obtient qu'une majoritĂ© relative de 45 % des voix. En effet, faute de tout encadrement politique sĂ©rieux, les autres voix s'Ă©parpillent entre les partis tribaux centrifuges, dont l'un, le parti Bacongo s'associe avec le sien pour gouverner. Lumumba devient alors Premier ministre et Joseph Kasa-Vubu prĂ©sident. Des responsables improvisĂ©s se rĂ©partissent alors les plus hauts postes de l'État, alors que, dans l'armĂ©e, les sous-officiers restent sous-officiers d'oĂč des troubles, Ă  la suite desquels les sous-officiers et soldats congolais, soutenus par Lumumba, se rĂ©voltent contre leurs officiers belges. Les Ă©meutiers s'en prennent aussi aux autres EuropĂ©ens et des violences ont lieu, si bien que Lumumba demanda l'aide de l'Organisation des Nations unies (ONU). Celle-ci envoie plusieurs contingents choisis dans des pays supposĂ©s sans intĂ©rĂȘt direct dans les Ă©vĂ©nements congolais. C'est alors qu'apparaĂźt le casque bleu crĂ©Ă© sur place dans le but de permettre Ă  ces troupes disparates (des GhanĂ©ens, des Pakistanais, mais aussi des SuĂ©dois) de se reconnaĂźtre entre eux.

C'est alors que la riche province du Katanga, dirigĂ©e par son prĂ©sident MoĂŻse TshombĂ©, fait sĂ©cession, avec l'appui d'une gendarmerie solide restĂ©e sous commandement belge et avec celui des grandes entreprises industrielles. Une autre province, celle du Sud-KasaĂŻ, diamantifĂšre, se proclame elle aussi indĂ©pendante. Aussi, lorsque Lumumba veut envoyer ses troupes, Ă  la tĂȘte desquelles il a dĂ» nommer des gĂ©nĂ©raux improvisĂ©s, celles-ci peu disciplinĂ©es, commettent quelques massacres qui sont montĂ©s en Ă©pingle. C'est alors que Lumumba est trahi Ă  la fois par le prĂ©sident Kasa-Vubu, qui prend le parti de Tshombe, et par l'ONU qui affecte de ne reconnaĂźtre que ce prĂ©sident tribaliste qui ne reprĂ©sente en rĂ©alitĂ© que 10 % des Congolais. Joseph Mobutu, l'un des gĂ©nĂ©raux improvisĂ©s nommĂ©s par Lumumba, prend alors le pouvoir. Celui-ci, avec la complicitĂ© de l'ONU dont les Casques bleus ont arrĂȘtĂ© Lumumba, livre celui-ci Ă  Tshombe, qui le fait immĂ©diatement assassiner. C'est dans ces circonstances que le Congo est livrĂ© Ă  une sanglante anarchie, puis Ă  la longue dictature corrompue de Mobutu.

Inde
Mohandas Karamchand Gandhi, leader indépendantiste indien.

À l'Ă©poque, l'indĂ©pendance d'un grand territoire comme celui de l'Inde n'est pas souhaitĂ©e par les Anglais qui veulent garder le terrain pour la culture du thĂ© ou bien garder un port de transit entre l'Afrique du Sud et l'Australie. L'indĂ©pendance des Indes est accordĂ©e en 1947 par le gouvernement britannique. Elle est largement prĂ©parĂ©e par l'action non-violente de Mohandas Karamchand Gandhi. Le Mahatma (Grande Ăąme, du sanskrit mahā, grand et ātman, Ăąme) est l'un des pĂšres fondateurs de l'Inde moderne et un dĂ©fenseur de la non-violence comme moyen rĂ©volutionnaire. Le l'Inde est devenue un dominion dans le Commonwealth, sous la direction du premier ministre Jawaharlal Nehru. Bien que la majoritĂ© des Indiens musulmans et hindous soit d'accord pour fonder une Inde laĂŻque — comme le dĂ©siraient Gandhi et le Parti du CongrĂšs qui reprĂ©sentait la majoritĂ© des musulmans indiens — les Britanniques ont prĂ©fĂ©rĂ© suivre la Ligue musulmane (minoritaire dans sa reprĂ©sentation des musulmans) et sa volontĂ© d'Ă©tablir un État islamique basĂ© sur la charia[11]. Ce faisant, ils divisent l'Inde en crĂ©ant le Pakistan oriental (futur Bangladesh) et occidental, lĂ  oĂč se trouvent des majoritĂ©s musulmanes. L'Inde devient une rĂ©publique laĂŻque, membre du Commonwealth, aprĂšs la promulgation de sa constitution, le .

MicronĂ©sie et Îles Marshall

Les quelques colonies amĂ©ricaines dans le Pacifique sont indĂ©pendantes depuis les annĂ©es 1990. L’administration de ces Ăźles a Ă©tĂ© confiĂ©e aux États-Unis par l'ONU Ă  la suite de la Seconde Guerre mondiale. DĂ©pourvues d'intĂ©rĂȘt Ă©conomique ou stratĂ©gique, elles ont pour principale ressource le versement d'une aide des États-Unis dont l'existence a largement contribuĂ© Ă  l'acceptation de l'indĂ©pendance par leurs ressortissants ; ce sont la MicronĂ©sie et les Îles Marshall, membres de l'ONU depuis le .

Indépendance arrachée par la force

Lorsque aucun espoir n'est laissĂ© aux colonisĂ©s d'obtenir l'Ă©galitĂ© soit par l'assimilation, soit par l'indĂ©pendance, la tentation de se rĂ©volter devient grande. Il faut alors constater que l'indĂ©pendance est rarement acquise sur le champ de bataille, mais plutĂŽt lorsque l'opinion publique mĂ©tropolitaine, lassĂ©e de lutter contre la rĂ©bellion, se prononce pour l'indĂ©pendance. Nous pouvons ici citer la guerre d'AlgĂ©rie, oĂč ce changement dans l'opinion s'effectue notamment lorsque les jeunes du contingent, qui font leur service militaire, sont tuĂ©s et enlevĂ©s par milliers par les mouvements indĂ©pendantistes.

Guerre d'Indochine

La France entreprend de reconquĂ©rir l'Indochine en avec le gĂ©nĂ©ral Leclerc. En , la guerre Ă©clate car les autoritĂ©s françaises sont en dĂ©saccord, malgrĂ© de nombreux contacts, avec le PrĂ©sident HĂŽ Chi Minh, dirigeant du Việt Minh (fĂ©dĂ©ration de mouvements patriotiques vietnamiens) et surtout avec son gĂ©nĂ©ral Giap, aussi bien sur le principe de l'indĂ©pendance que sur le sort futur de la Cochinchine. De leur cĂŽtĂ©, HĂŽ Chi Minh et Giap tous deux francophones et francophiles cherchent Ă  Ă©viter une guerre sanglante avec la France. Ils semblent d'accord pour signer avec Jean Sainteny et le gĂ©nĂ©ral Leclerc, qui ont su gagner leur confiance, des accords prĂ©voyant une pacifique autonomie-indĂ©pendance du ViĂȘt Nam Ă  l'intĂ©rieur de l'Union française. Alors qu'ils voyagent avec ce dernier et le gĂ©nĂ©ral Salan jusqu'Ă  Biarritz pour signer ces accords avec le gouvernement français, l'amiral d'Argenlieu — apparentĂ© Ă  la famille Michelin qui a d'immenses intĂ©rĂȘts dans les plantations d'hĂ©vĂ©a d'Indochine — fait capoter l'accord en suscitant la crĂ©ation de la rĂ©publique de Cochinchine, le . De cette action date la perte de l'Indochine et consĂ©cutivement de tout l'Empire français, ainsi que les deux guerres qui ont suivi.

DĂ©clenchĂ©e Ă  la suite de provocations venant des deux camps, cette guerre de dĂ©colonisation devient ensuite un enjeu de la guerre froide dans la mesure oĂč le ViĂȘt-Minh, bien qu'organisation patriotique regroupant Ă  l'origine les partis nationalistes et les sectes, est dominĂ©e par le Parti communiste indochinois. Le Viet-Minh bien que chassĂ© des villes tient solidement dans l'intĂ©rieur, particuliĂšrement au nord du pays et invente de nouvelles techniques de combat adaptĂ© Ă  sa pauvretĂ© en matĂ©riel et en munitions. La France cherche alors une solution politique, sans passer par le Viet-Minh : en , elle reconnaĂźt l'État associĂ© du ViĂȘt Nam, Cochinchine comprise, dirigĂ© par l'ex-empereur BáșŁo ĐáșĄi. Cette solution trop tardive ne change pas la situation militaire.

La guerre s'internationalise en 1949, lorsque les communistes chinois ayant atteint la frontiĂšre de l'Indochine apportent une aide directe au ViĂȘt-Minh. Les AmĂ©ricains initialement favorables au Viet-Minh, soutiennent financiĂšrement la France. En 1954, la dĂ©faite de DiĂȘn BiĂȘn Phu, au cours de laquelle, les vaillants combattants français payent pour l'impĂ©ritie des gĂ©nĂ©raux français qui les ont envoyĂ©s s'enterrer dans une cuvette et ont sous-estimĂ© les moyens militaires du Viet-Minh, convainc la France de se retirer. MendĂšs France, aprĂšs avoir constituĂ© un gouvernement allant du centre Ă  la droite, se donne un mois pour rĂ©soudre le conflit Ă  la confĂ©rence internationale de GenĂšve. Les indĂ©pendances du Laos, du Cambodge et du ViĂȘt Nam y sont alors proclamĂ©es mais le ViĂȘt Nam est alors provisoirement divisĂ© en deux États, le Nord sous l'autoritĂ© d'Ho Chi Minh et le Sud dirigĂ© par BáșŁo ĐáșĄi . Celui-ci, Ă  l'issue d'un rĂ©fĂ©rendum, est promptement remplacĂ© par un nationaliste catholique anti-Français, Ngo Dinh Diem. Ce dernier refuse la tenue des Ă©lections prĂ©vues dans tout le ViĂȘt Nam un an aprĂšs l'indĂ©pendance et instaure au sud une dictature fascisante faisant appel Ă  des conseillers militaires amĂ©ricains. C'est ainsi qu'il provoque l'insurrection du Front national de libĂ©ration (FNL) — bientĂŽt connu sous le nom de Viet-Cong — et dĂ©clenche la seconde guerre d'Indochine.

Guerre d'indépendance de l'Algérie

L'AlgĂ©rie est une colonie particuliĂšre : elle fait partie de l'État français et est divisĂ©e en trois dĂ©partements. C'est une colonie de peuplement oĂč vivent un million d'EuropĂ©ens principalement français et Ă  cĂŽtĂ© d'eux 8,5 millions d'Arabes et de BerbĂšres. La population algĂ©rienne est dĂ©pourvue de la pleine citoyennetĂ© française dans la mesure oĂč elle est dĂ©pourvue du droit de vote. Les Français sont opposĂ©s Ă  toute rĂ©forme alors que le nationalisme algĂ©rien se dĂ©veloppe. DĂšs 1943, les AlgĂ©riens ont fait apparaĂźtre leur aspiration dans le manifeste de Ferhat Abbas en mettant en avant l'Ă©galitĂ© en droit. En 1945, la France n'est pas ouverte aux rĂ©formes. La classe politique estimait alors que les colonies Ă©tait un Ă©lĂ©ment essentiel de la puissance de la France et de fait rĂ©fute toute idĂ©e d'indĂ©pendance[12]. Le , lorsque des Ă©meutes Ă©clatent Ă  SĂ©tif, elles sont violemment rĂ©primĂ©es. En 1947, un nouveau statut est accordĂ© aux AlgĂ©riens, ils deviennent des citoyens français avec le droit d'Ă©lire une assemblĂ©e qui doit siĂ©ger Ă  Alger. Cependant les AlgĂ©riens et les EuropĂ©ens ont le mĂȘme nombre de siĂšges au sein de cette assemblĂ©e alors que les premiers sont huit fois plus nombreux. Cette rĂ©forme est donc contestĂ©e par les AlgĂ©riens et les nationalistes demandent l'indĂ©pendance. Des demandes de rĂ©formes plus sĂ©rieuses Ă©manent de l'Ă©vĂšque de Constantine, LĂ©on-Étienne Duval[13]. DĂšs sa promotion comme archevĂȘque d'Alger en , il dĂ©clare dans un discours que la « civilisation doit ĂȘtre conçue en fonction des ĂȘtres les plus dĂ©shĂ©ritĂ©s »[14].

Dans le cas de l'AlgĂ©rie aussi, la dĂ©colonisation est imposĂ©e par le peuple de mĂ©tropole lassĂ© de poursuivre cette guerre, surtout Ă  partir du moment oĂč les appelĂ©s ont dĂ» y participer. Les Français, consultĂ©s une premiĂšre fois, lors des lĂ©gislatives de 1956, sur la nĂ©gociation avec le Front de libĂ©ration nationale (FLN), ont votĂ© pour le Front rĂ©publicain qui la prĂ©conise mais dont le chef Guy Mollet, une fois Ă©lu, ne l'a pas rĂ©alisĂ©e. Par la suite, consultĂ©s une fois de plus et cette fois directement par rĂ©fĂ©rendum, ils vont rĂ©pondre Ă  de Gaulle, « oui pour l'autodĂ©termination ».

La guerre d'AlgĂ©rie dĂ©bute en 1954 par une sĂ©rie d'attentats du FLN dont l'un des dirigeants le plus populaire auprĂšs des AlgĂ©riens est Ahmed Ben Bella. Ce groupe, sĂ©cessionniste du Mouvement national algĂ©rien de Messali Hadj, est partisan de l'action violente pour obtenir l'indĂ©pendance. Le choc est rude pour la France qui considĂšre l'AlgĂ©rie comme territoire français oĂč, sur dix millions d'habitants, vivent un million d'EuropĂ©ens, les Pieds-noirs. Ces derniers, pour la plupart, refusent catĂ©goriquement l'indĂ©pendance, bien qu'ils soient en grande partie responsables de cette situation. En effet, les reprĂ©sentants des Français d'AlgĂ©rie ont constamment bloquĂ© toutes les rĂ©formes assimilatrices, mĂȘme les plus minimes, tendant Ă  reconnaĂźtre enfin aux musulmans algĂ©riens la pleine citoyennetĂ© française. Le ministre de l'intĂ©rieur, François Mitterrand, dĂ©clare Ă  la suite des attentats du FLN de la Toussaint 1954 : « la seule nĂ©gociation, c'est la guerre ». Cette guerre mobilise des moyens militaires et politiques de plus en plus importants. En 1957, les parachutistes du gĂ©nĂ©ral Massu sont chargĂ©s par le gouvernement socialiste d'investir Alger et d'y supprimer le FLN. Ils dĂ©mantĂšlent les rĂ©seaux terroriste FLN en utilisant des moyens rĂ©prouvĂ©s tant par la loi que par la morale et par le rĂšglement militaire, en toute connaissance du gouvernement français de l'Ă©poque. À la fin de cette bataille d'Alger, les parachutistes français sont guidĂ©s dans leurs arrestations des sympathisants FLN par de jeunes musulmans qui, impressionnĂ©s par leurs rĂ©sultats, croient Ă  la victoire finale de la France. Cependant, les moyens employĂ©s, notamment la torture et les exĂ©cutions sommaires baptisĂ©es corvĂ©es de bois, heurtent l'opinion mĂ©tropolitaine. Les succĂšs remportĂ©s dans ces conditions ne cessent d'augmenter le nombre des partisans de la rĂ©bellion au point de faire oublier les atrocitĂ©s trĂšs nombreuses commises par certains FLN, comme le massacre, femmes et enfants compris, de la population de Melouza contrĂŽlĂ©e par un maquis du Mouvement national algĂ©rien rival. Dans ces conditions, la cause nationaliste progresse en AlgĂ©rie, avec le soutien de l'ONU. Le , la population europĂ©enne d'Alger provoque une Ă©meute, entraĂźnant la garnison de la ville puis, avec le soutien d'officiers factieux et d'unitĂ©s militaires parachutistes, impose Ă  la mĂ©tropole un changement de gouvernement et de rĂ©gime (crise de mai 1958). Au grand dĂ©plaisir des dirigeants de la IVe RĂ©publique, de Gaulle, qui avait prĂ©conisĂ© en vain pour la France de la LibĂ©ration un rĂ©gime dĂ©mocratique dotĂ© d'un exĂ©cutif fort, est rappelĂ©. Il commence par soutenir les militaires dans une lutte accrue et efficace contre l'ArmĂ©e de libĂ©ration nationale algĂ©rienne (ALN). À partir de 1959 et en dĂ©pit du lancement d'une politique d'essais nuclĂ©aires français dans le Sahara algĂ©rien, il engage un processus qui conduira Ă  l'indĂ©pendance de l'AlgĂ©rie alors mĂȘme que l'action armĂ©e du FLN et de l'ALN contre la prĂ©sence française est tenue en Ă©chec. Le il reconnaĂźt le droit des AlgĂ©riens Ă  l'autodĂ©termination et fait approuver ce principe par les Français lors du rĂ©fĂ©rendum sur l'autodĂ©termination de l'AlgĂ©rie du . De Gaulle se heurte alors Ă  la rĂ©sistance des Pieds-Noirs et d'une fraction de l'armĂ©e, dont les plus extrĂ©mistes, dirigĂ©s par quatre gĂ©nĂ©raux, tentent un putsch en . Ce dernier Ă©choue mais des partisans de l'AlgĂ©rie française crĂ©ent l'Organisation de l'armĂ©e secrĂšte (OAS), dans le but de s'opposer aux nĂ©gociations entre le gouvernement français et le FLN. L'OAS dĂ©clenche une insurrection contre l'armĂ©e française qui la rĂ©prime sĂ©vĂšrement, ainsi que des attentats en mĂ©tropole.

Le , les accords d'Évian reconnaissent le droit de l'AlgĂ©rie Ă  l'indĂ©pendance. Cette indĂ©pendance est avalisĂ©e par le rĂ©fĂ©rendum sur l'indĂ©pendance de l'AlgĂ©rie du . En France, une proposition de loi a instaurĂ© la date du — proclamation bilatĂ©rale de cessez-le feu — comme « journĂ©e nationale du souvenir et du recueillement Ă  la mĂ©moire des victimes civiles et militaires de la guerre d'AlgĂ©rie et des combats du Maroc et de Tunisie »[15]. Elle a Ă©tĂ© adoptĂ©e par l'AssemblĂ©e nationale le puis par le SĂ©nat le .

Le n'empĂȘche cependant pas le massacre de milliers de harkis (musulmans ayant servi l'armĂ©e française en qualitĂ© de supplĂ©tifs) et de leurs familles ni l'exode des Pieds-noirs.

Finalement, mĂȘme si environ 20% d'entre eux restent un temps en AlgĂ©rie[16] - [17], la grande majoritĂ© des pieds-noirs quitte le nouveau pays, une partie d'entre eux estimant qu'ils ont Ă©tĂ© obligĂ©s de partir en raison du risque pour leur vie et celle de leurs enfants[18], ce qui « ne correspond que trĂšs partiellement Ă  la rĂ©alitĂ© », selon l'historien Benjamin Stora[19].

La direction du FLN avait « pris soin, Ă  plusieurs reprises, de s’adresser Ă  eux afin de les rassurer »[17]. L'un de ces appels aux « EuropĂ©ens d’AlgĂ©rie » avait Ă©tĂ© lancĂ© par gouvernement provisoire algĂ©rien, de Tunis le [17]. Il dĂ©clarait « L’AlgĂ©rie aux AlgĂ©riens, Ă  tous les AlgĂ©riens, quelle que soit leur origine »[17]. L'historien Guy PervillĂ© oppose de son cĂŽtĂ© « le discours public officiel du FLN sur l’égalitĂ© des droits offerte Ă  tous les habitants de l’AlgĂ©rie quelle que soit leur origine avec la rĂ©alitĂ© du nationalisme arabo-musulman qui s’est imposĂ©e en 1962 »[20]. Guy PervillĂ© cite en particulier Daniel Lefeuvre, proche de lui sur ces questions, selon qui Ă  l’étĂ© 1961, le DĂ©lĂ©guĂ© gĂ©nĂ©ral du gouvernement en AlgĂ©rie, Jean Morin, avait « perdu ses illusions » car il constatait le « caractĂšre xĂ©nophobe des manifestations musulmanes des 1er et » et signalait que les Français d’AlgĂ©rie « ne croient plus en la parole du chef de l’État »[21].

Dans certains lieux cependant, le dĂ©part a Ă©tĂ© quasi gĂ©nĂ©ral, comme en Ă  Ouled Fayet, oĂč les deux mille EuropĂ©ens sont partis, sauf la famille Vialin[17]. Parmi ceux qui sont restĂ©s, aprĂšs le coup d'Ă©tat du colonel BoumĂ©dienne en 1965, ils ont parfois dĂ» composer avec l'Ă©volution du rĂ©gime, comme en 1966, lorsque la vente d’alcool est devenue interdite obligeant des commerçants-restaurateurs Ă  fermer leur entrepĂŽt de vin tout en pouvant continuer Ă  servir du vin Ă  leurs clients[17].

Guerres d'indépendance des colonies portugaises

Les colonies portugaises, l'Angola et le Mozambique, accĂšdent Ă  l'indĂ©pendance au terme de guĂ©rillas interminables en 1974, aprĂšs la rĂ©volution des ƒillets qui renverse le rĂ©gime salazariste, puis vote la reconnaissance du droit Ă  l'autodĂ©termination des colonies le , entrainant le retrait du pouvoir colonial et transformant, le cas Ă©chĂ©ant, les guerres anticoloniales en guerres civiles.

Dans les deux cas, la guerre est le fait de mouvements anticoloniaux rivaux dont le plus fort, le Mouvement populaire de libération de l'Angola (MPLA), et la FRELINO, respectivement, conquiÚrent le pouvoir au moment de l'indépendance. En Guinée-Bissau, le mouvement dominant, le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), a conquis dÚs 1973 la supériorité militaire sur ses rivaux et déclaré l'indépendance du pays. Il n'y a pas de résistance anticoloniale armée au Cap-Vert et à Sao Tomé-et-Principe qui ont donc obtenu leur indépendance à la suite du retrait, sans conflit, du pouvoir colonial portugais.

Causes de la décolonisation

La situation des colonies dans le monde en 1936, trois ans avant la Seconde Guerre mondiale.

Ébranlement des empires coloniaux à l'issue de la Seconde Guerre mondiale

La Seconde Guerre mondiale entraßne une énorme perte de prestige pour les puissances coloniales : l'image de leur invincibilité est trÚs atteinte, en raison des victoires allemandes puis japonaises. En outre, pendant la guerre, Britanniques et Français ont eu besoin des colonies et ont puisé les ressources humaines pour vaincre les puissances de l'Axe[12]. Ils ont multiplié les promesses d'émancipation, à commencer par celle de l'Inde britannique[12].

Certes, en 1944 lors de la confĂ©rence de Brazzaville, la France prĂ©conise plutĂŽt l'assimilation, sous la forme de l'accession par degrĂ©s des indigĂšnes Ă  la citoyennetĂ©, plutĂŽt que l'autonomie des colonies ou leur indĂ©pendance. Mais si l'on considĂšre que cette confĂ©rence rĂ©unit essentiellement des gouverneurs des colonies, il faut admettre qu'elle est tout de mĂȘme Ă©mancipatrice. En outre, il faut savoir que le CFLN et l'AssemblĂ©e consultative d'Alger, prĂȘts Ă  aller trĂšs loin pour dĂ©fendre la souverainetĂ© française, contre les Allemands et vis-Ă -vis des AmĂ©ricano-britanniques, ne se reconnaissent pas le droit de renoncer Ă  la moindre parcelle du territoire français, remettant les dĂ©cisions de cet ordre aux futures instances dĂ©mocratiquement Ă©lues de la France aprĂšs la LibĂ©ration. AprĂšs 1945, l'opinion politique met d'ailleurs trĂšs longtemps Ă  Ă©voluer en France, malgrĂ© la guerre d'Indochine, la rĂ©volte de Madagascar et la guerre d'AlgĂ©rie.

Influence des diverses chartes internationales

Situation des colonies en 1945, Ă  la sortie de la Seconde Guerre mondiale[N 4].

L'opinion internationale est de plus en plus favorable à la décolonisation, sous l'influence de la Charte de l'Atlantique du , par laquelle Roosevelt et Churchill reconnaissent le droit de tous les peuples à l'autodétermination, de l'Organisation des Nations unies (ONU) et de la Déclaration universelle des droits de l'homme.

Renversement de position des mouvements de pensée

Les Églises qui avaient jouĂ© un rĂŽle important dans l'Ɠuvre de colonisation, tant par l'envoi de ses missionnaires, que par le dĂ©clenchement d'expĂ©ditions militaires pour les protĂ©ger lorsqu'ils Ă©taient persĂ©cutĂ©s, ont commencĂ© Ă  renoncer Ă  leurs positions colonialistes, pour prendre la dĂ©fense des indigĂšnes. Cela Ă©tait dĂ©jĂ  arrivĂ© sporadiquement aux siĂšcles prĂ©cĂ©dents, notamment par les interventions de Las Casas ou des jĂ©suites du Paraguay. Mais aprĂšs la Seconde Guerre mondiale, cette orientation a tendu Ă  se gĂ©nĂ©raliser, en mĂȘme temps que des prĂ©lats indigĂšnes ont progressivement accĂ©dĂ© aux fonctions de haut rang auparavant monopolisĂ©es par les EuropĂ©ens. Les intellectuels Ă©taient encore en majoritĂ© favorables Ă  la colonisation avant la Seconde Guerre mondiale. L'Ɠuvre coloniale de la France apportant la civilisation aux peuples dĂ©shĂ©ritĂ©s Ă©tait l'un des thĂšmes incontournables des discours sur la colonisation et notamment Jules Ferry sous la TroisiĂšme RĂ©publique[22]. Mais Ă  la suite du choc produit par l'effondrement de la France et du Royaume-Uni en 1940, le point de vue des indigĂšnes a Ă©tĂ© moins mĂ©connu par les intellectuels. Ceux-ci se sont dĂšs lors montrĂ©s de plus en plus rĂ©servĂ©s ou carrĂ©ment hostiles, parallĂšlement au dĂ©veloppement des idĂ©ologies socialistes dans les mĂ©tropoles, surtout aprĂšs la Seconde Guerre mondiale.

Force exemplaire de chaque nouvelle indépendance sur les colonisés

L'accession Ă  l'indĂ©pendance de toute une sĂ©rie de nouveaux pays encourage les mouvements politiques anti-colonialistes dans tous les pays d'outremer non encore indĂ©pendants : en 1946 les Philippines, en 1947 l'Union indienne et le Pakistan, en 1948 la Birmanie et Ceylan. C'est particuliĂšrement l'accession Ă  l'indĂ©pendance de l'Empire des Indes, promise en pleine guerre par le Royaume-Uni, qui impressionne les opinions des pays encore colonisĂ©s ou colonisateurs. L'Inde britannique, connue par les romans de Rudyard Kipling et par de nombreux films ainsi que par sa surface imposante sur les cartes des manuels scolaires, est imaginĂ©e comme un pilier de la colonisation. Si le Royaume-Uni victorieux qui domine les mers l'abandonne, comment imaginer que les colonies des autres pays puissent ĂȘtre conservĂ©es ?

La division de cet Empire en deux Ă©tats sĂ©parĂ©s — l'Union indienne dont la population est en majoritĂ© de religion brahmaniste et le Pakistan peuplĂ© principalement de musulmans — qui ont accĂ©dĂ© sĂ©parĂ©ment Ă  l'indĂ©pendance dĂ©montre que la dĂ©colonisation n'a pas que des avantages ; elle se traduit en effet par de terribles massacres, des exodes massifs en ayant laissĂ© subsister de terribles tensions et de nombreux problĂšmes non rĂ©solus. Les massacres semblent Ă©loignĂ©s et seule subsiste l'image colossale des nouveaux Ă©tats indĂ©pendants.

Les mouvements coloniaux militent, les uns pour l'indépendance (Parti du peuple algérien (PPA) de Messali Hadj en Algérie, Viet Minh et Daï-Viet en Indochine), les autres pour l'autonomie (Union démocratique du manifeste algérien (UDMA) de Ferhat Abbas en Algérie, Rassemblement démocratique africain (RDA) de Félix Houphouët-Boigny en Afrique noire française). C'est souvent en accédant à la conscience politique et en retournant contre les pays colonisateurs leurs propres valeurs que ces mouvements vont développer de la sympathie pour leur action dans les opinions métropolitaines.

Coût des empires coloniaux

La prise de conscience du coĂ»t Ă©levĂ© pour l'Ă©conomie des empires coloniaux europĂ©ens, qui sera appelĂ© plus tard complexe hollandais, a beaucoup pesĂ© sur les puissances coloniales[23]. En effet, Ă  la suite de la perte de l'IndonĂ©sie, les Pays-Bas connaissent un rĂ©investissement des capitaux coloniaux dans leur Ă©conomie ainsi que le redĂ©ploiement des dĂ©penses publiques sur la mĂ©tropole nĂ©erlandaise. DĂšs le milieu des annĂ©es 1950 il apparaĂźt que la perte de l'IndonĂ©sie, loin d'ĂȘtre une catastrophe pour l'Ă©conomie nĂ©erlandaise, est au contraire favorable.

En France, Raymond Cartier, journaliste Ă  Paris Match, Ă  la fin des annĂ©es 1950, estimait que les colonies coĂ»tent trop cher et qu'il valait mieux « financer la CorrĂšze avant le ZambĂšze ». Il Ă©crivit aussi dans Paris Match le : « Le colonialisme a toujours Ă©tĂ© une charge en mĂȘme temps qu'un profit, souvent une charge plus qu'un profit. Dans les conditions et sous les servitudes politiques actuelles, c'est plus vrai que jamais ». DĂ©jĂ , en 1898, Gustave de Molinari s'Ă©tait interrogĂ© sur l'utilitĂ© et du poids Ă©conomique des colonies françaises[23].

En 1956, François Bloch-Lainé, ancien directeur du Trésor et président de la Caisse centrale de la France d'outre-mer avait publié dans « la zone franc », ouvrage paru au Presses Universitaires de France, l'analyse suivante : le systÚme du « pacte colonial », s'était quasiment renversé au bénéfice des pays d'outre-mer. Les importations étaient en effet compensées par des transferts de capitaux, majoritairement publics et en provenance de la Métropole. Ainsi les crédits offerts de 1945 à 1962 soit 32,5 milliards de francs-or, représentÚrent prÚs de 10 % des recettes budgétaires annuelles de la France, ressources qui n'étaient donc pas allouées à la reconstruction du pays[23].

À titre d'exemple, de 1952 Ă  1962, l'AlgĂ©rie qui reprĂ©sentait 20 % des exportations de la mĂ©tropole soit 3 350 milliards d'anciens francs avait reçu en parallĂšle 3 528 milliards de la part de la MĂ©tropole[23]. Enfin, les matiĂšres premiĂšres coloniales Ă©taient achetĂ©es au-dessus des prix mondiaux comme pour le vin issue d'AlgĂ©rie avec un surprix de plus 25 %. Si cela permettait aux industries traditionnelles de la MĂ©tropole d'Ă©couler des produits Ă  faible valeur ajoutĂ©e sur les marchĂ©s protĂ©gĂ©s des colonies, en retour et en revanche, cela affaiblissait la compĂ©titivitĂ© globale de l'Ă©conomie française et retardait sa modernisation[23].

De Gaulle dit Ă©galement de la dĂ©colonisation : « C'est un fait : la dĂ©colonisation est notre intĂ©rĂȘt et, par consĂ©quent, notre politique »[24]. Globalement, on note par exemple que la France dĂ©pense dans ses colonies, entre 1945 et 1960, deux fois le montant reçu des États-Unis au titre du plan Marshall. En 1984, Jacques Marseille Ă©valuait le dĂ©ficit commercial de la France au profit de ses colonies de 1900 Ă  1971 Ă  trois fois le montant des aides amĂ©ricaines Ă  la France de 1945 Ă  1955[25].

La thĂšse du pillage colonial est contestĂ©e et il est notable que le dĂ©veloppement rĂ©cent du capitalisme exige au contraire un abandon des colonies, un divorce Ă  l’amiable entre les deux parties. Si l'un des divorcĂ©s, la mĂ©tropole, en profite largement le cas du second est plus nuancĂ©[23].

Question « raciale » et question économique, le cas français

Jacques Soustelle, nommĂ© gouverneur gĂ©nĂ©ral de l'AlgĂ©rie en janvier 1955 sous le ministĂšre Pierre MendĂšs France, pense qu'il faut transformer progressivement les AlgĂ©riens en Français Ă  part entiĂšre, allant mĂȘme jusqu'Ă  proposer la fusion des Ă©conomies algĂ©riennes et françaises, en considĂ©rant l'AlgĂ©rie comme la Bretagne ou la Lorraine et ses habitants comme des mĂ©tropolitains. Soustelle appelle cette doctrine l'intĂ©gration. Ethnologue de rĂ©putation internationale, Soustelle s'est liĂ© Ă  de Gaulle Ă  l'Ă©poque de la France libre. DemeurĂ© gaulliste aprĂšs la guerre — Soustelle est chargĂ© par de Gaulle de crĂ©er le RPF en 1947, dont il est le premier secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral — il est aussi l'ami de Claude LĂ©vi-Strauss. Ce dernier Ă©crit en 1955 : « Si, pourtant, une France de quarante-huit millions d’habitants s’ouvrait largement sur la base de l’égalitĂ© des droits, pour admettre vingt-cinq millions de citoyens musulmans, mĂȘme en grande proportion illettrĂ©s, elle n’entreprendrait pas une dĂ©marche plus audacieuse que celle Ă  quoi l’AmĂ©rique dut de ne pas rester une petite province du monde anglo-saxon. Quand les citoyens de la Nouvelle-Angleterre dĂ©cidĂšrent il y a un siĂšcle d’autoriser l’immigration provenant des rĂ©gions les plus arriĂ©rĂ©es de l’Europe et des couches sociales les plus dĂ©shĂ©ritĂ©es et de se laisser submerger par cette vague ils firent et gagnĂšrent un pari dont l’enjeu Ă©tait aussi grave que celui que nous nous refusons de risquer. Le pourrions-nous jamais ? En s’ajoutant, deux forces rĂ©gressives voient-elles leur direction s’inverser ? Nous sauverions-nous nous-mĂȘmes ou plutĂŽt ne consacrerions-nous pas notre perte si, renforçant notre erreur de celle qui lui est symĂ©trique, nous nous rĂ©signions Ă  Ă©triquer le patrimoine de l’Ancien Monde Ă  ces dix ou quinze siĂšcles d’appauvrissement spirituel dont sa moitiĂ© occidentale a Ă©tĂ© le thĂ©Ăątre et l’agent ? Ici, Ă  Taxila, dans ces monastĂšres bouddhistes que l’influence grecque a fait bourgeonner de statues, je suis confrontĂ© Ă  cette chance fugitive qu’eut notre Ancien Monde de rester un ; la scission n’est pas encore accomplie. Un autre destin est possible »[26].

C'est en prĂ©tendant faire siennes les propositions de Jacques Soustelle mais aussi de Claude LĂ©vi-Strauss, que le gĂ©nĂ©ral De Gaulle revient aux affaires en , profitant du soulĂšvement de l'ArmĂ©e en AlgĂ©rie. À Alger, le , de Gaulle dĂ©clare Ă  la foule : « Je vous ai compris ! Je sais ce qui s'est passĂ© ici. Je vois ce que vous avez voulu faire. Je vois que la route que vous avez ouverte en AlgĂ©rie, c'est celle de la rĂ©novation et de la fraternitĂ©. Je dis la rĂ©novation Ă  tous Ă©gards. Mais trĂšs justement vous avez voulu que celle-ci commence par le commencement, c'est-Ă -dire par nos institutions, et c'est pourquoi me voilĂ . Et je dis la fraternitĂ© parce que vous offrez ce spectacle magnifique d'hommes qui, d'un bout Ă  l'autre, quelles que soient leurs communautĂ©s, communient dans la mĂȘme ardeur et se tiennent par la main. Eh bien ! De tout cela, je prends acte au nom de la France et je dĂ©clare qu'Ă  partir d'aujourd'hui, la France considĂšre que, dans toute l'AlgĂ©rie, il n'y a qu'une seule catĂ©gorie d'habitants : il n'y a que des Français Ă  part entiĂšre, des Français Ă  part entiĂšre, avec les mĂȘmes droits et les mĂȘmes devoirs ». À sa gauche, au balcon oĂč le gĂ©nĂ©ral de Gaulle prononce ce discours rĂ©volutionnaire, se tient Jacques Soustelle.

Le surlendemain, le , Ă  Mostaganem, le gĂ©nĂ©ral proclame devant une foule majoritairement arabo-berbĂšre : « La France entiĂšre, le monde entier, sont tĂ©moins de la preuve que Mostaganem apporte aujourd'hui que tous les Français d'AlgĂ©rie sont les mĂȘmes Français. Dix millions d'entre eux sont pareils, avec les mĂȘmes droits et les mĂȘmes devoirs. Il n'y a plus ici, je le proclame en son nom et je vous en donne ma parole, que des Français Ă  part entiĂšre, des compatriotes, des concitoyens, des frĂšres qui marchent dĂ©sormais dans la vie en se tenant par la main ».

Ce projet égalitariste que le général de Gaulle s'affirme décidé à accomplir en Algérie, il laisse entendre vouloir l'accomplir également en Afrique noire. En effet, lors du discours de Mostaganem du , de Gaulle déclare : « Il est parti de cette terre magnifique d'Algérie un mouvement exemplaire de rénovation et de fraternité. Il s'est élevé de cette terre éprouvée et meurtrie un souffle admirable qui, par-dessus la mer, est venu passer sur la France entiÚre pour lui rappeler quelle était sa vocation ici et ailleurs ».

Cependant le gĂ©nĂ©ral de Gaulle est en rĂ©alitĂ© opposĂ© Ă  ce programme dont il pense qu'il ne s'agit que d'une utopie universaliste : « Qu'on ne se raconte pas d'histoires ! Ceux qui prĂŽnent l'intĂ©gration ont une cervelle de colibri, mĂȘme s'ils sont trĂšs savants »[27]. Étant revenu au pouvoir grĂące Ă  l'ArmĂ©e sur ce programme de l'intĂ©gration, au nom duquel il a renversĂ© la IVe RĂ©publique, de Gaulle ne peut pas avouer ses convictions : « Vous croyez que je pouvais faire du jour au lendemain ce que je voulais ? Il fallait faire Ă©voluer peu Ă  peu les esprits. OĂč en Ă©tait l’armĂ©e ? OĂč en Ă©tait mon gouvernement ? OĂč en Ă©tait mon Premier ministre ? »[28]. Quelques annĂ©es plus tard, le gĂ©nĂ©ral de Gaulle explique au gĂ©nĂ©ral Koenig : « Évidemment, lorsque la monarchie ou l'empire rĂ©unissait Ă  la France l'Alsace, la Lorraine, la Franche-ComtĂ©, le Roussillon, la Savoie, le pays de Gex ou le ComtĂ© de Nice, on restait entre Blancs, entre EuropĂ©ens, entre chrĂ©tiens. Si vous allez dans un douar, vous rencontrerez tout juste un ancien sergent de tirailleurs, parlant mal le français »[29].

Dans le mĂȘme esprit, au cours d’un entretien accordĂ© Ă  Pierre Laffont, dĂ©putĂ© d'Oran, directeur du journal L'Écho d’Oran, le , De Gaulle trĂšs en colĂšre dĂ©clare « Enfin, Laffont, ne me dites pas que des hommes comme vous aient pu croire Ă  un moment quelconque que j'Ă©tais favorable Ă  l'intĂ©gration. Je n'ai jamais prononcĂ© ce mot. Pourquoi ? Parce que je n'y ai jamais cru. On a dit rĂ©cemment que l'AlgĂ©rie Ă©tait la plus française des provinces de France. Plus française que Nice et la Savoie. C'est inepte. Nice et la Savoie sont peuplĂ©es de chrĂ©tiens, parlent le français, ne se sont pas, Ă  cinq reprises, soulevĂ©es contre la France. De tels propos ne peuvent que nous ridiculiser. En rĂ©alitĂ©, il y a en AlgĂ©rie une population dont tout nous sĂ©pare : l'origine ethnique, la religion, le mode de vie »[30].

De Gaulle veut la décolonisation en raison de l'impossibilité pour la France, selon lui, de pouvoir assimiler les populations des colonies. Dans ses confidences à Alain Peyrefitte, il est trÚs clair à ce sujet: « C'est trÚs bien qu'il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu'elle a une vocation universelle. Mais à condition qu'ils restent une petite minorité. Sinon, la France ne serait plus la France.

Nous sommes quand mĂȘme avant tout un peuple europĂ©en de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrĂ©tienne. Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain, seront vingt millions et aprĂšs-demain quarante ? Si nous faisions de l'intĂ©gration, si les Arabes et BerbĂšres d'AlgĂ©rie Ă©taient considĂ©rĂ©s comme Français, comment les empĂȘcherait-on de venir s'installer en mĂ©tropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus Ă©levĂ© ? Mon village ne s'appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-MosquĂ©es[27]. Vous les avez regardĂ©s, avec leurs turbans et leurs djellabas ? Vous voyez bien que ce ne sont pas des Français ! Essayez d’intĂ©grer de l'huile et du vinaigre, agitez la bouteille, au bout d’un moment, ils se sĂ©pareront Ă  nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français[27]. Avez-vous songĂ© que les Arabes se multiplieront par cinq puis par dix, pendant que la population française restera presque stationnaire ? Il y aurait deux cents, puis quatre cents dĂ©putĂ©s arabes Ă  Paris ? Vous voyez un prĂ©sident arabe Ă  l’ÉlysĂ©e[31] ? »

Une des raisons qui conduisent Ă  la dĂ©colonisation est le refus du gĂ©nĂ©ral de Gaulle, mais aussi de la majoritĂ© de la classe politique mĂ©tropolitaine, d'accorder l'Ă©galitĂ© politique aux populations d'outre-mer. En revanche, tous les sondages de l'Ă©poque indiquent que l'opinion mĂ©tropolitaine est favorable Ă  leur octroyer la citoyennetĂ© française. D'ailleurs, lors du rĂ©fĂ©rendum de , les Français approuvent la nouvelle Constitution, qui dispose que tous les AlgĂ©riens sont dĂ©sormais des Français Ă  part entiĂšre. À ce titre, 46 dĂ©putĂ©s arabo-berbĂšres prennent place Ă  l'AssemblĂ©e nationale, Ă  Paris.

Les convictions du gĂ©nĂ©ral de Gaulle sur l'incompatibilitĂ© des Français et des Africains le conduisent Ă  opter Ă©galement pour la sĂ©paration de la mĂ©tropole et des territoires d'Afrique subsaharienne. En , la communautĂ© française Ă©tant nouvellement crĂ©Ă©e, le Conseil de gouvernement du Gabon, s'appuyant sur l'article 76 de la Constitution, demande Ă  devenir un dĂ©partement français. LĂ©on Mba, prĂ©sident du Gabon, charge Louis Sanmarco de prĂ©senter la demande auprĂšs du gouvernement mĂ©tropolitain. Reçu Ă  Paris par le ministre de l'Outre-mer, Bernard Cornut-Gentille, Louis Sanmarco reçoit cette rĂ©ponse sans ambiguĂŻtĂ© : « Sanmarco, vous ĂȘtes tombĂ© sur la tĂȘte ? N’avons-nous pas assez des Antilles ? Allez, indĂ©pendance comme tout le monde[32] ! » La rĂ©ponse du ministre Cornut-Gentille reflĂšte la pensĂ©e du gĂ©nĂ©ral de Gaulle, qui explique plus tard Ă  Peyrefitte : « Nous ne pouvons pas tenir Ă  bout de bras cette population prolifique comme des lapins. Nos comptoirs, nos escales, nos petits territoires d’outre-mer, ça va, ce sont des poussiĂšres. Le reste est trop lourd »[33]. Le gĂ©nĂ©ral de Gaulle s'explique en ces termes sur l'« affaire gabonaise » : « Au Gabon, LĂ©on M'Ba voulait opter pour le statut de dĂ©partement français. En pleine Afrique Ă©quatoriale ! Ils nous seraient restĂ©s attachĂ©s comme des pierres au cou d'un nageur ! Nous avons eu toutes les peines du monde Ă  les dissuader de choisir ce statut »[34]. Le gĂ©nĂ©ral de Gaulle explique Ă©galement Ă  Alain Peyrefitte : « Vous croyez que je ne le sais pas, que la dĂ©colonisation est dĂ©sastreuse pour l'Afrique ? [
] Qu'ils vont connaĂźtre Ă  nouveau les guerres tribales, la sorcellerie, l'anthropophagie ? [
] Que quinze ou vingt ans de tutelle de plus nous auraient permis de moderniser leur agriculture, de les doter d'infrastructures, d'Ă©radiquer complĂštement la lĂšpre, la maladie du sommeil, etc. C'est vrai que cette indĂ©pendance Ă©tait prĂ©maturĂ©e mais que voulez-vous que j'y fasse ? Et puis (il baisse la voix), vous savez, c'Ă©tait pour nous une chance Ă  saisir : nous dĂ©barrasser de ce fardeau, beaucoup trop lourd maintenant pour nos Ă©paules, Ă  mesure que les peuples ont de plus en plus soif d'Ă©galitĂ©. Nous avons Ă©chappĂ© au pire ! Heureusement que la plupart de nos Africains ont bien voulu prendre paisiblement le chemin de l'autonomie, puis de l'indĂ©pendance »[34]. L'essayiste Alexandre Gerbi[35] montre comment le gĂ©nĂ©ral de Gaulle accule les dirigeants africains Ă  l'indĂ©pendance[36] notamment FĂ©lix HouphouĂ«t-Boigny, pourtant ardent dĂ©fenseur de l'unitĂ© franco-africaine dans un cadre fĂ©dĂ©ral et LĂ©on Mba, pourtant grand partisan de la dĂ©partementalisation du Gabon.

Selon Gerbi, si la dĂ©colonisation franco-africaine vise Ă  perpĂ©tuer le colonialisme, c'est-Ă -dire l'exploitation Ă©conomique des territoires français d'Afrique, que la dĂ©mocratie rĂ©elle aurait entravĂ©e, son objectif secret mais fondamental est d'empĂȘcher le mĂ©tissage de la France que l'Ă©galitĂ© politique entre mĂ©tropolitains et ultramarins aurait entraĂźnĂ© ; l'indĂ©pendance est imposĂ©e Ă  l'Afrique par la mĂ©tropole pour des raisons certes financiĂšres, mais aussi et avant tout de civilisation ou raciales. Pour y parvenir, le gĂ©nĂ©ral de Gaulle et son gouvernement, avec la complicitĂ© de la majoritĂ© de la classe politique mĂ©tropolitaine, violent la Constitution, en la modifiant selon des voies anticonstitutionnelles, par le biais de la loi 60-525.

La loi 60-525 est votĂ©e en mai-, passant outre un avis dĂ©favorable du Conseil d'État et malgrĂ© la dĂ©mission de Vincent Auriol — ancien prĂ©sident de la RĂ©publique — du Conseil constitutionnel. La Loi 60-525 supprime l'obligation d'organiser un rĂ©fĂ©rendum pour qu'un État africain de la CommunautĂ© française accĂšde Ă  l'indĂ©pendance, contrairement Ă  ce que prĂ©voit jusque-lĂ  la Constitution. TrĂšs concrĂštement, cette loi permet, dĂšs le mois suivant sa promulgation, que les États africains de la CommunautĂ© française accĂšdent Ă  l'indĂ©pendance sans faire de rĂ©fĂ©rendum, c'est-Ă -dire sans que leurs populations soient consultĂ©es et puissent par consĂ©quent, par leurs voix, entraver le processus de l'indĂ©pendance[37].

RĂŽle de l'Allemagne nazie et du Japon

L'Allemagne, bien qu'ayant perdu toutes ses colonies aprĂšs la PremiĂšre Guerre mondiale est un acteur influent dans le processus de dĂ©colonisation en participant Ă  la surenchĂšre internationale que ces pays doivent subir pendant la Seconde Guerre mondiale. Le rĂ©gime nazi tente grĂące Ă  la radio de saper le moral et de crĂ©er des rĂ©voltes dans les colonies. Il essaye de se rapprocher des pays dominĂ©s par les alliĂ©s afin d'en obtenir des matiĂšres premiĂšres et se prĂ©sente de cette maniĂšre comme un ami des colonisĂ©s. En rĂ©alitĂ©, Hitler, dans Mein Kampf, a clairement exprimĂ© son mĂ©pris pour les colonisĂ©s arabes et indiens. La propagande nazie participe au processus de dĂ©colonisation car, en proposant plus que les mĂ©tropoles, l'Allemagne encourage les revendications Ă  l'encontre des colonisateurs. Le Japon fait de mĂȘme dans le sud-est asiatique en soutenant les autonomistes locaux mais ces derniers, aprĂšs avoir accueilli favorablement les Nippons constatent rapidement le mĂ©pris dans lequel ceux-ci tiennent les autres asiatiques. NĂ©anmoins par la constitution de gouvernements fantoches contre les Hollandais (aux Indes nĂ©erlandaises), contre les États-Unis (aux Philippines), contre le Royaume-Uni (en Turquie et Birmanie) et contre la France (au ViĂȘt Nam, au Cambodge et au Laos), ils dĂ©montrent aux indigĂšnes que les occidentaux ont cessĂ© d'ĂȘtre invincibles.

RÎle de l'Union soviétique

Avec la confĂ©rence de Bakou, en 1920 dĂ©jĂ , les SoviĂ©tiques s'intĂ©ressent activement aux problĂšmes de la dĂ©colonisation : ils assimilent les colonisĂ©s au prolĂ©tariat, ceux-ci sont donc Ă  libĂ©rer . Leur propagande porte parce qu'ils apparaissaient comme sincĂšres : aprĂšs tout, ils ont eux-mĂȘmes donnĂ© l'exemple en effectuant apparemment leur propre dĂ©colonisation par la voie de l'autonomie interne, alors que d'autres pays colonisateurs comme la France en sont bien loin. Leur appui Ă  la dĂ©colonisation n'est cependant pas illimitĂ© aprĂšs la mort de LĂ©nine. En effet, deux thĂšses s'opposent alors, celle de Staline pour une consolidation de l'État soviĂ©tique et celle de Trotsky pour une prioritĂ© Ă  l'internationalisme. C'est Staline qui l'a emportĂ©, et a dĂšs lors concentrĂ© ses efforts sur l'Europe.

C'est surtout aprÚs la mort de Staline, le , que l'URSS commence à soutenir les indépendances, avec la guerre froide . L'URSS s'oppose alors dans les pays du tiers monde à l'action des Américains. Il y a une surenchÚre incessante entre ces deux pays pour obtenir le plus large contrÎle et la plus grande influence possible dans ces pays.

Rîle des États-Unis

Les États-Unis sont d'anciennes colonies britanniques ce qui renforce l'idĂ©e anti-colonialiste avec par exemple Franklin Roosevelt. Symboliquement Harry Truman lors de son discours sur l'Ă©tat de l'Union de 1949 ouvre l'Ăšre du dĂ©veloppement (par opposition au sous-dĂ©veloppement caractĂ©ristique des pays colonisĂ©s) et prĂŽne l'aide. AprĂšs ce discours, le CongrĂšs des États-Unis adopte l'Act for International Development, et tant l'ONU que l'Europe crĂ©ent des institutions de coopĂ©ration. Les pressions et interventions amĂ©ricaines contribuent de maniĂšre significative Ă  la fin des empires europĂ©ens. Dans le cadre de la guerre froide cependant et dans un objectif de contenir la poussĂ©e communiste dans le monde, les États-Unis peuvent apporter leur soutien aux politiques de rĂ©pression menĂ©es par les EuropĂ©ens contre les mouvements d'indĂ©pendance dans les colonies, comme lors de la premiĂšre guerre d'Indochine (1945-1954).

Ainsi, le SecrĂ©taire d’État aux Affaires africaines et du Proche-Orient, George McGhee, rĂ©sume en 1950 la position des États-Unis : « toutes les soi-disant puissances coloniales reprĂ©sentĂ©es sur le continent africain sont nos amies et alliĂ©es dans la lutte mondiale entre le monde libre et le monde communiste »[10].

Notes et références

Notes

  1. DiffĂ©rentes dĂ©finitions peuvent ĂȘtre donnĂ©es Ă  ce terme suivant le point de vue : l'Ă©tymologie, le point de vue du colonisĂ© ou du colon , etc.
  2. Les blancs nés aux colonies, surnommés les Békés, du plus riche au plus pauvre.
  3. bien que les résultats électoraux soient minorés par le systÚme des collÚges.
  4. la décolonisation va s'opérer avec l'effacement des anciennes métropoles au profit des deux superpuissances de la guerre froide en devenir, qui transfÚreront leur opposition via leur influence sur ces nouveaux pays indépendants, nonobstant l'affirmation ultérieure d'un « troisiÚme bloc » des non-alignés.

Références

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  2. Henri Grimal, La dĂ©colonisation de 1919 Ă  nos jours, Éditions Complexe, .
  3. « l'ONU devint ainsi la tribune de l'anticolonialisme militant[2]. »
  4. HélÚne Blais, « Pourquoi la France a-t-elle conquis l'Algérie ? », dans Abderrahmane BouchÚne (éd.), Histoire de l'Algérie à la période coloniale : 1830-1962, Paris, La Découverte, coll. « Poche / Essais », (DOI 10.3917/dec.bouch.2013.01.0052), p. 52-58.
  5. J.-J. HĂ©mardinquer, « Henri FonfrĂšde ou l'homme du Midi rĂ©voltĂ© (1827-1836) », Annales du Midi, vol. 88, no 129,‎ , p. 451-464 (lire en ligne).
  6. « DÉCOLONISATION », sur universalis.fr (consultĂ© le )
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  8. « La dĂ©colonisation, un combat pour l’indĂ©pendance », sur cahiersdhistoire.net (consultĂ© le ).
  9. Maurice Robert, Ministre de l'Afrique, entretien avec André Renault, Seuil, .
  10. Saïd Bouamama, Figures de la révolution africaine, La Découverte, p. 135.
  11. Guy Deleury 2006.
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  13. LĂ©on-Étienne Duval 1955, p. 85.
  14. LĂ©on-Étienne Duval 1982, p. 16.
  15. no 2202 - Proposition de loi de M. Jean-Pierre Soisson relative à la reconnaissance du 19 mars comme journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de Tunisie.
  16. Bruno Étienne 1968, p. 236 et suivantes.
  17. "Sans valise ni cercueil, les pieds-noirs restés en Algérie" par Pierre Daum, dans Le Monde diplomatique de mai 2008, pages 16 et 17
  18. Documentaire de Gilles Perez, Les Pieds-Noirs. Histoire d’une blessure, diffusĂ© sur France 3 en novembre 2006, citĂ© par Pierre Daum, dans Le Monde diplomatique de mai 2008, pages 16 et 17
  19. l'historien Benjamin Stora, cité par Pierre Daum, dans Le Monde diplomatique de mai 2008, pages 16 et 17
  20. « RĂ©ponse au livre de Pierre Daum : Ni valise, ni cercueil, les pieds-noirs restĂ©s en AlgĂ©rie aprĂšs l’indĂ©pendance (2012) », par Guy PervillĂ©. Mis en ligne sur son blog le 11 juin 2012.
  21. Le dernier exposé de Daniel Lefeuvre ? (2013), compte rendu Guy Pervillé, 2 avril 2014
  22. Olivier Le Cour Grandmaison, « AlgĂ©rie-France : comprendre le passĂ© pour mieux construire l’avenir : L’assimilation : un mythe rĂ©publicain ? », sur meridianes.org, (consultĂ© le ).
  23. Bernard Poulet, « Les coûteuses colonies de la France », sur Lexpansion.lexpress.fr, (consulté le ).
  24. Benjamin Stora 2005, p. 41.
  25. Jacques Marseille 1984, p. 440.
  26. Claude LĂ©vi-Strauss 1955, p. 486, 487.
  27. Alain Peyrefitte, 1997, tome 1, p. 52.
  28. Alain Peyrefitte, 1997, tome 1, p. 58.
  29. Jean-Raymond Tournoux 1967, p. 307, 308.
  30. Jean-Raymond Tournoux 1967, p. 596, 597.
  31. Alain Peyrefitte, 1997, tome 1, p. 56.
  32. Voir Le colonisateur colonisĂ© de Louis Sanmarco, Ed. Pierre-Marcel Favre-ABC, 1983, p.211. Voir Ă©galement Entretiens sur les non-dits de la dĂ©colonisation, de Samuel Mbajum et Louis Sanmarco, Ed. de l’Officine, 2007, p.64. Lire aussi l'article d'Alexandre Gerbi, Aux origines du mal ou L'Affaire gabonaise (1958) : http://fusionnisme.blogspot.com/2008/10/alors-que-la-marseillaise-t-une.html.
  33. Alain Peyrefitte, 1997, tome 1, p. 59.
  34. Alain Peyrefitte, 1997, tome 2, p. 457, 458.
  35. Interview d'Alexandre Gerbi sur RFI http://www.rfi.fr/actufr/articles/089/article_51734.asp.
  36. Alexandre Gerbi 2006.
  37. Lire l'article L'Effarante Loi 60-525, sur le site d'Alexandre Gerbi http://fusionnisme.blogspot.com/2008/06/leffarante-loi-60-525-ou-comment-le.html.

Bibliographie

Ouvrages

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  • Frantz Fanon, L'An V de la rĂ©volution algĂ©rienne, Paris, La DĂ©couverte, , 176 p. (ISBN 978-2-7071-6763-7, BNF 42390256) . Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
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  • Alexandre Gerbi, Histoire occultĂ©e de la dĂ©colonisation franco-africaine : imposture, refoulements et nĂ©vroses, Paris, L'Harmattan, , 196 p. (ISBN 978-2-296-01219-6, BNF 40220988, lire en ligne)
  • Claude LĂ©vi-Strauss, Tristes Tropiques, Paris, Plon, (ISBN 978-2-266-11982-5) . Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Jacques Marseille, Empire colonial et capitalisme français, Paris, Albin Michel, , 513 p. . Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Albert Memmi (prĂ©f. Jean-Paul Sartre), Portrait du colonisĂ©, prĂ©cĂ©dĂ© du portrait du colonisateur, Paris, Buchet/Chastel, , 193 p.
  • Albert Memmi, L'Homme dominĂ©, Paris, Gallimard, , 224 p. (ISBN 2-07-027197-8).
  • Albert Memmi, Portrait du colonisĂ©, suivi de Les Canadiens français sont-ils des colonisĂ©s ?, MontrĂ©al, L'Étincelle, , 146 p. (ISBN 978-0-885-15018-2)
    Nouvelle édition québécoise, revue et corrigée
  • Alain Peyrefitte, C'Ă©tait De Gaulle, t. 1, Paris, Fayard, , 610 p. (ISBN 978-2-213-02832-3) . Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Alain Peyrefitte, C'Ă©tait De Gaulle, t. 2, Paris, Fayard, , 652 p. (ISBN 978-2-213-59458-3) . Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Benjamin Stora, Les mots de la guerre d'AlgĂ©rie, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, , 127 p. (ISBN 978-2-85816-777-7, BNF 40085293, lire en ligne) . Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Jean-Raymond Tournoux, La TragĂ©die du GĂ©nĂ©ral, Paris, Plon-Paris Match, , 697 p. . Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • « DĂ©colonisation et sciences humaines », Revue d'histoire des sciences humaines, Paris, Sciences humaines Ă©ditions, no 24,‎ (ISBN 978-2-36106-011-4) . Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • LĂ©on-Étienne Duval, Au nom de la vĂ©ritĂ©: (AlgĂ©rie, 1954-1962), Paris, Albin Michel, , 198 p.
  • LĂ©on-Étienne Duval, "Paroles de paix", Paris, Édition N.O.P.N.A, . Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article

Enregistrements sonores

  • Histoire mondiale de la colonisation, les grandes figures de la dĂ©colonisation, cycle de confĂ©rences de l'UniversitĂ© populaire du quai Branly, enregistrĂ©es au thĂ©Ăątre Claude LĂ©vi-Strauss, 2011 (1 CD de 1h 30 min par confĂ©rence)
    • Souleymane Bachir Diagne, ConfĂ©rence d’introduction aux grandes figures de la dĂ©colonisation, avec un Ă©clairage particulier sur LĂ©opold SĂ©dar Senghor et Mohamed Iqbal,
    • Patrick LozĂšs, Toussaint Louverture,
    • Benjamin Stora, Abd el Kader,
    • Catherine ClĂ©ment, Gandhi,
    • Yves Chevrier, Mao,
    • Yves Saint-Geours, Le bolivarisme,
    • Yves Saint-Geours, Le nĂ©o-bolivarisme,

Filmographie

  • La dĂ©colonisation, film documentaire de Jean-Louis Molho, Alain Fuster et Paul Villatoux, Citel Video, Paris, 2010, DVD (52 min)
  • Colonisation, dĂ©colonisation, postcolonialisme, confĂ©rence d'Elikia M'Bokolo, UniversitĂ© de tous les savoirs, CERIMES, Vanves, 2005, DVD (1h 30 min)

Voir aussi

Articles connexes

Études thĂ©oriques

Liens externes

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