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Études postcoloniales

Les Ă©tudes postcoloniales (de l'anglais postcolonial studies) sont un champ de recherche apparu dans les annĂ©es 1980 aux États-Unis, plus tard en Europe, en rĂ©action Ă  l'hĂ©ritage culturel laissĂ© par la colonisation. Elles s'inscrivent dans la dĂ©marche critique du discours postmoderne. L'adjectif « postcolonial », qui renvoie aux thĂ©ories et Ă©crits du postcolonialisme, ne doit pas ĂȘtre confondu avec le terme « post-colonial », qui dĂ©signe la pĂ©riode ultĂ©rieure Ă  la colonisation.

Multirace

L'Orientalisme d'Edward SaĂŻd (1978) est gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ© comme le texte fondateur du postcolonialisme. Selon certains spĂ©cialistes, les fondements du postcolonialisme seraient Ă  trouver plutĂŽt dans les Ɠuvres de Frantz Fanon (Peau noire, masques blancs, 1952 et Les DamnĂ©s de la Terre, 1961), le livre Portrait du colonisĂ©, d'Albert Memmi (1957).

En tant que thĂ©orie littĂ©raire, il fournit des outils critiques permettant d'analyser les Ă©crits produits par les auteurs issus d'anciennes colonies, et de façon plus globale porte un regard critique sur le colonialisme. Ces colonies incluent principalement les pays faisant partie des anciens empires français, britanniques, espagnols et portugais, Ă  savoir les pays d'Afrique, l'Inde, les pays de l'ancienne Indochine française, d'Asie de l'Ouest les CaraĂŻbes et les pays de l'AmĂ©rique latine. Les Ɠuvres produites au Canada, en Nouvelle-ZĂ©lande et en Australie peuvent Ă©galement ĂȘtre analysĂ©es dans le cadre des Ă©tudes postcoloniales, surtout en ce qui a trait Ă  la littĂ©rature de leurs populations autochtones. La large Ă©tendue des nations, des peuples, des formes d'Ă©criture, des langues, des thĂšmes et des enjeux soulevĂ©s qui forment la littĂ©rature des anciennes colonies donnent Ă  cette derniĂšre une richesse inestimable[1].

Historique

Les thĂ©ories postcoloniales sont un courant de pensĂ©e anglophone nĂ© dans les annĂ©es 1980-1990 qui rĂ©flĂ©chit sur les hĂ©ritages coloniaux britanniques en Inde, en Australie, en Afrique et au Moyen-Orient des XIXe et XXe siĂšcles. Ces auteurs s’inspirent essentiellement de la relecture du marxisme hĂ©tĂ©rodoxe impulsĂ©e par Antonio Gramsci et des tentatives de dĂ©passement du marxisme, du post-structuralisme et de la critique de la mĂ©taphysique occidentale[2].

L'ouvrage d’Edward SaĂŻd, L’orientalisme. L’Orient crĂ©Ă© par l’Occident, publiĂ© Ă  New York en 1978, est gĂ©nĂ©ralement prĂ©sentĂ© comme le point de dĂ©part des Ă©tudes postcoloniales. Un des apports majeurs de l'ouvrage est de mettre en Ă©vidence dans l'analyse du colonialisme des reprĂ©sentations qui classent, hiĂ©rarchisent et essentialisent les non-Occidentaux[3]. À la diffĂ©rence de l'anticolonialisme plurisĂ©culaire qui dĂ©nonçait principalement les conquĂȘtes militaires de territoires lointains, l'exploitation des colonisĂ©s par les colonisateurs, ou le racisme, L'orientalisme de SaĂŻd critique une Ă©pistĂ©mologie, un discours colonial[3].

L'auteur Ă©tudie l'Ă©volution de la production savante occidentale sur l'Orient, principalement en France et en Grande-Bretagne Ă  partir de la fin du XVIIe siĂšcle. Empruntant Ă  Michel Foucault la notion de discours, il affirme que l’orientalisme est un systĂšme Ă©pistĂ©mologique accumulant les connaissances pour produire des savoirs, mais aussi une reprĂ©sentation de soi et de l’autre conforme « Ă  l’exercice direct et indirect de la domination occidentale »[4]. Celle-ci n'est plus seulement pensĂ©e selon les analyses marxistes en termes de « mises en dĂ©pendance » avant tout Ă©conomique et politique mais Ă©galement par la production de connaissances. Insistant sur la nĂ©cessitĂ© de contrecarrer les dispositifs idĂ©ologiques que la dĂ©colonisation aurait laissĂ©s intacts, il donne un nouvel essor Ă  l’anticolonialisme[4].

À une Ă©poque oĂč s'achĂšvent les espoirs rĂ©volutionnaires soulevĂ©s par la pĂ©riode des indĂ©pendances, Edward SaĂŻd formule un « programme intellectuellement sĂ©duisant » qui tient « la balance Ă©gale entre Ă©rudition et engagement politique » son principal objet devenant le « discours colonial ». Il donne un sens politique Ă  cette entreprise critique qui doit permettre la construction d’un autre discours[4].

En France, la focalisation sur ces débats commence à prendre de l'ampleur dans les années qui suivent la tension née à l'automne 2005 de l'affaire Olivier Grenouilleau.

La théorie postcoloniale

À l'origine du postcolonialisme : la critique du colonialisme

DĂšs les annĂ©es 1920, des voix s'Ă©lĂšvent contre la violence du systĂšme colonial. Ainsi Nguyen Ai Quoc (Nguyen le patriote, HĂŽ Chi Minh), qui publie Le procĂšs de la colonisation française dĂšs 1924[5]. À la fin de ce recueil, Nguyen lance un cri fĂ©dĂ©rateur sous la forme d'un "Manifeste de l’« Union intercoloniale », association des IndigĂšnes de toutes les colonies".

Frantz Fanon, psychiatre nĂ© en Martinique en 1925, Ă©tait un virulent critique du colonialisme et de ses violences socio-Ă©conomiques et psychologiques sur les colonisĂ©s. Il Ă©tait aussi activement engagĂ© dans les luttes anticolonialistes, notamment la lutte de libĂ©ration algĂ©rienne, et ses Ă©crits et son engagement ont largement contribuĂ© au processus de dĂ©colonisation en Afrique et ailleurs. Cet adversaire de l’impĂ©rialisme a fourni les bases de la pensĂ©e postcoloniale. Ses deux livres les plus connus, Peau noire, masques blancs (1952) et Les DamnĂ©s de la Terre (1961) ont eu une grande influence sur le dĂ©veloppement des Ă©tudes postcoloniales, en particulier sur les fondateurs de cette discipline : Edward SaĂŻd, Homi Bhabha et Gayatri Spivak. Ces trois critiques postcoloniaux se sont largement inspirĂ©s des travaux de Fanon, mais tous n’ont pas la mĂȘme attitude envers les idĂ©es de ce grand thĂ©oricien du colonialisme.

Edward SaĂŻd, par exemple, qui est le pĂšre fondateur des Ă©tudes postcoloniales, est le thĂ©oricien chez lequel l’empreinte de Frantz Fanon est la plus manifeste. Son analyse du discours colonial et des reprĂ©sentations des colonisĂ©s reprend largement le schĂ©ma binaire de Fanon, fondĂ© sur l’opposition colonisateur-colonisĂ©, centre-pĂ©riphĂ©rie, Occident-Orient. Ce modĂšle d’analyse Ă©tait prĂ©dominant dans la critique postcoloniale jusque dans les annĂ©es 1990 oĂč il commence Ă  ĂȘtre critiquĂ©, notamment par Homi Bhabha. Ce thĂ©oricien reproche Ă  SaĂŻd d’adopter une analyse du colonialisme qui ne tient pas suffisamment compte de la complexitĂ© des relations coloniales. Dans son influent ouvrage The Location of Culture (1994), il dĂ©veloppe sa thĂ©orie de l’hybriditĂ© (en), mettant en question une vision qui tend Ă  rĂ©duire les discours et rĂ©gimes coloniaux Ă  de simples systĂšmes « monolithiques » et « hĂ©gĂ©moniques ». Il attire l’attention sur l’« hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© » et l’« ambivalence » des systĂšmes de reprĂ©sentation coloniaux, mettant ainsi en cause le schĂ©ma binaire colonisateur-colonisĂ©, centre-pĂ©riphĂ©rie de Fanon. Bhabha va plus loin dans sa critique, soulignant que l’hybriditĂ© ou le « troisiĂšme espace » est plus Ă  mĂȘme de rendre la rĂ©alitĂ© discursive coloniale. Il dĂ©finit cet espace comme un lieu oĂč les puretĂ©s, polaritĂ©s, et essentialismes sont abolis. Cette influente thĂ©orie de l'hybriditĂ© apporte une dimension nouvelle Ă  la critique postcoloniale, mais elle prĂ©sente aussi de nombreuses limites aussi bien thĂ©oriques qu’idĂ©ologiques et empiriques mises en lumiĂšre par certains thĂ©oriciens du postcolonialisme tels qu’Aijaz Ahmad, Arif Dirlik, Benita Parry, et Amar Acheraiou.

Ses caractéristiques

La thĂ©orie postcoloniale s’intĂ©resse au fait colonial dans sa diversitĂ©, Ă  savoir la violence et l’exploitation coloniales, les rapports colonisateur-colonisĂ©, les reprĂ©sentations coloniales de la culture, de l’identitĂ©, et de la « race », l’analyse du discours colonialiste, les interactions culturelles, en particulier l’hybriditĂ© culturelle (notamment linguistique), qui rĂ©sulte de la colonisation, la dĂ©colonisation, et le nĂ©ocolonialisme. Elle dĂ©voile les mĂ©canismes de la domination coloniale et s’attaque Ă  l’idĂ©ologie et aux reprĂ©sentations dont les colonisĂ©s Ă©taient victimes.

DĂ©veloppĂ©e il y a environ vingt ans aux États-Unis et largement diffusĂ©e dans le monde anglo-saxon, la thĂ©orie postcoloniale est d’inspiration poststructuraliste et postmoderniste. Elle a puisĂ© abondamment dans les travaux de Michel Foucault, Gilles Deleuze, et Jacques Derrida, mais aussi dans la psychanalyse, plus prĂ©cisĂ©ment dans les thĂ©ories de Jacques Lacan sur le langage et l’identitĂ©. Son champ d’investigation principal est la question culturelle et identitaire des sociĂ©tĂ©s postcoloniales. 

Les grands courants

Cette thĂ©orie n’est pas uniforme, mais comprend divers courants idĂ©ologiques, les deux principaux courants Ă©tant la tendance culturaliste et sĂ©miotique, d’un cĂŽtĂ©, et l’approche matĂ©rialiste, de l’autre[3].

La déconstruction du discours colonial

La tendance sĂ©miotico-culturaliste, prĂ©dominante dans les Ă©tudes postcoloniales, est reprĂ©sentĂ©e par Homi Bhabha, Robert J. C. Young (en), NĂ©stor GarcĂ­a Canclini, Gayatri Spivak, et Paul Gilroy. Elle a dĂ©veloppĂ© au sein de la tradition anticolonialiste une approche novatrice qui met l'accent sur la dĂ©construction du discours colonial plutĂŽt que sur l'analyse des inĂ©galitĂ©s Ă©conomiques[3]. Ce courant prend ses distances Ă  l'Ă©gard du marxisme, dont il juge l'analyse de la situation des pays colonisĂ©s ou ex-colonisĂ©s trop homogĂ©nĂ©isante[6]. Il considĂšre Ă©galement le marxisme comme trop associĂ© Ă  un universalisme occidental qui a contribuĂ© Ă  la disqualification des autres cultures[6]. Ce courant postcolonialiste non matĂ©rialiste, centrĂ© sur les questions culturelles, a provoquĂ© au sein mĂȘme de la thĂ©orie postcolonialiste dĂšs les annĂ©es 1990 une rĂ©action critique de la part de chercheurs demeurĂ©s fidĂšles Ă  la thĂ©orie marxiste[3].

L'approche matérialiste

L’approche matĂ©rialiste, plus axĂ©e sur des questions gĂ©opolitiques et sur les conditions matĂ©rielles des anciennes colonies, est vĂ©hiculĂ©e par des thĂ©oriciens tels que Aijaz Ahmad (en), Benita Parry, Arif Dirlik (en), Timothy Brennan et Amar Acheraiou[3]. Ces thĂ©oriciens critiquent le courant sĂ©miotico-culturaliste Ă  cause de sa trop grande dĂ©pendance Ă  l'Ă©gard des thĂ©ories postmodernistes de la dĂ©finition de la culture et de l’identitĂ©. Ils lui reprochent Ă©galement sa vision « synchronique » du colonialisme, c'est-Ă -dire concentrĂ©e sur un moment prĂ©cis de l'histoire (ici, le XIXe siĂšcle), plutĂŽt que d’opter pour une « approche diachronique », c’est-Ă -dire une dĂ©marche prenant en compte les Ă©volutions historiques sur des pĂ©riodes longues, dĂ©marche qui permettrait de cerner « la gĂ©nĂ©alogie de l’idĂ©ologie coloniale moderne » et ses diverses « ramifications ». En effet, selon certains de ces critiques comme Amar Acheraiou, « le discours colonial moderne s’est profondĂ©ment inspirĂ© des idĂ©ologies colonialistes classiques »[7].

Les thĂ©oriciens de la tradition matĂ©rialiste dĂ©plorent le fait que la thĂ©orie postcoloniale (dans sa version sĂ©miotico-culturaliste) se dĂ©sintĂ©resse du contexte politique et socio-Ă©conomique des anciennes colonies, au profit de prĂ©occupations culturelles et identitaires propres Ă  la diaspora. Aijaz Ahmad (en), par exemple, reproche Ă  cette thĂ©orie postcoloniale d’ĂȘtre en dĂ©calage avec les vraies rĂ©alitĂ©s des anciennes colonies, l’Inde en particulier, arguant qu’« entre la postcolonialitĂ© telle qu'elle existe en Inde, et la postcolonialitĂ© comme pratique discursive telle qu'elle transparaĂźt chez Bhabha, il semblerait qu’il y ait entre les deux un gouffre considĂ©rable »[8]. De plus, Arif Dirlik (en) critique les Ă©tudes postcoloniales pour avoir agglutinĂ© sous l’étiquette de « postcoloniales » des littĂ©ratures issues d’endroits et d’histoires complĂštement diffĂ©rentes : « les littĂ©ratures d’Afrique, des CaraĂŻbes, et de l’Asie du Sud-Est sont toutes diffĂ©rentes les unes des autres et issues d'histoires et d'endroits diffĂ©rents, mais ces diffĂ©rences disparaissent tout simplement dans la thĂ©orie coloniale »[9]. Amar Acheraiou recommande de « dĂ©coloniser la thĂ©orie postcoloniale », en l’affranchissant de l’obscur jargon postmoderniste auquel elle est infĂ©odĂ©e et, plus particuliĂšrement en l’amenant Ă  se focaliser sur le contexte gĂ©opolitique des anciennes colonies ainsi que sur la globalisation[10]

Le féminisme postcolonial

Le fĂ©minisme postcolonial analyse les effets politiques, Ă©conomiques, culturels du colonialisme, qui affectent les femmes non occidentales. Il est apparu aux États-Unis dans les annĂ©es 1980, rĂ©agissant en partie Ă  des biais androcentriques dans la production des thĂ©oriciens du postcolonialisme. En effet, aussi bien Franz Fanon, ou AimĂ© CĂ©saire[11] que Edward SaĂŻd[12] ont eu tendance Ă  nĂ©gliger les questions relatives au genre ; « s’ils isolent la race comme critĂšre de classification des populations qui dĂ©termine des positions dans la division internationale du travail et dans des rĂŽles sociaux au sein du capitalisme global, ils ne font qu’effleurer sa relation avec le sexe et la sexualitĂ© et ne font pas rĂ©fĂ©rence aux apports de nombreuses fĂ©ministes dans la crĂ©ation de cette pensĂ©e », Ă©crit Ochy Curiel[11].

A la diffĂ©rence des thĂ©oriciens du postcolonialisme, qui dĂ©signent parfois le systĂšme colonial comme le «grand coupable», les fĂ©ministes postcoloniales privilĂ©gient une double approche, et font ressortir la connivence entre le colonialisme et le «patriarcat» qui Ɠuvrent tous deux au maintien de la domination masculine[12]. L'ouvrage cĂ©lĂšbre de Gayatri Spivak, Les subalternes peuvent-elles parler ? (1985), qui traite de la maniĂšre dont les veuves indiennes immolĂ©es selon la coutume de la sati avaient Ă©tĂ© instrumentalisĂ©es par l'administration coloniale et par les nationalistes hindous, est considĂ©rĂ© de ce point de vue comme un texte prĂ©curseur important. Les fĂ©ministes postcoloniales centrent leur attention sur la capacitĂ© de rĂ©sistance (agency) des femmes[12]. Ainsi Chandra Mohanty dans Sous les yeux de l'Occident : recherches fĂ©ministes et discours coloniaux (Under Western Eyes), un des textes majeurs du fĂ©minisme postcolonial, publiĂ© en 1984, reproche Ă  nombre de fĂ©ministes occidentales de reproduire le clichĂ© orientaliste de «la femme du tiers-monde» victime passive et obĂ©issante de l'oppression patriarcale.

Le refus de l'essentialisme culturaliste et de la logique d'affrontement

Edward SaĂŻd, thĂ©oricien majeur du postcolonialisme, reproche aux savants orientalistes d'avoir opposĂ© de maniĂšre simplificatrice un «Occident» et un « Orient » prĂ©tendument homogĂšnes[6]. Il rĂ©cuse pour sa part cette approche binaire (Orient contre Occident), qui justifie des politiques agressives Ă  l'Ă©gard des groupes Ă©trangers[6]. Il rĂ©cuse Ă©galement l'essentialisme sous-jacent Ă  cette logique dualiste, c'est-Ă -dire la tendance Ă  considĂ©rer que les cultures pourraient ĂȘtre dĂ©finies par des traits typiques immuables, et que ces «cultures» supposĂ©es distingueraient les peuples les uns des autres[6].

Edward SaĂŻd prĂŽne ainsi une « dĂ©territorialisation » de la rĂ©flexion, pour Ă©viter le piĂšge de la rĂ©ification des cultures — piĂšge dans lequel les Ă©tudes orientalistes seraient tombĂ©es —, et pour conjurer les dangers de la « gĂ©ographisation idĂ©ologique » qui attribue sommairement Ă  des aires rĂ©gionales des spĂ©cificitĂ©s d'ordre moral, intellectuel, spirituel etc[6].

Selon Anne-Emmanuelle Berger, le postcolonialisme tel que Edward Saïd le conçoit s'efforce, dans sa déconstruction des biais du discours colonialiste, de ne pas reproduire l'excessive valorisation de soi et le dénigrement de l'Autre qui caractérisent le langage eurocentrique[6]. Certes, il est possible de reprocher à Edward Saïd d'avoir proposé quelquefois l'image d'un Occident obsédé par la domination des peuples non-occidentaux ; cependant, par son refus des analyses totalisantes, E. Saïd a indiqué une méthode censée préserver des généralisations abusives et des «rhétoriques oppositionnelles»[6].

Inscription dans la mouvance du poststructuralisme

La thĂ©orie postcoloniale est en dialogue avec de grandes figures du poststructuralisme comme Michel Foucault ou Jacques Derrida[3]. «Par sa critique de tout geste d’« homogĂ©nĂ©isation » et de « totalisation » au nom du travail dĂ©stabilisant des diffĂ©rences, la thĂ©orie postcoloniale s’inscrit dans la mouvance poststructuraliste.», Ă©crit ainsi Anne-Emmanuelle Berger[6]

Dans l'Orientalisme, Edward Saïd analyse le discours colonial en prenant appui sur la théorie du discours de Michel Foucault[13]. L'influence foucaldienne se manifeste dans la reconceptualisation opérée par E. Saïd de la relation de pouvoir, perçue non pas comme force unilatérale exercée par l'oppresseur sur l'opprimé, mais comme un réseau de pouvoirs et de contre-pouvoirs qui circulent au sein de la société. Ainsi l'imposition du colonialisme par les pouvoirs impérialistes sur les populations indigÚnes n'est plus considérée seulement comme une simple relation de pouvoir unidirectionnelle mais comme une construction fragile qui doit constamment se légitimer et faire face aux contre-pouvoirs qu'elle développe dans un rapport de force en constant changement.

Gayatri Spivak a traduit en anglais l'ouvrage de Jacques Derrida, De la grammatologie (en 1976), avant d'Ă©crire son texte le plus cĂ©lĂšbre, Les subalternes peuvent-elles parler ?. Dans De la grammatologie, Derrida a entrepris, Ă©crit Jane Hiddleston, «de dĂ©construire l’ethnocentrisme de la mĂ©taphysique occidentale»[14]. Il problĂ©matise notamment les ambitions totalisantes de la philosophie et la tentation des philosophes occidentaux de dĂ©signer un centre ; il remet en question la position du sujet dans l'Ă©criture philosophique[14]. Gayatri Spivak s'inscrit dans la continuitĂ© de ce travail aussi bien dans sa pratique stylistique (Ă  laquelle on a pu reprocher une certaine obscuritĂ©) que dans sa critique de l'ethnocentrisme[14].

L'Ă©tude d'Ɠuvres littĂ©raires postĂ©rieures Ă  la pĂ©riode coloniale

Les Ɠuvres littĂ©raires qualifiĂ©es de « postcoloniales » (au sens de « postĂ©rieures Ă  l'Ă©poque coloniale ») s'intĂ©ressent souvent au problĂšme d'identitĂ©, d’exil, d’aliĂ©nation culturelle, de mĂ©tissage et de racisme. Dans la critique postcoloniale l’analyse peut aussi porter sur des Ɠuvres ayant Ă©tĂ© Ă©crites et publiĂ©es lors de la pĂ©riode coloniale.

Beaucoup d’écrivains postcoloniaux Ă©crivent dans les langues coloniales, et certains ont dĂ©butĂ© leur carriĂšre au temps de la colonisation. Tous, cependant, n’ont pas la mĂȘme attitude vis-Ă -vis de cet hĂ©ritage culturel colonial. Certains, comme l’écrivain algĂ©rien d’expression française, Malek Haddad considĂ©rait le français comme un « exil » et une source d’aliĂ©nation. Il dĂ©clarait : « Je suis moins sĂ©parĂ© de ma patrie par la MĂ©diterranĂ©e que par la langue française ». En revanche, d’autres auteurs tels que le Prix Nobel de la littĂ©rature des CaraĂŻbes, Derek Walcott, assume totalement l’usage de l’anglais comme moyen d’expression littĂ©raire, tout en revendiquant son hybriditĂ© culturelle et linguistique, ainsi que biologique (Il descend d'ancĂȘtres antillais, anglais et hollandais). Dans son poĂšme Ă©pique, Omeros, il cĂ©lĂšbre l’hybriditĂ© caribĂ©enne, en faisant voyager son hĂ©ros Ă  travers l’Afrique, l’Europe et l’AmĂ©rique dans une odyssĂ©e qui met en lumiĂšre la diversitĂ© culturelle et linguistique des CaraĂŻbes. Ce poĂšme rĂ©sonne comme un hymne Ă  l’hybriditĂ© de cette rĂ©gion, ce qui va Ă  l’encontre de la mouvance de la nĂ©gritude, qui, elle, cĂ©lĂšbre la puretĂ© culturelle et revendique l’existence d’une essence prĂ©-coloniale africaine non souillĂ©e par le colonialisme. Tout a long de ses Ɠuvres, ce « mulĂątre du style », comme il se dĂ©finit, explore les expressions littĂ©raires et musicales des CaraĂŻbes dans un style mĂȘlant traditions crĂ©ole et anglaise qui, selon ses propres termes, vise Ă  « transformer », voire Ă  subvertir l’« anglais de la reine ».

L’écrivain nigĂ©rian, Chinua Achebe, lui aussi, Ă©tait en faveur de l’utilisation de la langue du colonisateur comme vĂ©hicule d’expression littĂ©raire et recommandait Ă  ses concitoyens de ne pas rejeter en bloc l’hĂ©ritage colonial, notamment la langue anglaise. Dans une dĂ©claration de 1975 intitulĂ©e « L’Écrivain Africain et la langue anglaise », il se dĂ©fendait contre ses dĂ©tracteurs qui assimilaient l’usage de l’anglais Ă  de la trahison envers le Nigeria : « Est-ce juste pour un Ă©crivain d’abandonner sa langue maternelle pour une langue Ă©trangĂšre ? Cela semble ĂȘtre une Ă©norme trahison et une source de regret. Mais, en ce qui me concerne, il n’y a pas d’autres choix. On m’a donnĂ© cette langue et je compte bien l’utiliser »[15].

D’autres auteurs tels que le Kenyan Ngugi wa Thiong'o ou l’AlgĂ©rien Rachid Boudjedra affichent une attitude ambivalente envers respectivement l’anglais et le français dans lesquels ils Ă©crivent. AprĂšs avoir produit de nombreuses Ɠuvres dans ces langues coloniales, tous deux ont soudainement abandonnĂ© ces idiomes Ă©trangers et se mettent Ă  Ă©crire dans leurs langues locales, le Gikuyu pour Thiong’o et l’arabe classique pour Boudjedra. L’auteur kĂ©nyan affirme que le choix du gikuyu lui permet de renouer avec sa culture et ses traditions africaines ; plus globalement, ce revirement linguistique participe aussi d’un projet culturel et politique dont l’objectif est, selon cet Ă©crivain, de « dĂ©coloniser l’esprit » africain[16]. Boudjedra avoue, Ă  son tour, que sa dĂ©cision d’écrire en arabe est motivĂ©e par la volontĂ© de « renouer avec l’identitĂ© algĂ©rienne authentique ». Il entend aussi moderniser cette langue et aborder des thĂšmes, notamment la sexualitĂ© et la religion, souvent occultĂ©es dans la littĂ©rature algĂ©rienne d’expression arabe. L’un des problĂšmes de cet argument toutefois est que l’arabe classique n’est accessible qu’à une petite minoritĂ© lettrĂ©e en AlgĂ©rie ; le second, et, sans doute, le plus important, est que cette identitĂ© algĂ©rienne authentique qu’il revendique semble exclure les BerbĂšres, premiers habitants de ce pays et de l’Afrique du nord, qui, encore aujourd’hui, perçoivent l’arabe comme une langue de colonisation et d’oppression. Bien des annĂ©es avant Boudjedra, un autre auteur algĂ©rien d’expression française, Kateb Yacine, considĂ©rĂ© comme le pĂšre fondateur de la littĂ©rature moderne algĂ©rienne, a, lui aussi, dĂšs 1967, abandonnĂ© la langue française pour Ă©crire en arabe ; mais, contrairement Ă  son compatriote, il Ă©crivit du thĂ©Ăątre engagĂ© dans un arabe dialectal Ă  forte consonance berbĂšre, en guise de revendication de ses origines amazigh, et des origines berbĂšres de l’Afrique du nord, occultĂ©es par les autoritĂ©s algĂ©riennes.

La théorie de l'hybridité culturelle

L’hybriditĂ© est un concept qui relĂšve de la biologie et renvoie au croisement de deux espĂšces vĂ©gĂ©tales ou animales. Aujourd’hui, ce concept couvre un champ sĂ©mantique plus vaste et on le rencontre dans des domaines aussi variĂ©s que l’architecture, l’informatique, la gĂ©ologie, la chimie, l’industrie automobile, le droit, la littĂ©rature, la linguistique, l’anthropologie, l’ethnologie et les Ă©tudes culturelles et postcoloniales. Dans la thĂ©orie postcoloniale, c’est l’hybriditĂ© culturelle qui est au centre des discussions.

ElaborĂ©e par Homi Bhabha, la thĂ©orie de l’hybriditĂ© telle qu’elle est exposĂ©e dans The Location of Culture (1994)[17], et, plus gĂ©nĂ©ralement dans les Ă©tudes postcoloniales, est d’ordre essentiellement culturel et sĂ©miotique. Elle renvoie Ă  l’ambivalence de l’identitĂ© culturelle coloniale, aussi bien celle du colonisĂ© que celle du colonisateur ; elle dĂ©stabilise l’idĂ©e mĂȘme d’essence et de puretĂ©. Dans le contexte colonial, les formes culturelles sont mues par un processus d’« imitation » et de « traduction », qui met en cause le principe d’« authenticitĂ© » et de « hiĂ©rarchie » promu dans le discours colonialiste. Pour Bhabha, l’hybriditĂ© « ouvre, au sens mĂ©taphorique, un espace ou se construit un objet colonial nouveau », « un troisiĂšme espace » intermĂ©diaire qui n'est ni celui du colonisĂ© ni celui du colonisateur. Il considĂšre cet espace intermĂ©diaire comme « un lieu d’énonciation » privilĂ©giĂ© oĂč les constructions binaires et essentialistes sont abolies.

Cette thĂ©orie, qui a dominĂ© les dĂ©bats postcoloniaux ces vingt derniĂšres annĂ©es, a beaucoup d’adeptes ; elle compte aussi des dĂ©tracteurs, comme John Hutnyk[18], Jan Pieterse Nederveen[19] et Amar Acheraiou[20].

Analyses critiques

Pour Daniel Rivet, les Ă©tudes postcoloniales ne sont que la version « affadie, banalisĂ©e de l’anticolonialisme Ă  la Memmi ou Fanon ». Ils constitueraient, selon l'historien, « une nĂ©buleuse influente » notamment prĂ©sente dans les mĂ©dias[21].

Certains auteurs ont critiqué la différence entre le radicalisme politique revendiqué par les études postcoloniales et les résultats finalement assez conventionnels de ces travaux : « leur radicalisme rhétorique a été dénoncé comme une imposture »[4]. L'essor de ces études dans les universités américaines se serait fait au détriment des études sur le tiers-monde[4].

Pour l'historien Christophe Prochasson, ce courant, son paradigme et surtout son utilisation par les réseaux militants-citoyens de l'espace public sont un « gauchisme scientifique »[22]

De surcroit, les Ă©tudes postcoloniales confrontĂ©es Ă  la rĂ©alitĂ© de la globalisation Ă©conomique formeraient un « leurre idĂ©ologique » qui « dĂ©tourneraient l’attention en suscitant de faux dĂ©bats », justifiant le multiculturalisme dont la globalisation Ă©conomique a besoin pour se dĂ©velopper[4] - [23].

Pour l'historien Arif Dirlik (en), les Ă©tudes postcoloniales reflĂšteraient surtout « les Ă©tats d’ñme des intellectuels du Sud » travaillant dans les universitĂ©s amĂ©ricaines et parlant un langage Ă©tranger aux populations qu’ils prĂ©tendent incarner[4].

Jean François Bayart, professeur en sociologie historique et en anthropologie Ă  l'Institut de hautes Ă©tudes internationales et du dĂ©veloppement de GenĂšve, considĂšre que l’imposition du postcolonialisme (prisonnier du culturalisme) dans le champ universitaire anglophone comme francophone, est un carnaval acadĂ©mique[24] qui dĂ©veloppe une « stratĂ©gie de niche acadĂ©mique[25] ». Pour Bayart, la France est loin d'ĂȘtre rĂ©tive aux Ă©tudes postcoloniales, les ayant au contraire souvent inspirĂ©es : « C'est le cas notamment avec ses propres auteurs anticolonialistes comme CĂ©saire, Fanon ou Memmi. Ce qui est gĂȘnant, c'est la maniĂšre dont ont Ă©tĂ© transposĂ©es en France les Ă©tudes postcoloniales. Ces derniĂšres, notamment avec le courant historiographique indianiste des subaltern studies qui les ont en partie inspirĂ©es, entendaient tourner la page de l'historiographie nationaliste, “sauvegarder l'histoire de la nation”. La plupart des auteurs français qui ont importĂ© dans l'Hexagone les Ă©tudes postcoloniales les ont dĂ©naturĂ©es en s'enfermant dans une histoire trĂšs nationale, quitte Ă  l'inverser[26] ».

Dans Les Nouveaux Rouge-Brun : le racisme qui vient (2014)[27], l'anthropologue Jean-Loup Amselle parle d'avÚnement d'une nouvelle société raciale, et de ce qu'il considÚre une dérive de la pensée postcoloniale ; selon lui, sous l'influence des études postcoloniales, l'analyse des tensions sociales ne prend en compte non plus la question des classes mais celle des identités ethniques.

« Un relativisme gĂ©nĂ©ralisĂ© mine le socle de l’universalitĂ© des valeurs d’égalitĂ© de genre ou de droits humains. Ce relativisme puise ses arguments et sa rhĂ©torique dans la pensĂ©e postcoloniale qui a dĂ©trĂŽnĂ© l’Occident de sa position de surplomb, ce qui est une bonne chose, mais a entraĂźnĂ© des effets pervers. »

Etienne Huyghe[28] reproche au postcolonialisme d'«occulter l’autonomie des trajectoires historiques des États considĂ©rĂ©s, particuliĂšrement sur le continent africain» ; de plus les Ă©tudes postcoloniales peuvent avoir des effets contreproductifs et «cristalliser les identitĂ©s qu’elles prĂ©tendent dĂ©construire»[29].

Théoriciens du postcolonialisme

Voir aussi Catégorie:Théoricien du postcolonialisme.

Historiens du postcolonialisme

Auteurs de référence pour les théoriciens du postcolonialisme

Sujets d'Ă©tude

Les Ă©tudes postcolonialistes ont pour sujet principal les processus de dĂ©veloppement d’une identitĂ© culturelle nationale dans les pays colonisĂ©s. Ses notions principales et concepts clefs sont :

Écrivains dont les Ɠuvres sont Ă©tudiĂ©es

Afrique du Sud

Algérie

Australie

Cameroun

Canada

CaraĂŻbes

Congo (République démocratique du Congo)

CĂŽte d'Ivoire

Égypte

Ghana

Guyana

Inde

Indochine française (Vietnam actuel)

Kenya

  • Ngugi wa Thiong'o

Maroc

Maurice

Nigeria

Nouvelle-ZĂ©lande

Sénégal

Mali

Tunisie


Porto Rico


Notes et références

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  3. « OĂč vont les postcolonial studies ? », sur www.gis-reseau-asie.org (consultĂ© le )
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  12. Laetitia Dechaufour, « Introduction au féminisme postcolonial », Nouvelles Questions Féministes, 2008/2 (Vol. 27), p. 99-110. DOI : 10.3917/nqf.272.0099, lire en ligne
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  24. Jean-François Bayart, Les études postcoloniales. Un carnaval académique, Paris, Khartala, 2010. https://www.karthala.com/disputatio/2367-etudes-postcoloniales-les-un-carnaval-academique-9782811103231.html
  25. https://preo.u-bourgogne.fr/dissidences/index.php?id=327 Notes de lecture : autour du post-colonialisme. Das Unheimliche (Postcolonialisme et reconfiguration Ă  l’extrĂȘme gauche) Autour d’une configuration, Ă  partir de : Race et Capitalisme, Les Cahiers de l’émancipation, Syllepse, mai 2012. par Vincent Chambarlhac revue Dissidences
  26. Audrey Renault, « Études postcoloniales: que se joue-t-il vraiment dans les universitĂ©s? », sur slate.fr, .
  27. Jean-Loup Amselle, Les nouveaux rouges-bruns : Le racisme qui vient, Nouvelles Éditions Lignes, (ISBN 9782355261381)
  28. doctorant en Relations Internationales Ă  l'universitĂ© Paris 1 PanthĂ©on-Sorbonne, UniversitĂ© Paris 1 PanthĂ©on-Sorbonne, membre fondateur de l'Institut du MĂ©ridien, laboratoire d’idĂ©es dĂ©diĂ© Ă  l’étude des questions de coopĂ©ration internationale et de dĂ©veloppement
  29. Le postcolonialisme : une impasse conceptuelle Ă  interroger ?

Voir aussi

Bibliographie en anglais

  • Acheraiou, Amar, Rethinking Postcolonialism: Colonialist Discourse in Modern Literatures and the Legacy of Classical Writers, Basingstoke, Palgrave Macmillan 2008. (ISBN 978-0-230-55205-0)
  • Acheraiou, Amar, Questioning Hybridity, Postcolonialism and Globalization, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2011. (ISBN 978-0-230-29828-6)
  • Appiah, Kwame Anthony, In My Father's House: Africa in the Philosophy of Culture, New York-Oxford, Oxford University, 1992.
  • Khal Torabully and Marina Carter, Coolitude, Anthem University Press, London, 2006.
  • Mudimbe, V.Y., The Invention of Africa. Gnosis, Philosophy, and the Order of Knowledge, London-Bloomington, Indianapolisi, 1988.

Bibliographie en français

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  • Arjun Appadurai :
    • AprĂšs le colonialisme. Les consĂ©quences culturelles de la globalisation, Paris, Payot, coll. « Petite BibliothĂšque Payot », 2005 (ISBN 9782228900003)
    • GĂ©ographie de la colĂšre. La violence Ă  l'Ăąge de la globalisation, Paris, Payot, coll. « Petite BibliothĂšque Payot », 2009 (ISBN 9782228904087)
  • Homi K. Bhabha, Les Lieux de la culture. Une thĂ©orie postcoloniale, Paris, Payot, 2007 ( (ISBN 9782228901833)
  • Romain Bertrand, Habermas au Bengale, ou comment « provincialiser l’Europe » avec Dipesh Chakrabarty, Political Science Working Papers Series, UniversitĂ© de Lausanne, no 40 (accessible en ligne Ă  l'adresse http://www.unil.ch/Jahia/site/iepi/cache/offonce/pid/65431;jsessionid=ADF5EF3D0FCC34E096E9189EBDF8D2AF.jvm1)
  • Pascal Blanchard et Nicolas Bancel, Culture post-coloniale, 1961-2006, Traces et mĂ©moires coloniales en France, Ă©d. Autrement, collection MĂ©moires/Histoire, 2005.
  • Pascal Blanchard, Nicolas Bancel & Sandrine Lemaire, Culture coloniale en France, CNRS Ă©ditions/Autrement, collection « MĂ©moires », prĂ©face de Gilles BoĂ«tsch, 2008
  • Pascal Blanchard, Nicolas Bancel & Françoise VergĂšs, La RĂ©publique coloniale, essai sur une utopie, BibliothĂšque Albin Michel IdĂ©es, 2003.
  • Thomas Brisson, DĂ©centrer l'Occident. Les intellectuels postcoloniaux, chinois, indiens et arabes, et la critique de la modernitĂ©, Paris, La DĂ©couverte, 2018
  • Anne-Claire Collier, « Le passage en revue du postcolonial », Revue d'anthropologie des connaissances, Vol. 11, n°3, 2017, lire en ligne.
  • Catherine Coquio (dir.), Retours du colonial ? : Disculpation et rĂ©habilitation de l'histoire coloniale française, L'Atalante, 2008.
  • HĂŽ Chi Minh, Le procĂšs de la colonisation française, Paris, Librairie du travail, 1924
  • (en) Stephen Howe, « Colonising and Exterminating ? Memories of Imperial Violence in Britain and France », Histoire@Politique, n° 11, 2010, lire en ligne.
  • Yves Lacoste, La question post-coloniale : Une analyse gĂ©opolitique, Fayard, 2010.
  • Neil Lazarus (dir.), Penser le postcolonial - Une introduction critique (Paris, Éditions Amsterdam, 2006)
  • Charles-Romain MbĂ©lĂ©, Essai sur le postcolonialisme en tant que code de l'inĂ©galitĂ©, Éditions clĂ©, YaoundĂ©, 2010.
  • Marco Platania, « L'historiographie du fait colonial : enjeux et transformations »,Revue d'histoire des sciences humaines, n° 24, 2011, [lire en ligne].
  • Fred PochĂ© :
    • « Culture, pouvoir et altĂ©ritĂ©. Une lecture post-coloniale d’Emmanuel LĂ©vinas », MonoKL International. Reflexions on Levinas, Istanbul, Volkan Çelebi, 2010, p. 342-366.
    • Edward. W. Said, l’humaniste radical. Aux sources de la pensĂ©e postcoloniale, Paris, Éditions du Cerf, 2013.
  • Jacques Pouchepadass, « Subaltern et Postcolonial Studies » dans Christian Delacroix, François Dosse, Patrick Garcia et Marie-Claude Smouts, La situation postcoloniale : les postcolonial studies dans le dĂ©bat français, Fondation nationale des sciences politiques, 2007; dans Christian Delacroix, François Dosse, Patrick Garcia et Nicolas Offenstadt (dir), Historiographies. Concepts et dĂ©bats I., Paris, Gallimard / folio histoire, 2010, p. 636-646.
  • Élisabeth Roudinesco, Soi-mĂȘme comme un roi, Essai sur les dĂ©rives identitaires (2021)
  • Edward SaĂŻd, L'Orientalisme : L'Orient crĂ©Ă© par l'Occident, [Orientalism, 1978], traduction de Catherine Malamoud, prĂ©face de Tzvetan Todorov, Le Seuil, 1980, (rĂ©Ă©d. 2003)
  • Marie SalaĂŒn, DĂ©coloniser l'Ă©cole ? Hawai'i, Nouvelle-CalĂ©donie, expĂ©riences contemporaines, Rennes, 2013, PUR, (ISBN 978-2-7535-2165-0),
  • Gayatri Chakravorty Spivak :
    • Nationalisme et imagination, Paris, Payot, 2011 (ISBN 9782228905848)
    • En d'autres mondes, en d'autres mots. Essais de politique culturelle, Paris, Payot, 2009 (ISBN 9782228904490)
  • SociĂ©tĂ© française d'histoire des outre-mers, Outre-Mers. Revue d’histoire, 2016-2 (no 392-393) (sous la direction de Philippe Delisle) : La BD francophone et le tournant postcolonial
  • Jean-Luc Yacine, Aux sources du racisme antimaghrĂ©bin, un impensĂ© post-colonial : de Moreau de Tours Ă  Albert Camus, Édition L’Harmattan, , 78 p. (ISBN 978-2-14-035098-6)
Bibliographie critique en français
  • Jean-Loup Amselle, L'Occident dĂ©crochĂ©. EnquĂȘte sur les postcolonialismes, Paris, Stock, 2008
  • Jean-François Bayart, Les Ă©tudes postcoloniales. Un carnaval acadĂ©mique, Karthala, Paris, 2010 (ISBN 978-2811103231)
  • Neil Lazarus (dir.), Penser le postcolonial - Une introduction critique, trad. M. Groulez et Ch. Jacquet, Paris, Éditions Amsterdam, 2006

Articles connexes

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