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Nicolas Bancel

Nicolas Bancel, né le , est un historien français, spécialiste de l'histoire coloniale et postcoloniale française, de l'histoire du sport et des mouvements de jeunesse. Il s'est plusieurs fois politiquement exprimé en faveur de la gauche et de la gauche radicale.

Nicolas Bancel
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Directrice de thèse

Biographie

Origines

Nicolas Bancel est le fils du sculpteur Louis Bancel.

DiplĂ´me universitaire

En 1998, il soutient sa thèse de doctorat d'histoire intitulée : « Entre acculturation et révolution. Les mouvements de jeunesse et les sports dans l’évolution politique et institutionnelle en AOF (1945-1960) », sous la direction Catherine Coquery-Vidrovitch et de Christian Pociello. Il poursuit ces travaux dans le cadre de son habilitation à diriger des recherches (HDR) soutenue en 2003 : « L’image, le corps. Sur l’usage en histoire de quelques formations non discursives ».

Carrière académique

Il devient en 1998 maître de conférences à l'université Paris-Sud 11 (1999-2005).

Après avoir soutenu son HDR, il devient, en 2005, professeur à l'université de Strasbourg où il dirige pendant une année l'équipe de recherche en sciences sociales. Depuis 2006, il est détaché au sein de l'université de Lausanne où il enseigne, mène ses recherches et dirige de nombreuses thèses de doctorat (souvent dans le cadre de cotutelles internationales).

Domaines d'intervention

Spécialiste de l'histoire coloniale et postcoloniale française, de l'histoire du sport et des mouvements de jeunesse, il enseigne entre autres les sciences historiques, l'anthropologie historique des représentations du corps, l'histoire des activités physiques et sportives en Suisse, en France et plus largement en Europe. Il est également vice-président du Groupe de recherche Achac [1].

Auteur et coauteur d'une vingtaine d'ouvrages, organisateur de nombreuses expositions, colloques et actions pédagogiques, il propose d’interroger le passé colonial pour mieux appréhender les enjeux contemporains. Spécialiste de l’iconographie, s’intéressant de près à la formation de l'idéologie politique de la colonisation et à la structuration de stéréotypes coloniaux, il fait usage tant de l’histoire politique et des mentalités que de l’histoire sociale et culturelle.

Tout en poursuivant ses travaux, il participe à Lausanne, depuis plusieurs années maintenant, au renforcement d’une histoire suisse des pratiques d’exercice corporel, basée sur des recherches avant tout empiriques. Il a ainsi collaboré (avec Fabien Ohl[2] et Thomas David[3] notamment) à l’ouvrage récent : Le Football en Suisse : enjeux sociaux et symboliques d'un spectacle universel et participé à l’organisation de colloques et journées d’étude, autour de Georges Vigarello ou Jacques Defrance, rassemblant des chercheurs de différents horizons. Il publie en 2016 un ouvrage avec Philippe Vonnard et Grégory Quin, Building Europe with the Ball. Turning points in the Europeanization of Football (1905-1995) (Peter Lang, 2016).

Engagements politiques

Historien marqué de la gauche radicale[4] - [5], Nicolas Bancel fait partie des 150 intellectuels ayant appelé à voter pour Ségolène Royal en 2007[6]. Il s'est également engagé en faveur du droit de vote des étrangers aux élections municipales en 2012[7].

Travaux, publications et réceptions critiques

Nicolas Bancel dirige ou a dirigé plusieurs programmes de recherche internationaux, dont L’Appel à l’Afrique, Zoos humains, L’Autre et Nous, Image et colonies, qui explorent les généalogies des archétypes coloniaux. Il a dirigé de nombreux ouvrages dans cette perspective : Images et Colonies (Sodis, 1993), L’Autre et nous (Syros, 1997), Images d’Empire (La documentation française/De la Martinière, 1997) ou encore Zoos humains (La Découverte, 2002, poche 2006. Traductions en italien et en anglais).

L'historien de l'anthropologie Claude Blanckaert, directeur de recherche au CNRS, qui a consacrĂ© une longue note critique Ă  l'ouvrage collectif Zoos humains XIXe et XXe siècles. De la VĂ©nus hottentote aux reality shows, publiĂ© par Nicolas Bancel et les animateurs de l'ACHAC, a conclu que « la valeur scientifique du livre est voisine de zĂ©ro et que l'opĂ©ration "zoos humains" se rĂ©duit Ă  l'ouverture d'un marchĂ© Ă©ditorial et plus gĂ©nĂ©ralement mĂ©diatico-culturel Â»[8]. Pour Claude Blanckaert, « dans sa forme, et parfois dans son fond, le livre Zoos humains n'Ă©chappe pas Ă  l'hyperbole commerciale et au sensationnalisme des spectacles qu'il dĂ©nonce. Â»[8] - [9].

À la suite de ces travaux, Nicolas Bancel s’est intéressé aux prolongements contemporains (postcoloniaux) de la situation coloniale. Tout en soulignant les dangers d’une vision systématique inférant des prolongements terme à terme, il met au jour de nombreuses filiations entre situations coloniales et contemporaines, dans le domaine tant de l’imaginaire politique, des représentations de l’Autre et de l’Ailleurs ou des héritages institutionnels. Dans ce cadre, il a publié en particulier De l’indigène à l’immigré (Gallimard, 1999, 2007), La fracture coloniale (La Découverte 2005, poche 2006), Culture postcoloniale (Autrement, 2007), Culture coloniale en France (Ed. du CNRS, 2009) ou encore Ruptures postcoloniales (La Découverte, 2010)[10].

Par ailleurs, il poursuit son travail sur le processus menant aux indépendances en Afrique de l’Ouest, en montrant leur caractère profondément ambivalent, caractérisé par une « libération » politique s’adossant à de multiples dépendances postcoloniales. Dans ce cadre, les activités culturelles – dont les sports et les mouvements de jeunesse – apparaissent comme le lieu encore incomplètement pensé d’une acculturation (en particulier des élites), qui éclaire les impasses des situations postcoloniales en Afrique. C’est dans ce cadre qu’il a codirigé un programme de recherche intitulé Pédagogies de l’aventure, modèles éducatifs et idéologie de la conquête du monde, sanctionné par l’ouvrage De l’Indochine à l’Algérie (La Découverte, 2003).

L’ouvrage La Fracture coloniale. La sociĂ©tĂ© française au prisme des hĂ©ritages coloniaux (2005) co-Ă©crit avec Pascal Blanchard et Sandrine Lemaire est celui qui a Ă©tĂ© le plus commentĂ©[11] notamment en raison des dĂ©bats portant sur la loi du 23 fĂ©vrier 2005 sur la reconnaissance dans les programmes scolaires du « rĂ´le positif de la prĂ©sence française en outre-mer Â»[12].
Dans cet ouvrage, on retrouve Ă©galement le penseur camerounais Achille Mbembe qui reprend donc cette idĂ©e de fracture coloniale : une fracture mĂ©morielle et historique due Ă  l’exclusion de l’histoire coloniale de l’espace national. Dans son chapitre : L’impensĂ© de la race,  il va au-delĂ  et remet Ă©galement en cause l’universalisme prĂ´nĂ© par « le modèle de la RĂ©publique française qui est ambigu Â»[13]. C'est un modèle qui nie l'altĂ©ritĂ© d'autrui.

Pour l'historien Michel Renard, les thèses de la « fracture coloniale Â» et de la « postcolonialitĂ© Â» qui expliqueraient le vĂ©cu et le langage de secteurs de la population française stigmatisĂ©s, ethnicisĂ©s, dĂ©rĂ©alisĂ©s, etc., ne s'appuient sur aucun travail historique. Il soutient que les auteurs utilisent « une image militante du passĂ© colonial qui altère gravement la rĂ©alitĂ© historique de la colonialitĂ©. En la schĂ©matisant Ă  l'extrĂŞme. »[14].
Pour Jean-Pierre ChrĂ©tien, « la thèse nous paraĂ®t rĂ©ductrice Ă  plus d’un titre Â», mais « la question est importante et mĂ©rite d'ĂŞtre discutĂ©e ».
Selon l'anthropologue Jean Copans, l'ouvrage est d'une lecture « bĂ©nĂ©fique Â» mais fait « l’impasse sur les dynamiques sociales et les configurations Ă©conomiques et politiques de l’évolution postcoloniale de la sociĂ©tĂ© française Â»[15].
Enfin, pour Daniel Lefeuvre, les auteurs de La Fracture coloniale abandonnent la mĂ©thode critique contre « l'instrumentalisation de l'histoire, confondant le champ de l'analyse et celui du jugement de valeur, brandissant un anachronique devoir de mĂ©moire fondĂ© sur nos vues contemporaines au risque de ne rien comprendre Ă  la culture politique des hommes du XIXe siècle »[16].
L'historienne Catherine Coquery-Vidrovitch relève quant Ă  elle les dĂ©bats suscitĂ©s par le livre : « l'accueil brutal parfois rĂ©servĂ© par les spĂ©cialistes au prĂ©sent ouvrage confirme un choc frontal entre « visions idĂ©ologiques obstinĂ©es et concurrentes Â» de la colonisation, des traites nĂ©grières ou des guerres coloniales (...) c'est un phĂ©nomène nouveau, nĂ© d'un amalgame de mĂ©moires travaillĂ©es par des affrontements politiques qui refusent de reconnaĂ®tre la complexitĂ© inhĂ©rente aux processus historiques Â»[17].

Principales publications

  • Images et Colonies, Iconographie et propagande coloniale sur l’Afrique française de 1880 Ă  1960, avec Pascal Blanchard et Laurent Gervereau, La DĂ©couverte, 1993.
  • L’Autre et Nous, « Scènes et Types », avec Pascal Blanchard, Gilles BoĂ«tsch, Syros, 1995.
  • Images d'Empire : 1930-1960. Trente ans d'images officielles en Afrique française, avec Pascal Blanchard et Francis Delabarre, La Documentation Française, 1997.
  • De l'indigène Ă  l'immigrĂ©, avec Pascal Blanchard, Gallimard, coll. « DĂ©couvertes Gallimard / Histoire » (no 345), 1998[18].
  • Du guerrier Ă  l'athlète : Ă©lĂ©ments d'histoire des pratiques corporelles, avec Jean-Marc Gayman, PUF, 2002.
  • Zoos humains : XIXe et XXe siècles, Ă©ditions La DĂ©couverte, 2002.
  • De l'Indochine Ă  l'AlgĂ©rie : la jeunesse en mouvements des deux cĂ´tĂ©s du miroir colonial, 1940-1962, avec Daniel Denis et Youssef Fates, Ă©ditions La DĂ©couverte, 2003.
  • La RĂ©publique coloniale : essai sur une utopie, avec Pascal Blanchard et Françoise Vergès, Albin Michel, 2003.
  • Zoos humains : aux temps des exhibitions humaines, avec Pascal Blanchard, Gilles BoĂ«tsch, Eric Deroo et Sandrine Lemaire, Ă©ditions La DĂ©couverte, 2004[19].
  • La fracture coloniale : la sociĂ©tĂ© française au prisme de l'hĂ©ritage colonial, Ă©ditions La DĂ©couverte, 2005[20].
  • La RĂ©publique coloniale, Ă©ditions Hachette, collection Hachette Pluriel, 2006
  • Lyon capitale des outre-mers 1872-2007 - Immigration des suds et culture coloniale, Ă©ditions La DĂ©couverte, 2007[21].
  • La colonisation française, avec Pascal Blanchard et Françoise Vergès, Milan, 2007.
  • Culture post-coloniale, 1961-2006 : traces et mĂ©moires coloniales en France, avec Pascal Blanchard, Ă©ditions Autrement, 2008.
  • Frontière d'empire du Nord Ă  l'Est, avec Pascal Blanchard, Ă©ditions Autrement, 2008.
  • Human Zoos. Science and Spectacle in the Age of Empire, avec Pascal Blanchard, Gilles BoĂ«tsch, Eric Deroo et Sandrine Lemaire, Liverpool University Press/Stony Brook New York University Press, 2009.
  • Le football en Suisse. Enjeux sociaux et symboliques d’un spectacle universel, avec Thomas David, Fabien Ohl, Ă©ditions CIES, 2009.
  • Ruptures postcoloniales, avec Florence Bernault, Pascal Blanchard, Ahmed Boubeker, Achille Mbembe et Françoise Vergès, Ă©ditions La DĂ©couverte, 2010.
  • "MenschenZoos - Schaufenster der Unmenschlichkeit" avec Pascal Blanchard, Gilles BoĂ«tsch, Eric Deroo et Sandrine Lemaire, « Les Éditions du Crieur Public »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), Hambourg, 2012.
  • La France noire, (avec Pascal Blanchard, Sylvie Chalaye, Eric Deroo, Dominic Thomas, Mahamet Timera, Alain Mabanckou, Ă©ditions La DĂ©couverte, 2011.
  • La France arabo-orientale, (avec Pascal Blanchard, NaĂŻma Yahi, Yvan Gastaut), Paris, Ă©ditions La DĂ©couverte, 2013.
  • L'invention de la race, (avec Dominic Thomas et Thomas David) Ă©ditions La DĂ©couverte, 2014.
  • Le Grand Repli, (avec Pascal Blanchard et Ahmed Boubeker), Ă©ditions La DĂ©couverte, 2015.
  • Vers la guerre des identitĂ©s ?, (avec Pascal Blanchard et Dominic Thomas), Ă©ditions La DĂ©couverte, 2016.
  • Building Europe with the ball. Turning points in the Europeanization of Football, 1905-1995 (avec GrĂ©gory Quin et Philippe Vonnard), Ă©ditions Peter Lang UK, 2016.
  • La forge corporelle du politique (avec Thomas Riot), Politique africaine, n° 147, octobre 2017.
  • Sexe, race & colonies. La domination des corps du XVe siècle Ă  nos jours (avec Gilles BoĂ«tsch, Pascal Blanchard (historien), Christelle Taraud, Dominic Thomas), La DĂ©couverte, 2018.
  • SexualitĂ©s, identitĂ©s & corps colonisĂ©s (avec Gilles BoĂ«tsch, Pascal Blanchard, Sylvie Chalaye, Fanny Robles, T. Denean Sharpley-Whiting, Jean-François Staszak, Christelle Taraud, Dominic Thomas et NaĂŻma Yahi), CNRS Éditions, 2019.
  • Le postcolonialsme, PUF, 2019.
  • DĂ©colonisations ? Élites, jeunesse et pouvoir en Afrique occidentale française (1945-1960), Ă©ditions de la Sorbonne, 2022.

Notes et références

  1. Site du Groupe de recherche Achac
  2. Page institutionnelle de Fabien Ohl sur le site de l'université de Lausanne
  3. Page institutionnelle de Thomas David sur le site de l'université de Lausanne
  4. La question post-coloniale: Une analyse géopolitique, Yves Lacoste, Librairie Arthème Fayard, 2010
  5. Das Unheimliche (Postcolonialisme et reconfiguration à l’extrême gauche) Autour d’une configuration, Vincent Chambarlhac, revuesshs.u-bourgogne.fr, 3 mai 2013
  6. http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/elections-2007/20070227.OBS4464/avant-qu-il-ne-soit-trop-tard.html, tempsreel.nouvelobs.com, 13-03-2007
  7. Droit de vote des étrangers : une campagne pour convaincre, Libération, 6 décembre, 2012
  8. Les bonimenteurs du postcolonial business en quête de respectabilité académique, lexpress.fr, 26/12/2019 à 07:00 , mis à jour le 03/01/2020
  9. Claude Blanckaert, Spectacles ethniques et culture de masse au temps des colonies, Revue d'Histoire des Sciences Humaines, 2002/2 (no 7), pages 223 Ă  232
  10. La semaine anticoloniale : un rendez-vous de la gauche radicale, Sylvain Boulouque, nouvelobs.com, 28 février 2012
  11. Note de lecture rédigée par Monique Abellard, professeur au lycée Paul-Lapie, Courbevoie (92), « cndp », sur www2.cndp.fr
  12. Comment écrire l'histoire de la colonisation ?, Entretien avec Pascal Blanchard, Le Monde.fr, 8 décembre 2005
  13. , annakelsat.com, blog personnel sans nom d'auteur
  14. l'aphasie de Nicolas Bancel et Pascal Blanchard face aux critiques historiennes, Ă©tudes coloniales, 26 janvier 2008
  15. Autour d’un livre, Politique africaine, 2006/2 (N° 102)
  16. cité par Nobert Dordille, Introduction aux discours coloniaux, PUPS, 2011, p.24
  17. Catherine Coquery-Vidrovitch, « Autour d'un livre », Politique africaine, no 102,‎ , p. 189–207 (ISSN 0244-7827, lire en ligne, consulté le )
  18. De l'indigène à l'immigré sur le site du groupe de recherche ACHAC
  19. Zoos humains : aux temps des exhibitions humaines, sur le site du groupe de recherche ACHAC
  20. La fracture coloniale : la société française au prisme de l'héritage colonial, sur le site du groupe de recherche ACHAC
  21. Lyon capitale des outre-mers 1872-2007 - Immigration des suds et culture coloniale, sur le site http://www.coffret-immigration.com

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