Ahmadou Kourouma
Ahmadou Kourouma, né le à Boundiali en CÎte d'Ivoire et mort le à Bron en France, est un écrivain ivoirien.
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Prix Maillé-Latour-Landry (1970) Prix du Livre Inter (1998) Grand prix Jean-Giono (2000) Prix Renaudot (2000) Prix Goncourt des lycéens (2000) |
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Biographie
Ahmadou Kourouma est un Ă©crivain ivoirien d'ethnie malinkĂ©. Son nom signifie « guerrier[1] » en langue malinkĂ©. Son pĂšre est un marchand de noix de kola. Il vit une partie de son enfance Ă Togobala en GuinĂ©e[2]. Ce lieu a constituĂ© un des cadres de Les Soleils des indĂ©pendances, sa premiĂšre Ćuvre. Sous la responsabilitĂ© de son oncle Fondio, il frĂ©quente l'Ă©cole rurale de Boundiali, Ă partir de l'Ăąge de sept ans, dĂšs 1935. Il poursuit ses Ă©tudes Ă l'Ă©cole rĂ©gionale de Korhogo (dans le nord de la CĂŽte d'Ivoire) (1942), Ă l'Ă©cole primaire supĂ©rieure de Bingerville (1943) et Ă l'Ă©cole technique supĂ©rieure de Bamako (1947). Deux annĂ©es plus tard, il est renvoyĂ© de l'Ă©cole pour avoir conduit des mouvements estudiantins et retourne en CĂŽte d'Ivoire en tant que tirailleur au Bataillon autonome de CĂŽte d'Ivoire Ă BouakĂ©[2]. Cette pĂ©riode coĂŻncide avec les luttes pour l'indĂ©pendance des colonies africaines. Il est arrĂȘtĂ© pour insubordination aprĂšs avoir refusĂ© de prendre part Ă des interventions visant la rĂ©pression des manifestations du Rassemblement dĂ©mocratique africain (RDA). Comme sanction, il est emprisonnĂ©, dĂ©gradĂ© et forcĂ© de se rendre en Indochine[2].
De 1950 Ă 1954, il est envoyĂ© comme tirailleur sĂ©nĂ©galais en Indochine, Ă titre disciplinaire, avant de rejoindre la mĂ©tropole pour suivre des Ă©tudes de mathĂ©matiques et d'actuariat Ă Lyon en France (Ă l'ISFA, Institut de science financiĂšre et d'assurances). En 1960, lors de lâindĂ©pendance de la CĂŽte d'Ivoire, il revient vivre dans son pays natal. En 1961, il travaille comme sous-directeur de la Caisse Nationale de PrĂ©voyance Sociale. Mais il est trĂšs vite inquiĂ©tĂ© par le rĂ©gime du prĂ©sident FĂ©lix HouphouĂ«t-Boigny. Il connaĂźt la prison avant de partir en exil dans diffĂ©rents pays dont l'AlgĂ©rie (1964-1969). LĂ -bas, il participe Ă la crĂ©ation de la Caisse algĂ©rienne d'assurance et de rĂ©assurance[2]. Il quitte l'AlgĂ©rie pour la France en 1969. Il est embauchĂ© dans une banque parisienne et occupe le poste de sous-directeur d'une de ses agences Ă Abidjan en 1971. Ahmadou Kourouma est aussi un grand athlĂšte. Il est champion de saut en longueur en Indochine et champion de saut en hauteur Ă l'universitĂ© de Lyon. Il a remportĂ© plusieurs titres sportifs[2]. Il vit Ă©galement au Cameroun (1974-1984) et au Togo (1984-1994) avant de revenir vivre en CĂŽte d'Ivoire.
En 1968, son premier roman, Les Soleils des indĂ©pendances, porte un regard trĂšs critique sur les gouvernants de lâaprĂšs-dĂ©colonisation. En 1972, il tente de faire reprĂ©senter sur scĂšne sa piĂšce de thĂ©Ăątre Tougnantigui ou le Diseur de vĂ©ritĂ©. En 1988, son deuxiĂšme roman, MonnĂš, outrages et dĂ©fis, retrace un siĂšcle dâhistoire coloniale.
En 1998, son troisiĂšme roman, En attendant le vote des bĂȘtes sauvages, raconte lâhistoire dâun chasseur de la « tribu des hommes nus » qui devient dictateur. Ă travers ce roman, qui obtient le Prix du Livre Inter, on reconnaĂźt facilement le parcours du chef d'Ătat togolais GnassingbĂ© Eyadema et diverses personnalitĂ©s politiques africaines contemporaines.
En 2000, son quatriĂšme roman, Allah n'est pas obligĂ©, raconte lâhistoire dâun enfant orphelin qui, parti rejoindre sa tante au Liberia, y devient enfant soldat. Ce livre obtient le Prix Renaudot et le Prix Goncourt des lycĂ©ens. La mĂȘme annĂ©e, il est rĂ©compensĂ© par le grand prix Jean-Giono pour l'ensemble de son Ćuvre[3].
Lorsquâen , la guerre civile Ă©clate en CĂŽte d'Ivoire, il prend position contre lâivoiritĂ©, « une absurditĂ© qui nous a menĂ©s au dĂ©sordre » et pour le retour de la paix dans son pays.
Au moment de sa mort, il travaillait Ă la rĂ©daction dâun nouveau livre, Quand on refuse on dit non, une suite dâAllah n'est pas obligĂ© : le jeune hĂ©ros, enfant soldat dĂ©mobilisĂ©, retourne en CĂŽte dâIvoire Ă Daloa, et vit le conflit ivoirien. Ce roman est publiĂ© Ă titre posthume en 2004.
Kourouma est marié à une Française rencontrée pendant son séjour à Lyon, et il est pÚre de quatre enfants. Onze ans aprÚs sa mort, en , sa dépouille est transférée de Lyon en CÎte d'Ivoire[5] - [6].
Ćuvre
Théùtre
- Tougnantigui ou le Diseur de vérité, piÚce censurée aprÚs quelques représentations à Abidjan en 1972, reprise en 1996, puis éditée en 1998 chez Acoria,
- Allah n'est pas obligé a été créé au Théùtre de Poche de Bruxelles en (adaptation de Christian Leblicq) avec Ansou Diedhiou, Enrico Lukaya Kabaka et Florin Siniha. Musicien : Adama Ouedraogo. Mise en scÚne de René Georges, assisté de Grazia Di Vincenzo.
Romans
- 1968 : Les Soleils des indĂ©pendances (Presses de l'UniversitĂ© de MontrĂ©al, publiĂ© au Seuil en 1970), obtient sur manuscrit le Prix 1968 de la revue quĂ©bĂ©coise Ătudes françaises. et en 1970, le prix MaillĂ©-Latour-Landry de lâAcadĂ©mie française.
- 1990 : MonnÚ, outrages et défis (Seuil), Grand prix littéraire d'Afrique noire[7].
- 1998 : En attendant le vote des bĂȘtes sauvages (Seuil 1999) (Prix du Livre Inter).
- Un extrait du roman, alors quâAhamadou Kourouma y travaillait encore, a Ă©tĂ© publiĂ© sous le titre « Comment le guide suprĂȘme dĂ©barrassa le pays des quatre monstres qui le terrorisaient », Ătudes françaises, vol. 31, no 1,â , p. 7-11 (lire en ligne).
- 2000 : Allah n'est pas obligé (Seuil) (Prix Amerigo-Vespucci, Prix Renaudot, Prix Goncourt des lycéens).
- 2004 : Quand on refuse on dit non (Seuil).
- Ćuvres complĂštes â Ahmadou Kourouma, Les Soleils des indĂ©pendances ; MonnĂš, outrages et dĂ©fis ; En attendant le vote des bĂȘtes sauvages ; Allah n'est pas obligĂ© ; Quand on refuse on dit non ; Le Diseur de vĂ©ritĂ©, Le Seuil, (ISBN 978-2-02-103461-5)
Livres pour enfants
- 1998 : Yacouba, chasseur africain (Gallimard Jeunesse, coll. Folio Junior, illustrations de Claude et Denise Millet).
- 2000 : Le Griot, homme de parole (Ădition Grandir).
- 2000 : Le Chasseur, hĂ©ros africain (Ădition Grandir).
- 2000 : Le Forgeron, homme de savoir (Ădition Grandir).
- 2000 : Prince, Suzerain actif (Ădition Grandir).
Articles et entretiens
- « 10 Traduire lâintraduisible », dans Lise Gauvin, L'Ă©crivain francophone Ă la croisĂ©e des langues. Entretiens, Paris, Karthala, (lire en ligne), p. 153-162
- « ââIl faudrait qu'on parle de nous.ââ Entretien avec Ahmadou Kourouma. Propos recueillis par Manfred Loimeier », Africultures, vol. 54, no 1,â , p. 199-200 (lire en ligne)
- « Ăcrire en français, penser dans sa langue maternelle », Ătudes françaises, vol. 33, no 1,â , p. 115-118 (lire en ligne)
Autres livres
- 2003 : Paroles de griots avec Ousmane Sow et Mathilde Voinchet, Ă©ditions Albin Michel.
- 2004 : avant-propos du livre de Cabakulu Mwamba, Maxi proverbes africains, (ISBN 978-2-501-04250-5)
Hommages
En hommage Ă son Ćuvre, une maison porte son nom Ă Lyon. SituĂ©e dans le Jardin des Chartreux dans le 1er arrondissement, la Maison Ahmadou-Kourouma accueille des associations. L'inauguration a eu lieu le .
Un prix littéraire décerné au Salon du livre de GenÚve depuis 2004 porte son nom. Le prix Ahmadou-Kourouma récompense chaque année un ouvrage consacré à l'Afrique noire.
Annexes
Bibliographie
- CĂ©cile Bishop, « Ahmadou Kourouma », dans Christiane Chaulet Achour, avec la collaboration de Corinne Blanchaud [sous la dir. de], Dictionnaire des Ă©crivains francophones classiques : Afrique subsaharienne, CaraĂŻbe, Maghreb, Machrek, OcĂ©an Indien, Ăditions HonorĂ© Champion, Paris, 2010, p. 245-248 (ISBN 978-2-7453-2126-8).
- Collectif, « Ahmadou Kourouma ou lâĂ©criture comme mĂ©moire du temps prĂ©sent », Ătudes françaises, numĂ©ro prĂ©parĂ© par Josias Semujanga et Alexie Tcheuyap, vol. 42, n° 3, 2006, 155 p.[8].
- Charles Edgar Mombo, Réception en France des romans d'Ahmadou Kourouma, Sony Labou Tansi et de Calixthe Beyala, Université Paris-Est Créteil Val-de-Marne, 2004, 336 p. (thÚse de littérature francophone).
- Florence Davaille, « Les dessous de la littĂ©rature : quand Georges-AndrĂ© Vachon pousse Ahmadou Kourouma Ă rĂ©crire Les soleils des indĂ©pendances », Ătudes françaises, vol. 50, nos 1-2,â , p. 25-47 (lire en ligne).
- Gilbert Gardes, La case de l'oncle Ahmadou, inauguration Ă Lyon de la "Maison Ahmadou Kourouma", Bulletin municipal officiel de la Ville de Lyon, , 2 pages, 9 illustrations.
- Cahier spécial « Ahmadou Kourouma : l'héritage » in Notre Librairie no 155-156, juillet- [PDF] (268 ko).
- Jean Ouédrago et Yves Dakouo, Allah n'est pas obligé d'Ahmadou Kourouma, Bienne-Gollion/Paris, ACEL-Infolio éditions, collection Le cippe, 2011.
- Kamissoko, Gaoussou. - «Les soleils des indépendances ». - Fraternité Matin, n°1179, 29 octobre 1968. - p. 7
- Kane, Mohamadou. - «Les soleils des indĂ©pendances » ActualitĂ© de la littĂ©rature africaine d'expression française. - In RĂ©flexion sur la premiĂšre dĂ©cennie des IndĂ©pendances en Afrique Noire. - PrĂ©sence Africaine, numĂ©ro spĂ©cial, 3e trimestre 1971. - pp. 235â240.
- Pageard, Robert. - «Les soleils des indĂ©pendances ». - In LittĂ©rature nĂ©gro-africaine. - Paris, Le Livre Africain, 1972 (1re Ă©d. 1966). - pp. 91â92.
- Ano, N. - «Tougnantigui; l'expression théùtrale ». - Fraternité Matin, n°2457, 23 janvier 1973. - p. 8.
- Bonneau, Richard. - «Tougnantigui ou le diseur de vĂ©ritĂ© ». - Eburnea, n°68, fĂ©vrier 1973. - pp. 37â39.
- Kouassi, Guy. - «Tougnantigui au Théùtre de la Cité : un travail de mise en scÚne ». - Fraternité Matin, n°2422, 9-10 décembre 1972. - p. 10
- Amadou KonĂ©, « Lâeffet de rĂ©el dans les romans de Kourouma », Ătudes françaises, vol. 31, no 1,â , p. 13-22 (lire en ligne)
Article connexe
- Le prix Ahmadou-Kourouma est un prix littéraire décerné chaque année lors du Salon international du livre et de la presse de GenÚve.
Liens externes
- Ressources relatives à la littérature :
- Ressource relative au spectacle :
- Ressource relative Ă l'audiovisuel :
- Ressource relative Ă la musique :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
Notes et références
- « Jean-Louis JOUBERT, « KOUROUMA AHMADOU - (1927-2003) » », EncyclopÊdia Universalis (consulté le )
- Richard Bonneau, Ăcrivains, cinĂ©astes et artistes ivoiriens : aperçu bio-bibliographique, Abidjan, NEA, , 175 p. (lire en ligne), pp. 116-118
- « Les grands auteurs africains de langue française », Afrique contemporaine, 1/2012 (n° 241), p. 116-117, en ligne, DOI 10.3917/afco.241.0116
- Ătat civil sur le fichier des personnes dĂ©cĂ©dĂ©es en France depuis 1970
- « MinistÚre de la Culture et de la Francophonie », sur culture.gouv.ci (consulté le ).
- « CĂŽte dâivoire : Le corps dâAhmadou Kourouma rapatriĂ© dans son pays natal », (consultĂ© le )
- Grand prix littéraire de l'Afrique noire. Liste des lauréats, [lire en ligne], consulté le 14 avril 2016
- Ahmadou Kourouma ou lâĂ©criture comme mĂ©moire du temps prĂ©sent