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Ahmadou Kourouma

Ahmadou Kourouma, né le à Boundiali en CÎte d'Ivoire et mort le à Bron en France, est un écrivain ivoirien.

Biographie

Ahmadou Kourouma est un Ă©crivain ivoirien d'ethnie malinkĂ©. Son nom signifie « guerrier[1] » en langue malinkĂ©. Son pĂšre est un marchand de noix de kola. Il vit une partie de son enfance Ă  Togobala en GuinĂ©e[2]. Ce lieu a constituĂ© un des cadres de Les Soleils des indĂ©pendances, sa premiĂšre Ɠuvre. Sous la responsabilitĂ© de son oncle Fondio, il frĂ©quente l'Ă©cole rurale de Boundiali, Ă  partir de l'Ăąge de sept ans, dĂšs 1935. Il poursuit ses Ă©tudes Ă  l'Ă©cole rĂ©gionale de Korhogo (dans le nord de la CĂŽte d'Ivoire) (1942), Ă  l'Ă©cole primaire supĂ©rieure de Bingerville (1943) et Ă  l'Ă©cole technique supĂ©rieure de Bamako (1947). Deux annĂ©es plus tard, il est renvoyĂ© de l'Ă©cole pour avoir conduit des mouvements estudiantins et retourne en CĂŽte d'Ivoire en tant que tirailleur au Bataillon autonome de CĂŽte d'Ivoire Ă  BouakĂ©[2]. Cette pĂ©riode coĂŻncide avec les luttes pour l'indĂ©pendance des colonies africaines. Il est arrĂȘtĂ© pour insubordination aprĂšs avoir refusĂ© de prendre part Ă  des interventions visant la rĂ©pression des manifestations du Rassemblement dĂ©mocratique africain (RDA). Comme sanction, il est emprisonnĂ©, dĂ©gradĂ© et forcĂ© de se rendre en Indochine[2].

De 1950 Ă  1954, il est envoyĂ© comme tirailleur sĂ©nĂ©galais en Indochine, Ă  titre disciplinaire, avant de rejoindre la mĂ©tropole pour suivre des Ă©tudes de mathĂ©matiques et d'actuariat Ă  Lyon en France (Ă  l'ISFA, Institut de science financiĂšre et d'assurances). En 1960, lors de l’indĂ©pendance de la CĂŽte d'Ivoire, il revient vivre dans son pays natal. En 1961, il travaille comme sous-directeur de la Caisse Nationale de PrĂ©voyance Sociale. Mais il est trĂšs vite inquiĂ©tĂ© par le rĂ©gime du prĂ©sident FĂ©lix HouphouĂ«t-Boigny. Il connaĂźt la prison avant de partir en exil dans diffĂ©rents pays dont l'AlgĂ©rie (1964-1969). LĂ -bas, il participe Ă  la crĂ©ation de la Caisse algĂ©rienne d'assurance et de rĂ©assurance[2]. Il quitte l'AlgĂ©rie pour la France en 1969. Il est embauchĂ© dans une banque parisienne et occupe le poste de sous-directeur d'une de ses agences Ă  Abidjan en 1971. Ahmadou Kourouma est aussi un grand athlĂšte. Il est champion de saut en longueur en Indochine et champion de saut en hauteur Ă  l'universitĂ© de Lyon. Il a remportĂ© plusieurs titres sportifs[2]. Il vit Ă©galement au Cameroun (1974-1984) et au Togo (1984-1994) avant de revenir vivre en CĂŽte d'Ivoire.

En 1968, son premier roman, Les Soleils des indĂ©pendances, porte un regard trĂšs critique sur les gouvernants de l’aprĂšs-dĂ©colonisation. En 1972, il tente de faire reprĂ©senter sur scĂšne sa piĂšce de thĂ©Ăątre Tougnantigui ou le Diseur de vĂ©ritĂ©. En 1988, son deuxiĂšme roman, MonnĂš, outrages et dĂ©fis, retrace un siĂšcle d’histoire coloniale.

En 1998, son troisiĂšme roman, En attendant le vote des bĂȘtes sauvages, raconte l’histoire d’un chasseur de la « tribu des hommes nus » qui devient dictateur. À travers ce roman, qui obtient le Prix du Livre Inter, on reconnaĂźt facilement le parcours du chef d'État togolais GnassingbĂ© Eyadema et diverses personnalitĂ©s politiques africaines contemporaines.

En 2000, son quatriĂšme roman, Allah n'est pas obligĂ©, raconte l’histoire d’un enfant orphelin qui, parti rejoindre sa tante au Liberia, y devient enfant soldat. Ce livre obtient le Prix Renaudot et le Prix Goncourt des lycĂ©ens. La mĂȘme annĂ©e, il est rĂ©compensĂ© par le grand prix Jean-Giono pour l'ensemble de son Ɠuvre[3].

Lorsqu’en , la guerre civile Ă©clate en CĂŽte d'Ivoire, il prend position contre l’ivoiritĂ©, « une absurditĂ© qui nous a menĂ©s au dĂ©sordre » et pour le retour de la paix dans son pays.

Il meurt le Ă  Bron[4].

Au moment de sa mort, il travaillait Ă  la rĂ©daction d’un nouveau livre, Quand on refuse on dit non, une suite d’Allah n'est pas obligĂ© : le jeune hĂ©ros, enfant soldat dĂ©mobilisĂ©, retourne en CĂŽte d’Ivoire Ă  Daloa, et vit le conflit ivoirien. Ce roman est publiĂ© Ă  titre posthume en 2004.

Kourouma est marié à une Française rencontrée pendant son séjour à Lyon, et il est pÚre de quatre enfants. Onze ans aprÚs sa mort, en , sa dépouille est transférée de Lyon en CÎte d'Ivoire[5] - [6].

ƒuvre

Théùtre

  • Tougnantigui ou le Diseur de vĂ©ritĂ©, piĂšce censurĂ©e aprĂšs quelques reprĂ©sentations Ă  Abidjan en 1972, reprise en 1996, puis Ă©ditĂ©e en 1998 chez Acoria,
  • Allah n'est pas obligĂ© a Ă©tĂ© crĂ©Ă© au ThĂ©Ăątre de Poche de Bruxelles en (adaptation de Christian Leblicq) avec Ansou Diedhiou, Enrico Lukaya Kabaka et Florin Siniha. Musicien : Adama Ouedraogo. Mise en scĂšne de RenĂ© Georges, assistĂ© de Grazia Di Vincenzo.

Romans

Livres pour enfants

  • 1998 : Yacouba, chasseur africain (Gallimard Jeunesse, coll. Folio Junior, illustrations de Claude et Denise Millet).
  • 2000 : Le Griot, homme de parole (Édition Grandir).
  • 2000 : Le Chasseur, hĂ©ros africain (Édition Grandir).
  • 2000 : Le Forgeron, homme de savoir (Édition Grandir).
  • 2000 : Prince, Suzerain actif (Édition Grandir).

Articles et entretiens

  • « 10 Traduire l’intraduisible », dans Lise Gauvin, L'Ă©crivain francophone Ă  la croisĂ©e des langues. Entretiens, Paris, Karthala, (lire en ligne), p. 153-162
  • « ‘‘Il faudrait qu'on parle de nous.’’ Entretien avec Ahmadou Kourouma. Propos recueillis par Manfred Loimeier », Africultures, vol. 54, no 1,‎ , p. 199-200 (lire en ligne)
  • « Écrire en français, penser dans sa langue maternelle », Études françaises, vol. 33, no 1,‎ , p. 115-118 (lire en ligne)

Autres livres

Hommages

En hommage Ă  son Ɠuvre, une maison porte son nom Ă  Lyon. SituĂ©e dans le Jardin des Chartreux dans le 1er arrondissement, la Maison Ahmadou-Kourouma accueille des associations. L'inauguration a eu lieu le .

Un prix littéraire décerné au Salon du livre de GenÚve depuis 2004 porte son nom. Le prix Ahmadou-Kourouma récompense chaque année un ouvrage consacré à l'Afrique noire.

Annexes

Bibliographie

  • CĂ©cile Bishop, « Ahmadou Kourouma », dans Christiane Chaulet Achour, avec la collaboration de Corinne Blanchaud [sous la dir. de], Dictionnaire des Ă©crivains francophones classiques : Afrique subsaharienne, CaraĂŻbe, Maghreb, Machrek, OcĂ©an Indien, Éditions HonorĂ© Champion, Paris, 2010, p. 245-248 (ISBN 978-2-7453-2126-8).
  • Collectif, « Ahmadou Kourouma ou l’écriture comme mĂ©moire du temps prĂ©sent », Études françaises, numĂ©ro prĂ©parĂ© par Josias Semujanga et Alexie Tcheuyap, vol. 42, n° 3, 2006, 155 p.[8].
  • Charles Edgar Mombo, RĂ©ception en France des romans d'Ahmadou Kourouma, Sony Labou Tansi et de Calixthe Beyala, UniversitĂ© Paris-Est CrĂ©teil Val-de-Marne, 2004, 336 p. (thĂšse de littĂ©rature francophone).
  • Florence Davaille, « Les dessous de la littĂ©rature : quand Georges-AndrĂ© Vachon pousse Ahmadou Kourouma Ă  rĂ©crire Les soleils des indĂ©pendances », Études françaises, vol. 50, nos 1-2,‎ , p. 25-47 (lire en ligne).
  • Gilbert Gardes, La case de l'oncle Ahmadou, inauguration Ă  Lyon de la "Maison Ahmadou Kourouma", Bulletin municipal officiel de la Ville de Lyon, , 2 pages, 9 illustrations.
  • Cahier spĂ©cial « Ahmadou Kourouma : l'hĂ©ritage » in Notre Librairie no 155-156, juillet- [PDF] (268 ko).
  • Jean OuĂ©drago et Yves Dakouo, Allah n'est pas obligĂ© d'Ahmadou Kourouma, Bienne-Gollion/Paris, ACEL-Infolio Ă©ditions, collection Le cippe, 2011.
  • Kamissoko, Gaoussou. - «Les soleils des indĂ©pendances ». - FraternitĂ© Matin, n°1179, 29 octobre 1968. - p. 7
  • Kane, Mohamadou. - «Les soleils des indĂ©pendances » ActualitĂ© de la littĂ©rature africaine d'expression française. - In RĂ©flexion sur la premiĂšre dĂ©cennie des IndĂ©pendances en Afrique Noire. - PrĂ©sence Africaine, numĂ©ro spĂ©cial, 3e trimestre 1971. - pp. 235–240.
  • Pageard, Robert. - «Les soleils des indĂ©pendances ». - In LittĂ©rature nĂ©gro-africaine. - Paris, Le Livre Africain, 1972 (1re Ă©d. 1966). - pp. 91–92.
  • Ano, N. - «Tougnantigui; l'expression thĂ©Ăątrale ». - FraternitĂ© Matin, n°2457, 23 janvier 1973. - p. 8.
  • Bonneau, Richard. - «Tougnantigui ou le diseur de vĂ©ritĂ© ». - Eburnea, n°68, fĂ©vrier 1973. - pp. 37–39.
  • Kouassi, Guy. - «Tougnantigui au ThĂ©Ăątre de la CitĂ© : un travail de mise en scĂšne ». - FraternitĂ© Matin, n°2422, 9-10 dĂ©cembre 1972. - p. 10
  • Amadou KonĂ©, « L’effet de rĂ©el dans les romans de Kourouma », Études françaises, vol. 31, no 1,‎ , p. 13-22 (lire en ligne)

Article connexe

Liens externes

Notes et références

  1. « Jean-Louis JOUBERT, « KOUROUMA AHMADOU - (1927-2003) » », EncyclopÊdia Universalis (consulté le )
  2. Richard Bonneau, Écrivains, cinĂ©astes et artistes ivoiriens : aperçu bio-bibliographique, Abidjan, NEA, , 175 p. (lire en ligne), pp. 116-118
  3. « Les grands auteurs africains de langue française », Afrique contemporaine, 1/2012 (n° 241), p. 116-117, en ligne, DOI 10.3917/afco.241.0116
  4. État civil sur le fichier des personnes dĂ©cĂ©dĂ©es en France depuis 1970
  5. « MinistÚre de la Culture et de la Francophonie », sur culture.gouv.ci (consulté le ).
  6. « CĂŽte d’ivoire : Le corps d’Ahmadou Kourouma rapatriĂ© dans son pays natal », (consultĂ© le )
  7. Grand prix littéraire de l'Afrique noire. Liste des lauréats, [lire en ligne], consulté le 14 avril 2016
  8. Ahmadou Kourouma ou l’écriture comme mĂ©moire du temps prĂ©sent
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