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Messali Hadj

Ahmed Messali dit Messali El-Hadj (en arabe : Ù…Ű”Ű§Ù„ÙŠ Ű§Ù„Ű­Ű§ŰŹ, en amazighe : ┎┚┚⎰┍┉ ┍┃⎰⎔), nĂ© Ă  Tlemcen le et mort Ă  Gouvieux, dans l’Oise, le , est un homme politique algĂ©rien ayant jouĂ© un rĂŽle pionnier dans le processus menant Ă  l'indĂ©pendance algĂ©rienne. Il rĂ©clame dĂšs 1927 l'indĂ©pendance de l'AlgĂ©rie. Il est le fondateur du Parti du peuple algĂ©rien (PPA), du Mouvement pour le triomphe des libertĂ©s dĂ©mocratiques (MTLD) et du Mouvement national algĂ©rien (MNA). Messali Hadj crĂ©e le MNA dans un contexte de lutte fratricide engagĂ©e contre le Front de libĂ©ration nationale (FLN) pour la direction de la lutte armĂ©e. DĂšs 1957, le MNA est dĂ©capitĂ© par le FLN et Messali Hadj privĂ© de tout rĂŽle politique au sein des instances dirigeantes de la lutte armĂ©e pour l'indĂ©pendance de l'AlgĂ©rie.

Messali Hadj

┎┚┚⎰┍┉ ┍┃⎰⎔ (ber) Ù…Ű”Ű§Ù„ÙŠ Ű§Ù„Ű­Ű§ŰŹ
Illustration.
Fonctions
Président
ENA-PPA-MTLD-MNA
–
Prédécesseur Poste créé
Successeur Poste supprimé
Biographie
Nom de naissance Ahmed Messali
Date de naissance
Lieu de naissance Tlemcen (Algérie)
Date de dĂ©cĂšs (Ă  76 ans)
Lieu de décÚs Gouvieux (France)
Nationalité algérienne
Parti politique Étoile nord-africaine
PPA
MTLD
MNA
Conjoint Émilie Busquant (1901-1953)
Enfants Ali (1930-2008), Djanina (1938-)

Parcours

Messali Hadj dans une rue d'Alger.

Pionnier de l'idĂ©e d'indĂ©pendance[1] - [2] - [3], pĂšre du nationalisme algĂ©rien[4] - [5] - [6] - [7] - [8] - [9], il est aussi considĂ©rĂ© comme pĂšre du nationalisme nord-africain par beaucoup de personnalitĂ©s maghrĂ©bines et europĂ©ennes[10], notamment Habib Bourguiba[11]. Messali Hadj est le fondateur des premiĂšres organisations indĂ©pendantistes algĂ©riennes[12], il est nommĂ© secrĂ©taire de l'Étoile nord-africaine (ENA). AprĂšs sa dissolution, Messali fonde en 1937 le Parti du peuple algĂ©rien (PPA).

AprĂšs son interdiction par la France, il fonde le Mouvement pour le triomphe des libertĂ©s dĂ©mocratiques (MTLD) en 1946, viviers dans lesquels vont naĂźtre les cadres de la lutte de libĂ©ration nationale, et il sera le chef national de l'Organisation spĂ©ciale, la branche armĂ©e du PPA clandestine crĂ©Ă©e lors du congrĂšs du MTLD. Le congrĂšs charge Mohamed Belouizdad d'ĂȘtre responsable du recrutement et de la formation des hommes Ă  la lutte pour l'indĂ©pendance de l'AlgĂ©rie[13].

Il fonde en 1954, le Mouvement national algérien et s'oppose au Front de libération nationale militairement. L'argent de la ligue arabe servait à mener la lutte contre le MNA en France. En 1957, Messali Hadj appelle à la cessation des attentats, il invite ses partisans à déposer les armes. L'affaire de Bellounis pousse plusieurs partisans du MNA à rejoindre les rangs du FLN.

AprĂšs l'indĂ©pendance, le FLN « jette un voile pudique » sur cette guerre entre le MNA et le FLN. Officiellement, Messali Hadj ne sera pas jugĂ©[14]. Il demandera et obtiendra sa nationalitĂ© algĂ©rienne en 1965[14], mais son passeport algĂ©rien, trois fois refusĂ©, lui sera accordĂ© seulement vers fin , au moment oĂč son Ă©tat de santĂ© se dĂ©gradait[15].

À sa mort en 1974, il est rapatriĂ© et il sera enterrĂ© Ă  Tlemcen le .

Biographie

Origine et Ă©ducation

Messali Hadj est le fils du Hadj Ahmed Messali et de Ftéma Sari Ali Hadj-Eddine. Son grand-pÚre maternel était cadi et membre de la confrérie des Derkaoua. Son pÚre est d'origine koulougli[16]. Sa mÚre est issue d'une famille d'origine andalouse[17].

La maison des Messali se trouvait Ă  Tlemcen, elle Ă©tait situĂ©e non dans le quartier rĂ©servĂ© aux Koulouglis, mais Ă  Bab El Djiyad prĂšs du Bastion français, ancien bordj turc (caserne de contrĂŽle) ; elle comprenait seulement une piĂšce sans fenĂȘtre. Les Messali vivaient du revenu d'une propriĂ©tĂ© de quatre hectares situĂ©e au Saf Saf, propriĂ©tĂ© qui appartenait Ă  plusieurs familles. Messali Hadj travaillait la terre lors de son jeune Ăąge ; aprĂšs le travail il pouvait jouer. Son pĂšre Ă©tait assez sĂ©vĂšre, sa mĂšre Ă©tait pieuse. Le pĂšre de Messali Ă©tait cordonnier[18]. La famille respectait la tradition, les fĂȘtes et la pratique de la religion musulmane.

À sept ans, il est inscrit dans une Ă©cole primaire française. Son pĂšre refuse l'Ă©cole coranique, car selon lui, en apprenant le français, son enfant pourra se dĂ©fendre vis-Ă -vis des Français pour demander ses droits.

Messali Hadj a des capacités d'observation et de mémorisation importantes[19].

En 1916, il quitte l'école ; il était attaché au sport et à la musique. Il continue à fréquenter la zaouïa Derkaoua. En 1917, il effectue son service militaire en France à Bordeaux.

Parcours dans le Parti communiste français

Il Ă©migre Ă  Paris aprĂšs la PremiĂšre Guerre mondiale, frĂ©quente le Parti communiste français (PCF) et rencontre une militante anarcho-syndicaliste française Émilie Busquant[20] qui restera sa compagne jusqu'Ă  la mort de celle-ci en 1953 ; le couple aura deux enfants : Ali (1930-2008) et Djanina (1938-).

Étoile nord-africaine

DĂšs 1926, il est Ă©lu prĂ©sident[21] et fait partie des membres fondateurs de l'Étoile nord-africaine (ENA), il dĂ©nonce l'arbitraire dont est victime le peuple algĂ©rien et pose le problĂšme de l'indĂ©pendance nationale.

En 1927, avec Hadj Ali Abdelkader et d'autres compatriotes, Messali Hadj dressera la base d'un programme, bien que plus étendu, se résumant à :

  1. L'indépendance totale des trois pays d'Afrique du Nord « Algérie, Tunisie et Maroc » ;
  2. L'unité du Maghreb ;
  3. La terre aux fellahs ;
  4. Création d'une assemblée constituante au suffrage universel ;
  5. La remise en toute prioritĂ© Ă  l’État des banques, des mines, des chemins de fer, des ports et de tous les services publics que dĂ©tenait la France[22].

Formation du Parti du peuple algérien

Malgré les tracasseries de l'administration française, emprisonné à maintes reprises et déporté, il continue à militer aprÚs la dissolution de l'ENA par le Front populaire en janvier 1937. Il participe alors à la fondation du Parti du peuple algérien (PPA) le . Il est élu président du parti à sa fondation[23].

C'est lors de la parade du organisée par le Parti communiste algérien (PCA) au nom du Front populaire français, que le drapeau algérien, confectionné par Mme Messali, est déployé pour la premiÚre fois dans les rues d'Alger[24]. Sous l'influence de Chekib Arslan il s'éloigne alors du Parti communiste, hostile à l'idée d'indépendance. En 1941, il est condamné aux travaux forcés et les manifestations demandant sa libération sont une des causes des manifestations à Sétif en mai 1945, violemment réprimées.

Drapeau algérien

Hocine Benachenhou, membre de l'ENA, choisit les couleurs du drapeau vert, blanc et rouge lors d'une rĂ©union Ă  son domicile Ă  Paris en 1934, le drapeau symbolise l'Étoile nord-africaine. Le drapeau algĂ©rien avec le croissant rouge et l'Ă©toile est confectionnĂ© par la compagne de Messali Hadj, Émilie Busquant, le [25].

Le , a lieu un imposant dĂ©filĂ© du PPA derriĂšre le drapeau algĂ©rien, avec en tĂȘte Émilie Busquant, Mohamed Douar, Mohamed Khider[26].

Émilie dĂ©cĂšde le Ă  Alger ; Messali Hadj n’est pas autorisĂ© Ă  assister Ă  ses obsĂšques. Le 9, il prononce un discours aux AlgĂ©riens et aux Français devant la tombe de son Ă©pouse Ă  Neuves-Maisons en Lorraine « pour construire une sociĂ©tĂ© plus humaine, plus juste oĂč la libertĂ© ne sera pas un vain mot »[27].

Le drapeau algérien fut adopté le par le gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) et officialisé par la loi du .

Messali Hadj, le régime de Vichy, l'Allemagne nazie et l'antisémitisme

Le PPA est marginalisĂ© par le gouvernement français, les communistes, et les rĂ©formistes du CongrĂšs musulman. Selon Laskier, les dirigeants du PPA soutenaient que les Juifs affaiblissaient la France, que le dĂ©cret CrĂ©mieux avait transformĂ© les Juifs algĂ©riens en un Ă©lĂ©ment privilĂ©giĂ© de plus et les a rendus hostiles Ă  la population arabo-berbĂšre[28]. Messali Hadj, fondateur du Parti du Peuple algĂ©rien, est traitĂ© par les Français, ainsi que ses sĂ©ides, de collaborateurs, Ă  cause des liens qu’il a entretenus avec l’Allemagne nazie[29].

En 1936, l'association antiraciste LICA voulant rassembler fraternellement dans sa lutte tous les milieux, tend la main Ă  Messali Hadj mais l'ENA exige un prĂ©alable d'antisionisme avant une Ă©ventuelle collaboration. Hadj participe notamment Ă  une manifestation commune prĂ©sidĂ©e par Bernard Lecache, le Ă  la MutualitĂ©[30] oĂč il demande Ă  ses partisans qui l'avaient perturbĂ©e de « rester toujours d’accord avec nous, dans le Rassemblement populaire contre l’antisĂ©mitisme et contre le racisme, et toujours unis avec les chrĂ©tiens et les juifs » [31]. Pour autant, de prĂ©tendues rumeurs d'antisĂ©mitisme de Messali Hadj les mois suivants « jettent le trouble au sein de la LICA » et possiblement l'attachement des Juifs Ă  l'autoritĂ© française contre laquelle les AlgĂ©riens luttaient, poussent la LICA Ă  s'Ă©loigner dĂ©finitivement de Hadj en 1938[31].

Toutefois, selon l'historien Benjamin Stora, de sa prison oĂč il se trouvait depuis , Messali Hadj, qui continuait Ă  diriger le PPA, participait au dĂ©bat sur les orientations Ă  suivre Ă  l'Ă©gard des puissances de l'Axe et appuyait la fraction hostile Ă  toute collaboration avec l'Allemagne nazie[32].

Trois jours avant le dĂ©clenchement de la Seconde Guerre mondiale, le , le PPA Ă©tait interdit. DĂšs la dĂ©faite de la France en , la population europĂ©enne d'AlgĂ©rie se rallia au marĂ©chal PĂ©tain. À peine libĂ©rĂ©, Ă  l'inverse de F. Abbas qui se range sous le drapeau français, Messali Hadj Ă©crit dans El Ouma : « L'Afrique du Nord n'est rattachĂ©e Ă  la France par aucun sentiment, si ce n'est par la haine que cent ans de colonisation ont crĂ©Ă©e dans nos cƓurs. Au nom de la RĂ©publique française, 60 millions d'ĂȘtres humains subissent la plus ignoble servitude. Notre patrie est le Maghreb et nous lui sommes dĂ©vouĂ©s jusqu'Ă  la mort. si vouloir vivre en hommes libres c'est ĂȘtre anti-français alors nous le sommes et nous le serons toujours. Le colonialisme français cessera peut-ĂȘtre d'exister chez nous, sans laisser d'autres traces que le souvenir d'un cauchemar ».

Messali Hadj lui-mĂȘme a rĂ©vĂ©lĂ©, dans une interview parue dans Combat le , avoir fait l'objet, en 1940, de sollicitations de la part de divers gouvernements, dont celui de Vichy. Dans sa biographie consacrĂ©e Ă  Messali Hadj, extraite de sa thĂšse de doctorat, Benjamin Stora souligne que : « il est maintenant Ă©tabli de maniĂšre certaine que Vichy sollicita Messali pour collaborer avec le gouvernement PĂ©tain. C'Ă©tait le capitaine SchƓn des services de liaisons nord -africaines qui Ă©tait chargĂ© de ces opĂ©rations. Messali dĂ©fendit fermement ses convictions : "Tu diras Ă  SchƓn que ma dĂ©claration, je la ferai devant le tribunal militaire" »[33].

Les avances hitlériennes n'eurent pas davantage de succÚs. L'envoyé des Allemands, El Mahdi, repartit bredouille à Berlin. Le témoignage d'Omar Oussedik confirme cela : « Pour nous, le rÎle de Lamine Debaghine était de préparer l'insurrection, mais nous, nous reconnaissons d'une maniÚre incontestable, le rÎle de leader de Messali. et cela pour deux raisons : sa perspicacité quant aux refus de suivre l'Axe, son accord pour la lutte armée »[34] - [35].

Le contexte du 8 mai 1945

En 1944 Messali Hadj est libĂ©rĂ© et placĂ© en rĂ©sidence surveillĂ©e et transfĂ©rĂ© en 1945 Ă  Brazzaville[36]. L'arrestation suscite une grande Ă©motion dans les milieux nationalistes algĂ©riens. Le 1er mai ainsi que le Ă©taient l’occasion pour le peuple de demander la libĂ©ration de Messali. « Les plus radicaux demandent l’indĂ©pendance par la lutte armĂ©e »[37].

Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques

Le parti fut déchiré par une crise interne, plusieurs courants émergent dont les messalistes, les centristes et les neutralistes. AprÚs l'échec des neutralistes, dans un but de réconciliation, les centristes et les neutralistes s'unissent dans le FLN. Les Messalistes se regroupent autour du MNA.

Mouvement national algérien et lutte contre le FLN

En 1954, il fonde le Mouvement national algĂ©rien (MNA) qui s'oppose au FLN et qui est le seul parti d’inspiration socialiste Ă  ne pas ĂȘtre absorbĂ© dans le front combattant pour l’indĂ©pendance. La lutte fratricide entre « messalistes » et « frontistes », au sein mĂȘme du mouvement de libĂ©ration est extrĂȘmement sanglante, tant en AlgĂ©rie qu'en mĂ©tropole, dans l'immigration. AssignĂ© Ă  rĂ©sidence Ă  AngoulĂȘme (Charente), Messali Hadj perd peu Ă  peu son influence. Le gouvernement français tentant cependant de profiter des rivalitĂ©s internes au mouvement nationaliste algĂ©rien essaye de faire participer le MNA aux nĂ©gociations d’indĂ©pendance qui ont lieu Ă  partir de 1961. Le FLN s’y oppose, ce qui dĂ©clenche de nouveaux rĂšglements de comptes entre les partisans de ces deux organisations.

Le refus du MNA de se dissoudre dans un FLN, entraßne la rupture entre les deux organisations. Abane Ramdane, qui joue un rÎle décisif dans l'organisation des réseaux FLN, menacera par la suite dans un tract les messalistes :

« Le tribunal de l'ALN sera impitoyable envers les traßtres et les ennemis de la patrie[38]. »

Abane ordonne Ă  Yacef Saadi de former un commando pour tuer Benyoucef Benkhedda[39]. Lors de l'arrestation de Terbouche Mourad, premier chef de la fĂ©dĂ©ration FLN en France, l'enquĂȘte rĂ©vĂ©la que lors d'une rĂ©union tenue Ă  Zurich le , Boudiaf, Ali Mahsas et Yacef Saadi avaient dĂ©cidĂ© de liquider les principaux dirigeants du MNA Ă  commencer par Messali Hadj[39].

Abane Ramdane donne l'ordre Ă  Amirouche AĂŻt Hamouda de liquider les maquis du MNA (Bouira, DraĂą El Mizan, les Ouadhia, Guergour, Guenzet)[40]. Au mĂȘme moment en , le procĂšs de Mostefa Ben BoulaĂŻd se dĂ©roule au tribunal militaire d'Alger, il est condamnĂ© Ă  mort, Un comitĂ© Ă  Paris pour sa libĂ©ration est formĂ© avec le soutien du MNA[39].

Messali Hadj fut libĂ©rĂ© de prison en 1958 et choisit de rĂ©sider en France[41], mais reste sous surveillance policiĂšre. Le , il Ă©chappe de peu Ă  un attentat pendant un footing avec ses gardes du corps Ă  Chantilly, les assaillants seraient selon Messali Hadj des AlgĂ©riens[42]. Messali s'incline devant le FLN le et donne consigne Ă  son parti de laisser celui-ci mener les nĂ©gociations avec le Gouvernement provisoire de la RĂ©publique algĂ©rienne[43]. Au sommet des tensions entre les deux mouvements indĂ©pendantistes, les assassinats ciblĂ©s se gĂ©nĂ©ralisent. En 1956, ChoaĂŻb Belbachir, petit-fils de Cadi et messaliste tlemcenien, est personnellement menacĂ© de mort par Ben Bella. Il s'enfuit pour la France et s'installe au Maroc. Le bilan de la guerre fratricide entre le MNA et le FLN fait 10 000 morts et 25 000 blessĂ©s dans les deux camps[44].

Messali et Ben BoulaĂŻd

Selon la version du film Mostefa Ben BoulaĂŻd, ce dernier Ă©tant membre du ComitĂ© central du Mouvement pour le triomphe des libertĂ©s dĂ©mocratiques (MTLD), essaya vainement en compagnie de Salah Maiza et Hamoud el Hachemi, de convaincre Messali, de taire ses divergences avec la direction du parti pour engager le MTLD dans la voie de la lutte armĂ©e. À cet effet, il se rend Ă  Niort pour voir Messali, et a de longues conversations quotidiennes avec lui du 23 au .

Mohammed Harbi indique, lui, que Mostefa Ben Boulaïd a appelé à la lutte au nom de Messali et que le , ce sont les messalistes (ex membres du parti de Messali) qui ont construit l'Algérie[43]. Messali n'était pas hostile à l'insurrection, car il préparait l'insurrection avec le CNR issu du CongrÚs d'Hornu auquel 360 membres assisteront sauf Mostefa Ben Boulaïd qui restera neutre. Ce dernier devait rendre compte à Messali Hadj chef national de l'Organisation spéciale, le bras armé clandestin du MTLD, car Mostefa Ben Boulaïd en était le responsable en Algérie. Mostefa Ben Boulaïd signale à Messali Hadj l'intention de mener la lutte armée en . Messali lui indique alors que la lutte est programmée aprÚs la session de l'ONU, il lui signale également la crise profonde et la refonte du MTLD[45]. Mais, Mohamed Boudiaf précipite les événements, car il est poussé par Nasser pour réussir à torpiller l'action armée des messalistes. L'éloignement de Messali Hadj du sol national et de l'appareil du parti feront le reste, le déchirement de la suite de la révolution, car la scission du PPA et du MTLD remet en cause tout le mouvement contestataire de l'Algérie. Le mouvement révolutionnaire est divisé en trois tendances[46].

Condamnation de la gauche stalinienne, soutien de Camus

Affiche du meeting demandant la libĂ©ration notamment de Messali Hadj, des prisonniers et internĂ©s politiques de Madagascar, du Maroc, de Tunisie, d’AlgĂ©rie et d’Afrique noire, en prĂ©sence d'Albert Camus, 24 juin 1954.

Albert Camus fut un ami de Messali Hadj. Il dénoncera les attaques du FLN à l'encontre des syndicalistes algériens proches de messalistes. Albert Camus et Messali Hadj militaient ensemble au Parti communiste français et algérien. Lorsqu'eut lieu la guerre fracticide entre le MNA et le FLN en France, la revue La Révolution prolétarienne débute. Camus s'engage pour que les autorités coloniales françaises cessent de persécuter Messali Hadj et dénonce son expulsion de France en et son arrestation en Algérie[47].

Inversement, les intellectuels proches de Sartre, représentés notamment par Francis Jeanson soutiennent nettement le FLN et font campagne contre Messali Hadj et le MNA. Ainsi, Jeanson soutient que Messali est le « saboteur » de la lutte de libération, « l'organisateur du racket contre les commerçants », « l'instrument aveugle des trotskystes et l'allié de la police française et de Soustelle ».

Selon l'historien Jacques Simon, qui fut lui-mĂȘme engagĂ© dans le combat du MNA, la « virulence des attaques » de Jeanson « vise Ă  camoufler les massacres de cadres messalistes par les tueurs de Yacef Saadi, recrutĂ©s dans la pĂšgre, appeler Ă  la rĂ©pression des forces de l'ordre contre le MNA et nĂ©gocier la paix en AlgĂ©rie avec le seul FLN »[48] - [49]. Accusations qui sont proches de celles de l'avocat de Messali Hadj, Yves Dechezelles, dans La RĂ©volution prolĂ©tarienne, qui critique L’AlgĂ©rie hors la loi de Francis et Colette Jeanson (amis de Sartre), « dĂ©sapprouvant le soutien sans condition de la gauche au FLN. Il importe de rappeler que Francis Jeanson Ă©tait l'auteur de la critique de L'Homme rĂ©voltĂ© dans Les Temps modernes. Celle-ci avait conduit Ă  la rupture avec Sartre. C’est avec une grande luciditĂ© que Dechezelles dĂ©montre, grĂące Ă  de longues citations, que Francis et Colette Jeanson avaient pour seul objectif de discrĂ©diter Messali Hadj auquel ils reprochaient contre toute rĂ©alitĂ© de n’avoir aucune influence, de coopĂ©rer avec la police coloniale française et finalement d'ĂȘtre trotskiste. En tenant ces propos diffamants, Jeanson et Sartre suivaient une ligne clairement orthodoxe et stalinienne »[50] - [51].

« [L'historien Mohammed Harbi] dira que les membres du MNA ont joué, pour le FLN, le rÎle des trotskistes, poursuivis, assassinés, accusés de trahison. Négocier avec De Gaulle c'était de leur part trahir, de la part du FLN, sauver l'avenir de l'Algérie, du socialisme[52]. »

AprÚs l'indépendance

Le PPA de Messali fut écarté de la campagne du référendum sur l'indépendance de l'Algérie par le FLN en [53].

Messali Hadj n'obtient la nationalité algérienne qu'en 1965.

Son rÎle dans la fondation du nationalisme algérien est toujours minoré par les autorités algériennes actuelles.

Il meurt à Gouvieux le sans avoir pu revoir son pays natal. Il est inhumé le à Tlemcen.

Résumé chronologique

Les années de militantisme

À l'Ăąge de 10 ans, Messali Hadj est Ă©lĂšve Ă  la mĂ©dersa de la zaouĂŻa derkaouia du Cheikh Benyelles[54] - [55]. C'est lĂ  qu'il s'imprĂšgne de l'esprit de la confrĂ©rie qui le guidera durant toute sa vie : « dĂ©fendre le bien, combattre le mal ».

En 1918, il fait trois années de service militaire à Bordeaux qui contribueront à son éveil politique[56].

En 1921, il est de retour Ă  Tlemcen. Dans un cafĂ© de la ville frĂ©quentĂ© par des officiers français, il grimpe sur une table et crie Ă  tue-tĂȘte : « Vive Mustapha Kemal Pacha ! » glorifiant AtatĂŒrk, l'idole des masses musulmanes Ă  cette Ă©poque. Cela lui vaudra une convocation au commissariat de police[56] - [57].

En 1923, il s'installe Ă  Paris et rencontre Émilie Busquant. Il adhĂšre Ă  l'association apolitique FraternitĂ© musulmane, frĂ©quentĂ©e Ă©galement par le peintre Nasreddine Étienne Dinet, oĂč son intervention Ă  dĂ©fendre les droits du peuple algĂ©rien fait scandale.

En 1924, Messali Hadj se lie d'amitié avec Abdelkader Hadj Ali, militant du Parti communiste français (PCF).

En 1925, il adhÚre au PCF et à la Confédération générale du travail unitaire.

En 1926, il devient prĂ©sident fondateur de l'Étoile nord-africaine.

En 1927, année de propagande dans les cafés algériens de la région parisienne pour parfaire l'association et élargir sa base militante. Le , il assiste à Bruxelles au CongrÚs pour la lutte anti-impérialiste et pour l'indépendance des peuples opprimés. Les cinq continents étaient représentés par des délégations de hautes personnalités. Dans son discours, Messali Hadj expose le programme politique de l'ENA, pour ce qui a trait à l'Algérie, réclamant d'abord l'égalité de traitement avec les Français et à terme l'indépendance du pays.

En 1929, L'ENA est dissoute (le ) par dĂ©cision de justice. MalgrĂ© la dissolution, Messali et ses amis organisent un meeting rue de la Grange aux Belles oĂč ils font le procĂšs de la colonisation et dĂ©noncent la mascarade de la cĂ©lĂ©bration du centenaire de la conquĂȘte.

En 1930, les rapports avec le PCF se dégradent. Envoi d'un mémoire à la Société des Nations dénonçant un siÚcle d'oppression et d'exploitation et posant le problÚme de l'indépendance. En octobre, parution du premier numéro du journal El Ouma.

En 1933, L'ENA se dote d'un siĂšge social au 19 rue Daguerre, dans la quatorziĂšme arrondissement Ă  Paris.

En 1934, malgrĂ© les interdits de la prĂ©fecture, organisation de plusieurs manifestations de propagande nationaliste Ă  Paris, en province et en Belgique. Le , plus de huit cents algĂ©riens, assistent Ă  une assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de l'ENA au cours de laquelle est prĂ©sentĂ©e pour la premiĂšre fois le drapeau de l'AlgĂ©rie. Le , accusĂ© de reconstitution de ligue dissoute, Messali Hadj est arrĂȘtĂ© et incarcĂ©rĂ© Ă  la prison de la SantĂ©.

En 1935, c'est l'annĂ©e de la victoire du Front populaire aux Ă©lections municipales en France. Membre d'une dĂ©lĂ©gation du Front, Messali prend part au CongrĂšs islamo-europĂ©en de GenĂšve. Il rencontre Chekib Arslan qui le reçoit Ă  plusieurs reprises. DĂ©mĂȘlĂ©s avec la justice en raison de l'affaire ENA et qui lui reproche Ă©galement d'avoir susciter la dĂ©sobĂ©issance militaire chez ses compatriotes. Il entre en clandestinitĂ©.

Le , dĂ©part pour la Suisse. À GenĂšve il profite des relations de Chekib Arslan pour multiplier les contacts avec des nationalistes arabes. AmnistiĂ©, il rentre d'exil le et adresse deux cahiers de revendications au gouvernement du Front Populaire. Fin juillet, il fait part aux membres de la dĂ©lĂ©gation du CongrĂšs musulman algĂ©rien de son dĂ©saccord avec leurs revendications assimilationnistes adressĂ©es aux autoritĂ©s françaises. Le au stade municipal d'Alger, au meeting organisĂ© par le CongrĂšs pour faire le compte-rendu de sa mission en France, Messali Hadj arrache la parole et rĂ©affirme sa lutte pour l'indĂ©pendance du pays. Cela lui vaut d'ĂȘtre placĂ© sous surveillance policiĂšre. La fin de l'annĂ©e est marquĂ©e par une crise avec l'association des OulĂ©mas algĂ©riens. AprĂšs Tlemcen, Messali sillonne l'Oranie et le Constantinois afin d'expliquer le programme de l'ENA et renforcer ses structures en AlgĂ©rie.

Le dissolution de l'Étoile Nord Africaine par le gouvernement de LĂ©on Blum. Les militants poursuivent leurs activitĂ©s politiques sous couvert d'une association "les Amis d'el Ouma". Le , crĂ©ation du Parti du peuple algĂ©rien. Messali Hadj en est le prĂ©sident. Il rentre en AlgĂ©rie oĂč le PPA obtient ses premiers succĂšs aux Ă©lections municipales de l'Ă©tĂ© 1937. Meetings, dĂ©filĂ©s et tournĂ©e de propagande sont au programme, mais le , il est arrĂȘtĂ© et emprisonnĂ© Ă  Maison-CarrĂ©e. Il obtient le statut de dĂ©tenu politique aprĂšs une grĂšve de la faim de dix jours. IncarcĂ©rĂ©, il participe nĂ©anmoins aux Ă©lections cantonales d'octobre. Il est Ă©lu au Conseil gĂ©nĂ©ral de la capitale mais l'administration annule son Ă©lection.

En 1939, il est contactĂ© en prison par des militants du parti pour entrer en intelligence avec l'Allemagne qui s'apprĂȘtait Ă  entrer en guerre, Messali refuse. Il est libĂ©rĂ© le . Dissolution du PPA le . Les journaux El Ouma et le bimensuel le Parlement algĂ©rien confectionnĂ© en prison, sont interdits. Il est de nouveau arrĂȘtĂ© le . Le PPA va entrer dans une Ăšre de clandestinitĂ© durant toute la durĂ©e de la guerre (1939-1945).

De nouveau condamné en 1941, et libéré deux ans plus tard, Messali Hadj fut contraint à la résidence surveillée jusqu'en 1946[58].

En 1945, au congrÚs des Amis du manifeste et de la liberté (AML), regroupant Ferhat Abbas et les élus, les oulémas et le PPA, il est adopté une motion demandant la libération de Messali reconnu « leader incontesté du peuple algérien ». Le , émeutes à Ksar Chellala. Les et des cortÚges dans plusieurs villes d'Algérie, avec pour mot d'ordre l'indépendance du pays et la libération de Messali Hadj et ses compagnons, dégénÚrent en tueries.

En 1946, aprĂšs la guerre, Messali bĂ©nĂ©ficie d'une amnistie et fait son entrĂ©e en octobre Ă  BouzarĂ©ah, l'accĂšs Ă  Alger lui Ă©tant interdit. Il fait pression sur le comitĂ© central du PPA pour l'amener Ă  accepter de participer aux Ă©lections Ă  l'AssemblĂ©e nationale Française. Pour ce faire un nouveau parti est crĂ©Ă© en novembre, le Mouvement pour le triomphe des libertĂ©s dĂ©mocratiques, dont il devient le prĂ©sident. Le MTLD est la continuation du PPA dissous sur le plan lĂ©gal, d'oĂč l'appellation PPA-MTLD. Sa candidature personnelle est rejetĂ©e mais le parti obtient cinq siĂšges.

Lors du premier congrÚs du MTLD le , il est décidé la création de l'Organisation spéciale, la faction armée du parti.

En 1950, début de crise au MTLD. Lors d'une réunion du comité central du parti au mois de mars, Messali espérant la « présidence à vie » et un droit de « Veto » est mis en échec par un vote en sa défaveur.

En 1951, une commission du parti prĂ©sidĂ©e par Messali Hadj pour Ă©tudier la situation de l'OS affaibli par l'arrestation de nombreux militants rĂ©affirme que le principe de la lutte armĂ©e et de l'OS est indiscutablement maintenue. Un diffĂ©rend Ă  la tĂȘte du parti quant Ă  la conduite Ă  tenir va surgir et cela va entrainer la dĂ©mission de plusieurs membres du comitĂ© directeur contestant l'attitude autocratique du prĂ©sident. Messali Hadj se rend en pĂšlerinage Ă  la Mecque oĂč il est reçu par le souverain wahabite, puis au Caire oĂč il rencontre le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la ligue arabe.

En 1952, en tournĂ©e en AlgĂ©rie, il arrive Ă  OrlĂ©ansville le . Les forces de l'ordre ouvrent le feu durant son discours, faisant deux morts et de nombreux blessĂ©s[59]. En fin de soirĂ©e, Messali Hadj est enlevĂ© et dĂ©portĂ© en France, oĂč il est placĂ© en rĂ©sidence forcĂ©e[59]. Lors de manifestations du MTLD contre la rĂ©pression du et la dĂ©portation de Hadj, la police rĂ©agit violemment Ă  MontbĂ©liard, au Havre et Ă  Charleville, faisant trois morts et des centaines de blessĂ©s[59].

En 1953, conflit entre Messali Hadj, toujours à Niort, et le comité central du MTLD car Messali Hadj refuse obstinément d'accepter la lutte armée comme ultime moyen de parvenir à l'indépendance. Il est lùché par les principaux cerveaux de la Révolution algérienne[60].

Le apparition du Comité Révolutionnaire pour l'Unité et l'Action (CRUA) qui donnera naissance au FLN. Du au , les partisans de Messali tiennent un congrÚs à Hornu en Belgique; la scission est définitive avec les centralistes. Le marque le début de l'action armée au nom du FLN. En décembre création du mouvement national algérien (MNA) par Messali Hadj.

Les mois de janvier, février et sont marqués par des tractations entre le FLN et le MNA à Alger, au Caire et dans les maquis. Mais à l'été 1955, ces tentatives de conciliation entre FLN et MNA sont un échec.

En février et , début de l'affrontement armé entre maquis « messalistes » et « frontistes ».

Le , appel de Messali pour une trĂȘve avec le FLN. En octobre, , la direction du MNA en France est dĂ©capitĂ©e. Le FLN prend le dessus en France et en AlgĂ©rie.

Le , Messali se rallie aux propositions du général de Gaulle sur l'autodétermination.

En , les autorités françaises tentent de faire participer Messali aux négociations d'Evian.

Les années de privation de liberté

Controverses

Culte de la personnalité

Le peuple considĂ©rait Messali comme un « prophĂšte », le patriarche, le barbu symbole du parti et du nationalisme. Messali avait conscience de cela et se considĂ©rait chef de l'État, il envoyait des lettres Ă  plusieurs autres prĂ©sidents ou Ă  l'ONU. Son autoritĂ© Ă©tait incontestable au sein du parti[62]. Les centralistes vont dĂ©noncer le culte de la personnalitĂ© de Messali et son pouvoir excessif[63].

Le , la France dissout le MTLD. Le MNA est fondé un mois plus tard. Le MNA a été créé pour succéder au MTLD et pour combattre les troupes d'occupation conjointement avec l'Armée de libération nationale et le PCA (les troupes de Maillot). En 1955, le FLN donne l'ordre de détruire tous les réseaux du MNA[64].

Le FLN bannit le culte de la personnalité : plusieurs chefs au lieu d'un, les pÚres de la révolution et non le pÚre de la révolution. Messali refuse toute allégeance au FLN, son idéologie a cristallisé les fidÚles dont un de ses principes toute union avec d'autres formations politiques est une trahison[65].

Selon Abdelhamid Zerdoum, Messali Hadj sera accusĂ© de mĂ©galomanie, du culte de la personnalitĂ© et de rĂ©gionalisme[66], par les centralistes qui voulaient rĂ©nover la vision du parti par l’intĂ©rieur, car le comitĂ© rĂ©volutionnaire national (CNR) de Messali Hadj (les 9 chefs) n'a pas respectĂ© les rĂ©solutions du congrĂšs. Ils voulaient Ă©carter Messali Hadj, alors ils ont devancĂ© la date du dĂ©clenchement de la rĂ©volution de deux mois par rapport au calendrier prĂ©vu par Messali Hadj[67].

L’universitaire et historien Omar Carlier, propose quant Ă  lui dans son ouvrage Le Corps du leader : construction et reprĂ©sentation dans les pays du Sud, une approche inĂ©dite pour Ă©voquer la personnalitĂ© de Messali Hadj, non par le biais de son parcours politique, mais Ă  travers l’image qu’il s’est donnĂ©e, sa gestuelle, sa tenue vestimentaire. Pour lui, le leader nationaliste doit son charisme non seulement aux idĂ©es rĂ©volutionnaires qu’il dĂ©fendait, mais Ă©galement Ă  sa capacitĂ© « de s’exprimer, de se donner Ă  voir, Ă  se mettre en scĂšne et son action est thĂ©Ăątrale, cĂ©rĂ©monielle, protocolaire et se soutient de l’émotion autant que de la raison »[68].

Révolution et réhabilitation

Personnage controversé, il sera interdit de retour en Algérie[69]. Lors du congrÚs de La Soummam, Abane Ramdane condamne fermement Messali Hadj dans la plate-forme dans le chapitre « Le Messalisme en déroute » le [70]. Le problÚme voit le jour lors du 2e congrÚs d'Alger tenu par les centristes, du 13 au , Messali Hadj sera exclu et le congrÚs d'Hornu qui a lieu du 13 au sans les centristes est jugé assemblée fractionnaire[71]. Les centristes se plaignent de son culte de la personnalité et son pouvoir abusif[71].

Il a Ă©tĂ© rĂ©cemment rĂ©habilitĂ© par le prĂ©sident Abdelaziz Bouteflika. À cette occasion, en 2007, l'aĂ©roport de Tlemcen - Zenata - Messali El Hadj est rĂ©novĂ© et portera son nom. Certains historiens tels que le Dr Rabah BelaĂŻd se battent pour rĂ©habiliter un homme longtemps dĂ©peint par le FLN comme un traĂźtre[72] - [73]. L’histoire officielle n’a en effet pas rendu justice Ă  tous les combattants de la guerre de la LibĂ©ration. L'historien et spĂ©cialiste de la guerre d'indĂ©pendance Daho Djerbal a dĂ©noncĂ© le discours qui colle aux messalistes le qualificatif infamant de « traĂźtres Ă  la nation ».

« Au tout dĂ©but de la guerre, le premier groupe Ă  avoir dĂ©clenchĂ© la guerre est messaliste (
). Certains de ces fidayin de Belcourt ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s, condamnĂ©s Ă  mort et certains ont mĂȘme Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©s. »

Il faut rappeler que les messalistes ont Ă©tĂ© les premiers Ă  mener des actions Ă  Alger[74]. En 1955, il adresse un mĂ©moire et des lettres Ă  la Ligue arabe, Ă  l'ONU, aux États-Unis pour rappeler son rĂŽle historique et tenter de rĂ©cupĂ©rer la paternitĂ© du dĂ©clenchement de la lutte armĂ©e[75].

Il faut savoir que dĂšs le milieu des annĂ©es 1970 en AlgĂ©rie, les premiers travaux historiques sur la Guerre d'AlgĂ©rie sont publiĂ©s. Parmi les pionniers, figure l'historien Mohammed Harbi qui a ouvert ce chantier d’investigation et de dĂ©construction de l’histoire officielle et inaugure une autre conception de l’écriture de l’histoire de la Guerre d'AlgĂ©rie d'un point de vue algĂ©rien. Il Ă©voque les forces politiques en prĂ©sence, avec, au centre, la figure de Messali Hadj, Ă  cette Ă©poque bannie de l’histoire officielle en AlgĂ©rie. Il prend le contre-pied des rĂ©cits unanimistes ou Ă©piques et montre la crise profonde qui secouait le mouvement national algĂ©rien Ă  la veille du . L’ouvrage, publiĂ© en France aux Ă©ditions Christian Bourgois sera longtemps interdit en AlgĂ©rie[76].

Didouche Mourad, dans une lettre envoyée à Mohamed Boudiaf, disait :

« Chaque rĂ©volution a son leader et la RĂ©volution algĂ©rienne a Messali El Hadj, si on le trahit la RĂ©volution sera trahie et d'autres qui n'ont jamais rĂȘvĂ© d'indĂ©pendance vont cueillir ses fruits. »

À l'Ă©clatement de la RĂ©volution algĂ©rienne, le , Messali El Hadj, au nom du Parti du peuple algĂ©rien (PPA), a saluĂ© la rĂ©volution et l'a soutenue dans un message adressĂ© Ă  tous les militants du PPA et au peuple algĂ©rien dans lequel il dĂ©clare :

« La Révolution el moubaraka est là, il faut l'aider, la soutenir et adhérer pour qu'elle ne s'éteigne pas, sans se poser la question qui a donné l'ordre[77]. »

Crise berbĂšriste

Le programme du PPA comporte seulement quatre points : création d'un gouvernement autonome par rapport à la France ; création d'un parlement algérien ; respect de la langue arabe et de la religion musulmane ; abrogation du Code de l'Indigénat ainsi que de toutes les lois d'exception.

Programme du MTLD : indépendance, abrogation du régime colonial, l'expropriation des grands moyens de production, la satisfaction des libertés démocratiques et une Constituante[78].

Selon la revue ABC Amazigh , son fondateur dira : vu que la majoritĂ© Ă©crasante des militants sont d'origine de la Kabylie au sein de l'Étoile nord-africaine, les Kabyles ont prĂ©fĂ©rĂ© Ă©lire Messali Hadj Ă©tant berbere arabophone de Tlemcen pour appĂąter les Arabes Ă  l'intĂ©rieur du parti. Messali dira en priant Dieu: de la faire vivre et mourir en Kabylie[79].

La crise déborde lorsque le comité central a exclu certains membres du PPA et ce sont les Kabyles qui vont leur faire la guerre (Amar Ouamrane, Krim Belkacem, Belkacem Radjef,etc). Jacques Simon dira que Messali sera taxé d'autocrate et d'arabo-islamiste[80].

Hocine AĂŻt Ahmed sera Ă©cartĂ© de la tĂȘte de l'Organisation spĂ©ciale par la suite, il sera remplacĂ© par Ahmed Ben Bella en 1949. Selon BĂ©laĂŻd Abane, Amar Ould-Hamouda, Mohand O Idir Ait Amrane, SaĂŻd Ali Yahya, SaĂŻd Oubouzar, Rachid Ali Yahya, Hocine Ait Ahmed, etc[81], ils seront exclus aprĂšs avoir votĂ© pour l'AlgĂ©rie algĂ©rienne (28 voix contre 32).

Publication

  • Messali Hadj (prĂ©face de Ahmed Ben Bella), MĂ©moires 1898-1938, Jean-Claude LattĂšs, Paris, 1982 ; Ă©d. ANEP, Alger 2006

Notes et références

  1. RepĂšres sur l’historiographie algĂ©rienne de la guerre, par Benjamin Stora, p. 2
  2. www.algerie-dz.com
  3. L’amnĂ©sie algĂ©rienne, par Benjamin Stora
  4. [PDF] LES MARQUEURS DU NATIONALISME, Les clubs sportifs musulmans dans l’AlgĂ©rie coloniale, Youssef FatĂšs, p. 124
  5. Les identités régionales et la dialectique sud-sud en question, Nadir Marouf, p. 52
  6. Vie partisane : 36e anniversaire du décÚs de Messali Hadj, vitaminedz.com
  7. Fondation Messali Hadj: 30 ans aprĂšs, L'expressiondz (Quotidien)
  8. Hommage Ă  Messali Hadj: Pour une rĂ©conciliation de l’AlgĂ©rie avec son histoire, Magazine en ligne city-dz.com
  9. 1954, la guerre commence en Algérie, Mohammed Harbi, p. 183.
  10. Algérie - Messali Hadj est le plus victime des héros, sur algérie-monde.com
  11. La guerre d'Algérie des Messalistes 1954-1962, Jacques Valette, p. 122
  12. Pour une histoire critique et citoyenne Le cas de l’histoire franco-algĂ©rienne, Session thĂ©matique « RĂ©sistances anticoloniales et nationalisme : l’avant 1954 », 21 juin 2006, 9 h-11 h, AmphithĂ©Ăątre
  13. Jacques Simon, Algérie: le passé, l'Algérie française, la révolution, 1954-1958, p. 167
  14. Bélaïd Abane, L'Algérie en guerre: Abane Ramdane et les fusils de la rébellion, p. 336
  15. Ce passeport, refusé en 1962, 1964 et 1968 fut délivré sur accord du président Boumediene - Témoignage rapporté en annexe de Roger Vétillard Sétif, mai 1945, massacres en Algérie, éd. de Paris 2008, p. 518.
  16. Messali avant Messali: l'invention de la nation algérienne, Jacques Simon, p. 17
  17. Omar Carlier, Raphaëlle Nollez-Goldbach, Le corps du leader: Construction et représentation dans les pays du Sud, L'Harmattan, Paris, 2008, p. 266
  18. Mohand Amara, Kamal Ahmane, LaïmÚche Ali: L'Irréductible Révolutionnaire, p. 104.
  19. Jacques Simon, Messali avant Messali: l'invention de la nation algérienne, p. 53
  20. RenĂ© Gallissot, « Émilie Busquant, dite Mme Messali », Insaniyat, nos 25-26, 2004, p. 151 (lire en ligne [archive])
  21. LaïmÚche Ali: L'Irréductible Révolutionnaire Par Mohand Amara, Kamal Ahmane, p. 104
  22. Messali Hadj ou les enjeux politiques de la falsification de l'histoire, Par M.Boukherissa Kheiredine, Le Quotidien d'Oran
  23. Dictionnaire biographique de militants nationalistes algériens, Benjamin Stora, p. 62.
  24. Messali Hadj, MĂ©moires 1898-1938, Ed. ANEP, Alger 2006. p. 260-261
  25. Dictionnaire biographique de militants nationalistes algériens, Par Benjamin Stora, p. 74
  26. Algérie: le passé, l'Algérie française, la révolution, 1954-1958 Par Jacques Simon, p. 474
  27. Dictionnaire biographique de militants nationalistes algériens Par Benjamin Stora, p. 79-80
  28. (en) A Comparative Study of Anti-Semitic Attacks in Algeria in the 1920s and 1930s, Par Zack, Lizabeth, p. 25
  29. SĂ©tif, mai 1945 : massacres en AlgĂ©rie, Éditions de Paris
  30. APP, HA 26, rapport, 12 mars 1937
  31. Emmanuel Debono, « Le rapprochement judĂ©o-musulman en Afrique du Nord sous le Front populaire. SuccĂšs et limites », Archives Juives, vol. 45, no 2,‎ , p. 89 (ISSN 0003-9837 et 1965-0531, DOI 10.3917/aj.452.0089, lire en ligne, consultĂ© le )
  32. Benjamin Stora, Messali Hadj (1898-1974) - pionnier du nationalisme algérien, éditions Rahma, 1991, Alger. p. 184-185-186.
  33. Interview de Mezerna, citĂ© par Mohamed Harbi, Aux origines du FLN, p. 163
  34. M. Harbi, Aux origines du FLN, Bourgois, 1975, p. 164
  35. Algérie : le passé, l'Algérie française, la révolution, 1954-1958, par Jacques Simon, p. 474.
  36. Cahiers Reconstruction : pour un socialisme démocratique, pour une culture sociale : comité de direction : Pierre Ayçoberry, Albert Detraz, Marcel Gonin, Paul Vignaux, s.n., (lire en ligne)
  37. Benjamin Stora : En France, « certains n’ont toujours pas acceptĂ© la dĂ©colonisation », propos recueillis par Caroline Venaille, lemonde.fr, le 21 mai 2010
  38. Le MNA: le Mouvement national algérien (1954-1956) par Nedjib Sidi Moussa, Jacques Simon, p. 40.
  39. Algérie: le passé, l'Algérie française, la révolution, 1954-1958 Par Jacques Simon, p. 489
  40. Algérie: le passé, l'Algérie française, la révolution, 1954-1958, Jacques Simon p, 489
  41. Messali Hadj, MĂ©moires 1898-1938, Ă©d. ANEP, Alger 2006. p. 260-261
  42. RĂ©tro no 7 : 18 septembre 1959 - 3. Messali Hadj Ă©chappe Ă  un attentat, Le Monde, 28/07/2009
  43. Biographes de Messali Hadj Par Jacques Simon, p. 148
  44. L'Algérie en guerre: Abane Ramdane et les fusils de la rébellion, Bélaïd Abane, p. 339
  45. novembre 1954: la révolution commence en Algérie, Jacques Simon, p. 129
  46. Les syndicalistes algériens: leur combat de l'éveil à la libération, Boualem Bourouiba, p. 142
  47. Lou Marin (note 5), p. 141 et p. 158
  48. [PDF] Francis Jeanson : Un mercenaire honoré à la Cité de l'immigration.
  49. Création de la revue Consciences maghrébines.
  50. Albert Camus et les libertaires : 1948-1960, Écrits rassemblĂ©s par Lou Marin, ÉgrĂ©gores Ă©ditions, p. 62.
  51. Yves Dechezelles, « À propos d’un livre sur l’AlgĂ©rie : lettre ouverte Ă  Francis et Colette Jeanson », dans la RĂ©volution prolĂ©tarienne, no 403, 2/1956, p. 45.
  52. Les Individus face aux crises du XXe siĂšcle : l'histoire anonyme par Marc Ferro, p. 291.
  53. Nedjib Sidi Moussa, « La « reconversion » du Mouvement national algĂ©rien (mars-juillet 1962) : entre le succĂšs d’une prophĂ©tie et l’échec d’un prophĂšte », Les indĂ©pendances au Maghreb - Crasc,‎ (lire en ligne)
  54. Messali Hadj, MĂ©moires 1898-1938, Ed. ANEP, Alger 2006
  55. Khaled Merzouk, Messali Hadj, Éditions El Dar Othmania, Alger, 2008
  56. Messali Hadj, MĂ©moires 1898-1938, Ă©d. ANEP, Alger, 2006
  57. Khaled Merzouk, Messali Hadj, Ă©ditions El Dar Othmania, Alger, 2008
  58. Thénault, Sylvie, (1969- ...)., Auteur., Une drÎle de justice (ISBN 978-2-7071-9558-6 et 2-7071-9558-8, OCLC 1153446815, lire en ligne)
  59. Maurice Rajsfus, 1953. Un 14 juillet sanglant, AgnÚs Viénot Ed., Paris, 2003, p. 40-41
  60. http://www.algerian-history.info/benboulaid.htm
  61. « Exilé en France » sur lemonde.fr.
  62. Biographes de Messali Hadj Par Jacques Simon, p. 78.
  63. La Guerre d'Algérie des Messalistes 1954-1962 par Jacques Valette, p. 24.
  64. DĂ©clin et renouveau par Sid Ahmed Dendane, p. 324.
  65. Jacques Valette, La guerre d'Algérie des Messalistes 1954-1962, p. 24
  66. Journal el Manar, Abdelhamid Zerdoum, numéro 69, 1995
  67. DĂ©clin et renouveau par Sid Ahmed Dendane, p. 319.
  68. Le « physique » de Messali Hadj décortiqué, dans le quotidien Le Midi du 6 décembre 2010.
  69. La Guerre d'Algérie des Messalistes 1954-1962, Jacques Valette, page 9 ; livre en ligne.
  70. Plate-forme de la soumamm, FLN. Plate-forme en ligne.
  71. Jacques Valette, La Guerre d'Algérie des Messalistes 1954-1962, p. 24 ; livre en ligne.
  72. Voir sur algerie-dz.com.
  73. Voir sur lequotidienalgerie.org.
  74. « Les messalistes ont été les premiers à mener des actions à Alger », Par Nadir Iddir, El Watan du 19/04/15.
  75. Jacques Valette, La Guerre d'Algérie des Messalistes 1954-1962, p. 32 ; livre en ligne.
  76. [PDF]RepĂšres sur l’historiographie algĂ©rienne de la guerre, par Benjamin Stora, p. 1.
  77. « ArrĂȘtons de tromper l'opinion publique en falsifiant l'histoire de notre glorieuse RĂ©volution » par Abdelkader Zidane, dans le Maghrebdz du 13 avril 2015.
  78. Biographie de Mesasli Hadj, Jacques Simon, p. 214.
  79. ABC amazigh: Une expérience éditoriale en Algérie : 1996-2001, volume 2 par Smaïl Medjeber, p. 132
  80. Biographes de Messali Hadj par Jacques Simon, p. 214
  81. L'Algérie en guerre: Abane Ramdane et les fusils de la rébellion Par Bélaïd Abane, p. 301

Voir aussi

TĂ©moignages

  • Benyoucef Benkhedda, Les Origines du , Ed. Dahlab, Alger, 1989
  • Djanina Messali-Benkelfat, Une vie partagĂ©e avec Messali Hadj, mon pĂšre, Hibr Editions, Alger, 2013

Ouvrages d'historiens

  • Omar Carlier, « MĂ©moire, mythe et doxa de l'État en AlgĂ©rie », in RaphaĂ«lle Branche (dir.), La Guerre d'indĂ©pendance des AlgĂ©riens, Paris, Perrin, « Tempus », pages 19–33
  • Khaled Merzouk, Messali Hadj, Éditions El Dar Othmania, Alger, 2008 (ISBN 9789947810293)
  • Jacques Simon, Messali Hadj (1898-1974) : la passion de l'AlgĂ©rie libre, Paris, Ă©d. TirĂ©sias, , 245-[8] (ISBN 2-908527-57-X, BNF 36985245)
  • Benjamin Stora, Messali Hadj : pionnier du nationalisme algĂ©rien, Le Sycomore, 1982, L'Harmattan, 1986, RAHMA, 1991, Paris, Hachette, 2004
  • Les Cahiers du centre fĂ©dĂ©ral, no 33, « Le retour de l'histoire. Messali Hadj », Centre Henri Aigueperse-UNSA Ă©ducation, 87 bis, avenue Georges-Gosnat 94200 Ivry-sur-Seine
  • Nedjib Sidi Moussa, AlgĂ©rie, une autre histoire de l’indĂ©pendance, Trajectoires rĂ©volutionnaires des partisans de Messali Hadj, Paris, PUF et Alger, Ă©ditions Barzakh, 2019.

Articles connexes

Liens externes

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