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Mohammed Bellounis

Mohammed Bellounis (en arabe : Ù…Ű­Ù…ŰŻ ŰšÙ„ÙˆÙ†ÙŠŰł), dit Olivier par les Français, nĂ© le Ă  Bordj MenaĂŻel[1](Boumerdas), mort le Ă  Ksar El Hirane, est un militant du Mouvement national algĂ©rien. Il est gĂ©nĂ©ral en chef de l'ArmĂ©e nationale du peuple algĂ©rien (ANPA).

Mohammed Bellounis
Mohammed Bellounis

Surnom Olivier
Naissance
Bordj Menaïel (Algérie)
DĂ©cĂšs (Ă  45 ans)
Ksar El Hirane (Algérie)
Mort au combat
Origine Algérie
Allégeance MNA
Grade « Général »
AnnĂ©es de service 1945 – 1958
Commandement Armée nationale du peuple algérien (ANPA)
Conflits Seconde Guerre mondiale (1940-1945)
Guerre d'Algérie (1954-1958)
Autres fonctions Conseiller municipal

Biographie

Il est instruit à l'école primaire française. Selon les Mémoires d'Aït-Ahmed[2], « il représente une version du zapatisme, le type mexicain de la contre-violence populiste et massive contre les structures de l'oppression politique et de surexploitation sociale ».

Appelé dans l'armée française en 1940 au sein d'un régiment du train (transport), il est fait prisonnier en 1940 par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale, puis démobilisé comme sergent-chef.

Militant du Parti du peuple algĂ©rien (PPA)[3], il participe aux manifestations du 8 mai 1945 Ă  SĂ©tif. Il est arrĂȘtĂ© Ă  plusieurs reprises et emprisonnĂ© Ă  la prison de Barberousse.

Libéré de prison à la fin de la Seconde Guerre mondiale, fidÚle partisan de Messali Hadj, il devient responsable du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques pour tout l'arrondissement de Bordj Bou Arreridj.

Il adhĂšre au parti du Mouvement national algĂ©rien et se distingue par sa lutte contre le FLN en Kabylie, puis dans la rĂ©gion de Djelfa. Jouissant d'une influence dans l'arrondissement de Bordj Bou Arreridj, il gagne le maquis en , et y crĂ©e son propre maquis[4]. Il dispose de plus de 1 200 fusils et 40 000 cartouches, et prend la direction du « foudj Bellounis » au douar Hizr, en Kabylie. Selon Chems ed-Din, l'auteur du livre L’affaire Bellounis, histoire d’un gĂ©nĂ©ral fellagha, son armĂ©e est composĂ©e de 8 000 hommes[5].

Le massacre de Melouza perpĂ©trĂ© par le FLN lui fait comprendre l'impĂ©rieuse nĂ©cessitĂ© de trouver un alliĂ©. Il se tourne donc vers les Français. Jean Combette, capitaine d'une SAS, noue les premiers contacts avec lui. Une alliance militaire est conclue : Bellounis s'engage Ă  se rallier Ă  la France Ă  la condition que l'État français ne traite plus avec le FLN[6] - [7] - [8].

Il fonde au printemps 1957, l'ArmĂ©e nationale du peuple algĂ©rien (ANPA), soutenue financiĂšrement et militairement par le gouvernement français[9]. Il reçoit une aide logistique qui lui permet d'Ă©toffer son groupe armĂ©. Avec environ 3 000 hommes, il est actif sur un secteur d'environ 80 000 km2, d'Aumale Ă  Aflou et collabore avec les parachutistes du 11e choc dirigĂ©s par le capitaine Rocolle. Devenu « gĂ©nĂ©ral en chef » et trĂšs imprĂ©gnĂ© du modĂšle de l'armĂ©e française dont il est issu, il entreprend de le copier strictement Ă  son maquis en en reprenant les grades, l'articulation et mĂȘme la bureaucratie[10]. Mais l'attitude de Bellounis ne fait pas l'unanimitĂ© dans son propre camp et certains messalistes crient Ă  la trahison. D'aprĂšs les services de renseignement français, le « gĂ©nĂ©ral en chef », aprĂšs l'installation de son PC Ă  Diar-el-Chioukh, « travaille Ă©normĂ©ment, se lĂšve de bonne heure, s'enferme dans son bureau Ă  9 heures, prend son repas vers 5 heures et travaille tout l'aprĂšs-midi. Il est difficile de savoir qui pĂ©nĂštre chez lui, car le secret est bien gardĂ© [...] II a Ă©tĂ© l'objet de plusieurs tentatives d'assassinat, mais il est bien gardĂ©, et tout visiteur, mĂȘme officier, est fouillĂ© et dĂ©sarmĂ© avant de lui ĂȘtre prĂ©sentĂ©. » Mais ses rapports avec l'armĂ©e française sont marquĂ©s par la mĂ©fiance et une tension qui est perceptible dĂšs septembre 1957[5].

En 1958, sa garde rapprochĂ©e est d'ailleurs confiĂ©e Ă  ses proches. Le « gĂ©nĂ©ral en chef », dont les mĂ©thodes autoritaires et brutales sont bientĂŽt connues, voit ses officiers supĂ©rieurs tenter de lui ravir son pouvoir, entraĂźnant la dĂ©sagrĂ©gation de son armĂ©e. Son despotisme, ses exactions dressent contre lui les populations. Devenu plus gĂȘnant qu'utile, et incontrĂŽlable, les Français dĂ©cident, sur ordre du gĂ©nĂ©ral Raoul Salan[11], d'arrĂȘter lĂ  l'expĂ©rience et de dĂ©sarmer l'ANPA. Ayant abandonnĂ© son PC le , il trouve la mort lors d'un accrochage avec une unitĂ© française[5], des Ă©lĂ©ments du 3e RPIMa, vraisemblablement le au mont de Zemra (actuellement commune de Temsa) ex-douar de Ras Dabae (actuel Sidi Ameur Page d'aide sur l'homonymie) prĂšs de Bou Saada. Si on sait qu'il Ă©tait alors habillĂ© en bĂ©douin, montant un cheval et conduisant des chameaux, les circonstances exactes de son dĂ©cĂšs restent mystĂ©rieuses.

Son cadavre est exposĂ© un peu partout. Les rescapĂ©s de l'ANPA, quelques centaines d'hommes, se rĂ©fugient dans les montagnes sous les ordres d'un chef MNA, Si Meftah, les autres se rallient au FLN. Ces derniers seront les premiers Ă  ĂȘtre Ă©liminĂ©s en 1959, lors des purges dĂ©clenchĂ©es par « la bleuite » qui a ravagĂ© les maquis des wilayas III et IV.

De fait, seuls les responsables du MNA de France rendent hommage Ă  ce combattant du messalisme, grand admirateur d'Abd el-Kader, et qui se voyait sans doute succĂ©der au vieux leader Messali Hadj, pour prendre la tĂȘte d'une AlgĂ©rie indĂ©pendante. Le FLN a, par la suite, exploitĂ© cette Ă©pisode de la guerre contre le MNA[5].

Notes et références

  1. « Mohammed Bellounis renie le M.N.A. et pense que l'AlgĂ©rie " doit ĂȘtre indiscutablement liĂ©e Ă  la France " », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  2. H.Aït Ahmed : Mémoires d'un combattant, l'esprit d'indépendance, 1942-1952 (Mémoires), Messinger, Paris, pp : 185
  3. Stora 1985.
  4. Sylvie ThĂ©nault, « Guerre d’AlgĂ©rie : les ombres de la peur et de la violence Ă  travers six photographies d’archives commentĂ©es par des historiens », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  5. Mustapha Harzoune, Chems Ed Din L'Affaire Bellounis Histoire d'un général fellagha. Précédé de Retour sur la guerre d'Algérie par Edgar Morin (compte-rendu), Hommes & Migrations, Année 1998, 1216, p. 141-142
  6. Patrick Pesnot, « Le massacre de Melouza : manipulations et mensonges », émission Rendez-vous avec X sur France Inter, 23 mars 2013
  7. « Le massacre de Melouza : manipulations et mensonges (1) du 16 mars 2013 - France Inter », sur www.franceinter.fr (consulté le ).
  8. « Le massacre de Melouza : manipulations et mensonges (2) du 23 mars 2013 - France Inter », sur www.franceinter.fr (consulté le ).
  9. Philippe Gaillard, L'Alliance, La guerre d'AlgĂ©rie du gĂ©nĂ©ral Bellounis (1957-1958), Éditions L'Harmattan - 2009 - (ISBN 978-2-296-07932-8).
  10. Louis N. Panel, « L’opĂ©ration « Ollivier » : La France face au maquis Bellounis (avril 1957 – juillet 1958) », Indochine-AlgĂ©rie, no 9,‎ , p. 64-71.
  11. Nouzille, Vincent, (1959- ...)., Les tueurs de la République : assassinats et opérations spéciales des services secrets, Fayard, dl 2015, 347 p. (ISBN 978-2-213-67176-5 et 2213671761, OCLC 905100818, lire en ligne), p. 30.

Voir aussi

Bibliographie

Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article : document utilisĂ© comme source pour la rĂ©daction de cet article.

  • Benjamin Stora, Dictionnaire biographique de militants nationalistes algĂ©riens, L'Harmattan, (ISBN 2-85802-543-3 (Ă©ditĂ© erronĂ©), BNF 36618638, lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Jean-Louis GĂ©rard, Dictionnaire historique et biographique de la guerre d'AlgĂ©rie, Éditions Jean Curtuchet, , 206 p. (ISBN 978-2-912932-27-3)
  • Vincent Nouzille, Les Tueurs de la RĂ©publique, Fayard, (ISBN 978-2-213-67176-5), p. 29-31.
  • Chems ed-Din, L’affaire Bellounis, histoire d’un gĂ©nĂ©ral fellagha, Editions de l'aube, 1998, 111 pages

Articles connexes

Liens externes

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