Accueil🇫🇷Chercher

Émilie Busquant

Émilie Busquant, née à Neuves-Maisons (Meurthe-et-Moselle) et morte le [1] à Alger, est une militante anarcho-syndicaliste, féministe et anticolonialiste française, compagne du leader nationaliste algérien Messali Hadj[2]. Un certain nombre de thèses, objets de controverses et de polémiques en Algérie, mettent à son crédit la confection du premier drapeau algérien.

Émilie Busquant
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance

Neuves-Maisons
Décès

Alger
Nationalité
Activité
Militante pour les droits des femmes
Conjoint
Autres informations
Mouvements

Biographie

D'une famille de neuf enfants, Émilie grandit dans la ville ouvrière de Neuves-Maisons, dans l'est de la France, où son père travaillait dans l'aciérie locale[3].

Son père était impliqué dans l'anarcho-syndicalisme, et elle est engagée politiquement dès son plus jeune âge[4].

Émilie Busquant déménage à Paris et travaille dans un grand magasin avant de rencontrer un jeune migrant algérien et militant politique, Messali Hadj[3]. Comme c'était souvent le cas pour les couples de la classe ouvrière, ils emménagent ensemble sans se marier officiellement[5]. Cette union, dont naîtront deux enfants, a été marquée par un engagement commun envers des causes progressistes et anti coloniales[1]. Pendant les longs séjours en prison de Messali Hadj, Émilie parle souvent en son nom et utilise sa position de citoyenne française pour mépriser particulièrement l'engagement déclaré de la France à « civiliser » l'Algérie[6].

Selon Lou Marin, auteur de Albert Camus. Écrits libertaires (1948-1960) [7] : « L’épouse de Messali, Émilie Busquant, fut anarcho-syndicaliste, fille d’un mineur anarcho-syndicaliste de Lorraine. C’est elle qui a introduit Messali Hadj au milieu anarcho-syndicaliste français. Il se sentait parmi ce milieu comme « chez soi » et a adopté une stratégie d’atteindre l’indépendance d’Algérie en s’alliant avec les courants les plus radicaux du mouvement ouvrier français. »[8]

Drapeau algérien

Émilie Busquant est réputée, avoir confectionné le drapeau algérien, selon certains témoignages dont celui de ses enfants Djanina[9] et Ali. Cette paternité de l'emblème national algérien est disputée par Chawki Mostefaï, militant du Parti du peuple algérien. Ces faits sont l'objet de polémiques en Algérie[10].

Selon Benjamin Stora, les couleurs du drapeau algérien sont choisies lors d'une réunion des dirigeants de l'Étoile nord-africaine au domicile de Hocine Benachenhou, dans le 13e arrondissement de Paris, en 1934 ; le drapeau est ensuite confectionné par Émilie Busquant, compagne de Messali Hadj, dans leur logis du 20e arrondissement[11]. Un autre historien, M. Yahia, précise qu'elle en a conçu la forme actuelle et définitive pour les manifestations du , à Belcourt, où il apparaît pour la première fois tel qu'il est resté ; mais le même auteur n'écarte pas d'autres thèses, dont celle qui soutient que le drapeau algérien a été vu pour la première fois au siège parisien de l'Étoile nord-africaine en 1933, sans préciser qui lui a donné sa forme[12]. Quoi qu'il en soit, le , Émilie Busquant, avec Mohamed Khider et Mohamed Douar, défile en tête du cortège organisé par le PPA derrière le drapeau algérien[13]. L'emblème est adopté le par le gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) et officialisé par la loi du .

Mort et héritage

Ă€ la mort d'Émilie Busquant Ă  Alger en 1953, Messali Hadj (en exil en France) n'est pas autorisĂ© Ă  assister Ă  ses obsèques. Un cortège de 10 000 personnes suivit son cercueil, drapĂ© du drapeau algĂ©rien, Ă  travers les rues de la capitale algĂ©rienne en route vers le port. Ses obsèques Ă  Neuves-Maisons le ont Ă©tĂ© suivies par une dĂ©lĂ©gation des grands partis de la gauche radicale. Sous surveillance policière, son mari prononce un discours aux peuples algĂ©riens et français devant sa tombe, rappelant son militantisme et la dĂ©clarant «le symbole de l'union des peuples algĂ©rien et français dans leur lutte", [14] et appelant Ă  « construire une sociĂ©tĂ© plus humaine, plus juste oĂą la libertĂ© ne sera pas un vain mot »[1].

Selon le témoignage de son petit-fils Chakib Belkalafat au quotidien El Khabar, Émilie Busquant a laissé des mémoires.

Émilie Busquant est enterrée (ainsi que leur fils Ali Messali, 1930-2008) dans l'allée de la Lavande du cimetière de Neuves-Maisons en Meurthe-et-Moselle (54230), Lorraine.

Figure longuement oubliée, sa ville natale a érigé une plaque à sa mémoire à l'occasion du cinquantième anniversaire de sa mort en 2003 tandis qu'un documentaire de 2015 du réalisateur Rabah Zanoun présentait pour la première fois son histoire à un public français[4].

Elle n'est pas reconnue officiellement en tant que militante de la cause nationale pour l'indépendance de l'Algérie[15].

Notes et références

  1. Stora 1985, article « Busquant Émilie », p. 79-80.
  2. Benjamin Stora, « Messali Hadj raconté par sa fille », sur Médiapart, 21 mai 2013.
  3. Benjamin Stora, Messali Hadj 1898-1974, Paris, Pluriel, , p. 48.
  4. Mustapaha Kessous, « Émilie Busquant, la plus algérienne des Francaises », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. René Gallissot, « Émilie Busquant, dite Mme Messali », Insaniyat, nos 25-26,‎ , p. 151 (lire en ligne)
  6. « Discours de Mme Messali à La Mutualité », El Ouma, no 29,‎ .
  7. Albert Camus et Lou Marin, Écrits libertaires : 1948-1960, Marseille/Montpellier, Égrégores éditions & Indigène éditions, , 337 p. (ISBN 979-10-90354-37-1).
  8. pwll et Sebastian Kalicha, « Albert Camus et la pensée libertaire : une entrevue avec Lou Marin », La tomate noire,‎ (lire en ligne).
  9. « Mon Algérie, par Djanina Messali-Benkelfat, fille de Messali Hadj : « J’ai grandi dans les parloirs de toutes les prisons d’Algérie » », sur L'Obs, (consulté le )
  10. Gérard Crespo Et Jean-Pierre Simon, L'Islam aux sources du nationalisme algérien, Editions Edilivre, (ISBN 978-2-414-38925-4, lire en ligne), p. 58
  11. Stora 1985, article « Benachenhou Hocine », p. 74.
  12. B. Houda, « Le vert, le blanc, l’étoile et le croissant Qui a conçu le drapeau algérien ? », El Watan,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  13. Jacques Simon, Algérie : le passé, l'Algérie française, la révolution, 1954-1958, L'Harmattan, , p. 474.
  14. Gallissot 2004, p. 157.
  15. Nabila Sandjak, El Khabar, 16 janvier 2010.

Annexes

Bibliographie

  • Mohamed Benchicou, La parfumeuse : La vie occultĂ©e de madame Messali Hadj, roman, Paris, Riveneuve Ă©ditions, , 267 p. (ISBN 978-2-36013-115-0). Nouvelle Ă©dition 2021, par le mĂŞme Ă©diteur comme biographie sous le titre La vie occultĂ©e de Madame Messali Hadj, 250 p.
  • Djanina Benkelfat-Messali, Une vie partagĂ©e avec mon père, Messali Hadj, Paris, Riveneuve Ă©ditions, , 394 p. (ISBN 978-2-36013-148-8)
  • Benjamin Stora, Dictionnaire biographique de militants nationalistes algĂ©riens, L'Harmattan, , 404 p. (ISBN 978-2-296-34092-3)
  • Rachid Mokhtari, « La Parfumeuse : interview de Mohamed Benchicou Ă  l'Est rĂ©publicain », Le Matin (AlgĂ©rie)/L'Est rĂ©publicain,‎ (lire en ligne)
  • Émilie Busquant, une passion algĂ©rienne », Rabah Zanoun (), documentaire, 52 min

Article connexe

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.