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SĂ©tif

SĂ©tif (prononcĂ© [se.tif] ) (en arabe : ŰłŰ·ÙŠÙ ; en tamazight : ┚┟┉⎌ (áčąáč­if)[3]) est une ville du nord-est de l'AlgĂ©rie et le chef-lieu de la wilaya de SĂ©tif. Il s'agit de l'une des villes les plus importantes d'AlgĂ©rie ; elle est souvent considĂ©rĂ©e comme la capitale commerciale du pays. SituĂ©e au sud de la Petite Kabylie, Ă  252 km Ă  l'est-sud-est d'Alger, Ă  70 km Ă  l'est-nord-est de Bordj Bou Arreridj, Ă  283 km Ă  l'ouest-sud-ouest de Annaba et Ă  127 km Ă  l'ouest de Constantine, la ville culmine Ă  1 100 m d'altitude.

SĂ©tif
De haut en bas et de gauche à droite : centre-ville de Sétif, la Mosquée Al Atiq, le tramway en face du siÚge de la Wilaya de Sétif, le centre commercial Park Mall Sétif
Noms
Nom arabe ŰłŰ·ÙŠÙ
Nom amazigh ┚┟┉⎌
Administration
Pays Drapeau de l'Algérie Algérie
RĂ©gion Hauts Plateaux
Wilaya SĂ©tif
(chef-lieu)
DaĂŻra SĂ©tif[1]
(chef-lieu)
Président de l'APC
Mandat
Bourmani Mouhamed Echerif (FLN)
2017-2022
Code postal 19000
Code ONS 1901
Indicatif 036
DĂ©mographie
Gentilé Sétifien, Sétifienne
Population 288 461 hab. (2008[2])
DensitĂ© 2 266 hab./km2
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 36° 09â€Č 00″ nord, 5° 26â€Č 00″ est
Altitude 1 086 m
Superficie 127,30 km2
Divers
Saint patron El Kheir
Localisation
Localisation de SĂ©tif
Localisation de la commune dans la wilaya de SĂ©tif
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SĂ©tif
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SĂ©tif
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SĂ©tif
    Minaret du Masdjid Al'atiq

    Sous le nom de Sitifis, la ville faisait partie durant l'Antiquité du royaume berbÚre de Numidie, puis elle devint sous l'empire romain la capitale de la Maurétanie sétifienne, avant de passer au VIIe siÚcle sous contrÎle arabo-musulman[4].

    La ville est le point de départ des massacres de Sétif, Guelma et Kherrata, à la suite des manifestations du , signe avant-coureur de la guerre d'Algérie[5] : c'est ce qui lui fera porter le nom de « la ville du Martyr ».

    GĂ©ographie

    Situation

    La ville de SĂ©tif est situĂ©e dans le Nord-Est algĂ©rien, Ă  217 km Ă  l'est-sud-est d'Alger, et s'Ă©lĂšve Ă  1 100 m d'altitude dans la rĂ©gion des hauts plateaux du Sud de la Petite Kabylie. La ville de SĂ©tif est situĂ©e dans la partie centrale de la wilaya limitĂ©e au nord par la commune d'Ouricia, Ă  l’est par la commune d'Ouled Saber, Ă  l’ouest par les communes de Mezloug et Ain Arnet, au sud par la commune de Guedjel.

    Représentations cartographiques de Sétif
    Carte OpenStreetMap
    Carte topographique

    Topographie

    La structure naturelle de la ville de SĂ©tif est caractĂ©risĂ©e par la non-homogĂ©nĂ©itĂ© parce qu'elle se situe entre deux rĂ©gions diffĂ©rentes ; l’Atlas tellien dans le nord et la chaĂźne du dĂ©sert dans le sud, et la rĂ©gion des plaines au milieu, cette diversitĂ© fait de la ville de SĂ©tif, en particulier une rĂ©gion caractĂ©risĂ©e par la largeur et la hauteur allant Ă  1 100 mĂštres[6].

    Hydrographie

    Les oueds se caractérisent par un écoulement irrégulier conséquence des données climatiques et des précipitations. Les principaux cours d'eau sont les oueds Boussalem et El Kébir[6].

    GĂ©ologie et relief

    Vue aérienne de la ville

    La ville de SĂ©tif a une superficie de 127,3 km2 et est situĂ©e dans la wilaya de SĂ©tif, qui a une superficie de 6 504 kmÂČ soit 0,27 % du territoire national. SĂ©tif est appelĂ©e capitale des hauts plateaux.

    Climat

    De nombreux facteurs interviennent pour dĂ©terminer le climat de ville de SĂ©tif, et qui sont : l'altitude estimĂ©e Ă  1 100 m, l'Ă©loignement de 100 km de la mer MĂ©diterranĂ©e, sa situation sur les hauts plateaux de l'est et le fait qu'elle soit, bien sĂ»r, entourĂ©e de montagnes, la conjugaison de ces facteurs fait que SĂ©tif jouit d'un climat semi-aride (classification climatique de Köppen-Geiger BSk), ses Ă©tĂ©s sont chauds et secs, tandis que ses hivers sont froid et pluvieux.

    Ain Fouara sous la neige

    En raison de l'emplacement de SĂ©tif sur les hauts plateaux, Ă  1 100 m d'altitude, il s'agit de l'une des rĂ©gions les plus froides en hiver en AlgĂ©rie, elle voit frĂ©quemment des chutes de neige annuelles allant jusqu'Ă  40 cm. La rĂ©gion enregistre en hiver une importante pluviomĂ©trie, mais qui n’est pas uniforme pour toutes les zones, en effet, si la zone du Nord reçoit 700 mm annuellement, la zone des hauts plateaux ne reçoit que 400 mm par an. Les crues Ă©clair sont rares, mais se sont rĂ©cemment produites autour du printemps et de l'automne. L'Ă©tĂ© est relativement chaud, oĂč les vagues de chaleur extrĂȘme sont frĂ©quentes vers le mois de juillet et aoĂ»t, oĂč les tempĂ©ratures peuvent parfois atteindre 40 °C.

    Environnement

    Le champ de la ville de SĂ©tif est caractĂ©risĂ© en particulier par une couverture vĂ©gĂ©tale faible loin du pourcentage minimal de l’équilibre Ă©cologique, ce pourcentage est estimĂ© Ă  25 % de la superficie totale de la wilaya, sachant que les forĂȘts reprĂ©sentent 66.15 % de la superficie totale de wilaya dont 62 750 hectares de forĂȘts naturelles et 39 144 hectares de forĂȘts plantĂ©es qui reprĂ©sentent jusqu'Ă  41.38 % de la superficie arborĂ©e[6].

    Transport

    Ligne de tramway

    SĂ©tif occupe une position prĂ©dominante parmi les villes des hauts plateaux de l'Est. Elle constitue Ă©galement un point de passage d'une grande importance du fait qu'elle est traversĂ©e par la route nationale N° 5, plus rĂ©cemment par l'autoroute est-ouest, enfin par la route nationale No 09 reliant Bejaia Ă  SĂ©tif. À cela s'ajoute le fait qu'elle sert de lieu de transit aux convois de marchandises provenant du Sud et qui se dirigent vers les ports de Bejaia et de Jijel, de plus, elle dispose d'un aĂ©roport ouvert au rĂ©seau tant national qu'international.

    SĂ©tif dispose d’un aĂ©roport national (35 minutes d'Alger par avion) et international (desservant les principales villes françaises).

    Toponymie

    Sétif a été numide avant de subir la domination romaine. Le nom de Sétif n'est pas tiré du latin, mais c'est un mot berbÚre Zdif[7] qui signifie « terres noires », allusion faite à la fertilité de ses terres. Occupant une position stratégique (porte d'entrée ouest des hauts plateaux constantinois) et un point d'eau important grùce à ses nappes phréatiques, située au pied des montagnes au seuil d'une plaine immense.

    Histoire

    Préhistoire

    Outils atériens

    La PrĂ©histoire de SĂ©tif commence avec les premiĂšres traces d'occupation humaine, il y a environ 2 millions d'annĂ©es, et s'achĂšve avec les premiers textes carthaginois, au Ier millĂ©naire av. J.-C..

    L'ensemble de sites d'Aïn El Ahnech, à Guelta Zerka, comporte plusieurs locus qui ont livré des vestiges lithiques trÚs anciens de type oldowayen, toutefois sans fossiles humains associés.

    Le site d'AĂŻn Boucherit a livrĂ© en 2018 des vestiges d'industrie lithique (outils en pierre taillĂ©e), datĂ©s entre 1,9 et 2,4 millions d'annĂ©es[8].

    Le 29 novembre 2018, la revue Science annonce la datation du site par quatre mĂ©thodes qui se corroborent[9] : la polaritĂ© gĂ©omagnĂ©tique nĂ©gative rapportĂ©e au chron Matuyama, les datations par la mĂ©thode ESR, la biochronologie (les assemblages d'espĂšces fossiles) et la vitesse de sĂ©dimentation[10]. AĂŻn Boucherit pourrait ĂȘtre le troisiĂšme site africain le plus ancien aprĂšs Lomekwi 3 au Kenya (3,3 Ma), et Kada Gona en Éthiopie (2,55 Ma)[11].

    Le gisement prĂ©historique d'AĂŻn El Ahnech est Ă  quelques kilomĂštres Ă  l'est de la ville, l'Ăąge des vestiges lithiques est Ă©valuĂ© par archĂ©omagnĂ©tisme Ă  d'environ 2,4 millions d'annĂ©es. Il s'agit d'un ancien lac, situĂ© dans la commune de Guelta Zerka[12].

    Le site fut dĂ©couvert en 1947 par le palĂ©oanthropologue français Camille Arambourg (1885-1969), au cours de ses recherches Ă  visĂ©e palĂ©ontologique de dĂ©pĂŽts continentaux dans la rĂ©gion de SĂ©tif[12] - [13]. Le 29 novembre 2018 est publiĂ©e une dĂ©couverte d'outils datant de 2,4 millions d annĂ©es, ce qui fait de ce site, au moment de sa dĂ©couverte, le berceau de l'HumanitĂ© avant celui de Tanzanie. Le professeur Sahnouni confirme cette dĂ©couverte.

    Antiquité

    Carte des royaumes de Numidie occidentale et de Numidie orientale avant leur unification par Massinissa.

    La ville, d'origine numide, faisait partie du royaume des MassÊsyles en l'an -225. Elle était également considérée comme capitale avant que Juba II lui ait préféré Cherchell. Jugurtha y livra une bataille à Marius.

    Elle est une partie intégrante de la province romaine de la Maurétanie Césarienne devenue la Maurétanie Sétifienne. Jugurtha livré, Sitifis releva du royaume de Maurétanie, attribué successivement à Bocchus puis Boccuris, Juba II et enfin à Ptolémée de Maurétanie, assassiné à Lugdunum à l'instigation de Caligula.

    Par sa situation stratĂ©gique, Sitifis intĂ©ressa Nerva qui y installa dĂšs 96 une colonie de vĂ©tĂ©rans, la Colonia Nerviana Augusta Martialis Veteranorum Sitifensium. Claude rĂ©duisit la MaurĂ©tanie en province romaine, la divisa en deux, et rattacha SĂ©tif Ă  la nouvelle MaurĂ©tanie cĂ©sarienne, capitale CĂ©sarĂ©e/Cherchell. En 290, SĂ©tif devient capitale de la MaurĂ©tanie SĂ©tifienne (actuelle AlgĂ©rie orientale), dĂ©tachĂ©e de la MaurĂ©tanie CĂ©sarienne. La nouvelle province relĂšve alors du diocĂšse d'Afrique, relevant lui-mĂȘme de la prĂ©fecture d'Italie.

    La rĂ©gion de SĂ©tif est un des greniers Ă  blĂ© de la Rome antique : Caput Saltus Horreorum (aujourd'hui AĂŻn-Zada) en est le siĂšge[14]. On possĂšde une lettre d'Augustin Ă  Novat, Ă©vĂȘque de SĂ©tif.

    Préludant à la chute de l'Empire romain d'Occident en 476, un peuple germanique, les Vandales, menés par leur roi Genséric, (427 - janv. 477), passa d'Espagne en Afrique, en l'an 429, à la demande du gouverneur romain, le comte Boniface, révolté contre l'empereur Valentinien. L'itinéraire des Vandales en Afrique, de Tingi (Tanger) vers Carthage, passa par Sitifis atteinte probablement dÚs 430. Boniface vaincu, Genséric établit le siÚge de son royaume à Carthage en 439, forçant l'empereur à le reconnaßtre maßtre de l'Afrique « romaine ».

    La ville conserve des vestiges des IIIe siÚcle et IVe siÚcle : remparts, temple, cirque, mausolée dit « de Scipion », etc. Le produit des fouilles archéologiques est conservé et exposé au Musée Archéologique de la ville, et diverses stÚles dans le jardin Abd el-Kader. Il est à mettre en relation avec le site de Cuicul / Djemila.

    Au VIe siĂšcle, les Byzantins trouvĂšrent Ă  Sitifis une population rĂ©duite, du fait des prĂ©dations vandales. En 539, Sitifis redevint capitale d'une province « romaine » byzantine : la MaurĂ©tanie PremiĂšre. À cette Ă©poque, Solomon Ă©difia l'enceinte de la forteresse byzantine, dont les murs Ouest et Sud sont encore visibles.

    PĂ©riode islamique

    La ville a été administrée successivement par les dynasties musulmanes qui ont regné en Afrique du nord : Omeyyades, Abbassides, Aghlabides, Fatimides, Zirides, Almohades, Hafsides, Ottomans. Selon l'historien Al-Yaqubi dans le kitab al-Buldan, repris par AA.Duri une fraction des arabes Banu Assad ibn Khuzaima du nom de Banu Usluja originaires d'Irak se sont installés à Setif à l'époque des Aghlabides[15] avec des non-arabes (persans abna) du Khorasan[16].

    Sétif selon le géographe et historien Al-Bakri :

    « La ville de SĂ©tif est Ă  deux journĂ©es d’El-Mecila (...) on arrive Ă  SĂ©tif, ville grande et importante, dont l’origine remonte aux temps antiques.' La muraille qui l’entourait fut dĂ©truite par les Ketama, partisans d’Abou Abd’Allah ash-Shi’i , et cela pour la raison que les Arabes leur avaient enlevĂ© cette ville et les avaient obligĂ©s Ă  payer la dime chaque fois qu’ils voulaient y enter. Elle est maintenant sans murs; mais elle n’en est pas moins bien peuplĂ©e et trĂšs florissante.' Les bazars sont en grand nombre, et toutes les denrĂ©es sont en grand nombre, SĂ©tif est a dix journĂ©es de Kairouan, Ă  dix journĂ©es de Gazrouna et Ă  une journĂ©e de Tanaguelalt situĂ© dans le voisinage de Mila. »[17].

    C'est à Sétif que se déroule la bataille de Sétif entre les Arabes hilaliens et les BerbÚres almohades, qui se solda par la victoire des Almohades[18].

    Des vestiges de cette Ă©poque arabo-musulmane furent exhumĂ©s au dĂ©but des annĂ©es 1980. Selon Khelifa Abderrahmane, les rĂ©sultats de ces fouilles sont trĂšs intĂ©ressants : « La ville n’était pas totalement abandonnĂ©e et les vestiges des thermes servaient d’abri occasionnel aux hommes et au bĂ©tail. Le dĂ©veloppement de la ville musulmane se serait fait d’abord au nord de la forteresse byzantine. »[19].

    Cette fouille a dĂ©montrĂ© que les premiĂšres maisons islamiques avaient Ă©tĂ© construites avec des rĂ©emplois de pierres de taille renforcĂ©es sur leur face intĂ©rieure de cailloux liĂ©s Ă  du pisĂ©. La datation au carbone 14 nous renvoie Ă  une pĂ©riode situĂ©e entre 655 et 970. La fouille avait mis au jour neuf bĂątiments qui ont Ă©tĂ© datĂ©s entre l'an 810 (au temps des Aghlabides) et 974 (du califat des fatimides). Une monnaie du calife fatimide Al Mu’izz avec un tesson de cĂ©ramique figurĂ© ont Ă©tĂ© trouvĂ©s dans le troisiĂšme sol. Selon Khelifa Abderahmane, l'important est que la fouille a pu dĂ©gager une typologie de l'habitat des Xe et XIe siĂšcles pour cette rĂ©gion, avec des piĂšces plus longues que larges[19].

    La tribu arabe des Bani Hilal peuplait une grande partie des plaines sétifienne[20].

    Époque française

    Blason de Sétif pendant la colonisation française.

    En 1838, la ville est prise par une colonne de l'armĂ©e coloniale française dans le cadre des opĂ©rations visant la prise de Constantine. L'occupation est d'abord militaire mais trĂšs vite les civils affluent (ouvriers). Un premier plan urbain de la ville est mis en chantier par arrĂȘtĂ© de 1843 et voit la formation d'une citĂ© europĂ©enne en 1846. L'annĂ©e suivante, le 11 fĂ©vrier 1847, une ville europĂ©enne est crĂ©Ă©e par ordonnance royale avec une dotation de 2 509 ha de terre. DĂšs 1850 , la ville devient un centre de peuplement colonial attirĂ© par les potentialitĂ©s agricoles de la rĂ©gion.

    La colonisation se développe notamment sous le Second Empire, et accentue la structuration urbaine de l'actuel centre-ville. La construction de la gare de Sétif, sur la ligne Alger-Constantine, aurait été décidée par le conseil communal en 1877.

    En 1926, La ville voit le lancement d'un programme de logements sociaux destinés aux Algériens de Sétif.

    Massacres de SĂ©tif (1945)

    Carte des massacres de SĂ©tif, Guelma et Kherrata en 1945

    SĂ©tif est le point de dĂ©part le 8 mai 1945 d'une sĂ©rie d'Ă©meutes nationalistes rĂ©primĂ©es dans le sang par les autoritĂ©s coloniales françaises. Les manifestations et l'explosion de violence qui les accompagnent ont pour origine un projet d'insurrection nationaliste dont le but est de crĂ©er une "zone libĂ©rĂ©e" avec un gouvernement provisoire dirigĂ© par Messali Hadj. Mais ces plans doivent ĂȘtre abandonnĂ©s aprĂšs la tentative d'Ă©vasion ratĂ©e de sa rĂ©sidence surveillĂ©e de Messali et son transfert Ă  Brazzaville. L'Ă©meute de SĂ©tif souvent prĂ©sentĂ©e comme la consĂ©quence de la colĂšre populaire provoquĂ©e par la mort du porte-drapeau Bouzid SaĂąl est en fait « une vĂ©ritable insurrection armĂ©e qui a fait 23 morts et 80 blessĂ©s europĂ©ens »[21].

    Carte du déroulement de la manifestation du 9 mai 1945 à Setif

    La nouvelle de l'Ă©meute gagne rapidement la rĂ©gion. La manifestation d'indĂ©pendantistes Ă  SĂ©tif tourne Ă  l’insurrection violente. La rĂ©volte gagne les villes voisines. La rĂ©pression qui s’ensuit est dĂ©mesurĂ©e et d'une brutalitĂ© extrĂȘme, faisant des milliers de morts parmi les manifestants. Cette rĂ©pression est le fait de l'armĂ©e et des milices civiles. 3 700 hommes sont dĂ©ployĂ©s dans la subdivision de SĂ©tif (Ă©quivalente Ă  deux dĂ©partements français)[21].

    C’est le gouverneur Chataigneau qui dĂ©crĂšte l’état de siĂšge. Il donne les pleins pouvoirs au gĂ©nĂ©ral Henri Martin, patron de l’armĂ©e en Afrique du Nord pour « rĂ©tablir l’ordre d’urgence ».

    La France annonce alors 103 morts europĂ©ens et 110 blessĂ©s (84 tuĂ©s dont 13 femmes pour la 1re journĂ©e d'Ă©meute Ă  SĂ©tif et ses environs)[22] ; entre 600 et 1 500 AlgĂ©riens tuĂ©s ou blessĂ©s. 400 tuĂ©s et 250 blessĂ©s par l'armĂ©e de terre, 200 morts par l'aviation, une dizaine de morts par la marine mais il faut ajouter 2 000 Ă  3 000 morts musulmans victimes de la rĂ©action des civils qui dĂšs le dĂ©but des Ă©meutes s'organisent en milices d'autodĂ©fense[22].

    Officiellement, le gouvernement algĂ©rien a dĂ©nombrĂ© 45 000 victimes, chiffre avancĂ© dĂšs l'Ă©tĂ© 1945 par le Parti du peuple algĂ©rien (PPA)[23]. En 2015, les historiens français François Cochet, Maurice Faivre, Guy PervillĂ© et Roger VĂ©tillard, faisant le point sur les recherches rĂ©centes d'une dizaine d'historiens français, estiment le nombre de victimes algĂ©riennes entre 3 000 et 8 000 morts[21].

    DĂ©mographie

    Carte des langues natives de la wilaya de SĂ©tif

    La ville comptait 288 461 habitants en 2008 ce qui l'a classĂ© huitiĂšme au niveau national. La ville est le chef-lieu de la seconde wilaya la plus peuplĂ©e d'AlgĂ©rie.

    Le réseau de tramway de Sétif, le 2e plus long en Algérie.

    Économie

    Sétif, par sa position géographique et le réseau routier dont elle dispose, relie les espaces dynamiques à l'Est Constantine à l'Ouest Alger au Sud-Est la wilaya de Batna au Nord les ports de Jijel et de Bejaia. En outre la ville est traversée par une ligne de chemin de fer.

    SĂ©tif possĂšde un important potentiel de formation presque 9000 postes de formation professionnelle et spĂ©cialisĂ©e qui peuvent ĂȘtre rĂ©adaptĂ©s au contexte actuel, et de deux pĂŽles universitaires avec 5 249 Ă©tudiants ; ainsi les demandeurs d'emploi se prĂ©senteront sur le marchĂ© de travail avec une qualification diversifiĂ©e et de plus en plus Ă©levĂ©e.

    La ville de SĂ©tif est dotĂ©e d’une base industrielle tournĂ©e essentiellement vers la plasturgie, l’agroalimentaire et les matĂ©riaux de construction. C’est ainsi que SĂ©tif figure parmi les cinq premiĂšres zones pilotes devant accueillir les futures ZIDI (Zones IntĂ©grĂ©es de DĂ©veloppement Industriel). Initiative menĂ©e par le MinistĂšre de l’Industrie et de la Promotion de l’Investissement. L’activitĂ© commerciale est Ă©galement trĂšs dynamique avec plus de 12 000 PME, ce qui place la ville de SĂ©tif au deuxiĂšme rang national, aprĂšs la wilaya d’Alger. PrĂ©sence de plus en plus importante d'entreprises chinoises, espagnoles, corĂ©ennes, allemandes et italiennes et françaises.

    Ce secteur constituerait Ă©galement un centre d’intĂ©rĂȘt du fait que la ville de SĂ©tif dispose d’un hĂ©ritage culturel inestimable Ă  travers ses sites archĂ©ologiques tels que la nĂ©cropole orientale romaine, le quartier du temple, le quartier des basiliques, la muraille byzantine, la citadelle byzantine, le cirque, l’aqueduc, le mausolĂ©e de Scipion l'Africain, le musĂ©e national d’archĂ©ologie, etc. AĂŻn El Fouara, situĂ©e au centre-ville de SĂ©tif, constitue une reprĂ©sentation artistique imposante mais incontournable au regard du visiteur tout comme d’ailleurs celui, coutumier, du SĂ©tifien, une Ɠuvre de Saint-Vidal construite en 1898.

    Administration et politique

    La wilaya de SĂ©tif entre 1962 et 1983

    La commune de SĂ©tif est crĂ©Ă©e dĂšs le dĂ©but de l’indĂ©pendance, le 5 juillet 1962.

    La commune de Setif comprend 12 annexes administratives Ă©laborant les activitĂ©s qui affectent l’état civil des citoyens. Ces annexes sont : Centre-ville, CitĂ© El Moustakbel, CitĂ© Yahaoui, CitĂ© 1er novembre, Bouaroua, El Hidhab, El Hassi, Ain Trik, El Baz, Chouf Lekdad, Chikh El Aifa, Tlidjan.

    Culture et patrimoine

    Cité Dallas

    Patrimoine

    La ville recÚle un patrimoine archéologique qui a poussé les services de l'UNESCO à conseiller l'aménagement d'un parc archéologique à visées touristique et culturelle. Néanmoins, celui-ci n'est toujours pas inscrit à ce jour à la liste du patrimoine mondial. L'un des monuments emblématiques de la ville est l'ancienne mosquée (El Masdjid el Atik) ainsi que la fontaine d'Ain El Fouara.

    Monuments et sites

    Monument aux martyrs de la premiÚre manifestation pour l'indépendance de l'Algérie

    Musées

    La ville de SĂ©tif a acquis une tradition musĂ©ale qui remonte Ă  la fin du XIXe siĂšcle par le premier musĂ©e lapidaire de l'ex-jardin d’OrlĂ©ans en 1896 (aujourd’hui jardin de l’Émir Abdelkader), puis ce fut une salle d'exposition pour objets d'art au lycĂ©e Albertini en 1932 (aujourd’hui lycĂ©e Kerouani), ensuite l’ancien palais de justice de la Wilaya a Ă©tĂ© mis Ă  la disposition du MinistĂšre de la Culture et du Tourisme pour abriter temporairement le musĂ©e Ă  partir de 1965, un nouveau musĂ©e fut inaugurĂ© le 30 avril 1985, le musĂ©e de SĂ©tif Ă©tait sous la tutelle en qualitĂ© de MusĂ©e RĂ©gional (MusĂ©e de site) jusqu'Ă  sa promotion en MusĂ©e National en date du 7 juin 1992[24].

    Musée national de Sétif

    Musée public national de Sétif

    ÉdifiĂ© Ă  l'Est de l'ancienne citadelle en face de l'actuel siĂšge de la wilaya, le musĂ©e national, antĂ©rieurement nommĂ© le musĂ©e national d'archĂ©ologie, est dotĂ© d'une salle de confĂ©rence, une salle de projection, une bibliothĂšque, une salle d'exposition, en plus des salles du musĂ©e d'archĂ©ologie qui recoupe la PrĂ©histoire, les Ă©poques numide, romaine, byzantine et la pĂ©riode musulmane[24].

    La mosaïque du « Triomphe de Dionysos »

    Ce musée est une mémoire vivante de Sétif et de ses environs. Le musée est organisé comme un itinéraire en cinq escales présentant des collections variées : mosaïques, objets de matériaux divers tels que la céramique, le verre, le bronze, la pierre[25].

    La premiĂšre escale conduit au cƓur de la PrĂ©histoire qui atteste l’existence d'une civilisation humaine des premiers Ăąges dans la rĂ©gion. La deuxiĂšme escale prĂ©sente la civilisation romaine et byzantine qui a laissĂ© de nombreuses traces Ă  SĂ©tif, telles que des collections de cĂ©ramique, de verre, de stĂšles funĂ©raires et surtout des mosaĂŻques dont celle de VĂ©nus ou celle de Bacchus.

    La troisiÚme escale aborde la période islamique avec une collection de poterie fatimide. L'art hammadite est représenté par des fragments de céramique à décor épigraphique ; géométrique et floral : les colonnes et les chapiteaux en plùtre sculpté sont peints en couleurs verte et rouge.

    La quatriĂšme escale prĂ©sente la salle de numismatique oĂč sont exposĂ©es des piĂšces frappĂ©es Ă  l'effigie des empereurs numides et romains ainsi que des monnaies musulmanes en or et en argent. La cinquiĂšme escale prĂ©sente l'importante collection de mosaĂŻques du MusĂ©e.

    Sites de loisirs

    Le Park Mall vu du parc d'attractions.

    Le ParkMall de SĂ©tif est ouvert depuis mars 2016.

    Le parc d'attraction de SĂ©tif constitue un espace de loisirs et de tourisme en plein cƓur de la ville.

    Gastronomie

    Le plat de Berboucha est typiquement sĂ©tifien, un couscous principalement Ă  l’agneau, navets et cardes. Le plat de mferemsa est Ă©galement typique de la ville. Il s’agit de grandes feuilles de pĂąte, cuites et arrosĂ©es d’une sauce rouge sucrĂ©e salĂ©e, composĂ©e d’oignons, d’épices, d’abricots, de raisins secs et de pĂąte de dattes, le tout accompagnĂ© de viande. La chorba frik, une soupe traditionnelle, est aussi trĂšs prĂ©sente Ă  SĂ©tif. On y trouve du mouton, du frik (blĂ© concassĂ©), de la tomate, des Ă©pices ; elle est souvent servie avec les bourek. Les tajines, le mĂ©choui, les ghraif (crĂȘpes traditionnelles).
    Pour la pĂątisserie locale on peut citer les makrout, les cornes de gazelle, les griouech, les bradj...

    Sports

    Une vue aérienne du stade 8 Mai 1945

    La ville de SĂ©tif dispose d'un club de football, l'Entente sportive de SĂ©tif (ESS) fondĂ© dans une discrĂ©tion totale en septembre 1958, sur ordre du commandement de la rĂ©volution FLN, pour une mission de Fidaye. Depuis, l'Entente devient un club majeur dans la scĂšne footballistique algĂ©rienne avec plusieurs titres nationaux (8 Coupes d’AlgĂ©rie, 8 Championnats dont 2 doublĂ©s, et deux Super Coupe d'AlgĂ©rie), ainsi que rĂ©gionaux et internationaux (2 Coupes Arabes des Clubs Champions, 2 Coupes d’Afrique des Clubs Champions, une Coupe Afro-Asiatique, et une Super Coupe d'Afrique).

    La ville dispose aussi de deux autres équipes de football : l'Union sportive madinet Sétif (USMS) fondée en 1933 (finaliste en Coupe d'Algérie en 2005) et le Stade Africain Sétifien (SAS) fondée en 1947.

    Le tour de SĂ©tif

    Une nouvelle piscine olympique d’El Bez a Ă©tĂ© inaugurĂ©e en 2014.

    Sétif est le lieu de deux compétitions cyclistes internationales :

    • Le CritĂ©rium international de SĂ©tif : les cyclistes courent sur un circuit fermĂ© de 40 tours totalisant 128 kilomĂštres. Le dĂ©part est devant le siĂšge de la wilaya de SĂ©tif, avenue du 1er novembre.
    • Le Tour international de SĂ©tif : les cyclistes courent dans la wilaya de SĂ©tif en trois Ă©tapes pour un parcours totalisant au total 346 kilomĂštres.

    Jumelages et partenariats

    Personnalités liées à Sétif

    Notes et références

    1. « Décret executif n° 91-306 du 24 août 1991 fixant la liste des communes animées par chaque chef de daïra. 19 - Wilaya de Sétif », Journal officiel de la République Algérienne, (consulté le ), p. 1304
    2. « Wilaya de Sétif : répartition de la population résidente des ménages ordinaires et collectifs, selon la commune de résidence et la dispersion ». Données du recensement général de la population et de l'habitat de 2008 sur le site de l'ONS.
    3. « SĂ©tif ┙⎻├┉⎌ ŰłŰ·ÙŠÙ, SĂ©tif », sur vymaps.com (consultĂ© le )
    4. « François Decret, Les invasions hilaliennes en Ifrßqiya - Clio - Voyage Culturel », sur www.clio.fr (consulté le )
    5. Mohammed Harbi, « La guerre d'Algérie a commencé à Sétif », Le Monde diplomatique, mai 2005, p. 21.
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    8. Mathieu Duval et Mohamed Sahnouni, « Des traces de prĂ©sence humaine de 2,4 millions d’annĂ©es dĂ©couvertes en AlgĂ©rie », sur The Conversation (consultĂ© le )
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    23. Les Français d'AlgĂ©rie : vie, mƓurs, mentalitĂ© de la conquĂȘte des Territoires du Sud Ă  l'indĂ©pendance. Pierre Mannoni. L'Harmattan, 1993, (ISBN 2-7384-1377-3), p. 272-273
    24. « Musée National d'Archéologie », sur setif.com
    25. « Musée public national de Sétif », sur wilayasetif.dz

    Annexes

    Bibliographie

    • NacĂ©ra Benseddik, Nouvelles inscriptions de SĂ©tif, BAA VII, 1977-79, p. 33–52
    • NacĂ©ra Benseddik, SĂ©tif, Dictionnaire du Monde antique, Ă©d. PUF, Paris, 2005
    • NacĂ©ra Benseddik et C. Lochin, Saturne et ses fidĂšles : Ă  propos de stĂšles de Cuicul, Mopth. et Sitifis, colloque international sur l'AlgĂ©rie antique : permanences, relations, reprĂ©sentations, identitĂ©s et culture dans l'AlgĂ©rie antique, Rouen, avril 2003 [2005], p. 261-292
    • Boucif Mekhaled, Chronique d'un massacre : 8 mai 1945, SĂ©tif-Guelma-Kherrata, Ă©d. Syros, Paris, 1995
    • Jean Louis Planche, SĂ©tif 1945. Histoire d'un massacre annoncĂ©, Ă©d. Perrin, 2006
    • Roger VĂ©tillard, SĂ©tif, . Massacres en AlgĂ©rie, Ă©d. de Paris, 2008
    • EugĂšne Vallet, Un drame algĂ©rien. La vĂ©ritĂ© sur les Ă©meutes de mai 1945, Ă©d. Grandes Ă©ditions françaises, 1948
    • Radouane Ainad Tabet, Le en AlgĂ©rie, Office des Publications Universitaires (OPU), Alger, 1985
    • Denise Morel, SĂ©tif de ma jeunesse, Ă©d. Gandini, 2001
    • Virginie Galbarini, Le Triomphe indien de Dionysos : Ă©tude descriptive et iconographique d’une mosaĂŻque de SĂ©tif, Bulletin annuel de l’ASAC-SAKA, 2005
    • Abdelkader Benarab, La Bataille de SĂ©tif, Ă©d. L'Harmattan, 2011
    • Abed Abidat, 8 mai 1945, tragĂ©die dans le Constantinois - SĂ©tif, Guelma, Kherrata... , Ă©d. Images Plurielles, 2010

    Articles connexes

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