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Patrice Lumumba

Patrice Lumumba[N 1], de son vrai nom Élias Okit'Asombo[1] (nĂ© le Ă  Onalua[2], Congo belge, et mort assassinĂ© le prĂšs d'Élisabethville au Katanga) est un homme d'État congolais, premier Premier ministre de la RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo (RĂ©publique du Congo de 1960 Ă  1964) de juin Ă  septembre 1960. Il est, avec Joseph Kasa-Vubu, l'une des principales figures de l'indĂ©pendance du Congo belge.

Patrice Lumumba
Illustration.
Patrice Lumumba en 1960.
Fonctions
Premier ministre du Congo
–
(2 mois et 21 jours)
Président Joseph Kasa-Vubu
Gouvernement Lumumba
Prédécesseur Fonction créée
Successeur Joseph Ileo
Biographie
Nom de naissance Élias Okit'Asombo
Date de naissance
Lieu de naissance Onalua, KasaĂŻ-Oriental (Congo belge)
Date de décÚs (à 35 ans)
Lieu de dĂ©cĂšs Élisabethville, Katanga (RDC)
Nature du décÚs assassinat
Nationalité Belge (2 juillet 1925 - 30 juin 1960)
Congolais
Parti politique MNC/L
Conjoint Pauline Opanga Lumumba
Enfants François Lumumba
Guy Patrice Lumumba
Juliane Lumumba, Patrice Lumumba, et Roland Lumumba
Entourage Antoine Gizenga Gaston Diomi Ndongala Joseph Kasa-Vubu Justin Bomboko Joseph Ileo Mobutu Sese Seko
Religion Catholique
Premiers ministres congolais

Il est considéré en République démocratique du Congo comme le premier « héros national » du pays post-indépendance.

Jeunesse et vie professionnelle

Patrice Émery Lumumba est nĂ© Ă  Onalua (territoire de Katako-Kombe au Sankuru, Congo belge, dans l'actuelle RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo). Il frĂ©quente l'Ă©cole catholique des missionnaires puis, Ă©lĂšve brillant, une Ă©cole protestante tenue par des SuĂ©dois. Jusqu’en 1954 (annĂ©e de la fondation d'un rĂ©seau d'enseignement laĂŻque et de la premiĂšre universitĂ©), la Belgique coloniale n’a que peu dĂ©veloppĂ© le systĂšme d’éducation, entiĂšrement confiĂ© aux missions religieuses. L'Ă©cole ne donne qu’une Ă©ducation rudimentaire et vise plus Ă  former des ouvriers que des clercs, mais Lumumba, autodidacte, se plonge dans des manuels d’histoire.

Il travaille comme employĂ© de bureau dans une sociĂ©tĂ© miniĂšre de la province du Sud-Kivu jusqu’en 1945, puis comme journaliste Ă  LĂ©opoldville (aujourd'hui Kinshasa) et Stanleyville (Kisangani) employĂ© de 2e classe Ă  la poste, pĂ©riode pendant laquelle il Ă©crit dans divers journaux.

En septembre 1954, il reçoit sa carte d'« immatriculĂ© », rĂ©servĂ©e par l'administration belge Ă  quelques Ă©lĂ©ments remarquĂ©s du pays (200 immatriculations sur les 13 millions d'habitants de l'Ă©poque).

Il dĂ©couvre, en travaillant pour la sociĂ©tĂ© miniĂšre, que les matiĂšres premiĂšres de son pays jouent un rĂŽle capital dans l’économie mondiale, mais aussi que les sociĂ©tĂ©s multinationales ne font rien pour mĂȘler des cadres congolais Ă  la gestion de ces richesses. Il milite alors pour un Congo uni, se distinguant en cela des autres figures indĂ©pendantistes dont les partis constituĂ©s davantage sur des bases ethniques sont favorables au fĂ©dĂ©ralisme[3]. L'historien congolais Isidore Ndaywel Ăš Nziem prĂ©cise : « Lumumba, Ă  cause de son identitĂ© de Tetela, avait son Ă©lectorat « naturel » dispersĂ© dans l'ensemble du pays, ce qui l'obligeait Ă  jouer une carte nationaliste unitaire »[4].

Il ne plaide pas pour une indĂ©pendance immĂ©diate, d'autant plus qu'il a pris conscience que les frontiĂšres du Congo belge et des colonies françaises, anglaises et portugaise voisines sont arbitraires, fixĂ©es par les puissances coloniales, ce qui posera un jour la question de rĂ©partir les richesses entre les futurs pays africains indĂ©pendants. En 1955, il crĂ©e une association « APIC » (Association du personnel indigĂšne de la colonie) et aura l’occasion de s’entretenir avec le roi Baudouin en voyage au Congo, sur la situation sociale des Congolais.

Le ministre belge en charge Ă  l'Ă©poque de la politique coloniale, Auguste Buisseret, veut faire Ă©voluer le Congo et, notamment, dĂ©velopper un enseignement public. Lumumba adhĂšre au Parti libĂ©ral, parti de ce ministre, et y attire des notables congolais. En 1956, il rĂ©pand alors une lettre-circulaire parmi les membres de l'association des Ă©voluĂ©s de Stanleyville dont il est le prĂ©sident et dans laquelle il affirme : « Tous les Belges qui s'attachent Ă  nos intĂ©rĂȘts ont droit Ă  notre reconnaissance
 Nous n'avons pas le droit de saper le travail des continuateurs de l'Ɠuvre gĂ©niale de LĂ©opold II. »[5] Et, en compagnie de plusieurs notables congolais, il se rend en Belgique sur invitation du Premier ministre.

C'est à cette époque que Patrice Lumumba écrit un livre sous le titre le Congo, terre d'avenir, est-il menacé ? Dans cet ouvrage il plaide pour une évolution pacifique du systÚme colonial belge dont il reste partisan. Emporté par l'évolution rapide des événements qui vont mener à l'indépendance, Lumumba ne prend pas le temps de publier ce livre (il paraßt à Bruxelles aprÚs sa mort)[6].

Le combat pour l'indépendance

Lumumba Ă  Bruxelles (1960).

En 1956, il est jugĂ© pour avoir dĂ©tournĂ© des fonds des comptes de chĂšques postaux de Stanleyville et condamnĂ© Ă  un emprisonnement d'un an. Il vit son incarcĂ©ration comme une injustice puisque, n'Ă©tant pas toujours payĂ©, il considĂšre n'avoir fait que prĂ©lever son dĂ». Il imputait ses malversations Ă  l'illogisme des Belges qui incitaient les Congolais instruits Ă  vivre comme les EuropĂ©ens sans leur en donner les moyens matĂ©riels[7]. LibĂ©rĂ© par anticipation, il reprend ses activitĂ©s politiques et devient directeur des ventes d'une brasserie. En cette mĂȘme annĂ©e, il est prĂ©sident de l'Association des Ă©voluĂ©s de Stanleyville[8]. C'est prĂ©cisĂ©ment Ă  cette Ă©poque que le gouvernement belge prend quelques mesures de libĂ©ralisation : syndicats et partis politiques vont ĂȘtre autorisĂ©s en vue des Ă©lections municipales qui doivent avoir lieu en 1957. Les partis politiques congolais sont parrainĂ©s par ceux de Belgique et Lumumba, classĂ© pro-belge par ses discours et ses rapports avec les libĂ©raux belges, est inclus dans l’amicale libĂ©rale.

En 1958, Ă  l'occasion de l’Exposition universelle de Bruxelles, premiĂšre du genre aprĂšs la guerre et qui a un grand retentissement dans le monde, des Congolais sont invitĂ©s en Belgique, dont Patrice Lumumba. MĂ©content de l'image paternaliste envers le peuple congolais et peu flatteuse prĂ©sentĂ©e par l'exposition, Lumumba se dĂ©tache des libĂ©raux et, avec quelques compagnons politiques, noue des contacts avec les cercles anticolonialistes de Bruxelles. DĂšs son retour au Congo, il crĂ©e le Mouvement national congolais (MNC), Ă  LĂ©opoldville le .

En , il est prĂ©sent Ă  la ConfĂ©rence des Peuples africains Ă  Accra, qui constitue pour lui un tournant politique essentiel. Il y rencontre, entre autres, l'Antillo-AlgĂ©rien Frantz Fanon, le GhanĂ©en Kwame Nkrumah et le Camerounais FĂ©lix-Roland MoumiĂ©, qui ont notamment en commun d'insister sur les effets dĂ©lĂ©tĂšres du rĂ©gionalisme, de l'ethnisme et du tribalisme qui selon eux minent l'unitĂ© nationale et facilitent la pĂ©nĂ©tration du nĂ©ocolonialisme. À l'issue de la confĂ©rence, Lumumba, dĂ©sormais fermement indĂ©pendantiste, est nommĂ© membre permanent du comitĂ© de coordination[9].

De retour au Congo, il organise une rĂ©union pour rendre compte de cette confĂ©rence et il y revendique l'indĂ©pendance devant plus de 10 000 personnes. Il dĂ©crit l'objectif du MNC en Ă©voquant « la liquidation du rĂ©gime colonialiste et de l'exploitation de l’homme par l'homme »[9].

En 1959, la rĂ©pression s'abat sur les mouvements nationalistes. En janvier l'interdiction d'un rassemblement de l'ABAKO (association indĂ©pendantiste) fait officiellement 42 morts selon les autoritĂ©s coloniales, mais plusieurs centaines selon certaines estimations. L'ABAKO est dissoute et son dirigeant, Joseph Kasa-Vubu, dĂ©portĂ© en Belgique. En octobre, lors du congrĂšs national du MNC Ă  Stanleyville, les gendarmes tirent sur la foule faisant 30 morts et des centaines de blessĂ©s. Lumumba est arrĂȘtĂ© quelques jours plus tard, jugĂ© en janvier 1960 et condamnĂ© Ă  6 mois de prison le 21 janvier[9].

Débarrassées de Lumumba, qu'elles considéraient comme le chef de la tendance radicale des indépendantistes, les autorités belges organisent des réunions avec les indépendantistes. Une table ronde réunissant les principaux représentants de l'opinion congolaise a lieu à Bruxelles, mais les délégués congolais refusent unanimement de siéger sans Lumumba. Celui-ci est alors libéré en toute hùte le 26 janvier pour y participer. Alors qu'il espérait profiter des tendances contradictoires d'un ensemble hétéroclite, le gouvernement belge se trouve confronté à un front uni des représentants congolais et, à la surprise de ceux-ci, accorde immédiatement et « dans la plus totale improvisation »[3] au Congo l'indépendance[10], qui est fixée au .

Des élections générales, les premiÚres dans l'histoire du Congo encore belge, ont lieu en mai 1960, que remporte largement le Mouvement national congolais (MNC) de Patrice Lumumba. Le dirigeant de l'ABAKO Joseph Kasa-Vubu, dans un souci d'unité nationale, est nommé président de la République et avalise aussitÎt la nomination de Lumumba comme Premier ministre, ainsi que le prescrit la nouvelle constitution qui attribue ce poste au candidat du parti ayant remporté le plus de voix[9]. Il forme le premier gouvernement du Congo indépendant.

La cérémonie d'indépendance du Congo au cours de laquelle Lumumba a prononcé son discours

Le , lors de la cĂ©rĂ©monie d'accession Ă  l'indĂ©pendance du pays, Lumumba — qui a dĂ©finitivement chassĂ© les libĂ©raux et s'est entourĂ© de conseillers Ă©trangers de gauche — prononce un discours virulent dĂ©nonçant les abus de la politique coloniale belge depuis 1885. Il prend le contrepied de la politique modĂ©rĂ©e de ses dĂ©buts telle qu'on peut la dĂ©couvrir dans son livre Le Congo, terre d'avenir, est-il menacĂ© ? Ă©crit en 1956, oĂč il ne revendiquait pour le Congo qu'un simple statut d’autonomie. Au lieu de s'adresser au roi des Belges prĂ©sent Ă  la cĂ©rĂ©monie, et qui venait de prononcer un discours paternaliste convenu avec le prĂ©sident Kasavubu, Lumumba commence son allocution par une salutation « aux Congolais et Congolaises, aux combattants de l'indĂ©pendance. » Son discours, qui doit lui permettre de l'emporter sur Kasavubu dans l'opinion des Congolais politisĂ©s, proclame vivement que l'indĂ©pendance, qu'il souhaite associĂ©e Ă  l'unitĂ© africaine, marque la fin de l'exploitation et de la discrimination et le dĂ©but d'une Ăšre nouvelle de paix, de justice sociale et de libertĂ©s. Le roi des Belges se sent offensĂ© alors qu'il se considĂšre comme le pĂšre de l'indĂ©pendance congolaise, ayant Ă©tĂ© l'auteur, en , d'un discours radiophonique par lequel il a Ă©tĂ© le premier Belge Ă  annoncer officiellement qu'il fallait mener le Congo belge Ă  l'indĂ©pendance « sans vaine prĂ©cipitation et sans atermoiement funeste ». Aussi, Baudouin veut-il se retirer et regagner Bruxelles. Mais le Premier ministre belge Gaston Eyskens parvient Ă  l'en dissuader et, le soir mĂȘme, lors d'un banquet rĂ©unissant hommes politiques congolais et belges, Patrice Lumumba s'efforce de prĂ©ciser ses paroles, prononçant un discours se voulant lĂ©nifiant dans lequel il Ă©voque un avenir de coopĂ©ration belgo-congolaise.

« Nous avons connu le travail harassant exigĂ© en Ă©change de salaires qui ne nous permettaient ni de manger Ă  notre faim, ni de nous vĂȘtir ou nous loger dĂ©cemment, ni d’élever nos enfants comme des ĂȘtres chers. Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous Ă©tions des « nĂšgres ». Nous avons connu les souffrances atroces des relĂ©guĂ©s pour opinions politiques ou croyances religieuses ; exilĂ©s dans leur propre patrie, leur sort Ă©tait vraiment pire que la mort mĂȘme. (...) Qui oubliera enfin les fusillades oĂč pĂ©rirent tant de nos frĂšres, les cachots oĂč furent brutalement jetĂ©s ceux qui ne voulaient plus se soumettre au rĂ©gime d’injustice, d’oppression et d’exploitation. Nous qui avons souffert dans notre corps et dans notre cƓur de l’oppression colonialiste, nous vous le disons tout haut: tout cela est dĂ©sormais fini. »

— Extrait du discours de Patrice Lumumba

Une brĂšve carriĂšre politique

Portrait officiel.
Le premier gouvernement congolais.

En 1960, deux ans aprĂšs le Ghana, le Congo accueille Ă  son tour une confĂ©rence panafricaine. ConfrontĂ© Ă  la sĂ©cession du Katanga (vaste province au sud du pays) soutenue par la Belgique, Lumumba dĂ©nonce le fĂ©dĂ©ralisme comme une manƓuvre nĂ©ocolonialiste : « Sous le camouflage du mot fĂ©dĂ©ralisme, on veut opposer les populations du Congo [...]. Ce que nous voyons aujourd'hui, c'est que ceux qui prĂ©conisent le fĂ©dĂ©ralisme, prĂ©conisent en rĂ©alitĂ© le sĂ©paratisme. Ce qui se passe au Katanga, ce sont quelques colons qui disent : Ce pays devient indĂ©pendant et toutes ses richesses vont servir Ă  cette grande nation, la nation des NĂšgres. Non, il faut le Katanga État indĂ©pendant, de telle maniĂšre que demain c'est le grand capitalisme qui va dominer les Africains »[9].

Mais les effets du premier discours de Lumumba, retransmis par la radio, se font rapidement sentir dans la population congolaise. Les paroles en sont interprétées comme anti-belges, alors que les fonctionnaires belges restent présents à tous les échelons de l'administration congolaise et que, dans l'armée, le cadre d'officiers reste également belge en attendant la formation des premiÚres promotions d'officiers congolais. Cette situation provoque, dans quelques casernes, une révolte qui gagne des populations civiles, surtout dans la capitale Léopoldville. Des officiers et aussi des cadres belges de l'administration sont chassés, malmenés et quelques-uns sont tués[11]. Des émeutes visent les entreprises des Blancs, des pillages ont lieu, des femmes européennes sont violées[12]. DÚs lors, une grande majorité de cadres européens du gouvernement et des entreprises prennent la fuite avec leurs familles.

Lumumba en profite pour Ă©vincer les officiers belges et dĂ©crĂšte l'africanisation de l'armĂ©e, tout en doublant la solde des soldats. La Belgique, jugeant qu'on ne peut plus avoir confiance dans le gouvernement congolais et dans son armĂ©e pour rĂ©tablir la sĂ©curitĂ©, rĂ©pond par l'envoi de troupes pour protĂ©ger ses ressortissants Ă  LĂ©opoldville, la capitale situĂ©e dans le bas-Congo, mais aussi dans d'autres rĂ©gions. C'est notamment le cas au Katanga (riche rĂ©gion miniĂšre, dominĂ©e par la puissante entreprise de l'Union miniĂšre du Haut Katanga), oĂč 9 000 soldats belges viennent soutenir la sĂ©cession de cette province, proclamĂ©e le par MoĂŻse TshombĂ©. En tout, 11 000 soldats belges sont acheminĂ©s au Congo en dix jours, prĂ©cĂ©dĂ©s par les troupes spĂ©ciales des paras-commandos. Cette intervention militaire surprend Ă  l'Ă©tranger, et encore plus en Afrique, par l'ampleur des moyens mis en Ɠuvre et par la rapiditĂ© de ce dĂ©ploiement militaire. C'est que la Belgique, membre de l'OTAN, dispose, en Allemagne de l'Ouest, d'une zone militaire surĂ©quipĂ©e s'Ă©tendant de la frontiĂšre belge au rideau de fer. L'Ă©tat-major belge dispose, de ce fait, d'une panoplie de ressources militaires, en partie d'origine amĂ©ricaine, qui lui permettent de dĂ©ployer avions, transports de troupes et mĂȘme des navires de la marine de guerre qui vont bombarder des positions congolaises dans l'estuaire du fleuve Congo. Tout cela avec l'accord de l'OTAN qui autorise, en pleine guerre froide, que soit dĂ©garni le front belge d'Allemagne.

C'est un vĂ©ritable conflit qui menace d'Ă©clater, ce qui provoque l'internationalisation de l'affaire congolaise avec, Ă  l'ONU, une condamnation par l'Union soviĂ©tique et des pays du tiers monde qui veulent soutenir Lumumba et ses partisans. L'ONU ordonne Ă  la Belgique de retirer ses troupes, mais, aprĂšs plusieurs rĂ©solutions contradictoires, rejette l'option militaire et qualifie le conflit au Katanga de « conflit intĂ©rieur ». Le 12 aoĂ»t, la Belgique signe un accord avec TshombĂ©, reconnaissant de facto l'indĂ©pendance du Katanga. Alors que Lumumba dĂ©cide de rĂ©agir en envoyant des troupes reprendre la rĂ©gion, l'ONU revient sur sa position initiale et impose militairement un cessez-le-feu, empĂȘchant l'entrĂ©e des troupes congolaises. Dans un tĂ©lĂ©gramme en date du 26 aoĂ»t, le directeur de la CIA Allen Dulles indique Ă  ses agents Ă  LĂ©opoldville au sujet de Lumumba : « Nous avons dĂ©cidĂ© que son Ă©loignement est notre objectif le plus important et que, dans les circonstances actuelles, il mĂ©rite grande prioritĂ© dans notre action secrĂšte »[9].

Devant la « trahison » de l'ONU, Lumumba en appelle Ă  la solidaritĂ© africaine et rĂ©affirme son intention de rĂ©sister : « Tous ont compris que si le Congo meurt, toute l'Afrique bascule dans la nuit de la dĂ©faite et de la servitude. VoilĂ  encore une fois la preuve vivante de l'UnitĂ© africaine. VoilĂ  la preuve concrĂšte de cette unitĂ© sans laquelle nous ne pourrions vivre face aux appĂ©tits monstrueux de l'impĂ©rialisme. [
] Entre l'esclavage et la libertĂ©, il n'y a pas de compromis ». Le , le prĂ©sident Joseph Kasa-Vubu annonce Ă  la radio la rĂ©vocation de Lumumba ainsi que des ministres nationalistes, alors qu'il n'en a constitutionnellement pas le droit ; il le remplace le lendemain matin par Joseph Ileo. Kasa-Vubu blĂąme publiquement Lumumba pour le massacre de milliers de personnes par les forces armĂ©es lors de l'invasion du Sud-KasaĂŻ en aoĂ»t et pour l'implication soviĂ©tique dans le pays[13]. Toutefois, Lumumba dĂ©clare qu’il restera en fonction ; le Conseil des ministres et le Parlement lui votent une motion de maintien et, Ă  son tour, Lumumba rĂ©voque le prĂ©sident Kasa-Vubu, sous l'accusation de haute-trahison. De plus, il appelle Ă  LĂ©opoldville une partie des troupes de l'ArmĂ©e nationale congolaise (ANC) stationnĂ©es Ă  Stanleyville et au KasaĂŻ[14].

Cependant, un coup d'État soutenu par la CIA[15] - [16] - [17] - [18] Ă©clate Ă  LĂ©opoldville par lequel Joseph DĂ©sirĂ© Mobutu prend le pouvoir. Le nouveau rĂ©gime reçoit le soutien de Kasa-Vubu et de l'ONU. Ex-militaire, mais aussi ancien journaliste dans la presse congolaise pro-coloniale, Mobutu a repris du service dans l'armĂ©e congolaise avec le grade de colonel. Il crĂ©e immĂ©diatement le CollĂšge des commissaires gĂ©nĂ©raux composĂ© de Noirs compĂ©tents dans divers domaines, transports, Ă©conomie, politique, etc. chargĂ©s de gĂ©rer au plus pressĂ© une situation chaotique. Dans le mĂȘme temps, le 10 octobre, Mobutu assigne Ă  rĂ©sidence Lumumba, Ileo et leurs ministres. Mais Lumumba fait passer en secret un mot d'ordre demandant Ă  ses amis politiques de le rejoindre Ă  Stanleyville, oĂč ils Ă©tablissent un gouvernement clandestin dirigĂ© par Antoine Gizenga. Le 27 novembre, Lumumba s'Ă©chappe avec sa famille de la rĂ©sidence Tilkens, Ă  Kalina, et tente de gagner Stanleyville avec une petite escorte Ă  bord de sa Chevrolet. Son Ă©vasion n'est dĂ©couverte que trois jours aprĂšs. GrĂące Ă  cette avance, persuadĂ© d'avoir rĂ©ussi Ă  Ă©chapper Ă  ses ennemis, il harangue ses partisans sur son passage, ce qui lui fait perdre du temps et permet au major congolais Gilbert Mpongo (en), officier de liaison du service de renseignements, de le retrouver pour essayer de l'arrĂȘter. AprĂšs un premier Ă©chec Ă  Port-Francqui le 1er dĂ©cembre, Mpongo rĂ©ussit et Lumumba est arrĂȘtĂ© Ă  Lodi, dans le district de la Sankuru. Il est ensuite ramenĂ© Ă  Mweka, oĂč il est embarquĂ© Ă  bord d'un avion vers LĂ©opoldville, d'oĂč il est transfĂ©rĂ© au camp militaire Hardy de Thysville. Il se trouve alors sous la garde des hommes de Louis Bobozo, un militaire congolais, ancien de l'offensive belge de 1941 contre les Italiens d'Abyssinie, qui a la confiance de ceux qui croient pouvoir ramener le calme[14].

L'assassinat

L'arrestation de Lumumba.

Tout d'abord, le transfert de Lumumba et de plusieurs de ses partisans au fort de Shinkakasa, Ă  Boma, est envisagĂ©. Mais, Ă  la date du , Patrice Lumumba et deux de ses partisans, Maurice Mpolo et Joseph Okito, sont conduits par avion (DC 4[19]) Ă  Élisabethville, au Katanga, et livrĂ©s aux autoritĂ©s locales. Lumumba, Mpolo et Okito seront conduits sous escorte militaire dans une petite maison, oĂč ils seront ligotĂ©s, humiliĂ©s et torturĂ©s par des responsables katangais, dont MoĂŻse TshombĂ©, Godefroid Munongo, Évariste Kimba, Kibwe, Kitenge, mais aussi les Belges Gat et Vercheure. Ils seront ensuite fusillĂ©s le soir mĂȘme (vers 22h45[19]) par des soldats sous le commandement d’un officier belge. En 2003 le documentaire tĂ©lĂ©visĂ© CIA guerres secrĂštes explique que Mobutu a fait dissoudre le corps de son rival dans l'acide, aprĂšs l'avoir fait assassiner[16]. Il est en outre acquis que les États-Unis avaient tentĂ© de faire assassiner Lumumba, mais le plan avait Ă©chouĂ© ; l'opĂ©ration avait Ă©tĂ© ordonnĂ©e par Allen Dulles, qui aurait mal interprĂ©tĂ© la volontĂ© du prĂ©sident Dwight D. Eisenhower[15] - [20] - [21].

En 2000 le sociologue belge Ludo De Witte publie chez Karthala L'Assassinat de Lumumba[22], oĂč il met en cause les responsables belges, prĂ©cisant que ce sont des Belges « qui ont dirigĂ© toute l’opĂ©ration du transfert de Lumumba au Katanga, jusqu’à sa disparition et celle de son corps ». La Belgique, de mĂȘme que l'ONU, n'avait pas reconnu le Katanga comme État indĂ©pendant, mais certains officiers belges Ă©taient encore en fonction. Le lendemain, une opĂ©ration est menĂ©e par des agents secrets belges pour faire disparaĂźtre dans l'acide les restes des victimes dĂ©coupĂ©es auparavant en morceaux. Plusieurs des partisans de Lumumba seront exĂ©cutĂ©s dans les jours qui vont suivre, avec la participation de militaires ou mercenaires belges. TshombĂ© lance alors la rumeur selon laquelle Lumumba aurait Ă©tĂ© assassinĂ© par des villageois. Ceci dĂ©clenche une insurrection parmi la population paysanne, qui prend les armes sous la direction de Pierre Mulele, ancien ministre de l’Éducation, au cri de « À Lumumba » ou « Mulele Mai » les paysans conquiĂšrent prĂšs de 70 % du Congo avant d’ĂȘtre Ă©crasĂ©s par l’armĂ©e de Mobutu, soutenue par la Belgique et des mercenaires sud-africains.

En 2016, une dent est saisie dans le cadre d'une enquĂȘte ouverte par le parquet fĂ©dĂ©ral belge sur la mort de Patrice Lumumba. Le , le juge d'instruction dĂ©cide que la dent peut ĂȘtre restituĂ©e Ă  la famille[23].

Les faits selon la commission d'enquĂȘte belge

En 2001 la commission d'enquĂȘte belge sur l’évĂ©nement prĂ©sente ainsi les Ă©vĂ©nements :

ArrĂȘtĂ© Ă  Port-Francqui le , Lumumba est placĂ© en dĂ©tention Ă  Thysville.

Les 12 et , une mutinerie militaire Ă©clate dans la ville, pour des raisons financiĂšres. C'est « la panique Ă  LĂ©opoldville. « On » craint que la libĂ©ration de Lumumba et son retour soient imminents [
]. Le CollĂšge des Commissaires demande Ă  Kasa-Vubu de transfĂ©rer Lumumba « dans un endroit plus sĂ»r ». [
] Au nom du CollĂšge des Commissaires [congolais], Kandolo insiste auprĂšs du prĂ©sident Tshombe pour que Lumumba soit transfĂ©rĂ© au Katanga »[24]. L'ambassadeur belge au Congo, Dupret, en informe son gouvernement, et conseille : « il vous apparaĂźtra sans doute indiquĂ© appuyer opĂ©ration envisagĂ©e et insister auprĂšs autoritĂ©s katangaises[24] ».

À cette date, le gouvernement congolais et le gouvernement katangais sont encore en nĂ©gociation[25], et se sentent tous les deux menacĂ©s par Lumumba et ses partisans. Le gouvernement katangais est ainsi en proie Ă  des attaques de troupes lumumbistes dans le Nord-Katanga[26]. Une action commune contre Lumumba est donc dans leur intĂ©rĂȘt commun.

Le gouvernement congolais livre finalement son prisonnier au gouvernement katangais de MoĂŻse Tshombe, le . Il meurt le mĂȘme soir, entre 21 h 40 et 21 h 43 d'aprĂšs le rapport d'enquĂȘte belge.

Tshombe refuse d'assumer le décÚs de Lumumba, affirmant d'une part qu'il ne savait rien du transfert de Lumumba vers le Katanga, et d'autre part que son prisonnier est mort lors d'une tentative d'évasion.

Concernant la premiĂšre affirmation, la commission d'enquĂȘte belge de 2001 est formelle « il y a trois dĂ©clarations du 18 janvier qui contredisent la version de Tshombe[27] ». Pour elle, Tshombe a bien donnĂ© son accord au transfert de Lumumba sur son territoire. Elle cite en particulier une dĂ©claration officielle katangaise confirmant l'accord du gouvernement sĂ©cessionniste.

Concernant la seconde affirmation de MoĂŻse TshombĂ© sur son absence d'implication dans la mort de Lumumba, la commission d'enquĂȘte indique d'abord « il apparaĂźt que la reconstitution dĂ©taillĂ©e et illustrĂ©e des faits de ce 17 janvier est alĂ©atoire[28] ». Mais elle considĂšre que plusieurs faits sont assez prĂ©cis. À 16 h 50, l'avion de Lumumba atterrit. De 17 h 20 Ă  20 h 30, Lumumba et ses deux compagnons sont enfermĂ©s Ă  la « maison Brouwez », « oĂč il est certain que les prisonniers ont subi des mauvais traitements, de la part de leurs gardiens, mais aussi de la part de ministres katangais[28] ». Il est possible « que le prĂ©sident katangais [ait] participĂ© aux sĂ©vices, mĂȘme si aucune source ne le prouve. [
] Il semble hors de question qu'il n'ait pas vu les prisonniers dans la maison Brouwez, au moins lors du dĂ©part des prisonniers vers le lieu d'exĂ©cution[28] ». La dĂ©cision par Tshombe de l'exĂ©cution de Lumumba est donc certaine pour la commission, mais quatre reprĂ©sentants belges, qui soutiennent la sĂ©cession katangaise, y participent aussi : « le commissaire de police Frans Verscheure, le capitaine Julien Gat, le lieutenant Michels et le brigadier Son[28] ». « Vers 21 h 15-21 h 30, Lumumba [et] ses compagnons arrivent sur le lieu de leur exĂ©cution. Ils vont ĂȘtre tuĂ©s par balle, en prĂ©sence du prĂ©sident Tshombe et de plusieurs de ses ministres. [
] Lumumba [
] meurt en dernier[28]. »

La commission d'enquĂȘte note une forte implication anti-Lumumba du gouvernement belge, soutenant la sĂ©cession katangaise et agissant pour la dĂ©position de l'ancien Premier ministre. Le roi Baudouin lui-mĂȘme intervient (avant la mort de Patrice Lumumba), y compris en Ă©crivant au prĂ©sident Kennedy, pour s'opposer Ă  toute libĂ©ration de Lumumba[29]. De mĂȘme, des Belges ont participĂ© Ă  l'exĂ©cution de Lumumba. L'implication belge dans la chute, puis la mort de l'ancien Premier ministre est donc forte. Mais pour la commission, la dĂ©cision de tuer Lumumba vient de façon directe de MoĂŻse TshombĂ© et de son gouvernement.

Postérité

Timbre soviétique de 1961.
Statue sur l'artÚre Patrice Lumumba à Kinshasa, érigée par Mobutu.

Le gĂ©nĂ©ral Mobutu Sese Seko consacre Patrice Lumumba hĂ©ros national en 1966 et donne son nom Ă  l'ancien boulevard LĂ©opold II, une des principales artĂšres de la ville, au sommet de laquelle il fait Ă©riger une imposante statue[30]. En janvier 1968 le vice-prĂ©sident amĂ©ricain Hubert Humphrey dĂ©pose une gerbe au pied de la statue, ce qui provoque de violentes manifestations de la part des Ă©tudiants[30]. Le retour d'Égypte de sa femme Pauline et de ses enfants est considĂ©rĂ© comme un Ă©vĂ©nement national. Le jour de sa mort, le 17 janvier, est un jour fĂ©riĂ© au Congo-Kinshasa.

C'est en punition de l'assassinat de Lumumba que MoĂŻse TshombĂ© est dĂ©tenu par l'AlgĂ©rie entre juin 1967, date du dĂ©tournement de son avion sur Alger par un agent mobutiste, et sa mort aux causes mal dĂ©finies (officiellement, un arrĂȘt cardiaque) en juin 1969. À Moscou l'universitĂ© russe de l'AmitiĂ© des Peuples est renommĂ©e en son nom de 1961 Ă  1992. À Bruxelles le conseil municipal de Bruxelles-Ville vote le la crĂ©ation d’une place Patrice-Lumumba, qui est officiellement inaugurĂ©e le , date du 58e anniversaire de l’indĂ©pendance de la RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo[31].

En la dĂ©pouille de Patrice Lumumba, constituĂ©e uniquement d'une dent, est remise par le premier ministre belge Alexander De Croo aux autoritĂ©s de la rĂ©publique dĂ©mocratique du Congo. Elle est ensuite rapatriĂ©e en RDC et exposĂ©e dans diffĂ©rentes rĂ©gions du pays avant d'ĂȘtre placĂ©e dans un mausolĂ©e construit Ă  cet effet Ă  Kinshasa[32] - [33].

L'action des anciens colonisateurs en pleine guerre froide

Le rĂŽle des puissances occidentales et celui des États-Unis en particulier a Ă©tĂ© fortement Ă©voquĂ© dans la mort de Lumumba. Ils craignaient une dĂ©rive du Congo vers l'URSS. En effet, Lumumba a fait appel aux SoviĂ©tiques lors de la sĂ©cession du Katanga, car l'ONU ne rĂ©pondait pas Ă  ses demandes d'aide militaire pour mettre fin Ă  la guerre civile.

Les archives de la CIA déclassifiées depuis le indiquent que la CIA a monté un plan d'assassinat de Lumumba[15] - [34] :

« En novembre 1962, Monsieur (classé) a informé M. Lyman Kirpatrick qu'il avait, à un moment, reçu la consigne de M. Richard Bissel de porter la responsabilité d'un projet incluant l'assassinat de Patrice Lumumba, alors Premier ministre de la République du Congo. Selon (classé) la méthode devait consister en l'empoisonnement, puisqu'il a mentionné avoir reçu l'ordre de rencontrer le docteur Sidney Gottlieb afin de se procurer le mode d'administration[35]. »

Ce plan Ă©tait connu de la commission Church. Elle affirmait que le poison choisi pour Ă©liminer Lumumba ne lui avait jamais Ă©tĂ© administrĂ©. Elle affirmait Ă©galement qu'il n'y avait aucune preuve que les États-Unis aient Ă©tĂ© impliquĂ©s dans la mort de Lumumba[36].

Les États-Unis de Dwight D. Eisenhower voulaient Ă©liminer Lumumba — pas forcĂ©ment physiquement — pour Ă©viter un basculement du gĂ©ant africain dans le communisme et la Belgique voyait en lui et ses thĂšses d’indĂ©pendance Ă©conomique une menace pour ses intĂ©rĂȘts Ă©conomiques notamment dans le secteur minier. Ces deux pays ont soutenu l’effort de guerre de Mobutu contre les MaĂŻ-MaĂŻ. Les mercenaires belges ont organisĂ© l’opĂ©ration Omegang exĂ©cutĂ©e en liaison avec une intervention des parachutistes belges pour Ă©craser la rĂ©sistance MaĂŻ-MaĂŻ au Kivu.

Si le meurtre de Lumumba paraĂźt avoir Ă©tĂ© Ă©lucidĂ©, c'est sous l’impulsion de François Lumumba qui a estimĂ© en savoir assez pour porter plainte contre X sur la base des affirmations du sociologue belge Ludo De Witte. Le gouvernement belge a d'ailleurs reconnu, en 2002, une responsabilitĂ© dans les Ă©vĂ©nements qui avaient conduit Ă  la mort de Lumumba : À la lumiĂšre des critĂšres appliquĂ©s aujourd'hui, certains membres du gouvernement d'alors et certains acteurs belges de l'Ă©poque portent une part irrĂ©futable de responsabilitĂ© dans les Ă©vĂ©nements qui ont conduit Ă  la mort de Patrice Lumumba. Le Gouvernement estime dĂšs lors qu'il est indiquĂ© de prĂ©senter Ă  la famille de Patrice Lumumba et au peuple congolais ses profonds et sincĂšres regrets et ses excuses pour la douleur qui leur a Ă©tĂ© infligĂ©e de par cette apathie et cette froide neutralitĂ© ». Le , la famille de Patrice Lumumba a dĂ©posĂ© plainte, Ă  Bruxelles, contre une dizaine de Belges qu’elle considĂšre comme impliquĂ©s dans l’assassinat[37].

EnquĂȘte pĂ©nale

Au dĂ©but de l'annĂ©e 2022 la justice belge voudrait conclure l'enquĂȘte pĂ©nale qui a suivi la plainte dĂ©posĂ©e en par François Lumumba pour l'assassinat de son pĂšre le . La famille de l'ancien Premier ministre congolais souhaite obtenir plus que la reconnaissance de la responsabilitĂ© morale de la Belgique reconnue par la commission d'enquĂȘte parlementaire. Le juge d'instruction, le , a donc souhaitĂ© accĂ©der, par une saisie, Ă  ces documents non rendus publics conservĂ©s au Parlement. Un mandat de perquisition a donc Ă©tĂ© dĂ©livrĂ© pour saisir des documents confidentiels au Parlement fĂ©dĂ©ral de Belgique. La prĂ©sidente de la Chambre, Mme Eliane Tillieux, s'est opposĂ©e Ă  cette saisie, et ces documents confidentiels ont Ă©tĂ© placĂ©s sous scellĂ©s au Parlement. La chambre de mise en accusation doit maintenant statuer sur le caractĂšre licite ou non de la saisie[38] - [39].

Famille

Patrice Lumumba Ă©tait mariĂ© et pĂšre de six enfants avec Pauline Opanga Lumumba (nĂ©e en 1937[40], morte le )[40] - [41], laquelle ne s'est jamais remariĂ©e aprĂšs la mort de son Ă©poux le : François, Patrice junior, Juliana, Roland, Christine (dĂ©cĂ©dĂ©e en 1960) et Guy (nĂ© en 1961 aprĂšs la mort de son pĂšre). Avant son emprisonnement, Lumumba s'est arrangĂ© pour que son Ă©pouse lĂ©gitime et les enfants, dont quatre issus de cette union plus François, puissent quitter le pays. Ils sont allĂ©s en Égypte oĂč François a passĂ© le reste de son enfance — Ă©tudiant au lycĂ©e français du Caire (lycĂ©e Bab El Louk) — avant d'aller en Hongrie poursuivre ses Ă©tudes. Il est revenu au Congo dans les annĂ©es 1990, au dĂ©but de la rĂ©bellion contre Mobutu, et a crĂ©Ă© un petit mouvement politique lumumbiste. Bien que son mouvement demeure peu puissant, il reste impliquĂ© dans la politique congolaise et tente de dĂ©fendre les idĂ©es de son pĂšre. Juliana a occupĂ© des portefeuilles ministĂ©riels sous Laurent-DĂ©sirĂ© Kabila et s'investit au dĂ©veloppement de l'Ă©ducation en RDC. Guy a Ă©tĂ© candidat malheureux lors de l'Ă©lection prĂ©sidentielle qui s'est dĂ©roulĂ©e en 2006 au Congo. Depuis son apparition sur la scĂšne politique, il entend poursuivre le dĂ©fi de la relĂšve au sein de la famille biologique et politique de Patrice Lumumba.

Lumumba dans la culture populaire

Cinéma

VidéothÚque

  • CIA : Projet MK-Ultra (documentaire de 26 min 14 s. Lumumba Ă  partir de 19 min 46 s), prĂ©sente la CIA et l’État belge comme commanditaires du meurtre de Lumumba[42].

Littérature

  • Rosa Amelia Plumelle-Uribe, Kongo, les mains coupĂ©es, Paris, Éd. AnibwĂ©, 2010.
  • Laurent Demoulin, Ulysse Lumumba. Quatre variations sur un thĂšme historique toujours brĂ»lant, Mons, Éditions Talus d'approche (coll. Libre choix, 11) (ISBN 2-87246-081-0), 2000.
  • Jean MĂ©tellus, Lumumba le Grand, long poĂšme en hommage Ă  Patrice Lumumba dans le recueil Voix nĂšgres, voix rebelles, Éd. Le temps des cerises, 2000.
  • Barbara Kingsolver, Les yeux dans les arbres, Paris, Éd. du Seuil, 1999.
  • JosuĂ© GuĂ©bo, Ce soir quand tu verras Patrice, Panafrika/Silex/Nouvelles du sud, Paris, PoĂ©sie, collectif (ISBN 978-2-912717-78-8)

Musique

Théùtre

  • AimĂ© CĂ©saire auteur de la piĂšce de thĂ©Ăątre Une saison au Congo, Éd. Seuil, 2001 (Ă©d. orig., 1966).
  • Jean Leroy, Les FunĂ©railles de Monsieur Lumumba, Éd. du Cerisier en 2007.

Gastronomie

Odonymie

  • Le , le square Patrice-Lumumba est inaugurĂ© Ă  Bruxelles, au cƓur du quartier « Matonge » (porte de Namur).
  • Le , inauguration Ă  Charleroi (Belgique) d’une rue Patrice-Lumumba.
  • Depuis les annĂ©es 1960, le domaine universitaire de ƁódĆș porte le nom de Patrice Lumumba (« Lumumbowo » en polonais)[45].

Voir aussi

Écrits de Patrice Lumumba

Essai :

  • Patrice Lumumba, Le Congo terre d'avenir est-il menacĂ© ?, Office de publicitĂ©, Bruxelles, 1961.

Ses discours :

  • Patrice Lumumba. Recueil de textes introduit par Georges Nzongola-Ntalaja, Éditions du CETIM, GenĂšve, 96 pages, 2013, .
  • Congo, My Country, sl, Éditions Praeger, Coll. Books That Matter, 1962.
  • Jean Van Lierde, La pensĂ©e politique de Patrice Lumumba, textes et documents recueillis et prĂ©sentĂ©s par Jean Van Lierde, Paris-Bruxelles, Éd. PrĂ©sence africaine, 1963, prĂ©face de J.-P. Sartre.
  • Jean Van Lierde, Lumumba Speaks: The Speeches and Writings of Patrice Lumumba, 1958-1961, Boston, Little Brown and Company, 1972, traduit par Helen R. Lane.

Biographies

  • P.De Vos, Vie et mort de Lumumba, Paris, Calmann-Levy, 1961.
  • Revue Europe no 393, Patrice Lumumba, .
  • HĂ©lĂšne Tournaire et Robert Bouteaud, Le livre noir du Congo, Librairie acadĂ©mique Perrin, 1963.
  • Jean-Paul Sartre, La PensĂ©e politique de Patrice Lumumba, paru d'abord dans PrĂ©sence africaine (no 47, juillet-); puis comme prĂ©face de Jean Van Lierde, La pensĂ©e politique de Patrice Lumumba, textes et documents recueillis et prĂ©sentĂ©s par Jean Van Lierde, Paris-Bruxelles, Éd. PrĂ©sence africaine, 1963 ; repris dans Sartre, Situations V. Colonialisme et nĂ©o-colonialisme, Gallimard, 1964.
  • Jules GĂ©rard-Libois, Jean Heinen, Belgique - Congo 1960. Le pourquoi. Lumumba comment. Le portefeuille pour qui, Éditions De Boeck SupĂ©rieur, 1993.
  • Jean Van Lierde, Patrice Lumumba. La dimension d'un tribun nonviolent, Bruxelles, MIR-IRG, 1988.
  • J. Benot, La Mort de Lumumba, Paris, 1989.
  • J. Brassine et J. Kestergat, Qui a tuĂ© Patrice Lumumba ? Paris-Louvain, Duculot, 1991 (thĂ©orie pro-belge).
  • Jean Tshonda Omasombo, BenoĂźt Verhaegen, « Patrice Lumumba, jeunesse et apprentissage politique 1925-1956 », Paris, L'Harmattan, Cahiers africains, no 33-34, 1998.
  • Ludo De Witte, L'assassinat de Lumumba, Paris, Karthala, 2000.
  • Colette Braeckman, Lumumba, un crime d’État, Éd. Aden, 2002.
  • Jean Tshonda Omasombo, BenoĂźt Verhaegen, « Patrice Lumumba, acteur politique. De la prison aux portes du pouvoir, - », Paris, L'Harmattan, Cahiers africains, no 68-70, 2005.
  • Yvonnick DenoĂ«l, Le livre noir de la CIA, Nouveau monde Ă©ditions, 2007 (ISBN 2290017159).

Autres Ă©crits

  • Kyoni Kya Mulundu, Le Katanga et Lumumba : ou Les naĂŻvetĂ©s unitaristes postcoloniales, Éditions Édilivre, 2015.
  • Luc De Vos, Emmanuel Gerard, Jules GĂ©rard-Libois, Philippe Raxhon, Les secrets de l'affaire Lumumba, Éd. Racine, 2010.
  • Thomas Kanza, Ascension et chute de Patrice Lumumba[46], Éditions PrĂ©sence africaine, 2017 (ISBN 2873863412 et 9782873863418).
  • AndrĂ© Schöller, Congo 1959-1960, Ă©ditions Duculot, 1982 (ISBN 2-8011-0416-7).
  • Jane Rouch, En cage avec Lumumba, Ă©ditions Les documents du temps, 1961.

Notes

  1. LĂŽmombĂĄ en kitetela.

Références

  1. .
  2. Photo de la maison oĂč naquit Patrice Lumumba.
  3. Bernard Lugan, « Le Congo belge, au cƓur du continent noir », no 9H, automne-hiver 2014, p. 32-34.
  4. Isidore Ndaywel Ăš Nziem, Histoire du ZaĂŻre. De l’hĂ©ritage ancien Ă  l’ñge contemporain, Louvain-la-Neuve, Duculot, 1997, p. 550.
  5. J.-F. Bastin, Lumumba.
  6. Paru à l'Office de Publicité, Bruxelles 1961.
  7. Schöller p.29.
  8. À l'Ă©poque, il tient des propos Ă©logieux sur LĂ©opold II et la colonisation. Voir « La Passion de Lumumba », Politique, revue de dĂ©bats, no 65, juin 2010.
  9. Saïd Bouamama, Figures de la révolution africaine, La Découverte, , p. 160-177.
  10. Bernard Piniau, Congo-Zaïre — 1874-1981 — La perception du lointain, L'Harmattan, 1992, 285 pages, p. 151-152].
  11. envoyĂ© spĂ©ciale du Monde, « envoyĂ© spĂ©ciale du Monde, « Au Congo-Kinshasa deux administrateurs ont dressĂ© une liste de plusieurs centaines de Belges disparus au Congo. », journal, Paris, France, Agence France Presse, le Monde, aoĂ»t 1960, page 2 : », journal, Paris, France, Agence France Presse, le Monde,‎ , page 2 :
    « « Au Congo-Kinshasa deux administrateurs ont dressĂ© une liste de plusieurs centaines de Belges disparus au Congo. Bruxelles, le 12 aoĂ»t (AFP) Monsieur, monsieur Saintraint et Nys, administrateur territoriaux du Congo, ont donnĂ© hier une confĂ©rence de presse au cours de laquelle ils ont insistĂ© sur la nĂ©cessitĂ© urgente de retrouver les EuropĂ©ens portĂ©s disparus depuis les Ă©vĂšnements de juillet au Congo. Les deux administrateurs ont rendu compte des dĂ©marches qu’ils ont entreprises et qui leur ont permis d’établir une liste de plusieurs centaines de disparus. Ils ont Ă©galement attirĂ© l’attention de la presse sur la situation des rĂ©fugiĂ©s abandonnĂ©s dans les territoires limitrophes du Congo, et pour lesquels, ont-ils dit, il semble que rien n’est Ă©tĂ© prĂ©vu. M. Saintraint, qui fut le compagnon d’AndrĂ© Ryckmans, exĂ©cutĂ© par les mutins Ă  Thysville dans le Bas-Congo, s’est vu dĂ©cerner hier par le roi Baudoin la croix de chevalier de l’ordre de l’étoile africaine. » »
  12. Olivier Dard et Anne Dulphy (trad. du français), DĂ©racinĂ©, exilĂ©s, rapatriĂ©s ? Fin d’empires coloniaux et migrations., Bruxelles, Bruxelles : Peter Lang, (1re Ă©d. 2019), 185 p. (ISBN 978-2-8076-1347-8), partie III, « Francis Balace: Les orphelins d’un empire perdu. Regroupements et lobbies des agents coloniaux et des colons belges 1960–1962 », p. 66 :
    « «En Afrique, ce sont les premiers viols "qui donneront aux évÚnements leur caractÚre dramatique et provoquÚrent un choc émotionnel profond" "Le viol par un Noir d'une femme blanche est ressenti dans les entrailles comme un forfait pire qu'un meurtre, s'ajoute la révélation que cet acte odieux est perpétré par celui précisément dont on attendait protection contre une telle action" (note de bas de page 16, Louis-François Vanderstraeten, op. cit. p164) écrira l'historien de la mutinerie. En Belgique, le détonateur de l'action a été l'annonce de ces viols, ressentis comme une souillure collective plus traumatisante que la débùcle. (Des Belges de la métropole firent chorus à l'indignation des Belges d'Afrique. Des femmes violées, c'est cette horreur qui déclencha la colÚre. On eut moins réagi à l'annonce de la mort de 50 hommes. Des femmes violées ... les hommes serrÚrent les poings, disent les "salauds". Il faut faire "quelque chose" dit quelqu'un. "ON LE FIT" (note de bas de page 17 Belgique-Congo, 21 juillet 1960) page 66 »
  13. Georges Nzongola-Ntalaja, The Congo, From Leopold to Kabila: A People’s History, New York, Palgrave, , 3e Ă©d. (ISBN 9781842770535, lire en ligne), p. 108
  14. Bernard Laba Nzuzi, L'Équation congolaise : visiter le passĂ© afin de mieux s'armer pour l'avenir, L'Harmattan, 2007, 389 pages, p. 43-45.
  15. (en) Commission Church, Interim Report: Alleged Assassination Plots Involving Foreign Leaders, III, A, Congo.
  16. Documentaire télévisé, CIA guerres secrÚtes, 2003, Arte.
  17. Andrew Tully, CIA, The Inside Story, New-York, M. Morrow, p. 220-222 (index des noms).
  18. William Blum, Killing hope: US military and CIA interventions since World War II, Zed Books, 2003, 469 pages, p. 159 et p. 414, note 21.
  19. Isidor Ndaywel Ăš Nziem, BrĂšve histoire du Congo, Kinshasa, MĂ©diaspaul, , 313 p. (ISBN 978-2-7414-0936-6), p. 223
  20. (en) « Government Hit Squads, Minus the Hits », The New York Times, Scott Shane, 18 juillet 2009.
  21. « RDC : comment la CIA a eu la peau de Lumumba », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
  22. La publication du livre de Ludo De Witte produira certains remous en Belgique, et notamment au MinistĂšre des affaires Ă©trangĂšres, qui, depuis lors, exerce un contrĂŽle particuliĂšrement renforcĂ© dans l'accessibilitĂ© Ă  ses archives coloniales. Voir notamment « Archives : l'État belge a-t-il peur de son histoire coloniale ? », Politique, revue de dĂ©bats, Bruxelles, no 65, juin 2010.
  23. « Assassinat de Patrice Lumumba : « Connaßtre enfin la vérité est un droit légitime et un devoir collectif » », sur JeuneAfrique.com,
  24. ENQUÊTE PARLEMENTAIRE visant Ă  dĂ©terminer les circonstances exactes de l'assassinat de Patrice Lumumba et l'implication Ă©ventuelle des responsables politiques belges dans celui-ci, Chambre des ReprĂ©sentants de Belgique, 16 novembre 2001, DOC 50 0312/006, pages 306-308.
  25. ENQUÊTE PARLEMENTAIRE visant Ă  dĂ©terminer les circonstances exactes de l'assassinat de Patrice Lumumba et l'implication Ă©ventuelle des responsables politiques belges dans celui-ci, Chambre des ReprĂ©sentants de Belgique, 16 novembre 2001, DOC 50 0312/006, page 243.
  26. ENQUÊTE PARLEMENTAIRE visant Ă  dĂ©terminer les circonstances exactes de l'assassinat de Patrice Lumumba et l'implication Ă©ventuelle des responsables politiques belges dans celui-ci, Chambre des ReprĂ©sentants de Belgique, 16 novembre 2001, DOC 50 0312/006, page 305.
  27. ENQUÊTE PARLEMENTAIRE visant Ă  dĂ©terminer les circonstances exactes de l'assassinat de Patrice Lumumba et l'implication Ă©ventuelle des responsables politiques belges dans celui-ci, Chambre des ReprĂ©sentants de Belgique, 16 novembre 2001, DOC 50 0312/006, page 319.
  28. ENQUÊTE PARLEMENTAIRE visant Ă  dĂ©terminer les circonstances exactes de l'assassinat de Patrice Lumumba et l'implication Ă©ventuelle des responsables politiques belges dans celui-ci, Chambre des ReprĂ©sentants de Belgique, 16 novembre 2001, DOC 50 0312/006, pages 374-382.
  29. ENQUÊTE PARLEMENTAIRE visant Ă  dĂ©terminer les circonstances exactes de l'assassinat de Patrice Lumumba et l'implication Ă©ventuelle des responsables politiques belges dans celui-ci, Chambre des ReprĂ©sentants de Belgique, 16 novembre 2001, DOC 50 0312/006, page 492.
  30. David Van Reybrouck, Congo. The epic history of a people (ISBN 978-0-00-756291-6), p. 338 - 343.
  31. Jean-Pierre Stroobants, « La ville de Bruxelles rend hommage au Congolais Patrice Lumumba en donnant son nom à une place », sur lemonde.fr, (consulté le )
  32. Paulina Zidi, « RDC: la dépouille de Patrice Lumumba de retour au pays », Radio France internationale,
  33. Jean-Pierre Stroobants, « Patrice Lumumba : la dent de l’ex-premier ministre congolais tuĂ© au cƓur d’un imbroglio diplomatique », Le Monde,
  34. US National Security Archive, The CIA's Family Jewels, Agency Violated Charter for 25 Years, Wiretapped Journalists and Dissidents [lire en ligne].
  35. « Plan to poison Congo leader Patrice Lumumba », rapport daté de février 1972 [lire en ligne].
  36. « Interim Report: Alleged Assassination Plots Involving Foreign Leaders, IV, A, 2 No foreign leaders were killed as a result of an assassination plot », Commission Church.
  37. « La famille Lumumba espÚre l'accÚs à des archives secrÚtes », la Libre Belgique, 23 juin 2011, consulté le 24 juin 2011.
  38. Patrick Michalle, « Assassinat de Patrice Lumumba : perquisition au Parlement, la Justice belge avance difficilement sur le chemin de la vérité », RTBf, (consulté le )
  39. « Des documents de la commission d'enquĂȘte Lumumba mis sous scellĂ©s par la justice », RTBF/Belga, (consultĂ© le )
  40. « La veuve de Lumumba est décédée », BBC Afrique.
  41. « RDC : décÚs de la veuve de Pauline Lumumba, la veuve de Patrice Lumumba », Radio Okapi.
  42. Video Dailymotion : CIA : projet MK-Ultra.
  43. Grand Kalle Chante Lumumba.
  44. (en) Kersten Ehmer et Beate Hindermann, The School of Sophisticated Drinking : An Intoxicating History of Seven Spirits, Greystone Books, , 256 p. (ISBN 978-1-77164-119-7, 9781771641203), p. 32, 219.
  45. (pl) « Na Lumumbowie nigdy nie byƂo nudno, zawsze coƛ się dziaƂo », sur plus.dzienniklodzki.pl, (consultĂ© le )
  46. Ascension et chute de Patrice Lumumba en vente chez Présence africaine.

Articles connexes

Liens externes

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