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Gaston Eyskens

Le vicomte Gaston Eyskens est un homme politique belge né le à Lierre et décédé à Louvain le [1] - [2] - [3] - [4].

Gaston Eyskens
Illustration.
Gaston Eyskens (1969)
Fonctions
Premier ministre de Belgique
–
(4 ans, 6 mois et 9 jours)
Monarque Baudouin
Gouvernement Eyskens IV et V
Coalition PSC - CVP - PSB
Prédécesseur Paul Vanden Boeynants
Successeur Edmond Leburton
–
(2 ans, 9 mois et 30 jours)
Monarque Baudouin
Gouvernement Eyskens II, III et III
Coalition PSC-CVP (1958)
PSC-CVP – Libéral (1958-1961)
Prédécesseur Achille van Acker
Successeur Théo Lefèvre
–
(9 mois et 28 jours)
Monarque Charles de Belgique (régent)
LĂ©opold III (roi)
Gouvernement Eyskens I
Coalition PSC-CVP – Libéral
Prédécesseur Paul-Henri Spaak
Successeur Jean Duvieusart
Biographie
Nom de naissance Gaston François Marie Eyskens
Date de naissance
Lieu de naissance Lierre (Belgique)
Date de décès
Lieu de décès Louvain (Belgique)
Nationalité belge
Parti politique PSC-CVP
CVP
Conjoint Gilberte De Petter
Enfants Mark Eyskens
Erik Eyskens
Diplômé de Université catholique de Louvain
Profession Professeur d'université
Religion Catholicisme

Gaston Eyskens
Premiers ministres de Belgique

Professeur à l'Université catholique de Louvain (1931), il commence sa carrière politique en tant que député du Parti catholique pour l'arrondissement de Louvain en 1939. Plusieurs fois ministre des Finances en 1945 puis en 1947 et une fois encore en 1965 (dans les gouvernements de Messieurs Achille van Acker, Paul-Henri Spaak et Pierre Harmel), il est nommé ministre d'État en 1963.

En 1949, pendant la Question royale, il forme son premier gouvernement en coalition avec les libéraux qui ne tient que jusqu'en 1950. Revenu à la tête d'un gouvernement en juin 1958, d'abord avec uniquement des membres du PSC-CVP puis à partir de novembre en coalition avec le Parti Libéral. Avec le Pacte scolaire, son gouvernement a jeté les bases de la paix en matière d'enseignement. Autres moments importants de sa carrière politique : les lois d'expansion de 1959 et l'indépendance du Congo le ., il remanie son gouvernement en septembre 1960 et à la suite des réactions négatives (notamment les grèves) contre la «Loi unique» qui font tomber son gouvernement en mars 1961. Entre 1968 et 1972, il est à nouveau Premier ministre, dans une coalition entre Sociaux-Chrétiens et Socialistes. Là, Il mena à bien le grand projet de révision de la Constitution. Tombé fin de l'année 1971 et après les élections législatives du 7 novembre 1971, il préside une dernière fois le gouvernement à partir entre le 21 janvier 1972 jusqu'au 22 novembre de la même année. Ce gouvernement a été contraint de s'incliner devant la polémique entourant l'article 3 (ancien article 107quater) de la Constitution (issu de la réforme de 1969-1971) et le problème de Fourons.

Le roi Baudouin lui a conféré le titre de vicomte (transmissible par ordre de primogéniture) le .

Biographie

Famille

Gaston Eyskens est le fils d’Antonius Frans Eyskens (1875-1948), reprĂ©sentant des ventes dans une entreprise familiale pour l’industrie textile, et de  Maria Voeten (1872-1960). En 1931, il se marie avec Gilberte De Petter (1902-1981) avec qui il aura deux enfants : Mark Eyskens, qui fut Premier ministre de Belgique du au et Erik Eyskens nĂ© Ă  Louvain le et dĂ©cĂ©dĂ© en 2008[5].

Études et engagement politique

Il fit ses Ă©tudes secondaires Ă  la Koninklijk Atheneum de Louvain,  oĂą il ne suivait pas le cours de religion[6]. Ă€ dix-huit ans, Ă  la fin de ses Ă©tudes secondaires, il se convertit au catholicisme[6], religion Ă  laquelle il fut fidèle tout au long de sa vie[7]

En 1923 il passa le concours pour entreprendre des Ă©tudes de sciences commerciales et consulaires Ă  la Katholieke Universiteit Leuven. Il suivit Ă©galement des cours Ă  la facultĂ© de Sciences politiques et sociales[8].

DĂ©jĂ  Ă©tudiant, Gaston Eyskens vouait un grand intĂ©rĂŞt pour la politique et en particulier, le mouvement flamand. Il Ă©tait notamment membre de la Katholiek Vlaams Hoogstudentenverbond (KVHV). Il entra en tension avec l’épiscopat, qui Ă©tait très peu portĂ© sur la cause flamande, et aussi avec les organisations Ă©tudiants belgicisistes. Bien qu’il participait aux activitĂ©s du KVHV, il n’était pas pour autant attirĂ© par le nationalisme flamand. Il trouvait le volksnationalisme, le nationalisme populaire trop Ă©troit et trop limitĂ©. Les questions qui intĂ©ressaient le plus Gaston quand il Ă©tait Ă©tudiant Ă©taient les problèmes internationaux et la coopĂ©ration entre les peuples[9]

Gaston plaidait pour une paix universelle et soutenait l’idée d’une coopération européenne. Il y voyait un moyen pour l’Europe de devenir plus forte tant politiquement qu’économiquement. En 1926, vit le jour un mouvement paneuropéen dont Richard Coudenhove-Kalergi en était le fondateur. Eyskens devint l’un de ses adeptes. À la suite de ses préoccupations internationales, lors de ses études, il entra en contact avec l’Union Belge pour la Société des Nations. Il y rencontra par exemple Paul Struye et Henri Rolin[10].

C’est sur les instances d’Albert-Edouard Janssen (l’un de ses professeurs à la faculté, qui l’entrainera plus tard à Genève pour des négociations monétaires[6]) que Gaston fonda, à l’Université de Louvain, durant l’année académique de 1929, l’Association des étudiants flamands de la Société des Nations, dans laquelle il organisait principalement des conférences sur divers problèmes internationaux[10]. Au vu de son engagement considérable auprès de l’Union belge pour la Société des Nations, Albert-Edouard Janssen, en sa qualité de président de l’Union a fait de Gaston son secrétaire. À la suite de cela, Gaston eut l’occasion d’assister aux assemblées générales de la Société des Nations depuis la tribune, d’où il pouvait entendre les discours des ministres des Affaires étrangères[10]

En 1926, Gaston Eyskens fut sĂ©lectionnĂ© pour poursuivre ses Ă©tudes aux États-Unis, oĂą il obtint le titre de Master of Science Ă  la Colombia University de New York. De retour Ă  Louvain, il poursuit ses Ă©tudes en sciences Ă©conomiques et obtient le titre de doctorat en sciences commerciales en 1930. Un an après, il obtient Ă©galement le titre de doctorat en sciences politiques et sociales. La mĂŞme annĂ©e, il devient assistant Ă  l’Institut pour Sciences Ă©conomiques et termine comme professeur Ă  la Katholieke Universiteit Leuven en 1934 oĂą il enseignera jusqu’en 1975[11].

Eyskens Ă©tait Ă©galement prĂ©occupĂ© par les problèmes sociaux. Il Ă©tait membre du Cercles d’études sociales des Ă©tudiants flamands[10]. Dans le cadre de ce groupe d’étude, il prit connaissance de la « Vaarstraat Â», le quartier gĂ©nĂ©ral du Mouvement ouvrier chrĂ©tien Ă  Louvain[10]

En 1930, il fut d’autant plus engagé dans le mouvement ouvrier chrétien du fait de son activité parallèle d’enseignant à l’École sociale des travailleurs chrétiens. En apprenant à connaitre des élèves de conditions sociales différentes dans les villages flamands, il prit conscience de la nécessité d’établir un système social qui garantit de bonnes conditions de vie à un grand nombre d’individus. Gaston garda cette volonté tout au long de sa vie politique[10]

Il se ralliera au Christene Volkspartij â€“ Parti Social-chrĂ©tien (C.V.P. - P.S.C.).

DĂ©buts en politique

À la suite des élections législatives du , il entra dans le Mouvement ouvrier chrétien grâce à ses contacts. La même année, il se voit proposer la fonction de député suppléant de Louvain[12]. Gaston accepta la proposition malgré le fait que le recteur de l’UCLouvain lui avait demandé de choisir entre son investissement dans l’université et son entrée dans le Mouvement ouvrier[13]. Il devint ensuite président de l’Algemeen Christelijk Werknemersverbond (ACW) pour l’arrondissement de Louvain, membre du Conseil central national et du Comité national de l’ACW. Grâce à ses contacts dans ce mouvement, il put participer aux rencontres de l’Union internationale des chrétiens démocrates[13].

Eyskens fut d’abord nommé en chef de cabinet du ministre Philip Van Isacker au Travail et à la Prévoyance sociale[13]. Cependant, il ne resta que quelques mois au sein du cabinet de Van Isacker car le gouvernement de Brocqueville démissionna le [13].

Dans le gouvernement Theunis, Eyskens reste au Travail et à la Prévoyance sociale et il devint le chef de cabinet du ministre Edmond Rubbens[14].

En 1939, Eyskens devient représentant de la ville de Louvain, poste qu'il conservera jusqu'en 1965.

Seconde guerre mondiale[15]

Pendant l’entre-deux-guerres, il faisait dĂ©jĂ  partie du monde politique. Il avait Ă©tĂ© nommĂ© chef de cabinet du ministre du Travail, membre du Conseil supĂ©rieur des Finances et Ă©tait professeur Ă  l’UCLouvain[16]. Durant les Ă©lections lĂ©gislatives du , Eyskens avait Ă©tĂ© Ă©lu en tant que dĂ©putĂ© pour l’arrondissement de Leuven. Il est Ă©galement devenu secrĂ©taire du « Katholieke Vlaamse Kamergroep Â». 

Sous l’occupation allemande, Gaston Eyskens est restĂ© en Belgique. Mais 15 jours avant l’invasion, il prit la route pour la France accompagnĂ© de sa famille[17]. Ă€ Limoges, il prit part Ă  des rĂ©unions parlementaires[18]. Le , comme la plupart des membres du gouvernement, il vote la motion « flĂ©trissant la capitulation dont LĂ©opold III a pris l’initiative et dont il porte la responsabilitĂ© devant l’histoire Â»[18]. Plus tard, Eyskens regrettera ce choix. Il dira qu’il a Ă©tĂ© impressionnĂ© par les propos tenus Ă  Wynendaele et que son choix s’explique Ă©galement par la grande confiance qu’il avait en Pierlot. Après la guerre, Eyskens prĂ©sentera ses excuses au Roi[19]. Il rentre en Belgique au mois de . Gaston Eyskens voudra reprendre son activitĂ© d’enseignant mais il en sera empĂŞchĂ©. Il avait Ă©tĂ© interdit d’enseignement par les Allemands pendant deux ans[20]. Cependant, il ne fut suspendu que pour quelques mois[21]

Durant la Deuxième guerre mondiale, il a, entre autres, rĂ©gulièrement pris part Ă  des rĂ©unions clandestines avec des gens de confiance de l’ACW et a Ă©galement participĂ© discrètement Ă  la RĂ©sistance. Il a eu notamment une longue discussion avec le Cardinal van Roey. Celui-ci confia Ă  Eyskens la charge d’exercer son influence sur ses Ă©tudiants flamands afin d’éviter que ceux-ci penchent vers la collaboration[22]. A la fin de la guerre, il a, en outre, participĂ© Ă  de nombreuses rĂ©unions, toujours clandestines, ayant conduit Ă  la fondation du Parti social chrĂ©tien (CVP-PSC)[22] et a collaborĂ© Ă  la prĂ©paration de rĂ©formes financières d’après-guerre comme « l’opĂ©ration Gutt Â»[23].

Durant toute la Seconde Guerre mondiale, il a l’image d’un patriote irréductible[23]. Cette position peut s’expliquer par le fait que son père avait combattu, de son propre gré, durant la Première Guerre mondiale. Cet engagement, et la guerre en général, lui avait laissé une impression considérable. À la suite de cela, il garda une véritable haine du militarisme allemand[24]

En 1949, à la libération de la Belgique, il participera directement au pouvoir politique restauré[23]. Sa compétence en matière monétaire lui permettra d’obtenir le poste de Ministre des Finances durant le gouvernement Van Acker 1 (12.02.1945-02.08.1945)[25].

Ministre

Le , Gaston Eyskens est nommé Ministre des Finances au sein du Gouvernement Van Acker I, poste qu'il occupera jusqu'au . Il retrouve ce poste du au au sein des Gouvernements Spaak III & IV.

Il forme le le Gouvernement Gaston Eyskens I, coalition sociale-chrétienne/libérale qui durera jusqu'au . Il doit alors gérer la question du retour du roi Léopold III sur le trône.

Ă€ l'issue de son mandat de premier ministre, Eyskens devient Ministre des Affaires Ă©conomiques au sein du Gouvernement Duvieusart ( – ). L'alternance politique le fait alors entrer dans l'opposition.

Rappelé au poste de premier ministre, il compose le gouvernement Eyskens II le , gouvernement social-chrétien qui dure jusqu'au et qui sera suivi par le gouvernement Eyskens III, coalition sociale-chrétienne/libérale qui aura à gérer l'indépendance du Congo belge.

Ce gouvernement dure jusqu'au ; à cette date, le gouvernement est remanié (gouvernement Eyskens III) et dure jusqu'au .

Eyskens devient ensuite Ministre des Finances du au au sein du Gouvernement Harmel.

Il forme ensuite les Gouvernements Gaston Eyskens IV (du au ) et Gouvernement Gaston Eyskens V (du au ). Ce dernier gouvernement signa la fin de sa carrière politique, il remit sa démission le .

SĂ©nateur

Il est sénateur de Louvain de 1965 à 1973[26].

Blason de la famille Eyskens

Hommage

Gaston Eyskens fut un homme politique important en Belgique. Il traversa de grandes périodes de troubles: la Seconde Guerre mondiale, la Question royale, les grandes grèves d'hiver, l'indépendance du Congo belge, la fédéralisation de l'état belge, etc.

Après sa mort, de nombreuses personnes et institutions commencèrent à manifester un certain intérêt pour ses archives et sa documentation. Gaston Eyskens avait laissé une lettre à son fils lui demandant que ses écrits soient regroupés. C’est ainsi que virent le jour ses Mémoires[27]

Leo Tindemans, Herman Van der Wee, Robert Vandeputte et Pierre Harmel rendirent hommage à Eyskens en parcourant tout le long de sa vie politique, ses cinquante ans d’histoire économique et l’assainissement monétaire d’après-guerre[28], lors d’un colloque d’hommage organisé le à Bruxelles[29]

Pour son efficacité politique le roi Baudouin lui a conféré le titre de vicomte.

En 1963 il fut nommé ministre d'état[30].

Distinctions

Mandats gouvernementaux

Ministères 

Gaston Eyskens a été quatre fois ministre[32] :

  • Ministre des Finances : - au sein du Gouvernement Van Acker I
  • Ministre des Finances : - au sein des Gouvernements Spaak III & IV
  • Ministre des Affaires Ă©conomiques : – au sein du Gouvernement Duvieusart
  • Ministre des Finances : – au sein du Gouvernement Harmel

Premier ministre

Gaston Eyskens a été cinq fois premier ministre de Belgique, à la tête de six gouvernements.

Gouvernement Gaston Eyskens I du au , coalition sociale-chrétienne/libérale;
La grande problĂ©matique de cette pĂ©riode fut celle de la Question royale. Quand les AmĂ©ricains dĂ©livrèrent le roi LĂ©opold III, la question se posa de savoir si oui ou non il pourrait revenir sur le trĂ´ne. Les socialistes Ă©taient contre, les libĂ©raux divisĂ©s et les catholiques Ă©taient pour[33]. Gaston Eyskens, quant Ă  lui, avait pris du recul et avait Ă©mis des rĂ©serves face Ă  cette question. Il ne participa pas aux dĂ©bats ayant lieu au parlement et se fit remarquer pour ses absences aux manifestations[34]. MĂŞme s’il n’était pas vraiment impliquĂ© dans cette question, en tant que Premier ministre, il dĂ» prĂ©sider la consultation populaire sur la Question royale[35]. Pour Eyskens, la consultation serait favorable au retour du roi si celle-ci entrainerait un pourcentage raisonnable de votes positifs pour tout le pays. Au contraire, les libĂ©raux exigeaient une majoritĂ© dans les trois rĂ©gions du pays[36]. C’est en qualitĂ© de Premier ministre qu’Eyskens entreprit une consultation populaire. Le , 57,68% de la population se prononça pour le retour du roi[5]. Cependant ceci mit le conflit communautaire en exergue car la Flandre, Ă©tant majoritaire, Ă©tait pour le retour du roi, alors que la Wallonie, minoritaire, Ă©tait contre son retour. Ce conflit engendra la dissolution du parlement, ce qui donna lieu Ă  des Ă©lections anticipĂ©es[37]
Gouvernement Gaston Eyskens II du au , social-chrétien;
Après quatre ans dans l’opposition, Eyskens revint au sein du gouvernement. Il est nommĂ© formateur et appelĂ© Ă  former une nouvelle coalition. MajoritĂ© absolue au sein de la Chambre mais pas au SĂ©nat. Sa tentative de former une coalition avec les socialistes et les libĂ©raux se solde par un Ă©chec. Le , Eyskens dĂ©cide donc de former un gouvernement PSC-CVP homogène[38]. La problĂ©matique centrale de ce gouvernement fut celle du Pacte scolaire. La Commission permanente du Pacte scolaire avait reçu l’ordre de transposer le contenu de ce pacte dans une loi. Cependant, un accord devait d’abord ĂŞtre conclu entre les trois grands partis. Des nĂ©gociations aboutiront Ă  cet accord le [39]. Le mĂŞme jour, le gouvernement Eyskens II, annonce sa future dĂ©mission. Le , Gaston Eyskens se retira pour laisser la place au ministre de l’instruction publique, Maurice Van Hemelrijck qui rĂ©ussira Ă  faire adopter le Pacte scolaire[40]. SimultanĂ©ment, se forme un gouvernement PSC-LibĂ©ral. Le gouvernement Eyskens II ne durera donc que quelques mois[41]
Le Pacte scolaire fut approuvĂ© par la Chambre le et par le SĂ©nat le , date Ă  laquelle il fut promulguĂ©. Ce texte mentionna l’obligation pour l’état de crĂ©er des Ă©coles neutres lĂ  oĂą elles n’existaient pas encore. Pour que la population ait le choix entre l’enseignement catholique et celui de l’état[42]
Gouvernement Gaston Eyskens III du au , coalition sociale-chrétienne/libérale;
Création d’un gouvernement composé d’une coalition CVP-PSC/LP-PL: Eyskens-Lilar. Pendant son mandat, la politique fut d’abord axée sur l’économie du pays. Les crises wallonnes du charbon et les fermetures des mines furent la cause de grandes crises dans le Borinage en 1959. En Flandre également les ouvriers firent la grève pour protester contre la fermeture des entreprises de textile. En 1960 le climat s’apaisa avec le pacte social conclu le .
La question du Congo Ă©tait une problĂ©matique majeure pour le gouvernement Eyskens[43]. Lors de son troisième mandat en tant que Premier ministre, il doit affronter cette problĂ©matique qu’il savait inĂ©vitable[44]. Eyskens avait soulignĂ© l’impĂ©ratif de s’attarder sur l’avenir politique du Congo. Il dĂ©cida alors d’entreprendre des changements radicaux concernant la politique coloniale. Le but final de ces rĂ©formes Ă©tait d’atteindre l’indĂ©pendance totale vis-Ă -vis de la Belgique[45]. Plus tard, son gouvernement annonça qu’il prononcera, le , une dĂ©claration primordiale pour l’avenir politique du Congo. Se sont ensuivis des troubles sanglants Ă  LĂ©opoldville[45]. Les partis politiques belges exigèrent que la dĂ©claration se fasse immĂ©diatement pour mettre fin aux Ă©meutes. Gaston Eyskens accepta cette requĂŞte[45]. La dĂ©claration gouvernementale du acquit un poids consĂ©quent Ă  la suite des incidents de LĂ©opoldville[45]. Gaston prĂ©senta la dĂ©claration devant la Chambre. Son plus grand souhait Ă©tait de mettre en place une dĂ©mocratie qui mènerait vers l’indĂ©pendance[45]. Faisant partie du cabinet, Gaston Eyskens fut l’un des premiers Ă  ĂŞtre informĂ© du discours royal du et Ă  en prendre la responsabilitĂ© politique[45]. Gaston Eyskens envisageait trois possibilitĂ©s pour le gouvernement. La première solution consistait Ă  installer une assemblĂ©e constituante. Selon lui, cette solution donnerait l’image d’une Belgique lâchant le Congo. La deuxième, Ă©tait d’établir immĂ©diatement un gouvernement congolais provisoire. La troisième possibilitĂ© Ă©tait de respecter la dĂ©claration du . Il opta pour cette dernière. Selon lui, l’indĂ©pendance devait ĂŞtre progressive[46].  Lors de la Table ronde du , Eyskens prononcera lui-mĂŞme le discours d’ouverture[47]. On y fixa la date d’indĂ©pendance. Le lendemain, le roi convoqua le Conseil de la Couronne[47]. Eyskens prit la parole après le roi. Dans son discours, il mit l’accent sur le futur du Congo. Il rappela la nĂ©cessitĂ© de concrĂ©tiser les relations entre la Belgique et le Congo dans un traitĂ©[47]. Eyskens fut satisfait des rĂ©sultats de la Table ronde[47]. Enfin, il prĂ©cisa que le temps du colonialisme Ă©tait dĂ©finitivement passĂ©[47]
Le Premier ministre congolais Patrice Lumumba signe la déclaration d'indépendance du Congo aux côtés du Premier ministre belge Gaston Eyskens
Il quitta la Belgique pour Léopoldville le afin d’assister aux cérémonies de l’indépendance[48]. Le jour suivant, il signe le Pacte d’amitié, d’assistance et de coopération entre la Belgique et le Congo. Puis il signe la déclaration d’indépendance du Congo, le 30 juin 1960. Il rentre en Belgique le jour même[48].
Les 6 et , des difficultĂ©s apparaissent au sein de la Force publique. Il dit « ce sont lĂ  de petites convulsions inĂ©vitables dans un jeune Ă©tat Â»[48]. Plus tard, quand la situation s’envenimera, on lui reprochera vivement cette dĂ©claration. Le , des incidents graves eurent lieu. Quand les violences Ă©clatèrent, le gouvernement dĂ©cida d’envoyer des renforts militaires. Il affirme que l’objectif de la Belgique n’était aucunement politique mais uniquement dans le but de sauver les ressortissants belges[49]. Cette dĂ©cision fut fortement critiquĂ©e par les Nations Unies Ă  tel point que le gouvernement Eyskens envisagea la dĂ©mission. Sa position Ă©tait considĂ©rablement affaiblie. Il opta finalement pour le maintien du gouvernement[50]
Gouvernement Gaston Eyskens III (remanié) du au , coalition sociale-chrétienne/libérale;
La loi d’expansion Ă©conomique, de progrès social et de redressement financier, dite « loi unique », fit partie du plan d’assainissement budgĂ©taire conduit par Gaston Eyskens dans les annĂ©es 1960[51]. Cette loi fut le fruit de conversations entre Eyskens et  Vanaudenhove, van Houtte Van der Schueren, Vanden Boeynants[52]. Elle amena Gaston Ă  lutter sur plusieurs fronts : contre les libĂ©raux et les catholiques qui Ă©taient contre le prĂ©compte sur les revenus mobiliers Ă  l’impĂ´t[52] et contre les socialistes qui ont provoquĂ© les grandes grèves d’hiver de 1960-1961[53]. La loi unique fut votĂ©e malgrĂ© une pĂ©riode de grèves qui dura plus d’un mois[54]. Le gouvernement Eyskens III (remaniĂ©) tint bon. Lors des Ă©lections du le CVP connu une grave dĂ©faite[55], ce qui sonna la fin du gouvernement Eyskens.
Gouvernement Gaston Eyskens IV du au , coalition sociale-chrétienne/socialiste;
Le gouvernement social-chrĂ©tien-socialiste de Gaston Eyskens jugea qu’il Ă©tait temps de mettre fin aux affrontements communautaires par des rĂ©formes institutionnelles[56]. DĂ©jĂ  Ă  la fin des annĂ©es 1970, Eyskens rĂ©ussit Ă  faire voter une rĂ©forme constitutionnelle en obtenant l’appui de l’opposition libĂ©rale. Cette rĂ©forme crĂ©a quatre rĂ©gions linguistiques en Belgique[56], mais il voulait aller plus loin. Celui-ci voulait mettre fin Ă  l'État unitaire en crĂ©ant trois rĂ©gions[35]. Ă€ cette occasion, il crĂ©a le « groupe des 28 Â». Le « groupe des 28 Â» n’étant rien d’autre que les partis politiques rassemblĂ©s, se rĂ©unissant au sein d’un groupe de travail sur la demande de Gaston Eyskens. On y aboutit Ă  d'amples arrangements, mais la question du statut de Bruxelles et des communes de la pĂ©riphĂ©rie posait toujours problème[57]. Le projet de la rĂ©vision pouvait se rĂ©sumer dans cette formule attribuĂ©e Ă  Gaston Eyskens :  « La Belgique de papa a vĂ©cu Â»[57].  Le 14 fĂ©vrier 1970, le Premier ministre Gaston Eyskens put tenir son cĂ©lèbre discours Ă  la Chambre des reprĂ©sentants : Â« l’État unitaire, tel que les lois le rĂ©gissent encore dans ses structures et dans son fonctionnement est dĂ©passĂ© par les faits. Les CommunautĂ©s et les RĂ©gions doivent prendre leur place dans les structures rĂ©novĂ©es de l’État, mieux adaptĂ©es aux situations spĂ©cifiques du pays Â»[58]
Durant cette période il réussit tant bien que mal à mener à bien la révision de la constitution de 1970 qui créa trois régions en Belgique[59] : la Région flamande, la Région wallonne et la Région de Bruxelles-Capitale[2].A la demande du Gouvernement, le Parlement fut dissous huit mois avant la date des élections. Eyskens attribua cette dissolution anticipée à la crise monétaire, au chômage qui ne cessait d’augmenter et aux problèmes des Fourons[60].
Gouvernement Gaston Eyskens V du au , coalition sociale-chrétienne/socialiste
La difficultĂ© rĂ©sida ici en l’application de l’article 3 de la Constitution. La difficultĂ© Ă©tait l’attribution des compĂ©tences Ă  ces RĂ©gions, surtout en ce qui concerne Bruxelles. L’éparpillement des forces politiques rendit cette problĂ©matique encore plus difficile Ă  rĂ©soudre[56]. Les socialistes ne voulaient pas travailler avec les libĂ©raux. Mais la vĂ©ritable source du problème Ă©tait encore une fois, les problèmes communautaires[61]. Eyskens ne parvint pas Ă  un compromis. Ces difficultĂ©s prirent une telle ampleur que Gaston Eyskens prit la dĂ©cision de prĂ©senter la dĂ©mission de son gouvernement au Roi. Le 22 novembre 1972[62], il annonça qu’il quittait dĂ©finitivement la vie politique[63]

Galerie

  • Gaston Eyskens
    Gaston Eyskens
  • Gaston Eyskens Ă  une confĂ©rence du gouvernement Benelux dans le bâtiment du Congrès, La Haye, 28 avril 1969
    Gaston Eyskens à une conférence du gouvernement Benelux dans le bâtiment du Congrès, La Haye,
  • De gauche Ă  droite: Joseph Luns (ministre des Affaires Ă©trangères des Pays-Bas), Piet de Jong (Premier ministre des Pays-Bas), Gaston Eyskens (Premier ministre de Belgique) et Pierre Harmel (ministre des Affaires Ă©trangères de Belgique)
    De gauche à droite: Joseph Luns (ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas), Piet de Jong (Premier ministre des Pays-Bas), Gaston Eyskens (Premier ministre de Belgique) et Pierre Harmel (ministre des Affaires étrangères de Belgique)
  • Le Premier ministre congolais Patrice Lumumba signe la dĂ©claration d'indĂ©pendance du Congo aux cĂ´tĂ©s du Premiers Ministre belge Gaston Eyskens
    Le Premier ministre congolais Patrice Lumumba signe la déclaration d'indépendance du Congo aux côtés du Premiers Ministre belge Gaston Eyskens
  • La dĂ©lĂ©gation belge, confĂ©rence Benelux, La Haye mars 1949
    La délégation belge, conférence Benelux, La Haye

Références

  1. Gaston Eyskens, MĂ©moires, Bruxelles, CRISP, , 1267 p., p. 21
  2. Thierry Denoël et Jacques Laruelle, Le nouveau dictionnaire des Belges, Bruxelles, Le Cri/Legrain/RTBF, , 802 p., p. 285
  3. (nl-BE) Rik Decan, Wie is wie in Vlaanderen? 1985-1999, Bruxelles, Uitgeverij BRD, , p. 505
  4. (nl-BE) Paul Van Molle, Het Belgisch Parlement 1894-1969, Ledeberg, Erasmus, , p. 142
  5. H. Gaus, Politiek biografisch lexicon: Belgische ministers en staatssecretarissen 1960-1980, Antwerpen, Standaard Uitgeverij, 1989, p.422
  6. Jacques Hislaire, Gaston Eyskens, le scepticisme qui soulève les montagnes, Bruxelles, Labor, , 157 p., p. 24-25
  7. Gaston Eyskens, MĂ©moires, Bruxelles, CRISP, , 1267 p., p. 8
  8. G. Eyskens, MĂ©moires, Bruxelles, CRISP, 2012, p.26.
  9. Gaston Eyskens, MĂ©moires, Bruxelles, CRISP, , 1267 p., p. 32
  10. Gaston Eyskens, MĂ©moires, Bruxelles, CRISP, , 1267 p., p. 34-36
  11. H. Gaus, Politiek biografisch lexicon: Belgische ministers en staatssecretarissen 1960-1980, Antwerpen, Standaard Uitgeverij, 1989, p.425
  12. Jacques Hislaire, Gaston Eyskens, le scepticisme qui soulève les montagnes, Bruxelles, Labor, , 157 p., p. 27
  13. Gaston Eyskens, MĂ©moires, Bruxelles, CRISP, , 1267 p., p. 38-40
  14. H. Gaus, Politiek biografisch lexicon: Belgische ministers en staatssecretarissen 1960-1980, op. cit., p. 419.
  15. (nl-BE) Helmut Gaus, Politiek biografisch lexicon, Anvers, Standaard Uitgeverij,
  16. Jacques Hislaire, Gaston Eyskens, le scepticisme qui soulève les montagnes, Bruxelles, Labor, , 157 p., p. 15
  17. « Les archives de l'État en Belgique, Eyskens, Gaston », sur search.arch.be (consulté le )
  18. Jacques Hislaire, Gaston Eyskens, le scepticisme qui soulève les montagnes, Bruxelles, Labor, , 157 p., p. 34
  19. Vincent Dujardin et Pierre Harmel, Belgique 1949-1950 : entre Régence et Royauté, Bruxelles, Racine, , 207 p., p. 33
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Bibliographie

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