Gouvernement Harmel
Le gouvernement Harmel était une coalition de socialistes et sociaux-chrétiens. Il gouverne du au . Le lendemain de la formation de son cabinet, le nouveau Premier ministre Pierre Harmel prononce sa déclaration gouvernementale devant les deux Chambres.
Roi | Baudouin |
---|---|
Premier ministre | Pierre Harmel |
Formation | |
Fin | |
Durée | 7 mois et 19 jours |
Chambre des représentants |
141 / 212 |
---|---|
SĂ©nat |
75 / 106 |
Ce gouvernement est trĂšs Ă©phĂ©mĂšre, il reste six mois au pouvoir. Une opposition sâinstalle entre les socialistes et les sociaux-chrĂ©tiens Ă propos du ticket modĂ©rateur. Celle-ci est dĂ©cisive et cause la chute du gouvernement le .
Contexte
Le gouvernement qui précÚde est le gouvernement LefÚvre-Spaak qui émet sa démission le . AprÚs 65 jours de crise, la coalition PSC-PSB est formée le [1]. Les socialistes wallons sont cependant particuliÚrement hostiles à l'idée de monter dans une majorité avec les sociaux-chrétiens (36,84% seulement y sont favorables) ; 97% des socialistes liégeois rejettent la coalition[2].
DĂ©claration gouvernementale du Premier ministre
Le , le nouveau chef du gouvernement lit sa déclaration gouvernementale devant les deux Chambres[3].
Les deux grands sujets qui occupent lâattention du nouveau Premier ministre Pierre Harmel sont dâune part, la croissance intĂ©rieure de la sociĂ©tĂ© belge ainsi que sa place au niveau europĂ©en et international, et dâautre part, les problĂšmes fondamentaux qui touchent « aux ressorts mĂȘme de lâunion intĂ©rieure, aux structures de la Nation, au vouloir vivre commun »[4].
La nouvelle politique de Pierre Harmel a pour objectif principal de prĂŽner « une Belgique plus rĂ©gionale ; une conversion et une reconversion Ă©conomiques permanentes ; le plein emploi, le dĂ©veloppement de lâĂ©conomie des services, un amĂ©nagement gĂ©nĂ©ral de notre pays qui lui permette notamment de remplir sa vocation de plaque tournante de lâEurope »[4].
DâaprĂšs sa dĂ©claration, le nationalisme ne fait que ralentir lâĂ©volution du pays, le rĂ©gionalisme serait la solution. « Le rĂ©gionalisme Ă©conomique et culturel met donc le dĂ©veloppement Ă©conomique et social au service de lâhomme »[5].
Un des objectifs primordiaux du nouveau gouvernement est aussi dâatteindre, sur le plan culturel, une autonomie telle quâelle a Ă©tĂ© prĂ©vue par les trois partis pendant les nĂ©gociations Ă la « table ronde »[6].
Dâun point de vue Ă©conomique, le cabinet Harmel veut affronter les problĂšmes qui sâimposent aux rĂ©gions. Il prĂ©voit une politique dâaccompagnement pour les rĂ©gions qui se dĂ©veloppent au dĂ©part aisĂ©ment et une politique dâentrainement de lâĂtat pour celles qui ont des difficultĂ©s.
Lâinternationalisation de lâĂ©conomie belge due Ă la naissance du MarchĂ© commun intĂ©resse Harmel. Lâeffort dâamplification de lâĂ©conomie doit continuer via un important investissement humain, scientifique et industriel[5]. Câest pour cela, quâil faut soutenir « lâesprit de crĂ©ation des firmes belges »[7].
Pierre Harmel insiste Ă©galement sur lâimportance de la place quâoccupe la Belgique au sein de lâEurope. La Belgique constitue selon lui, le centre de gravitĂ© de lâEurope, il faut donc promouvoir le dĂ©veloppement rapide et efficace dâune activitĂ© Ă©conomique, scientifique et commerciale afin de contribuer au bon dĂ©veloppement du marchĂ© europĂ©en[7]. Pour ce faire, il faut prĂ©parer, Ă©duquer, et instruire correctement les jeunes afin quâils puissent contribuer Ă cette mission.
Un autre objectif de Pierre Harmel, est dâatteindre une Ă©conomie dans laquelle on retrouve une importante quantitĂ© et diversitĂ© de services : « nous attendons une multiplication, soit des emplois indĂ©pendants ; soit des fonctions dĂ©pendantes libĂ©rant de plus en plus dâimagination, dâinitiative et de crĂ©ation⊠»[7].
La position de carrefour quâoccupe la Belgique au sein de lâEurope doit ĂȘtre exploitĂ©e via « des communications routiĂšres dâintĂ©rĂȘt international, qui augmenteront en mĂȘme temps considĂ©rablement les chances de dĂ©veloppement ou de reconversion industrielle, commerciale ou touristique de nos rĂ©gions »[8].
Au niveau de lâĂ©ducation, un des objectifs du nouveau gouvernement est dâencourager les jeunes Ă suivre une formation « jusquâĂ la limite de ses aptitudes »[9]. Les problĂšmes liĂ©s Ă lâenseignement primaire, supĂ©rieur et universitaire constituent une prioritĂ© pour Harmel. Il veut promouvoir une diversification importante des programmes scolaires.
Formation du gouvernement
Ălections lĂ©gislatives de 1965
Ă la suite des Ă©lections lĂ©gislatives et provinciales du , le gouvernement que doit constituer Pierre Harmel a pour objectif de rĂ©former les institutions[10]. Les trois partis principaux (les libĂ©raux, le parti social chrĂ©tien et le parti socialiste belge) avaient Ă©tĂ© rassemblĂ©s depuis [11] pour en discuter. Harmel ne dispose pas dâune majoritĂ© suffisante pour adopter les conclusions de cette « table ronde ». En effet, les conclusions portant sur lâautonomie culturelle des rĂ©gions et sur la dĂ©centralisation Ă©conomique nâont Ă©tĂ© approuvĂ©es que par le PSC et le PSB. Les libĂ©raux refusent donc de faire partie du gouvernement.
Formation
Pierre Harmel se rĂ©signe Ă former le gouvernement avec les deux partis perdants. Le PSB et le PSC avaient perdu Ă©normĂ©ment de voix pendant la pĂ©riode Ă©lectorale. De plus, ils nâatteignaient pas la majoritĂ© des deux tiers Ă un siĂšge prĂšs pour rĂ©viser la Constitution[6].
Au départ, les socialistes ne veulent pas faire partie du nouveau gouvernement en raison de leur défaite électorale et également à cause du combat qu'ils ont eu contre Pierre Harmel pendant la période de la deuxiÚme guerre scolaire. Néanmoins, lors du vote de la déclaration gouvernementale à la Chambre, tous les députés du PSB et du PSC appuient son nouveau gouvernement[12].
Division au sein du PSB.
Le PSB reste trÚs hostile à la participation gouvernementale avec les sociaux-chrétiens. Le nouveau Premier ministre fait preuve de ses talents de bon leader et conciliateur afin de faciliter les relations entre le PSB et le PSC[13].
Nouvelle structure gouvernementale.
Harmel soumet une structure limitĂ©e et inĂ©dite Ă AndrĂ© Molitor qui est Ă cette Ă©poque le chef du cabinet du Roi. Cette nouvelle structure consiste Ă hiĂ©rarchiser lâĂ©quipe en rĂ©duisant la taille du gouvernement. Ce nouveau cabinet devrait rĂ©unir cinq Ă huit ministres qui sâoccuperaient de secteurs bien prĂ©cis. Par ailleurs, les grandes dĂ©cisions politiques qui seraient prises « engageraient la responsabilitĂ© du gouvernement tout entier »[13]. Molitor refuse cette idĂ©e de gouvernement restreint. Finalement, Harmel dirigera un gouvernement de 26 ministres[14].
PremiĂšre femme dans un gouvernement.
Pierre Harmel fait entrer la premiĂšre femme dans un gouvernement. Magriet De Riemaecker occupe le poste de ministre sociale chrĂ©tienne de la Famille. Pierre Harmel commente Ă ce propos : « Je me suis toujours trouvĂ© du cĂŽtĂ© de lâĂ©galitĂ© des hommes et des femmes »[14]. Quâapporte la femme dans le monde politique ? Harmel rĂ©pond : « Jâaurais beaucoup voulu Ă©crire un livre sur le gouvernement des femmes [âŠ]. Elles ont beaucoup plus de force de conviction que les hommes [âŠ]. Je crois quâelles gouvernent autrement et quâelles sont nĂ©cessaires. Dâailleurs, gĂ©nĂ©ralement, les hommes font appel aux femmes pour gouverner quand ils nâen peuvent plus »[15].
Composition
MinistĂšre | Nom | Parti |
---|---|---|
Premier ministre, chargé de la Coordination de la Politique scientifique | Pierre Harmel | Social-chrétien |
Vice-Premier ministre, chargé de la Coordination de la Politique économique | Antoon Spinoy | Socialiste |
Ministre des Affaires étrangÚres, chargé de la Coordination de la Politique étrangÚre | Paul-Henri Spaak | Socialiste |
Ministre des Finances | Gaston Eyskens | Social-chrétien |
Vice-Premier ministre, chargé de la Coordination de la Politique sociale | Paul-Willem Segers | Social-chrétien |
Vice-Premier ministre, chargé de la Coordination de la politique de l'Infrastructure | Edmond Leburton | Socialiste |
Ministre de la Justice | Pierre Wigny | Social-chrétien |
Ministre de l'Agriculture | Charles Héger | Social-chrétien |
Ministre de la Défense nationale | Ludovic Moyersoen | Social-chrétien |
Ministre des PTT | Edouard Anseele jr. | Socialiste |
Ministre de l'Emploi et du Travail | Léon Servais | Social-chrétien |
Ministre des Communications | Yves Urbain | Social-chrétien |
Ministre de la Santé publique | Alfred Bertrand | Social-chrétien |
Ministre de l'Ăducation nationale | Fernand Dehousse | Socialiste |
Ministre de l'Intérieur | Alfons Vranckx | Socialiste |
Ministre des Affaires Ă©conomiques | Marc-Antoine Pierson | Socialiste |
Ministre des Travaux publics | Jos De Saeger | Social-chrétien |
Ministre de la Famille et du Logement | Marguerite De Riemaecker-Legot | Social-chrétien |
Ministre des Classes moyennes | Adhémar d'Alcantara | Social-chrétien |
Ministre de la Prévoyance sociale | Hervé Brouhon | Socialiste |
Ministre-secrĂ©taire d'Ătat des Affaires europĂ©ennes, adjoint aux Affaires Ă©trangĂšres | Hendrik Fayat | Socialiste |
Ministre-secrĂ©taire d'Ătat pour la Culture nĂ©erlandaise | Albert De Clerck | Social-chrĂ©tien |
Ministre-secrĂ©taire d'Ătat pour la CoopĂ©ration au DĂ©veloppement et le Commerce extĂ©rieur, adjoint aux Affaires Ă©trangĂšres | Ernest Adam | Social-chrĂ©tien |
Ministre-secrĂ©taire d'Ătat de la Culture française | Paul de Stexhe | Social-chrĂ©tien |
Ministre-secrĂ©taire d'Ătat, adjoint au Premier ministre pour la Fonction publique | AndrĂ© Van Cauwenberghe | Socialiste |
Ministre-secrĂ©taire d'Ătat, adjoint Ă l'Ăducation nationale | Elie Van Bogaert | Socialiste |
Ministre-secrĂ©taire d'Ătat, adjoint aux Finances | Alfred Scokaert | Socialiste |
Controverses
Jan Grauls
Pierre Harmel confie la direction de son cabinet Ă Jan Grauls. La libre Belgique ne tarde pas Ă critiquer sa prĂ©sence. Jan Grauls est un ancien responsable du Vlaamse Volksbeweging. Câest un parti extrĂ©miste qui dĂ©fendait le fanatisme linguistique. Il est Ă lâinitiative des deux « marches » sur Bruxelles, et de la « marche » fĂ©dĂ©raliste sur Anvers[16].
« Personne nâaurait imaginĂ© que M. Harmel, auquel on prĂȘte tout de mĂȘme pas mal de moralitĂ© politique, lui ferait ainsi la courte Ă©chelle, prouvant ainsi que lâextrĂ©misme est dĂ©cidĂ©ment fort payant. [âŠ] Pour promouvoir le civisme et lâapaisement, M. Harmel aurait pu trouver mieux »[16].
Wilfried Martens
Le conseiller du Premier ministre Ă©tait Wilfried Martens. Le pourquoi pas ? Ă©crit une critique Ă son propos : « Comprenez que telle quelle, votre nomination est insupportable, quâelle cautionne lâextrĂ©misme, quâelle reconnaĂźt ses buts, ses droits, ses mĂ©thodes. [...] Conseiller dâun Premier ministre du Roi, ivre de modĂ©ration, dĂ©vot unitaire et paternellement capitaliste, sur quoi, diantre, vous demande-t-on votre avis ? Allons Monsieur, militez, mais ne conseillez pas. Vous ne sauriez ĂȘtre que de mauvais conseil. Et marchez donc, puisque câest votre plaisir. Mais vers la sortie »[17].
En sus de cet article, Jean Defraigne pose une question parlementaire Ă Pierre Harmel. Il rappelle que Martens a Ă©tĂ© condamnĂ© en tant quâĂ©diteur dâun pamphlet du VVB incitant les Flamands Ă refuser les produits provenant des firmes qui ne respectent pas les lois linguistiques[18]. « Ne pensez-vous pas que, compte tenu de la politique dâunion et dâapaisement que votre Gouvernement dĂ©clare vouloir suivre, la prĂ©sence (de Wilfried Martens) Ă votre Cabinet ne sâimpose guĂšre ? »[19].
AprĂšs plusieurs hĂ©sitations de la part dâHarmel concernant le renvoi de Wilfried Martens, le Premier ministre finit par accepter sa prĂ©sence dans le cabinet[20].
Dissolution du gouvernement
Causes
Le a lieu le premier conseil des ministres. Harmel se rend compte que son cabinet doit faire face Ă dâimportants problĂšmes financiers. Le ministre des Finances, Gaston Eyskens, explique quâil faut limiter les dĂ©penses de lâĂtat[21]. Les socialistes Wallons sont quant Ă eux, rĂ©ticents Ă lâidĂ©e de freiner les dĂ©penses de lâĂtat, surtout en ce qui concerne les soins de santĂ© et le secteur social. Il en est de mĂȘme pour la FGTB[22]. Le , Harmel explique quâil faudra recourir Ă de nouveaux impĂŽts pour Ă©quilibrer le budget.
- Fermeture des charbonnages du Limbourg.
La fermeture des mines imposĂ©e par la CECA touchait principalement les mines wallonnes. Mais le programme dâassainissement des finances publiques touche Ă©galement les mines du Limbourg, entrainant la grĂšve des mineurs de Zwartberg[23]. Le commence une grĂšve qui provoque la mort de deux manifestants Ă la suite d'une intervention policiĂšre[24]. Ces troubles fragilisent le gouvernement[25].
- Conflit à propos du ticket modérateur.
MĂ©decins et mutualitĂ©s sâopposent tous deux Ă des mesures de modĂ©ration des subventions de la sĂ©curitĂ© sociale[26]. Les mĂ©decins souhaitent quâĂ chaque prestation mĂ©dicale rĂ©alisĂ©e dans un hĂŽpital ou dans un Ă©tablissement qui travaille sur base de forfait, un ticket modĂ©rateur de 30 FB soit imposĂ© aux patients[27]. A travers cette politique, les mĂ©decins essaient de sensibiliser les gens au coĂ»t des soins de santĂ©, et Ă lâimportance de ne pas gaspiller. Ils veulent revaloriser leur profession en gagnant davantage dâargent en fonction de leurs prestations[28]. Sept polycliniques socialistes refusent dâappliquer cette nomenclature proposĂ©e par les mĂ©decins[29]. Finalement aucun accord nâest trouvĂ© entre le PSB et le PSC.
Tentative de démission
Une grande tension sâinstalle au sein du gouvernement entre, dâune part, les sociaux chrĂ©tiens qui sont pour le ticket modĂ©rateur et, dâautre part, les socialistes qui sont contre. Harmel finit par prĂ©senter sa dĂ©mission au Roi Baudouin.
Le Roi refuse la dĂ©mission de Pierre Harmel et lui Ă©crit une lettre en lâencourageant Ă ne pas lĂącher prise pour une question aussi futile. Dans sa lettre, le Roi donne une leçon de dĂ©mocratie parlementaire Ă Harmel et Ă tous les autres ministres[30]. Le Roi Ă©crit : « Je ne puis accepter la dĂ©mission de ce gouvernement [âŠ] Je vous invite [âŠ] Ă faire un nouvel effort en vue de trouver une solution au problĂšme et Ă soumettre cette solution sans dĂ©lai Ă lâapprobation des Chambres »<[31].
Dissolution
AprĂšs maints efforts, Harmel ne parvient pas Ă trouver une entente entre le PSB et le PSC en ce qui concerne le ticket modĂ©rateur. Le PSC nâaccepte pas la proposition du PSB qui est de geler la situation des sept polycliniques socialistes afin quâelles continuent Ă appliquer le forfait[29]. DĂšs lors, le , les ministres socialistes donnent leur dĂ©mission au Premier ministre. Harmel prĂ©sente ensuite la dĂ©mission dĂ©finitive de son gouvernement au Roi. « Ainsi sâefface lâĂ©phĂ©mĂšre cabinet dâHarmel, dont Spaak dira plus tard quâil nâavait jamais compris pourquoi il Ă©tait tombĂ© car un gouvernement ne peut trĂ©bucher pour 30 FB »[29].
Critiques
AprĂšs la dĂ©mission du cabinet Harmel, les critiques ont commencĂ© Ă fuser. Plusieurs dâentre elles provenaient de ses propres collĂšgues de parti. Notamment de la part de Paul Vanden Boeynants : « Jâai Ă©tĂ© un ardent dĂ©fenseur de la candidature Harmel [âŠ]. Je lâadmirais. Nâayant jamais siĂ©gĂ© avec lui dans un gouvernement, je ne connaissais pas son caractĂšre vellĂ©itaire, sa peur viscĂ©rale de choquer, de faire mal. Ce fut une erreur. Cet homme est trop bien Ă©levĂ© et trop courtois pour ĂȘtre Premier ministre. Dans certains cas, un chef de gouvernement doit pouvoir se montrer grossier, brutal, et ne plus accepter la discussion. Il doit pouvoir dire Ă ses ministres : " Jâai entendu vos palabres, maintenant voilĂ ma dĂ©cision. Que celui qui nâest pas dâaccord dĂ©missionne " »[32]. Les trois grandes conditions pour ĂȘtre un bon Premier ministre selon Vanden Boeynants : « Un, il doit savoir jurer. Deux, il doit savoir taper du poing sur la table. Trois, il ne doit surtout pas ĂȘtre professeur dâuniversitĂ© »[32].
Wilfried Martens est une des personnes ayant vĂ©cu cette chute gouvernementale de lâintĂ©rieur. Selon lui : « Harmel rĂ©unissait dans un premier temps tous les membres du cabinet le samedi matin, mais aprĂšs il a dĂ©cidĂ© dâen revenir Ă la semaine de cinq jours afin de consacrer le week-end Ă la rĂ©flexion, et aux lectures. La structure du gouvernement [âŠ] Ă©tait assez thĂ©orique. Valable dans la thĂ©orie, mais pas dans la pratique. De plus, Harmel nâĂ©tait pas un manager. CâĂ©tait un chef de gouvernement plein dâidĂ©al et dâenthousiasme, mais cela ne suffit pas. Personnellement, je lâapprĂ©ciais beaucoup. Il faut dire aussi quâil avait la tĂąche impossible de maintenir la collaboration PSC-PSB. Pour ma part, je pensais que cela ne pouvait que casser »[33].
Jean-Pierre GrafĂ© Ă©crit Ă©galement Ă propos du Premier ministre : « La rigueur du ministre Harmel et son honnĂȘtetĂ© intellectuelle faisaient [âŠ] quâil hĂ©sitait parfois Ă arbitrer rapidement dans des dossiers politiques complexes, dans la crainte de commettre une erreur ou une injustice. Les raisons de ses hĂ©sitations nâĂ©taient pas toujours comprises par certains de ses collĂšgues ministres »[34].
Références
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- DĂ©claration gouvernementale 1965.
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- Questions et Réponses, Chambre, , p. 394 (Question n°7 du 8 octobre 1965)
- Dujardin et Dumoulin 2008, p. 123.
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- J. LEFĂVRE, « Il y a 50 ans, l'annonce de la fermeture de la mine de Zwartberg », Solidaire,â , consultĂ© le 26 octobre 2018 (lire en ligne)
- G. EYSKENS, De Memoires, p. 688 ; « Zware dag voor regering », Het volk, 2 février 1966 cité par Dujardin 2004, p. 401.
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- Th. GOORDEN, Willy De Clercq, L'art du possible, Bruxelles, Racine, , p. 58.
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Liens externes
- C.R.I.S.P., « Déclaration gouvernementale lue par le Premier ministre Pierre Harmel à la Chambre le et au Sénat le » (consulté le ).
- LefÚvre J., « Il y a 50 ans, l'annonce de la fermeture de la mine de Zwartberg », sur Solidaire, (consulté le ).
Bibliographie
Ouvrages
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- Vincent Dujardin, Pierre Harmel, Bruxelles, Le Cri, .
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- E. Witte et J. Craeybeckx, La Belgique politique de 1830 Ă nos jours, Bruxelles, Editions de lâuniversitĂ© de Bruxelles, .
Hebdomadaires
- V. Dujardin, « Pourquoi pas? », Pierre Harmel, Bruxelles, Le Cri,â , p. 397.
- V. Dujardin, « La Libre Belgique », Pierre Harmel, Bruxelles, Le Cri,â , p. 397.
- « Question n°7 du . », Questions et RĂ©ponses. Chambre,â , p. 394