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Gouvernement de coalition

Par opposition au gouvernement homogène, un gouvernement de coalition est un gouvernement formé par des représentants de plusieurs partis politiques.

Un gouvernement de coalition est un gouvernement parlementaire constitué par des membres de plusieurs partis qui ont accepté de coopérer en formant une coalition. La raison habituelle d'un tel arrangement est qu'aucun parti seul n'a suffisamment de députés pour constituer une majorité au parlement. Également, en temps de crise comme une guerre ou une crise politique ou économique majeure, des partis peuvent former un gouvernement d'union nationale, ou une grande coalition. Une coalition se fonde toujours sur un accord, appelé pacte de coalition.

On parle de coalition solide si celle-ci s’est formée en amont des élections, les différents partis s’étant fait élire ensemble, après avoir fait campagne autour d’un programme commun. Ce type de coalition génère généralement peu de problèmes puisque la coopération est née dans la compétition : la coopération parlementaire suit la coopération électorale. Ainsi, une coalition est dite fragile lorsqu’elle se forme devant le parlement, par des partis faibles et indisciplinés, et dont la dissolution sera rapide.

Le contexte d'émergence d'un gouvernement de coalition est celui d'un système pluraliste : le nombre élevé de partis implique qu'ils forment des coalitions pour accéder au pouvoir.

Justification

À l’inverse du régime présidentiel, dans lequel l’assemblée a l’initiative législative et le président peut bloquer une décision avec son véto, dans les régimes parlementaires, l’initiative appartient généralement au gouvernement et la décision finale revient au parlement. Le caractère collégial de gouvernement en régime parlementaire implique une diversité de situations quant à sa structure partisane. En l’absence de majorité d’un seul parti au parlement, les gouvernements de coalition sont la situation la plus souvent observée.

Ainsi une coalition est nécessaire lorsqu'aucun parti ne détient la majorité lui permettant de gouverner seul. Pour y remédier, un ou plusieurs partis sont contraints de s’allier afin d’obtenir une majorité et de pouvoir gouverner (voir exemples ci-dessous).

En général, cette situation apparaît d’une part parce qu’il existe un grand nombre de partis, ou d’autre part parce que le mode de scrutin ne permet pas, ou rend difficile de dégager une majorité solide.

De fait à l'échelle mondiale, entre 1945 et 2002, les situations minoritaires sont les plus courantes. En effet, elles représentent plus de 56% des situations observées. Ainsi, les gouvernements faisant face à cette situation deviennent alors soit minoritaires, de coalition ou même les deux.

Cependant il est important de préciser que les gouvernements prennent le plus souvent la forme de coalition.

Il est de même intéressant de constater que les gouvernements de coalitions ne sont pas moins long en termes de durée que les gouvernements mono-partisans.

Fonctionnement

Un gouvernement de coalition peut se subdiviser en trois catégories principales : la coalition majoritaire proprement dite, la coalition quasi majoritaire et la coalition à soutien majoritaire. Chacune a des particularités spécifiques selon à la façon dont elle a été formée et s’organise.

  • La coalition majoritaire se forme lorsqu’aucun parti n’obtient la majoritĂ© absolue. Dans ce cas, il est nĂ©cessaire d’établir une alliance entre deux partenaires (au minimum) afin qu’une majoritĂ© se forme et puisse ainsi gouverner. Dans ce cas, la coalition peut ĂŞtre Ă©tablie dès le moment de l’élection ou ĂŞtre nouĂ©e au parlement. Ainsi, une coalition Ă©tablie devant l’électorat, dite “coalition solide” prend place dès la campagne Ă©lectorale dans laquelle deux ou plusieurs partis expriment leur volontĂ© de gouverner ensemble. C’est une pratique courante dans les pays utilisant les scrutins de type majoritaire. Cependant, une coalition Ă©tablie au parlement, dite “coalition fragile” advient lorsque plusieurs partis bĂ©nĂ©ficient d’un nombre restreint de dĂ©putĂ©s et sont dans l’obligation de former une coalition afin que le pays dispose d’un gouvernement. Ce type de coalition est considĂ©rĂ© comme fragile puisqu’elle ne repose pas sur des Ă©lĂ©ments stables. En effet, le risque qu’un ou plusieurs partis se retire et que le gouvernement tombe puisqu’il ne dispose plus de majoritĂ© est pesant, puisque menacĂ© au moindre dĂ©saccord entre les diffĂ©rents partis.
  • La coalition quasi majoritaire, plutĂ´t rare, advient lorsque les groupes parlementaires souhaitent Ă©tablir une coalition large, reposant sur un certain nombre de compromis afin que la majoritĂ© constituĂ©e ne soit pas affaiblie en cas de dĂ©fection de quelques voix. Aussi, des coalitions quasi majoritaires peuvent ĂŞtre soutenus par d’autres partis qui, pour des raisons internes, ne souhaitent pas entrer dans le gouvernement mais accordent quelques voix afin de franchir le seuil de la majoritĂ©.
  • La coalition minoritaire Ă  soutien majoritaire reprend Ă  son compte les voix d’un parti qui, pour des raisons qui lui sont propres, ne dĂ©sire pas partager de façon visible des responsabilitĂ©s gouvernementales. Pour illustrer ce propos, le cas de la Quatrième RĂ©publique est pertinent, puisque cette forme de coalition y Ă©tait rĂ©pandue. Plusieurs gouvernements tels que Pleven II, Faure I et Mendès France Ă©taient minoritaires mais Ă©taient assurĂ©s du soutien socialiste, qui ne souhaitait pas participer au gouvernement. Ceci est tout de mĂŞme propre Ă  la IVe RĂ©publique, Ă  quelques exceptions près, puisqu’il s’agit d’une situation très inconfortable pour un gouvernement qui se retrouve prisonnier de la majoritĂ© d’investiture qui l’a mis en place, et est contraint de faire des concessions pour la garder.

Allemagne

La loi fondamentale de la République fédérale d’Allemagne a été adoptée à Bonn en . Lors de la réunification du , la Grundgesetz, pensée initialement dans un contexte de transition politique conserve sa valeur constitutionnelle jusqu’à aujourd’hui et fixe l’organisation et le fonctionnement du nouvel État allemand réunifié. La loi fondamentale allemande est une réaction à l’échec de la République de Weimar et à l’horreur du régime national-socialiste d'Adolf Hitler.

Cette loi fondamentale permet de comprendre le dĂ©roulement des Ă©lections lĂ©gislatives fĂ©dĂ©rales et par consĂ©quent le paysage politique qui dĂ©coule du mode de scrutin. L’article 39 prĂ©voit un mandat de 4 ans pour les membres Ă©lus au Bundestag, chambre basse du Parlement allemand. Celle-ci est composĂ©e d’au moins 598 membres Ă©lus au scrutin mixte (299 au scrutin uninominal majoritaire et 299 au scrutin proportionnel plurinominal) Ă  un tour. Les rĂ©sultats du scrutin proportionnel dĂ©terminent s’il y a des mandats surnumĂ©raires et par consĂ©quent plus de 598 dĂ©putĂ©s Ă©lus.

En Allemagne, deux forces dominent le paysage politique : l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU) et son parti frère l'Union chrétienne-sociale en Bavière (CSU) et le Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD). Toutefois, le mode de scrutin proportionnel rend très difficile l’obtention d’un majorité absolue au Bundestag. Celui-ci est chargé d’élire le chancelier (le chef du gouvernement). Les coalitions majoritaires sont donc la norme et permettent de gouverner l’Allemagne dont on reconnaît la stabilité des gouvernements. Ils se forment autour de la CDU/CSU (Union) ou du SPD. En fonction des résultats des élections, il y a deux cas de figure. Si une des deux principales forces obtient une majorité relative importante, elle cherche à s’allier avec le Parti libéral-démocrate (FDP), l'Alliance 90 / Les Verts ou la gauche radicale, Die Linke, dans le cadre d’une coalition. Si la majorité relative obtenue par les deux principles forces politiques est mince, elles peuvent être amenées à gouverner ensemble dans le cadre d’une « grande coalition » CDU/CSU-SPD.

De Konrad Adenauer en 1949 à Angela Merkel en 2019, la République fédérale d’Allemagne a toujours été dirigée par un gouvernement de coalition. À quatre reprises se sont formées des « grandes coalitions » (« Große Koalition »). La première eu lieu entre 1966 et 1969 et est une réponse aux désaccords entre chrétiens-démocrates et libéraux en matière de fiscalité. Ces derniers quittent le gouvernement de Ludwig Erhard (CDU) et Kurt Georg Kiesinger (CDU) devient nouveau chancelier à la tête d'une « grande coalition ».

Plus récemment, Angela Merkel s’est retrouvée à la tête de gouvernements de coalition à trois reprises. En 2005, Gerhard Schröder n’obtient pas la confiance du Bundestag et des élections anticipées sont convoquées. La CDU/CSU remporte les élections avec 35,2 % des suffrages, au coude à coude avec le SPD (34,3% des suffrages). Le FDP, avec un résultat de 9,8 %, ne pèse pas suffisamment lourd afin d’être une force d’appoint. Les tractations excluent une coalition de trois partis et aboutissent sur la formation d’une « grande coalition » avec la signature d’un accord de majorité et une égale répartition des ministères au cabinet dirigé par Angela Merkel. Les élections de 2009 évincent le SPD et propulsent le FDP (meilleur résultat depuis 1949). La « grande coalition » prend fin.

C’est en 2013 qu’on perçoit réellement le rationalisme parlementaire allemand et ses effets. Les chrétiens-démocrates et Angela Merkel obtiennent le meilleur résultat de leur histoire avec 41,5 % des suffrages. Le FDP, présent dans le cabinet Merkel II, ne dépasse pas les 5 % et n’entre pas au Bundestag. Lorsque l’on se penche sur les résultats, on s’aperçoit qu’une partie importante de l’électorat du FDP a déplacé son vote en faveur CDU/CSU qui a donc, d’une certaine façon, « phagocyté » son allié. Victime de son succès, l'Union se retrouve contrainte à former une majorité de coalition avec le SPD.

La plus récente « grande coalition » intervient dans un contexte politique particulier. La CDU/CSU (32,9 % de suffrages) est affaiblie mais remporte les élections. Avec le SPD (20,5 %), les deux forces politiques enregistrent leur pire score depuis 1949. l'Alternative pour l'Allemagne (AFD) fait son entrée au Bundestag et constitue la troisième force politique du pays devant le FDP, une première pour un parti d’extrême droite. Le FDP, de retour, refuse d’entrer dans une coalition dite « jamaïcaine » avec la CDU/CSU et les Verts (jaune-noir-vert, les couleurs respectives des trois partis). Le SPD revient sur sa position initiale qui consistait à rester dans l’opposition. L’AFD étant marginalisé et stigmatisé, Angela Merkel se tourne vers les socio-démocrates pour former ce qui devient la quatrième « grande coalition » depuis 1949.

Historique des coalitions depuis 1949
PĂ©riode Chancelier Coalitions
1949-1963 Konrad Adenauer CDU/CSU+FDP
1963-1966 Ludwig Erhard CDU/CSU+FDP
1966-1969 Kurt Georg Kiesinger CDU/CSU+SPD
1969-1974 Willy Brandt SPD+FDP
1974-1982 Helmut Schmidt SPD+FDP
1982-1998 Helmut Kohl CDU/CSU+FDP
1998-2005 Gerhard Schröder SPD+DieGrüne
2005-2009

2009-2013

2013-2017

2017-2021

Angela Merkel CDU/CSU+SPD

CDU/CSU+FDP

CDU/CSU+SPD

CDU/CSU+SPD

2021-... Olaf Sholz Feu tricolore

France

Sous la IVe RĂ©publique, l’absence d’une structure de majoritĂ©, la fragilitĂ© des coalitions et la multiplicitĂ© de partis hors systèmes se sont conjuguĂ©es et ont abouti Ă  la faiblesse des gouvernements, vingt-quatre se sont succĂ©dĂ© en 11 ans.

À l’époque, l’étiquette partisane ne représentait pas une variable importante du jeu politique (hormis pour les grands partis comme le PCF, la SFIO et le MRP) : le jeu politique gravite autour des individus, desquels les allégeances varient selon le contexte.

Les coalitions ne diffèrent cependant pas de celles de la Ve République sur le principe. Néanmoins, ce qui fait le propre des coalitions gouvernementales sous la IVe est bien le caractère public des désaccords et rivalités.

Ainsi, en 1952, le MRP déclenche lui-même une crise politique autour de la question budgétaire et sociale pour en éviter une autre sur la politique extérieure dont un de ses dirigeants a la charge. « Robert Lecourt - “La majorité est une association de fait, provisoire, sans existence légale, constituée par lassitude après une longue vacance du pouvoir, par le groupement occasionnel et sans engagement d’aucune sorte des bulletins de vote de députés en transit vers l’opposition”. »

Sous la Ve République, l’instauration de l’élection présidentielle au suffrage universel direct a abouti à un système multipartite bipolarisé, par une présidentialisation des principaux partis politiques, et qui ne profite pas aux systèmes des coalitions politique. Le seul exemple existant est le gouvernement Lionel Jospin, durant la troisième cohabitation et basé sur l'alliance politique dite de gauche plurielle.

Inde

Depuis l’indépendance de l’Inde le 15 aout 1947, le Congrès national indien (en anglais : Indian National Congress, CNI) est le premier parti qui dirige la nation. Les trois premiers ministres : Jawaharlal Nehru, Lal Bahadur Shastri et Indira Gandhi faisaient partie de ce parti. Le politicien Raj Narain, qui a contesté les résultats la victoire d’Indira Gandhi en 1971 dans une circonscription est le responsable de la naissance des coalitions en Inde. Celui ci l’a accusée d’irrégularité électorale. Quelques années plus tard, Gandhi est jugée coupable et interdite d’exercice d’une fonction publique pour six ans. À la suite des nouvelles élections organisées, une coalition voit le jour au niveau national sous la direction du premier ministre Moraji Desai, partisan du parti Janata (en anglais : Janata Party, JP). Faute de soutien, le gouvernement de coalition n’est pas allé jusqu’à la fin du mandat.

C’est avec les élections générales de 1989 qu’une nouvelle coalition apparaît sous le Front National qui est resté au pouvoir jusqu’en 1991. Cette coalition était composée du parti Janata Dal, Dravida Munnetra Kazhagam, Telugu Desam, Asom Gana Parishad et le Congrès. L’un des deux premiers ministres était du parti du CNI. L’élection législative suivante a réuni trois premiers ministres en deux ans et a contraint le pays de retourner aux urnes en 1998. Ce fut le parti Bharatiya Janata (BJP) qui acheva un mandat complet de cinq années dirigé par l’Alliance démocratique nationale (en anglais : National Democratic Alliance, NDA) de 1999 à 2004. De 2004 à 2014, une autre coalition, l’Alliance progressiste-unie (en angais: United Progressive alliance, UPA), dirigée par le CNI et composée de 13 partis était au pouvoir avec comme premier ministre Manmohan Singh.

Pologne

En 1989, à la suite de l'effondrement du communisme, la Pologne abandonne le nom de République populaire, met un terme au système de parti unique (le POUP, Parti ouvrier unifié polonais) et va instaurer la IIIe République (1989-aujourd’hui), s’inspirant fortement de la IIe République de l’entre-deux-guerres. L’histoire constitutionnelle du pays est riche. La constitution du 3 mai 1791 est, après la constitution américaine de 1787, la plus ancienne constitution écrite au monde.

Celle qui rĂ©git le fonctionnement de la IIIe RĂ©publique et de ses institutions a Ă©tĂ© adoptĂ©e par l’AssemblĂ©e nationale (la Diète, chambre basse et le SĂ©nat, chambre haute) en 1997. Elle instaure un rĂ©gime parlementaire. Le contexte post-communiste ne permet pas l’élaboration d’une constitution dans l’immĂ©diat (les nĂ©gociations de la « table ronde » entre reprĂ©sentants de la RĂ©publique populaire, membres de l’opposition et reprĂ©sentants de l’Église catholique polonaise permettent toutefois la rĂ©alisation d’élections partiellement libres en 1989 puis totalement libres en 1991). Par consĂ©quent, en 1992 est votĂ©e une « petite constitution » qui prĂ©voit les relations entre le pouvoir exĂ©cutif et le pouvoir lĂ©gislatif avant que ne soit adoptĂ©e par voie parlementaire puis rĂ©fĂ©rendaire celle de 1997, en vigueur aujourd’hui. L’article 96 prĂ©voit la tenue d’élections au suffrage universel direct, au mode de scrutin proportionnel plurinominal (proportionnelle d’Hondt). Le nombre de dĂ©putĂ©s s’élève Ă  460 membres.

Depuis les premières Ă©lections libres de 1991, du fait du mode de scrutin et du paysage politique très fragmentĂ© au long des annĂ©es 1990, seul le parti Droit et Justice (PiS) a rĂ©ussi Ă  obtenir la majoritĂ© absolue Ă  la Diète (Sejm), lors des Ă©lections de 2015, avec 235 dĂ©putĂ©s Ă©lus. La gauche (AWS issue de Solidarność, les socio-dĂ©mocrates du SLD) s’est progressivement effacĂ©e, cĂ©dant progressivement le pouvoir. Leur prĂ©sence de plus en plus faible suivie d’une disparition totale de la Diète a profitĂ© Ă  la bipolarisation de l’arène politique. Celle-ci voit Ă©merger deux formations de droite qui deviennent les premiers partis de gouvernement depuis 2005 : les conservateurs du PiS (Prawo i Sprawiedliwość) et les libĂ©raux de la PO (Platforma Obywatelska).

Les cabinets gouvernementaux ont toujours été formés par plusieurs partis afin de réunir une majorité absolue permettant au gouvernement d’avoir la confiance de la Diète (vote de confiance) pour gouverner. Lorsque les partis trouvent des terrains d’entente, les gouvernements polonais sont des gouvernements de coalition. Lorsque les partis n’arrivent pas à se mettre d’accord et refusent de former un gouvernement, le parti possédant la majorité relative à la Diète forme un gouvernement minoritaire. Ceci est arrivé assez régulièrement (à huit reprises) mais pour de courtes durées, ce type de gouvernement n’étant ni efficace ni stable.

La formation de coalition est donc inhérente à la stabilité du système politique polonais et à son mode de gouvernement. Le PSL (Polskie Stronnictwo Ludowe), parti paysan et agrarien, aura servi de force d’appui d’abord aux socio-démocrates du SLD entre 1993 et 1997 puis aux libéraux de la PO entre 2007 et 2015. Entre 2005 et 2007, le PiS s’appuiera sur “Autodéfense” (Samoobrona) et LPR (Liga Polskich Rodzin), deux partis chrétiens et conservateurs. La coalition gouvernementale finira par s’écrouler pour laisser place d’abord au gouvernement minoritaire de Jarosław Kaczyński puis enfin à la convocation de nouvelles élections qui verront l’arrivée de Donald Tusk au pouvoir. Deux mandats plus tard, en 2015, le PiS remporte la majorité absolue et gouverne de facto seul, bien que des personnalités issues de deux autres petits partis de droite soient au gouvernement (étiquetés “PiS” pendant la campagne électorale), Le statut de gouvernement de coalition est accordé au cabinet de Mateusz Morawiecki.

Grands perdants des élections de 2015, les libéraux de la Plateforme civique stagnent dans les sondages. Ils cherchent à rassembler tous les libéraux et démocrates du pays pour faire front face au PiS, dans l’optique de remporter les prochaines élections européennes puis législatives de 2019. Nous savons d’ores et déjà que l'opposition se rassemblera sous la bannière de “Koalicja Europejska”, KE (Coalition Européenne) qui regroupe entre autres la PO, le PSL, le SLD et les Verts pour les européennes. Cette coalition est le fruit de longues tractations qui ont abouti en . Il existe des divergences de fond entre ces partis mais ils se réunissent pour représenter une voix pro-européenne dans un contexte politique et institutionnel sceptique à l’égard de l’Union européenne. Il y a de grandes chances que cette coalition survive à l’été et qu’elle soit reconduite pour les législatives de fin d’année.

Portugal

Le , les Ă©lections lĂ©gislatives se tiennent au Portugal et la coalition Portugal en avant (en portugais : Portugal Ă  Frente, PĂ f) emmenĂ©e par le premier ministre Pedro Passos Coelho, regroupant le Parti social-dĂ©mocrate (en portugais : Partido Social Democrata, PSD) et le CDS – Parti populaire (en portugais : CDS-Partido Popular, CDS-PP) est arrivĂ© largement en tĂŞte. Ă€ la suite de ces rĂ©sultats, le Parti Socialiste (en portugais : Partido Socialista, PS), le Bloc de gauche (en portugais : Bloco de Esquerda, BE), les Verts (en portugais : Partido Ecologista Os Verdes, PEV)et le Parti communiste (en portugais : Partido Comunista PortuguĂŞs, PCP) ont entamĂ© des nĂ©gociations pour former un gouvernement et empĂŞcher la coalition de droite de former un nouveau gouvernement. Après de nombreuses discussions, la coalition de gauche est crĂ©Ă©e et le et une motion de censure est dĂ©posĂ©e contre le gouvernement de droite. Celle ci est adoptĂ©e par le Parlement par 123 voix contre 107. C’est Ă  la date du que le prĂ©sident de la RĂ©publique AnĂ­bal Cavaco Silva nomme AntĂłnio Costa Premier ministre malgrĂ© une opinion gĂ©nĂ©rale de crainte au sein des politiciens portugais, mais Ă©galement au sein de l’Europe.

En effet, la coalition de gauche au Portugal a surpris le pays et même l’Europe car elle prend place dans un pays où la division de la gauche est très ancrée. Le PS est l'un des premiers à avoir amorcé le « virage social-démocrate» et à avoir adopté des politiques de rigueur. Dès 1976, son leader Mario Soares avait repoussé les demandes « révolutionnaires » du parti communiste et des mouvements de gauche radicale. Pour appuyer cette division, il faut que souvenir qu’en 1983, le Parti Socialiste avait emporté les élections sans majorité absolue. Le parti s’était alors allié au PSD à droite au lieu de s’allier avec le PCP.

Aujourd’hui, la coalition, qu’on appelle la Coalition dĂ©mocratique unitaire (en portugais : Coligação Democrática Unitária, CDU) est composĂ©e du PS, du BE, le PEV et le PCP. Le PCP est le parti le plus important de la coalition avec 8,3% des voix et 17 dĂ©putĂ©s.

La coalition a montré sa volonté de redresser l’économie du Portugal et a rassuré l’Europe.

Israël

Ne disposant pas de Constitution, la vie politique et les institutions en Israël sont encadrées par diverses Lois Fondamentales, votées au gré des gouvernements successifs. Cette absence de Constitution est connue sous le nom de résolution Harari.

Le parlement monocamĂ©ral israĂ©lien, la Knesset, est composĂ© de 120 dĂ©putĂ©s Ă©lus pour 4 ans et son système Ă©lectoral Ă  la proportionnelle rend presque impossible l’apparition d’une majoritĂ© absolue. Ă€ ce jour, un seul parti parvint Ă  obtenir une majoritĂ© absolue, l’Alignement (alliance politique entre le Parti travailliste et le Mapam) aux Ă©lections lĂ©gislatives de 1969. Cette particularitĂ© oblige le Premier Ministre Ă  former un gouvernement de coalition. Ainsi, depuis 1949, les gouvernements israĂ©liens ont oscillĂ© entre gouvernements de coalition et gouvernements d’union nationale. Ces gouvernements dits de coalition sont analysĂ©s par les politologues comme un jeu coopĂ©ratif selon la thĂ©orie des jeux (I. Sened, 1996). Les partis ont en effet intĂ©rĂŞt Ă  se rassembler dans certains cas afin d’obtenir des rĂ©sultats avantageux.

Les partis religieux jouent un rôle particulièrement important dans la formation de ces coalitions, étant donné leur ligne de clivage différente des partis plus traditionnels. Ils peuvent en effet aider à la formation d’un gouvernement de coalition en offrant leur soutien, ou au contraire, apparaître comme une « importante force d’éclatement, et la division fondamentale en deux camps, le clérical et l’anticlérical, peut mettre en danger la cohésion de la société aussi bien que l’évolution démocratique » (A. Etzioni, 1958). Ainsi, « tandis que la plupart des partis peuvent se classer clairement en fonction des divisions fondamentales de la société moderne, la classe ou le groupe économico-social, les partis religieux recrutent leurs adhérents dans toutes les couches de la population, qui appartiennent à l’Église sur laquelle ils s’appuient » (ibid.). Les partis religieux israéliens ont pour principal objectif de faire évoluer Israël d’un judaïsme d’appartenance à un judaïsme d’observance en appliquant à l’ensemble de la société les préceptes judaïques de la Torah. Ce sont d’ailleurs les partis religieux qui se sont massivement opposés à a rédaction d’une Constitution en 1949, ne reconnaissant pas de texte supérieur aux textes religieux.

Huit gouvernements d’union nationale sont généralement repérés en opposition aux gouvernements de coalition plus classiques. Le premier gouvernement d’union nationale est formé en 1967 lorsque Levi Eshkol intègre le Gahal au gouvernement pour répondre à la guerre des Six Jours. En effet, le Gahal est un rassemblement politique regroupant le Parti libéral et le Hérout, parti de droite opposé à la gauche de gouvernement.

Historique des coalitions depuis 1949

PĂ©riode Gouvernement Coalition Nombre de parties
1949-1954 David Ben Gourion I et II Mapaï – Front religieux uni – Partie progressiste – Communautés séfarades et orientales – Liste démocratique de Nazareth 5
David Ben Gourion III Mapaï – Hapoel Hamizrahi – Mizrahi – Agoudat Israel – Poale Agoudat Israel – Liste démocratique pour les Arabes israéliens – Progrès et Travail – Agriculture et Développement 8
David Ben Gourion IV Mapaï – Sionisme général – Partie progressiste – Hapoel Hamizrahi – Poale Agoudat Israel – Mizrahi – Liste démocratique pour les Arabes israéliens – Progrès et Travail – Agriculture et Développement 9
1954-1955 Moshe Sharett I Mapaï – Sionisme général – Partie progressiste – Hapoel Hamizrahi – Poale Agoudat Israel – Liste démocratique pour les Arabes israéliens – Progrès et Travail – Agriculture et Développement 8
Moshe Sharett II Mapaï - Hapoel Hamizrahi – Parti progressiste – Poale Agoudat Israel – Liste démocratique pour les Arabes israéliens – Progrès et Travail – Agriculture et Développement 7
1955-1963 David Ben Gourion V et VI Mapaï – Mapam – Akhdut HaAvoda – Parti progressiste – Parti national religieux – Liste démocratique pour les Arabes israéliens – Progrès et Travail – Agriculture et Développement 8
David Ben Gourion VIII Mapaï – Mapam – Akhdut HaAvoda – Parti national religieux – Parti progressiste – Front religieux de la Torah – Agriculture et Développement – Progrès et Développement – Coopération et Fraternité 9
David Ben Gourion VIII Mapaï – Parti national religieux – Akhdut HaAvoda – Poale Agoudat Israel – Coopération et Fraternité – Progrès et Développement 6
1963-1969 Levi Eshkol I
Levi Eshkol II
Levi Eshkol III (Gouvernement d’union nationale à partir du ) Alignement[1] – Parti national religieux – Mapam – Libéraux indépendants – Poale Agoudat Israel – Progrès et Développement – Coopération et Fraternité – Rafi (à partir du ) – Gahal (à partir du ) 9
1969-1974 Golda Meir I (Gouvernement d’union nationale) Alignement[2] – Gahal – Parti national religieux– Libéraux indépendants – Poale Agoudat Israel – Progrès et Développement – Coopération et Fraternité 7
Golda Meir II (Gouvernement d’union nationale jusqu’en 1970)[3] Alignement – Gahal (jusqu’en aout 1970) – Parti national religieux– Libéraux indépendants – Progrès et Développement – Coopération et Fraternité 6
Golda Meir III Alignement – Parti national religieux – Libéraux indépendants – Progrès et Développement – Liste arabe pour les Bédouins et les Villageois 5
1974-1977 Yitzhak Rabin I Alignement[4]– Parti national religieux (à partir du ) – Ratz (jusqu’au 6 ) – Libéraux indépendants 4
1977-1983 Menahem Begin I Likoud – Parti national religieux – Agoudat Israel – Dash – Mouvement démocrate[5] 5
Menahem Begin II Likoud – Parti national religieux – Agoudat Israel – Telem[6] – Tami – Tehiya – Mouvement pour un renouveau du sionisme social 7
1983-1984 Yitzhak Shamir I
1984-1986 Shimon Peres I (Gouvernement d’union nationale)[7] Alignement – Likoud – Parti national religieux– Agoudat Israel – Shas – Morasha (jusque 1986) – Shinouï (jusqu’au ) – Ometz – Yahad 9
1986-1992 Yitzhak Shamir II (Gouvernement d’union nationale)
Yitzhak Shamir III (Gouvernement d’union nationale jusque 1990) Likoud – Alignement (jusqu’au ) – Parti national religieux– Shas – Agoudat Israel – Degel HaTorah 6
Yitzhak Shamir IV Likoud – Parti national religieux – Shas – Agoudat Israel – Degel HaTorah – Nouveau parti libéral – Tehiya – Tsomet – Moledet – Unité pour la Paix et l’Immigration – Geulat Israel (formé par un ancien membre d’Agoudat Israel) 11
1992-1995 Yitzhak Rabin II Parti travailliste – Meretz[8] – Shas (jusqu’au ) – Yiud (à partir du ) 4
1995-1996 Shimon Peres II[9] Parti travailliste – Meretz – Yiud 3
1996-1999 Benjamin Netanyahu I[10] Likoud – Gesher – Tsomet – Shas – Troisième Voie – Yisrael Ba’aliyah – Judaïsme unifié de la Torah – Parti national religieux 8
1999-2001 Ehud Barak I Un Israël[11] – Shas – Meretz – Yisrael Ba’aliyah – Parti du centre – Parti national religieux – Judaïsme unifié de la Torah (jusqu’en ) 7
2001-2003

2003-2006

Ariel Sharon I (Gouvernement d’union nationale)[12] Likoud – Parti travailliste-Meimad (jusqu’au ) – Shas – Parti du centre – Judaïsme unifié de la Torah – Yisrael Ba’aliyah – Parti national religieux – Gesher – Union nationale – Israel Beytenou – Nouvelle voie - 11
Ariel Sharon II Likoud – Union nationale (jusqu’au ) – Parti national religieux (jusqu’au ) – Shinouï (jusqu’au ) – Parti travailliste-Meimad (pendant l’année 2005) – Kadima (à partir du ) 6
2006-2009 Ehud Olmert I Kadima – Parti travailliste – Shas – Gil – Israel Beytenou (de 2006 à 2008) 5
2009-2019 Benjamin Netanyahu II (Gouvernement d’union nationale de 2009 à 2011) Likoud – Israel Beytenou – Shas – Parti travailliste (jusque ) – Foyer juif – Judaïsme unifié de la Torah (à partir d’) – Indépendance (à partir de ) – Kadima (de mai à ) 8
Benjamin Netanyahu III Likoud – Israel Beytenou – Foyer juif – Yesh Atid – Hatnuah 5
Benjamin Netanyahu IV Likoud – Judaïsme unifié de la Torah – Koulanou – Foyer juif – Shas – Israel Beytenou (jusque ) – Nouvelle droite (depuis le ) 7

Références

  1. Alliance du Mapaï et de l’Akhdut HaAvoda (1965-1968).
  2. Alliance reformée avec le Parti travailliste et le Mapam (1969-1991).
  3. Le 4 aout 1970 Golda Meir accepte le Plan Rogers, en réaction le Gahal (alliance entre le Hérout et le Parti libéral) quitte le gouvernement et met fin au gouvernement d’union nationale.
  4. Les partis arabes israéliens Progrès et Développement et la Liste arabe pour les Bédouins et les Villageois ont intégré l’Alignement avant de créer la Liste arabe unie en 1977.
  5. Le Dash (Mouvement démocratique pour le changement) rejoint la coalition en 1977 mais des débats internes provoquent une scission, le parti disparait en 1978 et le Mouvement démocratique, né de l’implosion, rejoint le gouvernement.
  6. Le parti disparait en 1983.
  7. Aux Ă©lections de 1984, en pleine guerre du Liban, l’Alignement remporte 44 sièges mais ne parvient pas Ă  former une coalition et s’allie donc avec le Likoud qui a remportĂ© 41 sièges.
  8. Alliance du Mapam, du Ratz et du ShinouĂŻ.
  9. Le gouvernement Peres est soutenu par le Hadash et le Parti démocratique arabe, ce qui lui garantit la majorité à la Knesset. Il s’agit d’une coalition minoritaire à soutien majoritaire.
  10. Benjamin Netanyahu est le premier chef de gouvernement élu au suffrage universel direct. Il est ainsi élu sans former une alliance pré-élection (Likoud, Gesher, Tsomet) suffisante pour garantir une majorité absolue à la Knesset.
  11. Alliance créée en 1999 entre le Parti travailliste, le Meimad et le Gesher.
  12. L’élection du Premier ministre n’a pas eu lieu lors d’élections législatives. Ariel Sharon (Likoud) est élu Premier ministre alors que l’alliance travailliste-Meimad est la première formation à la Knesset.

Voir aussi

Bibliographie

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