Antonio José de Sucre
Antonio JosĂ© de Sucre y Alcalá « Grand marĂ©chal d'Ayacucho »[1], nĂ© le Ă Cumaná au Venezuela et mort le Ă Berruecos en Colombie, est un dirigeant indĂ©pendantiste et homme d'État sud-amĂ©ricain[2], proche de SimĂłn BolĂvar[3].
Antonio José de Sucre | ||
Portrait du maréchal Antonio José de Sucre. | ||
Fonctions | ||
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Président de la République de Bolivie | ||
– (2 ans, 3 mois et 20 jours) |
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PrĂ©dĂ©cesseur | SimĂłn BolĂvar | |
Successeur | JosĂ© MarĂa PĂ©rez de Urdininea | |
Président de la République péruvienne | ||
– (24 jours) |
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Prédécesseur | José de la Riva Agüero y Sánchez Boquete | |
Successeur | José Bernardo de Tagle | |
Biographie | ||
Titre complet | Grand Maréchal d' Ayacucho, Maréchal Suprême de Bolivie | |
Nom de naissance | Antonio José de Sucre y Alcalá | |
Date de naissance | ||
Lieu de naissance | Cumaná, Vice-royauté de Nouvelle-Grenade | |
Date de décès | ||
Lieu de décès | Montaña de Berruecos, La Unión, Grande Colombie | |
Profession | Militaire | |
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Présidents de la République de Bolivie Présidents de la République péruvienne |
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En 1811, Sucre rejoint les bataillons qui luttent pour l'indĂ©pendance des colonies espagnoles. DĂ©montrant rapidement des capacitĂ©s de direction, il est promu colonel en 1817. En 1819, Ă l'âge de 24 ans, il devient le plus jeune chef de l'armĂ©e en Ă©tant nommĂ© gĂ©nĂ©ral de brigade. Ă€ la suite de la bataille de Boyacá, il entre dans la garde rapprochĂ©e de SimĂłn BolĂvar. En 1821, BolĂvar le charge d'aller libĂ©rer Quito. Sucre remporte une victoire dĂ©cisive lors de la bataille de Pichincha, le . Peu après cette victoire, BolĂvar et Sucre entrent dans Quito libĂ©rĂ©e et Sucre est nommĂ© prĂ©sident de la province de Quito, alors mĂŞme qu'il ne souhaitait pas ce poste. En 1823, il est brièvement prĂ©sident de la rĂ©publique du PĂ©rou.
Lieutenant du libĂ©rateur SimĂłn BolĂvar, Sucre remporte au PĂ©rou d'autres victoires contre les forces espagnoles, notamment le lors de la bataille de JunĂn. Le , il capture la majoritĂ© des troupes royales et leurs officiers, dont le vice-roi, lors de la bataille d'Ayacucho. Ce succès assure l'indĂ©pendance des colonies espagnoles d'AmĂ©rique du Sud. Sucre et BolĂvar Ă©taient proches, le second ayant pleine confiance dans le premier[4]. En 1825, la rĂ©publique nouvellement crĂ©Ă©e de Bolivie, ainsi nommĂ©e en l'honneur de BolĂvar, dĂ©cide de donner Ă sa capitale le nom de Sucre[4]. En dĂ©cembre 1825, il est Ă©lu prĂ©sident Ă vie du pays, succĂ©dant Ă BolĂvar[5]. Il dĂ©missionne en 1828 pour se prĂ©senter Ă l'Ă©lection prĂ©sidentielle de Colombie. Il est Ă©lu mais meurt assassinĂ© Ă Berruecos, en Colombie, peu de temps après.
Les premières années
Sucre est né au sein d'une famille aisée de Cumaná, au Venezuela[6], qui était à l'époque partagée entre le roi d'Espagne et un « Général du Venezuela ». Ses origines ne sont pas vraiment connues mais, selon les travaux de divers généalogistes, Sucre serait le descendant de Charles de Sucre, membre d'une famille flamande anoblie par le roi d'Espagne pour devenir gouverneur de Cuba. Les Sucre étaient marquis de Preux-au-Bois et seigneurs de Bellaing, Oisy-les-Aubry, Equeberghue, Hontoye, descendants de Claude de Sucre, chevalier, et de Claude de Thuin (Claude de Thurut y Grebier (Grébert)), dame de Bellaing et Orsinval. Ils sont issus de Godefroy de Sucre, vicomte de Toulouse, chambellan du roi de France Philippe de Valois et époux d'Aldegonde d'Armagnac, fille de Jean, comte d'Armagnac. C'est dans le nord de la France que cette famille fit souche avant de migrer aux Amériques par Charles de Sucre y Pardo, né le au château de Preux-au-Bois, chevalier et marquis de Preux. Il fut nommé par le roi d'Espagne gouverneur de Cartagena de Indias. Il est décédé le à Caracas, José Antonio étant son arrière-petit-fils.
Il Ă©pousa MarĂana CarcelĂ©n y Larrea, marquise de Solanda et marquise de Villarrocha.
Carrière militaire
Après la libĂ©ration de la Nouvelle Grenade et la crĂ©ation de la Grande Colombie, SimĂłn BolĂvar signa avec le gĂ©nĂ©ral espagnol Pablo Morillo, le 26 novembre 1820, un armistice et un traitĂ© de rĂ©gularisation de la guerre. Sucre a Ă©crit ce traitĂ© d'armistice et de rĂ©gularisation de la guerre, considĂ©rĂ© par Bolivar comme « le plus beau monument de piĂ©tĂ© appliquĂ© Ă la guerre ». L'importance des documents rĂ©digĂ©s par Sucre, dans le sens de sa première action diplomatique, Ă©tait l'arrĂŞt temporaire des luttes entre les patriotes et les royalistes et la fin de la guerre Ă mort initiĂ©e en 1813. L'armistice a laissĂ© le temps Ă Bolivar de prĂ©parer la stratĂ©gie de la bataille de Carabobo, qui garantissait l'indĂ©pendance du Venezuela. Ce document a marquĂ© une Ă©tape importante dans le droit international, alors que Sucre dĂ©finissait dans le monde entier le traitement humanitaire qui commençait depuis Ă ĂŞtre vaincu par les vainqueurs de la guerre[7]. Il est ainsi devenu un pionnier des droits de l'homme. La projection du traitĂ© Ă©tait telle que dans l'une de ses lettres, Bolivar Ă©crivait: "Ce traitĂ© est Ă la hauteur de l'âme de Sucre. Le traitĂ© d'armistice Ă©tait destinĂ© Ă suspendre les hostilitĂ©s afin de faciliter les conversations entre les deux parties, en vue de conclure la paix finale . " L’armistice a Ă©tĂ© signĂ© pendant six mois et a contraint les deux armĂ©es Ă conserver les positions qu’elles occupaient au moment de leur signature "... La guerre entre l’ Espagne et la Colombie se fera dĂ©sormais de la mĂŞme manière que les peuples civilisĂ©s "[8].
Guerres d'indépendance en Amérique du Sud
Puis commença la guerre de libĂ©ration de l'Équateur, qui se termina par la bataille de Pichincha le 24 mai 1822. Avec cette victoire de Sucre, l'indĂ©pendance de la Grande Colombie se consolida, celle de l'Équateur fut consommĂ©e et la route fut prĂŞte pour la bataille contre les dernières forces royalistes, restĂ©s au PĂ©rou. Après une rencontre Ă Guayaquil entre SimĂłn BolĂvar et JosĂ© de San MartĂn, ce dernier cède une partie de son armĂ©e Ă la première et se retire dĂ©finitivement des batailles de l'Ă©mancipation hispano-amĂ©ricaine. Sucre est donc arrivĂ© et est entrĂ© Ă Lima en 1823, juste avant BolĂvar. Le 1er dĂ©cembre 1823, il arriva Ă Yungay, en faisant de la ville un point central de cantonnement. Il a ensuite participĂ© avec Bolivar le 6 aoĂ»t 1824 Ă la Bataille de JunĂn et, le 9 dĂ©cembre de la mĂŞme annĂ©e, il a vaincu le vice-roi JosĂ© de la Serna Ă Ayacucho, ce qui a entraĂ®nĂ© la fin de la domination espagnole sur le continent sud-amĂ©ricain. Le Parlement pĂ©ruvien nomma Sucre grand marĂ©chal et commandant en chef des armĂ©es[9].
Après le retrait de JosĂ© de San MartĂn, le Congrès constitutif pĂ©ruvien a nommĂ© JosĂ© de La Mar prĂ©sident du conseil gouvernemental. Cela a engagĂ© une grande partie de l'armĂ©e dans des campagnes ambitieuses qui ont Ă©chouĂ© dans les batailles de Tarata et de Moquegua, laissant le gouvernement pĂ©ruvien dans une situation militaire dĂ©licate. Les dĂ©faites militaires et les luttes politiques entre patriotes pĂ©ruviens ont affaibli les forces de l'indĂ©pendance pĂ©ruviennes. Le gouvernement du marĂ©chal JosĂ© de la Riva AgĂĽero a Ă©tĂ© poussĂ© par l'opinion publique Ă demander l'intervention de BolĂvar. Le LibĂ©rateur, qui Ă©tait Ă Guayaquil pour regarder les Ă©vĂ©nements au PĂ©rou, a envoyĂ© aux premières demandes pĂ©ruviennes les 6000 hommes qui s'Ă©taient dĂ©jĂ prĂ©parĂ©s en Équateur lors de deux expĂ©ditions successives de 3000 hommes, le gĂ©nĂ©ral Sucre fut chargĂ© de commander les troupes.
Le , le gouvernement des Provinces-Unies du RĂo de la Plata conclut un traitĂ© avec le vice-roi et envoie des nĂ©gociateurs aux autres gouvernements sud-amĂ©ricains afin que ce traitĂ© puisse ĂŞtre effectif[10]. Il y est stipulĂ© que les hostilitĂ©s devront cesser soixante jours après sa ratification et que cette trĂŞve devra durer un an et demi, pĂ©riode durant laquelle une paix dĂ©finitive serait nĂ©gociĂ©e. Ainsi, Juan Gregorio de las Heras et Baldomero Espartero se rencontrent Ă Salta pour nĂ©gocier mais ne parviennent pas Ă un accord. Le gouvernement des Provinces-Unies du RĂo de la Plata pense que ce projet Ă©tablira la paix, bien que ce soit au dĂ©triment de la cause pĂ©ruvienne, refusant son aide Ă cette dernière et retirant ses troupes des postes avancĂ©s Ă la frontière avec le Haut-PĂ©rou[11]. Au dĂ©but de l'annĂ©e 1824, BolĂvar tombe gravement malade alors que, dans le mĂŞme temps, un ministre plĂ©nipotentiaire envoyĂ© par les Provinces-Unies du RĂo de la Plata arrive Ă Lima pour demander au PĂ©rou d'adhĂ©rer au traitĂ©, demande toutefois rejetĂ©e par le Congrès pĂ©ruvien. Peu après, le 4 fĂ©vrier, un soulèvement de la garnison de Callao Ă©clate et près de 2 000 hommes passent du cĂ´tĂ© royaliste, libĂ©rant les prisonniers et hissant le drapeau espagnol sur la forteresse de Callao[12]. Le rĂ©giment de grenadiers montĂ©s des Andes se rĂ©volte Ă son tour le 14 fĂ©vrier et deux escadrons se rendent Ă Callao pour rejoindre les Ă©meutiers mais, quand ils voient que ceux-ci ont ralliĂ© la cause royaliste, une centaine d'hommes ainsi que tous les officiers du rĂ©giment retournent Ă Lima. Ces Ă©vènements ont pour consĂ©quence une brève occupation de Lima par les royalistes, avant que ceux-ci ne se replient sur Callao et dans les rĂ©gions andines, et vont surtout prolonger la guerre jusqu'en 1826, date Ă laquelle la forteresse de Callao fait enfin sa reddition.
José de la Serna connaît lui aussi de graves problèmes car, au début de cette même année 1824, l'armée du Haut-Pérou commandée par le général Pedro Antonio Olañeta se révolte contre le vice-roi après avoir reçu la nouvelle que le gouvernement libéral espagnol était tombé à la suite de l'expédition française en Espagne. Ferdinand VII rétablit ainsi l'absolutisme, avec le soutien des troupes françaises, et Rafael del Riego est pendu alors que les autres dirigeants libéraux sont exécutés, exilés ou en fuite. Le monarque espagnol décrète l'abolition de toutes les décisions prises durant les trois années précédentes, ce qui annule la désignation de José de la Serna comme vice-roi du Pérou.
Olañeta donne Ă ses forces l'ordre d'attaquer les troupes restĂ©es fidèles Ă JosĂ© de la Serna[13], obligeant le vice-roi Ă changer sa stratĂ©gie de descendre sur la cĂ´te pour combattre BolĂvar. Ă€ la place, il envoie une armĂ©e de 5 000 vĂ©tĂ©rans dirigĂ©e par GerĂłnimo ValdĂ©s (es) traverser la rivière Desaguadero, traversĂ©e effectuĂ©e le 22 janvier 1824, avec comme ordre de marcher sur PotosĂ pour livrer combat Ă son ancien subordonnĂ©. Après une longue campagne et quatre batailles livrĂ©es entre les deux armĂ©es, la dernière le , les troupes des libĂ©raux et des absolutistes se sont mutuellement dĂ©cimĂ©es.
BolĂvar, qui est en communication avec Olañeta, tire pleinement avantage de cette situation en passant Ă l'offensive et bat une armĂ©e royaliste isolĂ©e, commandĂ©e par JosĂ© de Canterac, lors de la bataille de JunĂn le 6 aoĂ»t 1824. Ainsi commence une campagne qui a pour consĂ©quence de pousser 2 700 soldats royalistes Ă dĂ©serter et Ă rejoindre les forces indĂ©pendantistes. Finalement, le 7 octobre 1824, BolĂvar, dont l'armĂ©e est dĂ©sormais aux portes de Cuzco, donne le commandement Ă Antonio JosĂ© de Sucre et retourne Ă Lima pour collecter des fonds et accueillir une division colombienne de 4 000 hommes qui n'arrive nĂ©anmoins qu'après la bataille d'Ayacucho[14].
Au PĂ©rou
La dĂ©route des troupes de Canterac Ă JunĂn oblige le vice-roi Ă rappeler JerĂłnimo ValdĂ©s de PotosĂ, celui-ci revenant Ă marche forcĂ©e avec ses soldats. Après avoir rassemblĂ© ses troupes, JosĂ© de la Serna rejette toutefois l'idĂ©e d'un assaut direct en raison du manque d'expĂ©rience de son armĂ©e, renforcĂ©e depuis quelques semaines par un enrĂ´lement massif de paysans. Son intention est au contraire de couper Sucre de son arrière-garde par une sĂ©rie de marches et de contre-marches, plan qu'il met Ă exĂ©cution peu après le dĂ©part de l'armĂ©e de Sucre de Cuzco, pendant sa traversĂ©e des Andes. Ainsi, l'armĂ©e royaliste frappe le 3 dĂ©cembre Ă la bataille de Corpahuaico (es) oĂą elle cause Ă ses adversaires environ 500 morts et blessĂ©s ainsi que la perte d'une grande partie de son artillerie pour un coĂ»t limitĂ© Ă une trentaine d'hommes. Sucre et ses lieutenants rĂ©ussissent toutefois Ă prĂ©server l'organisation de leur armĂ©e, empĂŞchant le vice-roi d'exploiter son succès. Bien qu'ayant souffert de pertes importantes, Sucre organise une retraite en bon ordre et s'assure de monter le camp dans des positions d'accès difficile, comme la pampa de quinoa.
L'armée royaliste finit ainsi par consommer toutes ses provisions dans une guerre de mouvements sans avoir obtenu de victoire décisive. En raison des conditions extrêmement difficiles d'une campagne dans les Andes, les effectifs des deux armées se trouvent drastiquement réduits par les désertions et les maladies. Elles passent ainsi respectivement de 8 500 (pour l'armée indépendantiste) et 9 300 hommes (pour l'armée royaliste) au début de la campagne, à 5 800 et 6 900 hommes à la veille de la bataille d'Ayacucho. L'armée royaliste se positionne sur les hauteurs de Condorcunca (ce qui signifie « le cou du condor » en quechua), une bonne position défensive mais qu'elle ne peut espérer tenir trop longtemps car il ne lui reste que cinq jours de réserves de nourriture. Elle est donc condamnée à vaincre rapidement pour éviter sa dispersion et une défaite certaine à l'arrivée des renforts colombiens attendus par les indépendantistes.
La principale conséquence de la capitulation signée le soir de la bataille d'Ayacucho par José de Canterac et Antonio José de Sucre est la cessation de tout combat par les troupes du vice-roi José de la Serna. Les troupes royalistes tenant la forteresse de Callao vont cependant continuer à résister. Le gouvernement du Pérou contracte une dette économique et politique envers les pays qui ont contribué militairement à son indépendance.
Le 7 dĂ©cembre, BolĂvar, sentant la victoire finale toute proche, appelle depuis Lima Ă l'organisation d'un Congrès de reprĂ©sentants, qui se tient Ă Panama du 22 juin au 15 juillet 1826, dans le but d'unir les nouvelles nations. Mais ce projet d'union Ă©choue car il n'est ratifiĂ© que par les reprĂ©sentants de la Grande Colombie et, quatre ans plus tard, en raison des ambitions personnelles des gĂ©nĂ©raux de BolĂvar et de l'absence d'une vision unifiĂ©e de l'AmĂ©rique du Sud en tant qu'une seule nation, la Grande Colombie Ă©clate Ă son tour en quatre pays diffĂ©rents, anĂ©antissant ainsi le rĂŞve d'union de BolĂvar.
Après sa victoire Ă Ayacucho, et suivant en cela les instructions prĂ©cises de BolĂvar, Sucre entre dans le territoire du Haut-PĂ©rou le 25 fĂ©vrier 1825. Son rĂ´le se limite Ă donner une apparence de lĂ©galitĂ© au processus que les PĂ©ruviens ont dĂ©jĂ entamĂ©, maintenir l'ordre et installer une administration indĂ©pendante. Le gĂ©nĂ©ral royaliste Pedro Antonio Olañeta tient toujours PotosĂ, oĂą il est rejoint au mois de janvier par le bataillon Union venant de Puno, et rassemble un conseil de guerre qui dĂ©cide de continuer la rĂ©sistance. Olañeta distribue ses troupes entre la forteresse de Cotagaita et Chuquisaca, alors que lui-mĂŞme marche sur Vitichi, emmenant avec lui 60 000 pièces d'or de la Casa de la Moneda de PotosĂ.
Toutefois, à Cochabamba et à Chuquisaca, les bataillons royalistes se soulèvent et se prononcent en faveur de l'indépendance alors que la majorité des troupes du Haut-Pérou renoncent à continuer le combat contre la puissante armée de Sucre. Le colonel Medinacelli et 300 de ses hommes se révoltent à leur tour contre Olañeta et lui font face le 2 avril 1825, à Tumusla, dans une bataille qui se termine par la mort d'Olañeta. Quelques jours plus tard, le 7 avril, les dernières troupes fidèles à Olañeta se rendent, mettant ainsi fin à la guerre dans le Haut-Pérou.
Président à vie de la Bolivie
Il est instaurĂ© par dĂ©cret que la nouvelle nation crĂ©Ă©e Ă la place du territoire du Haut-PĂ©rou porte le nom de RepĂşblica BolĂvar, en l'honneur de son libĂ©rateur, qui est lui-mĂŞme dĂ©signĂ© « père de la RĂ©publique et chef suprĂŞme de l'État ». NĂ©anmoins, BolĂvar dĂ©cline l'honneur de la prĂ©sidence de la RĂ©publique, qui revient alors au vainqueur d'Ayacucho, Antonio JosĂ© de Sucre. Plus tard, la question du nom de la nouvelle nation est Ă nouveau soulevĂ©e et un dĂ©putĂ© de PotosĂ, Manuel MartĂn Cruz, propose alors que, comme de Romulus est venue Rome, de BolĂvar vienne la Bolivie.
BolĂvar, bien que flattĂ© par l'honneur qui lui est fait, n'est pas favorable Ă la crĂ©ation de cette nouvelle nation ; il est en effet inquiet pour l'avenir de la Bolivie dont la situation centrale en AmĂ©rique du Sud, l'impliquera, selon lui, dans de nombreux conflits. BolĂvar souhaiterait plutĂ´t que la Bolivie s'intègre Ă un pays dĂ©jĂ existant, de prĂ©fĂ©rence le PĂ©rou (elle a fait partie de la Vice-royautĂ© du PĂ©rou durant des siècles) ou les Provinces-Unies du RĂo de la Plata (puisque, au cours des dernières dĂ©cennies, elle a fait partie de la Vice-royautĂ© du RĂo de la Plata), mais il finit se laisser convaincre par l'attitude de la population. Le 18 aoĂ»t, lors de l'arrivĂ©e de BolĂvar Ă La Paz, il est accueilli par une grande manifestation de liesse populaire et la mĂŞme scène se rĂ©pète lorsqu'El Libertador arrive Ă Oruro, Ă PotosĂ et enfin Ă Chuquisaca. De telles dĂ©monstrations de ferveur de la part de la population touchent profondĂ©ment BolĂvar, qui surnomme la nouvelle nation sa « fille prĂ©fĂ©rĂ©e ».
Sucre rĂ©unit une AssemblĂ©e de reprĂ©sentants Ă Chuquisaca le 8 juillet 1825 et celle-ci se conclut par une dĂ©cision de proclamer l'indĂ©pendance du Haut-PĂ©rou sous la forme d'une rĂ©publique. Finalement, une commission prĂ©sidĂ©e par JosĂ© Mariano Serrano (es) Ă©crit l'acte d'indĂ©pendance qui est datĂ© du 6 aoĂ»t 1825 en l'honneur de l'anniversaire de la bataille de JunĂn, gagnĂ©e par BolĂvar un an plus tĂ´t jour pour jour. L'indĂ©pendance est dĂ©crĂ©tĂ©e par 7 reprĂ©sentants de Chuquisaca, 14 de PotosĂ, 12 de La Paz, 13 de Cochabamba et 2 de Santa Cruz de la Sierra.
En apprenant la nouvelle de la crĂ©ation de la Bolivie, Bolivar a Ă©tĂ© flattĂ© par la jeune nation. Bolivar jusqu'Ă ce moment n'a pas acceptĂ© volontairement l'indĂ©pendance de la Bolivie, parce qu'il Ă©tait inquiet au sujet de son avenir, car la situation gĂ©ographique de la Bolivie en AmĂ©rique centrale fait de ce nouveau pays un État frontalier de la Grande Colombie. BolĂvar voulait que la Bolivie appartienne Ă une autre nation, de prĂ©fĂ©rence le PĂ©rou, mais ce qui l'a profondĂ©ment convaincu Ă©tait l'attitude des masses populaires. Le 18 aoĂ»t, Ă son arrivĂ©e Ă La Paz, Sucre eut une manifestation de joie populaire. La mĂŞme scène s'est rĂ©pĂ©tĂ©e lorsque le libĂ©rateur est arrivĂ© Ă Oruro, puis Ă PotosĂ et enfin Ă Chuquisaca. C’est le marĂ©chal Sucre qui a donnĂ© Ă la Bolivie sa première constitution politique en 1826 et qui a organisĂ© les institutions de l’État et adoptĂ© comme système administratif le modèle français des dĂ©partements en janvier 1826. Populaire, le congrès lui offre le titre de prĂ©sident Ă vie avec droit de nommer son successeur.
En 1828, après deux annĂ©es au pouvoir, il abandonne le pouvoir en Bolivie et dĂ©signe JosĂ© MarĂa PĂ©rez de Urdininea pour lui succèder.
Mort
Après avoir abandonnĂ© la Bolivie, Sucre retourne en Grande-Colombie afin de soutenir BolĂvar dans la guerre contre le PĂ©rou. Après la fin de la guerre, Sucre reste aux cĂ´tes de BolĂvar. Entre le et mars 1830, BolĂvar gouverne par dĂ©cret, tel un dictateur. Cela n'empĂŞche pas la sĂ©cession du Venezuela le . Le , BolĂvar convoque le Congrès Admirable afin de trouver une solution Ă la crise institutionnelle. Le congrès ne peut Ă©viter la sĂ©cession du Venezuela. La santĂ© de BolĂvar se dĂ©tĂ©riore rapidement et le , il donne sa dĂ©mission. Domingo Caicedo devient prĂ©sident par intĂ©rim. Le , le Distrito del Sur (district du Sud) dĂ©clare Ă son tour son indĂ©pendance et devient l'Équateur.
Sucre, considĂ©rĂ© par BolĂvar comme son successeur spirituel, tente de rassembler les derniers partisans de Bolivar avec la ferme intention de rĂ©unifier le territoire de Grande-Colombie sous son autoritĂ©. Il se fait Ă©lire prĂ©sident de Grande-Colombie mais le , il est assassinĂ© par des opposants Ă l'unitĂ© de la Grande-Colombie, certains soupçonnent les indĂ©pendantistes colombiens sous les ordres du gĂ©nĂ©ral JosĂ© MarĂa Obando.
Une nouvelle Constitution est promulguĂ©e au Venezuela le sous l'impulsion du gĂ©nĂ©ral Paez. Le territoire du nouveau pays y est dĂ©fini comme celui que couvrait en 1810 (avant toutes modifications) la Capitainerie gĂ©nĂ©rale du Venezuela. Le , BolĂvar s'Ă©teint Ă Santa Marta. Ce qui reste de la Grande-Colombie, correspondant au District de Nouvelle-Grenade (regroupant les actuels pays de Colombie, du Panama ainsi que la cĂ´te des Mosquitos dans l'actuel Nicaragua) se regroupe le lors de la convention d'Apulo sous la vice-prĂ©sidence provisoire de Domingo Caicedo. Le la convention grenadine fait de la Nouvelle-Grenade une rĂ©publique appelĂ©e RĂ©publique de Nouvelle-Grenade (espagnol : RepĂşblica de la Nueva Granada). Un rĂ©gime prĂ©sidentiel est Ă©tabli et Francisco de Paula Santander est Ă©lu par le Congrès de la RĂ©publique de Colombie pour quatre ans. La nouvelle constitution est adoptĂ©e le .
Hommages
Son tombeau s'élève dans la cathédrale métropolitaine de Quito. Une tombe vide en son honneur se trouve au Panthéon national du Venezuela à Caracas.
Son nom a été donné :
- Ă la capitale officielle de la Bolivie, Sucre[15],
- à l'ancienne monnaie équatorienne, le sucre, remplacé ensuite par le dollar,
- à l'aéroport international de Mariscal Sucre de Quito, en Équateur,
- Ă la ville de Sucre, en Colombie,
- au département de Sucre, en Colombie,
- à l'État de Sucre, au Venezuela.
Notes et références
- « Antonio José de Sucre » [archive du ]
- « Sucre, Un militar de institución » [archive du ], (consulté le )
- « Ejército Boliviano » [archive du ]
- « Bolivar y Sucre. Dos hombres y una patria america - Monografias.com », sur m.monografias.com (consulté le )
- « PRESIDENTES DE BOLIVIA 1825-2012 (Primera parte) », sur www.lapatriaenlinea.com (consulté le )
- « Antonio José de Sucre • Chapter 1 », sur penelope.uchicago.edu (consulté le )
- « El Tratado Armisticio » [archive du ]
- « El Armisticio de Trujillo » [archive du ] (consulté le )
- « BiografĂa escrita por SimĂłn BolĂvar en Lima, año 1825 » [archive du ]
- (es) Diego Barros Arana, Historia general de Chile : Parte novena : OrganizaciĂłn de la repĂşblica 1820 (lire en ligne).
- (es) Daniel Florencio O'Leary, JunĂn y Ayacucho (lire en ligne).
- (es) Alberto Wagner de Reyna, Ocho años de la Serna en el Perú (lire en ligne).
- (en) Jaime E. RodrĂguez, The Independence of Spanish America, , 274 p. (ISBN 0-521-62673-0, lire en ligne).
- (es) Indalecio LiĂ©vano Aguirre, BolĂvar, Madrid, Cultura Hispánica del Instituto de CooperaciĂłn IberoamĂ©ricana, , 425 p. (ISBN 84-7232-311-0).
- DĂ©crets et lois :
- décret du 11 août 1825 : « La ville Capitale de la République et son département s'appellera Sucre» (« La ciudad Capital de la República y su departamento se denominará Sucre ») ;
- loi du : dĂ©signe la ville de Charcas (devenue ensuite Sucre) comme capitale provisoire « tandis que le libĂ©rateur BolĂvar, père de la patrie, dĂ©signe l'endroit oĂą devra ĂŞtre Ă©rigĂ©e la ville de Sucre, en l'honneur du marĂ©chal Antonio JosĂ© de Sucre » (« mientras el Libertador BolĂvar, Padre de la Patria, designe el sitio donde iba a erigirse la ciudad de Sucre, en honor al Mariscal Antonio JosĂ© de Sucre ») ;
- loi du 12 juillet 1839 : « La ciudad de Chuquisaca es la Capital de la República y sede nata de los tres poderes del estado: Ejecutivo, Legislativo y Judicial, y conforme a la ley de 11 de agosto de 1825 se llamará en adelante la ciudad Sucre » ;
- loi complémentaire du 18 juin 1843 : « la Capital de la República se titulará en adelante, la Ilustre y Heroica Sucre » ;
- Les constitutions qui font explicitement de Sucre la capitale du pays sont celle de 1868 et celle approuvée par les Boliviens en 2009.
Liens externes
- (en) Biographie