AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Mapuches

Les Mapuches (littĂ©ralement « Peuple de la terre » en mapudungun) sont un groupe ethnique et peuple autochtone du Chili et d'Argentine formant plusieurs communautĂ©s, connues Ă©galement sous le nom d'Araucans (cette derniĂšre dĂ©nomination ayant Ă©tĂ© donnĂ©e par les Espagnols aux autochtones peuplant originellement la rĂ©gion historique d’Araucanie)[3] - [4]. Au sens strict, le terme Mapuches dĂ©signe les AmĂ©rindiens habitant l’Araucanie ou Arauco, coĂŻncidant grosso modo Ă  l’actuelle rĂ©gion administrative chilienne d'Araucanie, c’est-Ă -dire les Araucans et leurs descendants ; dans un sens plus large, le terme englobe tous ceux qui parlent, ou parlaient naguĂšre, la langue mapuche ou mapudungun, y compris divers groupes autochtones ayant subi entre les XVIIe et XIXe siĂšcles le processus dit d’araucanisation par suite de l’expansion araucane Ă  partir de l’Araucanie originelle (dans le Chili actuel) vers des zones sises Ă  l’est de la cordillĂšre des Andes (c’est-Ă -dire dans l’actuelle Argentine).

Mapuche
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Famille mapuche vers 1910.
Populations importantes par région
Drapeau du Chili Chili 1 745 157 env. (2017)[1]
Drapeau de l'Argentine Argentine 205 009 env. (2010)[2]
Population totale 2 000 000 env.
Autres
RĂ©gions d’origine CordillĂšre des Andes
Langues Mapudungun, espagnol
Religions Christianisme (catholicisme et évangélisme) adapté aux croyances traditionnelles
Ethnies liées Picunche, Huilliche,Pehuenche, Chiliens
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Carte de répartition

Selon le recensement officiel de 2002, les Mapuches reprĂ©sentent 4 % de la population chilienne (87,3 % du total des autochtones vivant au Chili), soit un peu plus de 600 000 personnes, mais d’autres statistiques donnent un nombre plus Ă©levĂ©. Ils vivent principalement dans les zones rurales de la rĂ©gion d’Araucanie ainsi que dans la rĂ©gion des Lacs et la rĂ©gion mĂ©tropolitaine de Santiago (la capitale, Santiago du Chili). On estime Ă  environ 200 000 leur nombre en Argentine, rĂ©partis principalement sur la province de NeuquĂ©n, mais aussi sur celle de RĂ­o Negro et de Chubut[5]. Les autres populations autochtones du Chili, moins nombreuses, sont aymaras et rapa nuis.

Les Mapuches eurent Ă  faire face d’abord aux visĂ©es expansionnistes des Incas, qui rĂ©ussirent certes Ă  soumettre les groupes mapuches septentrionaux, appelĂ©s Picunches par les historiens, mais furent ensuite bloquĂ©s par la rĂ©sistance mapuche Ă  la hauteur du fleuve Maule (Ă  250 km environ, Ă  vol d'oiseau, au sud de Santiago), aprĂšs la lourde dĂ©faite de Tupac Yupanqui Ă  la fin du XVe siĂšcle[6] ; puis, au XVIe siĂšcle, aux tentatives de conquĂȘte des conquistadors espagnols, qui venaient de renverser l’Empire inca (et du mĂȘme coup assujetti les Picunches) et trouvĂšrent face Ă  eux les autres Mapuches Ă©tablis entre la vallĂ©e de l'Aconcagua et le centre de l’üle de ChiloĂ©. La rĂ©sistance du chef mapuche Lautaro, qui avait appris la tactique et la stratĂ©gie militaires lorsqu’il Ă©tait prisonnier des Espagnols, et dont les troupes possĂ©daient une grande maĂźtrise du cheval, puis plus tard la rĂ©bellion de Pelantaro en 1602, aboutirent Ă  fixer la frontiĂšre militaire entre Espagnols et Mapuches au niveau de la riviĂšre BiobĂ­o (Ă  470 km environ au sud de Santiago) ; depuis lors, les Espagnols hĂ©sitaient Ă  se risquer en territoire mapuche.

Entre 1860 et 1880, les deux États de la rĂ©gion issus de la dĂ©colonisation, le Chili et l’Argentine, entreprirent Ă  leur tour des guerres de conquĂȘte contre les AmĂ©rindiens (Mapuches et Patagons) qui vivaient au sud du continent dans des rĂ©gions restĂ©es hors de leur contrĂŽle et difficilement pĂ©nĂ©trables, et viendront finalement Ă  bout de la rĂ©sistance mapuche, au terme de campagnes militaires connues respectivement sous le nom de Pacification de l'Araucanie et de ConquĂȘte du DĂ©sert, lesquelles entraĂźnĂšrent la mort de milliers d’AmĂ©rindiens, en plus de la perte de leur territoire : les survivants furent en effet dĂ©portĂ©s vers des zones de faible superficie dĂ©nommĂ©es rĂ©ductions (au Chili) ou rĂ©serves (reservaciones, en Argentine), tandis que le reste des terres fut dĂ©clarĂ© bien national (en espagnol fiscal), puis vendu Ă  l’encan. À signaler aussi que l’élection (ou l’autoproclamation), en novembre 1860, du juriste pĂ©rigourdin OrĂ©lie Antoine de Tounens comme roi de l'Araucanie avait alarmĂ© les autoritĂ©s chiliennes qui craignaient que cette poussĂ©e d’indĂ©pendantisme coupe gĂ©ographiquement le pays en deux. Les Mapuches se sont ensuite peu Ă  peu intĂ©grĂ©s Ă  la nation chilienne, mĂȘme si des foyers de rĂ©sistance ont poursuivi la lutte armĂ©e jusqu'Ă  la fin du XXe siĂšcle.

Aux XXe et XXIe siĂšcles, les Mapuches subiront un processus d’acculturation et d’assimilation aux sociĂ©tĂ©s des deux États (argentin et chilien), mais au rebours duquel se feront jour des manifestations de rĂ©sistance culturelle et Ă©clateront çà et lĂ  des conflits parfois violents (avec mort d’homme) centrĂ©s autour de la propriĂ©tĂ© des terres, de la reconnaissance de leurs organisations et de la pratique de leur culture. En effet, le processus de rĂ©cupĂ©ration prĂ©sente deux aspects : d’une part un retour aux racines culturelles (rĂ©apprentissage de la langue, remise en honneur de l’artisanat traditionnel etc.) et d’autre part la rĂ©appropriation de terres qualifiĂ©es d’ancestrales, mais dĂ©tenues aujourd’hui, sur la foi de titres de propriĂ©tĂ© officiels sur les terrains concernĂ©s, par de grands domaines agricoles (haciendas), des sociĂ©tĂ©s d’exploitation forestiĂšre (surtout au Chili), et par des multinationales du textile (telles que Benetton en Argentine)[7] - [8]. La population mapuche se plaint de discrimination raciale et sociale dans ses rapports avec le reste de la sociĂ©tĂ©[9] - [10] - [11] - [12] - [13], et selon les statistiques officielles, leur indice de pauvretĂ© est plus Ă©levĂ© que la moyenne nationale chilienne[14] - [15] - [11].

Le systĂšme Ă©conomique traditionnel, basĂ© sur la chasse et l’horticulture, a cĂ©dĂ© le pas, aux XVIIIe et XIXe siĂšcles, Ă  une Ă©conomie agricole et d’élevage, les AmĂ©rindiens se convertissant dĂšs lors, aprĂšs l’implantation forcĂ©e sur des terrains Ă  eux assignĂ©s par le Chili et l’Argentine, en un peuple de paysans vouĂ© Ă  l’heure actuelle (2018) Ă  une grande fragmentation culturelle, Ă  un morcellement de la propriĂ©tĂ©, et Ă  une migration vers les grandes villes par les gĂ©nĂ©rations plus jeunes, qui a eu pour effet de faire des Mapuches une population aujourd’hui majoritairement urbaine, Ă©tablie principalement Ă  Santiago du Chili et Ă  Temuco, quoique prĂ©servant des liens plus ou moins serrĂ©s avec ses communautĂ©s d’origine.

Étymologie

Le mot par lequel les Araucans se dĂ©signent eux-mĂȘmes dans leur propre langue (le mapuche ou le mapudungĂșn) est Mapuche, ou mapunche, terme composĂ© de mapu, « terre, pays », et de che, « personne, gens », soit donc « gens de la terre », « natif »[16]. À l’opposĂ©, les Ă©trangers arrivĂ©s d’Europe ainsi que leurs descendants sont appelĂ©s wingka. En certains endroits, les termes de Mapuche et de mapunche s’utilisent avec une lĂ©gĂšre diffĂ©rence de sens. Jusqu’au XVIIIe siĂšcle aurait Ă©galement existĂ© chez les membres de l’ethnie l’autodĂ©nomination che, « gens »[17], et Mapu[17], « terre », Peuple de la terre[18].

La dénomination aucas proviendrait du mot quechua awqa, « sauvage » ou « rebelle », « ennemi », qui leur aurait été appliqué par les Incas ou par les Espagnols ; selon les chroniqueurs, les Incas avaient déjà nommé purumauca la population habitant au sud du río Cachapoal, et les Espagnols auraient, pour désigner celle-ci, simplement adopté la dénomination auca[16].

La dĂ©signation Araucans[3] - [4] - [19] a Ă©tĂ© le terme prĂ©dominant dans l’historiographie pendant toute la pĂ©riode s’étendant des premiers contacts avec les Espagnols jusqu’au XIXe siĂšcle approximativement, et continue d’ĂȘtre en usage, mais n’est pas acceptĂ©e par les Mapuches eux-mĂȘmes. Le nom Araucan constitue sans doute le gentilĂ© des habitants d’Arauco, nom donnĂ© par les Espagnols au territoire qu’ils habitaient alors en peuple indĂ©pendant et dont l’étymologie reste discutĂ©e[20]. Il a Ă©tĂ© postulĂ© que Arauco rĂ©sulte d’une hispanisation du mot mapuche ragko, « eau grĂ©seuse », que les Espagnols auraient utilisĂ© pour les habitants d’un site ainsi appelĂ© et qui par la suite aurait Ă©tĂ© Ă©tendu, par mĂ©tonymie, Ă  toutes les autres peuplades de la zone[21] ; aujourd’hui encore, la rĂ©gion chilienne Ă  proximitĂ© de ConcepciĂłn, au sud du fleuve BiobĂ­o, s’appelle officiellement province d'Arauco.

Les Mapuches rejettent l’usage du nom Araucan, car il s’agit d’une dĂ©nomination Ă©trangĂšre, attribuĂ©e par leurs ennemis. En revanche, le mot awqa fut bien adoptĂ© par les Mapuches, sous la forme awka, avec le sens d’« indomptable, rebelle, vaillant »[22], les Mapuches acceptant cette fois de l’appliquer Ă  eux-mĂȘmes[23].

Composition et répartition géographique actuelles

Portrait de femmes mapuches brossĂ© par l’explorateur français Dumont D'Urville en 1842.

Au Chili

D’aprĂšs le recensement chilien de la population de 2002, 604 349 personnes dans ce pays se dĂ©claraient appartenant au peuple mapuche, ce qui reprĂ©sente approximativement 4 % de la population totale et 87,3 % de la population amĂ©rindienne totale du pays. Ils vivent principalement en Araucanie (33,6 %) et dans la rĂ©gion mĂ©tropolitaine de Santiago (30,3 %) et, en moindre nombre, dans les rĂ©gions du BiobĂ­o (8,8 %), des Lacs et des Fleuves (16,7 % pour ces deux derniĂšres prises ensemble).

Cependant, le recensement de 1992 avait enregistrĂ© 932 000 Mapuches (de plus de 14 ans ; si l’on avait inclus les personnes en dessous de cet Ăąge, le chiffre se serait Ă©levĂ© Ă  1 281 651)[24]. Cette baisse de quelque 30 % de la population mapuche en une dĂ©cennie a fait l’objet de diverses tentatives d’explication : certains soutiennent qu’il s’agit d’un « gĂ©nocide statistique »[25], alors que pour d’autres, ce serait lĂ  un « gĂ©nocide bureaucratique » visant Ă  dĂ©lĂ©gitimer les revendications autochtones[26], mais pour d’autres encore, cette chute d’effectifs s’expliquerait par des diffĂ©rences dans les questions du recensement, sans intentions socio-politiques.

D’aprĂšs plusieurs ONG, la population mapuche rĂ©sidant actuellement au Chili se situerait entre 800 000 et 1 400 000 personnes, selon que l’on inclut ou non ceux uniquement qui ont conservĂ© leur culture ou revendiquent leur hĂ©ritage. Ainsi p.ex. l’enquĂȘte officielle Casen (acronyme de Encuesta de CaracterizaciĂłn SocioeconĂłmica Nacional), organisĂ©e tous les deux ou trois ans par le ministĂšre chilien des Affaires sociales, ne comptabilisa-t-elle que 625 005 Mapuches en 2006[27]. Les organisations autochtones pour leur part estiment Ă  un million et demi le nombre de Mapuches au Chili[25].

En Argentine

En Argentine, les Mapuches ou Araucans constituent le peuple autochtone le plus nombreux, encore que leurs effectifs soient environ dix fois inférieurs à ceux du Chili.

Il a Ă©tĂ© calculĂ© sur la base de l’EnquĂȘte complĂ©mentaire sur les peuples autochtones (en espagnol Encuesta Complementaria de Pueblos autochtones, sigle ECPI) de 2004-2005, effectuĂ©e sur demande de l’État argentin par l’Institut national argentin de statistique et de recensement (l’INDEC, selon son acronyme en espagnol), que le nombre de personnes qui appartiennent au peuple mapuche ou sont des descendants de Mapuches de premiĂšre gĂ©nĂ©ration se chiffre Ă  prĂšs de 105 000. De ces personnes, 73 % vivent dans les provinces de Chubut, de NeuquĂ©n et de RĂ­o Negro[28].

Selon l’ECPI, 78 534 Mapuches se revendiquent tels dans les provinces de Chubut, NeuquĂ©n, RĂ­o Negro, Santa Cruz et Terre de Feu, dont 13 237 vivaient dans des communautĂ©s autochtones. À Buenos Aires et dans les 24 partidos du Grand Buenos Aires, 9745 personnes se reconnaissent comme Mapuches, comme c’est le cas aussi de 20 527 individus dans le reste de la province de Buenos Aires et dans la province de La Pampa, individus dont cependant aucun ne vivait en communautĂ©. Le dĂ©compte pour l’ensemble du pays donna comme rĂ©sultat 113 680 personnes se dĂ©clarant Mapuche, de qui 13 430 vivaient en communautĂ©.

Lors de la prĂ©paration du recensement argentin de 2001, des reprĂ©sentants mapuches formulĂšrent quelques critiques sur la conception et l’exĂ©cution de ce recensement, lui reprochant de ne pas garantir une participation adĂ©quate des peuples premiers, de reproduire le stĂ©rĂ©otype partial de « l’autochtone », de sous-estimer la migration mapuche vers les villes, et de s’appuyer sur des fonctionnaires manquant Ă  leurs engagements juridiques et politiques[29]. La Commission de juristes autochtones en Argentine (la CJIA) introduisit un recours d’amparo, par lequel elle requĂ©rait que fĂ»t diffĂ©rĂ© le recensement de 2001, allĂ©guant qu’elle n’avait pas bĂ©nĂ©ficiĂ© de son droit de participation tel que fixĂ© dans la Convention 169 de l’OIT et Ă  l’article 75, alinĂ©a 17, de la Constitution nationale argentine. La controverse finit par conduire une partie de ces reprĂ©sentants Ă  occuper les installations de l’Institut national des affaires autochtones (INAI). Lors de la rĂ©alisation du recensement de 2001, une intervention directe d’enquĂȘteurs et d’assesseurs autochtones avait Ă©tĂ© prĂ©vue dans quelques provinces. Ce nonobstant, beaucoup contestent la validitĂ© de cette enquĂȘte[30].

Contredisant les chiffres de l’INDEC, une publication officielle du gouvernement argentin communiqua qu’il existait 200 000 Mapuches habitant le territoire national[31]. D’autres sources en revanche, non officielles, Ă©voquaient le nombre de 90 000[32] et de 200 000 personnes[33].

La communautĂ© mapuche elle-mĂȘme, en fort dĂ©saccord avec le recensement de l’INDEC, estime que les effectifs de la population mapuche en Argentine s’élĂšvent Ă  500 000 individus[25] - [34]. Des calculs effectuĂ©s en 1998-2000 permirent d’estimer que vivaient alors en Argentine jusqu’à 300 000 Mapuches, dont quelque 70 000 Ă©taient Ă©tablis dans la seule province de NeuquĂ©n[35].

Les critiques mapuches Ă  propos de la mĂ©thodologie argentine de recensement furent semblables Ă  celles formulĂ©es contre le recensement chilien[36]. Sur la foi d’une enquĂȘte de l’ECPI, les populations des provinces de NeuquĂ©n et de Chubut seraient respectivement Ă  7 % et Ă  5 % de souche Mapuche[37].

Le recensement national argentin de la population de 2010 mit au jour l’existence, dans l’ensemble du pays, de 205 009 personnes se reconnaissant comme Mapuches, dont 39 869 dans la province de RĂ­o Negro, 39 634 dans celle de NeuquĂ©n, 36 706 dans l’intĂ©rieur de la province de Buenos Aires, 31 771 dans la province de Chubut, 21 041 dans l’agglomĂ©ration de Buenos Aires, 6806 dans la ville de Buenos Aires, 6132 dans la province de Mendoza, 4973 dans celle de CĂłrdoba, 4408 dans celle de Santa Cruz, 4261 dans celle de La Pampa, 3084 dans celle de Santa Fe, 1280 dans celle de San Luis, 975 dans celle de Terre de Feu, 923 dans celle d’Entre RĂ­os, 562 dans celle de Misiones, 437 dans celle de TucumĂĄn, 417 dans celle de San Juan, 325 dans celle de La Rioja, 302 dans celle de Catamarca, et enfin 220 dans celle de Corrientes[38] - [39].

Dans la province de Buenos Aires, dans les partidos de General Viamonte (Los Toldos) et de Rojas, respectivement Ă  280 et 220 km Ă  l’ouest de Buenos Aires, subsiste une communautĂ© mapuche semi-acculturĂ©e descendant du boroano Ignacio Coliqueo, qui fut reconnu comme « cacique principal des Mapuches amis et colonel de l’armĂ©e nationale » argentine et qui se vit accorder, lui et toute sa tribu, la propriĂ©tĂ© de deux lieues de terre[40] - [41]. Dans cette communautĂ©, la GuillatĂșn (cĂ©rĂ©monie propitiatoire traditionnelle) a cessĂ© de se pratiquer et seuls quelques-uns parlent encore le mapuzungun ; toutefois, les Mapuches de cette zone ont engagĂ© un processus de rĂ©cupĂ©ration de leurs racines et une des trois Ă©coles primaires de la communautĂ© enseigne la langue Mapuche[42].

La ConfĂ©dĂ©ration mapuche de NeuquĂ©n, fondĂ©e en 1970, regroupe les communautĂ©s rurales mapuches de la province de NeuquĂ©n, et ses autoritĂ©s sont Ă©lues lors d’un trahun (« parlement ») tous les deux ans[43]. ParticuliĂšrement importante est leur prĂ©sence dans le Parc national LanĂ­n, oĂč vivent entre 2500 et 3000 personnes, rĂ©partis dans 7 communautĂ©s (Aigo, Cañicul, CayĂșn, Curruhuinca, LefimĂĄn, Ñorquinko et Raquithue), sur des territoires qui s’étendent sur quelque 24 000 ha[44] et qu’ils considĂšrent comme les leurs propres[45].

La liste des communautĂ©s rurales araucanes existant dans la province de NeuquĂ©n en 2003 s’établit comme suit[46] - [47] :

(*) communautés de constitution récente.

Dans la province de RĂ­o Negro, les communautĂ©s mapuches se sont groupĂ©es dans la Coordination du parlement du peuple mapuche de RĂ­o Negro (en espagnol Coordinadora del Parlamento del Pueblo Mapuche de RĂ­o Negro). Fin 2002, les communautĂ©s rurales et urbaines de cette province s’énumĂ©raient comme suit[48] : Cañumil ; Anekon Grande ; Cerro Bandera (Quimey Piuke Mapuche) ; Quiñe Lemu (Los Repollos) ; Wri Trai ; Tripay Antu ; Ranquehue ; Monguel Mamuell ; Pehuenche (Arroyo Los Berros) ; Makunchao ; Centro Mapuche Bariloche ; Trenque Tuaiñ ; San Antonio ; Los Menucos ; Putren Tuli Mahuida ; Ngpun Kurrha ; Peñi Mapu ; Cerro Mesa-Anekon Chico ; Lof Antual ; Wefu Wechu (Cerro Alto) ; CañadĂłn Chileno ; Lof Painefil ; Cai – Viedma ; Fiske Menuco ; Kume Mapu ; Aguada de Guerra ; Tekel Mapu ; Carri Lafquen Chico Maquinchao ; Laguna Blanca ; RĂ­o Chico ; Yuquiche ; Sierra Colorada.

Dans la province de Chubut rĂ©side la communautĂ© Limonao et des groupes mĂ©tissĂ©s de Mapuches et de Tehuelches, produits de l’araucanisation, qui se nomment eux-mĂȘmes Mapuche-Tehuelche.

La province de Santa Cruz compte également des communautés Mapuche-Tehuelche, au nombre de quatre : à Caleta Olivia (Willimapu), à Río Gallegos (Aitué), à Río Turbio (Millanahuel) et à Puerto Santa Cruz (Fem Mapu)[49] - [50].

Par suite de la campagne militaire dite ConquĂȘte du DĂ©sert, les Pehuenches disparurent virtuellement en tant que peuple sur le territoire argentin, nombre d’entre eux ayant probablement franchi la CordillĂšre des Andes Ă  destination du Chili.

Dans la province de Mendoza, des groupes pehuenches ont commencĂ© Ă  s’organiser Ă  partir de 2007, en Ă©lisant un werkĂ©n (« porte-parole ») et en mettant sur pied deux lofs (« communautĂ©s ») dans le dĂ©partement de MalargĂŒe, auxquelles la personnalitĂ© juridique fut accordĂ©e en 2009; ce sont :

  • Kupan Kupalme (ou Juan Cupalme, dans la zone est de la Payunia)[51].
  • Malal Pincheira (dans les Castillos de Pincheira et sur la riviĂšre Buta MallĂ­n)[52].

À partir de 1995, par le biais d’une inscription officielle dans le Registre national des communautĂ©s autochtones (Renaci), l’Institut national des affaires autochtones (INAI) commença Ă  attribuer la personnalitĂ© juridique Ă  des communautĂ©s autochtones, en particulier mapuches[53] :

  • Dans la province de Chubut :
CommunautĂ© autochtone Emilio Prane (2 dĂ©cembre 1996), CommunautĂ© autochtone Huisca Antieco (dans le dĂ©partement de FutaleufĂș, 7 novembre 1996), CommunautĂ© autochtone HuangelĂ©n Puelo (dans le dĂ©partement de Cushamen, 28 septembre 2000), CommunautĂ© mapuche Motoco CĂĄrdenas (dans le dĂ©partement de Cushamen, 10 juin 2004), CommunautĂ© mapuche Enrique SepĂșlveda (dans le dĂ©partement de Cushamen, 23 fĂ©vrier 2005), CommunautĂ© mapuche Fentren Peñi (sur les sites Mina de Indio et Colonia Pastoril Cushamen (Colonie pastorale Cushamen), dĂ©partement de Cushamen, 27 novembre 2013).
  • Dans la province de NeuquĂ©n :
Groupement mapuche Cañicul (26 juin 1996), CommunautĂ© autochtone Cayun (3 juillet 1996), CommunautĂ© autochtone Raquitue (26 juillet 1996), CommunautĂ© Kallfukura (dans le dĂ©partement de Zapala, 15 octobre 1997), CommunautĂ© Kaxipayiñ (dans le dĂ©partement d'Añelo, 15 octobre 1997), CommunautĂ© autochtone Ñorkinko (8 juillet 1997), CommunautĂ© mapuche Lof Gelay Ko (dans le dĂ©partement de Zapala, 19 juillet 2002), CommunautĂ© Lof Lefiman (dans le dĂ©partement d'AluminĂ©, 19 juillet 2002), CommunautĂ© Lof Lonko Purran (dans le dĂ©partement de Zapala, 19 juillet 2002), CommunautĂ© lof Maripil (dans le dĂ©partement de ÑorquĂ­n, 19 juillet 2002), CommunautĂ© Lof Wiñoy Folil (dans le dĂ©partement de Zapala, 19 juillet 2002), CommunautĂ© Lof Wiñoy Tayin Rakizuam (dans le dĂ©partement d'AluminĂ©, le 19 juillet 2004), Lof Kinxikew (dans le dĂ©partement de Los Lagos, 9 janvier 2006), Lof Zuñiga (dans le dĂ©partement de CatĂĄn Lil, 9 janvier 2006), Lof Paichil Antreao (dans le dĂ©partement de Los Lagos, 5 juin 2007), CommunautĂ© Huenctru Trawel LeufĂș (dans le dĂ©partement de PicĂșn LeufĂș, 22 avril 2008), Lof Newen Mapu (dans le dĂ©partement de Confluencia, 12 novembre 2009).
  • Dans la province de RĂ­o Negro :
Communauté autochtone du peuple mapuche Thripan Anty (dans le département de Bariloche, 10 août 1998), Communauté mapuche Lof-Leufuche (dans le département d'El Cuy, 31 août 2000), Communauté mapuche Lof Wiritray (dans le département de Bariloche, 22 mars 2000), Communauté mapuche Lof Ranquehue (dans le département de Bariloche, 28 avril 2003), Communauté mapuche Tequel Mapu (dans le département de Bariloche, 13 janvier 2005).
  • Dans la province de La Pampa :
Communauté ranquel Manuel Baigorrita (dans le département de Loventué, 15 septembre 1999).
  • Dans la province de Mendoza :
CommunautĂ© mapuche Mapudungun (dans le dĂ©partement de Las Heras, 6 juin 2002), Lof Kupan Kupalme (dans le dĂ©partement de MalargĂŒe, 19 mai 2009), Lof Malal Pincheira (dans le dĂ©partement de MalargĂŒe, 19 mai 2009), Lof Poñiwe (sur le site El Alambrado, dĂ©partement de MalargĂŒe, 11 mars 2014), Lof Buta MallĂ­n, site Buta MallĂ­n dans le dĂ©partement de MalargĂŒe, 18 mars 2014).
  • Dans la province de Buenos Aires :
CommunautĂ© urbaine Peñi Mapu - Hermanos de la Tierra (dans le partido d'OlavarrĂ­a, 25 septembre 2003), CommunautĂ© mapuche de JunĂ­n (dans le partido de JunĂ­n, 6 janvier 2004), CommunautĂ© mapuche Gualmes de Malvinas Argentinas (dans le partido de Malvinas Argentinas, 27 janvier 2004), Lof Kuripan-Kayuman (dans le partido de BahĂ­a Blanca, 19 aoĂ»t 2005), CommunautĂ© Antu Ruca (dans le partido de Patagones, 20 juillet 2009), CommunautĂ© mapuche Ñuque Mapu del Campo La Cruz (dans le partido de JunĂ­n, 28 janvier 2009).
  • Dans la province de Santa Cruz :
Communauté mapuche Millaqueo (à Las Heras et sur le site Villa Picardo dans le département de Deseado, 25 mars 2014), Communauté mapuche Limonau (à Las Heras et à Laguna Sirven, département de Deseado, 20 décembre 2012).
  • Dans la province de Mendoza (entitĂ©s mapuche-pehuenche) :
Lof El Altepal (sur les rives du fleuve MalargĂŒe, dĂ©partement de MalargĂŒe, 11 mars 2014), Lof Laguna IberĂĄ, sur le site El Morro, dĂ©partement de MalargĂŒe, 18 mars 2014).
  • Dans la province de Santa Cruz (entitĂ©s mapuche-Tehuelche) :
Communauté Nehuen Mulfuñ (à Pico Truncado dans le département de Deseado, 25 mars 2014)[54].
  • Dans la province del Chubut (entitĂ©s mapuche-Tehuelche) :
Communauté autochtone Vuelta del Río (dans le département de Cushamen, 24 février 1997).
  • Dans la province de RĂ­o Negro (entitĂ©s mapuche-Tehuelche) :
CommunautĂ© autochtone RĂ­o Chico (dans le dĂ©partement de ÑorquincĂł, 1er septembre 2000).
  • Dans la province de Buenos Aires (entitĂ©s mapuche-Tehuelche) :
Tehuelche Callvu Shotel (dans le partido de La Plata, 18 mai 2010).

Depuis 2009, la Province de Santa Fe recense les communautĂ©s autochtones dans le Registre spĂ©cial des communautĂ©s aborigĂšnes de la province de Santa Fe (en espagnol Registro Especial de Comunidades AborĂ­genes, acronyme RECA) de l’Institut provincial des aborigĂšnes de Santa Fe, leur octroyant Ă  l’échelon provincial la personnalitĂ© juridique, et ainsi notamment Ă  une communautĂ© mapuche[55] : la CommunautĂ© Xavn Inay Leufv (dans la ville de Rosario, dĂ©partement de Rosario, 26 novembre 2015).

Identités territoriales et ethnies

Ancien drapeau mapuche avec l’Étoile d’Arauco (le Guñelve) utilisĂ© par Lautaro et dont s’inspirera plus tard O'Higgins pour concevoir l’actuel drapeau du Chili[56].

Principaux groupes

Tribus mapuches prĂ©sentes en Araucanie vers 1850. Les zones sous tutelle de l’État chilien sont figurĂ©es en bleu.

Quelques Ă©tudes contemporaines rĂ©partissent les autochtones de langue mapuche en plusieurs groupes selon le territoire qu’ils occupent et sur la base de certaines diffĂ©rences culturelles dĂ©rivĂ©es de cette localisation ; nĂ©anmoins, pour l’ensemble des chercheurs, tous sont Mapuches, et ne se diffĂ©rencient plus guĂšre, ainsi qu’il appert de la liste ci-dessous, que par le lieu gĂ©ographique oĂč ils sont Ă©tablis. Les dĂ©nominations assignĂ©es Ă  ces groupes sont dĂ©ictiques et s’entendent par rapport au point de rĂ©fĂ©rence que sont les Mapuches d’Araucanie :

  • Picunches (‘gens du nord’) : Ă©tablis entre les fleuves Choapa et Maule (territoire ayant pour nom Pikun Mapu). Une partie de ce groupe, les Promaucaes, s’était autrefois pacifiquement mĂ©langĂ© Ă  l’Empire inca[57]. Leur principale activitĂ© Ă©conomique Ă©tait l’agriculture, pratiquĂ©e selon un systĂšme d’agriculture itinĂ©rante. Ils s’adonnaient en outre Ă  l’élevage de lamas et connaissaient la poterie en grĂšs. Ils se constituĂšrent comme peuple par acculturation et mĂ©tissage avec les colonisateurs espagnols ; de ce mĂ©lange est issue la majeure partie de la population qui habite la zone centrale du Chili. D’autres groupes identifiĂ©s par les Espagnols, en plus des Promaucaes, Ă©taient les Mapochoes, les Maules et les Cauquenes.
  • Araucans ou Mapuches (au sens strict) : Ă©tablis entre le fleuve Maule et le lac Llanquihue. D’aprĂšs les chroniques, ils furent les protagonistes de la guerre d’Arauco, rĂ©sistant avec succĂšs aux tentatives de conquĂȘte, d’abord des Incas, puis des Espagnols. Les Mapuches de l’autre versant des Andes les nommaient les Moluches (nguluche) (‘gens de l’ouest’)[58].
  • Huilliches (‘gens du sud’) : Ă©tablis entre le lac Llanquihue et la grande Ăźle de ChiloĂ©. Leur Ă©conomie (et leur alimentation principale) Ă©tait basĂ©e sur la culture de la papa, du maĂŻs et du haricot, mais ils s’adonnaient aussi Ă  la chasse et Ă  la pĂȘche, et rĂ©coltaient des fruits de mer et des algues marines sur le littoral de l’ocĂ©an Pacifique et sur les plages de la mer intĂ©rieure de ChiloĂ©. Les Huilliches dans le sud, de la mĂȘme maniĂšre que les Promaucaes dans le nord, se mĂ©langĂšrent Ă  d’autres peuples autochtones parlant un idiome diffĂ©rent, les Chonos[57].
Les Huilliches continueront certes de parler le mapudungun, mais avec des diffĂ©rences de prononciation et de vocabulaire, et la forme moderne de ce dialecte, parlĂ©e sur la cĂŽte d’Osorno, est connu aujourd’hui sous le nom de chesungun. Certains Huilliches ont Ă©tĂ© appelĂ©s Cuncos (dans la zone du canal de Chacao), Juncos (dans les plaines d’Osorno), et Payos (originaires du sud de l’üle de ChiloĂ©). Ce dernier groupe se composait d’agriculteurs et de pĂȘcheurs, parlait la langue mapuche, mais l’on ne sait pas avec certitude s’ils formaient une branche des Huilliches ou un groupe au dĂ©part distinct ayant ensuite assimilĂ© la culture mapuche.
  • Pehuenches (‘gens du pehuĂ©n’) : au XVIe siĂšcle, les dĂ©nommĂ©s Pehuenches anciens occupaient les rĂ©gions montagneuses des deux cĂŽtĂ©s de la cordillĂšre des Andes ; lors de l’expansion mapuche, ces tribus furent les premiĂšres Ă  adopter la langue et une partie des coutumes mapuches. Jusqu’à la fin du XIXe siĂšcle, la rĂ©gion Ă©tait peuplĂ©e uniquement d’individus de langue mapuche et de culture mixte[59].
Les Pehuenches anciens sont dĂ©crits comme Ă©tant de haute taille, minces, agiles et de teint sombre. Ils avaient de nombreux rapports avec leurs voisins huarpes, apprenant d’eux les techniques de la vannerie. Leurs vĂȘtements ont pu ĂȘtre confectionnĂ©s en cuir et s’orner de plumes de nandous ou d’autres oiseaux.
La mise en place des États argentin et chilien amena les autoritĂ©s de ces deux jeunes pays Ă  instaurer un contrĂŽle plus serrĂ© Ă  leur frontiĂšre commune, entravant ainsi la libre circulation des autochtones. À l’heure actuelle, cette peuplade est installĂ©e entre la VIIIe et la IXe rĂ©gion du Chili, et toujours dans la cordillĂšre. En fonction de la saison, ils occupent des positions plus en hauteur ou plus en aval des montagnes. En hiver, par exemple, ils Ă©vitent les tempĂ©ratures basses en descendant vers les vallĂ©es. Leurs moyens de subsistance sont les cueillettes estivales et les produits obtenus par l’élevage.
  • Lafquenches (‘gens de la cĂŽte’ ou ‘de la mer’) : le territoire lafquenche est constituĂ© des eaux cĂŽtiĂšres de l’ocĂ©an Pacifique chilien, de la bande littorale, des pentes de la CordillĂšre cĂŽtiĂšre et des abords du lac Budi[60] - [61]. Actuellement, il subsiste des communautĂ©s lafkenches dans le sud de la province d’Arauco. Elles parlent espagnol et mapudungun et se vouent principalement Ă  la pĂȘche artisanale[62].

Principaux peuples araucanisés

Le drapeau Wenufoye, créé en 1992 par Conseil de toutes les terres.
Drapeau mapuche historique.

À partir du milieu du XVIIe siĂšcle[37], aprĂšs que la guerre d’Arauco se fut faite moins intense, le commerce entre Araucans et criollos (colons espagnols nĂ©s dans les colonies) commença Ă  se dĂ©velopper. Le bĂ©tail dĂ©robĂ© et le sel extrait dans la pampa Ă©taient vendus par les Araucans aux criollos du Chili et de Buenos Aires, ce qu’ils Ă©taient en mesure de faire grĂące Ă  un autre apport de l’Espagne : l’utilisation du cheval. Au moyen du cheval, les Mapuches pouvaient faire parcourir au bĂ©tail, en un temps relativement court, l’immensitĂ© de la pampa, vaste territoire herbu et presque inhabitĂ©.

En mĂȘme temps, les Mapuches se mirent Ă  pratiquer l’élevage d’ovins et de bovins, animaux sur lesquels ils avaient rĂ©ussi Ă  mettre la main par des malones (razzias) tant aux dĂ©pens des Espagnols que des Tehuelches et des Pampas. Ils nouĂšrent aussi des liens commerciaux avec les peuples habitant Ă  l’est des Andes, avec qui ils Ă©changeaient du bĂ©tail et des marchandises, principalement le sel[63].

Les migrations de peuples autochtones, notamment celles des peuples mapuche et Tehuelche, Ă©taient motivĂ©es en grande partie par le commerce, tant avec d’autres autochtones qu’avec les criollos. Il arrivait que des peuples diffĂ©rents se disputent la maĂźtrise des principales routes commerciales, mais le processus de « mapuchisation » a pour origine, dĂšs avant le milieu du XVIIIe siĂšcle, le fait totalement pacifique que des foires se tenaient Ă  El CayrĂș et Ă  ChapaleofĂș, dans les montagnes de la pampa humide (actuelle Argentine), lieux d’une trĂšs importante activitĂ© commerciale et d’échange de produits entre les habitants des plaines pampĂ©ennes et des montagnes de l’actuelle province de Buenos Aires, ceux de la Patagonie septentrionale et ceux des deux versants de la cordillĂšre des Andes. Lors des foires d’El CayrĂș et de ChapaleofĂș (appelĂ©es « ferias de los ponchos » par les jĂ©suites de l’époque qui les ont consignĂ©es, comme p.ex. Thomas Falkner) s’échangeaient divers types de marchandises, allant de produits de l’élevage et de l’agriculture aux produits vestimentaires, tels que les ponchos. El CayrĂș se trouvait dans la partie la plus occidentale du SystĂšme de Tandilia (sur le territoire de l’actuel partido d’OlavarrĂ­a), tandis que ChapaleofĂș fait rĂ©fĂ©rence Ă  la zone le long de la riviĂšre homonyme coulant dans l’actuel partido de Tandil[64]. Ainsi se produisit-il, dĂšs le milieu du XVIIIe siĂšcle et parallĂšlement Ă  ces mouvements de personnes dans le cadre des Ă©changes de marchandises, une certaine interpĂ©nĂ©tration culturelle entre diffĂ©rents peuples habitant des territoires s’étendant de la pampa humide jusqu’à la zone bordant la cordillĂšre des Andes (sur son versant tant oriental qu’occidental) et jusqu’au littoral pacifique, en passant par la Patagonie septentrionale. Ces dĂ©placements seront l’amorce de l’échange culturel et de mouvements migratoires entre les diffĂ©rents peuples, dont en particulier les Tehuelches, les Ranquels et les Mapuches[65]. Cette influence mapuche, commerciale Ă  l’origine, puis reposant sur des alliances, finit par exercer un fort impact culturel sur les Tehuelches et d’autres peuples, et donnera lieu Ă  qu’on la nomme aujourd’hui « mapuchisation » ou « araucanisation » des Pampas et de la Patagonie. Une bonne part des Tehuelches feront siennes tout un ensemble de coutumes des Mapuches, de mĂȘme aussi que leur langue, pendant que les Mapuches pour leur part adopteront pour partie le mode de vie Tehuelche (comme p.ex. s’abriter dans des tolderĂ­as, campements de tentes), par suite de quoi les diffĂ©rences entre les deux groupes s’estomperont progressivement, Ă  telle enseigne que leurs descendants s’appellent eux-mĂȘmes aujourd’hui Mapuche-Tehuelches[66]. L’araucanisation, c’est-Ă -dire l’assimilation et le mĂ©tissage par les Mapuches des peuples vivant Ă  l’est des Andes, fut un processus complexe et graduel, s’étendant sur plusieurs gĂ©nĂ©rations[67].

Cependant, l’araucanisation fut aussi en partie la consĂ©quence de guerres de conquĂȘte. Avec l’adoption de l’élevage, et le nouveau mode de vie qui en rĂ©sulta, les peuples des pampas virent leurs effectifs de population augmenter, ce qui provoqua entre des groupes rivaux une sĂ©rie de conflits autour des ressources. Cela facilita la guerre de conquĂȘte des Mapuches et la subsĂ©quente acculturation de nombreuses tribus Ă  ces mĂȘmes Mapuches[68].

Si, Ă  partir du XVIe siĂšcle, les Tehuelches avaient su, grĂące au cheval, rĂ©aliser depuis le sud une expansion en propageant leur culture par toute la pampa, ce processus d’expansion territoriale et culturelle fut bloquĂ© vers le milieu du XVIIIe siĂšcle par l’arrivĂ©e des Araucans[69].

Vers 1820 eut lieu la plus grande migration de Mapuches vers l’actuel territoire argentin, lorsqu’environ 40 000 Borogas franchirent les Andes, consĂ©quence indirecte de la Guerre Ă  mort entre les troupes royalistes espagnoles et les forces patriotes dans le sud du Chili.

Les principaux peuples araucanisĂ©s s’énumĂšrent comme suit :

  • les Chonos : vivant au sud de ChiloĂ© (archipel des Chonos), ils furent emmenĂ©s par les missionnaires vers les Ăźles et adoptĂšrent le mode de vie huilliche. Il est conjecturĂ© que les Payos pourraient avoir Ă©tĂ© des Chonos ultĂ©rieurement mapuchisĂ©s.
  • les Poyas, y compris les Vuriloches, plus tard « poyuche » : ils habitaient, et leurs descendants habitent encore, les Ă©tendues montagneuses dans le sud de la province argentine de NeuquĂ©n et dans le nord-ouest de la province de RĂ­o Negro, principalement.
  • les Puelches (‘gens de l’est’) : si les Mapuches donnaient ce nom Ă  diffĂ©rents groupes Ă  l’est des Andes, il est nĂ©anmoins d’usage en espagnol de dĂ©signer par ce terme ceux que se nomment eux-mĂȘmes gĂŒnĂŒna kĂŒne. Ils se groupaient en familles Ă©tendues, dirigĂ©es par un cacique. Les familles pratiquaient la monogamie, quoique les caciques et les individus importants fussent autorisĂ©s Ă  avoir plusieurs Ă©pouses. Ils Ă©taient de haute stature et de visage allongĂ©, qu’ils avaient coutume de dĂ©former artificiellement chez leurs bĂ©bĂ©s. Leur mode de vie Ă©tait nomade et leur alimentation principale Ă©tait obtenue Ă  partir du guanaco et du nandou, qu’ils chassaient Ă  l’arc et Ă  la flĂšche et au moyen de boleadoras. D’autre part, ils cueillaient des racines et des semences et savaient prĂ©parer des boissons alcoolisĂ©es. Ils s’abritaient dans des toldos (tentes) faites de peaux, et leur vĂȘtement Ă©tait le quillango, pelisse confectionnĂ©e avec la peau du guanaco, le poil tournĂ© en dedans, qu’ils ornaient de dessins gĂ©omĂ©triques sur sa face extĂ©rieure. Ils assujettissaient leur chevelure avec un bandeau et se chaussaient de mocassins de cuir. Ils avaient aussi coutume de se peindre le visage Ă  certaines occasions.
  • les Ranqueles (rangkĂŒlche, ‘gens des cannes’ ou ‘gens du roseau’) : les Ranquels surgirent de la mapuchisation de groupes apparemment liĂ©s aux Puelches. Au XIXe siĂšcle, en particulier au temps du cacique CalfucurĂĄ, ils jouĂšrent un rĂŽle trĂšs actif dans les guerres et les incursions contre la population argentine de la province de Buenos Aires.
  • les Tehuelches : ils vivaient en Patagonie, au nord du dĂ©troit de Magellan, majoritairement sur l’actuel territoire argentin. Les Mapuches dĂ©signaient tous les Tsoneks, appelĂ©s Patagons par les Espagnols, du nom de Chewelche, « gens vaillants », en raison de la rĂ©sistance qu’ils opposĂšrent Ă  l’expansion mapuche Ă  l’est des Andes. Leur structure socio-politique Ă©tait lignagĂšre, c’est-Ă -dire reposait sur la reconnaissance de lignages, dirigĂ©s chacun par un chef, et s’appuyait sur des chamanes. Leurs croyances religieuses simples postulaient la prĂ©sence dans leur monde d’esprits bienveillants Ă  l’origine de la joie et d’esprits malveillants provoquant dommages et maladies. Ils inhumaient les dĂ©funts, et avec eux leurs possessions, dans des tombes creusĂ©es dans le sol ou dans des cavernes qu’ils couvraient de pierres. Leur Ă©conomie Ă©tait tributaire de la chasse au guanaco et au nandou, pour laquelle ils faisaient usage de leurs fameuses boleadoras, et de la cueillette de tous types de racines et de semences sylvestres. Ils s’habillaient de capes en peau de guanaco serrĂ©es Ă  la taille par un bandeau, et se couvraient les pieds avec une sorte de mocassins de cuir trĂšs Ă©pais.
Certains auteurs classent les Patagons comme ramification mapuche ; d’autres au contraire considĂšrent que les diffĂ©rences culturelles, comme p. ex. celles linguistiques, entre Patagons et Mapuches sont rĂ©dhibitoirement importantes. Il est certain que la relation entre Tehuelches et Araucans en fut une continuellement belliqueuse. Les Tehuelches septentrionaux, infĂ©rieurs en nombre et en tactique de combat, n’eurent d’autre issue, devant l’invasion mapuche de Comahue et de la rĂ©gion pampĂ©enne, que de se replier vers le sud ; les survivants demeurĂ©s sur place seront majoritairement acculturĂ©s.
Vers 1870, les Patagons continuaient Ă  livrer de farouches combats contre les Araucans dans les environs du fleuve rĂ­o Chubut, zone qui restera la limite mĂ©ridionale de l’expansion mapuche. Cette guerre entre Tehuelches (ou Patagons) et Mapuches (ou Araucans) a pu ĂȘtre regardĂ©e comme une sorte de gĂ©nocide perpĂ©trĂ© par les seconds contre les premiers.

Au XXIe siĂšcle, les subdivisions retenues pour les groupes autochtones apparaissent lĂ©gĂšrement diffĂ©rentes. Le point de rĂ©fĂ©rence des dĂ©nominations sera dĂ©sormais toujours l’angle de vue des Mapuches de la IXe RĂ©gion chilienne, plus particuliĂšrement de la province de CautĂ­n :

  • Le terme de Mapuche est Ă  prĂ©sent d’usage gĂ©nĂ©ral, avec des distinctions faites occasionnellement entre les ramifications ethniques. On continue Ă  confondre Mapuche et Araucan, tandis que le mot moluche est tombĂ© en dĂ©suĂ©tude.
  • Il n’existe plus de reprĂ©sentants du peuple picunche, vu qu’ils ont Ă©tĂ© totalement acculturĂ©s pendant l’époque espagnole, constituant aujourd’hui dans une large mesure l’un des substrats originaires de la population de la vallĂ©e centrale du Chili, cependant que les Mapuches continuent d’utiliser ce terme, dans son sens littĂ©ral, pour dĂ©signer une communautĂ© Ă©tablie plus au nord que le locuteur.
  • Dans les provinces chiliennes d’Osorno et de ChiloĂ© est implantĂ© le peuple huilliche. Occasionnellement, les Huilliches de ChiloĂ© prĂ©fĂšrent nommer Veliches aussi bien eux-mĂȘmes que la variante de la langue mapudungun qu’ils utilisaient jusqu’à la fin du XIXe siĂšcle.
  • Dans les provinces chiliennes de Malleco et de CautĂ­n sont utilisĂ©s les noms de Nagche, 'gens d’en bas', pour les habitants de la VallĂ©e centrale et Wenteche, 'gens d’en haut', pour ceux habitant dans la PrĂ©cordillĂšre andine ; ces deux dĂ©nominations ont une signification territoriale plutĂŽt que culturelle.

Territoire historique

Fille du lonco Quilprán en 1868. Photographie parue dans l’Annuaire du Chili en 1900.

Les Mapuches (ou Araucans) n’ont jamais formĂ© un peuple uni, mais se prĂ©sentaient plutĂŽt comme une juxtaposition de tribus parlant une langue commune, le mapudungun. Le concept de nation mapuche ne commença Ă  apparaĂźtre que vers la fin du XIXe siĂšcle, au cours du processus de conquĂȘte des territoires mapuches par le Chili et l’Argentine[70] - [71].

Le territoire revendiquĂ© par les Mapuches est appelĂ© par ceux-ci Mapuche Wallontu Mapu, ou plus simplement Wallmapu ('terre entourante, ceinturante'), et se divise en deux parties, sĂ©parĂ©es par le Pire Mapu (ou cordillĂšre des Andes) : le Ngulu Mapu et le Puel Mapu. Ces deux parties se subdivisent Ă  leur tour en portions de territoire dĂ©nommĂ©es fĂŒtanmapus (ou butanmapus), qui coĂŻncident jusqu’à un certain point avec les butanmapus (confĂ©dĂ©rations militaires) de la guerre d'Arauco.

Territoire du peuple mapuche : Wallmapu

Ngulu Mapu

Le Ngulu Mapu ('terre de l’ouest'), qui fait partie de l’actuel Chili et qu’habitent les Nguluches, s’étend du rĂ­o LimarĂ­[72] au nord jusqu’à l’üle de ChiloĂ© et l’anse de ReloncavĂ­ au sud, et entre l’ocĂ©an Pacifique (ou FĂŒta Lafken) Ă  l’ouest et la cordillĂšre des Andes Ă  l’est.

Le Ngulu Mapu se subdivise en les fĂŒtanmapu suivants[73] :

  • le Pikun Mapu ('terre du nord')[74] : sis entre les fleuves LimarĂ­ et BiobĂ­o, il fut autrefois habitĂ© par les Picunches, ou « gens du nord », peuplade aujourd’hui Ă©teinte, dont les effectifs se situaient entre 110 000 et 220 000 personnes[75] - [76].
  • le Nag Mapu ('terre d’en bas') ou Lelfun Mapu ('terre des plaines')[77] : dĂ©limitĂ©e par les fleuves BiobĂ­o et ToltĂ©n, cette portion de territoire Ă©tait habitĂ©e par les Nagches, « ceux d’en bas », « ceux des plaines » (ces plaines Ă©tant celles de la VallĂ©e centrale), qui Ă©taient au nombre de 227 000 environ en 1545, dont 45 000 guerriers[78]. Ce sont eux qui eurent Ă  supporter la plus grande part de l’effort de guerre contre les EuropĂ©ens, les batailles tendant en effet Ă  se concentrer dans le PurĂ©n et dans la province d'Arauco. Leurs principaux rivaux Ă©taient les Wenteches, avec lesquels Espagnols et criollos les confondaient volontiers[79].
  • le Wente Mapu ('terre des vallĂ©es')[77] : cette zone, situĂ©e sur les hauteurs de la prĂ©cordillĂšre des Andes, dans les provinces de Malleco et de CautĂ­n, Ă  l’est de la cordillĂšre de Nahuelbuta, accueillait les Moluches et les Wenteches, qui Ă©taient environ 227 000 en 1545[78].
  • le Lafken Mapu ('terre maritime')[80] : rĂ©gion sise entre les fleuves BiobĂ­o et ToltĂ©n, dans la province de CautĂ­n, et entre les baies de MehuĂ­n et de Corral, dans la province de Valdivia. Elle Ă©tait peuplĂ©e par les Lafkenche ou « gens de la mer », Ă©tablis dans la rĂ©gion cĂŽtiĂšre Ă  l’ouest de la cordillĂšre de Nahuelbuta. Ils pourraient avoir comptĂ© jusqu’à 500 000 habitants, si l’on en croit les sources espagnoles faisant Ă©tat d’armĂ©es mapuches cĂŽtiĂšres de 100 000 guerriers.
  • le Inapire Mapu ('terre confinant aux neiges') ou Wichan Mapu ('terre des mornes') : zone de la prĂ©cordillĂšre entre les fleuves Biobio et ToltĂ©n, peuplĂ©e par quelque 227 000 individus en 1545.
  • le Pewen Mapu ('terre des araucarias') ou Pire Mapu ('terre des neiges')[81] : sis dans le haut BiobĂ­o et, en Argentine, dans le sud de la province de Mendoza et le nord de celle de NeuquĂ©n, ce territoire Ă©tait habitĂ© par les Pehuenches ou gens du PehuĂ©n. Ils Ă©taient au nombre de 40 000 personnes[82].
  • le Willi Mapu ('terre du sud')[83] : habitĂ© par les Huilliches ou « gens du sud », entre le fleuve ToltĂ©n, l’anse de Reloncavi et ChiloĂ©. Sa population est estimĂ©e Ă  180 000 autochtones en 1535.
  • le Futa Willi Mapu ('grand territoire du sud') ou Chawra kawin ('ensemble de la chaura')[84] : la rĂ©gion au sud du fleuve RĂ­o Bueno. Quelques historiens incluent dans l’ethnie mapuche les Cuncos, pour la raison qu’ils parlaient mapuzungun. Il s’agit ici de 100 000 personnes encore[85].
Distribution des populations pré-hispaniques au Chili (carte pivotée de 90° ; le nord est à droite).

Puel Mapu

Le Puel Mapu ('terre de l’Est'), qui fait partie de l’actuelle Argentine et Ă©tait habitĂ© par les Puelches (au sens gĂ©ographique, non historique), s’étend entre les riviĂšres Cuarto et Diamante au nord, et les fleuves Limay et Negro au sud, et entre la cordillĂšre des Andes Ă  l’ouest et le fleuve rĂ­o Salado de Buenos Aires (ou, vers 1750, la ligne des fortins et villages de San NicolĂĄs de los Arroyos, San Antonio de Areco, LujĂĄn et Merlo) et l’ocĂ©an Atlantique (Ka FĂŒta Lafken) Ă  l’est.

Le Puel Mapu se compose des butanmapus suivants :

  • le MamĂŒll Mapu ('terre des mornes')[86] : habitĂ©e par les Mamulches ou gens des bosquets de mesquites et des algarrobos, cette zone correspond Ă  la partie sud-ouest de l’actuelle province de CĂłrdoba, Ă  la partie sud-est de celle de San Luis et Ă  la partie centrale et centre-nord-ouest de celle de La Pampa. Ses habitants se mĂ©langĂšrent aux Ranquels au dĂ©but du XIXe siĂšcle, sous l’autoritĂ© de CarripilĂșn.
  • le RangkĂŒl Mapu ('terre des roseliĂšres') : rĂ©gion peuplĂ©e par les Ranquels, « gens des roseliĂšres », qui cĂŽtoyaient les Mamulches Ă  l’est. DĂšs le dĂ©but du XIXe siĂšcle, ils absorbĂšrent les Mamulches, les Chadiches et d’autres peuples, et leur territoire s’était ainsi agrandi jusqu’à couvrir l’ouest de la province de Buenos Aires, le sud de la province de Santa Fe, le sud de la province de CĂłrdoba, le sud de la province de San Luis, le sud-est de la province de Mendoza, la totalitĂ© de la province de La Pampa, et le nord de la province de RĂ­o Negro[87].
  • le Chadi Mapu ('terre des lacs salĂ©s') : rĂ©gion situĂ©e autour du lac Urre Lauquen, dans la zone de dĂ©pression dans le sud de la province de La Pampa, et peuplĂ©e par les gens de la terre du sel ou sauniers, appelĂ©s Ă©galement Chadiches, qui se laissĂšrent absorber par les autres peuplades mapuches.
  • le Puel Willi Mapu ('terre du sud-est')[88] : habitĂ©e par les gens du sud-est, les pommiers ou Puelches, cette zone correspond aux territoires de l’ouest du Chubut et du sud du RĂ­o Negro et vit se mĂ©langer les peuples mapuche, pehuenche et Tehuelche.

Ces diffĂ©rentes peuplades autochtones Ă©tablies dans les pampas et parlant mapudungun totalisaient jusqu’à 150 000 personnes avant leur soumission par les troupes argentines[89].

  • le Boroa ('lieu aux ossements') : ses habitants, qui s’étaient dĂ©placĂ©s aux alentours de 1820 de l’Araucanie vers les pampas, Ă©taient environ 40 000.

Histoire

Origine

L’origine des Mapuches n’a pu ĂȘtre Ă©tablie avec certitude. La thĂ©orie la plus couramment admise, dite autochtoniste, postule une apparition autonome de la culture mapuche au Chili, sans exclure des Ă©changes ultĂ©rieurs avec les peuples environnants, y compris avec la sphĂšre incaĂŻque. En effet, vers le Ve siĂšcle existaient dĂ©jĂ  dans la DĂ©pression intermĂ©diaire de l’actuel Chili des foyers de civilisation dont on peut suivre le cheminement jusqu’à l’époque moderne, et qui ont pu ĂȘtre les ancĂȘtres de la culture mapuche ; ont ainsi Ă©tĂ© Ă©voquĂ©s, comme possibles prĂ©dĂ©cesseurs des Mapuches, les groupes Ă  l’origine des cultures bato, El Vergel, llolleo, pitrĂ©n et — hypothĂšse rĂ©cente (2007) — molle. Des thĂ©ories plus anciennes tendant Ă  situer l’origine des Mapuches dans la Pampa, dans la zone pĂ©ruvienne, en Amazonie, voire en AmĂ©rique centrale, ont Ă©tĂ© Ă©cartĂ©es, faute d’élĂ©ments archĂ©ologiques, ethnologiques, linguistiques et gĂ©nĂ©tiques pour les appuyer.

HypothĂšses anciennes

Plusieurs thĂ©ories concernant l’origine des Mapuches ont eu cours anciennement, dont les trois plus connues, toutes actuellement trĂšs contestĂ©es cependant, sont les suivantes :

  • l'hypothĂšse de l’archĂ©ologue autrichien Osvaldo Menghin, qui proposa en 1909 que les Mapuches seraient originaires de l’Amazonie et qu’ils auraient Ă©migrĂ© vers l’Araucanie, en traversant le centre de l’actuelle Argentine pour ensuite franchir la cordillĂšre des Andes. Menghin s’appuyait sur la similitude entre les traits de la civilisation mapuche et ceux d’un sous-groupe ethnique de l’Amazonie.
  • la thĂ©orie de l’archĂ©ologue, ethnologue et folkloriste anglo-chilien Ricardo Latcham Cartwright, laquelle postule que des mouvements migratoires auraient conduit les Mapuches Ă  quitter la Pampa argentine et Ă  venir s’établir, en empruntant les cols andins, sur l’actuel territoire chilien, entre les fleuves BiobĂ­o et ToltĂ©n[90] - [91]. Cette mĂȘme thĂšse affirmait que ce faisant les Mapuches, peuple guerrier semi-nomade, s’étaient enfoncĂ©s comme un coin entre les Picunches et les Huilliches, peuplades au contraire pacifiques et sĂ©dentaires, et jusque-lĂ  unis culturellement et territorialement. Selon le mĂȘme auteur, il y aurait eu deux foyers de peuplement : un premier de pĂȘcheurs et rabouilleurs installĂ©s le long de la ligne cĂŽtiĂšre, qui aurait Ă©voluĂ© vers une culture de chasseurs-cueilleurs, et un second, au premier peuplement duquel se serait joint une peuplade venue du nord, beaucoup plus civilisĂ©e et maĂźtrisant bien le travail agricole et l’élevage, en plus du tissage et de la poterie. Au grĂ© des migrations successives, ces groupes se seraient dĂ©placĂ©s vers le sud de l’AmĂ©rique et auraient dominĂ© les communautĂ©s primitives du Chili en leur imposant leurs coutumes, leur religion et leur langue, le mapudungun, encore qu’il y ait des auteurs pour admettre que les envahisseurs aient adoptĂ© la langue et une partie de la culture de leurs voisins. Plus tard, l’hypothĂšse de Latcham fut soutenue par l’historien Francisco Antonio Encina, ce qui la popularisera, car elle passa du coup dans les livres d’histoire des Ă©coles chiliennes.
  • la thĂšse de TomĂĄs Guevara, formulĂ©e en 1925, postulant un dĂ©placement du nord vers le sud de groupes de pĂȘcheurs et rabouilleurs ayant des affinitĂ©s avec la culture Tiahuanaco (implantĂ©e sur l’actuel territoire bolivien). Les diffĂ©rences culturelles entre les groupes mapuches du nord, du centre et du sud s’expliqueraient par le contact avec des peuples Ă©trangers envahisseurs, en l’espĂšce les Incas au XVe siĂšcle et les Espagnols au XVIe siĂšcle. L’universitaire argentin Roberto Edelmiro Porcel s’est ralliĂ© Ă  l’hypothĂšse d’une « origine pĂ©ruvienne » des Mapuches, les caractĂ©risant comme des Aymaras qui se seraient dĂ©placĂ©s vers le sud du Chili Ă  la suite des guerres opposant l’Anti Suyu et le Kunti Suyu (deux des quatre subdivisions de l’Empire inca)[92].

La thĂšse de Latcham saura s’imposer jusqu’à la seconde moitiĂ© du XXe siĂšcle, bien qu’il n’y eĂ»t pour la soutenir aucun Ă©lĂ©ment de preuve ni archĂ©ologique, ni ethnographique, ni linguistique solide. À l’heure actuelle, il existe un certain consensus en faveur de la thĂ©orie dite « autochtoniste », qui tient que l’origine mapuche doit ĂȘtre cherchĂ©e dans l’actuel territoire chilien lui-mĂȘme.

Données archéologiques

Sur le territoire historique des Mapuches au Chili ont existé autrefois plusieurs cultures anciennes attestées archéologiquement :

  • le complexe archĂ©ologique d’El Vergel, dont la date est Ă  situer entre les XIIe et XVIe siĂšcles, possĂšde des caractĂ©ristiques propres aux cultures de la pĂ©riode agrocĂ©ramique tardive du Chili. Compte tenu de la proximitĂ© chronologique avec la premiĂšre apparition de Mapuches documentĂ©e historiquement et de la coĂŻncidence gĂ©ographique, il apparaĂźt quasi certain que le complexe d’El Vergel doit, dĂšs ses origines, ĂȘtre attribuĂ© Ă  des hommes de langue mapudungun. Cette culture a un prĂ©dĂ©cesseur plus ancien encore, Ă  savoir :
  • la culture Aconcagua qui, remontant Ă  une pĂ©riode entre les Xe et XVIe siĂšcles, Ă©tait une civilisation nĂ©olithique tardive[93] (Ă  ranger plus spĂ©cifiquement dans la pĂ©riode agrocĂ©ramique intermĂ©diaire tardive du Chili[94]) et occupait au moment de l’arrivĂ©e des Espagnols la rĂ©gion comprise entre les fleuves Aconcagua au nord, plus particuliĂšrement l’étendue appelĂ©e vallĂ©e de l'Aconcagua, et Cachapoal au sud[95] - [96]. Cette culture avait Ă©tĂ© Ă  son tour prĂ©cĂ©dĂ©e par :
  • la culture PitrĂ©n, qui se manifesta Ă  partir du VIIe siĂšcle, et par lĂ  appartient Ă  la pĂ©riode agrocĂ©ramique prĂ©coce du Chili. Les communautĂ©s classĂ©es sous cet intitulĂ© Ă©taient implantĂ©es entre le BĂ­o BĂ­o et le lac Llanquihue, dans l’actuelle rĂ©gion des Lacs[97].
Données ethnographiques et linguistiques

Les Mapuches historiques n’étaient parfaitement homogĂšnes ni culturellement ni linguistiquement, quelques diffĂ©rences mineures se manifestant en effet parmi eux. Les Mapuches au sens large Ă©taient liĂ©s aux dĂ©nommĂ©s Huilliches (groupes mĂ©ridionaux) et Picunches (groupes septentrionaux), cependant que, ethnologiquement, le peuple mapuche se subdivise en plusieurs sous-groupes, lesquels, pour rappel, s’énumĂšrent comme suit :

  • Picunches :
  • Mapuches (au sens propre) ou Araucans :
  • groupes araucanisĂ©s (Chili oriental et Argentine) :
  • Huiliches :
    • Cuncos, sous-groupe mapuchisĂ©.

La langue des Mapuches, le mapudungun (avec sa variĂ©tĂ© mĂ©ridionale appelĂ©e chesungun) constitue un isolat, c’est-Ă -dire qu’il n’y a pas de parentĂ© prouvĂ©e avec d’autres langues, ni dans la rĂ©gion mĂȘme, ni en dehors d’elle. Un certain nombre de propositions ont pu ĂȘtre faites sur de possibles apparentements, en particulier avec le gĂŒnĂŒna yajich ou avec les langues chon, toutefois ces propositions ne rĂ©sistent pas Ă  un examen critique, et aucune parentĂ© avec les langues circonvoisines n’a finalement pu ĂȘtre retenue. D’autres propositions d’apparentement, qui n’ont jamais Ă©tĂ© que mĂ©diocrement acceptĂ©es et ont Ă©tĂ© depuis lors complĂštement Ă©cartĂ©es, comprennent celles formulĂ©es par Louisa Stark et Eric Hamp au dĂ©but des annĂ©es 1970, en l’espĂšce avec des langues de MĂ©soamĂ©rique, ou celle, Ă©galement abandonnĂ©e, qui considĂšre le mapudungun comme appartenant au groupe des langues yungas. Le linguiste amĂ©ricain Lyle Campbell, qui a analysĂ© ces hypothĂšses, a apportĂ© des Ă©lĂ©ments pĂ©remptoires propres Ă  devoir les rejeter. Plus rĂ©cemment (1978), Mary R. Key a mis en avant un possible lien de parentĂ© avec d’autres langues du Chili mĂ©ridional, notamment le kawĂ©sqar et le yagan (en outre, les thĂšses de Key mettent ces idiomes en relation avec des langues de Bolivie et du PĂ©rou, thĂšses qui ne reçurent pas davantage l’adhĂ©sion des spĂ©cialistes). Joseph Greenberg reprendra sans grand succĂšs quelques-unes des conjectures antĂ©rieures en postulant un groupe andin dans lequel il a classĂ© le mapuche aux cĂŽtĂ©s de quelques-uns des groupes mentionnĂ©s ci-dessus. À l’heure actuelle, la plupart des spĂ©cialistes considĂšrent que le mapudungun n’est apparentĂ© Ă  aucune autre langue connue, ce qui tend Ă  appuyer la thĂšse d’une ethnogenĂšse distincte du reste des peuples amĂ©rindiens d’AmĂ©rique du Sud.

Données génétiques

Les populations autochtones andines et chiliennes prĂ©sentent, par rapport Ă  celles de la partie orientale de l’AmĂ©rique du Sud, une surreprĂ©sentation de certains allĂšles peu frĂ©quents. Ce phĂ©nomĂšne, qui se produit quand la population d’une rĂ©gion est en augmentation constante, s’accorde avec le fait que la rĂ©gion andine avait les plus fortes densitĂ©s de population depuis l’apparition de sociĂ©tĂ©s agricoles complexes vers 4000 av. J.-C., tandis que les populations du reste du continent Ă©taient plus fragmentĂ©es et avaient en gĂ©nĂ©ral un niveau plus faible de dĂ©veloppement socio-Ă©conomique et dĂ©mographique[98].

Les donnĂ©es archĂ©ologiques et gĂ©nĂ©tiques suggĂšrent que les populations humaines ont pĂ©nĂ©trĂ© en AmĂ©rique du Sud pendant le plĂ©istocĂšne. En outre, les donnĂ©es sur la diffusion gĂ©nĂ©tique laissent supposer que la rĂ©gion andine devait, depuis des temps trĂšs reculĂ©s, ĂȘtre la plus peuplĂ©e, ce que suggĂšrent Ă©galement les donnĂ©es archĂ©ologiques[98]. D’autre part, ces donnĂ©es indiquent que les populations mapuches, de mĂȘme que celles du sud du Chili, ont avec les populations autochtones des rĂ©gions hautes du PĂ©rou une plus grande proximitĂ© que, p. ex. les autochtones des zones basses de Bolivie ou de l’Amazonie.

Aires de prĂ©dominance du haplogroupe B (en vert) chez les populations natives d’AmĂ©rique et d’ExtrĂȘme-Orient.

Des donnĂ©es complĂ©mentaires ont montrĂ© que les Mapuches et les Yaghan ne prĂ©sentent presque jamais l’haplogroupe A (ADNmt), et ne prĂ©sentent l’haplogroupe B (ADNmt) que rarement, alors que chez les Pehuenches au contraire ces haplotypes sont trĂšs prĂ©sents. Cela tend Ă  prouver que les Pehuenches ont une origine en partie diffĂ©rente des Mapuches[99], ce qui s’accorde avec la thĂšse que les Pehuenches constituent au moins partiellement un groupe araucanisĂ©. Cependant, mĂȘme ainsi, Pehuenches et Mapuches prĂ©sentent entre eux, pour le reste des haplogroupes identifiĂ©s, une dissimilitude moindre qu’avec les populations du Chili mĂ©ridional.

Théorie autochtoniste

Aucune des anciennes hypothĂšses n’apparaissant concluante ni dĂ©montrĂ©e, de nombreuses Ă©tudes archĂ©ologiques ont ensuite Ă©tĂ© menĂ©es, qui ont permis d’achever d’invalider les thĂšses situant l’origine des Mapuches dans les pampas, dans le Chaco ou en Amazonie[100]. Comme exemple de ces Ă©tudes archĂ©ologiques sont Ă  mentionner en particulier les fouilles de l’anthropologue amĂ©ricain Tom Dillehay, qui mit au jour de nouveaux gisements archĂ©ologiques, comprenant notamment de grands tumulus de terre nommĂ©s cuel (ou kwel)[101].

Les recherches archĂ©ologiques de Grete Mostny et de Carlos Aldunate Solar ont apportĂ© la confirmation que dans l’unitĂ© culturelle mapuche prĂ©coce aucun Ă©lĂ©ment pampĂ©en n’est dĂ©tectable, Ă  l’opposĂ© de ce qui avait Ă©tĂ© anciennement postulĂ© par Latcham. Aussi d’autres hypothĂšses nouvelles sur l’origine de l’ethnie mapuche ont-elles Ă©tĂ© formulĂ©es, portant que l’actuel territoire chilien aurait Ă©tĂ© habitĂ©, avant l’avĂšnement de la culture mapuche, par des groupes de cueilleurs qui, sans avoir de lieu de rĂ©sidence fixe, occupaient certaines zones de façon stable et vivaient de la chasse au guanaco et Ă  l’huemul, en plus de collecter des mollusques, des fruits et des graines. Il fut postulĂ© que ces groupes Ă©taient le socle du peuplement mapuche, et que l’un de ces groupes prit le dessus sur le reste et sut imposer sa langue et ses croyances. Cependant, l’on n’est pas en mesure encore d’indiquer avec prĂ©cision comment cette ethnie s’est constituĂ©e, les Ă©lĂ©ments de preuve disponibles permettant de prĂ©ciser seulement qu’aux environs des annĂ©es 500 et 600 avant. J.-C., il existait une culture que l’on peut avec certitude suivre dans le temps jusqu’aux Mapuches des siĂšcles ultĂ©rieurs.

Selon l’anthropologue et historien JosĂ© Bengoa, « les Mapuches, comme tous les peuples originaires, furent les premiers Ă  nommer les paysages du Chili », ajoutant plus loin que « les anciens Mapuches, d’aprĂšs toutes les nouvelles thĂ©ories, seraient originaires du territoire chilien mĂȘme. Il s’agirait de groupes anciens, qui Ă©voluĂšrent et changĂšrent. Il est probable qu’ils Ă©tablirent aussi des contacts avec d’autres peuples du nord. La sĂ©quence des trouvailles archĂ©ologiques rĂ©centes est claire. Il existerait un lien, p. ex. en matiĂšre de cĂ©ramique, entre les groupes potiers du petit nord, du centre du Chile et du sud mapuche ». L’auteur explicite ce qui prĂ©cĂšde en signalant que « nous pourrions dire en simplifiant que les cultures apprenaient les unes des autres, du nord au sud, pendant de longs siĂšcles. Les enterrements, les jarres, les Ă©toffes et les autres signaux culturels trouvĂ©s par les spĂ©cialistes montrent que dĂšs le VIIe siĂšcle, la culture Mapuche est de plus en plus constituĂ©e »[102].

En mai 2007, le chercheur Patricio Bustamante prĂ©senta une nouvelle hypothĂšse, dans laquelle il conjecturait que la culture molle (prononcer molyĂ©), Ă©tablie dans le nord du Chili, prĂšs de l’actuelle ville de La Serena, pourrait avoir Ă©tĂ© la culture mapuche archaĂŻque. Cette hypothĂšse s’appuie sur la considĂ©ration que la culture molle se dĂ©veloppa entre l’an 1 et l’an 800 de notre Ăšre et que les Mapuches apparurent en tant que culture distincte vers le VIIe siĂšcle. Ces dates peuvent induire Ă  croire erronĂ©ment qu’à partir de cette date « disparut » la culture molle et que « naquit » de maniĂšre indĂ©pendante la culture mapuche. Une explication qui apparaĂźt raisonnable pose que la culture molle muta vers la fin de la pĂ©riode, se transformant au point de paraĂźtre une culture totalement diffĂ©rente. Cela peut s’expliquer par des migrations qui les conduisirent Ă  prendre possession d’espaces gĂ©ographiques situĂ©s plus au sud, prĂ©sentant un environnement climatique caractĂ©risĂ© par la prĂ©dominance de pluies et une abondance de bois. Sur la base d’un ensemble de preuves circonstancielles disponibles actuellement (an 2000) — toponymie, pĂ©troglyphes qui pourraient reprĂ©senter des lĂ©gendes mapuches, absence de toponymes dans une langue inconnue et attribuables Ă  la culture molle, le fait que toutes deux soient des cultures riveraines avec adoration de l’esprit des montagnes, et autres Ă©lĂ©ments —, il est permis de supposer que ce que nous dĂ©signons par culture molle pourrait ĂȘtre la culture mapuche archaĂŻque[103].

Expansion inca

Affrontement entre un groupe d’autochtones de l’actuel Chile (à gauche) et les troupes du capitaine Apu Camac Inca (illustration de Guamán Poma de Ayala).

Les Mapuches eurent Ă  affronter l’expansion de l’Empire inca ou Tawantisuyo, dont la poussĂ©e se fit sentir Ă  partir du XVe siĂšcle, avec l’extension vers le sud de la rĂ©gion mĂ©ridionale de Collasuyo, l’une des quatre rĂ©gions ou rumbos en lesquelles Ă©tait divisĂ© l’Empire inca.

Sous le rĂšgne de TĂșpac Inca Yupanqui, une expĂ©dition de conquĂȘte fut organisĂ©e qui traversa d’abord le Collao, Cochabamba et TucumĂĄn, puis, depuis Charcas, fit mouvement vers le sud et soumit les diaguitas des vallĂ©es transversales et une partie des populations picunches que habitaient la VallĂ©e du Chili (l’actuelle vallĂ©e de l'Aconcagua) et quelques zones situĂ©es au sud de celle-ci. Ainsi fut fixĂ©e la limite sud de l’Empire inca, que les historiens et archĂ©ologues font conventionnellement coĂŻncider avec le RĂ­o Maule.

L’Espagnol Alonso de Ercilla, en son poĂšme Ă©pique La Araucana de 1569[104], l’Inca Garcilaso de la Vega, dans son ouvrage Comentarios reales de los incas de 1609[105], et les chroniqueurs JerĂłnimo de Vivar (CrĂłnica y relaciĂłn copiosa y verdadera de los Reinos de Chile, de 1558)[106], Miguel de OlaverrĂ­a (Informe de Miguel de Olaverria sobre el Reyno de Chile, sus Indios y sus guerras, 1594)[107] et Vicente Carvallo y Goyeneche (DescripciĂłn histĂłrico geografĂ­a del Reino de Chile, de 1796)[108] ont relatĂ© la campagne militaire inca menĂ©e en direction du fleuve Maule et la confrontation du corps expĂ©ditionnaire avec les Promaucaes du sud.

Les Incas appelaient Promaucaes ou Purumaucas ou encore purum aucca ces populations non encore assujetties Ă  leur empire. Ils commencĂšrent par mettre sous leur tutelle quelques peuples de la VallĂ©e du Chili, qui durent dorĂ©navant leur payer tribut. La guerre Ă  laquelle donna lieu cette campagne dans le sud opposa, au sud du fleuve Maule, 20 000 Incas de Yupanqui et un nombre Ă  peu prĂšs Ă©gal de Mapuches. La tribu des Picunches, nommĂ©e Promaucaes par les Espagnols, ayant eu connaissance de la venue des Incas, conclut une alliance avec les Antallis, les Cauquis et les Pincus.

Les Incas envoyĂšrent des Ă©missaires pour parlementer et amener les Promaucaes Ă  reconnaĂźtre TĂșpac Inca Yupanqui comme souverain. Les Promaucaes cependant prĂ©fĂ©rĂšrent livrer bataille et affronteront les Incas trois jours durant, Ă©vĂ©nement connu sous le nom de bataille du Maule[109]. La bataille provoqua un grand nombre de morts dans chaque camp, sans que l’une des deux armĂ©es n’en sortĂźt victorieuse. Le quatriĂšme jour, il fut dĂ©cidĂ© de ne pas s’affronter. Les Promaucaes se retirĂšrent du champ de bataille en chantant victoire. Les Incas, qui avaient d’abord envisagĂ© de prolonger les opĂ©rations et de poursuivre leurs adversaires, afin d’assurer les conquĂȘtes rĂ©alisĂ©es jusque-lĂ , rĂ©solurent finalement de ne pas pousser davantage leur avance, mais de se borner Ă  fortifier leurs positions et Ă  administrer les territoires dĂ©jĂ  conquis par eux plus au nord, oĂč les nouveaux peuples vassalisĂ©s acceptĂšrent de bonne grĂące la tutelle incaĂŻque et sauront en retirer des bĂ©nĂ©fices.

Quoique les recherches archĂ©ologiques n’aient pas apportĂ© les preuves d’une prĂ©sence inca au sud du fleuve Maule, il existe nĂ©anmoins quelques chroniques espagnoles indiquant que lors de cette expansion ou lors d’une autre ultĂ©rieure se serait produite une hypothĂ©tique derniĂšre expansion ou invasion, plus avant encore dans le sud, jusqu’au fleuve BiobĂ­o, accomplie par des troupes incas sous le rĂšgne de TĂșpac Inca Yupanqui ou d’Huayna CĂĄpac. Lesdites chroniques sont, d’une part, le rapport de Miguel de OlaverrĂ­a, qui dĂ©clare Ă  la page 24 :

« Les PĂ©ruviens conquirent et assujettirent tous les Indiens qu’il y avait jusqu’au grand fleuve BiobĂ­o ; qu’ils sont arrivĂ©s jusqu’audit fleuve se voit aujourd’hui aux forts qu’ils construisirent sur la montagne du rĂ­o Claro, oĂč ils Ă©tablirent la frontiĂšre et la partagĂšrent avec les Indiens de l’État (d’Arauco), avec lesquelles ils eurent de nombreuses batailles. »

et, d’autre part, dans la chronique du pĂšre Anello Oliva, contenue dans son Historia del PerĂș (publiĂ©e dans une traduction française) :

« (
) qu'il soumit jusqu’à la vallĂ©e d’Arauco, oĂč il passa l’hiver, aprĂšs y avoir fait construire quelques forts. Il soumit ensuite les provinces de Chillhue et de Chillcaras. »

NĂ©anmoins, les historiens soulignent que les conquĂȘtes des Incas au-delĂ  du rĂ­o Maule n’existent dans leur ensemble que par les Ă©crits de chroniqueurs habituĂ©s Ă  rĂ©diger leurs chroniques avec peu de discernement et qui ne concordent que mĂ©diocrement entre eux[110].

Les chroniques mentionnent encore que dans la dĂ©cennie 1520, les deux fils de l’Inca Huayna CĂĄpac, HuĂĄscar et Atahualpa, se disputĂšrent l’Empire dans une guerre civile acharnĂ©e, laquelle contribuera Ă  affaiblir l’armĂ©e inca sur le territoire mapuche, les contraignant Ă  abandonner leurs positions et Ă  se replier plus au nord pour dĂ©fendre dans des conditions mieux assurĂ©es le reste du territoire conquis peu avant.

ArrivĂ©e des EuropĂ©ens et guerre d’Arauco

Gravure représentant la statue de Caupolicån, sculptée par Nicanor Plaza.

Quelques dĂ©cennies plus tard, les conquistadors espagnols, aprĂšs avoir terrassĂ© l’Empire inca, tentĂšrent Ă  leur tour de soumettre les Araucans, dont les effectifs de population Ă©taient estimĂ©s Ă  environ un million de personnes[111]. La rĂ©sistance des Mapuches donna lieu Ă  un conflit prolongĂ©, la guerre dite d’Arauco. L’action de figures telles que Lautaro (Ă©minent commandant militaire mapuche, qui, enfant encore, avait Ă©tĂ© fait prisonnier par les Espagnols, et servit comme page auprĂšs de Pedro de Valdivia) et plus tard le soulĂšvement de Pelantaro dans la dĂ©cennie 1590, aboutirent Ă  ce que la frontiĂšre militaire entre Espagnols et Mapuches fut fixĂ©e au fleuve BiobĂ­o. La bataille de Curalaba de 1598, oĂč le gouverneur MartĂ­n Óñez de Loyola perdit la vie, scella la dĂ©faite des troupes espagnoles en territoire mapuche.

Au cours de cette premiĂšre phase de la domination espagnole (seconde moitiĂ© du XVIe siĂšcle et premiĂšre moitiĂ© du XVIIe), la population autochtone vivant sur le territoire de l’actuel Chili (estimĂ©e Ă  un million de personnes environ)[112] se verra fortement diminuĂ©e, principalement par les maladies apportĂ©es par les EuropĂ©ens et contre lesquelles les AmĂ©rindiens n’étaient pas immunisĂ©s, dont en particulier le typhus (1554-1557), qui emporta 300 000 vies humaines, et la variole (1561-1563), de laquelle pĂ©rirent 100 000 AmĂ©rindiens encore[113]. Il est trĂšs probable qu’au moment de la bataille de Curalaba au Chili, il n’y eĂ»t plus guĂšre que 200 000 autochtones[114].

Le poĂšme Ă©pique Arauco Domado (littĂ©r. Araucanie domptĂ©e) de l’écrivain chilien Pedro de Oña, ainsi que l’Ɠuvre thĂ©Ăątrale homonyme de Lope de Vega, racontent sous l’angle espagnol une partie de la guerre contre le peuple mapuche. De mĂȘme, l’épopĂ©e La Araucana (1569, 1578 et 1589) du conquistador espagnol Alonso de Ercilla, dĂ©diĂ©e au roi Philippe II d’Espagne, met en lumiĂšre la rĂ©sistance dont fit preuve le peuple araucan. Dans cette Ɠuvre, Ercilla Ă©voque les Mapuches sous le nom d’Araucans, les prĂ©sentant comme le produit du Chili.

Espagnol Français

en la regiĂłn AntĂĄrtica famosa,
de remotas naciones respetada
por fuerte, principal y poderosa;
la gente que produce es tan granada,
tan soberbia, gallarda y belicosa,
que no ha sido por rey jamĂĄs regida
ni a extranjero dominio sometida.
Chile, fértil provincia y señalada

dans la région Antarctique fameuse,
respectée des nations lointaines
car forte, principale et puissante ;
les gens qu’elle produit sont si distinguĂ©s,
si altiers, gaillards et belliqueux,
qu’ils n’ont jamais Ă©tĂ© par nul roi rĂ©gis
ni Ă  tutelle Ă©trangĂšre soumis.
Chili, province fertile et Ă©minente

La Araucana, Alonso de Ercilla (1569)[115]

Le jeune Lautaro, tableau de Pedro Subercaseaux, montrant le gĂ©nie militaire du personnage et l’habiletĂ© de ses compatriotes.
Jesuites martyrisĂ©s par les Mapuches en 1612 au Chili. Gravure tirĂ©e de l’HistĂłrica RelaciĂłn del Reino de Chile d’Alonso de Ovalle.

De fait, l’Araucanie ne sera jamais conquise par aucun Espagnol. Les historiens ont bien documentĂ© que les groupes mapuches Ă©tablis entre les fleuves BiobĂ­o et ToltĂ©n rĂ©ussirent Ă  rĂ©sister aux conquistadors espagnols tout au long de la dĂ©nommĂ©e guerre d’Arauco, succession de batailles et d’évĂ©nements qui s’étala sur quelque 300 ans, entrecoupĂ©e de longues pĂ©riodes de trĂȘve. Pedro Ordóñez de Ceballos (vers 1555-1634), dans son Viaje del Mundo, affirme que « les Pijaos, Taironas et Araucans sont les trois nations dont les gens sont les plus valeureux des Indes
 ».

Dans les siĂšcles suivants, les Espagnols seront hĂ©sitants Ă  pĂ©nĂ©trer en territoire mapuche. Pendant un temps, ils le tenteront par le biais de missions religieuses (pacifiques) dirigĂ©es par le pĂšre Luis de Valdivia, lors de ce qui sera appelĂ© la Guerre dĂ©fensive, qui du reste ne donna pas de rĂ©sultats, et qui cĂ©da le pas aux dĂ©nommĂ©s parlements, rencontres lors desquelles les deux camps Ă©changeaient des prĂ©sents et signaient des pactes qu’ils juraient de respecter. Ainsi fut-il convenu, lors du parlement de QuillĂ­n en 1641, de mettre un terme Ă  la guerre et de fixer la frontiĂšre au fleuve BiobĂ­o[116] ; les Mapuches s’engagĂšrent Ă  libĂ©rer leurs captifs et Ă  faire front contre les ennemis de la Couronne. Il y eut par la suite d’autres parlements encore, qui se tinrent avec l’approbation du roi d'Espagne et pendant lesquels sera rĂ©itĂ©rĂ©e la reconnaissance par l’Espagne de l’indĂ©pendance des Mapuches vis-Ă -vis de la Couronne espagnole, les parties en cause s’engageant Ă  renoncer aux actions belliqueuses. Il s’ensuivit une pĂ©riode de paix relative (abstraction faite de petites « protestations » en diffĂ©rents endroits du pays), qui permit Ă  la population mapuche de se rĂ©tablir et d’atteindre les 150 000 Ă  200 000 individus vers la fin du XVIIIe siĂšcle[117]. Peu aprĂšs commencĂšrent des migrations massives vers la Pampa[118].

AprĂšs l’indĂ©pendance du Chili, ces traitĂ©s entre Mapuches et Espagnols furent reconnus par le gouvernement rĂ©publicain du Directeur suprĂȘme RamĂłn Freire, sur les bords du ruisseau Tapihue, le 7 janvier 1825, lors du parlement gĂ©nĂ©ral de Tapihue. Dans les articles 18 et 19 du pacte conclu Ă  cette occasion, la souverainetĂ© mapuche Ă©tait reconnue sur les territoires sis au sud du BiobĂ­o.

L’anthropologue amĂ©ricain Tom Dillehay — celui qui dĂ©couvrit Ă  Monte Verde l’établissement humain le plus ancien d’AmĂ©rique — publia un ouvrage en 2007, dans lequel il explique pourquoi les Mapuches Ă©taient, Ă  l’arrivĂ©e des Espagnols, une sociĂ©tĂ© plus dĂ©veloppĂ©e que ce que l’on avait cru jusque-lĂ [119].

Expansion vers l’est

La prĂ©sence, de date plus rĂ©cente, des Mapuches dans l’actuelle Argentine est due en partie Ă  la pression exercĂ©e par les Espagnols, et en partie Ă  un long processus de migration Ă  travers les cols de la cordillĂšre des Andes, processus assorti d’une transmission culturelle, par lequel les Mapuches se propagĂšrent entre les XVIIe et XIXe siĂšcles dans les territoires situĂ©s Ă  l’est des Andes[120], nommĂ©ment dans le Comahue (englobant une grande partie de la rĂ©gion pampĂ©enne et la portion nord de la Patagonie orientale), c’est-Ă -dire dans des terres jusque-lĂ  habitĂ©es par plusieurs peuples aux cultures et aux langues trĂšs diffĂ©rentes. La consĂ©quence de ces mouvements de population sera l’araucanisation, violente ou pacifique, des Tehuelches du nord et des anciens Pehuenches.

DĂšs avant le milieu du XVIIIe siĂšcle, il y eut une importante activitĂ© commerciale et d’échange de produits entre les habitants des plaines pampĂ©ennes et des montagnes de l’actuelle province de Buenos Aires, les habitants de la Patagonie septentrionale, et ceux des deux versants de la cordillĂšre des Andes, notamment par le biais de deux foires trĂšs importantes qui se tenaient dans la chaĂźne du CayrĂș et Ă  ChapaleofĂș. Dans ces foires, appelĂ©es « foires des ponchos » par les jĂ©suites de l’époque qui en firent mention (comme Thomas Falkner), diffĂ©rents types de produits s’échangeaient, allant de productions agricoles jusqu’à des piĂšces d’habillement telles que des ponchos. Le CayrĂș se trouvait dans la partie la plus occidentale du SystĂšme de Tandilia (sur le territoire de l’actuel partido d’OlavarrĂ­a), tandis que ChapaleofĂș fait rĂ©fĂ©rence aux abords du ruisseau homonyme, dans l’actuel partido de Tandil[64], ces lieux se situant tous deux dans l’intĂ©rieur de l’actuelle province de Buenos Aires. Ainsi commença-t-il Ă  y avoir, par l’effet de ces mouvements de personnes en vue d’échanges commerciaux, dĂšs avant le milieu du XVIIIe siĂšcle, aussi une certaine interpĂ©nĂ©tration culturelle entre les diffĂ©rents peuples habitant la pampa humide, dans une aire allant de la Patagonie septentrionale jusqu’à la zone situĂ©e au pied de la cordillĂšre des Andes (sur ses deux versants, oriental et occidental) et jusqu’au littoral de l’ocĂ©an Pacifique, cette interpĂ©nĂ©tration culturelle concernant en particulier les Tehuelches, les Ranquels et les Mapuches[65].

L’influence mapuche sur les autres peuples de Patagonie et de la Pampa, consĂ©cutive aux Ă©changes commerciaux, fut suffisamment grande sur les Tehuelches et les autres peuples que pour conduire Ă  ce qui est d’usage d’appeler la « mapuchisation » ou « araucanisation » des Pampas et de la Patagonie. Ainsi, une bonne partie des Tehuelches adopta nombre de coutumes mapuches ainsi que la langue mapudungun, tandis que les Mapuches faisaient siens certains Ă©lĂ©ments du mode de vie Tehuelche (comme p.ex. le fait de vivre dans des tolderĂ­as, rĂ©union de toldos, tentes d’AmĂ©rindien faites de cuir et de branchages), ce qui tendit Ă  faire s’estomper les diffĂ©rences entre les deux groupes, au point que leurs descendants se dĂ©signent eux-mĂȘmes dĂ©sormais comme Mapuche-Tehuelches[66].

Cette invasion, en partie violente, par les Mapuches de territoires situĂ©s Ă  l’est des Andes a portĂ© certaines personnalitĂ©s argentines Ă  apposer aux Mapuches l’étiquette d’envahisseurs et Ă  juger irrecevables leurs revendications territoriales en Argentine[121].

IndĂ©pendances et avĂšnement des États du Chili et de l’Argentine

Vers 1880, l’Argentine et le Chili entreprirent des guerres de conquĂȘte contre les AmĂ©rindiens (Mapuches et Patagons) qui vivaient au sud du continent dans des rĂ©gions restĂ©es largement hors de leur contrĂŽle et difficilement pĂ©nĂ©trables. Ces guerres, dont la conquĂȘte du DĂ©sert du gĂ©nĂ©ral Julio Argentino Roca, qui firent des dizaines de milliers de morts parmi les AmĂ©rindiens, poursuivaient aussi un autre objectif : l'accĂšs aux deux ocĂ©ans. Le Chili voulait s'ouvrir sur l'Atlantique par le sud et l'Argentine sur le Pacifique, lĂ  aussi par le sud. Finalement, la frontiĂšre fut stabilisĂ©e dans sa forme actuelle Ă  la fin du XIXe siĂšcle.

Au Chili

Dessin représentant des Mapuches, par Giulio Ferrario, publié à Milan en 1827.
Cornelio Saavedra RodrĂ­guez nĂ©gociant avec des loncos Mapuches en 1869, dans les premiĂšres phases de l’occupation de l’Araucanie par les troupes chiliennes.

Pendant la guerre d'indĂ©pendance du Chili, les Mapuches prirent parti, la plupart du temps, pour les troupes royalistes, encore qu’ils ne s’engageront que peu dans les opĂ©rations militaires, pour la raison que celles-ci eurent lieu hors de leur territoire ; ce ne fut que dans la phase finale, pendant la dĂ©nommĂ©e Guerre Ă  mort, que les Mapuches s’impliquĂšrent effectivement dans le conflit[122].

Son indĂ©pendance obtenue vis-Ă -vis de l’Espagne, le Chili poursuivit une mĂȘme politique de retenue et de non-agression. Cependant, dans la deuxiĂšme moitiĂ© du XIXe siĂšcle, un plan d’expansion de l’État chilien aux dĂ©pens du territoire mapuche fut conçu. De plus, lorsque le 17 novembre 1860 le Français Antoine de Tounens, aprĂšs avoir gagnĂ© Ă  ses projets l'enthousiasme de quelques chefs mapuches auxquels il avait promis des armes[123] fut Ă©lu toqui (chef de guerre) suprĂȘme des Mapuches[124] - [125] - [126] - [127] - [128] s'autoproclama[129] - [130] - [131] - [132] - [133] - [134] ou se fit proclamer[135] - [136] roi et (selon ses propos), « considĂ©rant que l'Araucanie ne dĂ©pend d'aucun autre État, qu'elle est divisĂ©e par tribus et qu'un gouvernement central est rĂ©clamĂ© », dĂ©crĂ©ta le 17 novembre 1761 qu'« une monarchie constitutionnelle hĂ©rĂ©ditaire est fondĂ©e en Araucanie; le prince Orllie-Antoine de Tounens est nommĂ© roi »[137], l'affaire « au-delĂ  de son caractĂšre anecdotique (...) fit prendre conscience aux autoritĂ©s chiliennes que les territoires d’Araucanie et de Patagonie pourraient susciter l’appĂ©tit d’aventuriers plus sĂ©rieux ou celui de puissances coloniales en mal de territoires »[138].

De 1861 Ă  1883, l’armĂ©e chilienne mettra en Ɠuvre diffĂ©rentes stratĂ©gies, depuis des alliances avec des clans ennemis entre eux, jusqu’à la guerre ouverte, en passant par le subornement au moyen de boissons alcoolisĂ©es. Les opĂ©rations militaires, qui furent menĂ©es principalement sous la direction de Cornelio Saavedra (militaire chilien qui Ă©tait le petit-fils du prĂ©sident du Premier comitĂ© de gouvernement autonome argentin, instaurĂ© Ă  l’issue de la journĂ©e du 25 mai 1810), s’achevĂšrent sur la complĂšte soumission des Mapuches en 1883. L’ensemble de ce processus reçut le nom euphĂ©miste de Pacification de l'Araucanie[139].

En dĂ©cembre 1866, le congrĂšs chilien avait adoptĂ© une loi reconnaissant les droits propriĂ©taires des Mapuches sur le « territoire autochtone », et mit sur pied une commission d’experts — la Commission sur l’implantation des autochtones (en espagnol ComisiĂłn radicadora de IndĂ­genos) — dont la mission consistait Ă  dĂ©limiter clairement les possessions autochtones. D’aprĂšs ladite loi, toute terre sur laquelle les Mapuches ne seraient pas en mesure de justifier de leur droit de propriĂ©tĂ© serait considĂ©rĂ©e terre en dĂ©rĂ©liction (baldĂ­a), et dĂšs lors bien national conformĂ©ment Ă  l’article 590 du Code civil de 1857. Le droit de propriĂ©tĂ© ne sera cependant considĂ©rĂ©, selon les termes de la loi de 1866, comme constituĂ© qu’au lendemain de la victoire militaire de l’État chilien en 1883, c’est-Ă -dire aprĂšs que l’État se fut emparĂ© militairement du territoire mapuche, par suite de quoi la plupart des terres furent dĂ©clarĂ©es fiscales (biens nationaux) par l’État, Ă  l’encontre du sens de sa propre lĂ©gislation, l’État mĂ©connaissant ainsi massivement les droits propriĂ©taires des Mapuches. De la sorte, les Mapuches, qui auparavant dĂ©tenaient quelque 10 millions d’hectares, devaient dĂ©sormais survivre sur Ă  peine 500 000 hectares, soit 5 % seulement de leur territoire antĂ©rieur. En outre, les politiques de colonisation des terres du sud favorisaient l’usurpation de nombreuses terres encore, y compris de terres communales reconnues telles par les TĂ­tulos de Merced de la ComisiĂłn radicadora, et finirent par marginaliser tout Ă  fait les populations mapuches.

En ce qui concerne les communautĂ©s Ă©tablies plus au sud sur le territoire chilien, comme celle des Lafquenches ou celles cĂŽtiĂšres de la province d'Arauco, les Huilliches de Valdivia, dans la province de Llanquihue, et de San Juan de la Costa (prĂšs d’Osorno), ou celles encore de l’üle de ChiloĂ©, si l’on dispose de peu d’informations Ă  leur sujet, l’on sait avec certitude que les premiĂšres prirent part Ă  la Guerre Ă  mort et Ă  la rĂ©bellion mapuche de 1881, bien que dans une moindre mesure[140]. Cet engagement moindre s’explique, dans le cas des Huilliches, par l’aliĂ©nation, pendant la pĂ©riode coloniale, donc dĂšs avant l’indĂ©pendance du Chili, d’une partie de leurs terres ancestrales Ă  la suite de l’instauration de la grande propriĂ©tĂ© terrienne (sous forme d’haciendas) dans la zone concernĂ©e. Cette circonstance, couplĂ©e Ă  celle, survenue une fois Ă©tablie la rĂ©publique chilienne, de la colonisation europĂ©enne (surtout allemande et autrichienne) de Llanquihue, et au phĂ©nomĂšne de croissance et d’expansion des villes et de nouveaux foyers de peuplement crĂ©Ă©s par le Chili, seront Ă  l’origine de l’amenuisement des territoires des communautĂ©s huilliches et du refoulement de leurs populations en direction des zones situĂ©es le long du littoral ou au pied de la cordillĂšre[141].

En Argentine

Compte tenu des relations que les Mapuches entretenaient depuis le milieu du XVIIIe siĂšcle avec les peuples Ă©tablis Ă  l’est des Andes, une partie des troupes mapuches ayant combattu principalement aux cĂŽtĂ©s des soldats royalistes dĂ©cida, au lendemain de l’indĂ©pendance du Chili, d’émigrer vers la rĂ©gion pampĂ©enne d’Argentine, oĂč du reste des Mapuches cohabitaient dĂ©jĂ  avec les Tehuelches[65], et oĂč fut ensuite constituĂ©e la ConfĂ©dĂ©ration boroane.

Plus tard, les frĂšres Pincheira, qui dirigeaient entre 1817 et 1832 une guĂ©rilla royaliste contre les indĂ©pendantistes chiliens et argentins, inciteront les groupes mapuches boroans et les Ranquels araucanisĂ©s Ă  perpĂ©trer des raids (malones) dans les villages et domaines agricoles situĂ©s dans la frange limitrophe, razzias qui provoquaient de nombreux morts et lors desquelles ils emportaient des captifs et dĂ©robaient le bĂ©tail qu’ils poussaient ensuite, par l’itinĂ©raire de la rastrillada grande (ou Camino de los Chilenos) et par les cols de la cordillĂšre, jusqu’au Chili, avec le dessein de troquer dans ce pays, par l’entremise des Pehuenches (qui commandaient aux cols andins), ce bĂ©tail pour des armes ou des boissons alcoolisĂ©es principalement[142].

En Argentine, les Mapuches et les « pampĂ©ens araucanisĂ©s » ou « mapuchisĂ©s » furent finalement soumis par l’État argentin Ă  travers plusieurs incursions militaires effectuĂ©es au sud du RĂ­o Salado Ă  partir du milieu du XIXe siĂšcle, dont le point d’orgue sera la campagne dĂ©nommĂ©e ConquĂȘte du DĂ©sert (1879 et 1881) ― le terme « dĂ©sert » servant en l’occurrence Ă  dĂ©signer toute la vaste zone sous domination autochtone, englobant la totalitĂ© des actuelles provinces de la Patagonie argentine, toute la province de La Pampa, la moitiĂ© sud de celle de San Luis, la moitiĂ© sud de celle de Mendoza, ainsi que tout l’intĂ©rieur de la province de Buenos Aires sis au sud du fleuve Salado. Cette campagne, dirigĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Julio Argentino Roca et menĂ©e parallĂšlement Ă  celle dite Pacification de l’Araucanie au Chili, fut fort prĂ©judiciable aux Mapuches, qui subirent une dĂ©faite totale. Ce succĂšs militaire sera l’une dans raisons de l’élection de Roca, l’annĂ©e suivante, en 1880, au poste de prĂ©sident de la Nation argentine.

La ConquĂȘte du dĂ©sert avait Ă©tĂ© prĂ©cĂ©dĂ©e d’une sĂ©rie de plusieurs autres campagnes militaires contre le DĂ©sert entreprises par les gouvernements successifs de l’Argentine indĂ©pendante, dont notamment la Campagne de Juan Manuel de Rosas de 1833, qui permit aux troupes argentines de s’emparer de la presque totalitĂ© du territoire au nord des fleuves RĂ­o Negro et RĂ­o Limay, y compris la zone de Valcheta ; mais la longue guerre civile en Argentine fera que les Mapuches surent se ressaisir, de sorte qu’en 1870, les Mapuches pouvaient mener leurs rapines jusque dans les environs immĂ©diats des villes de Mendoza, de la San Luis, de RĂ­o Cuarto, ainsi que dans le sud de la province de Santa Fe et dans une grande partie de la province de Buenos Aires, s’approchant jusqu’à seulement 70 km de la capitale.

Redressement mapuche au Chili jusqu’à l’avĂšnement du rĂ©gime militaire

Les gĂ©nĂ©rations Mapuches suivantes feront surgir diffĂ©rentes organisations, telles que la CorporaciĂłn Araucana de Venancio CoñoepĂĄn, la FederaciĂłn Araucana d’Aburto Panguilef, la Sociedad CaupolicĂĄn et l’UniĂłn Araucana d’Antonio Chiwailaf. Si ces organisations mapuches dĂ©fendent des points de vue divergents, allant du traditionalisme au catholicisme assimilationniste, toutes cependant partagent la volontĂ© de rĂ©cupĂ©rer les terres usurpĂ©es afin de pouvoir prĂ©server leur propre culture. Ainsi le « mouvement mapuche » a-t-il fait son entrĂ©e sur la scĂšne publique chilienne, se mĂȘlant Ă  la politique et Ă  ses partis, encore que conservant Ă  tout moment sa spĂ©cificitĂ©. Ce processus atteignit son apogĂ©e Ă  la fin de la dĂ©cennie 1960 et au dĂ©but des annĂ©es 1970.

Le président chilien Salvador Allende (1970-1973) saluant un groupe de femmes mapuches.

Entre-temps, d’amples secteurs de la sociĂ©tĂ© chilienne s’étaient dĂ©clarĂ©s en dĂ©faveur du maintien du statu quo en ce qui concerne la situation des autochtones, ce qui permit aux Mapuches de mettre en avant, voire de concrĂ©tiser, leurs revendications terriennes. Ainsi, on assista en 1969, dans la province de CautĂ­n, aux premiĂšres prises de possession de terres rĂ©clamĂ©es par les Mapuches, Ă©vĂ©nement appelĂ© el Cautinazo.

Avec le processus de rĂ©forme agraire impulsĂ© par le gouvernement de Salvador Allende, plusieurs communautĂ©s mapuches furent portĂ©es Ă  se radicaliser et Ă  lancer une opĂ©ration inĂ©dite de rĂ©cupĂ©ration de terres, en marge des programmes gouvernementaux. Vers 1972, les grands propriĂ©taires terriens affectĂ©s par ces actions s’organisĂšrent en « comitĂ©s de reprise » (comitĂ©s de retoma) et en groupes paramilitaires, que le gouvernement rĂ©prima en s’appuyant sur la Loi de sĂ©curitĂ© de l’État de 1958.

Sous le régime militaire et accord de Nueva Imperial

La dictature militaire sera implacable en Araucanie, oĂč des centaines de personnes disparurent ou furent torturĂ©es. Les organisations cependant firent leur rĂ©apparition Ă  partir de 1978, en rĂ©action au dĂ©cret-loi no 2568 portant suppression de la forme juridique de la propriĂ©tĂ© communale de la terre, qui Ă©tait l’ultime rempart des propriĂ©tĂ©s mapuches et comportait la reconnaissance de la qualitĂ© d’autochtone de leurs occupants[143]. Virent ainsi le jour, soutenus par la FundaciĂłn Instituto IndĂ­gena du diocĂšse de Temuco, les Centres culturels mapuches[144] ― appellation qui permettait d’échapper plus sĂ»rement Ă  la persĂ©cution par la dictature ―, lesquels devaient ultĂ©rieurement (1981) cĂ©der le pas Ă  l’organisation Ad Mapu, Ă  partir de laquelle se dĂ©velopperont d’autres organisations[145].

Toutefois, le gĂ©nĂ©ral Pinochet bĂ©nĂ©ficie du soutien d'une petite partie des Mapuches. En 1989, il se rĂ©unit avec un groupe de Mapuches appartenant aux Conseils rĂ©gionaux, qui le nommĂšrent Gran Cabecillo (Grand Chef, Futa Lonco en langue mapuche)[146]. Sur le diplĂŽme, en date du 20 fĂ©vrier, on peut lire : « Le ComitĂ© gĂ©nĂ©ral des Loncos et Caciques de Nueva Imperial et des 30 communes de la IXe rĂ©gion de l’Araucanie, a convenu de nommer Ulmen Futa Lonco S.E. le prĂ©sident de la RĂ©publique, le Capitaine gĂ©nĂ©ral Augusto Pinochet Ugarte »[147].

En 1989 encore, Ana Llao de la communautĂ© Ad- Mapu, aux cĂŽtĂ©s des dirigeantes de plusieurs autres organisations mapuches, rencontra Ă  Nueva Imperial le candidat de la coalition d’opposition (appelĂ©e Concertation des partis pour la dĂ©mocratie), Patricio Aylwin AzĂłcar. Lors de ce parlement, il fut convenu que l’État chilien accorderait la reconnaissance constitutionnelle aux droits Ă©conomiques, sociaux et culturels des Peuples autochtones, qu’une Commission spĂ©ciale serait constituĂ©e conjointement avec les organisations autochtones aux fins d’élaborer un projet de loi autochtone. En contrepartie, les organisations autochtones s’engageaient Ă  ne pas s’écarter de la voie institutionnelle pour faire aboutir leurs revendications[148] - [149].

Le conflit forestier

Tout au dĂ©but de la dĂ©cennie 1990, alors que la dĂ©mocratie venait d’ĂȘtre partiellement restaurĂ©e, l’organisation indĂ©pendantiste Consejo de Todas las Tierras (ou Aukiñ Wallmapu Ngulam, Conseil de toutes les terres, en abrĂ©gĂ© AWNg) procĂ©da Ă  plusieurs occupations symboliques illĂ©gales de terres ancestrales mapuches dĂ©tenues par des propriĂ©taires privĂ©s. Le gouvernement rĂ©pliqua en requĂ©rant l’application de la Loi de sĂ©curitĂ© de l’État, ce qui entraĂźna la condamnation de 141 Mapuches et la suspension de leurs droits politiques.

En 1993 fut approuvĂ©e la loi no 19.253 dite de DĂ©veloppement autochtone. Le nouveau dispositif lĂ©gislatif instituĂ© par cette loi fut mis en Ɠuvre avec la coopĂ©ration des principaux responsables mapuches, jusqu’à ce que survĂźnt en 1997 une nouvelle crise. L’entreprise ENDESA España commença la construction d’une deuxiĂšme centrale hydroĂ©lectrique dans la commune d’Alto BiobĂ­o (sous la dĂ©nomination de Centrale hydroĂ©lectrique Ralco). Les sƓurs QuintremĂĄn ainsi que d’autres familles Mapuches-pehuenches rĂ©sidant dans la zone touchĂ©e refusĂšrent de quitter leurs terres, en s’autorisant de la nouvelle lĂ©gislation qui exigeait un permis de la Corporation nationale de dĂ©veloppement autochtone (en espagnol CorporaciĂłn Nacional de Desarrollo IndĂ­gena, acronyme CONADI) pour pouvoir exproprier des terres autochtones. À la suite du refus de cet organisme gouvernemental d’approuver l’expropriation concernĂ©e, considĂ©rĂ©e attentatoire aux droits des Pehuenches, le prĂ©sident Eduardo Frei limogea le directeur de la CONADI et suspendit en outre l’autoritĂ© environnementale qui s’était elle aussi opposĂ©e au mĂ©gaprojet, de sorte que des milliers d’hectares de terres et de sites sacrĂ©s du peuple mapuche-pehuenche furent engloutis par les eaux par une dĂ©cision autoritaire.

Dans le mĂȘme temps, dans les vallĂ©es centrales, dĂ©marrait l’exploitation des plantations forestiĂšres amĂ©nagĂ©es vers le milieu de la pĂ©riode de gouvernement militaire, sur des terrains qui avaient Ă©tĂ© rĂ©cupĂ©rĂ©s par les Mapuches sous la prĂ©sidence d’Allende, mais qui par la suite Ă©taient passĂ©s aux mains de groupes Ă©conomiques. Tant les intĂ©rĂȘts des grandes entreprises exploitant les plantations forestiĂšres en territoire mapuche, que la crainte des agriculteurs propriĂ©taires de terrains considĂ©rĂ©s usurpĂ©s par les communautĂ©s mapuches et que la recrudescence de la violence vers la fin des annĂ©es 1990 dans la zone, motivĂšrent le SĂ©nat du Chili Ă  exprimer, dans un rapport, sa prĂ©occupation concernant la grave menace pesant sur la sĂ©curitĂ© juridique dans la zone du conflit (S 680-12). Toutefois, l’objectivitĂ© de ce rapport a Ă©tĂ© mis en doute, attendu qu’il contient les dĂ©clarations de plus de 15 agriculteurs touchĂ©s, mais seulement d’un unique reprĂ©sentant Mapuche, en plus de ne pas examiner plus avant les causes du conflit.

Si des intĂ©rĂȘts japonais et suisses sont prĂ©sents dans l’économie araucanienne, les deux principales entreprises de foresterie toutefois sont chiliennes. Dans le passĂ©, ces entreprises ont plantĂ© des milliers d’hectares en essences non-endogĂšnes telles que le pin de Monterey, le sapin de Douglas et l’eucalyptus, çà et lĂ  en les substituant aux forĂȘts valdiviennes existantes, quoique ce remplacement n’attire plus guĂšre l’attention aujourd’hui.

Le Chili exporte du bois vers les États-Unis, bois provenant en quasi-totalitĂ© de cette rĂ©gion mĂ©ridionale, pour une valeur annuelle d’environ 600 millions de dollars. L’association amĂ©ricaine de prĂ©servation de l’environnement Forestethics a menĂ© une campagne internationale ayant abouti Ă  ce que la chaĂźne Home Depot et d’autres grands importateurs de bois ont consenti Ă  rĂ©viser leur politique d’achat afin d’« assurer la protection des forĂȘts endogĂšnes au Chili ». Certains dirigeants mapuches ont exprimĂ© le souhait que les forĂȘts soient plus vigoureusement protĂ©gĂ©es.

En 2009, le Chili a vu l'entrĂ©e en vigueur, vingt ans aprĂšs sa promulgation par l'Organisation internationale du travail, de la Convention no 169 relative aux peuples autochtones et tribaux[150]. Cela devrait conduire Ă  un certain nombre de rĂ©formes juridiques, en particulier dans les codes de l'eau, du minerai, de la pĂȘche et de celui rĂ©gissant les concessions Ă©lectriques[150] (voir Ă©conomie du Chili).

DĂ©mantĂšlement de la CAM et durcissement de la protestation sociale mapuche

Les conflits fonciers et les confrontations violentes persistaient dans certaines aires mapuches, en particulier dans les secteurs nord de la Région de l'Araucanie, dans la zone autour de Traiguén et de Lumaco. En 2003, dans une tentative de dissiper les tensions, la Comisión Verdad Histórica y Nuevo Trato (« Commission Vérité historique et Nouveau Traité ») émit un rapport appelant à un changement draconien dans le traitement par le Chili de ses peuples autochtones, dont plus de 80 % sont Mapuches. Parmi les préconisations de ce rapport, figurent la reconnaissance formelle des droits politiques et « territoriaux » des peuples autochtones, ainsi que la promotion de leur identités culturelles.

Sous le gouvernement de Ricardo Lagos (2000-2006), la rĂ©ponse de l’État au conflit mapuche emprunta deux voies principales : d’un cĂŽtĂ©, par l’application de la loi contre les actions illĂ©gales et violentes des activistes mapuches, qui atteignirent leur point le plus critique en 2002, lorsque, pendant une occupation illĂ©gale de terres dans la commune d’Ercilla (province de Malleco), le jeune comunero Alex Lemun Saavedra perdit la vie par l’action des carabiniers du Chili, qui avaient fait usage de carabines anti-Ă©meute chargĂ©es Ă  balles de plomb ; de l’autre cĂŽtĂ©, Ă  travers une opĂ©ration de renseignement baptisĂ©e « OperaciĂłn Paciencia » dirigĂ©e depuis le sous-secrĂ©tariat Ă  l’IntĂ©rieur prĂ©sidĂ© par Jorge Correa Sutil et tendant Ă  cataloguer la Coordinadora de Comunidades en Conflicto Arauco-Malleco comme organisation Ă  caractĂšre terroriste, et Ă  la rendre Ă  ce titre susceptible de poursuites et ses dirigeants passibles d’incarcĂ©ration. Des exemples paradigmatiques de tels jugements furent la dĂ©nommĂ©e « affaire Loncos », qui vit la condamnation de deux loncos, Pascual Pichun et Aniceto Norin, Ă  cinq ans et un jour de prison pour « menace d’incendie terroriste », et l’« affaire Puluco-Pidenco », oĂč quatre comuneros se virent infliger une peine de 10 ans et un jour d’emprisonnement pour « incendie terroriste ».

Ces jugements ont Ă©tĂ© dĂ©noncĂ©s par l’Organisation des nations unies (ONU), par la bouche de son rapporteur spĂ©cial pour les peuples autochtones Rodolfo Stavenhagen, et par d’autres organisations, comme Amnesty International, qui ont condamnĂ© ces jugements comme Ă©tant d’une lĂ©galitĂ© douteuse. Les faits furent dĂ©noncĂ©s, et une plainte dĂ©posĂ©e, auprĂšs de la Commission interamĂ©ricaine des droits de l'homme (CIDH), notamment pour infraction au droit Ă  un procĂšs Ă©quitable, inscrit dans la Convention interamĂ©ricaine des droits de l’homme ; la CIDH dĂ©clara la plainte recevable[151].

En mars 2007, le ComitĂ© des droits de l'Homme de l’ONU, organisme chargĂ© de surveiller l’application du Pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1966, dĂ©nonça lui aussi, dans ses observations jointes au rapport sur le Chili, les pratiques de criminalisation Ă  l’encontre du mouvement social mapuche, enjoignant Ă  l’État chilien de modifier la loi no 18.314, dite loi antiterroriste. En outre, se rĂ©fĂ©rant aux articles 1er et 27 dudit pacte, le ComitĂ© dit dĂ©plorer que les « terres anciennes » continuaient d’ĂȘtre en pĂ©ril Ă  cause de l’expansion de l’exploitation forestiĂšre et Ă  cause de grands projets d’infrastructure et de production d’énergie, et rappela que l’État chilien devait mettre tous ses soins Ă  ce que les nĂ©gociations avec les communautĂ©s autochtones aboutissent Ă  trouver une solution respectueuse des droits aux terres de ces communautĂ©s, conformĂ©ment aux articles 1er, alinĂ©a 2, et 27 du pacte, et pour cela accĂ©lĂ©rer les procĂ©dures en vue de ce que ces terres ancestrales fussent reconnues et dĂ»ment dĂ©limitĂ©es ; de mĂȘme, il exhorta l’État chilien Ă  mener des consultations avec les communautĂ©s autochtones avant d’octroyer des licences pour l’exploitation Ă©conomique des terres objet de controverse et de garantir qu’en aucun cas l’exploitation envisagĂ©e ne porte atteinte aux droits reconnus dans le pacte[152]. En 2004, le ComitĂ© des droits Ă©conomiques, sociaux et culturels avait dĂ©jĂ  formulĂ© des observations allant dans le mĂȘme sens[153].

En mars 2006, quatre des neuf prisonniers mapuches condamnés au titre de la loi antiterroriste engagÚrent une grÚve de la faim illimitée, qui dura 62 jours sans obtenir que le gouvernement de Michelle Bachelet consentßt à faire réviser le controversé verdict prononcé sous le gouvernement de son prédécesseur.

En 2007, beaucoup de groupes mapuches n’avaient pas renoncĂ© Ă  leurs revendications territoriales et nombre de leurs organisations exigeaient l’autonomie pour leurs territoires, la dĂ©volution de leurs terres et une meilleure reprĂ©sentation politique. En octobre 2007, une nouvelle grĂšve de la faim eut lieu, et se termina sans que le gouvernement chilien eĂ»t seulement consenti Ă  s’asseoir Ă  la table de nĂ©gociation demandĂ©e par les grĂ©vistes.

En 2008, alors que Michelle Bachelet exerçait la charge de chef de l’État, MatĂ­as Catrileo, nĂ© le 11 septembre 1985, Ă©tudiant en agronomie, Chilien d’origine mapuche, trouva la mort le 3 janvier 2008, quand une balle de pistolet-mitrailleur Uzi frappa son dos et perfora son poumon. MatĂ­as Catrileo participait Ă  une occupation illĂ©gale d’un bien-fonds privĂ© que les communautĂ©s mapuches revendiquaient comme territoire ancestral, ce qui avait poussĂ© la force publique Ă  intervenir. À la suite de ces Ă©vĂ©nements, le carabinier prĂ©sumĂ© auteur de l’assassinat fut incarcĂ©rĂ© pendant que l’enquĂȘte judiciaire suivait son cours[154]. Des critiques furent Ă©mises[155] Ă  l’endroit du procureur militaire chargĂ© de mener l’enquĂȘte, JosĂ© Pinto Aparicio, celui-ci Ă©tant le mĂȘme que celui qui dirigea l’instruction sur l’assassinat d’Alex Lemun en 2002, crime demeurĂ© impuni, la cour martiale ayant en effet rendu un non-lieu en 2004[155].

La police chilienne a aussi parfois monté de fausses accusations contre des militants mapuches[156].

Revendication du droit Ă  l’autodĂ©termination

Si l’Empire espagnol n’était pas parvenu Ă  occuper effectivement la totalitĂ© du territoire habitĂ© par les Mapuches (ou Araucans), les États indĂ©pendants nĂ©s de la dĂ©sintĂ©gration de cet empire Ă  la suite de la guerre d'indĂ©pendance hispanoamĂ©ricaine, en l’espĂšce le Chili et l’Argentine, rĂ©ussirent plusieurs dĂ©cennies plus tard, par des campagnes militaires — Pacification de l'Araucanie au Chili et ConquĂȘte du DĂ©sert en Argentine — Ă  consolider leur souverainetĂ© sur l’intĂ©gralitĂ© des territoires qu’ils avaient hĂ©ritĂ©s de l’Espagne, et Ă  relĂ©guer les Mapuches dans des « rĂ©ductions » cĂŽtĂ© chilien et dans des « rĂ©serves » cĂŽtĂ© argentin.

Au XXIe siĂšcle, bien que la population mapuche apparaisse majoritairement urbaine, elle garde en mĂȘme temps des liens avec ses communautĂ©s d’origine, maintient ses rĂ©clamations territoriales et exige la reconnaissance de sa civilisation.

Plusieurs organisations mapuches demandent la reconnaissance du droit Ă  l’autodetermination des Mapuches, qui, argumentent-elles, leur revient en leur qualitĂ© de peuple[157], aux termes de la Charte de l'Organisation des nations unies[158]. Par l’adoption de la DĂ©claration des droits des peuples autochtones par l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations unies le 13 septembre 2007[159], la communautĂ© internationale a reconnu expressĂ©ment la qualitĂ© de peuple aux autochtones, ainsi que l’a dĂ©jĂ  confirmĂ© le rapporteur spĂ©cial des Nations unies, Miguel Alfonso MartĂ­nez, qui, dans l’étude dont il avait Ă©tĂ© missionnĂ© par cette organisation internationale, soutint qu’ il « n’a pas pu trouver d’argument juridique suffisant pour que puisse ĂȘtre dĂ©fendue l’idĂ©e que les autochtones auraient perdu leur personnalitĂ© autochtone internationale comme nations/peuples »[160]. Les peuples autochtones jouissent d’ores et dĂ©jĂ  d’une reprĂ©sentation Ă  l’Organisation des nations et des peuples non reprĂ©sentĂ©s (UNPO).

Quelles que soient les diffĂ©rences entre les diverses fractions mapuches au regard de l’ampleur de l’autonomie revendiquĂ©e et des bĂ©nĂ©fices rĂ©clamĂ©s, la plupart des organisations Mapuches se mirent volontiers, pour leur autodĂ©termination, dans celle obtenue notamment par le peuple inuit au Groenland depuis la dĂ©cennie 1990, et aspirent Ă  quelque chose de semblable, ou se rĂ©fĂšrent aux bĂ©nĂ©fices accordĂ©s aux autochtones de Bolivie aprĂšs l’élection d’Evo Morales, un prĂ©sident aymara.

De plus, certaines organisations mapuches, notamment Wallmapuwen, ont nouĂ© des liens avec le Bloque Nacionalista Galego (BNG) et avec Esquerra Republicana de Catalunya (ERC), et proposent d’instaurer au Chili une rĂ©plique du systĂšme espagnol de communautĂ©s autonomes, et d’inscrire dans la constitution la reconnaissance des peuples autochtones, Ă  l’instar de la reconnaissance des administrations et langues rĂ©gionales en Espagne[161].

La cause des Mapuches a Ă©galement trouvĂ© un Ă©cho dans le monde culturel non mapuche, tĂ©moin le cas de l’écrivain internationaliste Asel Luzarraga, qui fut mis en dĂ©tention[162], ou celui de la documentariste Elena Varela, qui, aprĂšs une pĂ©riode de dĂ©tention, fut mise en libertĂ© surveillĂ©e[163], traitements qui, aux yeux des militants mapuches, s’inscrivent dans une offensive de l’État chilien visant Ă  Ă©touffer les voix qui prennent la dĂ©fense de ce peuple autochtone[164].

Culture

La civilisation mapuche est une culture Ă  tradition orale. Le comportement social et religieux sont rĂ©gis par l’admapu (ensemble de traditions, lois, rĂšgles de droit et normes anciennes). Son idiome est le mapudungun, langue agglutinante qui jusqu’à prĂ©sent (2017) n’a pu ĂȘtre apparentĂ©e de maniĂšre satisfaisante Ă  aucun autre idiome[165]. Dans le domaine du sport, les Mapuches pratiquent traditionnellement le chueca, sport qui rappelle le hockey ; autrefois, les Huilliches en particulier s’adonnaient Ă©galement au linao, sorte de balle pelote.

En matiĂšre de patrimoine culturel matĂ©riel sont Ă  signaler plus particuliĂšrement l’art textile et l’argenterie.

Organisation sociale

L’organisation et la structure sociales mapuches s’appuient principalement sur la famille et les relations entre les familles, la famille se composant du pĂšre, de sa ou de ses femmes, et de ses enfants. Le mode prĂ©dominant de descendance est la ligne patrilinĂ©aire, encore que des indices existent que le systĂšme de parentĂ© ait pu ĂȘtre matrilinĂ©aire Ă  l’époque prĂ©colombienne. Les enfants conçus par le pĂšre chez d’autres femmes n’étant pas considĂ©rĂ©s comme apparentĂ©s, il n’y avait pas Ă  leur endroit de tabou sexuel ; cette perception, et les conduites qu’elle autorisait, amena les Espagnols Ă  conclure Ă  une pratique gĂ©nĂ©ralisĂ©e de l’inceste. La polygamie traditionnelle a cessĂ© d’avoir cours chez les Mapuches modernes.

Des regroupements de familles liĂ©es entre elles par le partage d’un ancĂȘtre commun (les dĂšmes au sens de Murdock) forment les unitĂ©s socio-politiques autonomes et sont appelĂ©s lofs, terme dont on trouve parfois les variantes lov, levo ou cavĂ­ chez les historiens. Les diffĂ©rentes familles constituant un lof vivaient dans des rucas (maisons en bois) voisines et s’entraidaient. Chaque lof avait pour chef un lonco (« tĂȘte » en langue mapudungun).

En temps de guerre, les Mapuches s’unissaient en groupes plus larges dĂ©nommĂ©s rehues, composĂ©s de plusieurs lofs, et Ă©quivalent Ă  une tribu. Chaque rehue Ă©tait dirigĂ© par un chef militaire appelĂ© toqui. Par temps de grandes calamitĂ©s, telles que sĂ©cheresse, Ă©pidĂ©mie, invasion ou autre grand malheur affectant une grande extension de territoire, plusieurs rehues s’associaient pour former des groupements nommĂ©s aillarehues, dont le chef Ă©tait le mapu-toqui, « chef militaire d’une rĂ©gion en Ă©tat de guerre ».

Ces aillarehues eurent Ă  jouer un rĂŽle de premier plan quand il s’agit d’affronter les Espagnols. La lutte contre les conquistadors espagnols dĂ©termina les Mapuches Ă  conclure des alliances entre plusieurs aillarehues. Les groupes rĂ©sultant de telles alliances entre plusieurs aillarehues Ă©taient dĂ©signĂ©s par le terme de butalmapus ou « circonscription militaire ». Les chefs des butalmapus Ă©taient choisis par les toquis, et ce chef suprĂȘme Ă©tait appelĂ© par les Espagnols Gran toqui. Il y eut dans l’histoire mapuche trois principaux butalmapus, Ă  savoir :

  • Lafken mapu : dans la rĂ©gion du littoral.
  • Lelfun mapu : dans la rĂ©gion des plaines.
  • Inapire mapu : dans la rĂ©gion de la prĂ©cordillĂšre.

Dans l’organisation sociale Mapuche actuelle, les groupes rassemblant des familles liĂ©es entre elles et Ă©tablies dans un mĂȘme secteur gĂ©ographique spĂ©cifique sont appelĂ©s communautĂ©s.

Coutume familiale et systÚme de parenté

Famille mapuche (fin XIXe siĂšcle).

La famille mapuche remplissait essentiellement deux fonctions : Ă©conomique et culturelle.

  • Dans l’ordre Ă©conomique, elle se manifestait comme une unitĂ© de production et de consommation. Tous les membres exerçaient une fonction Ă©conomique, diffĂ©renciĂ©e selon le sexe et l’ñge.
  • Sur le plan culturel, c’était dans la sphĂšre familiale que les jeunes membres de la famille Ă©taient socialisĂ©s et apprenaient la culture mapuche, faisant leur le mode de vie traditionnel.

Ces deux aspects, l’économique et le culturel, n’étaient cependant pas sĂ©parĂ©s l’un de l’autre, l’initiation culturelle ayant lieu en effet dans le cadre du processus de production et de consommation, et inversement ― raison pour laquelle le dĂ©veloppement culturel est indissociable de celui Ă©conomique.

La transmission des savoirs culturels s’effectue dans la sphĂšre domestique (des parents vers les enfants, des grands-parents vers les petits-enfants, des oncles et tantes vers les neveux et niĂšces, etc.) et au travers de la pratique : l’on enseigne et apprend (l’élevage du bĂ©tail, la prĂ©paration des aliments, la confection de textiles, etc.) au moment mĂȘme oĂč l’activitĂ© est accomplie.

RÚgles régissant la vie familiale
  • La patrilinĂ©aritĂ© : les membres d’une mĂȘme famille sont unis par des liens de parentĂ© selon une lignĂ©e d’ancĂȘtres masculins. La nomenclature des relations familiales est du type omaha.
  • L’exogamie : on cherchait les partenaires en dehors du propre groupe familial.
  • La rĂ©sidence post-nuptiale virilocale : la femme suivait son mari Ă  la rĂ©sidence de celui-ci.

Croyances et religion

Funérailles mapuches à Concepción, vers 1901-1903, avec un chemamull au centre.
Rehue et canelo, symboles sacrés des Mapuches.

SchĂ©matiquement, la religion Mapuche est construite sur l’idĂ©e d’une connexion entre monde spirituel et monde tangible. Ses principaux Ă©lĂ©ments sont : le respect au monde spirituel ; le culte des esprits ou des ancĂȘtres mythiques, appelĂ©s pillans et wangulĂ©n (Antu, KuyĂ©n, etc.) ; le culte des esprits de la nature, appelĂ©s ngen ; et la relation entre peuple mapuche et Ñuke Mapu (« terre mĂšre »).

Que la croyance des Mapuches en un ĂȘtre supĂ©rieur et omnipotent ait Ă©tĂ© antĂ©rieure Ă  leur contact avec le christianisme est objet de controverse ; quoi qu’il en soit, Ă  l’heure actuelle, les Mapuches croient en NgĂŒnechen (« seigneur des gens », hispanisĂ© en GuenechĂ©n ou NgenechĂ©n) comme dieu Ă©quivalent au — ou synonyme du — Dieu chrĂ©tien, mais un dieu qui avait rĂ©ellement, avant l’influence chrĂ©tienne, prĂ©sentĂ© les caractĂ©ristiques des antiques esprits individuels et indĂ©pendants. Pour les Mapuches, NgĂŒnechen est Ă  la fois pĂšre, mĂšre, frĂšre et sƓur ; sont vĂ©nĂ©rĂ©es en outre une « amie du soleil », qui guĂ©rit les maladies des hommes, et des divinitĂ©s stellaires[166]. L’est et le sud sont sacrĂ©s pour les Mapuches, car c’est de ces directions que soufflent les vents bĂ©nĂ©fiques, de mĂȘme que leur est sacrĂ© le bleu du ciel. Les animaux sacrĂ©s sont les chevaux, qui sont principalement destinĂ©s Ă  ĂȘtre montĂ©s, mais que l’on tue et consomme Ă  l’occasion de grandes festivitĂ©s comme p.ex. le guillatĂșn.

Le huecuvus (dont on trouve aussi les graphies huevuva, huecuvas, huecuve, huecufe ou wecufe) est dans la mythologie mapuche un esprit malfaisant envoyĂ© vers les hommes par le dieu PillĂĄn ; pouvant se manifester comme un tourbillon, ou prendre toute autre forme, il est susceptible de causer aux hommes malheurs et adversitĂ©s, tels que maladies, mauvaises rĂ©coltes, intempĂ©ries et autres flĂ©aux. Selon la croyance populaire, rien n’est en mesure de prĂ©munir les humains contre un huecuvus[166].

D’autre part, la mythologie mapuche se signale par un grand nombre d’ĂȘtres mythologiques, tels que le chonchĂłn et des personnages semi-mythiques comme les kalkus. La tradition mapuche renferme Ă©galement un rĂ©cit mythique de la crĂ©ation des terres de la partie sud du Chili, Ă  savoir l’histoire de Coi Coi-Vilu et Tren Tren (ou Ten Ten).

Les mĂ©diateurs par excellence de la religion mapuche sont le ngenpin, le ou la machi, et le lonco, chargĂ©s du culte et de la cĂ©lĂ©bration des diffĂ©rents rituels. Parmi les rituels les plus remarquables figurent notamment le guillatĂșn, rituel mixte, d’adoration et d’agrĂ©ment, d’une grande variabilitĂ© selon le territoire oĂč il est cĂ©lĂ©brĂ©, avec un caractĂšre nettement religieux dans la zone de la prĂ©cordillĂšre et de la cordillĂšre, et le machitĂșn, cĂ©rĂ©monie de curation et d’augures.

Il existe des antĂ©cĂ©dents de sacrifices humains d’enfants chez les Picunches sous la domination incaĂŻque, ainsi que de prisonniers assassinĂ©s rituellement pendant la guerre d'Arauco, ou lors de rites sacrificiels destinĂ©s Ă  Ă©viter ou Ă  mettre fin Ă  une calamitĂ© frappant le peuple mapuche. Le dernier cas dont on ait connaissance se produisit dans le sillage du tremblement de terre de Valdivia en 1960, le plus dĂ©vastateur jamais enregistrĂ© au Chili par les sismologues, lorsque, dans les environs de Puerto Saavedra, aprĂšs le raz-de-marĂ©e faisant suite au sĂ©isme, une machi immola et jeta Ă  la mer un enfant de cinq ans[167].

Aujourd’hui, les Mapuches sont majoritairement de confession catholique (et dans une moindre mesure Ă©vangĂ©lique), que leur religion soit le produit du syncrĂ©tisme ou qu’il rĂ©sulte d’une conversion directe consĂ©cutive Ă  l’emprise chrĂ©tienne[168]. Cependant, en pratique, le « christianisme mapuche » apparaĂźt bien plutĂŽt comme un « paganisme pĂ©tri d’élĂ©ments catholiques », et les rituels classiques et les machis (prĂȘtres et prĂȘtresses traditionnels) continuent d’y occuper une position centrale[169] - [170]. Les machis actuels sont Ă  80 pour cent des femmes[166] - [171]. En novembre 2007 fut approuvĂ©e la premiĂšre bĂ©atification d’un Mapuche, le jeune Argentin Ceferino NamuncurĂĄ (1886-1905)[172].

Cérémonies et traditions

La culture mapuche connaĂźt une multiplicitĂ© de cĂ©rĂ©monies et de traditions, dont les plus connues sont le guillatĂșn, le machitĂșn, le llellipun, le machiluwĂŒn, le ngeykurewen[173] et la cĂ©lĂ©bration du we tripantu. Trois de celles-ci vont ĂȘtre briĂšvement dĂ©crites ci-aprĂšs.

  • Le guillatĂșn[174] (ngillatun), le plus important des rituels mapuches, est une cĂ©rĂ©monie propitiatoire et d’action de grĂące Ă  la divinitĂ©. Elle nĂ©cessite un lieu spĂ©cialement amĂ©nagĂ© Ă  cette fin, le ngillatuwe. Au centre de cet espace est installĂ© un rehue (ou rewe, sorte d’autel constituĂ© d’un tronc d’arbre taillĂ© en degrĂ©s et fichĂ© en terre), autour duquel prennent place les participants. La cĂ©rĂ©monie, qui se prolonge sur un minimum de deux journĂ©es et sur un maximum de quatre, a pour objet de demander Ă  GuenechĂ©n ou Ă  d’autres ĂȘtres spirituels de gratifier le peuple de pluies, de rĂ©coltes abondantes, d’un accroissement du bĂ©tail et d’autres faveurs dans les annĂ©es Ă  venir, tout en les remerciant pour leurs bienfaits des annĂ©es passĂ©es ; dans le mĂȘme temps, tout au long du rituel, l’on prend soin de tenir Ă  l’écart les esprits malfaisants. Durant la cĂ©rĂ©monie, des danses ont lieu, accompagnĂ©es d’oraisons, et des offrandes sont faites, sous forme notamment de sacrifices d’animaux et de dons de fruits locaux et de muday (boisson alcoolisĂ©e Ă  base de cĂ©rĂ©ales). Le petit guillatĂșn se cĂ©lĂšbre chaque annĂ©e, le grand tous les quatre ans vers NoĂ«l[166]. Le guillatĂșn revĂȘt aussi une grande signification sociale, s’agissant en effet d’un rituel qui rĂ©unit la communautĂ© pendant plusieurs jours et lors duquel les familles et les personnes de connaissance se rendent mutuellement les honneurs en partageant les repas, typiquement un morceau de viande (cheval, porc, bƓuf ou mouton, bouilli ou grillĂ©) et un bout de iwiñ kofke, pain frit dans de la graisse de cheval. Il n’est pas rare qu’une famille tue au minimum un cheval et un cochon, afin d’offrir des mets Ă  tous leurs hĂŽtes et connaissances. La fĂȘte conjugue des Ă©lĂ©ments du Nouvel An europĂ©en avec une dĂ©monstration impressionnante d’art Ă©questre araucan traditionnel : un autel rustique est dressĂ© et portĂ© ensuite en procession solennelle par des cavaliers, de plus en plus rapidement, pour se terminer en plein galop. En outre, des agneaux sont sacrifiĂ©s, dont le sang est exposĂ© dans des Ă©cuelles posĂ©es sur l’autel, en offrande Ă  la divinitĂ©. Enfin, du chicha (sorte de biĂšre Ă  base de maĂŻs ou de pommes) est consommĂ©e en fortes quantitĂ©s. Cette festivitĂ© voit aussi gĂ©nĂ©ralement officier un (ou une) machi ; il (ou elle) escalade les degrĂ©s d’un rehue, censĂ© symboliser une Ă©chelle conduisant au ciel et par laquelle l’officiant s’élĂšve jusque dans l’au-delĂ , auprĂšs des dieux. ArrivĂ© au fin haut du rehue, il se met Ă  tourner autour de son axe, tout en frappant sur un cultrĂșn (tambour), sans interruption, jusqu’à entrer en transe et Ă  tomber finalement sur le sol, oĂč il reste Ă©tendu comme mort, puis reprend connaissance, et annonce avoir appris de Dieu que celui-ci est satisfait des offrandes et des priĂšres[166] - [175]. Ce rite du voyage dans l’au-delĂ , oĂč le machi se fait parfois accompagner d’esprits auxiliaires et qui s’effectue en Ă©tat d’extase, ces actes accomplis dans le monde des esprits, l’élection des machis par Dieu, la pĂ©riode d’initiation de plusieurs annĂ©es, la forme et la signification du tambour, et le symbole central de l’échelle cĂ©leste rappellent si fortement le chamanisme sibĂ©rien, que d’aucuns ont voulu Ă©tablir un rapport gĂ©nĂ©rique entre culture mapuche et chamanisme ; cependant, selon toute vraisemblance, il ne s’agit en l’espĂšce que d’une analogie fortuite[166], et la postulation de rapports homologiques avec les civilisations sibĂ©riennes est considĂ©rĂ©e aujourd’hui comme relevant de la pure conjecture[176].
Une cĂ©rĂ©monie de machitĂșn, gravure dans Atlas de la historia fĂ­sica y polĂ­tica de Chile de Claude Gay.
  • Le machitĂșn (ou machitun) a pour but la guĂ©rison d’une personne malade. Lors de cette cĂ©rĂ©monie, les ancĂȘtres sont Ă©voquĂ©s, lesquels, dans la croyance mapuche, ont quittĂ© le monde terrestre pour le monde spirituel et possĂšdent l’art de diagnostiquer les maux et affections. Le rite fait intervenir un (ou une) machi, qui au dĂ©but de la cĂ©rĂ©monie escalade les sept marches du rehue et y dĂ©pose des feuilles de cannelier, l’arbre sacrĂ© des Mapuches, pour les brĂ»ler ensuite. Au son du cultrĂșn, il (ou elle) prie et chante auprĂšs du malade, jusqu’à entrer dans un Ă©tat de transe (kĂŒymin), lui permettant d’entrer en communication avec les esprits et de s’entendre rĂ©vĂ©ler par eux la cause de la maladie du patient, qui selon la croyance mapuche gĂźt dans quelque malĂ©fice ou transgression, ainsi que la marche Ă  suivre pour le guĂ©rir, qui consistera gĂ©nĂ©ralement Ă  administrer des infusions, spĂ©cifiques Ă  chaque mal. La plupart du temps, la cĂ©rĂ©monie se dĂ©roule Ă  l’intĂ©rieur de la ruca (maison) du malade et en prĂ©sence de sa parentĂšle. Le (ou la) machi se fait assister par des aidants (dungumachife) chargĂ©s de traduire ses paroles, et par d’autres acolytes chargĂ©s de chasser les esprits mauvais impliquĂ©s dans la maladie Ă  traiter. Une fois mise au jour l’origine du mal, et ce dernier « retirĂ© » du corps du malade, un remĂšde est prĂ©parĂ© Ă  base d’herbes mĂ©dicinales, complĂ©tĂ© d’autres traitements[177] - [178].
  • Le we tripantu (hue tripantu dans la transcription espagnole, ou wiñoy tripantu) est la fĂȘte du nouvel an mapuche. Sa date est fixĂ©e au solstice d’hiver (hĂ©misphĂšre sud), entre le 21 et le 24 juin, de sorte qu’à l’aube du 24 juin, un autre cycle de vie commence dans le monde mapuche et sur la terre mĂšre. C’est en gĂ©nĂ©ral une journĂ©e de retrouvailles, d’harmonisation et d’équilibre des relations humaines. Une tradition courante de cette fĂȘte est de se baigner Ă  l’aube dans une riviĂšre ou dans un lac pour se purifier[179].

Habitation

Maison mapuche (ruca), sur une photographie de 1930.

L’habitation traditionnelle des Mapuches est la ruka (ou ruca en transcription espagnole), construction assez vaste, d’une superficie variant entre 120 et 240 mĂštres carrĂ©s, constituĂ©e de murs d’adobe, de planches ou de bambous, tapissĂ©s de tiges de massette Ă  l’intĂ©rieur. Elles sont renforcĂ©es au-dedans par des piliers de bois qui supportent une toiture de joncs ou de quelque graminĂ©e semblable Ă  la paja brava. Elles sont habituellement dĂ©pourvues de fenĂȘtres ; l’unique entrĂ©e, tournĂ©e vers l’orient, reste ouverte, mais est abritĂ©e des rayons du soleil par une ramada (auvent) formĂ©e de piquets supportant une couverture de branches[180]. L’ingĂ©nieur Gustave Verniory, engagĂ© par le gouvernement chilien pour aider Ă  la construction de chemins de fer, et qui sĂ©journa dix annĂ©es en Araucanie Ă  la fin du XIXe siĂšcle, se lia d’amitiĂ© avec un cacique (polygame) et put donc visiter sa ruca, dont il dĂ©crivit l’intĂ©rieur comme suit dans ses mĂ©moires :

« Le sol est en terre battue. Le fond de la hutte est divisĂ© par des cloisons de roseaux en quatre compartiments d’environ trois mĂštres de large sur deux de profondeur, deux Ă  droite, deux Ă  gauche, s’ouvrant sur un couloir central ; c’est Ă  peu prĂšs la disposition d’une Ă©curie anglaise.
Au centre de trois d’entre eux, entourĂ© d’un cercle de pierres, est un foyer oĂč le feu couve sous la cendre ; il manque dans le quatriĂšme. D’aprĂšs les notions que j’ai dĂ©jĂ  acquises sur la vie des Indiens, j’en conclus que le cacique a trois femmes [
].
Dans ces appartements privĂ©s, il n’existe d’autre mobilier que le lit conjugal en planches Ă  un pied au-dessus du sol, large de trois pieds et couvert de peaux de mouton, et d’autres couchettes de peaux superposĂ©es ou de paille Ă  mĂȘme le sol pour les membres de la famille. Des vĂȘtements sont pendus aux cloisons.
Dans la partie avant de la hutte, aucun meuble, si ce n’est quelques tronçons d’arbre et des peaux jetĂ©es de ci de lĂ . Aux perches formant l’armature et au clayonnage pendent des provisions diverses : des bottes d’épis de maĂŻs, des sacs en peau de vache gonflĂ©s de blĂ©, des outres faites de la tĂȘte d’un cheval ou d’un veau contenant des Ɠufs, un curieux sac Ă  farine formĂ© de la peau cousue d’un jeune veau et, ce qui me frappe le plus, des marmites en pis de vache durcis.
Sur un tronc Ă©quarri posĂ© le long d’une des parois sont rangĂ©s de nombreux ustensiles de mĂ©nage : des jarres en terre cuite, des Ă©cuelles en bois, des calebasses et gourdes Ă©vidĂ©es de toutes formes, des cruches en terre glaise, des coquilles de grosses moules de riviĂšre servant de cuillers. À cĂŽtĂ©, une grande auge en bois contenant la provision d’eau. Dans un coin, la lance du cacique, une grosse massue en bois dur, une selle, un lasso, une trutruca ou grande corne pour sonner le ralliement de la tribu[181]. »

Autel et structures funéraires

Taille d’un chemamĂŒll, statue funĂ©raire mapuche, en regard d’une personne.
  • Une structure rituelle importante est le rewe (rehue, selon la graphie espagnole ; prononcer rĂ©wĂ©), autel sacrĂ© utilisĂ© par les Mapuches dans de nombreuses cĂ©rĂ©monies. C’est un tronc d’arbre d’environ deux mĂštres de haut, fichĂ© en terre, plus ou moins grossiĂšrement sculptĂ© et entaillĂ© d’une sĂ©rie de marches que le machi gravit Ă  reculons lors de fĂȘtes religieuses et sur lesquelles il peut se tenir debout. La ruca (demeure) d’un machi se reconnaĂźt au rehue qui se dresse aux abords, ombragĂ© par le feuillage odorant d’un cannelier, arbre sacrĂ©[182].
  • À signaler encore les statues de bois appelĂ©es chemamĂŒll (de che, personne, et mamĂŒll, bois, soit : « bois ayant forme humaine »), poteau funĂ©raire que l’on dresse sur la tombe du dĂ©funt Ă  l’issue de la cĂ©rĂ©monie de funĂ©railles. C’est un tronc dont la partie supĂ©rieure, sommairement sculptĂ©e Ă  la hache, figure une tĂȘte coiffĂ©e d’une sorte de chapeau haut-de-forme[183].
  • En 2007, l’archĂ©ologue amĂ©ricain Tom Dillehay a dĂ©nombrĂ© environ 300 tumulus funĂ©raires, nommĂ©s cuel, aux alentours de PurĂ©n et de Lumaco. Ces buttes artificielles coniques, faites de pierraille et de boue, peuvent dans certains cas dĂ©passer les 40 mĂštres de hauteur. L’auteur a formulĂ© l’hypothĂšse que dans la plaine limoneuse de PurĂ©n se serait dĂ©veloppĂ© un foyer de peuplement suffisamment important que pour permettre l’édification de monuments funĂ©raires. Dillehay fait remonter les cuel Ă  deux centaines d’annĂ©es avant l’arrivĂ©e des Espagnols, soit les XIVe et XVe siĂšcles. Il conjecture en outre que ces structures aient pu ĂȘtre le fruit de l’influence inca ou de quelque autre des cultures des Andes centrales en gĂ©nĂ©ral[184].

Mathématiques

Le systĂšme de numĂ©ration mapuche est dĂ©cimal, avec des noms particuliers pour les neuf unitĂ©s (dans l’ordre : kiñe, epu, kĂŒla, meli, kechu, kayu, regle, pura, aylla), la dizaine (mari), la centaine (pataka) et le millier (warangka), le reste des nombres Ă©tant formĂ© par composition, au moyen de sommes et de multiplications, oĂč une unitĂ© nommĂ©e Ă  gauche d’un nombre d’ordre supĂ©rieur multiplie celui-ci, et lui est additionnĂ©e si elle est nommĂ©e Ă  droite. Par exemple, kechu pataka kĂŒla mari kĂŒla reprĂ©sente 533 (5 x 100 + 3 x 10 + 3).

Selon le missionnaire FĂ©lix de Augusta (1860-1935), les Mapuches ne disposaient pas d’une mĂ©thode Ă©tablie pour opĂ©rer avec des fractions et des dĂ©cimales, de sorte que l’auteur dut adapter la terminologie espagnole aux usages mapuches.

Au XIXe siĂšcle, Claudio Matte, dans son syllabaire de 1884 familiĂšrement appelĂ© Silabario del ojo, affirmait que les Mapuches ne savaient pas compter et qu’ils utilisaient des mĂ©taphores pour exprimer les nombres, affirmation qui sera Ă  l’origine d’une croyance erronĂ©e qui durera des dĂ©cennies[185].

« [...] la loi relative Ă  l’instruction primaire obligatoire de 1928 se chargea de formaliser le mĂ©pris indigĂšne envers notre peuple en ce qui touche au systĂšme numĂ©rique et au comptage, et M. Claudio Matte, grand savant de l’universitĂ© du Chili, auteur du Silabario El Nuevo MĂ©todo, communĂ©ment appelĂ© Silabario El Ojo, dans les annĂ©es 50, soulignait dans la leçon no 21, sous le titre Los Indios Mapuche no saben contar, que pour dire ‘un’ ils disent ‘soleil’, et pour dire deux ils disent ‘patte d’oiseau’. »

— Juan Ñanculef Huaiquinao, Centre de documentation mapuche[186].

Art textile

Ruban mapuche présentant le motif typique du guemil, trÚs semblable à la chacana.

Les donnĂ©es les plus anciennes sur l’art du tissage dans les zones les plus australes du continent amĂ©ricain (c’est-Ă -dire la partie mĂ©ridionale des actuels États du Chili et de l’Argentine) ont Ă©tĂ© recueillies dans quelques sites archĂ©ologiques, comme les cimetiĂšres pitrĂ©n non loin de la ville de Temuco, le site Alboyanco dans la rĂ©gion du BiobĂ­o, et le cimetiĂšre Rebolledo Arriba dans la province de NeuquĂ©n. Des preuves y ont Ă©tĂ© trouvĂ©es de l’existence de tissages mettant en Ɠuvre des techniques et des dessins complexes et remontant Ă  une date aux alentours de 1300-1350[187]. Sur la base de ces trouvailles et d’autres encore, un lien a pu ĂȘtre Ă©tabli entre l’artisanat textile dĂ©veloppĂ© en Araucanie et les cultures andines du nord (actuels Équateur et PĂ©rou), et il a Ă©tĂ© postulĂ© que les tissus et le savoir-faire textile seraient arrivĂ©s jusque dans la rĂ©gion araucane par des contacts et des Ă©changes avec ces lointaines rĂ©gions[188].

Les documents historiques les plus anciens attestant de l’existence de l’art textile chez les autochtones du sud des actuels territoires argentin et chilien sont des chroniques d’explorateurs et de colonisateurs europĂ©ens datant du XVIe siĂšcle. Ces tĂ©moignages font Ă©tat de ce que, Ă  l’arrivĂ©e des EuropĂ©ens dans la rĂ©gion d’Araucanie, les natifs de cette zone Ă©taient vĂȘtus de tissus fabriquĂ©s par eux-mĂȘmes Ă  partir de la laine de lamas, dont les Mapuches pratiquaient l’élevage. UltĂ©rieurement, et aprĂšs adoption du bĂ©tail ovin apportĂ© par les EuropĂ©ens, ces autochtones commencĂšrent Ă  Ă©lever ces animaux et Ă  en utiliser la laine pour la confection de leurs tissus, jusqu’à ce que cette laine vint Ă  supplanter largement l’emploi du poil de lama. Vers la fin du XVIe siĂšcle, ces ovins Ă©levĂ©s et amĂ©liorĂ©s par les autochtones avaient acquis un corps plus robuste et une laine plus grosse et plus longue que celle du bĂ©tail apportĂ© par les EuropĂ©ens[189].

Laine teinte Ă  l’aide de teintures vĂ©gĂ©tales.

L’objet vestimentaire principal Ă©tait le chamal, piĂšce de tissu de forme carrĂ©e, que les hommes fixaient Ă  la ceinture et dont ils s’enveloppaient les jambes en guise de pantalon, et que les femmes assujettissaient Ă  l’épaule gauche avec une grosse Ă©pingle, pendant qu’un autre chamal faisait office de jupe. Pour teindre ces piĂšces vestimentaires, les Mapuches utilisaient de l’argile ou des teintures vĂ©gĂ©tales, dont ils combinaient les tonalitĂ©s et avec lesquels ils crĂ©aient des motifs dĂ©notant un grand sens artistique. Cette tenue vestimentaire de base Ă©tait complĂ©tĂ©e de capes, de bandeaux, de rubans pour la tĂȘte, et d’une ceinture.

Le mĂ©tier Ă  tisser mapuche Ă©tait posĂ© de façon verticale et se composait d’un bĂąti de quatre piĂšces de bois, une pour Ă©lever la chaĂźne, une autre pour apprĂȘter la trame, une navette, et une derniĂšre pour soutenir les fils Ă©levant un plan de la chaĂźne. De cette machine dĂ©rive le mĂ©tier Ă  tisser chilote ou quelvo, de plus grande taille et de disposition horizontale.

Importance Ă©conomique des textiles

Ces tissus Ă©taient confectionnĂ©s par les femmes, qui transmettaient leur savoir-faire de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration, par tradition orale et en faisant appel Ă  l’imitation gestuelle, habituellement dans le milieu familial. Les femmes douĂ©es d’une grande habiletĂ© textile Ă©taient trĂšs valorisĂ©es, jouant en effet, par l’élaboration de leurs tissus, un important rĂŽle Ă©conomique et culturel, raison pour laquelle un homme, quand il voulait Ă©pouser une femme, devait apporter un trousseau beaucoup plus grand si la femme convoitĂ©e Ă©tait une bonne tisseuse[190].

À l’heure actuelle (2017), de nombreuses femmes mapuches continuent de confectionner des tissus selon la coutume ancestrale et de transmettre leur savoir Ă  la maniĂšre traditionnelle, c’est-Ă -dire au sein du foyer et de la famille, de mĂšre Ă  fille et de grand-mĂšre Ă  petite-fille. Ce mode d’apprentissage est basĂ© sur l’imitation gestuelle, et ce n’est qu’à de rares occasions, et en cas de stricte nĂ©cessitĂ©, que l’apprentie se voit donner des instructions explicites ou de l’aide de la part de ses instructrices. Le savoir se transmet donc au moment mĂȘme de la rĂ©alisation des tissus, et faire et transmettre ont lieu simultanĂ©ment[190].

Intérieur et métier à tisser, Chili.

Dans les sociĂ©tĂ©s andines, les textiles avaient une grande importance et Ă©taient fabriquĂ©s dans le but d’ĂȘtre utilisĂ©s comme vĂȘtement, comme ustensile et abri pour le foyer, et Ă©galement comme marque de prestige[191]. Aux XVIe et XVIIe siĂšcles, cette derniĂšre fonction des textiles se fit jour aussi dans la rĂ©gion d’Araucanie, oĂč, selon plusieurs chroniqueurs du Chili, les autochtones essayaient de s’emparer d’habits et d’étoffes espagnoles comme trophĂ©e de guerre, ou d’en acquĂ©rir par leurs nĂ©goces avec les Espagnols. En outre, c’était vĂȘtus de leurs meilleurs habits que les corps des dĂ©funts Ă©taient dĂ©posĂ©s dans leurs sĂ©pultures[192].

D’autre part, l’activitĂ© textile permettait d’engendrer des surplus, susceptibles de servir de biens d’échange et d’alimenter un commerce fort important pour les autochtones. Nombre de tĂ©moignages Ă©crits remontant jusqu’au XVIe siĂšcle attestent que les Ă©toffes Ă©taient destinĂ©es au troc entre les diffĂ©rents groupes autochtones, puis, Ă  la suite de la colonisation europĂ©enne, entre ceux-ci et les colons. GrĂące Ă  ces trocs, les Mapuches pouvaient faire l’acquisition de biens qu’ils ne fabriquaient pas ou qu'ils prisaient particuliĂšrement, comme p.ex. les chevaux. Les volumes de tissus produits par les femmes mapuches en Araucanie et dans le nord de la Patagonie et commercialisĂ©s ensuite Ă©taient considĂ©rables et constituaient une ressource Ă©conomique de premiĂšre importance pour les familles autochtones[193]. Aussi, dĂšs avant la colonisation europĂ©enne, les textiles confectionnĂ©s par les Mapuches avaient-ils cessĂ© d’ĂȘtre destinĂ© Ă  l’usage exclusif de la famille ou des seuls groupes autochtones[194].

À l’heure actuelle, les tissus Ă©laborĂ©s par les Mapuches continuent d’ĂȘtre destinĂ©s tant Ă  l’usage domestique qu’à la vente ou au troc, ou Ă  servir de cadeau. Toutefois, depuis dĂ©jĂ  le dĂ©but du XXe siĂšcle, les femmes mapuches et leurs familles s’habillent de vĂȘtements provenant du dehors et fabriquĂ©s Ă  base de matĂ©riaux d’origine industrielle, et parmi les productions textiles locales, seuls les ponchos, les capes, les ceintures et les rubans sont encore d’usage courant. Aujourd’hui encore, une bonne partie des tissus produits sont Ă©coulĂ©s dans le commerce et reprĂ©sentent dans beaucoup de cas une importante source de revenus pour les familles[195].

Argenterie et parures

Dessin représentant une trapelacucha, ornement pectoral en argent traditionnellement porté par les femmes mapuches.

L’argenterie est l’une des facettes les plus prĂ©gnantes de la culture matĂ©rielle mapuche[196]. C’est dans la deuxiĂšme moitiĂ© du XVIIIe siĂšcle que les orfĂšvres argentiers mapuches se mirent Ă  produire de l’argenterie fine en grande quantitĂ©[197]. L’essor de l’orfĂšvrerie a pu ĂȘtre attribuĂ© aux pourparlers de QuillĂ­n de 1641 et Ă  ceux de Negrete de 1726, qui instaurĂšrent une trĂȘve des hostilitĂ©s entre Espagnols et Mapuches et permirent au commerce de s’épanouir entre les Mapuches, dĂ©sormais reconnus de facto indĂ©pendants, et le Chili colonial[197] - [198]. Dans ce contexte d’échanges croissants, les Mapuches commencĂšrent fin XVIIIe siĂšcle Ă  accepter les paiements en monnaie d’argent pour leurs produits, qui consistaient en gĂ©nĂ©ral en bĂ©tail et en chevaux[197]. Ces piĂšces de monnaie, en argent ou autre, obtenues Ă  l’issue de nĂ©gociations politiques, serviront de matiĂšre premiĂšre aux artisans orfĂšvres mapuches (en mapudungun : rĂŒxafe)[197] - [198] - [199]. Les pendentifs mapuches anciens en argent comprennent souvent des piĂšces non fondues, incorporĂ©es telles quelles dans le bijou, ce qui aide les chercheurs modernes Ă  dater les objets[199] - [200]. La grande partie des monnaies d’argent espagnoles provenait des mines de PotosĂ­ dans le Haut PĂ©rou[198].

La grande diversitĂ© des crĂ©ations d’argenterie fine chez les Mapuches s’explique par le fait que ces objets Ă©taient notamment destinĂ©s Ă  servir de marqueur d’identification aux diffĂ©rents reynma (familles), lof mapu (territoires), ainsi qu’à des loncos (caciques) et machis (prĂȘtres) dĂ©terminĂ©s[201]. Au fil du temps, les parures en argent ont Ă©tĂ© sujettes Ă  changements en fonction des modes, mais certains modĂšles de base associĂ©s Ă  des concepts philosophiques et spirituels ont rĂ©sistĂ© au passage des ans et n’ont pas subi de modifications majeures[201]. Ces piĂšces sacrĂ©es qui apportent fĂ©conditĂ© et protection sont le support d’un message codifiĂ© qui fait rĂ©fĂ©rence au statut social de la femme qui les porte[202].

L’activitĂ© d’orfĂšvrerie et la diversitĂ© artistique mapuches connurent leur apogĂ©e Ă  la fin du XVIIIe siĂšcle et au dĂ©but du XIXe siĂšcle[203]. Au XIXe siĂšcle, tout cacique mapuche important avait en principe au moins un orfĂšvre argentier Ă  sa disposition[197]. La campagne militaire de 1869 menĂ©e par l’État chilien contre le territoire mapuche indĂ©pendant provoqua pendant l’hiver de cette annĂ©e une famine chez les Mapuches, aggravĂ©e encore par une Ă©pidĂ©mie de variole[204]. Cette circonstance portera certains Mapuches Ă  vendre leurs parures d’argent dans les villes de la Frontera (c’est-Ă -dire sises sur la ligne de dĂ©marcation entre le territoire tenu par eux et celui sous domination chilienne) en Ă©change de nourriture[204]. Selon l’universitaire mapuche Carlos Aldunate, il n’y avait plus en l’annĂ©e 1984 d’orfĂšvres parmi ses contemporains mapuches[197].

Gustave Verniory donne dans ses mémoires un bref inventaire des parures féminines mapuches :

« Les femmes d’un cacique riche sont des joailleries ambulantes. Il y a d’abord les chaĂźnettes qui relient les extrĂ©mitĂ©s des deux tresses, puis les boucles d’oreille pesant souvent une demi-livre, puis les colliers, les bracelets, les diadĂšmes, les bagues nombreuses, les anneaux aux chevilles, les pendentifs et surtout l’épingle [
], plaque ronde de la dimension d’une assiette formant la tĂȘte, avec une tige longue d’un pied, le tout en argent ; d’autres fois, la tĂȘte est une sphĂšre Ă©norme[205]. »

Le principal ornement fĂ©minin cependant est le pendentif pectoral (c’est-Ă -dire qui se porte en sautoir sur la poitrine, trapelacucha en mapudungun), qui, s’il peut varier dans sa forme, se prĂ©sente nĂ©anmoins le plus souvent comme un assemblage de trois colonnes parallĂšles sĂ©parĂ©es constituĂ©es de plaquettes rectangulaires reliĂ©es entre elles par des chaĂźnons d’argent aplatis ; au sommet de ces trois colonnes, et les maintenant ensemble, se trouve une figure plate composĂ©e d’un oiseau bicĂ©phale, Ă  ailes Ă©ployĂ©es, tandis que la base est constituĂ©e d’une piĂšce plate en demi-cercle ou trapĂ©zoĂŻde, se terminant en bas par un alignement de pendeloques sous forme de petits disques.

Musique traditionnelle

Au contraire de la musique populaire ou profane, qui est fort sujette Ă  la mode et n’a pas Ă©tĂ© consignĂ©e ou enregistrĂ©e, la musique religieuse a Ă©tĂ© prĂ©servĂ©e en ce qu’elle est rĂ©pĂ©tĂ©e cĂ©rĂ©moniellement, Ă  l’identique, comme p. ex. les chants des guillatĂșns (parmi lesquels les tayĂŒáž»fe, qui accompagnent de chants les danses des choyke), qui peuvent passer pour des Ă©chantillons de musique traditionnelle mapuche. Cependant, il existe par ailleurs aussi des chansons d’amour, des chansons Ă  boire ou des chansons Ă©voquant tel Ă©vĂ©nement survenu dans la terre natale ou telle personne en vue. Le chant mapuche peut ĂȘtre chantĂ© a cappella ou ĂȘtre accompagnĂ© de quelque instrument de musique cĂ©rĂ©monielle.

Dans l’arsenal des instruments de musique mapuches figurent des instruments de percussion, tels que le cultrĂșn, dont l’utilisation est exclusivement rituelle, et les cascahuillas, grelots attachĂ©s aux jointures des doigts, et des instruments Ă  vent, comme la trutruca, canne creuse de bambou avec une corne Ă  son extrĂ©mitĂ©, ou la pifilca, aĂ©rophone de la famille des flĂ»tes, sans biseau, semblable Ă  un sifflet. Un instrument original est le trompe ou torompe, idiophone dont on fait vibrer une languette et qui se sert de la gorge et de la bouche comme caisse de rĂ©sonance[206].

Musique actuelle

À ces instruments traditionnels s’en sont joints d’autres, comme l’accordĂ©on et la trompette en Araucanie, et la guitare et le bombo dans la rĂ©gion des Lacs. Parmi les chanteuses modernes de musique mapuche, il convient de mentionner en particulier Beatriz PichimalĂ©n, AimĂ© Paine et Nancy San MartĂ­n.

Poésie contemporaine

Le peuple mapuche a produit une vaste littĂ©rature orale, que favorisait le goĂ»t traditionnel de ce peuple pour le maniement esthĂ©tique de son idiome et par la circonstance que le talent oratoire y Ă©tait Ă©levĂ© au rang de compĂ©tence sociale suprĂȘme. Les principales formes du rĂ©cit sont l’epew, sorte de fabliau, et le nĂŒtram.

La culture mapuche s'appuie traditionnellement sur une transmission orale, leur littĂ©rature Ă©crite est relativement rĂ©cente. Ce peuple s'intĂšgre dans les modes de transmission dominants. À partir du XXe siĂšcle, de nombreux poĂštes mapuches dĂ©cidĂšrent de basculer de l’oralitĂ© vers l’écriture et commencĂšrent ainsi Ă  apparaĂźtre sur la scĂšne de la littĂ©rature Ă©crite. Plusieurs parmi eux ont publiĂ© leurs recueils dans des Ă©ditions bilingues espagnol-mapudungun, mais les caractĂ©ristiques centrales de la majoritĂ© de ces auteurs sont le recours Ă  la langue vernaculaire et la prĂ©sence dans leurs Ɠuvres des topos littĂ©raires propres Ă  l’ethnie mapuche, tels que les rĂ©fĂ©rences Ă  l’environnement naturel, la symbologie et la cosmovision mapuches. Parmi ces Ă©crivains, le poĂšte Elicura Chihuailaf, auteur du livre Sueños azules y contrasueños, professeur Ă  l’universitĂ© de Temuco, est parvenu Ă  une reconnaissance au niveau latino-amĂ©ricain.

Parmi les poÚtes mapuches contemporains méritent mention :

  • Lorenzo AillapĂĄn (1940 - ) : poĂšte et musicien, qui se dĂ©clare ĂŒĂ±ĂŒmche, homme-oiseau, car capable de comprendre le langage des oiseaux. A Ă©galement travaillĂ© occasionnellement comme acteur.
  • Emilio Antilef : journaliste et poĂšte.
  • Elicura Chihuailaf (1952 - ) : l’un des poĂštes mapuches les plus cĂ©lĂ©brĂ©s. Son Ɠuvre se signale par l’utilisation d’élĂ©ments de la symbologie traditionnelle, comme le culte des ancĂȘtres et la couleur bleue. Il a traduit en mapuzugun des Ɠuvres de Pablo Neruda et de VĂ­ctor Jara.
  • Rosendo HuenumĂĄn GarcĂ­a (1935 - ) : poĂšte et compilateur de poĂ©sie traditionnelle. Il fut dĂ©putĂ© pour le Parti communiste du Chili jusqu’en 1973[207].
  • Jaime Luis HuenĂșn (1967 - ) : poĂšte huilliche, Ă©galement Ă©diteur d’anthologies d’autres auteurs mapuches.
  • Leonel Lienlaf (1969 - ) : poĂšte se dĂ©clarant ouvertement poĂšte bilingue ; Ă©galement musicien.
  • Eliana Pulkillanca (1963 - ) : poĂšte autodidacte lafkenche, de la zone de la CommunautĂ© autochtone Lonco Kashillahue de Piutril, San JosĂ© de la Mariquina.
  • Graciela Huinao (1956 - ) : poĂšte et conteur huilliche, elle fut la premiĂšre femme mapuche Ă  faire paraĂźtre un livre.
  • MarĂ­a Catrileo (1944 - ) : Ă©crivain et enseignant d’anglais, de mapudungĂșn et d’espagnol Ă  l’universitĂ© australe du Chili.

Cuisine mapuche, pratiques alimentaires

  • Le merkĂ©n est un Ă©lĂ©ment traditionnel de la cuisine mapuche.

Ethnotourisme

Vers la fin du XXe siĂšcle, certaines communautĂ©s mapuches ont entrepris de crĂ©er des programmes de tourisme, plus spĂ©cifiquement d’ethnotourisme, dĂ©nommĂ©s « tourisme mapuche ». Celui-ci s’inscrit dans une nouvelle tendance touristique, qui implique une nouvelle façon de voyager et un autre choix de destinations et dont les pratiquants s’interdisent de porter prĂ©judice aux cultures locales, d’altĂ©rer des Ă©quilibres vieux de plusieurs siĂšcles voire de millĂ©naires, ou de dĂ©truire les Ă©cosystĂšmes naturels. Il s’agit en l’occurrence de formes alternatives de dĂ©veloppement touristique respectant les ressources et les communautĂ©s locales, dans la conviction qu’ainsi pourront ĂȘtre protĂ©gĂ©s et renforcĂ©s la culture et l’environnement de la destination touristique choisie[208]. Le tourisme responsable se dĂ©finit comme un voyage qui prend en considĂ©ration les contextes naturels, socio-culturels, Ă©conomiques et politiques de la destination, s’attachant Ă  accroĂźtre les bĂ©nĂ©fices et Ă  minimiser les impacts nĂ©gatifs du tourisme[209].

C’est dans cet esprit qu’a Ă©tĂ© mis en place l’ethnotourisme dans des zones habitĂ©es par le peuple mapuche. À cet Ă©gard se signale en particulier l’écotourisme organisĂ© par des communautĂ©s huilliches, se traduisant notamment par la participation des Huilliches dans la crĂ©ation d’un rĂ©seau de parcs sylvestres dans l’Aire marine et cĂŽtiĂšre Lafken Mapu Lahual, dans la province d'Osorno, au Chili, mais prenant plusieurs autres formes encore telles que le tourisme d’aventure, l’agritourisme, le tourisme rural, le tourisme Ă©cologique, le tourisme scientifique, le tourisme historico-culturel, et l’ethnotourisme. Ce dernier se donne comme but la prĂ©servation de l’identitĂ© ethnique et la valorisation et transmission du patrimoine culturel.

En AmĂ©rique latine, des pays comme le PĂ©rou, la Bolivie, le Mexique et le Nicaragua ont mis au point au niveau national nombre de programmes dĂ©jĂ  fort Ă©laborĂ©s. En comparaison, le Chili n’en est qu’à ses dĂ©buts (2006), mais est en croissance rapide, grĂące en partie aux Mapuches, dĂ©sireux de revaloriser leurs racines et de les partager avec le reste du monde[208].

Mapuches célÚbres

Notes et références

  1. « Resultados Censo 2017 », Institut national de statistique du Chili (consulté le )
  2. Institut national de statistique et de recensement (Argentine), Censo Nacional de PoblaciĂłn, Hogares y Viviendas 2010 (tome 1), Buenos Aires, (ISBN 978-950-896-421-2, lire en ligne), p. 281
  3. Patricia Bravo, « ÂżLa pobreza es una infiltrada? Pregunta alcalde mapuche de TirĂșa », Revista Punto Final, (consultĂ© le )
  4. Municipalidad de Esquel, « Museo de culturas originarias patagónicas. Comunidad Nahuelpån. Estación del Ferrocarril », Esquel (consulté le )
  5. « Le long combat des Indiens d’Argentine », L'HumanitĂ©, Paris,‎ (lire en ligne)
  6. Jean Sellier, Atlas des peuples d'Amérique, éd. La Découverte 2006, p. 30.
  7. (es) Carlos E. CuĂ©, « Benetton y los mapuches, batalla sin fin en la Patagonia argentina », El PaĂ­s, Mexico,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  8. (en-US) COHA, « Benetton in Patagonia – The Oppression of Mapuche in the Argentine South » (consultĂ© le )
  9. MarĂ­a Eugenia Merino et Mauricio Pilleux, « El uso de estrategias semĂĄnticas globales y locales en el discurso de los chilenos no mapuche de la ciudad de Temuco », Estudios filolĂłgicos, Valdivia, no 38,‎ , p. 111-119 (ISSN 0071-1713, OCLC 760403293, lire en ligne, consultĂ© le )
  10. JosĂ© Luis Saiz, MarĂ­a Eugenia RapimĂĄn et Antonio Mladinic, « Estereotipos sobre los mapuche: su reciente evoluciĂłn », Psykhe, Santiago, vol. 17, no 2,‎ , p. 17-40 (ISSN 0718-2228, lire en ligne, consultĂ© le )
  11. Cristina Espinoza, « Mapuche en La AraucanĂ­a son econĂłmicamente mĂĄs pobres », La NaciĂłn,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  12. MarĂ­a Eugenia Merino, « El discurso de la discriminaciĂłn percibida en Mapuche de Chile », Discurso y sociedad, vol. 1, no 4,‎ , p. 604-622 (ISSN 1887-4606, lire en ligne, consultĂ© le )
  13. Antonia Valencia, « Solo por ser "indio" », La NaciĂłn,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  14. « CASEN 2009. Encuesta de Caracterización Socioeconómica Nacional » [archive du ], Santiago, Ministerio de Planificación. Gobierno de Chile, (consulté le ), p. 7, 13
  15. Rodrigo Cerda, « SituaciĂłn socioeconĂłmica de los mapuche », Puntos de referencia, Santiago, Centro de Estudios PĂșblicos,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  16. (es) Adalberto Salas, El mapuche o araucano : fonologĂ­a, gramĂĄtica y antologĂ­a de cuentos, Madrid, Mapfre, , 398 p. (ISBN 84-7100-441-0), p. 30-32
  17. Gilberto SĂĄnchez, « ÂżCĂłmo se autodenominaban los mapuches y cĂłmo llamaban a su suelo natal (patria, paĂ­s) y a su lengua, durante la colonia? », Historia indĂ­gena, Santiago, Departamento de Ciencias Historiques, universitĂ© du Chili, no 10,‎ , p. 7-28 (lire en ligne, consultĂ© le )
  18. MarĂ­a del Milagro Lee Arias signale dans ses Breves notas de la etnohistoria del pueblo mapuche que « lorsque Pedro de Valdivia fonda la ville de Santiago le 12 fĂ©vrier 1541, les groupes autochtones qui peuplaient le centre-sud du territoire alors appelĂ© Nueva Extremadura n’étaient pas Ă  proprement parler mapuche, mais des reche — gens purs, Indien du Chili (Valdivia 1606) —. Ces groupes reche donneront naissance, par un processus d’ethnogĂ©nĂšse qui reconfigurera leur identitĂ© ethnique, aux Mapuches actuels au milieu du XVIIIe siĂšcle (en 1760 approximativement). »
  19. À ce propos, Fernando ZĂșñiga indique dans une note de bas de page de son ouvrage Mapudungun. El habla mapuche : « L’origine de l’ancienne dĂ©nomination araucanos reste matiĂšre Ă  controverse. »
  20. Adalberto Salas, « Mapuche o araucano (mapudungun) » [archive du ] (consulté le )
  21. « Diego Barros Arana, Historia general de Chile. Chapitre troisiÚme. »
  22. Fernando ZĂșñiga, Mapudungun. El habla mapuche, Santiago, Centro de Estudios PĂșblicos, , 402 p. (ISBN 956-7015-40-6)
  23. Willem Adelaar, The Languages of the Andes, Cambridge University Press, , 718 p. (ISBN 978-0-521-36275-7)
  24. Alejandro Saavedra Pelåez, « Notas sobre la población Mapuche actual », Minga Online (UACh) (consulté en )
  25. « Entrevista a la dirigente mapuche Eugenia Calquín » [archive du ]
  26. El genocidio burocrĂĄtico, de Sabina Bassani, Benedicto Melin, prĂ©sident rĂ©gional des communautĂ©s mapuches au Chile, parle de « gĂ©nocide bureaucratique », puisque selon les estimations des Mapuches eux-mĂȘmes, ils sont aux alentours de 1 400 000 personnes.
  27. « Los pueblos indígenas de Chile »
  28. « INDEC: Encuesta Complementaria de Pueblos Indígenas (ECPI) 2004-2005 (Mapuche) » [archive du ]
  29. « Postura mapuche frente a la incorporación de "la variable indígena" en el Censo Nacional 2001, Puel Mapu » [archive du ],
  30. Teodora Zamudio, « La actual situaciĂłn poblacional de las comunidades indĂ­genas » [archive du ], FacultĂ© de droit de l’universitĂ© de Buenos Aires,
  31. « Argentina » [archive du ]
  32. Teodora Zamudio, « Derecho de los Pueblos IndigĂšnes » [archive du ], FacultĂ© de droit de l’universitĂ© de Buenos Aires,
  33. « Equipo Nacional de Pastoral Aborigen - ENDEPA » [archive du ]
  34. « Farn Report: Benetton-Mapuche Case » [archive du ]
  35. PoblaciĂłn y Desarrollo. AutonomĂ­a o CiudadanĂ­a incompleta: el pueblo mapuche en Chile y Argentina, par Isabel HernĂĄndez, p. 18 (vue rapide)
  36. « Reflexiones metodológicas en torno a los censos de 1992-2002 y la cuestión mapuche »
  37. « Aborígenes andinos »
  38. « Cuadro 2. PoblaciĂłn indĂ­gena o descendiente de pueblos indĂ­genas u originarios en viviendas particulares por sexo, segĂșn pueblo indĂ­gena. Total del paĂ­s. Año 2010, p. 281. »
  39. « INDEC 2010. Pueblos originarios. Región Noroeste Argentino. »
  40. « Historia de Los Toldos, tribu de Coliqueo »
  41. « pueblo mapuche » [archive du ]
  42. « mapuche »
  43. « pueblo mapuche (Neuquen) » [archive du ]
  44. « Page dans web.archive.org » (version du 15 octobre 2009 sur Internet Archive)
  45. « Historia del Mapuche: el proceso de araucanización y la guerra contra el "Huinca", por Gigliola Paschetta »
  46. « http://www.eclac.org/publicaciones/xml/8/13108/lcl1935-p1.pdf »
  47. « Mapa de las comunidades Mapuche de la provincia del Neuquén » [archive du ]
  48. Coordinadora del Parlamento del Pueblo Mapuche, de RĂ­o Negro : Argentina Indymedia
  49. « Primera asamblea de comunidades indigenas en Santa Cruz »
  50. « De “reservas” a comunidades: Procesos de visibilizaciĂłn de los pueblos originarios en la provincia de Santa Cruz (Argentina). Mariela Eva RodrĂ­guez1 » [archive du ]
  51. « Indymedia »
  52. « Relevan a las comunidades originarias en territorio malargĂŒino »
  53. « Infoleg. Resolución no 115/2012. INAI »
  54. « Infoleg. Resolución INAI 166/2014 »
  55. « RECA. Listado de Comunidades Aborígenes », Gouvernement provincial de Santa Fe
  56. Armando Cartes Montory, « Arauco, matriz retĂłrica de Chile: sĂ­mbolos, EtnĂ­a y nation », Revista de Estudios Transfronterizos, vol. XIII, no 2,‎ juillet–dĂ©cembre 2013, p. 191-214 (lire en ligne)
  57. José Bengoa, « Historia del pueblo mapuche: (siglo XIX y XX) ».
  58. The Languages of the Andes, Willem F. H. Adelaar & Pieter C. Muysken, Cambridge University Press 2004, p. 509. (ISBN 0-521-36275-X et 978-0-521-36275-7).
  59. « Argentina - Pueblos Originarios de la Pampa » [archive du ].
  60. « http://www.slideshare.net/Culturasaavedra/lafquenche ».
  61. « http://www.australvaldivia.cl/site/edic/20040418033923/pags/20040418043711.html ».
  62. « http://www.economiaynegocios.cl/noticias/noticias.asp?id=99465 ».
  63. « El estudiante de Historia: El complejo Tehuelche 6 - Araucanización »
  64. Victoria Pedrotta & Sol Lanteri (direction), « La frontera sur de Buenos Aires en la larga duración », Instituto Cultural de la Provincia de Buenos Aires. Dirección Provincial de Patrimonio Cultural Archivo Histórico bonaerense « Dr Ricardo Levene » (consulté le )
  65. Victoria Pedrotta, « Reandando los caminos al Chapaleofu: viejas y nuevas hipótesis sobre las construcciones de piedra del sistema de Tandilia » (consulté le )
  66. « http://www.museo.fcnym.unlp.edu.ar/articulo/2014/9/13/reunion_comunidades »
  67. « Page sur patagoniaaustral.idoneos.com »
  68. « historia » [archive du ]
  69. « Transformaciones étnicas » [archive du ]
  70. « Argentina Tour »
  71. « Los mapuche »
  72. Entre les fleuves LimarĂ­ au nord et Choapa au sud, les Mapuches partageaient le territoire avec les Diaguitas.
  73. « Primera Parte »
  74. Roberto Chiapino, « El Kultrum » [archive du ], bioetica.org, (consulté en )
  75. Gabriel Salazar Vergara et Julio Pinto, Historia contemporĂĄnea de Chile II : Actores, identidad y movimiento, Santiago, LOM, (ISBN 978-956-282-174-2 et 956-282-174-9, lire en ligne), p. 147
  76. Francisco Rothhammer et Elena Llop, Poblaciones chilenas : Cuatro décadas de investigaciones bioantropológicas, Santiago, Editorial Universitaria, S.A, , 1re éd., 296 p. (ISBN 956-11-1713-4, lire en ligne), p. 228
  77. Reynaldo Mariqueo & Jorge Calbucura, « La Nación Mapuche », (consulté en )
  78. « Pueblos aborígenes chilenos » (consulté en )
  79. Antecedentes histĂłricos y ambientales de Lumako y la identidad nagche
  80. Portal a los Hielos Eternos, « Caleta Olivia. Comunidades Aborígenes. El Escenario y el Hombre » (consulté en )
  81. Himno de la Provincia del Neuquén (Neuquén Trabun Mapu) (es)
  82. « Pueblos aborígenes chilenos » (consulté en )
  83. « El Kultrum » [archive du ] (consulté en )
  84. Ricardo E. Latcham, La organizaciĂłn social y las creencias religiosas de los antiguos araucanos, Santiago de Chile, Impr. Cervantes, 1924. lire en ligne
  85. « Mapahumano de Etnias, Pueblos y Culturas - mapahumano.fiestras.com » (consulté en )
  86. « Club de caza Mammul Mapu » [archive du ] (consulté en )
  87. Article sur Geocities
  88. « Nacion Mapuche - Pueblo Mapuche » (consulté en )
  89. « Indígenas americanos: Explotación, genocidio y olvido », Monografias.com (consulté en )
  90. (es) Ricardo Latcham, Prehistoria Chilena, (lire en ligne)
  91. « Ricardo Eduardo Latcham », Memoria Chilena, Biblioteca Nacional de Chile (consulté le )
  92. (es) Roberto Edelmiro Porcel, Problema indigenista, Buenos Aires, Ă©d. Eder, , 68 p. (lire en ligne), p. 16 et passim
  93. La pĂ©riode nĂ©olithique (1500 av. J.-C.-1470 av. J.-C.) se caractĂ©rise par la production d’aliments, l’habitat agglutinĂ© (villages), la prĂ©sence de poteries et le commerce de marchandises.
  94. La pĂ©riode agrocĂ©ramique intermĂ©diaire tardive s’étend entre les annĂ©es 1500 avant. J.-C. et 1470 aprĂšs J.-C.
  95. Bien que sa zone de plus grande concentration se situĂąt dans le bassin-versant des fleuves Maipo et Mapocho.
  96. (es) « La cultura Aconcagua.Ambiente y Localización », Santiago du Chili, Museo Chileno de Arte Precolombino (consulté le )
  97. (es) « Complejo Pitrén », Université australe du Chili (version du 7 juin 2012 sur Internet Archive)
  98. (en) Silvia Fuselli et al., « Mitochondrial DNA diversity in South America and the genetic history of Andean highlanders », Molecular biology and evolution, no 20.10,‎ , p. 1682-1691
  99. (en) Moraga, M. L., Rocco, P., Miquel, J. F., Nervi, F., Llop, E., Chakraborty, R.,... & Carvallo, P., « Mitochondrial DNA polymorphisms in Chilean aboriginal populations: implications for the peopling of the southern cone of the continent », American Journal of Physical Anthropology, no 113(1),‎ , p. 19-29
  100. (es) Horacio Zapater et Horacio Zapater EquioĂ­z, AborĂ­genes chilenos a travĂ©s de cronistas y viajeros, Éd. Andres Bello, (lire en ligne), p. 43-44
  101. (es) Francisco Aravena, « En regiones de la AraucanĂ­a y del BiobĂ­o: CĂłmo se revelĂł el secreto mapuche », El Mercurio,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  102. Bengoa (2003), p. 31 et 32.
  103. (es) José Bengoa, Historia del pueblo mapuche : (siglo XIX y XX), Lom Ediciones, (lire en ligne), p. 110 (note no 63)
  104. « La Araucana de Alonso de Ercilla » [archive du ]
  105. Marta Blanco, « El Inca Garcilaso, un indio antårtico (1539-1616) »
  106. « Crónica y relación copiosa y verdadera de los Reynos de Chile. Hecha por Gerónimo de Bibar, natural de Burgos. MDLVIII. » [archive du ]
  107. Historia fĂ­sica y polĂ­tica de Chile, Tomo Tercero, Parte I p. 24-25. Auteurs : Claudio Gay & Ivan Murray Johnston
  108. Vicente Carvallo Goyeneche, « Descripcion Histórico Geografía del Reino de Chile », historia.uchile
  109. MentionnĂ©e par Francis Goicovich Videla et Osvaldo Silva Galdames dans leur article intitulĂ© Detuvo la Batalla del Maule la expansiĂłn Inca hacia el sur de Chile?, sur le site de l’universitĂ© du Chili.
  110. « Diego Barros Arana, Historia general de Chile. Chapitre troisiÚme, points 3, 4 et 5 »
  111. José Bengoa (2000) [1982], Historia del pueblo mapuche. Siglos XIX y XX, Lom Ediciones, Santiago du Chili, p. 20 et 22. (ISBN 956-282-232-X).
  112. José Bengoa (2000). Historia del pueblo mapuche..., p. 19-20.
  113. José Bengoa (2000). Historia del pueblo mapuche..., p. 33
  114. José Bengoa (2000). Historia del pueblo mapuche..., p. 21-22
  115. Traduction par nos soins.
  116. Isabel Hernåndez, Los mapuche : derechos humanos y aborígenes, Galerna, , 125 p. (ISBN 978-950-556-421-7, lire en ligne), « Los Mapuche Chileno-Argentino », p. 18
  117. José Bengoa (2000), Historia del pueblo mapuche..., p. 37.
  118. José Bengoa (2000), Historia del pueblo mapuche..., p. 252-253.
  119. El Mercurio, 6 de enero de 2008
  120. Juan Francisco JimĂ©nez et SebastiĂĄn Alioto, « "Que ningĂșn desgraciado muera de hambre": agricultura, reciprocidad y reelaboraciĂłn de identidades entre los ranqueles en la dĂ©cada de 1840 », Mundo Agrario. Revista de estudios rurales, La Plata, Centro de Estudios HistĂłrico Rurales. Universidad Nacional de La Plata, vol. 8, no 15,‎ (lire en ligne [PDF], consultĂ© le )
  121. C’est le cas notamment de Roberto Edelmiro Porcel, professeur Ă  la facultĂ© de droit de l’universitĂ© de Buenos Aires, qui note dans un billet sur son site personnel : « Leur territoire d’origine (l’Arauco) Ă©tait parfaitement dĂ©limitĂ© au Chili (vu qu’ils Ă©taient sĂ©dentaires, car, en plus d’ĂȘtre chasseurs et cueilleurs, ils Ă©taient agriculteurs). Leurs limites Ă©taient le fleuve Bio Bio au nord, le ToltĂ©n au sud, l’ocĂ©an Pacifique Ă  l’ouest et la cordillĂšre des Andes Ă  l’est. C’est pourquoi aussi ils vivaient dans des rucas, maisons faites en bois dans les rĂ©gions boisĂ©es ou de pierre dans celles montagneuses, Ă  la diffĂ©rence de nos aborigĂšnes, d’ascendance pampĂ©enne, qui, Ă©tant nomades, vivaient dans des tentes de peaux, facilement transportables lors de leurs continuels dĂ©placements. Les autochtones araucans se caractĂ©risent par leur petite stature (aux environs de l,60 m), leur torse en effet dĂ©passant en longueur leurs extrĂ©mitĂ©s, au contraire de nos Tehuelches, qui Ă©taient grands, athlĂ©tiques, trĂšs bien proportionnĂ©s. Nos Guenakenq (appelĂ©s aussi Puelches ou Pampas montagnards) et les Gununa Kena (ou Pampas) mesuraient aux alentours de 1,70 /1,75 m. Les Aoniken (Patagons) Ă©taient plus grands encore (1,80 m/1,92 m). Ils se diffĂ©renciaient d’autre part par la forme de leur tĂȘte, les uns Ă©tant brachycĂ©phales, les autres dolichocĂ©phales. Les Araucans Ă©taient beaucoup plus avancĂ©s que nos aborigĂšnes du sud. Ils connaissaient l’art du tissage pour leurs vĂȘtements, tandis que nos indigĂšnes se couvraient avec les peaux des animaux qu’ils chassaient, cousus ensemble avec des laniĂšres. Enfin, leurs armes aussi Ă©taient diffĂ©rents : la lance contre la bola. On voit donc qu’il s’agit de peuples totalement distincts, qui commencĂšrent Ă  communiquer entre eux par la pression des Espagnols au Chili, puis, davantage encore, avec l’arrivĂ©e et l’usage du cheval, qui leur permit d’entreprendre des Ă©changes et d’entretenir des relations commerciales. Mais les Ă©vĂ©nements qui se produisirent dans la derniĂšre partie du XVIIIe siĂšcle, et plus encore au XIXe siĂšcle, durant le processus d’émancipation du Chili (la dĂ©nommĂ©e Guerre Ă  mort), firent que les aborigĂšnes de l’ouest des Andes pĂ©nĂ©trĂšrent massivement [en Argentine] d’abord pour mener des razzias, puis pour s’établir et s’approprier notre mal nommĂ© dĂ©sert, vainquant — par leurs javelots, leur supĂ©rioritĂ© numĂ©rique et leur meilleure prĂ©paration Ă  la guerre — nos naturels, qui durent leur cĂ©der leurs zones d’implantation et leurs terres. Quel droit leur permet-il donc de se prĂ©valoir d’un statut de « peuple originaire » sur le sol argentin ? Aucun. [
] Outes et Bruch, dans leur opuscule publiĂ© en 1910 sur Los AborĂ­genes en la RepĂșblica Argentina, nous informent qu’à cette Ă©poque (dĂ©but du XXe siĂšcle) le nombre des Araucans, qui Ă  partir du milieu du XVIIIe siĂšcle s’en vinrent occuper des Ă©tendues de nos pampas, ne dĂ©passaient guĂšre dans notre pays quelques petites centaines de personnes, dissĂ©minĂ©es dans la province de Buenos Aires et dans les gouvernorats de La Pampa, NeuquĂ©n et RĂ­o Negro. Horacio Zapater, qui vers le milieu du XXe siĂšcle voyagea au pays araucan (l’Arauco au Chili), explique avec clartĂ© dans ses Notas de viaje por el paĂ­s Araucano le problĂšme de leur croissance de population et leur grande expansion, qui s’exerce aujourd’hui Ă©galement en direction de notre pays. » Cf.Roberto Porcel, « Problema mapuche en el sur argentino », (consultĂ© le ).
  122. José Bengoa (2000), Historia del pueblo mapuche..., p. 146-147.
  123. Christian Rudel, Le Chili, KARTHALA Editions, (lire en ligne), p. 114.
  124. Marc Blancpain, Orllie Antoine Ier : roi d'Araucanie et de Patagonie, P. Fanlac, (lire en ligne), p. 63.
  125. Herbert Wendt, The Red, White, and Black Continent : Latin America, Land of Reformers and Rebels, Doubleday, (lire en ligne), p. 271.
  126. Émile Housse, Une ÉpopĂ©e indienne : les Araucans du Chili ; histoire, guerres, croyances, coutumes, du XIVe au XXe siĂšcle, Plon, (lire en ligne), p. 281.
  127. Tommie Junior Hillmon, A History of the Armed Forces of Chile from Independence to 1920, Syracuse University, (lire en ligne), p. 124
  128. Gareyte, Jean-François., Le rĂȘve du sorcier : Antoine de Tounens, roi d'Araucanie et de Patagonie : une biographie, t. 1, PĂ©rigueux, La Lauze, (ISBN 9782352490524, OCLC 951666133), p. 159
  129. Jorge FernĂĄndez Correa, El naufragio del naturalista belga, RIL Editores, (lire en ligne), p. 251.
  130. Carlos Foresti Serrano, Eva Löfquist, Álvaro Foresti, María Clara Medina, La narrativa chilena desde la independencia hasta la Guerra del Pacífico, Editorial Andrés Bello, (lire en ligne), p. 63.
  131. Procesos, CorporaciĂłn Editora Nacional, (lire en ligne), p. 64.
  132. Patagonia: History, Myths and Legends, Duggan-Webster, (lire en ligne), p. 65.
  133. Fernando Devot, Pilar GonzĂĄlez-Bernaldo, Emigration politique : une perspective comparative, Harmattan, (lire en ligne), p. 13.
  134. Axel Maugey, Les Ă©lites argentines et la France,Harmattan, 1998, page 117 (lire en ligne).
  135. André-Pierre Chavatte, Rendez-vous avec la veuve à Périgueux, BoD 2012, page 132 (lire en ligne).
  136. Jean Lecompte, Monnaies et jetons des colonies françaises, Editions Victor Gadoury, 2000, page 8 (lire en ligne).
  137. Antoine de Tounens, Orllie-Antoine Ier : roi d'Araucanie et de Patagonie, son avénement au trÎne, et sa captivité au Chili, Thevelin, (lire en ligne), p. 16.
  138. Pierre Razoux, Le Chili en guerre : deux siÚcles de supériorité navale chilienne en Amérique Latine, Economica, (lire en ligne), p. 45.
  139. Pierre Razoux, Le Chili en guerre : deux siÚcles de supériorité navale chilienne en Amérique Latine, Economica, (lire en ligne), p. 45.
  140. José Bengoa (2000), Historia del pueblo mapuche..., p. 125-126.
  141. Rapport de la Commission Vérité historique et Nouveau Traité avec les peuples autochtones (Comisión Verdad Histórica y Nuevo Trato con los Pueblos IndigÚnes, 2003), volume I, premiÚre partie : Historia de los pueblos indígenas de chile y su relación con el estado, El pueblo mapuche, chap. troisiÚme, Los huilliches del sur.
  142. Fernando SĂĄnchez Zinny, « Las perdidas cicatrices de la Zanja de Alsina », La NaciĂłn,‎ (lire en ligne)
  143. Pour consulter le texte de ce décret-loi, cf. (es) « Modifica Ley no 17.729, sobre protección de indígenas, y radica funciones del instituto de desarrollo indígena en el instituto de desarrollo agropecuario », Santiago, Biblioteca del Congreso Nacional de Chile (consulté le )
  144. Juan Jorge M. Faundes, Nvtuyiñ Taiñ Mapu (littér. Récupérons notre terre), Fundación Instituto Indígena / Ediciones Universidad Católica de Temuco, Temuco 2011, p. 105-111.
  145. Juan Jorge Faundes M., ibidem.
  146. Dictadura militar y movimiento mapuche en Chile
  147. (es) VĂ­ctor Naguil GĂłmez, « De la Raza a la NaciĂłn, de la Tierra al PaĂ­s Comunitarismo y nacionalismo en el movimiento mapuche, 1910-2010. », Barcelone, ThĂšse de doctorat, sous la direction de Jordi Argelaguet i ArgemĂ­. Departament de CiĂšncia PolĂ­tica i Dret PĂșblic, Facultat de CiĂšncies PolĂ­tiques i de Sociologia, UniversitĂ© autonome de Barcelone (page 227-228), (consultĂ© le )
  148. El tamaño de la traición
  149. NicolĂĄs Poblete, « Ana Llao, dirigenta mapuche: “En materia indĂ­gena, lo que se avanzĂł con Aylwin se ha retrocedido en estos Ășltimos gobiernos” », El Desconcierto,‎ (lire en ligne)
  150. (es)EntrĂł en vigencia el Convenio 169 de la OIT, La NaciĂłn, 16 septembre 2009.
  151. Voir la rĂ©solution sur la page internet de la Commission interamĂ©ricaine des droits de l’homme.
  152. ComitĂ© des droits de l’homme de l’ONU. Observations finales du rapport sur le Chili. Doc. ONU: CCPR/C/CHL/CO/5 (26 mars 2007)
  153. Comité des droits économiques, sociaux et culturels. Observations finales du rapport sur le Chili. Doc. ONU: E/C.12/1/Add.105 (nov. 2004), § 13, 32-34 et 49.
  154. Article de presse dans Tercera en lĂ­nea.
  155. Article sur Azkintuwe.cl.
  156. « Le sud du Chili tombe dans le conflit racial entre groupuscules et indigÚnes mapuches », sur RFI,
  157. « Gobierno argentino "no permitirĂĄ" una "repĂșblica autĂłnoma mapuche" », El Mercurio,‎ , A6 (lire en ligne [ASPX], consultĂ© le )
  158. « Por la autonomía en el país mapuche: Wallmapuwen » [archive du ]
  159. La dĂ©claration fut approuvĂ©e par 143 voix en faveur, 4 contre — Canada, États-Unis, Nouvelle-ZĂ©lande et Australie — et 11 abstentions. Voir : communiquĂ© sur le site de l’ONU.
  160. Étude sur les traitĂ©s, conventions et autre accords constructifs entre les États et les populations indigĂšnes. Rapport final prĂ©sentĂ© par M. Miguel Alfonso MartĂ­nez, rapporeur spĂ©cial. Doc. ONU:E/CN.4/Sub.2/1999/20, alinĂ©a 265.
  161. Pedro Cayuqueo, « El arribo del etnonacionalismo: Mapuche, un pueblo en marcha » [archive du ], Memoria Viva,
  162. Sanbtiago Bereziartua, « El caso de Asel Luzarraga », Euskaria Fundazioa
  163. Enrique Guzmån de Acebedo, « Campaña internacional aboga por documentalista detenida en Chile », Euro Latin News
  164. JosĂ© Venturelli BarĂłn, « El caso de Asel Luzarraga y la prĂĄctica sobre DD.HH. del Estado chilien », ClarĂ­n,‎ (lire en ligne)
  165. Fernando ZĂșñiga, Mapudungun. El habla mapuche, Santiago, Centro de Estudios Publics, , 402 p. (ISBN 956-7015-40-6), « Los mapuches y su lengua », p. 402
  166. (de) Wolfgang Lindig et Mark MĂŒnzel, Die Indianer. Kulturen und Geschichte der Indianer Nord-, Mittel- und SĂŒdamerikas, Munich, dtv, (OCLC 11417107), p. 119–125
  167. Arturo ZĂșñiga, « El niño inmolado » [html], www.mapuche.info, (consultĂ© le )
  168. Selon les statistiques du réseau prosélyte évangélique Joshua Project, 19 pour cent des Mapuches déclarent officiellement professer la religion traditionnelle, 10 pour cent environ ne sont pas religieux et 71 pour cent se disent chrétiens, cf. (en) « Chile & Argentina (Mapuche, Araucanian) » [archive du ], Joshua Project (consulté le )
  169. (de) RamĂłn Francisco Curivil Paillavil et Klaus KrĂ€mer & Klaus Vellguth (Ă©d.), Weltkirchliche SpiritualitĂ€t. Den Glauben neu erfahren. Festschrift zum 70. Geburtstag von Sebastian Painadath SJ., Freiburg-Basel-Wien, Herder, , « Überlegungen zur Möglichkeit eines interreligiösen und interspirituellen Dialogs angesichts der kulturellen und religiösen Kolonialisierung im Gebiet der Mapuche », p. 152–266
  170. (de) Carmen Arellano Hoffmann, Hermann Holzbauer et Roswitha Kramer (Ă©d.), Die Mapuche und die Republik Chile : Pater Siegfried von FrauenhĂ€usl und das Parlament der Mapuche von 1907 in Coz Coz, Wiesbaden, Otto Harrassowitz, , 510 p. (ISBN 978-3-447-05270-2, lire en ligne), p. 143–144
  171. En 1896, Gustave Verniory note dans ses mémoires : « Il y avait eu un jour une grande consultation de machis. Il en était venu une dizaine de bien des lieues à la ronde, la plupart des femmes car les sorciÚres sont bien plus nombreuses que leurs collÚgues mùles. » (Dix années en Araucanie, p. 667 ; voir également p. 52).
  172. (es) « Ceferino Namuncurå beatificado en Argentina »
  173. ÑeicurrehuĂ©n, un rito mĂĄgico mapuche, sur le site EducarChile.
  174. NguillatĂșn mapuche
  175. Gustave Verniory, Ă  qui il fut donnĂ© d’assister personnellement Ă  une telle cĂ©rĂ©monie en novembre 1894, en relata le dĂ©roulement avec quelque dĂ©tail dans ses mĂ©moires (Dix annĂ©es en Araucanie, p. 656-663). Selon lui, il s’agit d’« une invocation religieuse pour demander un changement de temps ; il correspond plus ou moins aux rogations de chez nous ». Son rĂ©cit recoupe assez largement la description de Lindig & MĂŒnzel, sauf qu’il signale que les Indiens, dans un Ă©tat d’ébriĂ©tĂ© fort avancĂ©, terminĂšrent la journĂ©e par une violente orgie, dont Verniory jugea prudent de s’éloigner.
  176. (de) Walter Hirschberg (fondateur) et Wolfgang MĂŒller (rĂ©dacteur), Wörterbuch der Völkerkunde, Berlin, Dietrich Reimer, , 2e Ă©d., 427 p. (ISBN 978-3-496-02650-1), p. 326–327
  177. Ritos mapuches
  178. Gustave Verniory relate une telle cĂ©rĂ©monie dans ses mĂ©moires (Dix annĂ©es en Araucanie, p. 668-669). Étrangement, il nomme par ailleurs machitun le rite d'installation d’un nouveau (ou d’une nouvelle) machis, et dĂ©crit longuement un de ces rituels, dont il fut autorisĂ© Ă  ĂȘtre tĂ©moin dans la rĂ©gion du ToltĂ©n en 1898 (Dix annĂ©es en Araucanie, p. 675-679).
  179. We Tripantu mapuche
  180. G. Verniory, Dix années en Araucanie, p. 648.
  181. G. Verniory, Dix annĂ©es en Araucanie, p. 649-650. Pour voir une telle « marmite en pis de vache », cf. cette photographie sur le site du musĂ©e Branly. En dĂ©cembre 1894, Verniory eut aussi l’occasion d’observer la construction d’une ruca, et en fera plus trad le rĂ©cit suivant : « La construction avance rapidement. Un travailleur muni d’un bĂąton durci au feu attaque le sol ; un autre, avec une pelle qu’à la marque on reconnaĂźt comme volĂ©e dans un des chantiers du chemin de fer, achĂšve les trous. DerriĂšre eux, une Ă©quipe plante dans ces trous de longues perches fortes du pied mais flexibles du bout. Les deux rangĂ©es sont parallĂšles, Ă  une distance d’une demi-douzaine de mĂštres, c’est-Ă -dire la largeur de la maison. Puis les extrĂ©mitĂ©s sont repliĂ©es et attachĂ©es par des boguis (lianes) Ă  une perche horizontale formant le faĂźte du toit. Un des petits cĂŽtĂ©s de la future bĂątisse est aussi formĂ© de perches ; l’autre, celui qui est tournĂ© vers l’orient, restera ouvert. Puis on entretoise ces perches avec des tiges de bambou placĂ©es horizontalement et ficelĂ©es aux perches par des boguis, et voilĂ  le canevas formĂ©. » (Dix annĂ©es en Araucanie, p. 665.
  182. G. Verniory, Dix années en Araucanie, p. 53-54 et p. 661.
  183. G. Verniory, Dix annĂ©es en Araucanie, p. 672. Voir aussi la photographie d’un chemamĂŒll sur le site du musĂ©e Branly.
  184. Tom Dellehay, Monuments, empires and resistance : The Araucanian Polity and Ritual Narratives, Cambridge University Press, , p. 504
  185. Ñuke Mapu, « La Data Cultural Mapuche y los 12 mil años » [php], Centro de DocumentaciĂłn Mapuche (consultĂ© le ) : « [...] M. Claudio Matte, grand universitaire de l’universitĂ© du Chili, auteur du syllabaire El Nuevo MĂ©todo, communĂ©ment appelĂ© Silabario El Ojo, dans les annĂ©es 50, soulignait dans la leçon no 21, sous le titre Los Indios Mapuche no saben contar, que pour dire ‘un’ ils disent ‘soleil’, et pour dire deux ils disent ‘patte d’oiseau’. »
  186. (es) Juan Ñanculef Huaiquinao, « La Data Cultural Mapuche y los 12 mil años », UniversitĂ© d'Uppsala (SuĂšde), Centro de DocumentaciĂłn Mapuche Ñuke Mapu, (consultĂ© le )
  187. Brugnoli et Hoces de la Guardia (1995) ; Alvarado (2002).
  188. Millán de Palavecino (1960) ; Chertudi et Nardi (1961) ; Nardi et Rolandi (1978) ; Corcuera (1987, 1998) ; parmi d’autres.
  189. Joseph (1931) ; Palermo (1994) ; MĂ©ndez (2009a).
  190. Wilson (1992) ; Mendez (2009a).
  191. Murra (1975).
  192. Palermo (1994) : MĂ©ndez (2009b).
  193. Guaravaglia (1986) ; Palermo (1994) ; Mendez (2009b).
  194. MĂ©ndez (2009b).
  195. Wilson (1992) ; Alvarado (2002) ; Mendez (2009a).
  196. (es) Juan Painecura Antinao, Charu. Sociedad y cosmovisiĂłn en la platerĂ­a mapuche, Temuco, Ediciones UC Temuco (Universidad CatĂłlica de Temuco), , 67 p. (ISBN 978-956-7019-77-9), p. 15
  197. Carlos Aldunate, « Reflexiones acerca de la platerĂ­a mapuche », Cultura-Hombre-Sociedad, vol. 1,‎ (lire en ligne [archive du ], consultĂ© le )
  198. J. Painecura Antinao, Charu. Sociedad y cosmovisiĂłn en la platerĂ­a mapuche, p. 25-26.
  199. MarĂ­a Fernanda Kangiser GĂłmez, « ConservaciĂłn en platerĂ­a mapuche: Museo Fonck, Viña del Mar », Conserva, vol. 6,‎ (lire en ligne [archive du ], consultĂ© le )
  200. Dans le mĂȘme sens, Gustave Verniory note dans ses mĂ©moires (sans prĂ©ciser si cette information fait suite Ă  des observations personnelles ou si elle lui est venue par ouĂŻ-dire) : « Tous ces ornements se fabriquent en fondant les piĂšces d’argent qu’ils (les Indiens) recueillent dans leur trafic avec les Chiliens car entre eux, ils n’utilisent pas la monnaie, les marchĂ©s se traitant par voie d’échanges » (Dix annĂ©es en Araucanie, p. 46). Et plus loin : « Bien que les premiers Espagnols aient exploitĂ© jadis en Araucanie des mines d’argent, ce n’est pas de lĂ  que les bijoutiers indiens tirent la matiĂšre de leurs ornements ; ils se contentent de fondre les monnaies chiliennes et de les retravailler » (Dix annĂ©es en Araucanie, p. 87).
  201. J. Painecura Antinao, Charu. Sociedad y cosmovisiĂłn en la platerĂ­a mapuche, p. 27-28
  202. Paz NĂșñez-Regueiro, prĂ©face Ă  Dix annĂ©es en Araucanie de Gustace Verniory, p. CXLVIII
  203. J. Painecura Antinao, Charu. Sociedad y cosmovisiĂłn en la platerĂ­a mapuche, p. 30
  204. José Bengoa, Historia del pueblo mapuche..., p. 224
  205. G. Verniory, Dix années en Araucanie, p. 87
  206. (es) « Folclore mapuche », Santiago, Profesor en linea (consulté le )
  207. « El Ășltimo parlamentario mapuche », Punto final
  208. Ricardo Benetti, Tourisme Responsable: La Alternativa del Respeto, TravesĂ­a: Tourisme Sostenible en la Patagonia, 15 mai/15 juin 2006.
  209. Allan Rhodes Espinoza, ¿Qué es realmente el turismo responsable?, Travesía: Tourisme Sostenible en la Patagonia, mars 2006.

Voir aussi

En français

  • Alain Devalpo, Voyage au pays des Mapuches, Ă©ditions cartouche, (lire en ligne)
  • Guillaume Boccara, Guerre et ethnogenĂšse mapuche dans le Chili colonial. L'invention du soi, Paris, L'Harmattan, , 391 p. (ISBN 2-7384-7298-2)
  • MichĂšle ArruĂ©, « Les Mapuches du Chili et la question de leur identitĂ© », AmĂ©rique Latine Histoire et MĂ©moire,‎ (lire en ligne)
  • MichĂšle ArruĂ©, Comment peut-on ĂȘtre Mapuche ? ContinuitĂ© et adaptation des Mapuches du Chili, thĂšse de doctorat 1992, Paris : UniversitĂ© Paris 8. 446 p.
  • Sergio Zamora, Les Guerriers de la pluie : Histoire du peuple mapuche, t. 1, Montigny-le-Bretonneux, YvelinĂ©dition, , 185 p. (ISBN 978-2-84668-264-0)
  • Pierre Kalfon, PAMPA : (roman), Editions du Seuil,
  • Sergio Zamora, Les Guerriers du crĂ©puscule - BrĂšve histoire des Mapuche (1810-1884), YvelinĂ©dition,
  • Thomas Hakenholz, Un peuple autochtone face Ă  la « modernitĂ© ». La communautĂ© mapuche-pewenche et le barrage Ralco (Alto BĂ­o BĂ­o, Chili), 2002, mĂ©moire de maĂźtrise, UniversitĂ© Aix-Marseille. 213 p.
  • AbrĂ©gĂ© gĂ©opolitique de l'AmĂ©rique latine, Ellipses, Paris, 2006
  • RaĂșl Zibechi, « La longue rĂ©sistance mapuche », sur RISAL.info, (consultĂ© le )
  • Alain Devalpo, « Opposition pacifique des Mapuches chiliens », Le Monde Diplomatique,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  • Charles Wiener, Lebrun, Araucanie et indiens Araucans : Pris dans un Ă©tau l'Araucan a Ă©tĂ©, dĂ©finitivement, vaincu et Ă©cartĂ©, 1881, 1888 [lire en ligne (page consultĂ©e le 1er mai 2012)]
  • Philippe d’Araucanie (pseudonyme de Philippe Boiry), Histoire du Royaume d’Araucanie (1860-1979) : une dynastie de princes français en AmĂ©rique latine, La Rochelle, , 468 p.
  • Gustave Verniory, Dix annĂ©es en Araucanie (1889-1899), Rennes & Paris, coĂ©dition Éd.CoLibris & MusĂ©e du quai Branly, , 925 p. (ISBN 978-2-916937-03-8 et 978-2-35744-058-6). Édition Ă©tablie, prĂ©facĂ©e et annotĂ©e par AngĂšle Martin et Paz NĂșñez-Regueiro.
  • Jo Briant, Ces Indiens qui veulent vivre : Guaranis du Paraguay, Aymaras et Mapuches du Chili, Grenoble, Éditions La PensĂ©e Sauvage, , 167 p. (ISBN 2-85919-085-6, OCLC 609217733, BNF 35551640).

En espagnol

  • Carlos Aldunate del Solar, « Mapuche: gente de la tierra », Culturas de Chile, Santiago, AndrĂ©s Bello,‎
  • Margarita Alvarado, Hijos del Viento, Arte de los Pueblos del Sur, Siglo XIX, Buenos Aires, FundaciĂłn PROA, , « El esplendor del adorno: El poncho y el chanuntuku »
  • JosĂ© Bengoa, Historia del pueblo mapuche : siglo XIX y XX, Santiago du Chili, LOM Ediciones, 1999 1985
  • JosĂ© Bengoa, Historia de un conflicto : los mapuches y el Estado en el siglo XX, Santiago du Chili, Planeta,
  • Paulina Brugnoli et Soledad Hoces de la Guardia, « Estudio de fragmentos del sitio Alboyanco », Hombre y Desierto, una perspectiva cultural, no 9,‎ , p. 375–381
  • Ruth Corcuera, Herencia textil andina, Buenos Aires, Impresores SCA,
  • Ruth Corcuera, Ponchos de las Tierras del Plata, Buenos Aires, Fondo Nacional de las Artes
  • MartĂ­n Correa et al., La reforma agraria y las tierras mapuche. Chile 1962-1975, Santiago du Chili, LOM Ediciones,
  • Susana Chertudi et Ricardo Nardi, « Tejidos araucanos de la Argentina », Cuadernos del Instituto Nacional de Investigaciones FolklĂłricas, no 2,‎ , p. 97-182
  • FĂ©dĂ©ration internationale des droits de l’homme, Chile. La otra transiciĂłn chilena, derechos del pueblo Mapuche, polĂ­tica penal y protesta social en un estado democrĂĄtico, 2006. ConsultĂ© le 24 septembre 2007.
  • FĂ©dĂ©ration Internationale des Droits de L’homme, Los Mapuche-Pehuenche y el proyecto hidroelĂ©trico de Ralco en Alto BĂ­o BĂ­o : un pueblo indĂ­gena amenazado, GenĂšve, mars 1998, no 256, 27 p.
  • Juan Carlos Garavaglia, « Los textiles de la tierra en el contexto colonial rioplatense: Âżuna revoluciĂłn industrial fallida? », Anuario IEHS, no 1,‎ , p. 45-87
  • (es) Isabel HĂ©rnandez, AutonomĂ­a o ciudadanĂ­a incompleta. El pueblo mapuche en Chile y Argentina, Santiago du Chili, PehuĂ©n Editores, , 383 p. (ISBN 956-16-0371-3)
  • Human Rights Watch, Indebido proceso: los juicios antiterroristas, los tribunales militares y los Mapuches en el sur de Chile, 2004. ConsultĂ© le 24 septembre 2007.
  • Mario Ibarra, Algunas reflexiones y notas a propĂłsito de algunos tratados, en Ă©ste momento, no reconocidos, firmados entre potencias coloniales o Estados actuales y pueblos indĂ­genas, dans : Seminario de expertos sobre tratados, convenios y otros acuerdos constructivos entre los estados y los pueblos indĂ­genas, GenĂšve 2003, Ă©d. Bureau du Haut Commissariat des Nations unies pour les droits de l’homme.
  • Claude Joseph, Los tejidos araucanos, Santiago, Imprenta San Francisco, Padre Las Casas,
  • RaĂșl Mandrini et Sara Ortelli, « Repensando viejos problemas: Observaciones sobre la AraucanizaciĂłn de las Pampas », RUNA XXII,‎ , p. 135-150
  • Patricia MĂ©ndez, « Herencia textil, identidad indĂ­gena y recursos econĂłmicos en la Patagonia argentina », Revista de la AsociaciĂłn de AntropĂłlogos Iberoamericanos en Red, nos 4, 1,‎ , p. 11-53
  • Patricia MĂ©ndez, « Los tejidos indĂ­genas en la Patagonia argentina: cuatro siglos de comercio textil », Anuario INDIANA, no 26,‎ , p. 233-265
  • MarĂ­a Delia MillĂĄn de Palavecino, « Vestimenta Argentina », Cuadernos del Instituto Nacional de Investigaciones FolklĂłricas, no 1,‎ , p. 95-127
  • John Murra, Formaciones econĂłmicas y polĂ­ticas del mundo andino, Lima, Instituto de Estudios Peruanos,
  • Ricardo Nardi et Diana Rolandi, 1000 años de tejido en la Argentina, Buenos Aires, Ministerio de Cultura y EducaciĂłn, SecretarĂ­a de Estado de Cultura, Instituto Nacional de AntropologĂ­a,
  • Observatorio de derechos de los pueblos indĂ­genas (2005), Los derechos de los pueblos indĂ­genas en Chile: Balance de 2004, Temuco (Chili), consultĂ© le 24 septembre 2007.
  • Pedro Ordóñez de Ceballos, Viaje del Mundo, Cartas a Real Audiencia de Santafe,
  • Miguel Ángel Palermo, « EconomĂ­a y mujer en el sur argentino », Memoria Americana, no 3,‎ , p. 63-90
  • Jorge Pinto, De la inclusiĂłn a la exclusiĂłn : la formaciĂłn del estado, la naciĂłn y el pueblo mapuche, Santiago du Chili, Instituto de Estudios Avanzados,
  • (es) Alejandro Saavedra PelĂ©z, Los mapuches en la sociedad chilena actual, Santiago du Chili, LOM Ediciones, , 283 p. (ISBN 956-282-490-X)
  • VĂ­ctor Toledo Llancaqueo, En segura y perpetua propiedad. Notas sobre el debate jurĂ­dico sobre derechos de propiedad indĂ­gena en Chile, siglo XIX, dans : Actes du 4e congrĂšs chilien d’anthropologie, Colegio de antropĂłlogos de Chile, Santiago, 2001, p. 1129-1136
  • Ricardo Verta, JosĂ© Aywin, Andrea Coñuecar et ElicurĂĄ Chihauilaf, El despertar del pueblo mapuche. Nuevos conflictos, viejas demandas, Santiago du Chili, LOM Ediciones, (ISBN 956-282-647-3)
  • AngĂ©lica Wilson, Arte de Mujeres, Santiago du Chili, Ed. CEDEM, coll. « ColecciĂłn Artes y Oficios (no 3) »,
  • Inca Garcilaso de la Vega, Comentarios Reales, dans : Marta Blanco, El Inca Garcilaso de la Vega, un indio antĂĄrtico 1539-1616
  • Vicente Carvallo Goyeneche, DescripciĂłn HistĂłrico GeografĂ­a del Reino de Chile, Tome I, chapitre I Descubrimiento de Chile i entrada de los españoles en Ă©l
  • JerĂłnimo de Vivar, CrĂłnica y relaciĂłn copiosa y verdadera de los reinos de Chile
  • Luciano Prates, El uso de recursos por los cazadores-recolectores posthispĂĄnicos de Patagonia continental y su importancia arqueolĂłgica, Relaciones de la Sociedad Argentina de AntropologĂ­a, 2009.
  • Jon Imanol Guerediaga Goitia, Drama y sĂ­mbolo en la espiritualidad mapuche, Bilbao, thĂšse de doctorat (dir.: Prof. Dr Patxi Lanceros), universitĂ© de Deusto, , 212 p. (lire en ligne)

En anglais

  • Ward Churchill, A Little Matter of Genocide : Holocaust and Denial in the Americas 1492 to the Present, City Lights Publishers, , 531 p.
  • Leslie A. Ray, The Language of the Land : The Mapuche of Chile and Argentina, Copenhague, Latin America Bureau ; International Work Group for Indigenous Affairs, mars 2005 et 2007, 336 p.
  • Stefan Eim, The Conceptualisation of Mapuche Religion in Colonial Chile (1545-1787), 2010 (lire en ligne)

Filmographie

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.