Rapa Nui (peuple)
Les Rapa Nui ou Rapanuis constituent l'ethnie polynésienne vivant dans l'Île de Pâques et parlant la langue rapanui.
Histoire
La population austronésienne autochtone, les « Haumaka » ou « Matamua » (les « premiers » en rapanui), originaire, selon la tradition orale, des Marquises (Hiva-Oa ou Nuku-Hiva) a été quasiment exterminée en 1862, lorsqu’une flotte péruvienne d’esclavagistes accosta dans l’île. Après avoir attiré les insulaires — grands amateurs de musique — en jouant de l’accordéon, ils en ont capturé environ 1 500 pour les mettre au travail forcé d’extraction du guano sur les îles Chincha. Les rares survivants furent évacués sur le continent lorsque l’Espagne, qui n’avait pas encore reconnu l’indépendance du Pérou en 1864, occupa les îles Chincha le , au début de la Guerre hispano-sud-américaine (1864-1866)[1]. De là , ils furent rapatriés grâce aux pressions des missionnaires et du consul de France à Lima, mais au retour ils propagèrent une épidémie de variole, manquant de peu d’exterminer le reste de la population.
À partir de 1864, les colons français installés dans l’île de Pâques, comme Jean-Baptiste Dutrou-Bornier, commencèrent à faire venir de Rapa, dans l’archipel des Australes en Polynésie française, des ouvriers agricoles pour travailler dans les plantations et les élevages. C’est pourquoi les autochtones actuels se dénomment enata Rapa-nui (« peuple de la Grande Rapa ») et n’ont d’ailleurs pas oublié leurs racines en partie rapanaises, d’autant que, jusqu’en 1911, la mission catholique de l’île de Pâques dépendait du vicariat de Tahiti. Dans les années 1870, il n’y avait que cent onze Rapa Nui, issus de trente-six familles, en majorité rapanaises. La tragédie des Rapa Nui a continué quand les autorités chiliennes eurent annexé l’île en 1888 : elles la louèrent à des planteurs et éleveurs anglais, confinant les « indigènes » dans le village d’Hanga Roa, cerné de barbelés[2]. Ce n’est qu’à la fin du XXe siècle que les barbelés furent enlevés et que les Rapa Nui devinrent des citoyens chiliens de plein droit, libres de circuler dans leur île et d’y exploiter ou louer eux-mêmes leurs propriétés.
Situation actuelle
Les Rapa Nui représentent à ce jour 60 % de la population de l’île, les 40 % restant étant constitué de Chiliens venus du continent ainsi que de personnes d’origine européenne, chinoise ou d’autres pays du Pacifique. Bien que le métissage soit de règle, le nombre des Rapa Nui est estimé à 5 682, dont 3 304 sur l’île même (recensement de 2002) et 2 378 vivant au Chili continental. Sur l’île, la plupart vivent à Hanga Roa ; sur le continent, un quart habite la capitale Santiago et un autre quart à Valparaiso, le reste étant dispersé dans le reste du pays. Dans l’île, plus de la moitié des familles n’utilise plus que l’espagnol, langue de scolarisation et des médias, mais avec la renaissance culturelle Rapa Nui, la langue locale se maintient et même progresse[3].
Notes et références
- Spencer C. Tucker, A Global Chronology of Conflict : From the Ancient World to the Modern Middle East, ABC-Clio 1967, Santa Barbara, California, (ISBN 978-1-85109672-5), page 1431 et suiv.
- Alfred Métraux, Introduction à la connaissance de l’Ile de Pâques, éditions du Muséum national d'histoire naturelle, Paris 1935, relatant les résultats de l'expédition franco-belge de Charles Watelin en 1934.
- Source consultée en juin 2010 sur Les luttes sociales sur l’Île de Pâques.