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Variole

La variole ou petite vérole était une maladie infectieuse d'origine virale, trÚs contagieuse et épidémique, due à un poxvirus. Le mot variole vient du latin variola, -ae (qui signifie « petite pustule », avec l'influence du mot varius, « varié, bigarré, tacheté, moucheté »). En effet, la variole se caractérise en quelque sorte par un « mouchetage de pustules ». La variole a été responsable jusqu'au XVIIIe siÚcle de dizaines de milliers de morts par an rien qu'en Europe.

Variole
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Jeune garçon atteint de variole avec une éruption vésiculo-pustuleuse typique au visage.
Traitement
MĂ©dicament Metisazone (en) et tecovirimat (en)
Spécialité Infectiologie
Classification et ressources externes
CISP-2 A76
CIM-10 B03
CIM-9 050
DiseasesDB 12219
MedlinePlus 001356
eMedicine 830328
MeSH D012899
MeSH D012899
Patient UK Smallpox

Wikipédia ne donne pas de conseils médicaux Mise en garde médicale

La variole a Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©e Ă©radiquĂ©e en 1980[1], grĂące Ă  une campagne de l'Organisation mondiale de la santĂ© (OMS) combinant des campagnes de vaccination massive, dĂšs 1958, avec une « stratĂ©gie de surveillance et d'endiguement », mise en Ɠuvre Ă  partir de 1967. Au XXIe siĂšcle, seuls des Ă©chantillons de ce virus sont conservĂ©s Ă  des fins de recherche par des laboratoires habilitĂ©s par l'OMS.

La variole est surnommée « petite vérole », et c'est en référence à cette maladie que la syphilis a été surnommée « grande vérole », mais les deux maladies n'ont rien en commun étiologiquement.

Étymologie

Le substantif fĂ©minin variole (prononcĂ© [vaʁjɔl]) est un emprunt au bas latin mĂ©dical variola[2] - [3] - [4], terme utilisĂ© pour la premiĂšre fois par Marius d'Avenches pour qualifier une Ă©pidĂ©mie sĂ©vissant en France et en Italie en 570[5]. Le terme variola (« maladie tachetĂ©e ») est un diminutif dĂ©rivĂ© de varius (tachetĂ©, variĂ©, changeant) et varus (pustule)[5].

Description clinique

Jeune fille du Bangladesh atteinte de variole en 1973
Illustration médicale montrant les symptÎmes cutanés de la variole sur les épaules et bras d'un patient

La variole se prĂ©sente sous l'aspect d'une dermatose pustuleuse, qui peut ressembler Ă  une forme grave de varicelle, mais qui Ă©volue en une seule poussĂ©e (toutes les lĂ©sions sont identiques, Ă©tant de mĂȘme Ăąge). La variole Ă©tait un flĂ©au redoutĂ©. Elle tuait un malade sur cinq (chez les adultes, prĂšs d’un malade sur trois). Quand elle ne tuait pas, elle laissait souvent un visage grĂȘlĂ©, marquĂ© Ă  vie. Elle est toujours restĂ©e hors de portĂ©e d’un traitement efficace.

Forme classique

La forme classique ou variole réguliÚre dite aussi ordinaire (80-90 % des cas) connaßt trois sous-types : la forme confluente (éruption cutanée sur tout le corps), la forme semi-confluente (éruption cutanée presque exclusivement sur le visage) et la forme discrÚte (pustules trÚs clairsemées).

DĂ©but

Silencieuse, la pĂ©riode d'incubation est en moyenne de 12 jours (extrĂȘmes 7 Ă  17 jours).

La phase d'invasion est brutale et aiguĂ«, durant trois jours. Elle comporte une fiĂšvre trĂšs Ă©levĂ©e, Ă  40 °C ou plus, de grands frissons, un syndrome douloureux (maux de tĂȘte, douleurs dorsales), des nausĂ©es et vomissements frĂ©quents.

Une éruption précoce transitoire (rash) de divers types, généralisée ou localisée, peut survenir durant cette phase de début. En dehors d'un contexte épidémique, le diagnostic clinique n'est pas possible à ce stade[6].

Phase Ă©ruptive

Au début de cette phase, lors de l'apparition de l'éruption définitive, la fiÚvre et les autres symptÎmes s'atténuent le plus souvent[7].

Vers le quatriĂšme jour de la maladie, un exanthĂšme Ă©rythĂ©mateux (taches rouges) apparaĂźt Ă  la face (front et tempe) et aux extrĂ©mitĂ©s des membres (notamment aux poignets). Il s'Ă©tend en une seule poussĂ©e Ă©ruptive : tous les Ă©lĂ©ments sont au mĂȘme stade Ă©volutif dans un mĂȘme territoire cutanĂ©. L'extension se fait du visage et des extrĂ©mitĂ©s (mains et pieds), oĂč les Ă©lĂ©ments sont les plus nombreux, vers le tronc. Cette distribution est dite centrifuge, elle se fait en deux ou trois jours.

Cet exanthĂšme peut s'accompagner, ou ĂȘtre prĂ©cĂ©dĂ©, d'un Ă©nanthĂšme (langue, pharynx) Ă©voluant vers des vĂ©sicules rapidement Ă©rodĂ©es avec ulcĂ©rations douloureuses[7].

Chaque Ă©lĂ©ment Ă©ruptif est d'abord une macule, puis une papule de 2 Ă  3 mm, devenant une vĂ©sicule de 2 Ă  5 mm au troisiĂšme jour de l'Ă©ruption. Ces vĂ©sicules sont enchĂąssĂ©es dans le derme comme une « perle dans un chaton », elles sont trĂšs dures Ă  la palpation, donnant l'impression d'un grain de plomb. Elles sont emplies d'une sĂ©rositĂ© claire[6] - [8].

À partir du cinquiĂšme jour de l'Ă©ruption, le liquide des vĂ©sicules se trouble. Les vĂ©sicules Ă©voluent en pustules, de 4 Ă  6 mm, reposant sur une base trĂšs inflammatoire. Elles tendent Ă  se dĂ©primer en leur centre (ombilication). Le stade de pustule ombiliquĂ©e Ă©tait historiquement la phase critique, celle oĂč la fiĂšvre et les douleurs revenaient, et oĂč la mort pouvait survenir[6].

Phase de dessiccation

À partir du huitiĂšme jour de l'Ă©ruption, les pustules se dessĂšchent, soit par rupture (croĂ»te jaunĂątre d'aspect mielleux), soit sans rupture (croĂ»te noire ou brune). Cette phase s'accompagne d'une chute dĂ©finitive de la fiĂšvre pour se terminer entre le 15e et le 30e jour de l'Ă©ruption. La convalescence est longue. Chaque Ă©lĂ©ment peut laisser une cicatrice dĂ©primĂ©e, blanche et dĂ©finitive (indĂ©lĂ©bile)[7] - [6].

L'étendue de l'éruption est variable, présumant de l'évolution (une éruption de plus grande ampleur est un critÚre de gravité). Les derniÚres lésions à persister sont celles de la paume des mains et de la plante des pieds[8].

Complications

Les complications les plus courantes étaient les surinfections bactériennes cutanées, pulmonaires et oculaires, ainsi que le sepsis généralisé.

Les principaux organes atteints Ă©taient les reins, les articulations, le cƓur (myocardite) et le systĂšme nerveux (encĂ©phalite, neuropathies
). L'encĂ©phalite de la variole survient dans environ 1 cas sur 500[9].

Chez la femme enceinte, la variole entraine l'avortement ou l'accouchement prématuré, l'enfant pouvant naitre infecté et porteur de lésions cutanées[9].

Les séquelles les plus communes étaient les cicatrices du visage, présentes chez 65 à 80 % des survivants, puis la cécité par atteinte oculaire (1 % des survivants), et les déformations des membres par lésion articulaire ou cutanée (2 % des enfants survivants)[8].

Autres formes

La classification de l'OMS distingue 5 formes principales[9], les trois premiÚres survenant chez les non-vaccinés, les deux derniÚres pouvant se voir chez les sujets déjà vaccinés :

  1. Variole classique ou ordinaire : elle représentait prÚs de 90 % des cas survenant chez les non-vaccinés, avec une létalité de 30 %.
  2. Variole plate ou maligne : 6 à 7 % des cas non-vaccinés, les éléments ne dépassent pas le stade vésiculeux, les autres signes restent intenses, la mort survenant dans la premiÚre semaine (taux de létalité de 97 %).
  3. Variole hémorragique (variole noire): 2 à 3 % des cas non-vaccinés, avec hémorragies cutanées et des muqueuses, surtout chez la femme enceinte, avec une létalité de 96 %. Les auteurs français distinguaient dans ces formes hémorragiques, la variole foudroyante mortelle avant toute éruption (présence unique d'ecchymoses), et la variole noire éruptive avec purpura extensif, de couleur lie de vin[6].
  4. Variole modifiée ou « varioloïde » : elle ressemble à la variole ordinaire, mais peu intense, avec une éruption plus faible, d'évolution plus courte et plus rapide, avec une létalité proche de zéro.
  5. Variole sans éruption, sine eruptione : l'infection n'est prouvée que par examen de laboratoire. Les sujets n'ont pas de symptÎmes ou alors seules la fiÚvre et les douleurs sont présentes. Elle pouvait se voir chez les personnes hyperimmunisées et les nourrissons encore protégés par des anticorps maternels. Cette forme n'est pas transmissible[8].

Alastrim

Ce nom vient du portugais alastrar signifiant ce qui se propage vite et fort[10].

L'alastrim ou variole mineure, variola minor est due à un virus variolique trÚs proche de celui de la variole majeure, mais moins virulent. La maladie est moins intense, plus courte, laissant peu ou pas de cicatrices, avec une létalité inférieure à 1 %. Elle est trÚs contagieuse, mais un malade atteint d'alastrim ne transmet que l'alastrim et jamais la variole majeure[7].

Cette forme se rencontrait surtout en Amérique du Sud et en Afrique du Sud. Elle a d'abord été observée en 1904 chez les Cafres sous le nom de variole des Cafres, variole blanche ou laiteuse (Kaffir milk-pox)[7] - [11].

Diagnostic

Positif

Buste d'un homme probablement atteint de la variole.
Buste d’un homme probablement atteint de la variole. ConservĂ© au MusĂ©e Dupuytren.

Le diagnostic positif était purement clinique et relativement facile en contexte épidémique. Au cours du XXe siÚcle, il devient plus difficile avec la rareté de la maladie (dernier cas autochtone en France en 1936). Lors de la derniÚre épidémie française à la suite d'un cas importé (Vannes, 1954), les premiers cas ont été considérés comme des varicelles graves, et la variole suspectée aprÚs le premier décÚs[12].

À partir des annĂ©es 1950, le diagnostic virologique est principalement fait, de façon rapide en quelques heures par examen au microscope Ă©lectronique du liquide vĂ©siculaire, et confirmĂ© de façon spĂ©cifique par culture du virus sur Ɠuf embryonnĂ© (dĂ©lai de 2 Ă  3 jours).

Au début du XXIe siÚcle, le diagnostic virologique se fait par techniques moléculaires de PCR, qui permet de préciser la nature exacte de la souche virale. Les tests sérologiques ne sont guÚre utiles dans la variole, car ils ne permettent pas de distinguer entre les différents orthopoxvirus[13].

Différentiel

Au stade pré-éruptif, peuvent se discuter une grippe, une méningite, et diverses fiÚvres tropicales (paludisme, arboviroses
).

Au dĂ©but de l'Ă©ruption, le diagnostic diffĂ©rentiel doit ĂȘtre fait avec la varicelle. Dans le cas de la variole, la fiĂšvre prĂ©cĂšde de quelques jours l’éruption alors que pour la varicelle, la fiĂšvre est concomitante de l'Ă©ruption. Dans la varicelle, les lĂ©sions se font en plusieurs poussĂ©es successives, il peut y avoir en mĂȘme temps les quatre types de lĂ©sions, d'Ăąges diffĂ©rents dans un mĂȘme territoire[14]. L'apparition des croĂ»tes dans la varicelle est plus rapide, les Ă©lĂ©ments dĂ©jĂ  crouteux coexistant avec des Ă©lĂ©ments jeunes. La distribution des lĂ©sions dans la varicelle est variable et dĂ©sordonnĂ©e, elle n'est pas centrifuge comme dans la variole. Les vĂ©sicules de la varicelle sont superficielles, alors que celles de la variole sont enchĂąssĂ©es (implantĂ©es dans le derme).

Il faut aussi Ă©liminer les autres dermatoses bulleuses[6].

Virus

Microscopie Ă©lectronique en transmission de virus de la variole.

Histoire et Ă©volution du virus

Selon les données génomiques[15] disponibles, la variole humaine regroupe deux types de souches dites majeures (hautement pathogÚnes) et mineures.

Les virus « majeurs » semblent originaires d'Asie, certains isolats humains ayant toutefois une origine africaine[15].

Les virus mineurs proviendraient d'AmĂ©rique du Sud et d'Afrique de l'Ouest. Tous ces virus auraient divergĂ© assez rĂ©cemment (16 000 ans Ă  68 000 ans) Ă  partir d'un ancĂȘtre commun, poxvirus, dont les hĂŽtes supposĂ©s auraient Ă©tĂ© des rongeurs africains. On ignorait encore en 2010 si le virus mineur est un mutant du virus majeur, ou si au contraire le majeur en est une forme plus pathogĂšne apparue ensuite, ou si ces deux virus proviennent d'une autre souche disparue[15].

Sur les mĂȘmes bases (gĂ©nomique du virus), les virologues ont estimĂ© que, d'aprĂšs son taux moyen de mutation (d'environ 10−6 substitutions nuclĂ©otidiques par site et par an), selon ce chiffre, le virus humain aurait commencĂ© Ă  Ă©voluer de façon indĂ©pendante il y a environ 3 400 (± 800) ans[15].

L'ancĂȘtre commun aux orthopoxvirus actuels est inconnu, mais pourrait ĂȘtre apparentĂ© aux souches actuelles de virus de la variole bovine (ou la vaccine)[15] ou cowpox.

En mars 2004, des échantillons de virus variolique furent découverts à Santa Fe dans une enveloppe insérée entre les pages d'un livre de médecine datant de la guerre de Sécession ; ces échantillons font l'objet d'analyse par le CDC pour comprendre l'histoire de la variole au cours des siÚcles.

En novembre 2012, le virus est dĂ©tectĂ© dans le corps gelĂ© d'une femme morte dans les annĂ©es 1730 en SibĂ©rie. L'intĂ©rĂȘt pour la recherche est notamment de montrer la rapide Ă©volution du virus[16].

Variole humaine

ModÚle de cire représentant les lésions de la variole chez un garçon de 15 ans. Ce masque pédagogique à destination des étudiants en médecine a été fabriqué par William Gottheil en 1917. (Historical Collections Division ; National Museum of Health and Medicine, Washington, DC)
Patient touchĂ© par la variole (ou smallpox) ; (Source : Archives mĂ©dicales militaires des États-Unis)

Le virus de la variole fait partie des poxvirus. Il en existe deux variantes humaines, Variola minor et Variola major (cette derniĂšre Ă©tant communĂ©ment appelĂ©e Variole classique ou encore Variole asiatique)[17] difficilement distinguables en laboratoire, mais prĂ©sentant pourtant des taux de lĂ©talitĂ© trĂšs diffĂ©rents (respectivement 1 et 30 %) ce qui a pu faire douter de l'unicitĂ© des maladies. L'existence de deux formes de variole Ă©tait pressentie depuis l'Ă©poque d'Edward Jenner au XIXe siĂšcle, mais ce n'est qu'Ă  partir de 1929 que le terme de Variola minor s'impose. Pour Variola minor, on distingue encore Variola alastrim, propre Ă  l'AmĂ©rique du Sud, du Variola minor trouvĂ© en Afrique : il fut un temps proposĂ© d'y voir deux espĂšces diffĂ©rentes mais cela ne fut pas retenu[18]. S'il y a de lĂ©gĂšres diffĂ©rences de formes cliniques entre les infections par variole mineure et variole majeure, ces derniĂšres ne peuvent ĂȘtre vĂ©ritablement distinguĂ©es que par la constatation des taux de lĂ©talitĂ© ou par des analyses de laboratoire. La variole majeure, qui prĂ©dominait dans le monde jusqu'Ă  la fin du XIXe siĂšcle, laissant la place Ă  la variole mineure, ne subsistait plus qu'en Asie en 1971. Le virus est trĂšs stable et peut subsister des annĂ©es dans des croĂ»tes. Dans la plupart des conditions naturelles toutefois, le virus, s'il subsiste, ne conserve son pouvoir pathogĂšne guĂšre plus que quelques semaines.

Des corpuscules furent observés par John Brown Buist en 1887[19] puis de nouveau par Enrique Paschen en 1906[19] tandis qu'Amédée Borrel avait observé des corpuscules semblables dans des tissus d'oiseaux infectés de variole aviaire en 1904. En 1903, il était encore question de « streptocoque variolique ». EugÚne Woodruff et Ernest William Goodpasture montreront en 1929 que ces inclusions contenaient des virus de la variole[20].

Varioles animales

Si la variole est une maladie exclusivement inter-humaine, il existe des virus génétiquement proches (famille poxviridae, genre orthopoxviridae) affectant divers animaux, donnant des maladies de gravité variable.

  • Le cowpox est relativement bĂ©nin, il touche les bovins, les rongeurs, le chat et l'homme.
  • Le virus de la vaccine, duquel le mot « vaccin » est originaire, appelĂ© aussi virus vaccinal, n'est pas un virus naturel. C'est un virus dĂ©rivĂ© du cowpox, qui Ă©volue de façon autonome pour son propre compte depuis prĂšs de deux siĂšcles[21]. Il a pour origine probable des contaminations accidentelles de laboratoire (Ă©change de gĂšnes avec le virus de la variole) Ă  Londres vers 1800[22]. Le vaccin a Ă©tĂ© fabriquĂ© Ă  l'origine Ă  partir de lĂ©sions cutanĂ©es de vaches inoculĂ©es par la vaccine (ou cowpox en anglais). La pulpe vaccinale ainsi obtenue, broyĂ©e et tamisĂ©e, Ă©tait inoculĂ©e par scarification cutanĂ©e aux patients. La toute premiĂšre vache qui a permis Ă  Edward Jenner de produire ce nouveau vaccin en 1796 Ă©tait nommĂ©e Blossom. Ses cornes sont visibles au musĂ©e Edward Jenner (en) Ă  Berkeley en Angleterre.
  • Le monkeypox, orthopoxvirus simien ou virus de la variole du singe, dont le rĂ©servoir est constituĂ© des rongeurs et Ă©cureuils des forĂȘts ombrophiles d'Afrique centrale et occidentale, peut se transmettre occasionnellement Ă  l'homme (en contact avec ces rongeurs). Les manifestations cliniques du monkeypox chez l'homme sont analogues Ă  celles de la variole (Ă©ruption pustuleuse, fiĂšvre, symptĂŽmes respiratoires), avec une mortalitĂ© de l'ordre de 3 %[21] (1 Ă  10 % en Afrique[23]). La transmission inter-humaine Ă©tait trĂšs faible, mais est en augmentation depuis les annĂ©es 2000.
  • Orthopoxvirus cameli (virus de la variole des camĂ©lidĂ©s) touche les chameaux et dromadaires (camĂ©lidĂ©s de l'Ancien Monde, Afrique et Asie). La maladie humaine est bĂ©nigne (lĂ©sions cutanĂ©es aux mains), et peu frĂ©quente (1 chamelier sur 20 000)[24].
  • La variole aviaire (fowlpox) est due Ă  plusieurs virus de cette famille, mais du genre Avipoxvirus (en).
  • Le virus de l'ectromĂšlie[25] infectieuse ou « variole de la souris », est une maladie mortelle, Ă©pidĂ©mique et contagieuse chez les souris et qui se caractĂ©rise par la gangrĂšne d'une patte.

ÉpidĂ©miologie

Mode de transmission

Il s'agit d'une maladie exclusivement inter-humaine. Il n'y a aucun réservoir de virus animal et pas de transmission par les insectes.

La variole se transmet de personne à personne par voie respiratoire rapprochée (postillons, aérosols, etc.) à partir des voies aérodigestives supérieures des personnes infectées et par contact cutané direct à partir des lésions cutanées.

Le varioleux est contagieux dÚs le début de la maladie (à partir de l'apparition des premiers symptÎmes), le virus étant déjà présent en quantité importante dans ses voies supérieures. Cette présence est maximum durant la premiÚre semaine de la phase éruptive, le malade excrétant des virus jusqu'au 14e jour de la maladie. La transmission était particuliÚrement élevée au sein des familles[26] (et moins au sein d'une communauté), car la variole est une maladie qui, dÚs son début, force le malade à s'aliter. Il n'y a pas de transmission durant la phase d'incubation, ni de transmission par porteur sain ou sans symptÎmes.

Au niveau des lĂ©sions cutanĂ©es, le virus reste prĂ©sent contagieux jusqu'Ă  plus de deux semaines aprĂšs le dĂ©but de l'Ă©ruption, et peut se communiquer par contact direct jusqu'Ă  la disparition totale des croĂ»tes. La literie et les vĂȘtements d'une personne infectĂ©e sont source d'infection et doivent ĂȘtre passĂ©s Ă  l'autoclave, sinon les croĂ»tes infectĂ©es ou les vĂȘtements infectĂ©s pourraient ĂȘtre contagieux indirectement Ă  longue distance, ou longtemps aprĂšs. Toutefois cette derniĂšre contagiositĂ© est contestĂ©e, le virus ne pouvant survivre longtemps Ă  l'extĂ©rieur Ă  tempĂ©rature ambiante habituelle[27]. Des cas de contamination Ă  la suite de blessures provoquĂ©es par du matĂ©riel souillĂ© ont Ă©galement Ă©tĂ© constatĂ©s.

Le virus pouvait ĂȘtre transmis aux personnes en contact avec un sujet vaccinĂ© par variolisation, procĂ©dĂ© abandonnĂ© en Europe au dĂ©but du XIXe siĂšcle, mais encore en usage dans les annĂ©es 1970 en Afghanistan et en Éthiopie[27].

PathogenĂšse

La dose infectieuse de la variole n'est pas connue, mais elle est estimée trÚs faible, de l'ordre de quelques virions[28].

La porte d'entrĂ©e est, usuellement, celle des voies respiratoires, mĂȘme si d'autres voies de contamination sont possibles. Une premiĂšre rĂ©plication virale se fait au niveau de l'Ă©pithĂ©lium des bronches, sans occasionner aucun symptĂŽme. Le virus se diffuse ensuite dans le systĂšme rĂ©ticulo-endothĂ©lial, et se multiplie dans les ganglions lymphatiques. Une virĂ©mie, toujours asymptomatique, se produit au 3e jour de l'incubation, avec multiplication du virus dans la rate et la moelle osseuse.

Une deuxiÚme virémie se produit quelques jours plus tard en provoquant les premiers signes de la maladie (forte fiÚvre, douleurs). La premiÚre lésion se situe fréquemment au niveau du pharynx, permettant ainsi le relargage des virus dans l'atmosphÚre. La phase éruptive débute lorsque la peau est atteinte par transfert du virus à ce niveau par les macrophages. Les lésions seraient plus importantes à la face et aux extrémités parce que le virus se multiplie d'autant mieux à des températures inférieures à 37 °C[9].

Les anticorps neutralisants commencent à apparaitre vers le 6e jour de la maladie. Ils persistent plusieurs années, puis une immunité à médiation cellulaire prend le relais.

La maladie, si elle ne tue pas le patient, est immunisante : toute rĂ©infection par le mĂȘme virus est impossible pendant des annĂ©es voire des dĂ©cennies. D'autres sources affirment que l'immunitĂ© est durable Ă  vie[1], c'est-Ă -dire tant qu'il reste immuno-compĂ©tent.

Les incertitudes de pathogenĂšse tiennent au fait que les mĂ©thodes d'Ă©tudes qui permettraient de les lever n'ont Ă©tĂ© mises au point qu'Ă  partir des annĂ©es 1980-1990, c'est-Ă -dire aprĂšs l'Ă©radication mondiale de la variole. Ainsi, il est probable que les cas de variole maligne ou hĂ©morragique surviennent Ă  la suite d'un dĂ©faut de la rĂ©ponse immunitaire. De mĂȘme, la vaccination antivariolique est contre-indiquĂ©e chez le sujet immuno-dĂ©ficient, susceptible de multiplier et excrĂ©ter du virus vaccinal[28].

Létalité

La lĂ©talitĂ© Ă©tait due Ă  la rĂ©plication du virus lui-mĂȘme mais aussi aux surinfections microbiennes notamment cutanĂ©es et pulmonaires.

La rĂ©plication du virus entraine une toxĂ©mie (accumulation de produits nocifs dans le sang), faite de complexes immuns circulants et d'antigĂšnes varioliques solubles[9]. La mort survient par ƓdĂšme aigu du poumon, choc septique ou collapsus cardiovasculaire.

L'antibiothérapie a permis de réduire la létalité de la variole due aux surinfections microbiennes.

La létalité dépend du virus (souche virale, dose infectieuse) et de l'état immunitaire du malade (plus ou moins immunisé, plus ou moins immunocompétent). Pour la variole mineure (alastrim) et les sujets vaccinés à jour et immunocompétents, elle était inférieure à 1 %. Pour la variole majeure et classique de 15 à 30 % au XXe siÚcle (prÚs du double aux siÚcles précédents) et plus de 90 % pour les formes les plus graves[26].

Traitement

Il n'existait pas de traitement spĂ©cifique des personnes infectĂ©es dont, Ă©ventuellement, les symptĂŽmes peuvent ĂȘtre soignĂ©s.

  • On a autrefois utilisĂ© des onguents puis une mĂ©thode dite mĂ©thode ectrotique inventĂ©e par M. Serres pour la « cautĂ©risation en masse » des boutons induits par la variole sur le visage (pour le traitement de la syphilis, Ă  base de mercure ou d'une solution de nitrate d'argent concentrĂ©). Ces mĂ©dications ont souvent Ă©tĂ© contestĂ©es, leurs dĂ©tracteurs notant qu'elles posaient de graves problĂšmes de toxicitĂ© pour les patients (qui mouraient plus nombreux parmi ceux qui Ă©taient traitĂ©s que parmi les non-traitĂ©s). Les premiers dĂ©veloppaient souvent des symptĂŽmes dits « d'arachtinis » et parfois mouraient. Les mauvais rĂ©sultats de ce traitement ont au XIXe siĂšcle rapidement mis en question cette mĂ©thode et toutes celles faisant usage de mercure et d'arsenic[29].
  • Dans les annĂ©es 1950, un antiviral a Ă©tĂ© utilisĂ©, la mĂ©thisazone, qui fut surtout utilisĂ© pour soigner certaines complications vaccinales.
  • Le traitement prĂ©ventif Ă©prouvĂ© est la vaccination, qui s'est largement diffusĂ©e en Europe au XIXe siĂšcle.
  • La vaccination a pu Ă©galement ĂȘtre faite en post-exposition : l'efficacitĂ© de cette pratique, qui dĂ©pend de sa prĂ©cocitĂ©, fait l'objet de discussions.
    La vaccination antivariolique peut entraßner des complications, ce qui représente une difficulté dans le cadre des plans de lutte contre les attaques bioterroristes[30]. Les principales complications sont : vaccine généralisée, eczéma vaccinatum, vaccine progressive, encéphalite post-vaccinale. Les complications sont graves chez les sujets immuno-déprimés ou atteints d'eczéma.

Le tecovirimat inhibe la protéine P37 fabriquée uniquement par les orthopoxvirus et permet une guérison de la plupart des formes animales de la maladie[31].

Histoire de la maladie

La maladie serait apparue de façon sporadique, dans les villages du nĂ©olithique, Ă  partir de la domestication ou d'une proximitĂ© animale (ancĂȘtre commun du virus humain et d'autres animaux, comme celui de la variole du singe, la vaccine (bovidĂ©s et Ă©quidĂ©s), ou la variole des camĂ©lidĂ©s)[32] - [33].

Une population minimale de 200 000 habitants serait nĂ©cessaire pour maintenir une circulation permanente de virus variolique (variole endĂ©mique ou Ă©pidĂ©mique). Cette densitĂ© humaine a Ă©tĂ© atteinte par plusieurs civilisations antiques, d'abord en Égypte et au Moyen-Orient[33].

La variole serait donc apparue vers le IVe millĂ©naire av. J.-C. selon les donnĂ©es Ă©pidĂ©miologiques et historiques[34] et il y a 3 400 Â± 800 ans selon les donnĂ©es d'horloge molĂ©culaire[15].

Deux origines gĂ©ographiques sont possibles, l'Inde et l'Égypte[34]. L'origine Ă©gyptienne est la plus probable, les donnĂ©es de phylogĂ©nie indiquant qu'un orthopoxvirus ancestral devait exister chez des rongeurs africains[15]. La premiĂšre mention Ă©crite de la variole vient d'un mĂ©decin d'Alexandrie, Aaron, vers le VIIe siĂšcle.

Antiquité

Des traces de cicatrices trouvĂ©es sur les visages de momies Ă©gyptiennes ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©es comme l'indice qu'une ou plusieurs formes de variole sĂ©vissaient au Moyen-Orient il y a plus de 3 000 ans[35]. La variole est probablement exportĂ©e vers l'Inde par voie commerciale au cours du premier millĂ©naire avant J-C. La maladie aurait Ă©tĂ© introduite en Chine en l'an 49 de notre Ăšre (selon des descriptions d'Ă©ruptions pustuleuses laissĂ©es par des auteurs chinois du IVe siĂšcle).

Il n'existe pas de terme original grec ou latin pour désigner la variole, bien que la maladie soit trÚs caractéristique[36]. Il est probable que les grandes épidémies qui ont frappé l'Empire romain au IIe siÚcle et au IVe siÚcle soient la variole. La peste antonine vers l'an 165 de notre Úre, pourrait aussi avoir été une épidémie de varicelle ou de rougeole ou d'un type différent de la variole moins mortelle, et qui aurait depuis disparu, selon Hendrik Poinar (de l'Université McMaster d'Hamilton, au Canada)[35].

À partir du Ve siĂšcle, des Ă©pidĂ©mies probables de variole sont signalĂ©es en Europe. Saint Nicaise, Ă©vĂȘque de Reims, survĂ©cut Ă  une Ă©pidĂ©mie et devint le saint patron des victimes de la variole, avant d'ĂȘtre martyrisĂ© par les Huns vers 451. De telles Ă©pidĂ©mies sont mentionnĂ©es au VIe siĂšcle par GrĂ©goire de Tours et Marius d'Avenches[33]. Durant le mĂȘme siĂšcle, une Ă©pidĂ©mie de variole aurait dĂ©cimĂ©, prĂšs de la Mecque en 572, une armĂ©e Ă©thiopienne conduite par le prince chrĂ©tien Abraha. La variole serait mentionnĂ©e de façon allĂ©gorique dans le Coran « Dieu envoya des volĂ©es d'oiseaux qui firent pleuvoir des pierres sur les assaillants »[33].

Dans les années 730, la variole atteint le Japon qui perd environ un tiers de sa population[37], ou de façon moins certaine dÚs 585, à partir de la Corée[32] - [34].

Moyen Âge

La maladie accompagne les conquĂȘtes musulmanes en Afrique du nord et dans la pĂ©ninsule ibĂ©rique. Le mĂ©decin persan Rhazes, dans son fameux traitĂ©[38], est le premier Ă  distinguer cliniquement la rougeole et la variole vers 910. La variole est prĂ©sente chez les enfants, sous forme d'Ă©pidĂ©mies saisonniĂšre au Moyen-Orient et en Asie centrale. C'est une Ă©tape dĂ©cisive dans la connaissance des fiĂšvres Ă©ruptives[33].

Vers l'an mille, la variole s'est établie par la guerre ou le commerce, d'une part sur le littoral méditerranéen, et d'autre part dans les parties de l'Eurasie les plus densément peuplées (Route de la soie, Inde, Chine, Corée, Japon). Toutefois, il reste de nombreuses régions indemnes en Europe centrale et du nord, qui seront plus ou moins touchées aprÚs les retours des Croisades[39].

François d'Assise et d'autres religieux soignant des personnes qui semblent atteintes de variole. La Franceschina, vers 1474.

Au XVe siĂšcle, la variole est signalĂ©e comme une maladie des enfants Ă  Paris, en Espagne et en Italie, mais sous une forme de gravitĂ© intermĂ©diaire entre la variole mineure et majeure. En revanche, quand la variole touche pour la premiĂšre fois des populations insulaires isolĂ©es, elle peut ĂȘtre explosive et meurtriĂšre, comme celle de l'Islande en 1241, qui perd prĂšs d'un tiers de sa population[39].

Europe (1500-1800)

La présence de la variole en Espagne est à la source de l'introduction de la variole en Amérique du Sud par les conquistadors.

Au XVIe siÚcle, un nouveau variant du virus apparait, d'origine possiblement zoonotique ou dû à une mutation dans une souche en circulation[35]. Il s'est ensuite répandu dans le monde conjointement à des formes parfois bénignes, parfois effroyablement mortelles, source d'une pandémie responsable de dizaines de millions de morts.

Une Ă©tude rĂ©cente (2016) publiĂ©e dans Current Biology porte sur l'ADN viral d'une souche de variole dĂ©couverte[40] dans une momie occidentale d'enfant du milieu du XVIIe siĂšcle trouvĂ©e dans la crypte de l'Ă©glise dominicaine du Saint-Esprit de Vilnius. Cet Ă©chantillon a Ă©tĂ© sĂ©quencĂ© et c'est le plus ancien virus sĂ©quencĂ© connu en 2016[35]. Il Ă©tait gĂ©nĂ©tiquement trĂšs proche des souches rĂ©centes, ce qui laisse penser que la forme la plus mortelle de la variole Ă©tait le variant embarquĂ© par les explorateurs du Nouveau Monde qui a dĂ©cimĂ© les AmĂ©rindiens[35]. Les auteurs ont construit un arbre gĂ©nĂ©alogique de 49 souches modernes et anciennes connues, et retracĂ© leur Ă©volution depuis un ancĂȘtre commun qui aurait surgi entre 1530 et 1654, un siĂšcle environ avant la mort de l'enfant momifiĂ©.

C'est durant cette pĂ©riode que les Français appellent « grosse vĂ©role », la syphilis, pour la distinguer de la variole dite « petite vĂ©role ». Les Anglais font de mĂȘme, la variole Ă©tant dite small pox et la syphilis great pox. Les Ă©pidĂ©mies de variole deviennent plus frĂ©quentes avec l'urbanisation croissante. La pandĂ©mie qui dĂ©marre en Europe et au Proche Orient en 1614 est probablement responsable de l'introduction de la variole en AmĂ©rique du Nord (colonies françaises et britanniques). De la mĂȘme façon, Ă  la mĂȘme Ă©poque, l'exploration et la conquĂȘte de la SibĂ©rie par les Russes s'accompagne d'Ă©pidĂ©mies dĂ©vastatrices de variole dans les populations sibĂ©riennes[39].

À partir du XVIIe siĂšcle, plusieurs pays europĂ©ens inaugurent un systĂšme d'enregistrement statistique des cas de variole et des dĂ©cĂšs par variole. Au XVIIIe siĂšcle, environ 95 % de la population française est touchĂ©e par cette maladie, et un dĂ©cĂšs sur dix est dĂ» Ă  celle-ci[41]. Les enfants en sont les premiĂšres victimes : 90 % des morts par variole en Angleterre sont ĂągĂ©s de moins de 5 ans, 10 % des enfants meurent chaque annĂ©e de variole en SuĂšde, un enfant sur sept meurt de variole en Russie[39].

La variole n'Ă©pargne pas les maisons royales, tuant entre autres la reine Marie II d'Angleterre, 32 ans (1694), l'empereur Joseph Ier, (33 ans) le dauphin Louis de France, 50 ans, le prince Louis de Lorraine (7 ans) et ses sƓurs les princesses Élisabeth-Charlotte (10 ans) et Marie-Gabrielle (9 ans) (1711), le prince LĂ©opold-ClĂ©ment de Lorraine, 16 ans (1723) le roi Louis Ier d'Espagne, 17 ans (1724), le prince LĂ©opold d'Anhalt-Köthen, 32 ans (1728), le tsar Pierre II de Russie, 15 ans (1730), la reine Ulrique-ÉlĂ©onore de SuĂšde, 53 ans (1741), l'impĂ©ratrice Marie-JosĂšphe (28 ans) et sa belle-sƓur l'archiduchesse Marie-JosĂšphe, 16 ans (1767), le roi Louis XV de France, 64 ans, (1774), ce qui incite les souverains Ă  promouvoir la variolisation[39].

Colonies espagnoles et portugaises

Il semble dĂ©montrĂ© que la variole pĂ©nĂ©tra dans l’üle de Saint-Domingue en 1516, Ă  la suite de l’arrivĂ©e dans l’üle, Ă  bord d’un navire portugais, d’esclaves noirs infectĂ©s. Selon une thĂ©orie commune, la variole fut introduite sur le continent amĂ©ricain par un esclave noir de PĂĄnfilo de NarvĂĄez, au moment oĂč les troupes de ce dernier dĂ©barquaient au Mexique en 1520 pour y combattre HernĂĄn CortĂ©s. Cependant, sur le site archĂ©ologique de Tiwanaku (ou Tiahuanaco) en Bolivie, dans le temple semi-souterrain dit des TĂȘtes, on trouve des reprĂ©sentations de maladies sur diffĂ©rents visages humains, dont une tĂȘte au visage parsemĂ© de lĂ©sions oĂč certains ont voulu voir les sĂ©quelles de la variole ; on relĂšve en outre, dans plusieurs codex mexicains prĂ©colombiens, des visages couverts de lĂ©sions pouvant ĂȘtre imputĂ©es Ă  la variole.

Quoi qu’il en soit, il est certain qu’on assista Ă  un accroissement de la virulence de la maladie pendant et aprĂšs la conquĂȘte espagnole. Ensuite, en 1525, le virus, vĂ©hiculĂ© par l’expĂ©dition militaire de Pizarro, infesta l’empire inca, puis parvint entre 1558 et 1560 dans le RĂ­o de la Plata et en 1562 au BrĂ©sil.

Les sources indiquent que les Ă©pidĂ©mies de variole, dont on soulignait par ailleurs le caractĂšre cyclique[42], frappaient plus violemment les indigĂšnes que les EuropĂ©ens, non Ă  cause d’une constitution plus faible chez les premiers, mais en raison d’une part de leurs coutumes et de leur mode de vie, propices Ă  la propagation et Ă  la contagion, et d’autre part de leur situation immunitaire au moment de l’arrivĂ©e du virus, les Indiens n’ayant en effet pas eu, ou peu, l’occasion de bĂątir de mĂ©moire immunitaire contre la maladie. Il en rĂ©sulta une catastrophe dĂ©mographique majeure : des 18 millions d’habitants que comptait le Mexique avant l’apparition des conquistadors, il ne restera vers 1600 qu’un peu plus d’un million[43]. Dans un titre de chapitre, l'historien Sheldon Watts utilise le terme d'holocauste[44].

La zone oĂč, dans toute l’AmĂ©rique, la variole occasionna le plus de ravages fut la CaraĂŻbe, celle-ci ayant en effet pendant longtemps jouĂ© un rĂŽle de nƓud de communication et se trouvant donc confrontĂ©e au trafic commercial le plus intense. Les Antilles Ă©taient le centre de distribution, la plaque tournante du systĂšme commercial monopolistique espagnol, et c’était lĂ  en outre qu’accostait le vaisseau de permission concĂ©dĂ©, aux termes du traitĂ© d'Utrecht, par l’Espagne Ă  l’Angleterre, vaisseau qui permettait l’acheminement d’esclaves noirs vers tout le continent amĂ©ricain, c'est-Ă -dire de ceux-lĂ  mĂȘmes qui seront identifiĂ©s comme la cause involontaire de nombre d’épidĂ©mies de variole, en particulier dans l’üle de Cuba[45].

Colonies britanniques et françaises

En Amérique du Nord, la variole arrive avec les premiers colons britanniques, français et hollandais. Une premiÚre épidémie touche la cÎte du Massachusetts en 1617-1619, qui décime les Indiens Massachusetts. La densité de population était toutefois insuffisante (aussi bien pour les amérindiens que pour les premiers colons) pour que la variole se maintienne de façon endémique. Il y avait de long intervalles de répit (population immunisée) entrecoupées de fortes épidémies frappant les plus jeunes, nés aprÚs la derniÚre épidémie et lors de l'arrivée de nouveaux colons. Des épidémies à peu-prÚs décennales frappent les ports comme Boston (1636, 1659, 1666, 1677, etc.), New York, Jamestown ou Charleston[46].

L'association entre les cas survenus à bord des navires et ces épidémies portuaires étant évidente, cela a permis de justifier la mesure des quarantaines, lesquelles iront en se généralisant au cours du XVIIIe siÚcle. La premiÚre quarantaine s'est effectué à Boston en 1647, à propos d'une épidémie probable de fiÚvre jaune. La mesure s'est ensuite appliquée contre les importations de variole.

La grande majorité des colons nés américains était faiblement immunisée par rapport aux Britanniques. Pour beaucoup de jeunes Américains, étudier en Angleterre faisait courir un grand risque de contracter la variole. La fondation des Universités en Amérique du Nord au XVIIIe siÚcle est liée en partie au refus de courir ce risque[46].

Les guerres intercoloniales entre Français, Anglais et leurs alliés Indiens ont été l'occasion de plusieurs épidémies de variole (voir Agent de guerre biologique). Avec la croissance urbaine du XVIIIe siÚcle (cÎte atlantique et berges du Saint Laurent), la variole devient plus fréquente et plus intense. Durant la guerre d'indépendance, lorsque les Anglais abandonnent Boston, le , George Washington ordonne que « mille hommes qui ont déjà eu la variole » s'emparent de la ville[46].

Asie et Pacifique (1500-1800)

Aux Indes, la premiÚre épidémie de variole décrite par les Européens est celle de l'enclave portugaise de Goa en 1545. Les descriptions les plus complÚtes sont celles du XVIIIe siÚcle, avec l'établissement des Britanniques, notamment dans le Bengale (épidémie de 1769-1770). Les médecins anglais notent une situation endémique avec des pics saisonniers (saison sÚche de printemps), ponctuées d'épidémies sévÚres tous les 5 ou 7 ans[47].

En Chine et en Asie du Sud-Est, la variole est endĂ©mique dans toutes les zones trĂšs peuplĂ©es. Des peuples tribaux du nord, comme les Mongols, craignent les contacts avec les Chinois. Les empereurs de Chine mandchous de la dynastie des Qing eux-mĂȘmes choisissent comme successeurs parmi leurs fils ceux qui ont dĂ©jĂ  eu la variole. Certains dalaĂŻ-lama et panchen-lama ont refusĂ© des invitations d’empereurs de Chine par crainte de la variole. En 1780, le panchen-lama Lobsang Palden Yeshe accepte une invitation et meurt de variole quelques semaines aprĂšs son arrivĂ©e. Des voyageurs europĂ©ens notent qu'il est difficile de trouver un Chinois adulte qui ne soit porteur d'aucune cicatrice de variole[47].

Le Japon connaßt des épidémies de variole tous les 15 ans en moyenne, par introduction répétée provenant de Chine ou de Corée.

En Indonésie et aux Philippines, défavorisées aussi par la proximité de la Chine, le problÚme apparaßt plus important encore[48]. La population est encore trop petite pour que la variole devienne endémique, mais des épidémies violentes peuvent survenir à l'occasion, apportées par navires (épidémie de Sumatra en 1780-1783)[47].

En 1788, les Britanniques installent leur premiÚre colonie en Australie, prÚs de Sydney. Un an plus tard, des cas de variole se produisent chez des AborigÚnes voisins. Toutefois, la variole ne s'établit pas, à cause du peu de contact entre Européens et AborigÚnes et du faible peuplement des deux communautés. La variole réapparaßt en 1829-1831. L'origine des premiÚres épidémies australiennes n'a pas été éclaircie, mais la variole aurait joué un rÎle important dans le déclin de la population aborigÚne (sud-est de l'Australie) dans la premiÚre moitié du XIXe siÚcle[49].

Afrique (1500-1900)

AprĂšs l'Afrique du nord lors de la conquĂȘte musulmane, la variole est introduite le long des cĂŽtes d'Afrique de l'est par des colonies arabes (citĂ©s portuaires comme Mombasa), probablement Ă  partir du XIVe siĂšcle. Les sources Ă©crites connues apparaissent lorsque les commerçants portugais remplacent les marchands arabes. Des tribus africaines de l'intĂ©rieur attaquĂšrent des villes cĂŽtiĂšres, ce qui provoqua en 1589, une grave Ă©pidĂ©mie de variole frappant les Africains de tout Ăąge, et les jeunes enfants portugais alors que les Portugais adultes restaient indemnes pour la plupart[50].

Il est probable que les relations commerciales entre l'Afrique de l'est et de l'ouest, et le pÚlerinage à La Mecque, ont contribué à l'établissement de la variole en Afrique. La variole africaine aurait été déjà endémique avant le commerce d'esclaves vers les Amériques. Toutefois, en Angola, la variole est introduite à la suite de la fondation de Luanda par les Portugais en 1484[50].

En Afrique du Sud, la variole atteint Le Cap en 1713 par un navire venu des Indes. Là encore, les Hollandais adultes, nés en Europe, sont immunisés alors que des clans entiers de Khoïkhoï disparaissent. D'autres épidémies surviennent en 1755 et 1767, frappant les colons nés en Afrique, les Khoïkhoï et les Bantous.

En 1729, la variole est introduite Ă  La RĂ©union, par un navire apportant des esclaves de Madagascar.

L'Afrique centrale est touchée par la variole au cours du XIXe siÚcle, par le commerce arabe des esclaves (par caravanes, comme en Ouganda dans les années 1840), les chasseurs d'ivoire et l'ouverture du commerce européen. Les épidémies sont trÚs sévÚres dans des populations tribales (80 % de mortalité) comme dans le bassin du Congo[50].

Finalement, vers la fin du XIXe siÚcle, une nouvelle forme de variole est signalée, la variole mineure ou alastrim, à peu prÚs simultanément en Afrique du Sud et en Floride.

Histoire de la prévention

L'histoire de la lutte contre la variole peut se diviser en plusieurs périodes : d'abord la phase de la variolisation, ensuite celle de la vaccination, et enfin celle de la campagne mondiale d'éradication (1958-1977).

En Orient

En Inde, la variole est décrite dans les livres ayurvédiques. Le traitement curatif ayurvédique passait par l'inoculation d'un « matériau varioleux » vieux d'un an, issu des pustules de personnes ayant contracté la variole l'année précédente.

DÚs le XIe siÚcle, les Chinois pratiquaient la variolisation : il s'agissait d'inoculer une forme espérée peu virulente de la maladie en mettant en contact la personne à immuniser avec le contenu de la substance suppurant des vésicules d'un malade. C'est le premier ministre Wang Dan qui aprÚs la perte d'un de ses fils de la variole avait convoqué divers praticiens de toute la Chine pour mettre au point une prophylaxie. Un moine taoïste apporta la technique d'inoculation qui se diffusa progressivement dans toute la Chine. Mais ces origines précoces sont remises en cause par certains auteurs[51] - [52] et la premiÚre mention indiscutable de la variolisation apparaßt en Chine au XVIe siÚcle[53]. Le résultat restait cependant aléatoire et risqué, le taux de mortalité pouvant atteindre 1 ou 2 %. La pratique s'est progressivement diffusée le long de la route de la soie.

En 1701, Giacomo Pylarini rĂ©alise la premiĂšre inoculation Ă  Constantinople. À partir des annĂ©es 1710, les mentions concernant l'inoculation pratiquĂ©e en Orient se multiplient dans les journaux europĂ©ens[54].

En Europe

La technique est importĂ©e en Occident au dĂ©but du XVIIIe siĂšcle, par Lady Mary Wortley Montagu, femme de l'ambassadeur de Grande-Bretagne en Turquie, qui l'apprend du docteur Emmanuel Timoni (v. 1670-1718)[55], mĂ©decin de l'ambassade de Grande-Bretagne Ă  Constantinople. DiplĂŽmĂ© de l'universitĂ© de Padoue, membre de la Royal Society de Londres depuis 1703, le docteur Timoni publie en 1713 dans les Philosophical transactions de la Royal Society son traitĂ© sur l'inoculation. Son travail est publiĂ© de nouveau l'annĂ©e suivante Ă  Leipzig. À partir de cette date, les publications sur ce sujet se multiplient, Pylarino en 1715, Leduc et Maitland en 1722
 L'efficacitĂ© de la mĂ©thode ayurvĂ©dique a Ă©tĂ© attestĂ©e par le mĂ©decin britannique J.Z. Holwell dans un rapport au College of Physicians Ă  Londres en 1767.

Elle est introduite en France plus tard. Au temps de la RĂ©gence, la pratique de l'inoculation est discutĂ©e et Ă©tudiĂ©e par les cercles mĂ©dicaux et en Conseil du roi ; malheureusement, des problĂšmes plus urgents la rejettent dans l'oubli pour presque vingt-cinq ans, en dĂ©pit d'une campagne menĂ©e par Voltaire en 1727, tandis que la pratique se diffuse lentement en Europe. Un des rares moments de paix sur le continent - entre la guerre de Succession d'Autriche et celle de Sept Ans - permet au dĂ©bat de se dĂ©velopper et de prendre mĂȘme la forme d'une vive controverse nourrie par un afflux de livres, d'articles dans les journaux, de pamphlets, d'Ă©changes de lettres et de mĂ©moires prĂ©sentĂ©s Ă  l'AcadĂ©mie. Faute de donnĂ©es prĂ©cises sur les taux de mortalitĂ© de la petite vĂ©role naturelle ou artificielle, les dĂ©bats manquent d'un point d'appui solide. Les dangers de l'inoculation, non nĂ©gligeables, sont d'ailleurs rapportĂ©s par les inoculateurs eux-mĂȘmes, souvent prompts Ă  dĂ©noncer les erreurs, Ă©checs ou abus de leurs confrĂšres et concurrents. La technique employĂ©e consiste Ă  placer des fils imprĂ©gnĂ©s de pus varioleux dans de profondes incisions : l'abondante suppuration ainsi provoquĂ©e devait, suivant les croyances de l'Ă©poque, drainer hors du corps le pire effet de la petite vĂ©role (avec un bĂ©nĂ©fice secondaire pour l'inoculateur qui se fait rĂ©munĂ©rer pour les pansements compliquĂ©s qu'il est amenĂ© Ă  renouveler).

Deux personnalités, les docteurs Tissot et Théodore Tronchin, s'illustrent dans les débats : n'étant pas sujets du roi de France, protestants, ils sont plus libres de leur parole tant vis-à-vis de la Sorbonne que de Versailles. S'y adjoint le mathématicien La Condamine, qui le introduit l'argument probabiliste[56] lors de son intervention remarquée en faveur de l'inoculation à l'Académie des sciences[57]. Leurs adversaires les plus notables sont De Haen, un brillant médecin, et Roncalli dont l'argumentation est surtout d'ordre moral. La premiÚre inoculation véritablement médiatisée est celle pratiquée par le docteur Théodore Tronchin en 1756 sur les enfants du duc d'Orléans[58]. En 1758 La Condamine compte à peine cent inoculés à Paris ; dix ans plus tard il n'en comptera qu'un peu plus de mille dans la France entiÚre[59]. En 1760, lors d'un exposé devant l'Académie Royale des Sciences de Paris, Daniel Bernoulli démontre[60] que, malgré les risques, la généralisation de cette pratique permettrait de gagner un peu plus de trois ans d'espérance de vie à la naissance. Le travail de Bernoulli, qui jette les bases du modélisme épidémiologique, n'a probablement pas eu de conséquences pratiques immédiates. La variolisation continue à susciter l'hostilité de nombreux médecins[58].

Avant 1760, la pratique de la variolisation est parfois inefficace voire catastrophique : les mĂ©decins europĂ©ens ont remplacĂ© l'aiguille, qui servait en Turquie Ă  l’inoculation, par un instrument plus « chirurgical », la lancette, qui permet de faire une incision plus profonde. À compter de 1760, l'incision superficielle prĂ©conisĂ©e par une famille de mĂ©decins du nom de Sutton, augmente la fiabilitĂ© de l'inoculation[61].

Le , le Parlement de Paris, en attendant les avis des FacultĂ©s de ThĂ©ologie et de MĂ©decine de Paris, interdit temporairement sur son territoire les inoculations urbaines hors d'enceintes spĂ©cialement affectĂ©es. Seulement aprĂšs quatre ans de discussions, le , la FacultĂ© de MĂ©decine de Paris dĂ©crĂšte que la pratique de l'inoculation serait « admissible ». L'avis de la FacultĂ© de ThĂ©ologie semble avoir Ă©tĂ© oubliĂ© et n'est toujours pas connu, bien que La Condamine signale la : « [
] question rĂ©solue affirmativement dĂšs 1723 par neuf docteurs de la Sorbonne consultĂ©s »[54] - [62]. La Condamine se rĂ©fĂšre Ă  l'Ă©pisode racontĂ© en 1723 par le docteur M. de la Coste dans une lettre adressĂ©e Ă  M. Dodart, conseiller d’État et premier mĂ©decin du Roy : « Puisque dans une confĂ©rence que j'eus en Sorbonne il y a environ cinq semaines avec M. le Doyen & neuf de leurs plus fameux Docteurs [
] j'eus la satisfaction de les voir enfin conclure, qu'il Ă©toit licite, dans la vĂ»e d'ĂȘtre utile au public, de faire des expĂ©riences sur cette pratique»[63]

L'inoculation est accusée de contrecarrer la volonté de Dieu[64] et d'accroßtre l'épidémie[65] à Paris comme à Londres.

La controverse de l'inoculation atteignit son acmĂ© en 1768 avant de s'Ă©teindre en 1774. C'est l'annĂ©e oĂč le mĂ©decin suisse Louis Odier approfondit une correspondance avec Anton de Haen pour enquĂȘter sur la portĂ©e rĂ©elle de la vaccination contre la variole Ă  Londres, ville dont il extrapole les tables de mortalitĂ© grĂące Ă  des donnĂ©es remontant Ă  1661. Il entrevoit des progrĂšs fulgurants dans l'espĂ©rance de vie et son estimation, aprĂšs avoir Ă©tudiĂ© les tables de mortalitĂ© de ceux qui se sont intĂ©ressĂ©s Ă  la maladie, Antoine Deparcieux (1746), ThĂ©odore Tronchin (1748), Pehr Wilhelm Wargentin (1749), Thomas Simpson (1752), ou Johann Peter SĂŒssmilch (1761). Plus tard, Louis Odier dĂ©noncera avec virulence les curĂ©s savoyards et valaisans, selon lui responsables des lenteurs de la diffusion de la vaccine aux portes mĂȘmes de GenĂšve[66].

En 1785, la Société royale de médecine, fondée en 1776 pour étudier le problÚme des épizooties, des épidémies et des eaux minérales, indique, comme moyen de lutter contre la maladie, la mise en quarantaine.

Précurseurs

Pour la premiĂšre fois, des annĂ©es 1770 jusqu'en 1791, au moins six personnes ont testĂ©, chacune de façon indĂ©pendante, la possibilitĂ© d'immuniser les humains de la variole en leur inoculant la variole des vaches, prĂ©sente sur le pis de la vache. Parmi les personnes qui ont fait les premiers essais, figurent en 1774, un fermier anglais au nom de Benjamin Jesty, et en 1791, un maitre d'Ă©cole allemand du nom de Peter Plett[67]. En 1796, le mĂ©decin anglais Edward Jenner fera la mĂȘme dĂ©couverte et se battra afin que le bon rĂ©sultat de l'immunisation soit officiellement reconnu.

MĂ©thode Jenner

Le , Jenner inocule Ă  un enfant du pus prĂ©levĂ© sur la main d'une fermiĂšre (Sarah Nelmes[68]) infectĂ©e par la vaccine (via le contact avec le pis de la vache infectĂ©e), ou variole des vaches (cowpox en anglais). Trois mois plus tard, il variolise l'enfant, qui ne dĂ©veloppe aucune pustule, se rĂ©vĂ©lant ainsi immunisĂ© contre le virus. Cette pratique se rĂ©pand progressivement dans toute l'Europe. NĂ©anmoins, la variole reste endĂ©mique pendant tout le XIXe siĂšcle et n’a progressivement disparu d'Europe qu’aprĂšs la PremiĂšre Guerre mondiale.

Caricature représentant la promotion de la vaccination contre la variole selon la méthode Jenner

La controverse resurgit Ă  l'occasion de l'introduction de la vaccination jennĂ©rienne qui se prĂ©sente Ă  un moment oĂč la France est en conflit avec l'Angleterre. E. Jenner a publiĂ© ses rĂ©sultats en juin 1798 : dĂšs octobre de cette annĂ©e, une revue de vulgarisation scientifique Ă©ditĂ©e Ă  GenĂšve, La BibliothĂšque britannique, en fait Ă©tat.

Pour l'anecdote, la vaccination de l'époque consiste à prélever du pus directement des pustules et à infecter les hommes avec celui-ci (ne pas oublier que Louis Pasteur et l'asepsie viendront plus tard). Et plutÎt que de transporter une vache infestée, il est plus simple de se déplacer avec un homme récemment « vacciné » et qui présente les pustules de la cowpox.

Cette pratique, nommĂ©e « vaccination de bras-Ă -bras », pose de nombreux problĂšmes. En effet, les populations, pour des raisons culturelles, sont parfois opposĂ©es au mĂ©lange du sang. Les rĂ©ticences proviennent des populations et des mĂ©decins ; ces derniers acceptant mal d'engendrer le mal volontairement (voir tradition hippocrato-galĂ©nique). Par ailleurs, cette forme de variolisation tend Ă  transmettre d'autres maladies, Ă  l'instar de la syphilis, maladie terrifiante par excellence. À cela s'ajoute un autre problĂšme : le taux de mortalitĂ© n'est pas nul, de l'ordre de 2 %. Ainsi, en France, de 1760 Ă  1787, il n'y a que 60 000 inoculations volontaires de la cowpox.

Vaccination jennérienne en France

En France, c'est un professeur de botanique de Rochefort, le docteur Jean-Baptiste Bobe-Moreau qui le premier promeut la vaccination jennérienne par ses écrits, puis par la pratique. Obtenant du docteur Pictet un fil imprégné de vaccin, il expérimente le procédé avec succÚs fin mars 1800 et entreprend ensuite la premiÚre vaccination publique.

À la mĂȘme Ă©poque, le , l’École de mĂ©decine de Paris et l'Institut National (l'AcadĂ©mie des sciences) nomment chacun une commission d'Ă©tude, qui dĂ©cident de joindre leurs efforts. MissionnĂ© par ces deux institutions, le Genevois Colladon se forme Ă  Londres aux mĂ©thodes anglaises qui seront expĂ©rimentĂ©es, sans succĂšs, Ă  la SalpĂȘtriĂšre sous la direction de Pinel. ParallĂšlement, fin janvier 1800, le duc de La Rochefoucauld-Liancourt, rĂ©cemment revenu d'Ă©migration en Angleterre, fonde le ComitĂ© national de la vaccine grĂące Ă  une souscription publique[69]. En , la sociĂ©tĂ© des souscripteurs nomme un ComitĂ© de mĂ©decins (dont la plupart des membres sont issus des commissions de l’École de mĂ©decine et de l'AcadĂ©mie des sciences). GrĂące Ă  l'appui de personnalitĂ©s importantes comme Lucien Bonaparte et Talleyrand, ce comitĂ© entre en contact avec des mĂ©decins de Londres qui leur envoient, le 2 juin 1800, du fluide vaccinal. À Vaugirard, le Dr François Colon vaccine trente enfants qui exhibent des signes de fausse vaccine[70]. Un mĂ©decin britannique, Woodville, est alors invitĂ© en France. Des enfants vaccinĂ©s selon ses instructions Ă  Boulogne est extraite une lymphe qui permet de vacciner Ă  Paris avec succĂšs 150 enfants. Cela se sait, et conduit Ă  un timide dĂ©veloppement de la pratique. Instruit, fin janvier 1801, par le premier rapport du ComitĂ© de la Vaccine, le prĂ©fet de la Seine octroie le 7 fĂ©vrier un premier Ă©tablissement au ComitĂ© afin d'y procĂ©der Ă  des vaccinations. Dans les semaines qui suivent d'autres Ă©tablissements seront confiĂ©s au ComitĂ©. En fĂ©vrier celui-ci, avec l'appui du prĂ©fet, appelle les maires des douze arrondissements de Paris Ă  se doter d'un centre de vaccination - gratuite - ce qui sera effectif en avril. Tous les Ă©tablissements publics parisiens font vacciner leurs pensionnaires. Devant ces rĂ©sultats, des comitĂ©s et des centres de vaccination sont crĂ©Ă©s, rapidement, dans les principales villes de province[71].

Le , Parmentier rĂ©dige un rapport pour Chaptal, alors ministre de l’IntĂ©rieur de NapolĂ©on, sur l’inoculation gratuite de la vaccine aux enfants des familles indigentes. Le 4 avril 1804, est fondĂ©e la SociĂ©tĂ© pour l’extinction de la petite vĂ©role par la propagation de la vaccine au sein de laquelle un comitĂ© central, prĂ©sidĂ© par le docteur Guillotin, a pour mission le dĂ©veloppement de cette pratique dans tous les dĂ©partements. En 1805 une circulaire explicative instituant l’usage de la vaccine est adressĂ©e aux prĂ©fets sans aboutir Ă  de notables rĂ©sultats. Un dĂ©cret du fait obligation aux grandes villes de conserver du vaccin pour en fournir aux mĂ©decins qui en auraient besoin. La vĂ©ritable campagne de vaccination dĂ©butera en 1811, lorsque NapolĂ©on fera vacciner le roi de Rome et qu’une instruction ministĂ©rielle (du ) rendra la vaccination obligatoire dans l’armĂ©e[72].

Les ministres de l'IntĂ©rieur Chaptal puis FouchĂ© imposent aux journaux — y compris mĂ©dicaux — d'obtenir l'accord du ComitĂ© de vaccine avant toute publication sur le sujet[59]. Pour le transport, Bretonneau substitue les tubes en verre capillaire aux fils de lin imprĂ©gnĂ©s de la lymphe vaccinale.

Certificat de vaccination de deux enfants - Melun, 1851

Le ComitĂ© Central de la Vaccine crĂ©Ă© en 1803 et rattachĂ© Ă  l'AcadĂ©mie de MĂ©decine en 1820 ordonne les campagnes de vaccination. La circulaire du 26 aoĂ»t 1880 rĂ©serve l'acte vaccinal aux seuls diplĂŽmĂ©s (jusqu'alors, les prĂȘtres, religieuses, notables, instituteurs, etc. avaient prĂȘtĂ© leur concours). La vaccination de bras Ă  bras restera la plus rĂ©pandue jusque dans les annĂ©es 1880[73]. Les autoritĂ©s se plaignent du faible nombre d'enfants vaccinifĂšres - on [Qui ?] rĂ©coltait sur leurs pustules la pulpe vaccinale servant aux vaccinations - imputĂ© Ă  l'opposition des familles. Cet obstacle disparaĂźtra dans la derniĂšre dĂ©cennie du siĂšcle Ă  la suite de l'adoption d'abord de la « vaccine animale » puis du procĂ©dĂ© de conservation de la pulpe vaccinale qui permettra de s'affranchir de la prĂ©sence de gĂ©nisses lors des sĂ©ances de vaccination. Si les vaccinations sont souvent dispensĂ©es gratuitement aux indigents, il s'en faut de beaucoup que la gratuitĂ© soit largement pratiquĂ©e. La crĂ©ation d'un service public de vaccination fait l'objet de dĂ©bats dans lesquels le statut libĂ©ral de la mĂ©decine pĂšse d'un poids certain. De nombreuses voix appellent Ă  une obligation vaccinale, seule capable de venir Ă  bout de populations rĂ©tives et peu accessibles Ă  quelque Ă©ducation sanitaire que ce soit. Dans les colonies, cette obligation fut instituĂ©e plus tĂŽt qu'en mĂ©tropole, ainsi en 1876 en Cochinchine. En 1843, 1858 et 1880, plusieurs projets de loi ayant en vue une obligation vaccinale Ă©chouent. Toutefois, l'obligation est imposĂ©e Ă  diffĂ©rentes catĂ©gories de la population : les enfants placĂ©s en nourrice et leur gardienne en 1874, les conscrits en 1876, les Ă©coliers en 1882, les lycĂ©ens et collĂ©giens en 1883, les Ă©tudiants en mĂ©decine et pharmacie en 1891.

Expédition Balmis

La variolisation, confrontĂ©e au scepticisme des milieux mĂ©dicaux, et en l’absence d’encouragement officiel, n'est introduite en Espagne que tardivement et, si elle finit par ĂȘtre appliquĂ©e, sa diffusion est moindre qu’en Grande-Bretagne par exemple, oĂč l'on estime que 200 000 personnes sont inoculĂ©es entre 1766 et la fin du siĂšcle[74]. Quelques annĂ©es aprĂšs la dĂ©couverte de la vaccination jennĂ©rienne, les autoritĂ©s mĂ©dicales du pays conçoivent l’idĂ©e d’une campagne de vaccination de masse dans tout l’Empire espagnol (y compris les Philippines) ; soutenu par le roi Charles IV, le projet prend corps et, entre 1803 et 1814, l’expĂ©dition Balmis (ainsi nommĂ©e d’aprĂšs son directeur, le mĂ©decin et homme de science Francisco Javier Balmis) accomplit un voyage autour du monde, d’abord conjointement, puis, aprĂšs la scission dĂ©cidĂ©e au Venezuela, en deux Ă©quipes distinctes, l’une desservant l’AmĂ©rique centrale et le Mexique, et de lĂ  les Philippines, l’autre se dirigeant vers le sud pour apporter la vaccine en Nouvelle-Grenade, Ă  Quito, au PĂ©rou, dans le Haut-PĂ©rou (Bolivie actuelle), et jusqu’au Chili. Concomitamment, des structures administratives sont mises en place pour perpĂ©tuer l’Ɠuvre des expĂ©ditionnaires et garantir notamment, par une chaĂźne ininterrompue et bien organisĂ©e d’enfants vaccinifĂšres, la disponibilitĂ© de lymphe vaccinale sur plusieurs gĂ©nĂ©rations. Globalement, l’expĂ©dition est un succĂšs, mĂȘme si les guerres d’indĂ©pendance ne laisseront quasiment rien subsister de l’Ɠuvre de Balmis.

En Allemagne

Certains soldats prussiens ayant contracté la variole en France pendant la guerre de 1870 sont à l'origine d'une épidémie, une fois de retour en Allemagne. Les autorités sanitaires de l'Empire allemand imposent une vaccination obligatoire à travers le Reichsimpfgesetz du 8 avril 1874 (mais qui ne sera effective que le ).

Vaccinations modernes (XXe siĂšcle)

En 1899, la dĂ©couverte par Saint-Yves MĂ©nard du maintien de l’activitĂ© du virus conservĂ© dans la glycĂ©rine permet les vaccinations en sĂ©rie, et Ă  distance de la gĂ©nisse[75].

En Allemagne

En Allemagne, l'obligation portant sur la premiÚre immunisation, chez les jeunes enfants donc, est levée le 31 janvier 1975. Le 31 mai 1976, une loi limite l'obligation vaccinale à quatre catégories de la population. L'obligation prend totalement fin en 1983.

En France

Le , la Loi sur la protection de la santé publique, en son article 6, rend la vaccination antivariolique obligatoire au cours de la premiÚre année de vie ainsi que les re-vaccinations des 10e et 21e années[76].

En 1917, AndrĂ© Fasquelle met au point, avec Lucien Camus, la dessiccation sous vide de la pulpe vaccinale congelĂ©e, ce qui en permettra le conditionnement et l’emploi dans les pays tropicaux[75].

La derniÚre épidémie de variole date de l'hiver 1954-1955 à Vannes et Brest. Le sergent Roger Debuigny est rapatrié dans le Morbihan aprÚs la fin de la guerre d'Indochine, bien que vacciné, il a contracté la variole. Il y a 20 morts sur 98 cas à Vannes et à Brest[77] - [78].

La vaccination n'est plus obligatoire en France depuis 1979 et les rappels ne sont plus obligatoires depuis 1984, mais il existe un Plan national de réponse à une menace de variole (2006)[79]. C'est pourquoi la majorité de la population est considérée comme vulnérable à tous les orthopoxvirus (virus de la famille variole), à l'occasion de l'épidémie de variole simiesque de 2022[80].

Éradication totale

En 1980, les trois anciens directeurs du Programme d'éradication mondiale de la variole, J. Donald Millar (en), William Foege, et John Michael Lane, lisent le texte annonçant officiellement le succÚs de cette entreprise.

En 1950, l'Organisation Sanitaire pan amĂ©ricaine (OSPA), s'appuyant sur un nouveau procĂ©dĂ© dĂ©veloppĂ© par le virologue Leslie Collier, entreprend d'Ă©radiquer la variole des AmĂ©riques (ce rĂ©sultat sera atteint en 1967, sauf au BrĂ©sil)[81]. L'Union soviĂ©tique propose Ă  l'Organisation mondiale de la santĂ©, en 1958, d'Ă©radiquer entiĂšrement la variole, qui faisait alors 2 millions de victimes par an dans le monde[82]. La stratĂ©gie initiale, prĂ©vue pour l'Ă©radication dans les pays du Tiers-Monde, estimait qu'un taux de vaccination de 80 % au moins (seuil de l'immunitĂ© grĂ©gaire) Ă©tait nĂ©cessaire pour Ă©radiquer le virus[82]. La campagne de vaccination se rĂ©vĂšle ardue Ă  mettre en Ɠuvre[82].

Le rapport final de la Commission mondiale pour la certification de l'Ă©radication de l'OMS note :

« Les campagnes d'Ă©radication reposant entiĂšrement ou essentiellement sur la vaccination de masse furent couronnĂ©es de succĂšs dans quelques pays mais Ă©chouĂšrent dans la plupart des cas. [
] En Inde, cinq ans aprĂšs une campagne nationale d'Ă©radication entreprise en 1962 (55 595 cas), le nombre de notifications Ă©tait plus grand (84 902 cas) qu'il ne l'avait jamais Ă©tĂ© depuis 1958. Il eĂ»t Ă©tĂ© extrĂȘmement coĂ»teux et logistiquement difficile, sinon impossible, d'atteindre des niveaux beaucoup plus Ă©levĂ©s de couverture. Avec les moyens disponibles, il fallait absolument changer de stratĂ©gie[83]. »

L'OMS change alors de stratĂ©gie en 1967, mettant en Ɠuvre la « stratĂ©gie de surveillance et d'endiguement », qui consiste Ă  isoler les cas et Ă  vacciner tous ceux qui vivaient aux alentours de foyers d'Ă©pidĂ©mie. Une Ă©quipe internationale est constituĂ©e sous la direction de l'AmĂ©ricain Donald Henderson.

La campagne d'Ă©radication se heurte d'abord au problĂšme d'identification des foyers d'infection, tous n'Ă©tant pas nĂ©cessairement recensĂ©s. Le contexte social, culturel et politique joue aussi un rĂŽle important. Ainsi, en Inde et au Bangladesh, beaucoup d'Hindous s'opposent Ă  la vaccination par peur d'offenser Shitala Devi, la dĂ©esse associĂ©e Ă  la variole. Des prĂȘtres bĂ©nissent toutefois des lots de vaccin. En outre, une annĂ©e, les pluies violentes lors de la mousson rompent les barrages et les digues, forçant la population Ă  fuir, ce qui a pour effet d'Ă©tendre Ă  nouveau le foyer d'infection, lequel sera Ă©radiquĂ© au bout d'un an d'efforts.

Le Soudan, lui, est plongé en pleine guerre civile, exposant à des risques accrus les équipes de santé (qui n'auront néanmoins aucune victime à déplorer).

En Europe, un foyer d'infection se déclare en SuÚde (mai-juillet 1963), éradiqué via des mesures de quarantaine et de vaccination[84].

La derniÚre grande épidémie européenne de variole a lieu en 1972 en Yougoslavie. Un jeune Kosovar revenant d'un pÚlerinage à la Mecque et en Irak déclare la variole. L'épidémie frappe 38 personnes, dont 6 meurent[85]. Le régime titiste déclare alors la loi martiale, impose la quarantaine et entreprend une campagne massive de re-vaccination de la population, avec l'aide de l'OMS et de l'équipe de Henderson. L'épidémie est endiguée en deux mois.

Le dernier cas spontanĂ© de la forme la plus grave de variole (Variola major) est enregistrĂ© au Bangladesh, en , chez une petite fille de deux ans, Rahima Banu[86]. À partir de cette date, la variole est considĂ©rĂ©e comme Ă©radiquĂ©e de la quasi-totalitĂ© du globe, Ă  l'exception de la Corne de l'Afrique. En effet, la pauvretĂ© des infrastructures sanitaires et routiĂšres d'Éthiopie et de Somalie rendent trĂšs difficile la vaccination de masse qui est un succĂšs ailleurs. S'y ajoutent les conflits armĂ©s, les famines et les migrations de rĂ©fugiĂ©s qui compliquent encore la tĂąche.

Néanmoins, par une intensification des mesures de vaccination, de surveillance, de confinement, au début de 1977, le dernier cas de variole contracté de maniÚre naturelle est diagnostiqué à Merca en Somalie, le [87].

L'Ă©radication globale[88] de la variole est certifiĂ©e par une commission d'experts le et dĂ©clarĂ©e officiellement par l'OMS le dans la rĂ©solution WHA33.3[89] - [90]. À la suite de ce succĂšs, la vaccination systĂ©matique n'est plus appliquĂ©e, elle n'est employĂ©e aujourd'hui que dans les forces armĂ©es et les laboratoires.

Ère post-éradication et recherches

Laboratoires détenant des stocks de virus

À partir de 1976, l'Ă©radication mondiale Ă©tant imminente, le nombre de laboratoires dĂ©tenant des virus varioliques est rĂ©duit. Dans le monde, il passe de 75 en 1975 Ă  7 en 1979, puis Ă  4 en 1981 (Afrique du Sud, URSS, Royaume-Uni, États-Unis). Ce processus a Ă©tĂ© accĂ©lĂ©rĂ© par l'accident de laboratoire survenu en 1978[91].

ÉpidĂ©mie de Birmingham en 1978

Dix mois aprĂšs la dĂ©tection du dernier cas de variole dans le monde (Somalie, 1977), en , Janet Parker, photographe de l'École de MĂ©decine de l'UniversitĂ© de Birmingham se prĂ©senta Ă  l'hĂŽpital avec des symptĂŽmes de variole. Les analyses sĂ©rologiques et la microscopie Ă©lectronique confirmĂšrent son Ă©tat[92] et elle mourut le 11 septembre de la mĂȘme annĂ©e des suites de la maladie. Le professeur Henry Bedson (en), responsable des recherches sur la variole dans ce laboratoire, tomba malade le 2 septembre, aprĂšs une apparente tentative de suicide, et mourut le 7 septembre[93].

Janet Parker, 40 ans, avait Ă©tĂ© vaccinĂ©e en 1966 et n'avait pas voyagĂ© rĂ©cemment, ni Ă©tĂ© en contact avec une personne revenant de l'Ă©tranger. 290 personnes ayant Ă©tĂ© en contact avec Janet Parker durant sa maladie furent identifiĂ©es, vaccinĂ©es ou revaccinĂ©es, et isolĂ©es Ă  leur domicile. Le pĂšre de Janet Parker dĂ©veloppa une fiĂšvre et mourut subitement le 5 septembre d'un arrĂȘt cardiaque. La mĂšre de Janet Parker, 70 ans, tomba malade le 7 septembre et la variole fut confirmĂ©e, mais elle se rĂ©tablit et put sortir de son isolement le 22 septembre.

L'enquĂȘte rĂ©vĂ©la que le laboratoire de photographie oĂč travaillait Janet Parker se trouvait immĂ©diatement au-dessus du laboratoire de virologie oĂč se trouvaient les cages d'animaux d'expĂ©riences. La voie de contamination la plus probable aurait Ă©tĂ© la voie aĂ©rienne par le conduit contenant les cĂąbles tĂ©lĂ©phoniques d'un Ă©tage Ă  l'autre[93].

Cet épisode représente la derniÚre épidémie de variole dans le monde, et la mÚre de Janet Parker le dernier cas mondial connu de variole.

Destruction des stocks

DĂšs lors, il fut dĂ©cidĂ© en 1980 que tous les stocks connus de ce virus seraient dĂ©truits ou transfĂ©rĂ©s Ă  l'un des deux laboratoires habilitĂ©s par l'OMS, l'un Ă  Atlanta (les CDC - Center for Disease Control, ou Centres pour le contrĂŽle et la prĂ©vention des maladies - aux États-Unis), l'autre Ă  Moscou (Institut de recherches virologiques en URSS), tous deux de haute sĂ©curitĂ©. Ce dernier a Ă©tĂ© transfĂ©rĂ© en 1982 au Centre national de recherche en virologie et biotechnologie (Vector) de Koltsovo, en URSS.

En 1986, l'OMS recommanda finalement la destruction totale de tous les stocks de ces virus pour la date du 30 dĂ©cembre 1993. Mais aprĂšs un premier ajournement au 30 juin 1995, puis comme « dernier dĂ©lai fixĂ© par l'OMS »[94] au 30 juin 1999, cette dĂ©cision fut reportĂ©e jusqu'en 2002. En effet, la dĂ©cision de destruction totale ne faisait plus consensus lors de la 52e AssemblĂ©e mondiale de la santĂ© en 1999, mĂȘme si la destruction totale des stocks diminuait le risque d'un accident menant Ă  une nouvelle Ă©ruption de la maladie. Plusieurs États-membres, dont les États-Unis, arguĂšrent que ces virus pourraient se rĂ©vĂ©ler utiles pour la recherche biomĂ©dicale (poursuite du sĂ©quençage du gĂ©nome du virus de la variole) comme pour le dĂ©veloppement de nouveaux vaccins, de mĂ©dicaments antiviraux, etc.[95]

La désintégration de l'URSS, l'importance de sa recherche virologique militaire et le départ des scientifiques ex-soviétiques vers des pays abritant des groupes terroristes ont joué un rÎle dans ces décisions de report[96].

Vaccins et anti-viraux

Au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 et des attaques au bacille du charbon aux États-Unis en 2001, la question de l'usage possible de la variole en tant qu'arme biologique a pris de l'ampleur. En 2003, la probabilitĂ© d'une action bioterroriste utilisant le virus de la variole a Ă©tĂ© qualifiĂ©e de mineure par le professeur François Bricaire[97].

En 1999, un comitĂ© de l'OMS avait indiquĂ© que les rĂ©serves de vaccins disponibles (Ă©valuĂ©es mondialement Ă  90 millions de doses en 1998[89]), Ă©taient trop limitĂ©es et qu'il fallait relancer la production de vaccins. DĂšs lors, les États-Unis et d'autres pays sous l'Ă©gide de l'OMS relancĂšrent la reconstitution de stocks et la recherche sur de nouveaux vaccins contre la variole[98].

En France, le plan national de réponse à une menace de variole[99], institué par le décret no 2003-313 du [100], prévoit diverses mesures à prendre en cas d'attaque bioterroriste (plan Biotox). Ces mesures sont graduées selon le niveau de menace et d'alerte, pouvant aller au maximum (épidémie échappant à tout contrÎle, et en dernier recours) jusqu'à un dispositif de vaccination de l'ensemble de la population[101]. Un stock de vaccin est d'ores et déjà constitué. Ce plan (derniÚre version en 2006) est en cours de révision[102], et en 2016, ces travaux sont couverts par le secret de la défense nationale[103].

Pour l'OMS, la vaccination mise en Ɠuvre pour combattre une flambĂ©e Ă©ventuelle doit se limiter aux personnes en contact Ă©troit avec les malades et aux intervenants de premiĂšre ligne[95].

En 2016, le stock actuel dĂ©tenu par l'OMS est de 2,4 millions de doses en Suisse, et 32 millions dans des pays donateurs. À cela s'ajoutent les stocks nationaux, gĂ©rĂ©s par chaque pays, qui reprĂ©sentent 600 Ă  700 millions de doses Ă  l'Ă©chelle mondiale, ce qui, selon l'OMS, est suffisant pour faire face Ă  une Ă©pidĂ©mie[95].

Recherches

Ainsi, pour faire face à toute menace variolique (bioterrorisme, accident de laboratoire
), la recherche de moyens thérapeutiques continue. La mise au point d'un nouveau vaccin est la principale voie empruntée. Les antiviraux font également l'objet de recherche. En 2010, un laboratoire a redécouvert une plante carnivore, Sarracenia purpurea L. /oreille de cochon, ayant une activité anti-orthopoxvirus[104].

Depuis la reconnaissance de l'éradication de la variole en 1980, en attendant qu'il y ait consensus scientifique mondial sur la disparition du risque sanitaire lié à une réapparition naturelle du virus (jugée de moins en moins plausible) ou à un usage illicite, la recherche se poursuivra sans doute encore aprÚs l'éventuelle « destruction des stocks existants de virus variolique » vivants.

Elle est pluridisciplinaire et se fait dans des conditions trĂšs encadrĂ©es de « sĂ»retĂ© biologique » et de biosĂ©curitĂ© sous l'Ă©gide de l'OMS, d'un comitĂ© consultatif OMS de la recherche sur le virus variolique[105] » (ACVVR) et d'un groupe consultatif d’experts indĂ©pendants (AGIES)[106], comprenant des reprĂ©sentants de tous les secteurs de la recherche et du dĂ©veloppement dans le domaine des orthopoxvirus (OPV), supposĂ©s indĂ©pendants (ayant rempli et signĂ© une dĂ©claration d'intĂ©rĂȘts et issus d'un domaine autre que la recherche variolique »[95]) et agrĂ©Ă©s par le comitĂ© prĂ©cĂ©dent et l'OMS.

En 2010, L’AGIES a conclu qu'au vu des donnĂ©es disponibles et des progrĂšs techniques, « les virus varioliques vivants ne sont pas nĂ©cessaires Ă  la poursuite du dĂ©veloppement des tests de diagnostic ni Ă  leur validation sur le plan technique », mais qu'il faut par d'autres moyens « poursuivre les tentatives en vue de mettre au point des vaccins qui soient plus sĂ»rs et au moins aussi efficaces que les vaccins originaux et/ou les vaccins antivarioliques actuellement homologuĂ©s » (page 9/44 du rapport AGIES2010[106]).

En 2014, l'AssemblĂ©e mondiale de la santĂ© a demandĂ© Ă  des groupes d'experts d'analyser les consĂ©quences des derniers progrĂšs rĂ©alisĂ©s en biologie de synthĂšse. La conclusion est que le risque de rĂ©Ă©mergence de la variole a globalement augmentĂ© depuis le dĂ©but des annĂ©es 2000. La synthĂšse de virus variolique est devenue « plus aisĂ©e et moins coĂ»teuse, susceptible d'ĂȘtre rĂ©alisĂ©e par des laboratoires de petite taille dont les conditions de sĂ»retĂ© et de sĂ©curitĂ© biologiques sont insuffisantes »[95].

En 2016, la situation de la recherche sur la variole et les contre-mesures médicales est la suivante[95] :

  • la gĂ©nomique du virus variolique : le sĂ©quençage de 50 isolats est quasi complet. Il est considĂ©rĂ© comme suffisant car on observe trĂšs peu de diversitĂ© entre eux.
  • le modĂšle animal et la pathogĂ©nĂšse : Il n'existe aucun modĂšle animal permettant d'imiter la variole humaine ; des modĂšles de substitution chez l'animal sont Ă©tudiĂ©s Ă  des fins d'approbation par les autoritĂ©s de rĂšglementation.
  • les produits de diagnostic : ils dĂ©tectent soit le virus, soit son acide nuclĂ©ique (tests par PCR, les plus dĂ©veloppĂ©s dans les annĂ©es 2000-2010[106]), soit des anticorps dirigĂ©s contre le virus (tests sĂ©rologique), soit des protĂ©ines virales spĂ©cifiques. La maladie Ă©tait autrefois assez facilement diagnostiquĂ©e, mais elle peut parfois ĂȘtre confondue avec d'autres maladies exanthĂ©matiques (comme une forme grave de varicelle) et la plupart des mĂ©decins contemporains n'ont jamais vu de cas de variole, ou trĂšs peu. Ces tests restent donc nĂ©cessaires au cas oĂč la maladie rĂ©apparaĂźtrait. Ils sont homologuĂ©s ou validĂ©s par les autoritĂ©s rĂ©glementaires. Les plus sensibles et spĂ©cifiques sont les tests par PCR.
  • les vaccins antivarioliques : ceux de premiĂšre gĂ©nĂ©ration, Ă  base de vaccine (comme le NYCBH-Dryvax, Lister-Elstree ou Tian-Tan), sont trĂšs efficaces, mais avec des effets secondaires indĂ©sirables graves pour un nombre significatif de vaccinĂ©s, car produits pour la plupart dans le tissu cutanĂ© d'animaux vivants[106]. Ils restent utilisables si nĂ©cessaire. Trois nouveaux vaccins ont Ă©tĂ© homologuĂ©s : un de deuxiĂšme gĂ©nĂ©ration (ACAM2000) et deux de troisiĂšme gĂ©nĂ©ration (LC16m8 et MVA). Selon l'OMS, ils sont Ă  privilĂ©gier[95].
  • les antiviraux antivarioliques : deux antiviraux sont Ă  un stade avancĂ© d'homologation aux États-Unis. Le CMX001 (brincidofovir) et le ST-246 (tĂ©covirimat). Le premier est un dĂ©rivĂ© du cidofovir (analogue nuclĂ©osidique fait d'une petite molĂ©cule inhibant spĂ©cifiquement l'ADN polymĂ©rase virale), biodisponible par voie orale. Le second inhibe une protĂ©ine essentielle Ă  la duplication virale, et prĂ©sente dans l'enveloppe des orthopoxvirus, sans effets secondaires dĂ©tectĂ©s (en 2010)[106]. Ces mĂ©dicaments gĂ©nĂšrent cependant in vitro des phĂ©nomĂšnes de rĂ©sistance[106]. Des mĂ©dicaments encore plus efficaces doivent donc encore ĂȘtre recherchĂ©s.
  • la sĂ»retĂ© de la conservation et utilisation de virus variolique et de l'ADN viral : elle se fait sous la responsabilitĂ© de deux centres collaborateurs de l’OMS. Les mesures de prĂ©caution pour le futur ont aussi fait l'objet de propositions ; rĂ©vision des rĂšgles de l'OMS de sĂ©curitĂ© et de sĂ»retĂ© biologique ; inspection biennales de sĂ©curitĂ© biologique des deux conservatoires mondiaux de virus variolique ; renforcement des rĂšglementations nationales dans tous les pays.

Selon l'OMS, il convient de se prĂ©parer, mondialement et nationalement, Ă  un Ă©vĂšnement variolique de toute nature (rĂ©Ă©mergence naturelle, accident de laboratoire, bioterrorisme). Les mesures de santĂ© publique prĂ©vues Ă©tant applicables de maniĂšre gĂ©nĂ©rale Ă  tous les autres agents pathogĂšnes dangereux. « Un niveau de prĂ©paration mondiale Ă©levĂ©e contre les maladies infectieuses Ă©mergentes reprĂ©sente un investissement indispensable pour tous les États membres[95] ».

Agent de guerre biologique

Histoire

Durant le siĂšge de Fort Pitt, au cours des guerres intercoloniales (1754–1763), les Britanniques se proposĂšrent d’utiliser la variole contre leurs adversaires indiens[107]. S’il n’est pas Ă©tabli que ce dessein fut avalisĂ© officiellement, un certain William Trent, nĂ©gociant local, Ă©crivit le 24 juin 1763 qu’« en signe d’égard pour eux (= les Ă©missaires des assaillants indiens), nous leur donnĂąmes deux couvertures et un mouchoir provenant d’un hĂŽpital de varioleux. J’espĂšre que cela aura l’effet dĂ©sirĂ© »[108] - [109] - [110]. Les historiens ne s’accordent pas sur le point de savoir si cette tentative de dissĂ©miner la maladie rĂ©ussit. Jeffery Amherst aurait Ă©galement Ă©voquĂ© cette forme d'empoisonnement collectif, contre les Lenapes. Il a Ă©galement Ă©tĂ© affirmĂ© que la variole fut utilisĂ©e comme arme pendant la Guerre d'indĂ©pendance des États-Unis (1775–1783)[111] - [112].

Selon une thĂ©orie exposĂ©e dans Journal of Australian Studies (JAS) par un chercheur indĂ©pendant, des troupes d’infanterie de marine britanniques utilisĂšrent en 1789 la variole contre des tribus aborigĂšnes en Nouvelle-Galles du Sud[113] ; ce mĂȘme Ă©vĂ©nement avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© Ă©voquĂ© dans Bulletin of the History of Medicine[114], puis par David Day dans son ouvrage Claiming a Continent. A New History of Australia[115]. DĂšs avant l’article du JAS, cette thĂ©orie avait du reste dĂ©jĂ  fait l’objet de discussions entre certains universitaires[116]. Le professeur Jack Carmody objecta qu’il est plus probable que l’épidĂ©mie en question ait Ă©tĂ© provoquĂ©e par la varicelle qui, Ă  cette Ă©poque, Ă©tait parfois identifiĂ©e comme une forme bĂ©nigne de variole. Cependant, si l’on avait tout d’abord soulignĂ© qu’il n’y eut aucun cas signalĂ© de variole parmi les colons lors du voyage de huit mois de la « PremiĂšre flotte », ni au cours des quatorze mois suivants, et qu’il est improbable, compte tenu que la pĂ©riode d'incubation de la variole est de 10 Ă  12 jours, que des germes de la maladie aient Ă©tĂ© emportĂ©s par ladite PremiĂšre flotte, l’on sait aujourd’hui en revanche que des flacons de virus variolique dĂ©tenus par les mĂ©decins de la PremiĂšre flotte furent la source probable, et qu’il y eut bien, en rĂ©alitĂ©, un cas signalĂ© de variole chez les colons, chez un matelot nommĂ© Jefferies.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, des scientifiques du Royaume-Uni, des États-Unis et du Japon (plus prĂ©cisĂ©ment l’UnitĂ© 731 de l’armĂ©e impĂ©riale japonaise) menĂšrent des recherches visant Ă  produire une arme biologique Ă  base de variole[117]. Toutefois, la production Ă  grande Ă©chelle ne fut jamais dĂ©cidĂ©e car la disponibilitĂ© universelle d’un vaccin rendait l’arme peu efficace[118].

En 1947, l’Union soviĂ©tique Ă©rigea une usine de fabrication d’armements Ă  base de variole dans la ville de Zagorsk, Ă  75 km au nord-est de Moscou[119]. En 1971 Ă©clata une Ă©pidĂ©mie de variole dont le virus responsable provenait d’armes biologiques en phase d’essai dans une installation sur une Ăźle de la mer d'Aral. Le gĂ©nĂ©ral et professeur Peter Burgasov, ancien mĂ©decin militaire en chef dans l’armĂ©e soviĂ©tique et cadre supĂ©rieur du programme soviĂ©tique d’armements biologiques, dĂ©crivit ainsi l’incident :

« Sur l’üle de VozrojdĂ©nia, dans la mer d’Aral, l’on Ă©tait en train de tester les prĂ©parations varioliques les plus puissantes. Soudain, l’on m’informa qu’il y avait de mystĂ©rieux cas de dĂ©cĂšs Ă  Aralsk. Un navire de recherche de la flotte d’Aral Ă©tait venu Ă  15 km de l’üle (il Ă©tait interdit de s’en approcher Ă  moins de 40 km). La technicienne de labo de ce navire prĂ©levait des Ă©chantillons de plancton deux fois par jour depuis le pont supĂ©rieur. La prĂ©paration variolique — dont 400 g avait explosĂ© sur l’üle — « l’avait saisie » et elle en avait Ă©tĂ© infectĂ©e. À son retour Ă  Aralsk, elle avait contaminĂ© plusieurs personnes, y compris des enfants. Tous moururent. J’en soupçonnais la raison et appelai le chef d’état-major du ministĂšre de la DĂ©fense et le sollicitai d’interdire que le train Alma-Ata — Moscou fĂźt arrĂȘt Ă  Aralsk. De la sorte, on empĂȘcha une Ă©pidĂ©mie dans la rĂ©gion. J’appelai Andropov, qui Ă  l’époque Ă©tait chef du KGB, et l’informai de la prĂ©paration variolique exclusive obtenue sur l’üle de VozrojdĂ©nia[120] - [121]. »

D’autres auteurs inclinent cependant à penser que la premiùre patiente contracta la maladie lorsqu’elle visita Uyaly ou Komsomolsk, dans l’Oust-Ourt, le bateau ayant fait escale dans ces deux villes cîtiùres[122] - [123].

En 1991, cĂ©dant aux pressions internationales, le gouvernement soviĂ©tique autorisa une Ă©quipe conjointe d’inspecteurs amĂ©ricains et britanniques Ă  effectuer une tournĂ©e d’inspection dans quatre des principaux sites de Biopreparat. Les inspecteurs furent confrontĂ©s Ă  des rĂ©ponses Ă©vasives et Ă  des dĂ©nĂ©gations de la part des scientifiques soviĂ©tiques, pour s’entendre finalement donner l’ordre de quitter l’installation[124]. En 1992, le dĂ©fecteur soviĂ©tique Ken Alibek affirma que le programme soviĂ©tique d’armements biologiques Ă  Zagorsk avait produit un vaste stock — quelque vingt tonnes — de variole Ă  usage militaire (utilisant peut-ĂȘtre un virus gĂ©nĂ©tiquement manipulĂ© capable de rĂ©sister aux vaccins, selon ce qu’ajouta Alibek), en mĂȘme temps que des ogives rĂ©frigĂ©rĂ©es pour diriger le produit vers sa cible. Toutefois, les assertions d’Alibek sur les activitĂ©s autour de la variole menĂ©es dans le cadre de l’ancien projet soviĂ©tique n’ont jamais pu ĂȘtre vĂ©rifiĂ©es de façon indĂ©pendante.

En 1997, le gouvernement russe annonça que tous ses Ă©chantillons de variole restants allaient ĂȘtre transfĂ©rĂ©s Ă  l’institut Vector Ă  Koltsovo[124]. AprĂšs l’effondrement de l'Union soviĂ©tique et la mise au chĂŽmage de nombreux scientifiques naguĂšre actifs dans les programmes d’armement, des reprĂ©sentants du gouvernement amĂ©ricain se dirent prĂ©occupĂ©s Ă  l'idĂ©e que le virus de la variole et le savoir-faire permettant de le conditionner Ă  un usage militaire puissent tomber entre les mains d’autres gouvernements ou de groupes terroristes dĂ©sireux d’utiliser des virus comme agents de guerre biologique[125]. Les allĂ©gations spĂ©cifiques faites Ă  l’encontre de l’Irak Ă  cet Ă©gard se sont toutefois rĂ©vĂ©lĂ©es fausses[126].

Données actuelles (XXIe siÚcle)

En , les experts de l'AGIES (Advisory Group of Independant Experts), ou Groupe consultatif indĂ©pendant de l'OMS sur la recherche variolique, ont exprimĂ© leurs prĂ©occupations sur les progrĂšs rĂ©alisĂ©s en biologie de synthĂšse permettant Ă  des laboratoires de petite taille de manipuler le virus, voire de le recrĂ©er Ă  partir de gĂ©nomes numĂ©risĂ©s (informations sur les sĂ©quences de l'ADN viral dans les banques de donnĂ©es)[95]. En effet, l’insertion, dans des orthopoxvirus existants, d’ADN variolique synthĂ©tique pourrait permettre de reconstituer le virus[127], ce qui augmente les risques d'accident de laboratoire et d'utilisation Ă  des fins bioterroristes ou militaires. La premiĂšre Ă©tape dans la rĂ©duction de ce risque devrait, selon certains, consister Ă  dĂ©truire les stocks de virus restants, de sorte que toute dĂ©tention ultĂ©rieure du virus puisse ĂȘtre criminalisĂ©e sans ambiguĂŻtĂ©[128].

La mise en circulation délibérée d'un aérosol de virus variolique entraßnerait une vaste dissémination compte tenu de la grande stabilité du virus dans l'environnement et de sa faible dose infectieuse. La survie du virus dans le milieu extérieur est inversement proportionnelle à la température et à l'humidité (favorisée par le froid et le sec). Selon ces conditions, le virus resterait viable de 6 heures (en été humide) à un peu plus de 24 heures (hiver sec)[28].

En France, le Haut Conseil de la santé publique estime que la mortalité induite serait de 30 à 50 % chez les malades non vaccinés. Le risque de développer la maladie chez les sujets contacts serait de 95 % chez les non-vaccinés, de 12 % chez les anciens vaccinés (plus de 10 ans), et de 4 % chez ceux à jour de leur vaccination. En 2012, il existait une absence totale d'immunité chez les moins de 35 ans, les rendant plus sensibles à la variole, mais aussi aux complications des vaccins de premiÚre génération[13].

Divinités, saints et héros associés à la variole

Tametomo chassant les démons de la variole, estampe de Yoshitoshi (1839-1892).

L'importance de la variole se traduit par l'existence de nombreux cultes visant à s'en protéger.

En Europe mĂ©diĂ©vale, le saint protecteur de la variole est saint Nicaise, Ă©vĂȘque de Reims, guĂ©ri de la variole mais dĂ©capitĂ© par les Huns en 452[129].

En Inde, la déesse de la variole est Shitala Devi. Divinité populaire ancienne, son association avec la variole serait plus récente (XVIIIe siÚcle). Elle est représentée dans de nombreux temples et lieux de pÚlerinage dans toute l'Inde. Ce rÎle est amené à évoluer avec l'éradication de la variole[129]. En Inde du sud, chez les Tamouls, la divinité de la variole est Mariamman.

En Chine, la sainte de la variole est T'ou-Shen Niang-Niang, une religieuse bouddhiste qui aurait introduit la variolisation en Chine au XIe siÚcle. Au XIXe siÚcle, son culte est des plus populaires, car suivi par les chinois quelle que soit leur religion (temples dédiés dans toute la Chine)[129].

Au Japon, l'archer héros Tametomo du XIIe siÚcle est réputé pour avoir terrassé le démon de la variole. Son effigie peinte en rouge (couleur associée à la variole et supposée faciliter la guérison) était accrochée dans les salles de malades atteints de la variole[129].

En Afrique, Sakpata (nombreuses variantes, comme « Sopona ») est le dieu de la variole parmi les Yorubas (Royaume d'Oyo, royaume du Dahomey...) et leurs proches voisins du Nigeria, Togo et Bénin. Au XVIIIe siÚcle, le culte de Sakpata est assuré par des « féticheurs » qui proposent aussi pÚlerinage et variolisation. Ce culte est transmis au Brésil par le commerce des esclaves (de langue ou population yoruba), le dieu changeant de nom pour devenir Omolu ou Obaluaye[129].

MĂ©dias

Personnalités

Plusieurs personnages historiques ont contracté la variole (voir catégorie « mort de la variole ») :

On pense que le pharaon RamsĂšs V (-1150 Ă  -1145) en serait mort, car des lĂ©sions cutanĂ©es Ă©vocatrices sont prĂ©sentes sur le visage de sa momie ; de mĂȘme les empereurs chinois Kangxi (1654-1722), Shunzhi (1638-1661) et peut-ĂȘtre Tongzhi (1856-1875) ; le daimyo (seigneur) japonais Date Masamune (1567-1636), qui perdit un Ɠil Ă  la suite de la maladie. Guru Har Krishan, 8e gourou des sikhs en 1664 ; le maharajah RanjĂźt Singh, « Lion du Pendjab », qui en perdit la vision de l’Ɠil gauche. CuitlĂĄhuac, dixiĂšme tlatoani (souverain) aztĂšque est mort de la variole en 1520, peu aprĂšs que celle-ci eut Ă©tĂ© introduite en AmĂ©rique. L'empereur inca Huayna Capac en est mort de la variole en 1527. Pierre II fut victime de la maladie le Ă  l'Ăąge de 14 ans. Le prince-Ă©lecteur Maximilien III Joseph de BaviĂšre est mort de la variole en 1777.

En Europe, les consĂ©quences de la variole ont souvent changĂ© l’ordre des successions dynastiques : Louis XV succĂšde Ă  son arriĂšre-grand-pĂšre Louis XIV Ă  la suite de la mort des premiers en la ligne de succession et il meurt lui-mĂȘme de cette maladie en 1774. Le seul fils survivant d'Henri VIII, Édouard VI, est probablement mort de complications peu de temps aprĂšs avoir guĂ©ri de la maladie. Ses successeurs immĂ©diats furent des femmes.

Guillaume III d'Angleterre perd sa mĂšre de la maladie alors qu'il n'a que dix ans en 1660, et son oncle Charles devient son tuteur lĂ©gal. Son Ă©pouse et cousine Marie II meurt elle aussi de la variole en 1694. Cela dĂ©clenche une chaĂźne d’évĂšnements qui aboutit Ă  l'Ă©viction permanente de la lignĂ©e des Stuart du trĂŽne britannique.

Mirabeau et Danton, ainsi que Mozart et Beethoven, ont contractĂ© et survĂ©cu Ă  la maladie Ă©tant enfants ; tous les quatre Ă©taient porteurs de cicatrices visibles au visage. Goethe en revanche, qui contracta la maladie dans la dĂ©cennie 1750, n’en garda aucune sĂ©quelle, ce qu'il relata ainsi :

« Je venais de m’acheter le Fortunatus avec sa bourse et son chapeau magique, lorsque je fus pris de malaise et de fiĂšvre, par lesquelles s’annonçait la variole. L’inoculation de celle-ci Ă©tait encore considĂ©rĂ©e chez nous comme trĂšs problĂ©matique, et quoique des auteurs en vue l’eussent recommandĂ©e de maniĂšre intelligible et insistante, les mĂ©decins allemands Ă©taient hĂ©sitants devant une opĂ©ration qui leur semblait usurper la nature. Des Anglais spĂ©culateurs vinrent donc sur le continent et inoculaient, contre un honoraire considĂ©rable, les enfants de ceux qui Ă©taient Ă  la fois fortunĂ©s et exempts de prĂ©jugĂ©s. La majoritĂ© cependant Ă©tait toujours exposĂ©e Ă  l’ancien flĂ©au ; la maladie faisait rage Ă  travers les familles, tuait et dĂ©figurait nombre d’enfants, et peu de parents s’enhardissaient Ă  avoir recours Ă  un remĂšde dont le probable bĂ©nĂ©fice avait pourtant dĂ©jĂ  Ă©tĂ© corroborĂ© par le succĂšs qu’on en avait obtenu Ă  de multiples occasions. Le mal frappa Ă  prĂ©sent aussi notre maison et s’empara de moi avec une violence particuliĂšre. Mon corps tout entier Ă©tait parsemĂ© de vĂ©sicules, mon visage en Ă©tait recouvert, et je restai allongĂ© pendant plusieurs jours, rendu aveugle, et dans de grandes souffrances. L’on essaya sur moi tous les soulagements possibles et l’on me promettait monts et merveilles, si je voulais bien garder mon calme et ne pas aggraver le mal en me frottant et me grattant. Je pus me maĂźtriser ; entre-temps, en accord avec un prĂ©jugĂ© qui rĂ©gnait alors, l’on nous tint chaud autant que possible, par quoi l’on ne fit qu’exacerber le mal. Finalement, au terme d’un laps de temps Ă©coulĂ© tristement, cela me tomba du visage comme un masque, sans que les vĂ©sicules laissassent une trace visible sur la peau ; mais la conformation en avait sensiblement changĂ©. J’étais moi-mĂȘme satisfait, ne serait-ce que parce que je revoyais la lumiĂšre du jour et perdais peu Ă  peu la peau tachetĂ©e ; mais d’autres Ă©taient assez impitoyables pour me rappeler Ă  maintes reprises mon ancien Ă©tat ; (
)[130]. »

Les deux prĂ©sidents des États-Unis George Washington et Abraham Lincoln contractĂšrent la maladie et en guĂ©rirent. Joseph Staline, qui fut durement marquĂ© par la maladie tĂŽt dans sa vie, a souvent fait retoucher des photos pour rendre ses cicatrices moins apparentes.

Le criminel Lucky Luciano contracta la maladie en 1907 Ă  l'Ăąge de dix ans, avant d’émigrer Ă  New York depuis la Sicile. L’actrice indienne Geeta Bali est morte de la variole en 1965. Le poĂšte turc Ă‚ĆŸÄ±k Veysel ƞatıroğlu fut rendu aveugle par la variole Ă  l'Ăąge de sept ans. Sehzade Mehmet, le fils de Soliman le Magnifique et de son Ă©pouse Hurrem sultan Roxelane, meurt de la variole en 1543 Ă  l'Ăąge de 21 ans.

Bibliographie

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    Ouvrage monumental de référence sur l'histoire universelle de la variole, par les responsables de l'éradication, avec toutes les statistiques historiques, en accÚs libre, mais en anglais.
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  • Élise Fontenaille, L'Enfant rouge, Paris, Éditions Grasset et Fasquelle, 2002, 240 p. (ISBN 978-2246606512) - roman
  • François de Gourcez, QoĂ«let, Robert Laffont, 2006 - roman

Filmographie

Notes et références

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    Le texte porte « Marius, Ă©vĂȘque d'Avranches », le contexte indiquant clairement qu'il ne peut s'agir que de Marius d'Avenches.
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  25. Ă  ne pas confondre avec l'ectromĂšlie, au sens de malformation congĂ©nitale, par arrĂȘt du dĂ©veloppement d'un ou plusieurs membres, le sujet atteint Ă©tant dit ectromĂšle.
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  42. Ainsi p.ex. Alexander von Humboldt, qui nota dans son Voyage aux rĂ©gions Ă©quinoxiales du Nouveau Continent, fait en 1799-1804 : « En 1766, la population de Caracas et de la belle vallĂ©e dans laquelle cette ville est situĂ©e, avait souffert immensĂ©ment d’une cruelle Ă©pidĂ©mie de variole. La mortalitĂ© s’éleva dans la ville Ă  six ou huit pour mille : depuis cette Ă©poque mĂ©morable, l’inoculation s’est gĂ©nĂ©ralisĂ©e, et je l’ai vue pratiquer sans l’aide de mĂ©decins. Dans la province de CumanĂĄ, oĂč les communications avec l’Europe sont moins frĂ©quentes, l’on avait plus eu depuis quinze ans un seul cas de variole, tandis qu’à Caracas cette cruelle maladie Ă©tait crainte continuellement, car elle s’y montrait toujours sporadiquement, en plusieurs endroits Ă  la fois ; je dis sporadiquement, car en AmĂ©rique Ă©quinoxiale, oĂč les changements de l’atmosphĂšre et les phĂ©nomĂšnes de la vie organique apparaissent sujets Ă  une pĂ©riodicitĂ© notable, la variole, avant l’introduction si bĂ©nĂ©fique de la vaccination, n’exerçait ses ravages (si l’on peut ajouter foi Ă  une croyance trĂšs rĂ©pandue) que tous les 15 ou 18 ans. ».
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  45. E. Balaguer PerigĂŒell et R. Ballester Añon, En el nombre de los Niños, p. 80.
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  60. Bernoulli prĂ©sente, le 16 avril 1760, en lecture publique son travail intitulĂ© Essai d’une nouvelle analyse de la mortalitĂ© causĂ©e par la petite vĂ©role, & des avantages de l’inoculation pour la prĂ©venir ; l’encyclopĂ©diste Jean Le Rond d'Alembert critique le travail de Bernoulli, qui n'a pas Ă©tĂ© encore publiĂ© (il le sera en 1765 seulement), lors d'une sĂ©ance de l'AcadĂ©mie Royale des Sciences le . L'analyse de Bernoulli ne sera rĂ©habilitĂ©e qu'au XXe siĂšcle.
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  69. il fit pratiquer dÚs cette année dans son chùteau de Liancourt et ses environs les premiÚres vaccinations publiques d'aprÚs : André Eyquem, J. Alouf, A. Chippaux, Manuel des vaccinations et d'immunoprévention, éditions Piccin, 1998, (ISBN 88-299-1461-4).
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  80. Questions RĂ©ponses « Pour les personnes qui ont Ă©tĂ© vaccinĂ©es avant 1980, il est Ă©tabli que ce vaccin contre la variole induit une rĂ©ponse immunitaire contre l’ensemble des orthopoxvirus et peut protĂ©ger contre le Monkeypox. Cependant, la persistance d’un titre d’anticorps suffisant pour protĂ©ger de l’infection, au-delĂ  de 20 ans aprĂšs la primo-vaccination, n’est pas garantie. »
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  88. L'éradication correspond à la disparition de l'agent étiologique, ce qui la distingue de l'élimination qui désigne la disparition de la maladie alors que l'agent étiologique continue à circuler. L'éradication est possible grùce à la conjonction de plusieurs facteurs : la maladie n'a pas de réservoir extra-humain, de formes infra-cliniques et de portage asymptomatique ; la vaccination est particuliÚrement efficace grùce à une longue mémoire immunitaire protectrice. cf. Philippe Sansonetti, Vaccins, Odile Jacob, , p. 87
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  130. Dichtung und Wahrheit (PoĂ©sie et VĂ©ritĂ©), PremiĂšre Partie, Livre premier, Ă©d. Insel Verlag, vol. 5, Francfort-sur-le-Main 1970, p. 34 ; traduction par nos soins. On peut y ajouter la description saisissante faite par Casanova de la variole contractĂ©e vers 1735 par la fillette de sa famille adoptive Ă  Padoue : « La pauvre fille fut tellement couverte de cette peste que le sixiĂšme jour on ne voyait plus sa peau dans aucune partie de son corps. Ses yeux se fermĂšrent, et l’on dĂ©sespĂ©ra de sa vie lorsqu’on s’aperçut qu’elle en avait la bouche et le gosier tellement remplis qu’on ne pouvait plus lui introduire dans l’Ɠsophage que quelques gouttes de miel. On n’apercevait plus en elle d’autre mouvement que celui de la respiration. [
] Cette pauvre personne Ă©tait devenue quelque chose d’affreux ; sa tĂȘte avait grossi d’un tiers ; on ne lui voyait plus de nez, et on craignait pour ses yeux lors mĂȘme qu’elle en rĂ©chapperait. Ce qui m’incommodait le plus, mais que je persistai Ă  vouloir supporter, c’était l’odeur de la respiration. » (MĂ©moires, tome I, chap. III, p. 109-110 de l’éd. Le Livre de Poche).

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