Tlatoani
Le mot nahuatl tlatoani (/tɬaʔ.toˈaː.ni/, également orthographié « tlahtoāni ») signifie littéralement « celui qui parle » (pluriel tlahtohqueh /tlaʔ'toʔ.keʔ/ ; au féminin « cihuatlahtoāni »). C'était le titre du plus haut dirigeant militaire et religieux d'un altepetl, cité-État de la Mésoamérique nahua. Le terme est parfois traduit par « roi » ou « orateur vénéré ».
Chef du gouvernement, il était assisté du « Cihuacoatl » pour les affaires intérieures et la justice. Il était désigné par les dignitaires (« tecuhtli ») au sein d'une famille régnante.
Lors d'alliances entre cités, le tlatoani du « huey altepetl » à la tête de l'accord recevait le titre de huey tlatoani (également orthographié « huēyi tlahtoāni » et signifiant « grand tlatoani »), fréquemment traduit par « empereur ».
Représentation
Dans les manuscrits indigènes préhispaniques, le tlatoani est conventionnellement représenté en majesté[2]. Il porte le diadème en mosaïque de turquoise (en nahuatl : xiuhzontli), ainsi qu'un ornement nasal (en nahuatl : xiuhyacamitl). Il est vêtu d'un manteau de couleur turquoise (en nahuatl : xiuhtimatli) bordé d'ornements rouges (en nahuatl : tenechilnauayio). Il est assis sur un trône à dossier formé de joncs et de roseaux[3] (en nahuatl : tepotzoicapalli)
Dirigeants de Tenochtitlan
Les premiers tlatoque, légendaires, de la capitale aztèque de Tenochtitlan, l'actuelle Mexico, portent le titre de tlatoani. À partir d'Acamapichtli (1376-1396), le premier attesté historiquement, ils portent le titre de huey tlatoani (« grand/haut tlatoani ») à la tête d'alliances d'altepetls.
Mythiques
Avant la conquête espagnole
No | Portrait | Nom | Début du règne | Fin du règne | Notes |
---|---|---|---|---|---|
1 | Acamapichtli (? – 1396) | Le premier dirigeant aztèque historiquement identifié est lui-même d'origine toltèque, de Culhuacan. Il règne comme vassal de Tezozomochtli, tlatoani de la cité tépanèque de Azcapotzalco, et mène des guerres pour lui. | |||
2 | Huitzilihuitl (1380 – 1417) | Fils d'Acamapichtli, il épouse la fille de Tezozomochtli et approfondit la soumission des Aztèques aux Tépanèques, en échange d'un allègement du tribut à verser. Il participe avec eux à une guerre contre la ville de Texcoco. | |||
3 | Chimalpopoca (? – 1427) | Fils de Huitzilihuitl, son règne voit les relations avec les Tépanèques se dégrader sérieusement. Sa mort violente au bout d'une dizaine d'années de règne a plusieurs explications possibles : il aurait été assassiné sur ordre de Maxtla, le nouveau tlatoani tépanèque, ou bien se serait suicidé après avoir été capturé et emmené à Azcapotzalco. Dans une autre version il aurait été tué sur ordre d'Itzcoatl, son oncle et successeur. | |||
4 | Itzcoatl (? – 1440) | Autre fils d'Acamapichtli, il lance, sur le conseil de son neveu Tlacaelel, une politique d'alliance avec les cités de Texcoco et Tlacopan contre Azcapotzalco, jetant les bases de la « Triple Alliance ». La ville ennemie est prise vers et Maxtla est tué. Par la suite, il emmène avec son neveu une vaste réforme de la société aztèque pour en faire l'élue du Soleil. Son histoire ainsi que celles des peuples vaincus sont réécrites pour correspondre à cette nouvelle vision mystique. | |||
5 | Moctezuma Ilhuicamina (« Moctezuma Ier ») (? – 1469) | Fils de Huitzilihuitl, il lance de grandes campagnes militaires et étend l'influence aztèque en Mésoamérique. Il bat notamment les Otomis. Certaines cités comme Tlaxcala sont épargnées afin de pouvoir servir pour les guerres fleuries, d'après une idée de Tlacaelel. | |||
6 | Axayacatl (? – 1481) | Fils de Tezozomoc et petit-fils d'Itzcoatl, il continue les conquêtes et soumet les Mixtèques et les Zapotèques, puis en , Tlatelolco et les peuples de la vallée de Toluca. Il est cependant sèchement battu par les Purépechas en . | |||
7 | Tizoc (? – 1486) | Autre fils de Tezozomoc, il perd rapidement sa crédibilité en tant que chef militaire. Il meurt peut-être empoisonné par les partisans d'Ahuitzotl. | |||
8 | Ahuitzotl (? – 1502) | Troisième fils de Tezozomoc, il reprend les conquêtes et sécurise l'empire grâce à un réseau de postes militaires. Il meurt accidentellement pendant une inondation de Tenochtitlan. C'est sous son règne que Christophe Colomb débarque à Hispaniola en , bien qu'il n'en ait pas connaissance. | |||
9 | Moctezuma Xocoyotzin (« Moctezuma II ») (vers 1466 – ) | Juin | Fils d'Axayacatl, il dirige un empire à son apogée jusqu'en et l'arrivée des conquistadors d'Hernán Cortés, alliés aux Tlaxcaltèques. Conscient de la menace, il veut montrer sa puissance et les invite dans son palais mais la situation dégénère et les Espagnols le prennent en otage. Les habitants de Tenochtitlan se révoltent et il meurt tué dans des circonstances obscures pendant les combats. | ||
10 | Cuitláhuac (? – 1520) | Juin | Frère de Moctezuma, il est d'abord prisonnier avec lui puis libéré avec comme mission d'apaiser la révolte, au lieu de quoi il prend la tête des insurgés. Il tue beaucoup d'Espagnols pendant la Noche triste puis les poursuit mais est écrasé à la bataille d'Otumba. Il meurt de la variole pendant le siège de Tenochtitlan. | ||
11 | Cuauhtémoc (vers 1497 – ) | Août | Fils d'Ahuitzotl, il mène les défenses aztèques pendant le siège de Tenochtitlan. En , face à la chute imminente de la ville, il tente de s'échapper mais est capturé par les Espagnols. Il subit des tortures qui le laissent infirme, et finit pendu sur ordre de Cortés, qui soupçonne un complot de sa part. |
Date de règne | Nom | Signification du nom |
---|---|---|
Avec le titre de huey tlatoani | ||
1372 - 1391[6] | Acamapichtli | Celui qui empoigne le bâton |
1391 - 1415[7] | Huitzilihuitl | Plume de colibri |
1416 - 1427 | Chimalpopoca | Bouclier qui fume |
1428 - 1440 | Itzcóatl | Serpent d'obsidienne |
1440 - 1469 | Moctezuma I | Homme en colère, celui qui lance une flèche au ciel |
1469 - 1481 | Axayacatl | Visage d'eau |
1481 - 1486 | Tizoc | Jambe malade |
1486 - 1502 | Ahuízotl | Loutre |
1502 - 1520 | Moctezuma II | Homme en colère, le jeune |
1520 - 1521 | Cuitláhuac | Celui qui a reçu une tâche |
1521 - 1521 | Cuauhtémoc | Aigle qui descend |
Généalogie
Acamapichtli ? - 1396 | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Huitzilihuitl 1380 - 1417 | Itzcoatl ? - 1440 | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Chimalpopoca ? - 1427 | Moctezuma Ier ? - 1469 | Tlacaelel ? - v. 1480 | Tezozomoc ? - ? | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Axayacatl ? - 1481 | Tizoc ? - 1486 | Ahuitzotl ? - 1502 | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Moctezuma II v. 1466 - 1520 | Cuitláhuac ? - 1520 | Cuauhtémoc v. 1497 - 1525 | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Maria Bartola ? - ? | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Notes et références
- (es) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en espagnol intitulé « Huey tlatoanis mexicas » (voir la liste des auteurs).
- Les mots sont à la forme possédée : par exemple, ixiuhtzon signifie son diadème
- Danièle Dehouve & Anne-Marie Vié-Wohrer, Le Monde des Aztèques, Riveneuve éditions, 2008, p. 64
- en Mésoamérique, le motif de la natte est un symbole de pouvoir
- (es) Enrique Vela, « Los Tlatoanis mexicas », Arqueología Mexicana, no 40 édition spéciale, (lire en ligne).
- (es) Martín Borboa, Itzcóatl, emperador mexica, Plaza y Valdés, (lire en ligne), p.73-74.
- Michael E. Smith, The Aztecs, p.47. Frances Berdan, The Essential Codex Mendoza, p.47. The Oxford Companion to Archaeology, p.78.
- Michael E. Smith, The Aztecs, p.47. Frances Berdan, The Essential Codex Mendoza, p.54.