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Charles Wiener

Charles Wiener, né le à Vienne (Autriche-Hongrie) et décédé le à Rio de Janeiro, est un explorateur et diplomate français.

Charles Wiener
Naissance
Vienne
DĂ©cès (Ă  62 ans)
Rio de Janeiro
Nationalité Français

Pour le compte de France
Première expédition Province de Santa Catarina (1875), Pérou (1876)
Distinctions Officier de la LĂ©gion d'honneur (1908)
Bas-relief représentant le dieu Viracocha, motif central de la porte du Soleil à Tiahuanaco. Gravure publié dans le livre de Wiener Pérou et Bolivie.

Biographie

Charles Wiener, né à Vienne (Autriche-Hongrie) en 1851, vient s'installer à Paris avec sa famille en 1867 après le décès de son père.

Il passe le baccalauréat en 1869 à Paris. Il rentre à l'École normale de Cluny (Lyon) et passe le brevet de l'enseignement spécial le . Pendant la guerre contre la Prusse il part enseigner en Angleterre. De retour en France il est nommé professeur de langues au lycée Fontanes (aujourd'hui lycée Condorcet) en [1]. Il commence alors à s'intéresser à l'histoire inca et à l'archéologie du Pérou, notamment sous la houlette du diplomate américaniste Léonce Angrand. En 1874 il publie un Essai sur les institutions politiques, religieuses, économiques et sociales de l'Empire inca (il se dit qu'il s'agirait de sa thèse de doctorat en philosophie qu'il aurait soutenu à l'université de Rostock cette même année, cependant l'information demeure improuvée)[1].

Il soumet au ministère de l’Instruction publique un projet d'exploration archéologique en Amérique du Sud et obtient le une mission scientifique au Pérou et en Bolivie. Après avoir gagné le Brésil, il est autorisé par l'Empereur Pedro II à accompagner une équipe scientifique qui va explorer l'île de Santa Catarina (notamment pour fouiller des « sambaquis » ou amas coquillers. Il se rend ensuite au Pérou, débarquant au Callao en . Il fait d'importantes fouilles sur le site d'Ancón (au nord de Lima), puis prend la route de la côte nord. Près de Trujillo il étudie le spectaculaire site chimu de Chan Chan, ainsi que les pyramides de la Lune et du Soleil à Moche. Il se dirige ensuite vers Paramonga qu'il fouille, puis Cajamarca (là où le conquistador Pizarro captura l'Inca Atahualpa), puis suit la route de la Cordillère jusqu'au sud du Pérou. En chemin il visite quelques-uns des sites préhispaniques devenus parmi les plus célèbres : Chavin de Huantar, Huánuco Viejo, Vilcas Huaman, Incahuasy, Cuzco. Depuis l'ancienne capitale inca il entreprend par la vallée de l'Urubamba une courte expédition en direction de la forêt amazonienne. Lors d'une étape à Ollantaytambo, dans la Vallée Sacrée, il entend parler de plusieurs sites antiques qui mériteraient d'être étudiés : Vilcabamba, Choquequirao, ainsi qu'un certain « Matcho Picchu ». Dans le récit de son voyage publié en 1880 il prétend avoir recherché ce dernier site, cependant l'itinéraire emprunté ne lui laissait aucune chance de le découvrir. Pourtant, les informations que quelques érudits locaux lui fournirent étaient suffisamment précises pour qu'elles lui permettent de produire dans son livre une carte localisant de manière relativement exacte le prestigieux site de Machu Picchu[2] (qui ne sera officiellement découvert qu'en 1911 par l’explorateur américain Hiram Bingham). Il se rend ensuite (courant 1877) en Bolivie, où il visite le site de Tiahuanaco, puis entreprend l'ascension d'un des sommets des monts Illiminani. La réussite de cette expédition fut d'ailleurs aussitôt sujet à polémique et effectivement il est permis de douter de la réalité de cet exploit. Durant son séjour au Pérou s'engagea aussi une vive polémique avec un autre chargé de mission scientifique français, Théodore Ber; le journal intime de ce dernier s'en fait d'ailleurs largement l'écho[3]

Il est naturalisé français le . Nommé vice-consul de France à Guayaquil (Équateur) le , il est parallèlement chargé d’une mission d’exploration en Amérique équatoriale. Nommé consul de France à Santiago du Chili le , il intègre la commission mixte franco-chilienne chargée de statuer sur les réclamations occasionnées par le conflit avec le Pérou. Mis en disponibilité faute de poste diplomatique vacant en , il est quelques mois plus tard chargé de travaux de classement de documents espagnols anciens dans les locaux du ministère des Affaires étrangères, à Paris. Attaché à la Légation de France à Mexico le , puis nommé consul de première classe à Asuncion (Paraguay) le , il est ensuite envoyé comme consul de France à La Paz. Après avoir effectué une longue mission commerciale en Amérique du Sud (de à ), il est nommé membre de la commission des écoles d’occident au ministère des Affaires étrangères en 1898, puis l’année suivant est chargé du bureau des affaires d’Amérique à ce même ministère. Promu ministre plénipotentiaire le , il assure pendant quelques mois de l’année 1901 la gérance de la Légation de France à Montevideo, avant d’être nommé envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire à Caracas en (mais ne prenant son poste qu’en 1903). Le il est chargé d’une nouvelle mission commerciale en Amérique du Sud. Nommé officier de la Légion d’honneur le , il prend sa retraite en 1910. Il décède à Rio de Janeiro en .

Les origines du musée d'ethnographie du Trocadéro

Charles Wiener se représentant en train de fouiller une grotte funéraire. Gravure publiée dans son récit Pérou et Bolivie.

De retour en France en , Charles Wiener rapporte avec lui (ou a dĂ©jĂ  fait expĂ©dier) quelques milliers d'objets archĂ©ologiques exhumĂ©s dans ses fouilles ou bien offerts par plusieurs collectionneurs rencontrĂ©s au cours de son expĂ©dition (JosĂ© Mariano Macedo, FrĂ©dĂ©ric Quesnel, Abel Drouillon et certainement d'autres contributeurs restĂ©s anonymes). Il parvient Ă  convaincre Oscar-AmĂ©dĂ©e de Watteville, directeur des sciences et des lettres au ministère de l'Instruction publique, d’organiser une exposition temporaire prĂ©sentant les rĂ©sultats de sa mission. Finalement, cette exposition sera Ă©largie avec les contributions d'autres explorateurs : outre celles rapportĂ©es par Wiener, on trouvait notamment les collections rĂ©unies par Chaplain-Duparc et Corroyer (France), Édouard AndrĂ© (Colombie et Équateur), Jules Crevaux (Guyane, BrĂ©sil), LĂ©on de Cessac (PĂ©rou et Californie), Alphonse Pinart (Mexique), Ujfalvy (Asie centrale), Louis Delaporte et FĂ©lix Faraut (Angkor), Alfred Marche (Afrique centrale), Achille Raffray (Nouvelle-GuinĂ©e), etc. Une première exposition de ce « MusĂ©um ethnographique des missions scientifiques Â» est ouverte en au Palais de l'Industrie, puis transfĂ©rĂ©e au Champ-de-Mars dans le cadre de l'Exposition universelle inaugurĂ©e en . ConfortĂ© par le succès populaire de ces expositions, le ministère dĂ©cide la crĂ©ation d'un musĂ©e d'ethnographie et lui affecte par arrĂŞtĂ© du une partie du Palais du TrocadĂ©ro, construit pour l'Exposition universelle qui vient de s'achever. Les collections de Wiener (ainsi que des autres exposants citĂ©s plus haut) constituent le noyau initial de ce nouveau musĂ©e[4]; elles sont aujourd'hui conservĂ©es au musĂ©e du quai Branly.

Publications

Tunnel pour le chemin de fer de Lima à La Oroya. Gravure publiée dans son récit Pérou et Bolivie. Hergé s'inspira de cette image pour son album Le Temple du Soleil.
  • Essai sur les changements de la langue allemande, suivi d’une prosodie du moyen-haut allemand. Paris, E. Thorin. 56p, 1873
  • Essai sur les institutions politiques, religieuses, Ă©conomiques et sociales de l’empire des Incas. Paris, Maisonneuve. 104p., V pl, 1874
  • « Notice sur le communisme dans l’empire des Incas Â», Actes de la SociĂ©tĂ© Philologique, tome IV, n°6, .
  • « Notice sur le BrĂ©sil Â», Actes de la SociĂ©tĂ© Philologique, tome IV, n° 8, , pp. 289–306, 1874
  • Portulan de Charles Quint donnĂ© Ă  Philippe II, accompagnĂ© d’une notice explicative par MM. F. Spitzer et Ch. Wiener. Paris, imp. De J. Caye. 40 p., XIV pl, 1875
  • « Estudos sobre os sambaquis do sul do Brazil Â», Archivos do Museu nacional do Rio de Janeiro, I, pp. 1–20, 1876
  • « ExpĂ©dition scientifique au PĂ©rou et en Bolivie Â», Le Tour du Monde, tome XXXV, (887e et 888e livraison), pp. 1–32, 1877
  • « Excursion dans la RĂ©publique bolivienne Â», Bulletin de la SociĂ©tĂ© de GĂ©ographie de Paris, tome 14, 6e sĂ©rie, pp.193-198, 1877
  • « Ascension de l’Illimani. Le Pic de Paris Â», Journal des Voyages, I, pp.119-120, 1877
  • « ExpĂ©dition scientifique française au PĂ©rou et en Bolivie. Ascension de l’Illimani, l’une des plus hautes montagnes du monde. Â»,  La Nature, 1er semestre 1878, pp.71-75, 1878
  • L’AmĂ©rique centrale et mĂ©ridionale et l’Exposition de 1878. Par Clovis Lamarre et Charles Wiener. Paris, C. Delagrave. 316p, 1878
  • La main d’œuvre dans l’AmĂ©rique mĂ©ridionale. Communication adressĂ©e Ă  la SociĂ©tĂ© de GĂ©ographie de Paris dans la sĂ©ance du . Versailles, Cerf et fils. 15p, 1879
  • « La ville morte du Grand Chimu Â», Bulletin de la SociĂ©tĂ© de GĂ©ographie de Paris, tome 18, 6e sĂ©rie, pp.305-340, 1879
  • PĂ©rou et Bolivie. RĂ©cit de voyage, suivi d’études archĂ©ologiques et ethnographiques et de notes sur l’écriture et les langues des populations indiennes. Paris, Hachette. 796p, 1880
  • « Exploration du Rio Napo Â», Bulletin de la SociĂ©tĂ© de GĂ©ographie de Paris, tome 1, 7e sĂ©rie, pp. 166–172,1881
  • « Les Indiens Colorados et les sièges de pierre de la rĂ©gion de Manabi Â», Revue d’Ethnographie, I, pp. 454–458,1882
  • « L’AmĂ©rique Ă©quatoriale, son prĂ©sent et son avenir Ă©conomique Â», Bulletin de la SociĂ©tĂ© de GĂ©ographie Commerciale, pp. 21–36,1883
  • « Amazone et Cordillère Â», Le Tour du Monde, tome XLVIII, pp. 209–304 et 337-416,1884
  • Chili et Chiliens. Paris, L. Cerf. 384p, 1888
  • « Gisements minĂ©raux du Chili Â» (extrait d’un rapport adressĂ© au ministre des Affaires Ă©trangères), Annales des mines, . 8p, 1898
  • La RĂ©publique Argentine. Paris, Cerf. 679p, 1899
  • 333 jours au BrĂ©sil. Paris, C. Delagrave. 208p, 1911

La très riche iconographie de Pérou et Bolivie-Récit de voyage a inspiré Hergé qui y a tiré plusieurs illustrations pour les albums de Tintin Le temple du soleil, Les 7 boules de cristal et "l'Oreille cassée"[5] - [6]. &

Références

  1. Charles Wiener, Voyage au PĂ©rou et en Bolivie (1875(1877). Introduction et notes par Pascal Riviale. Paris, Ginkgo Ă©diteur, 2010
  2. Pascal Riviale, " De l'exploration de la vallée de l'Urubamba à la "découverte" du Machu Picchu au XIXe siècle: une histoire d'enjeux divergents", Histoire(s) de l'Amérique latine, vol.9 [mis en ligne en décembre 2013]
  3. Pascal Riviale et Christophe Galinon. Une vie dans les Andes. Le journal de Théodore Ber (1864-1896). Paris, Gingko éditeur, 2013
  4. Un siècle d'archéologie française au Pérou (1821-1914). Paris, L'Harmattan (coll. "Histoire des Sciences Humaines"), 1996.
  5. Hergé et Charles Wiener Blog des vieux-papiers, 18 octobre 2009
  6. Tintin et le secret de la momie Revue d'archéologie moderne et d'archéologie générale: Ramage, Presses de l'Université de Paris-Sorbonne, p. 105-140

Voir aussi

Les Archives nationales conservent plusieurs documents d'archives relatifs Ă  Charles Wiener:

  • F17/30141 : dossier de ses missions scientifiques au PĂ©rou et en Bolivie (1875-1877), puis en Équateur (1879)
  • BB11/1189B : dossier de naturalisation de Charles Wiener (1878)
  • AJ16/3179 : certificat de baccalaurĂ©at de Charles Wiener (1869)
  • AJ16/2322: dossier d'enseignant de Charles Wiener.

Article connexe

Liens externes

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