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Monte Verde

Monte Verde est un site préhistorique situé au Chili, en Amérique du Sud. Découvert en 1976, Monte Verde est reconnu comme un site pré-Clovis par la majorité de la communauté scientifique. Daté d'au moins 18 000 ans avant le présent (AP), il précède la culture Clovis de plusieurs millénaires. Il a été ajouté en 2004 à la liste indicative du Chili pour une éventuelle inscription au Patrimoine mondial de l'UNESCO[1].

Monte Verde
Localisation
Pays Drapeau du Chili Chili
Puerto Montt
CoordonnĂ©es 41° 30′ 17″ sud, 73° 12′ 16″ ouest
GĂ©olocalisation sur la carte : Chili
(Voir situation sur carte : Chili)
Monte Verde
Monte Verde
Histoire
Époque Paléolithique supérieur

Historique

Monte Verde est situé près d’un petit ruisseau, à proximité de l'actuelle ville chilienne de Puerto Montt, dans le sud du Chili, à une cinquantaine de kilomètres de la côte du Pacifique.

Les premières fouilles, conduites à partir de 1977 par Tom Dillehay, de l’université du Kentucky, chercheur principal sur le site, ont démontré la présence ancienne d'humains ayant vécu là pendant une longue période.

Monte Verde, quoique contesté par des archéologues américains pendant de longues années, fut le premier site archéologique pré-Clovis à bénéficier de la reconnaissance d’une commission d’investigation en 1997, ce qui finit par mettre un terme au consensus de Clovis. Le site fut déclaré Monument historique archéologique du Chili le .

Monte Verde II

Description

Après que ses premiers habitants ont déserté Monte Verde, le site a été recouvert par une tourbière saturée d’eau, ce qui a permis une excellente conservation des matières organiques. Le professeur Tom Dillehay y a découvert les fondations de plusieurs abris (12 structures bien préservées), qui étaient constitués d’une ossature de poteaux recouverte de peaux d’animaux ainsi que des piles de bois de construction. Certains des poteaux qui ont été retrouvés portaient encore des fragments des peaux d’animaux originelles.

Les restes d’une quarantaine d'espèces de plantes trouvés sur le site montrent, entre autres, des graines comestibles, des baies, des tiges, des champignons et même des pommes de terre. Certaines de ces plantes, ainsi que des pierres utilisées, avaient été transportées de la côte de l’océan Pacifique jusqu'au site[2], suggérant, selon Tom Dillehay, un circuit d'échange d'une part, et une forte mobilité des populations, vivant alors dans un climat froid, comparable à l'Arctique pour les Nunavuts, d'autre part[2]. On a également trouvé des restes de plantes non comestibles, qui étaient possiblement utilisées à des fins médicinales.

Des os d'animaux ont été bien préservés. La plupart sont des restes de mastodontes (un cousin de l’éléphant actuel), mais également de camélidés. Un des os avait toujours un morceau de viande attaché.

Des outils de pierre tels que des bifaces et des galets aménagés ont été découverts, plusieurs d’entre eux en forme de feuille de saule. Une grande variété d'objets façonnés en bois ont été trouvés comprenant bâtons, des lances, et un mortier. Des objets en pierre ont été également récupérés, comprenant des pierres sphériques avec une cannelure encerclant la pierre afin qu’elle soit projetée au moyen d’une fronde, des pointes de lances (comme celles d’El Jobo trouvées à Taima-Taima au Venezuela près d’un os de mastodonte). Fut également mis au jour du quartz et même du bitume (un goudron adhésif).

La meilleure preuve de la présence humaine sur place est la découverte d’une empreinte de pied humain conservée dans l’argile près d’un foyer. Cette empreinte est probablement celle d'un enfant.

Datation

Les premières datations par le carbone 14 indiquaient une occupation du site de Monte Verde II comprise entre 15 000 et 12 500 ans AP. L'UNESCO retenait en 2004 une anciennetĂ© de 14 800 ans[3].

Des recherches rĂ©centes menĂ©es de nouveau par Tom Dillehay, et publiĂ©es en 2015, font Ă©tat d'outils, de rĂ©sidus de plantes et d'os brulĂ©s remontant jusqu'Ă  18 500 ans AP[2] - [4].

Monte Verde I

Ă€ partir de 1997, d’autres fouilles effectuĂ©es par Tom Dillehay sur le site de Monte Verde I, près du site initial, ont permis de mettre au jour d’autres outils de pierre, artĂ©facts et bois brulĂ©s. Les analyses au carbone 14 donnent des dates se situant entre 35 000 et 33 000 ans AP.

Pour Mario Pino, géologue à l'université australe du Chili, qui participa aux recherches, il n’y a aucun doute sur les dernières datations effectuées. Néanmoins, ces preuves sont considérées par Tom Dillehay comme trop maigres et discontinues pour avancer quoi que ce soit : « MV-I dated ~33,000 BP and initially defined by scattered occurrences of three clay-lined, possible culturally-produced burned areas and twenty-six stones, at least six of which suggest modification by humans. This prior archaeological evidence from MV-I was too meager and too laterally discontinuous to falsify or verify its archaeological validity »[2].

Une colonisation côtière ?

Le site de Monte Verde et les preuves palĂ©oĂ©cologiques de la capacitĂ© de l'environnement cĂ´tier Ă  permettre la vie humaine soutiendraient un modèle de « migration cĂ´tière ». La datation des surfaces rocheuses et des ossements d'animaux suggère que le couloir cĂ´tier aurait Ă©tĂ© dĂ©glacĂ© et serait devenu habitable après 17 000 ans AP. Bien que tester les thĂ©ories de la migration cĂ´tière puisse ĂŞtre difficile en raison de l'Ă©lĂ©vation du niveau de la mer depuis le dernier maximum glaciaire, les archĂ©ologues sont de plus en plus disposĂ©s Ă  accepter la possibilitĂ© que le peuplement initial des AmĂ©riques se soit produit par la cĂ´te[5] - [6].

Notes et références

  1. Descriptif de la demande sur le site de l'UNESCO
  2. (en) Tom Dillehay et al., New Archaeological Evidence for an Early Human Presence at Monte Verde, Chile, PLOS ONE, 18 novembre 2015
  3. (en) Présentation synthétique du site de Monte Verde sur le site de l'UNESCO
  4. (en) Ann Gibbons, Humans may have reached Chile by 18,500 years ago, Science, 20 novembre 2015, vol. 350, n° 6263, p. 898, DOI: 10.1126/science.350.6263.898
  5. (en) Torben C. Rick, Richard G. Klein, Jon M. Erlandson, Tom D. Dillehay et Todd J. Braje, « Finding the first Americans », (ISSN 1095-9203, PMID 29097536, DOI 10.1126/science.aao5473, Bibcode 2017Sci...358..592B), p. 592–594
  6. (en) Lizzie Wade, « Most archaeologists think the first Americans arrived by boat. Now, they're beginning to prove it », sur Science | AAAS,

Bibliographie

  • Tom Dillehay, 1989, Monte Verde : A Late Pleistocene Settlement in Chile. Smithsonian Institution Press, Washington.
  • Tom Dillehay, 1996, Monte Verde, vol 2 : The Archaeological Context and Interpretation. Smithsonian Institution Press, Washington.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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