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Bataille de Khan Mayssaloun

La bataille de Khan Maysaloun (en arabe : مŰčŰ±ÙƒŰ© Ù…ÙŠŰłÙ„ÙˆÙ†) est une bataille survenue le , lors de la guerre franco-syrienne. Elle a opposĂ© les forces du Royaume arabe de Syrie et l'ArmĂ©e française du Levant.

Bataille de Khan Mayssaloun
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Henri Gouraud inspecte ses troupes françaises à Maysaloun.
Informations générales
Date
Lieu Maysaloun, Syrie
Issue Victoire française décisive
Belligérants
Drapeau de la République française France Syrie
Forces en présence
9 000 hommes3 000 hommes
Pertes
42 morts
154 blessés
318 morts

Guerre franco-syrienne

CoordonnĂ©es 33° 35â€Č 44″ nord, 36° 03â€Č 53″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Syrie
(Voir situation sur carte : Syrie)
Bataille de Khan Mayssaloun
GĂ©olocalisation sur la carte : Moyen-Orient
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Bataille de Khan Mayssaloun
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(Voir situation sur carte : Monde)
Bataille de Khan Mayssaloun

Elle s'est dĂ©roulĂ©e dans la vallĂ©e de Maysaloun (en) dans les montagnes d'Anti-Liban en Syrie, Ă  environ 25 kilomĂštres Ă  l'ouest de Damas, prĂšs de l'actuelle frontiĂšre avec le Liban. Les forces françaises, commandĂ©es par le gĂ©nĂ©ral Goybet, mieux Ă©quipĂ©es et plus nombreuses, Ă©crasĂšrent les forces syriennes menĂ©es par Youssef al-Azmeh, ministre de la Guerre du roi Fayçal, assiĂ©gĂšrent et prirent Damas le 25 juillet 1920, oĂč elles dĂ©filĂšrent victorieuses parmi une foule nombreuse.

Contexte historique

Conférence de la Paix de Paris 22 janvier 1919. Le Roi Faycal et le célÚbre britannique Lawrence d'Arabie.

Fayçal, fils du ChĂ©rif de la Mecque Hussein, prend la direction de la rĂ©volte arabe que son pĂšre a proclamĂ©e le 10 juin 1916. ConseillĂ© par Thomas Edward Lawrence, officier britannique, il s'empare du port d'Akaba en juin 1917 et remonte jusqu'Ă  Damas oĂč il fait la jonction avec les forces britanniques du gĂ©nĂ©ral Allenby. Il y forme, avec l’appui des nationalistes arabes, un gouvernement, et est chargĂ© par Hussein de se rendre Ă  Versailles afin de participer au rĂšglement de paix[1]. À la confĂ©rence de paix de Paris, l'annĂ©e suivante, le Proche-Orient ottoman est divisĂ© en mandats attribuĂ©s Ă  la France et au Royaume-Uni par la SociĂ©tĂ© des nations. Fayçal forma alors un gouvernement, non reconnu par la France et par le Royaume-Uni. Les deux pays Ă©taient secrĂštement convenus de donner Ă  la France le contrĂŽle de la Syrie, en dĂ©pit des promesses d'indĂ©pendance faites par les Britanniques aux Arabes (accords secrets Sykes-Picot). Les Français rencontrĂšrent des rĂ©voltes locales quand leurs forces entrĂšrent dans le pays, et en mars 1920, Fayçal fut proclamĂ© roi de Syrie. Cependant, un mois plus tard, la SociĂ©tĂ© des nations attribua un mandat Ă  la France sur la Syrie.

Le général Mariano Goybet, commandant des forces françaises durant la bataille.

La bataille de Maysaloun s'ensuit alors que les forces françaises partent du Liban pour affirmer leur contrÎle sur Damas et renverser le gouvernement de Fayçal. Avec des restes de l'armée syrienne et des volontaires locaux, le ministre de la Guerre de Fayçal, le général Youssef al-Azmeh, les affronte. Les troupes françaises, mieux équipées, menées par le général Mariano Goybet battirent al-Azmeh, qui tomba au combat. Les Français rentrÚrent à Damas le lendemain, rencontrant peu de résistance. Peu de temps aprÚs, Fayçal fut expulsé de Syrie. Malgré la défaite décisive de l'armée syrienne, la bataille de Maysaloun est considérée en Syrie et dans le monde arabe comme un symbole de résistance courageuse contre un pouvoir impérial plus fort.

Prélude à la bataille

Le 22 juillet, Fayçal dĂ©pĂȘcha son ministre de l'Éducation, Sati al-Husri, et l'ancien reprĂ©sentant du gouvernement arabe, Jamil al-Ulshi, pour rencontrer Henri Gouraud Ă  son quartier gĂ©nĂ©ral Ă  Aley et le persuader de mettre fin Ă  son avance militaire vers Damas. Gouraud rĂ©pondit en prolongeant l'ultimatum d'un jour et avec de nouvelles conditions plus strictes, Ă  savoir que la France soit autorisĂ©e Ă  Ă©tablir une mission Ă  Damas pour superviser la mise en Ɠuvre de l'ultimatum original et l'Ă©tablissement du mandat français. Al-Husri retourna Ă  Damas le mĂȘme jour pour communiquer le message de Gouraud Ă  Fayçal, qui appela Ă  une rĂ©union du cabinet le 23 juillet pour examiner le nouvel ultimatum. Le colonel Cousse, officier de liaison français Ă  Damas, interrompit la rĂ©union avec la demande de Gouraud que l'armĂ©e française pĂ»t avancer vers Maysalun, oĂč les puits d'eau Ă©taient abondants. Gouraud avait initialement prĂ©vu de lancer l'offensive contre Damas d'Ayn al-Judaydah, une source dans la chaĂźne anti-Liban, mais le manque de sources d'eau Ă  cet endroit situĂ© au milieu des montagnes abruptes et stĂ©riles conduisit Ă  un changement de plans. En consĂ©quence, Gouraud chercha Ă  occuper Khan Maysaloun, un caravansĂ©rail isolĂ© sur la route de Beyrouth Ă  Damas, situĂ© Ă  la crĂȘte du col de montagne de Wadi al-Qarn dans l'Anti-Liban, Ă  25 kilomĂštres Ă  l'ouest de Damas. Gouraud a Ă©galement Ă©tĂ© motivĂ© d'occuper Khan Maysaloun en raison de sa proximitĂ© avec le chemin de fer du Hedjaz.

Le message de Cousse confirma les craintes du cabinet de Fayçal que Gouraud avait l'intention de prendre la Syrie par la force. Le cabinet a par la suite rejeté l'ultimatum de Gouraud et a lancé un appel largement symbolique à la communauté internationale pour mettre fin à l'avance française. Le 23 juillet, Al-'Azma partit de Damas avec sa force hétérogÚne de militaires réguliers et de volontaires, qui était divisée en colonnes nord, centrale et sud chacune dirigée par des unités de cavalerie de chameau. Les forces françaises de la 3e division sous le commandement du général Mariano Goybet lancÚrent leur offensive vers Khan Mayssaloun et Wadi al-Qarn le 24 juillet, peu aprÚs l'aube à 5 heures du matin, tandis que les forces syriennes attendaient sur leurs positions surplombant le bas de Wadi al-Qarn.

Forces en présence

Forces françaises

Inspection par le général Gouraud, commandant en chef de l'armée du Levant, de la 3e Division du général Mariano Goybet, la veille de la bataille de Mayssalun.

Le gĂ©nĂ©ral Mariano Goybet commandait les forces françaises pendant la bataille. Les estimations des effectifs des divisions du Levant de l'armĂ©e française qui participĂšrent Ă  la bataille varient de 9 000 Ă  12 000 soldats. Les troupes Ă©taient majoritairement constituĂ©es d'unitĂ©s sĂ©nĂ©galaises et algĂ©riennes, composĂ©es de dix bataillons d'infanterie et d'unitĂ©s de cavalerie et d'artillerie. Parmi les unitĂ©s participantes figuraient le 415e rĂ©giment d'infanterie, le 2e rĂ©giment des fusiliers algĂ©riens, la division sĂ©nĂ©galaise, le rĂ©giment des fusiliers africains et le bataillon marocain de spahis. Un certain nombre de volontaires maronites du Mont Liban auraient Ă©galement rejoint les forces françaises. L'armĂ©e du Levant Ă©tait Ă©quipĂ©e de batteries d'artillerie de plaine et de montagne et de canons de 155 mm, et soutenue par des chars et des chasseurs-bombardiers.

Forces syriennes

Commandant des forces syriennes Ă  Maysaloun, ministre de la Guerre, Youssef al-Azmeh, mort durant la bataille.
Soldats syriens au début de la bataille.

Les forces syriennes Ă  Maysalun Ă©taient commandĂ©es par le ministre de la Guerre Youssef al-Azmeh, qui mourut pendant la bataille. Elles Ă©taient constituĂ©es de restes de l'armĂ©e arabe rassemblĂ©e par le gĂ©nĂ©ral al-Azmeh, y compris des soldats de la garnison dissoute du gĂ©nĂ©ral Hassan al-Hindi, des unitĂ©s dissoutes de Damas et de la cavalerie des chameaux bĂ©douins. La plupart des unitĂ©s de l'armĂ©e arabe avaient Ă©tĂ© dissoutes quelques jours avant la bataille par ordre du roi Fayçal dans le cadre de son acceptation des termes du gĂ©nĂ©ral Gouraud. En plus des troupes de l'armĂ©e arabe, de nombreux volontaires civils et miliciens de Damas rejoignirent les forces de Youssef al-Azmeh. Selon les estimations, le nombre de soldats et d'irrĂ©guliers syriens Ă©tait d'environ 4 000, tandis que l'historien Eliezer Tauber affirme qu'al-Azmeh a recrutĂ© 3 000 soldats et volontaires, dont seulement 1 400 ont participĂ© Ă  la bataille.

Une partie des unités de la milice civile furent rassemblées et dirigées par Yasin Kiwan, marchand DamascÚne, Abd al-Qadir Kiwan, ancien imam de la mosquée Omeyyade, et Shaykh Hamdi al-Juwajani, un érudit musulman. Yasin et Abd al-Qadir furent tués pendant la bataille. Shaykh Muhammad al-Ashmar a également participé à la bataille avec 40 à 50 de ses hommes du quartier Midan de Damas. D'autres prédicateurs et érudits musulmans de Damas, y compris Tawfiq al-Darra (ex-mufti de la cinquiÚme armée ottomane), Sa'id al-Barhani (prédicateur à la mosquée de la Tuba), Muhammad al-Fahl (érudit de la Madrasa de Qalbaqjiyya) Ali Daqqar (prédicateur à la mosquée de Sinan Pacha) ont également participé à la bataille.

Les Syriens étaient équipés de fusils mis au rebut par les soldats ottomans lors de leur retraite pendant la PremiÚre Guerre mondiale et ceux utilisés par la cavalerie bédouine de l'armée chérifienne pendant la révolte arabe de 1916. Les Syriens possédaient également un certain nombre de mitrailleuses et environ 15 batteries d'artillerie. Selon diverses versions, les munitions étaient faibles, avec 120 à 250 balles par fusil, 45 balles par mitrailleuse, et 50 à 80 obus par canon. Une partie de ces munitions était également inutilisable car de nombreux types de fusils et de balle ne correspondaient pas entre eux.

Bataille de Khan Mayssaloun du 24 juillet 1920, clef de l'entrée à Damas

L’armĂ©e française du Levant dont le commandant en chef est le gĂ©nĂ©ral Henri Gouraud place les troupes françaises dans la bataille de Mayssaloun, sur la route de Damas, sous le commandement du gĂ©nĂ©ral Mariano Goybet. Celui-ci Ă©crase l'armĂ©e syrienne menĂ©e par Youssef al-Azmeh, ministre de la Guerre du roi constitutionnel de Syrie Fayçal ben Hussein proclamĂ© par le CongrĂšs national syrien (en) le . Il rentre victorieux Ă  Damas le 25 juillet 1920. Cette bataille est considĂ©rĂ©e comme la fin du rĂȘve nationaliste panarabique, l'espoir brisĂ© de Thomas Edward Lawrence de libĂ©rer durablement la Syrie. Youssef al-Azmeh, le ministre de la Guerre du roi Fayçal, est tuĂ© lors des combats.

Fayçal Ier, originaire du Hedjaz en Arabie saoudite, était le fils de Hussein ben Ali, chérif de la Mecque et roi du Hedjaz. Les Britanniques firent de lui, l'année suivante, le premier roi d'Irak.

Le 17 aoĂ»t 1931, en collaboration avec le chef de bataillon Yvon, le commandant de Gaulle publie Histoire des troupes du Levant Ă  l’Imprimerie nationale, rĂ©digĂ© Ă  l'occasion de l'exposition coloniale de 1931. Voici un extrait de la Marche sur Damas, en partant de ZahlĂ©, de la Division Mariano Goybet et la bataille de Khan Mayssaloun :

« La colonne Goybet se porte en avant le 21 juillet 1920, franchit le Litani, occupe Rayak, gravit les pentes de l'Anti-Liban et vient camper dans la rĂ©gion de AĂźn-DjedeidĂ©. Les troupes chĂ©rifiennes avaient pris position sur les hauteurs de Khan-Meisseloun, au dĂ©bouchĂ© est d'un long dĂ©filĂ© par oĂč passe la route de Damas.

DĂšs le 21 juillet, le gĂ©nĂ©ral Goybet, prĂšs duquel est dĂ©tachĂ© le chef d'Ă©tat major de l'armĂ©e du Levant, le colonel Pettelat, a saisi l'issue de ce dĂ©filĂ©. Le 24 juillet au matin, le gros de ses forces se porte en avant, par les plateaux dĂ©chiquetĂ©s de part et d'autre de la route de Damas. À droite les spahis cherchent Ă  dĂ©border l'aile gauche de l'ennemi. AprĂšs une sĂ©rieuse rĂ©sistance des fantassins chĂ©rifiens, soutenus par plusieurs canons, l'infanterie aidĂ©e des chars et bien appuyĂ©e par l'artillerie, enlĂšve deux lignes successives de retranchements.

Le chef chérifien est tué ; ses partisans abandonnent la lutte et se replient sur Damas. Le 25 juillet, le général Goybet entre dans cette ville.

Texte rĂ©digĂ© par le commandant Charles de Gaulle En , il est affectĂ© Ă  l’État-major des Troupes du Levant Ă  Beyrouth oĂč il est responsable des 2e et 3e bureaux (renseignement militaire et opĂ©rations). »

Myriam Harry, dans L'Illustration du 21 août 1920, rédige un article intitulé : « Avec le général Goybet à Damas », et une citation du général Gouraud s'adresse au général Goybet et à ses troupes :

« Le combat extrĂȘmement acharnĂ© dura 8 heures dans le fameux dĂ©filĂ© long de 6 kilomĂštres. Les ChĂ©rifiens avaient barrĂ© la route par un mur garni de mitrailleuses, croyant empĂȘcher le passage des tanks, mais les tanks se sont glissĂ©s dans le ravin entre le mur et la montagne et, passant dans le bled, ils sont montĂ©s Ă  l'assaut de la crĂȘte suivis par les fantassins du 415e, les AlgĂ©riens et les SĂ©nĂ©galais marocains, lancĂ©s Ă  tout galop, enveloppaient les positions d'un mouvement dĂ©bordant. Et de la haut pleuvaient les obus, cinglait la mitraille. Plusieurs heures les tanks sont restĂ©s face Ă  face avec les batteries et c'est seulement quand ils rĂ©ussirent Ă  mettre le feu aux caisses de munitions que les chĂ©rifiens lĂąchĂšrent pied et s'enfuirent dĂ©semparĂ©s complĂštement par la mort du ministre de la guerre Asmy Bey, tuĂ© Ă  son poste par un Ă©clat d'obus...

Un colonel commandant les arriÚre-gardes nous donne encore quelques détails. Quand l'armée en déroute est affluée vers Damas, le désarroi était absolu. L'émir Faycal et son frÚre s'étaient enfuis. Hier soir est arrivé ici le nouveau ministre de la Guerre, déclarant au général Goybet que la ville était à sa merci et n'opposait aucune résistance à ses troupes.

Le gĂ©nĂ©ral Goybet veut qu'on enterre Asmy Bey avec les honneurs militaires. « Ce fut un remarquable officier turc. Si vous aviez vu ses positions, organisĂ©es comme les nĂŽtres, avec des batteries, des tranchĂ©es et reliĂ©s aux postes de combat par des fils tĂ©lĂ©phoniques ! On se serait cru Ă  la Grande guerre. D'ailleurs tous les canons, tous les Ă©quipements venaient de chez les Boches, et toutes les caisses de munitions portaient l'inscription : Munitionen fĂŒr die TĂŒrkei... »

(Le témoin plus loin a rattrapé les troupes du général Goybet.)

Nous sommes arrivés à temps. Des deux cÎtés du Barada se développent les troupes françaises, les premiÚres troupes européennes qui soient jamais entrées dans la capitale des Ommiades - les croisés l'ont assiégée en vain - et devant l'ancienne caserne turque, le conquérant de Damas, le général Goybet à cheval, regarde halé et rayonnant, défiler son armée victorieuse. »

Citation du général Gouraud commandant l'armée du levant à la suite de la prise de Damas par Mariano Goybet :

« Ordre Général no 22

Le général est profondément heureux d'adresser ses félicitations au général Goybet et aux vaillantes troupes : 415 de ligne, 2e tirailleurs algériens, 11e et 10e tirailleurs sénégalais, chasseurs d'Afrique, régiment de spahi Marocains, batteries des groupes d'Afrique, batterie de 155, 314 Compagnie de chars d'assaut, groupes de bombardement et escadrilles qui dans le dur combat du 24 juillet, ont brisé la résistance de l'ennemi qui nous défiait depuis huit mois. Elles ont inscrit une glorieuse page à l'histoire de notre pays.

Aley, le 24 juillet 1920 signé Gouraud. »

AprĂšs la bataille

Le roi Fayçal fut chassé de Syrie par les Français à la suite de leur occupation de Damas

Les premiĂšres estimations des pertes qui ont fait 2 000 morts syriens et 800 victimes françaises ont Ă©tĂ© exagĂ©rĂ©es. L'armĂ©e française a affirmĂ© que 42 de ses soldats ont Ă©tĂ© tuĂ©s, 152 blessĂ©s et 14 disparus en action, tandis que 150 combattants syriens ont Ă©tĂ© tuĂ©s et 1 500 blessĂ©s. Le roi Fayçal a observĂ© que la bataille se dĂ©roulait dans le village d'al-Hamah, et comme il Ă©tait apparu que les Syriens avaient Ă©tĂ© mis en dĂ©route, lui et son cabinet, Ă  l'exception du ministre de l'IntĂ©rieur Ala al-Din al-Durubi, Un accord avec les Français, est parti pour al-Kiswah, une ville situĂ©e aux approches du sud de Damas.

Les forces françaises avaient capturĂ© Alep le 23 juillet sans combat, et aprĂšs leur victoire Ă  Maysaloun, les troupes françaises ont assiĂ©gĂ© et pris Damas le 25 juillet. En peu de temps, la majoritĂ© des forces de Fayçal se sont enfuis ou se sont rendus aux Français, bien que les partis des groupes arabes opposĂ©s Ă  la domination française aient continuĂ© Ă  rĂ©sister avant d'ĂȘtre rapidement battus. Le roi Fayçal est retournĂ© Ă  Damas le 25 juillet et a demandĂ© Ă  al-Durubi de former un gouvernement, bien qu'Al-Durubi ait dĂ©jĂ  dĂ©cidĂ© de la composition de son cabinet, ce qui a Ă©tĂ© confirmĂ© par les Français. Le gĂ©nĂ©ral Gouraud a condamnĂ© le rĂ©gime de Fayçal en Syrie, l'accusant d'avoir « traĂźnĂ© le pays Ă  un pas de la destruction », et dĂ©clarant que, pour cette raison, « il Ă©tait absolument impossible qu'il reste dans le pays ». Fayçal a dĂ©noncĂ© la dĂ©claration de Gouraud et a insistĂ© sur le fait qu'il restait le chef souverain de la Syrie dont l'autoritĂ© Ă©tait « accordĂ©e par le peuple syrien ».

Fayçal quitte Damas le 27 juillet avec un seul de ses membres du cabinet, al-Husri. Il a d'abord voyagĂ© vers le sud Ă  Daraa dans la rĂ©gion de Hauran oĂč il gagne l'allĂ©geance des chefs tribaux locaux. Cependant, un ultimatum français aux dirigeants tribaux pour expulser Fayçal ou faire face au bombardement de leurs campements a obligĂ© Fayçal Ă  se diriger vers l'ouest Ă  HaĂŻfa dans la Palestine occupĂ©e par les Britanniques le 1er aoĂ»t et Ă  Ă©viter d'autres effusions de sang. Le dĂ©part de Fayçal de la Syrie a mis fin Ă  son objectif d'Ă©tablir et de diriger un État arabe en Syrie.

Télégramme du général Gouraud aprÚs victoire de Mayseloun et entrée des troupes à Damas

« MinistÚre des armées : Archives historiques

Télégramme (En clair) Aley 26-07-1920

Adresse Diplomatie Paris no 1460/2 / Guerre Paris no 1501/2

1er Les troupes Françaises ont fait leur entrĂ©e hier 25 AprĂšs midi dans Damas, sans rencontrer la moindre rĂ©sistance entre le lieu de combat et la ville. Mais trouvant le long de la route un nombreux matĂ©riel abandonnĂ© prouvant la fuite dĂ©sordonnĂ©e de l'ennemi, malgrĂ© les fatigues d'une Ă©tape de 27 km, succĂ©dant Ă  une journĂ©e de combat ou les troupes ont dĂ©filĂ© dans un ordre magnifique au milieu d'une foule nombreuse et respectueuse. Elles se sont installĂ©es au camp sous les murs de la ville occupant sans incident les gares et Ă©difices publics. Ce matin un nouveau gouvernement composĂ© de nos partisans s'est prĂ©sentĂ© au gĂ©nĂ©ral Goybet qui en mon nom leur a fait une dĂ©claration portant sur les points suivants :

L'émir Faysal qui a conduit son pays à deux doigts de sa perte, a cessé de régner. Contribution de guerre de 10 millions destinés à indemniser les dommages causés à la zone Ouest par la guerre de bandes, désarmement général commençant immédiatement, remise entre nos mains de tout matériel de guerre et réduction de l'armée transformée en force de police, les principaux coupables traduits devant les tribunaux militaires.

Le nouveau gouvernement a accepté toutes ces conditions et a affirmé son sincÚre désir de collaboration loyale. La ville fournit des vivres aux troupes. Le chemin de fer entre Rayak et Damas a été rétabli aujourd'hui 26. L'émir Faysal abandonné de tous est rentré à Damas la nuit derniÚre. Je lui fais spécifier d'avoir à quitter le pays dans les 48 heures avec sa famille et ses principaux familiers.

2e Colonne Goubeau est arrivée à Alep le 23 comme il était prévu aprÚs un léger engagement au Nord de Muslimie. Les autorités d'Alep ont affirmé leur désir de collaboration. Le général de Lamothe s'est installé en ville le 24.

3e Reconnaissance de cavalerie du groupement Tel-Kala poussée au pont d'Homs y a été accueillie par 2 officiers chérifiens qui ont déclaré que la ville était évacuée par les troupes chérifiennes et que la population attendait et désirait l'arrivée de nos troupes.

Gouraud »

HĂ©ritage

En 1920, proclamation du Grand Liban avec le Grand Mufti de Beyrout, Cheik Moustafa Naja, le patriarche maronite Elias Pierre Hoayek sur sa droite et le général Mariano Goybet.
Carte de l'éphémÚre royaume arabe de Syrie, tel que le congrÚs le prévoyait (8 mars 1920).
Carte du mandat français pour la Syrie et le Liban

La bataille de Khan Maysaloun a Ă©tĂ© dĂ©terminante. Les Français ont pris le contrĂŽle du territoire qui est devenu le Mandat français sur la Syrie et le Liban. Le 1er septembre, le gĂ©nĂ©ral Gouraud proclame la crĂ©ation de l'État du Grand Liban, en y annexant le Mont-Liban et les villes cĂŽtiĂšres. La France divisa la Syrie en plus petits États centrĂ©s sur certaines rĂ©gions et mouvements religieux, y compris le Grand Liban pour les Maronites, l’État de Jabal al-Druze pour les Druzes Ă  Hauran, l'Alawite pour les Alaouites dans les montagnes cĂŽtiĂšres syriennes et Damas et Alep.

Bien que les Syriens aient Ă©tĂ© dĂ©faits de façon dĂ©cisive, la bataille de Maysaloun « est devenue dans l'histoire arabe un synonyme d'hĂ©roĂŻsme et de courage sans espoir face Ă  de grandes difficultĂ©s, ainsi que pour la trahison » selon l'historien irakien Ali al-Allawi. Selon le journaliste britannique Robert Fisk, la bataille de Maysaloun Ă©tait « une lutte que tout Syrien apprend Ă  l'Ă©cole, mais dont presque tous les Occidentaux sont ignorants ». L'historien Tareq Y. Ismael, professeur de sciences politiques Ă  l'UniversitĂ© de Calgary au Canada et prĂ©sident du Centre international pour le Moyen-Orient contemporain, Ă©crit qu'aprĂšs la bataille, « la rĂ©sistance syrienne Ă  Khan Maysalun a bientĂŽt pris des proportions Ă©piques. Elle a Ă©tĂ© vue comme une tentative arabe pour arrĂȘter l'avalanche impĂ©riale ». Il affirme Ă©galement que la dĂ©faite des Syriens a provoquĂ© dans le monde arabe des attitudes populaires qui existent jusqu'Ă  ce jour, selon lesquelles le monde occidental dĂ©shonore les engagements qu'il prend envers le peuple arabe et opprime ceux qui s'opposent Ă  ses desseins impĂ©riaux. Sati al Housri, grand penseur panarabiste, a affirmĂ© que la bataille Ă©tait « l'un des Ă©vĂ©nements les plus importants de l'histoire moderne de nation arabe ». L'Ă©vĂ©nement Ă©tait annuellement commĂ©morĂ© par les Syriens, commĂ©moration au cours de laquelle des milliers de personnes visitaient la tombe d'al-Azmeh Ă  Maysaloun.

« La Syrie et le Mandat français (1920-1946), extraits

Samir Anhoury

Il y eut Ă©chec politique sur plusieurs points essentiels :

Échec sur l’exĂ©cution de la mission de la France, puissance mandataire puissance mandataire, de mener Ă  bien le pays sous mandat – la Syrie – Ă  l’indĂ©pendance.

Diviser la Syrie en plusieurs États autonomes, regroupĂ©s plus tard en un État dans les limites d’un tracĂ© arbitraire des frontiĂšres, non conforme Ă  la rĂ©alitĂ© gĂ©ographique et historique du pays.

Refuser Ă  la Syrie et Ă  son gouvernement local l’exercice en droit de ses prĂ©rogatives constitutionnelles et ce, malgrĂ© la promulgation du « Statut organique » des Ă©tats du Levant sous mandat français le 22 mai 1930 par le Haut-commissaire Henri Ponsot.

Signature du traite franco-syrien, septembre 1936 8 février 1936, troubles à Homs.

Refuser à la Syrie son indépendance proclamée par la France Libre le 9 juin 1941, et son délégué au Levant le général Catroux.

Évacuation dĂ©finitive des troupes françaises le 23 juillet 1939 du sandjak d'Alexandrette, territoire syrien placĂ© sous mandat français, en faveur de la Turquie, prix Ă  payer pour s’assurer la neutralitĂ© turque durant la DeuxiĂšme guerre mondiale.

Politique monĂ©taire et fiscale prĂ©judiciable pour la Syrie, avec l’émission d’une monnaie locale en billets de banque liĂ©e au franc français.

Enfin, échec de la France à mener une « politique arabe » cohérente, en refusant tout soutien au nationalisme arabe.

Toutefois, et malgrĂ© cet Ă©chec politique incontestable, il ne serait que justice d’accorder Ă  la France un bilan positif dans son Ɠuvre administrative, qui a laissĂ© des traces profondes en Syrie jusqu’à nos jours.

Le mandat a tout d’abord consolidĂ© les bases de l'État moderne, instaurĂ© au temps du royaume arabe de Fayçal. Dans ce but, le mandat a imposĂ© son autoritĂ© grĂące Ă  l’armĂ©e, la gendarmerie et la police garants de l’ordre et de la sĂ©curitĂ©. Ce dispositif, bien que rĂ©pressif, fut toutefois accompagnĂ© d’une rĂ©forme de la justice et de sa pratique dans tout le pays, assurant calme et sĂ©curitĂ©.

Dans d’autres domaines : santĂ© et hygiĂšne, cadastre, construction de routes, sĂ©dentarisation des nomades, augmentation des surfaces cultivĂ©es, mise en valeur de l’hĂ©ritage archĂ©ologique, formation et mise sur pied de la future armĂ©e nationale : infanterie arabe, cavaliers tcherkesses, escadrons druzes, lĂ©gion armĂ©nienne. Toutes ces unitĂ©s ont formĂ© les « troupes spĂ©ciales » de l’armĂ©e du Levant, commandĂ©e par des officiers français.

Autre domaine, et non le moins important, fut la culture et l’éducation Ă©tendues Ă  des milieux socialement variĂ©s et en nombre relativement important.

L’enseignement dans les Ă©coles fut dispensĂ© avec rigueur et efficacitĂ©. Le mĂȘme sĂ©rieux dans la formation des Ă©lĂšves et Ă©tudiants fut appliquĂ© dans les Ă©coles et instituts missionnaires et dans les Ă©coles nationales et l’UniversitĂ© syrienne.

Les gĂ©nĂ©rations de Syriens, formĂ©s dans ces Ă©coles et maĂźtrisant souvent parfaitement Ă  la fois l’arabe et le français, ont formĂ© l’élite cultivĂ©e qui a menĂ© le pays Ă  l’indĂ©pendance et consolidĂ© les rĂ©alisations positives du mandant durant la dĂ©cennie postĂ©rieure Ă  l’indĂ©pendance. Beaucoup de ceux qui ont vĂ©cu le mandat, qu’ils soient français ou syriens, gardent en mĂ©moire des souvenirs contrastĂ©s et inoubliables. Toutefois, ils sont tous Ă  peu prĂšs d’accord sur un point : le mandat fut une rĂ©ussite administrative et un Ă©chec politique. »

Notes et références

  1. « Faysal, roi d’Irak (1921-1933) », sur Les clĂ©s du Moyen-Orient, article publiĂ© le 31/03/2011 (consultĂ© le )

Bibliographie

  • Boutros Dib (dir.), Histoire du Liban : des origines au XXe siĂšcle, Paris, Rey, , 1006 p. (ISBN 978-2-848-76073-5)
  • Commandant de Gaulle (en collaboration avec le chef de bataillon Yvon), Histoire des troupes du Levant, publiĂ©e Ă  l’Imprimerie nationale et rĂ©digĂ© Ă  l'occasion de l'exposition coloniale de 1931
  • Myriam Harry, « Avec le gĂ©nĂ©ral Goybet Ă  Damas », L'Illustration, 21 aoĂ»t 1920
  • Julie d'Andurain, « Effondrement du rĂȘve d’un royaume arabe indĂ©pendant. La bataille de Khan Meisseloun », Orient XXI, 11 aoĂ»t 2017 (Lire en ligne)
  • Julie d'Andurain, « Un proconsulat en trompe-l'Ɠil. Le gĂ©nĂ©ral Henri Gouraud en Syrie (1919-1923), Revue historique, 2018/1, no 685, p. 99-122 (Lire en ligne)
  • « La Syrie et le Mandat Français 1920-1946 Samyr Anhoury »

Articles connexes

Liens externes

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