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La Boisserie

Le domaine de la Boisserie, ancienne résidence personnelle du général de Gaulle à Colombey-les-Deux-Églises en Haute-Marne, est depuis 1980[1] un musée ouvert à la visite dont le propriétaire est son fils, l'amiral Philippe de Gaulle.

La Boisserie
La façade de la Boisserie couverte de vigne vierge.
Informations générales
Type
Collections
Collections
Lieux et objets de la vie du général de Gaulle
Bâtiment
Protection
Localisation
Pays
RĂ©gion
Commune
Adresse
1 rue du Général-de-Gaulle
52330 Colombey-les-Deux-Églises
Coordonnées
48° 13′ 08″ N, 4° 52′ 59″ E
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Historique

Cette maison, construite aux environs de 1810, devient la brasserie du village de Colombey, fondĂ©e en 1843, et le domaine porte pendant longtemps le nom de « la Brasserie », avant de passer progressivement Ă  celui de « la Boisserie ». Cette gentilhommière de quatorze pièces, recouverte de vigne vierge et entourĂ©e d'un vaste terrain de 2,5 ha, comporte un rez-de-chaussĂ©e de trois pièces avec un seul Ă©tage disposant de six chambres, complĂ©tĂ©e d'un pavillon adjacent[2].

Avant son achat par la famille de Gaulle, l'écrivain américain Eugène Jolas et son épouse, la traductrice Maria McDonald (parents de la compositrice Betsy Jolas), louent un temps la propriété[3].

C'est le , que le lieutenant-colonel Charles de Gaulle et son Ă©pouse Yvonne font une « bonne affaire Â» en l'achetant en viager. Ă€ l'Ă©poque, la propriĂ©taire des lieux, Alice Bombal, veuve d'un architecte parisien, en propose le viager au prix de 45 000 francs — Ă  une Ă©poque oĂą une voiture 7 CV CitroĂ«n vaut 17 000 francs — contre une rente annuelle de 6 000 francs. Alice Bombal meurt deux ans après la vente, se noyant dans sa baignoire[4].

Le couple désire que leur benjamine Anne, trisomique gravement handicapée, bénéficie du grand air de la campagne champenoise dans cette maison de vacances et soit protégée de l'indiscrétion du public. Anne de Gaulle aime d'ailleurs particulièrement les séjours à la Boisserie, jusqu'à sa mort en . De plus, la résidence est, avant la guerre, proche de l'affectation du colonel de Gaulle au 507e régiment de chars de combat, cantonné à Metz de à . Si en de Gaulle y apprend la nouvelle du pacte germano-soviétique, la famille n'y vient pas souvent durant cette décennie. Le , les biens du Général sont confisqués et une vente publique est organisée mais personne ne se portera acquéreur de la Boisserie[5].

La Boisserie n'est pas une habitation luxueuse : au moment de l'acquisition, elle n'est raccordée ni au réseau d'eau, ni au réseau téléphonique. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, après qu'elle a été pillée et partiellement incendiée en 1944, les principales améliorations sont apportées, comme l'eau chaude et le chauffage central. En 1946, de Gaulle fait construire la tour hexagonale en moellons coiffée de vieilles tuiles du pays, au rez-de-chaussée de laquelle il installe son cabinet de travail d'où, d'un regard, il peut embrasser le paysage immense et sauvage[5].

De Gaulle aime venir se reposer dans ce qu'il considère comme sa vraie et sa seule demeure, notamment lors de sa « traversĂ©e du dĂ©sert Â» politique. Il Ă©crit par exemple : « Colombey me manque. Je ne me vois pas vivre ailleurs ». Il s'y rĂ©fugie pour prendre les dĂ©cisions importantes, dans le calme et la solitude. MĂŞme Ă©lu prĂ©sident de la RĂ©publique française, il refuse au dĂ©part de sĂ©journer Ă  l'ÉlysĂ©e, contrairement au protocole. Il finit par habiter le palais prĂ©sidentiel mais continue de passer beaucoup de temps et un week-end sur deux en famille Ă  Colombey. En 1969, de Gaulle dĂ©missionne et se retire dans sa maison avec son Ă©pouse. Il y meurt le [5].

Yvonne de Gaulle réside à la Boisserie jusqu'en 1978, date à laquelle elle la quitte définitivement pour Paris, où elle entre à la maison de retraite des sœurs de l'Immaculée-Conception. Elle meurt un an plus tard à l'hôpital du Val-de-Grâce, à l'âge de 79 ans, le , veille du 9e anniversaire de la mort de son mari.

La maison et son parc, y compris la clôture donnant sur la rue, sont inscrits aux monuments historiques par un arrêté du [6].

La résidence est labellisée Maisons des Illustres en 2011.

  • Portail d'entrĂ©e de la Boisserie.
    Portail d'entrée de la Boisserie.
  • EntrĂ©e de la maison.
    Entrée de la maison.
  • Tour d’angle hexagonale abritant le bureau du gĂ©nĂ©ral de Gaulle.
    Tour d’angle hexagonale abritant le bureau du général de Gaulle.
  • Parc de deux hectares.
    Parc de deux hectares.
  • La bibliothèque.
    La bibliothèque.

Musée

Les charges financières de l’entretien de la propriété étant devenues trop lourdes, la Boisserie est devenue un musée ouvert au public. On peut notamment y voir :

  • le vestibule aux grandes dalles patinĂ©es, aux murs duquel sont accrochĂ©s des masques africains, deux dĂ©fenses d’élĂ©phant et des sagaies en bois offerts au gĂ©nĂ©ral au cours de ses voyages. Sous l’escalier, près de la rĂ©serve de bois, le gĂ©nĂ©ral a fait installer la ligne tĂ©lĂ©phonique de rigueur, eu Ă©gard Ă  sa fonction prĂ©sidentielle, mais il y rĂ©pond rarement, dĂ©testant le tĂ©lĂ©phone. L'escalier en bois est barrĂ©, les appartements privĂ©s Ă  l'Ă©tage n'Ă©tant pas ouverts Ă  la visite : la chambre du couple comportant deux lits jumeaux de style Louis XVI, une autre chambre qui servait de cabinet de travail Ă  Yvonne de Gaulle et abrite les meubles de la famille Vendroux et les chambres doubles de leurs enfants Philippe et Élisabeth[7] ;
  • la salle Ă  manger, au sol recouvert d’un fin carrelage noir et blanc, au mur dĂ©corĂ© d'une tapisserie d'Aubusson, prĂ©sente un mobilier typiquement normand, notamment le buffet avec la maquette du France dont Yvonne de Gaulle est la marraine. Cette pièce renferme des cadeaux personnels reçus par le gĂ©nĂ©ral : deux amphores romaines repĂŞchĂ©es et offertes par la Marine française, un coq en acier de ThiĂ©rache offert par la foire internationale de Lille qu’il inaugure le , un tapis venant de Mohammed V, une tablette de clĂ©s offertes par des villes visitĂ©es et, au-dessus de la porte d'entrĂ©e, une plaque en bois rue Princesse, don de la ville de Lille en rĂ©fĂ©rence Ă  la rue homonyme dans laquelle se trouve la maison natale du gĂ©nĂ©ral. Ce dernier s’asseoit le dos Ă  la cheminĂ©e monumentale ornĂ©e de carreaux de Delft et s'amuse Ă  faire compter aux invitĂ©s le nombre d'animaux prĂ©sents sur la Dame Ă  la licorne[8] ;
  • le grand salon toujours en carrelage noir et blanc recouvert par des tapis. Au mur, des portraits de la famille de Gaulle et un tableau du XVIIe siècle reprĂ©sentant le port d’Anvers, cadeau du roi Baudouin de Belgique. Un canapĂ©, des fauteuils et des chaises sont disposĂ©s autour d’une cheminĂ©e de briques roses. Dans le fond, une vitrine expose divers cadeaux d'objets de culte, notamment une PietĂ  du XVe siècle, don Ă  la maĂ®tresse de maison du chancelier allemand Konrad Adenauer, le seul chef d’État ou de gouvernement reçu Ă  la Boisserie les 14 et , pour entamer la rĂ©conciliation franco-allemande[9] ;
  • la bibliothèque oĂą Charles de Gaulle meurt le alors qu'il rĂ©alise une patience sur sa table de bridge recouverte de feutrine verte, tout en attendant les informations rĂ©gionales tĂ©lĂ©visĂ©es. Le mobilier est restĂ© en place : le fauteuil blanc, le lampadaire et la table Ă  jeu du gĂ©nĂ©ral, Ă  cĂ´tĂ© le secrĂ©taire de Mme de Gaulle. On voit Ă©galement une table basse avec un coffre Ă  cigares offert par Fidel Castro. La bibliothèque abrite notamment les MĂ©moires d'outre-tombe de Chateaubriand et le MĂ©morial de Sainte-HĂ©lène de Las Cases qui ont inspirĂ© les MĂ©moires de guerre du gĂ©nĂ©ral, mais aussi les Ĺ“uvres complètes de Jules Verne ou des ouvrages destinĂ©s Ă  ses enfants comme le Lion de Joseph Kessel[N 1]. Au-dessus des bibliothèques sont accrochĂ©es des photos en noir et blanc, dĂ©dicacĂ©es par les chefs d’État ou de gouvernement rencontrĂ©s (Kennedy, la reine Élisabeth II, HailĂ© SĂ©lassiĂ©, Churchill, Charlotte, grande-duchesse de Luxembourg, etc.) et en face 14 lampes de mineurs alignĂ©es, reçues chaque fois qu'il se rendait dans le Nord, sa rĂ©gion d'origine ;
  • le bureau, attenant Ă  la bibliothèque, situĂ© dans la tour d’angle hexagonale, abrite les objets personnels du gĂ©nĂ©ral[N 2] : ses MĂ©moires de guerre reliĂ©s de cuir vert, un briquet, un sous-main, des souvenirs frappĂ©s du « V » de la victoire et de la croix de Lorraine (armes de parade, plaques commĂ©moratives, fanions, insignes, etc.) ainsi que des fils de fer barbelĂ©s du camp d'internement de Compiègne - Royallieu. De la fenĂŞtre, le gĂ©nĂ©ral peut voir la forĂŞt de Clairvaux[N 3] et la ligne d'horizon de la CĂ´te des Bar ;
  • le parc boisĂ© de deux hectares, plantĂ© de rosiers et de pivoines, garde au fond une partie (nommĂ©e « le verger ») laissĂ©e en jachère fleurie que le gĂ©nĂ©ral fait faucher deux fois par an[N 4]. Les de Gaulle y ont fait installer des jeux pour leurs petits-enfants : petite terrasse qui servait pour la piscine d'Ă©tĂ© (offerte par John Fitzgerald Kennedy[10]), mini-golf, ancien terrain de tennis, portique de balançoire, etc.

Dans la fiction

Des scènes de la mini-série De Gaulle, l’éclat et le secret (2020) avec Samuel Labarthe ont été tournées à la Boisserie[11].

Notes et références

Notes

  1. Les rayons de livres sont barrés par une tige de métal anti-vol.
  2. Protégé par une porte vitrée, le bureau ne se visite pas.
  3. Le général allait régulièrement se confesser à l'abbaye de Clairvaux.
  4. C'est toujours la mĂŞme famille d'agriculteurs qui fait les foins.

Références

  1. « La Boisserie, la demeure familiale des De Gaulle - Fondation De Gaulle », sur Fondation Charles de Gaulle (consulté le )
  2. François Malye 2014, p. 34
  3. Jean Lacouture 2010, p. 187
  4. Jean-Marc Philibert 2011, p. 123
  5. Jacques de Saint-Victor, « À Colombey, la Boisserie, rêve rustique du Général », Le Figaro,‎ 18-19 juillet 2020, p. 21 (lire en ligne).
  6. Notice no PA52000023, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  7. Florence d'Harcourt 2007, p. 292
  8. André Malraux 1976, p. 646-648
  9. Étienne de Montety, « Charles de Gaulle, une saison pour changer de RĂ©publique Â», Le Figaro, samedi 15 / dimanche 16 juillet 2017, page 21.
  10. Ghislain de Montalembert, « Piscine hors sol ou enterrée ? », Le Figaro Magazine, semaine du 29 juin 2018, p. 30.
  11. Constance Jamet, « Silence, on tourne de Gaulle Ă  l'ÉlysĂ©e ! Â», Le Figaro, 1er-2 fĂ©vrier 2020, p. 39.

Bibliographie

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Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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