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Daniel Johnson (pĂšre)

Daniel Johnson, né le à Danville et mort le à Manic-5, est un homme politique québécois.

Daniel Johnson
Illustration.
Fonctions
Premier ministre du Québec
–
(2 ans, 3 mois et 10 jours)
Lieutenant-gouverneur Hugues Lapointe
LĂ©gislature 28e
Prédécesseur Jean Lesage
Successeur Jean-Jacques Bertrand
Vice-président de l'Assemblée législative
–
(2 ans, 4 mois et 15 jours)
Premier ministre Maurice Duplessis
Gouvernement Duplessis (2)
LĂ©gislature 24e, 25e
Ministre des Ressources hydrauliques
–
(2 ans, 2 mois et 5 jours)
Premier ministre Maurice Duplessis
Paul Sauvé
Antonio Barrette
Gouvernement Duplessis
Sauvé
Barrette
LĂ©gislature 25e
Prédécesseur John Samuel Bourque
Successeur René Lévesque
Chef de l'Union nationale
–
(7 ans et 3 jours)
Prédécesseur Antonio Talbot (intérim)
Successeur Jean-Jacques Bertrand
Biographie
Nom de naissance Francis Daniel Johnson
Date de naissance
Lieu de naissance Danville (Canada)
Date de dĂ©cĂšs (Ă  53 ans)
Lieu de décÚs Manic 5 (Canada)
Nationalité Canadienne
Parti politique Union nationale
DiplÎmé de Université de Montréal
Profession Avocat

Daniel Johnson (pĂšre)
Premiers ministres du Québec

Élu dĂ©putĂ© de Bagot en 1946, il incarne au dĂ©but de sa carriĂšre la relĂšve au sein de son parti, l'Union nationale. Cumulant diffĂ©rentes fonctions au sein du gouvernement de Maurice Duplessis, il est notamment ministre des Ressources hydrauliques de 1958 Ă  1960.

Devenu chef de l'Union nationale en 1961, il devient le principal adversaire des réformes entreprises par le gouvernement de Jean Lesage. Il mÚne son parti, sans succÚs, aux élections de 1962.

Appuyé par une plateforme interventionniste et par un manifeste politique ouvrant la porte pour la premiÚre fois à l'indépendance du Québec, à la surprise générale, il remporte les élections de 1966. Porté au pouvoir, il rompt avec ses positions antiétatistes traditionnelles et poursuit les réformes dans les domaines de la santé, de l'éducation, de l'économie, de la culture et de la constitution.

Sous sa gouverne, le rayonnement du Québec atteint un niveau sans précédent sur la scÚne internationale, grùce à son étroite collaboration avec le président Charles de Gaulle. Malade depuis plusieurs années, il meurt en plein vague de réformes, en septembre 1968.

Chef de l'aile traditionaliste de l'Union nationale devenu continuateur des rĂ©formes de l'État-providence, Daniel Johnson est une figure majeure « de deux Ă©poques que tout oppose : la Grande noirceur et la RĂ©volution tranquille[1] ».

Il est le pÚre de Pierre Marc Johnson et de Daniel Johnson (fils), qui deviennent également premiers ministres du Québec aprÚs sa mort.

Biographie

Jeunesse

Daniel Johnson vient au monde à Danville dans les Cantons-de-l'Est, le 9 avril 1915. DeuxiÚme enfant d'une famille en comptant neuf, il est le fils aßné de Francis Johnson, un anglophone d'ascendance irlandaise[Note 1], et de Marie-Adéline Daniel, une francophone.

Le pĂšre de Daniel Johnson est trĂšs actif dans son milieu. Organisateur pour le Parti conservateur, ses liens avec le parti d'opposition lui coĂ»tent cependant trĂšs cher. À cette Ă©poque oĂč le Parti libĂ©ral domine la scĂšne politique au QuĂ©bec, les emplois sont rĂ©servĂ©s aux partisans libĂ©raux[2]. Cette situation empĂȘche le pĂšre Johnson de trouver un emploi, et mĂȘme d'obtenir de l'assistance publique. Ceci place toute sa famille dans une grande prĂ©caritĂ© financiĂšre. Ainsi, Francis Johnson doit collectionner les petits emplois pour tenter de joindre les deux bouts. Commis dans une ferronnerie, il est Ă©galement vendeur d'assurance et de machines Ă  laver[3].

Malgré l'esprit de solidarité et la piété religieuse dans lesquels il grandit, Daniel Johnson reste profondément marqué par la misÚre et les privations de ses premiÚres années.

Études

En 1928, Daniel Johnson fait son entrĂ©e au CollĂšge Antoine-Girouard de Saint-Hyacinthe[4]. ÉlĂšve brillant, dotĂ© d'une excellente mĂ©moire, il se retrouve en tĂȘte de classe. Sociable, il cultive ses relations et s'engage dans plusieurs activitĂ©s parascolaires. Il est notamment membre de l'acadĂ©mie Girouard, cercle littĂ©raire du sĂ©minaire rattachĂ© Ă  l'Association catholique de la jeunesse canadienne-française (ACJC). Au cours de ces annĂ©es d'Ă©tudes, Johnson fait la connaissance d'un autre sĂ©minariste avec qui il partagera un destin en politique : Jean-Jacques Bertrand[5].

Dans un premier temps, Johnson se destine Ă  la prĂȘtrise. Toutefois, tandis qu'il prĂ©pare sa vocation religieuse, le QuĂ©bec se retrouve plongĂ© dans la pire crise Ă©conomique de son histoire. Ce contexte de Grande dĂ©pression amĂšne le jeune Johnson Ă  s'intĂ©resser aux questions sociales, Ă©conomiques et politiques. Au printemps 1935, il termine son cours classique. Sa famille Ă©tant toujours sans argent, il reçoit toutefois l'aide d'une gĂ©nĂ©reuse bienfaitrice : une amie de sa mĂšre, la veuve Huot, Ă©pouse d'un riche mĂ©decin de Granby et belle-sƓur d'un investisseur du secteur minier en Abitibi. Elle dĂ©cide de prendre sous aile le jeune homme et de lui payer ses Ă©tudes. Daniel Johnson fait ainsi son entrĂ©e au Grand sĂ©minaire Ă  l'automne 1935[6].

MalgrĂ© son cheminement en thĂ©ologie, Daniel Johnson est de plus en plus attirĂ© par la politique. L'apparition d'un nouveau parti fondĂ© par Maurice Duplessis – l'Union nationale –, la dĂ©faite du Parti libĂ©ral aux Ă©lections de 1936, et la mort de la mĂšre de Johnson (emportĂ©e par la tuberculose Ă  l'Ă©tĂ© 1937) lui font remettre ses choix en question. En septembre 1937, il dĂ©cide d'abandonner ses Ă©tudes en thĂ©ologie et d'opter pour le droit[7]. Or, ce choix survient Ă  un moment oĂč la session universitaire est dĂ©jĂ  commencĂ©e. Pour pouvoir s'inscrire en droit, Johnson doit obtenir une permission spĂ©ciale du bĂątonnier gĂ©nĂ©ral. Celui-ci, en 1937, n'est nul autre que Maurice Duplessis. C'est de cette maniĂšre que Johnson rencontre pour la premiĂšre fois le premier ministre. GrĂące Ă  sa permission, Daniel Johnson fait son entrĂ©e Ă  la facultĂ© de droit de l'UniversitĂ© de MontrĂ©al[8].

FidÚle à ses habitudes, Daniel Johnson s'investit dans de nombreuses activités parascolaires. Il s'implique dans la Fédération des étudiants catholiques et dans l'Union des jeunesses catholiques du Canada. Il est aussi élu président de l'association des étudiants de l'Université de Montréal et écrit dans le Quartier latin. Il participe à des conférences internationales, comme celle du World Student Relief, organisme chargé de l'aide aux prisonniers et aux étudiants victimes de la guerre, et au congrÚs de Pax Romana, organisme cherchant à favoriser la coopération internationale entre étudiants catholiques[9]. Enfin, comme la majorité des jeunes de sa génération, il milite contre la conscription[10].

Avocat et militant de l'Union nationale

Aux Ă©lections de 1939, Daniel Johnson est invitĂ© par un ancien confrĂšre de Saint-Hyacinthe, AndrĂ© Dumont, Ă  participer Ă  la campagne de l'Union nationale dans la circonscription de Bagot[Note 2]. À l'issue du scrutin, l'Union nationale de Maurice Duplessis est battue par le Parti libĂ©ral d'AdĂ©lard Godbout, tout comme le candidat unioniste dans Bagot par le libĂ©ral Cyrille Dumaine. MalgrĂ© la dĂ©faite, l'expĂ©rience est dĂ©terminante pour Daniel Johnson. Ses ambitions politiques se tournent dĂ©sormais vers cette circonscription de Bagot[11].

En juillet 1940, Johnson devient officiellement avocat. Il exerce d'abord Ă  MontrĂ©al dans un cabinet du quartier des affaires sur la rue Saint-Jacques. En parallĂšle, il cherche Ă  s'implanter durablement dans Bagot. Il ouvre donc un deuxiĂšme bureau d'avocat Ă  Acton Vale, oĂč il passe ses fins de semaine.

En 1942, il entre dans un nouveau cabinet dont le principal avocat est Jonathan Robinson, dĂ©putĂ© unioniste de la circonscription de Brome Ă  l'AssemblĂ©e lĂ©gislative. Le cabinet de Johnson est prospĂšre et s'occupe notamment des intĂ©rĂȘts du colonel Robert McCormick, riche industriel amĂ©ricain, propriĂ©taire du New York Times et du Chicago Tribune et fondateur de la ville de Baie-Comeau sur la CĂŽte-Nord. Il y exploite Ă©galement de vastes concessions forestiĂšres accordĂ©es par le gouvernement du QuĂ©bec. Il est aussi, enfin, un ami de Maurice Duplessis. Ces rencontres permettent ainsi Ă  Daniel Johnson de tisser des liens Ă©troits avec plusieurs figures influentes, et surtout avec l'Union nationale[12].

Député de Bagot

En 1946, le député Cyrille Dumaine meurt subitement. La circonscription de Bagot se retrouve alors sans député, forçant la tenue d'une élection partielle pour le remplacer. Daniel Johnson profite de l'occasion pour proposer sa candidature à Maurice Duplessis, redevenu premier ministre deux ans auparavant. Celui-ci refuse, jugeant que Johnson est « trop jeune »[13]. Johnson accepte difficilement la décision du premier ministre. Lui écrivant une lettre dans laquelle il lui réitÚre sa loyauté, Maurice Duplessis revient sur sa décision. Il accepte de tenir une assemblée d'investiture, permettant à Johnson de faire ses preuves auprÚs des électeurs de Bagot. Finalement, le jeune avocat de 31 ans est choisi comme candidat[14].

À cette Ă©poque, Bagot est une circonscription fermement attachĂ©e au Parti libĂ©ral. À l'exception de la victoire de l'unioniste Philippe Adam Ă  une Ă©lection partielle en 1938, Bagot demeure libĂ©rale depuis 1900. Ainsi, la campagne dans Bagot, comme celle dans Beauce en 1945 et plus tard celle dans Huntingdon en 1947, devient pour l'Union nationale l'occasion de prouver qu'elle sait rallier la population dans sa lutte contre la centralisation d'Ottawa. Au terme d'une campagne marquĂ©e par l'appui de plusieurs unionistes (Maurice Bellemare, le ministre Paul SauvĂ© et Maurice Duplessis lui-mĂȘme), le , Daniel Johnson est Ă©lu dĂ©putĂ© de Bagot avec une majoritĂ© de plus de 1 140 voix[15] - [Note 3].

Élu, Daniel Johnson devient la voix d'une nouvelle gĂ©nĂ©ration au sein l'Union nationale. Le « dĂ©putĂ© promis Ă  un brillant avenir » apparaĂźt rĂ©guliĂšrement aux cĂŽtĂ©s de son chef dans les assemblĂ©es politiques et dĂ©fend ses positions[16]. En 1953, Ă  la suite d'un drame personnel particuliĂšrement douloureux, mettant son mariage Ă  rude Ă©preuve, Daniel Johnson passe prĂšs de quitter la politique. Toutefois, Maurice Duplessis dĂ©cide de prendre le jeune dĂ©putĂ© sous son aile. Il le nomme son secrĂ©taire parlementaire. Deux ans plus tard, le , Johnson devient le nouveau vice-prĂ©sident de l'AssemblĂ©e lĂ©gislative. Cette position stratĂ©gique lui permet d'approfondir sa comprĂ©hension des rouages de la machine gouvernementale. Responsable du bon dĂ©roulement des dĂ©bats, il peut ainsi dĂ©couvrir le contenu des budgets de chacun des ministĂšres, dans leurs dĂ©tails. Il occupe ces fonctions durant trois ans, au cours desquelles il devient un maĂźtre de la procĂ©dure parlementaire, comme son chef[17].

Ministre des Ressources hydrauliques

Le , Daniel Johnson fait son entrĂ©e au cabinet de Maurice Duplessis en tant que ministre des Ressources hydrauliques[18] - [Note 4]. Cette entrĂ©e coĂŻncide avec celle d'un autre jeune dĂ©putĂ©, Jean-Jacques Bertrand de Missisquoi, comme ministre des Terres et ForĂȘts[19].

Quelques mois plus tard, Daniel Johnson se retrouve Ă©claboussĂ© par le scandale du gaz naturel. Dans cette affaire rĂ©vĂ©lĂ©e par Le Devoir, des gens haut placĂ©s dans le gouvernement Duplessis ont profitĂ© d'une information inconnue du grand public (la vente du rĂ©seau public de gaz naturel Ă  une corporation privĂ©e) pour rĂ©aliser un dĂ©lit d'initiĂ©, et ce, Ă  partir de la vente d'une propriĂ©tĂ© de l'État Ă  des intĂ©rĂȘts privĂ©s. Parmi ces personnes se trouve le jeune ministre. AprĂšs avoir achetĂ© 150 actions Ă  un prix unitaire de 140 $, Daniel Johnson aurait rĂ©alisĂ© un profit de 5 250 $ en un peu moins de 7 semaines. Ce scandale nuit considĂ©rablement Ă  sa rĂ©putation[20].

Le 7 septembre 1959, Maurice Duplessis meurt. Cette mort bouleverse le gouvernement unioniste. Paul Sauvé est choisi comme nouveau premier ministre. Cependant, le 2 janvier 1960, Paul Sauvé meurt à son tour. Un nouveau chef est choisi dans la hùte. Il s'agit d'Antonio Barrette, ministre du Travail depuis 1944. Malgré ces changements, Daniel Johnson conserve son poste jusqu'aux élections de 1960.

Élections de 1960

Le 22 juin 1960, l'Union nationale d'Antonio Barrette est battue par le Parti libĂ©ral de Jean Lesage. Une fois la poussiĂšre retombĂ©e, quelques jours avant le dĂ©but de la session parlementaire en septembre 1960, Antonio Barrette annonce qu'il quitte la direction de l'Union nationale. Il annonce, du mĂȘme coup, la tenue d'un congrĂšs Ă  sa succession Ă  l'automne 1961[21].

De son cÎté, malgré le scandale du gaz naturel, Daniel Johnson est réélu dans Bagot en juin 1960. Bien qu'il se retrouve dans l'opposition, l'annonce de la tenue du congrÚs à la chefferie de l'Union nationale devient pour lui l'occasion de s'affirmer dans tous les débats à l'Assemblée législative. Il cherche à se présenter comme un futur chef potentiel. Dans la foulée de cette nouvelle, en novembre 1960, Daniel Johnson crée une polémique qui éclabousse le nouveau gouvernement. S'appuyant sur des informations compromettantes, le député de Bagot accuse le Parti libéral d'avoir fait circuler de faux billets de banque durant la derniÚre campagne électorale, dans le but d'acheter des votes et de trafiquer les élections[22].

Cette affaire, surnommĂ©e « l'affaire des faux billets », finit toutefois par se retourner contre les principaux intĂ©ressĂ©s[23]. En rĂ©ponse Ă  cette accusation, Georges-Émile Lapalme, alors procureur gĂ©nĂ©ral, rĂ©vĂšle que, selon les informations obtenues de la Gendarmerie royale, ces fameux billets avaient Ă©tĂ© mis en circulation non par des organisateurs libĂ©raux mais par des organisateurs unionistes[24]. Cette rĂ©vĂ©lation vient entacher Ă  nouveau la rĂ©putation de Daniel Johnson. Elle inspire au caricaturiste Normand Hudon un nouveau personnage : Danny Boy, « un cowboy aux allures de bandit bourru, armĂ© d’un lasso et de revolvers, tirant dans toutes les directions[25] ».

À cette caricature (qui hantera Daniel Johnson pendant des annĂ©es) s'ajoute un nouveau revers pour l'Union nationale : la tenue d'une enquĂȘte sur la corruption du gouvernement Duplessis – la commission Salvas.

Succession d'Antonio Barrette

Dans la course Ă  la succession d'Antonio Barrette, Daniel Johnson doit faire face Ă  un rival de plus en plus influent : Jean-Jacques Bertrand.

Au sein de l'Union nationale, à cette époque, Jean-Jacques Bertrand incarne la tendance réformiste. Sa réputation d'homme intÚgre et ses discours nationalistes rallient une majorité de jeunes. Il obtient aussi l'appui de la veuve de Paul Sauvé et de l'épouse d'Antonio Barrette. L'un des objectifs de Bertrand est de libérer le parti de l'emprise de certains souscripteurs devenus trop puissants, trop ùgés et trop réfractaires aux changements souhaités pour la société québécoise[26].

De son cĂŽtĂ©, Daniel Johnson incarne la tendance conservatrice de l'Union nationale. S'il ne s'oppose pas en principe aux rĂ©formes proposĂ©es par Bertrand, l'ancien ministre des Ressources hydrauliques concentre surtout ses attaques sur le Parti libĂ©ral, avec un ton et un style combatif rappelant beaucoup celui de Maurice Duplessis. Dans l'ensemble, Johnson favorise plutĂŽt la continuitĂ© et le maintien avec les anciennes façons de faire d'avant 1960 : le maintien du systĂšme scolaire confessionnel, la dĂ©fense de l'entreprise privĂ©e, la limitation de l'intervention de l'État. Il rĂ©colte les appuis des membres plus ĂągĂ©s du parti, parmi lesquels se trouvent l'ancien trĂ©sorier GĂ©rald Martineau et l'ancien organisateur en chef Joseph-Damase BĂ©gin[27].

Johnson est donnĂ© favori au dĂ©part. Cependant, Ă  l'approche du congrĂšs, l'Ă©cart entre les deux principaux candidats se resserre. AprĂšs une chaude lutte, Daniel Johnson est Ă©lu chef de l'Union nationale avec 1 006 voix contre 912 pour Bertrand[Note 5].

Chef de l'opposition

Malgré la victoire de Johnson, les tensions entre lui et le groupe de Jean-Jacques Bertrand persistent. En 1962, le gouvernement Lesage annonce son intention de déclencher des élections anticipées sur la nationalisation de l'hydroélectricité. La position du gouvernement est claire : un vote pour le Parti libéral est un vote pour la nationalisation. Chez les unionistes, la question divise. Daniel Johnson s'y oppose et réclame que l'on étudie davantage les coûts de l'opération. Jean-Jacques Bertrand l'approuve. En réaction, Johnson finit par accepter une nationalisation partielle du réseau, mais sans enlever le contrÎle aux entreprises privées.

L'Ă©lection s'avĂšre difficile pour l'Union nationale. Bien qu'il demeurĂąt Ă  la tĂȘte d'un parti trĂšs puissant, Daniel Johnson peine Ă  se dĂ©gager des scandales et de l'image nĂ©gative entretenue par la presse, par ses adversaires et par les rĂ©vĂ©lations de la commission Salvas. Cette image se voit ternir encore en fin de campagne avec « l'affaire des faux certificats » : le nouvel organisateur en chef de l’Union nationale, AndrĂ© Lagarde, est accusĂ© d’avoir produit 4 000 faux certificats d’électeurs pour faire Ă©lire les dĂ©putĂ©s Paul Dozois et Edgar Charbonneau[28]. Le 11 novembre, un dĂ©bat tĂ©lĂ©visĂ© (le premier de l'histoire du Canada) entre Daniel Johnson et Jean Lesage est organisĂ© Ă  Radio-Canada. Manquant de prĂ©paration pour apprivoiser ce nouveau mĂ©dium, Daniel Johnson laisse une mauvaise impression aux tĂ©lĂ©spectateurs. À l'issue de cette campagne, une grande partie de la population rĂ©itĂšre sa confiance Ă  l'« Ă©quipe du tonnerre » de Jean Lesage. Le Parti libĂ©ral est ainsi rĂ©Ă©lu avec 62 siĂšges (56,4 % des voix), devant l’Union nationale, chutant Ă  31 siĂšges (42,15 % des voix)[29].

De 1963 à 1964, Daniel Johnson traverse la pire période de sa carriÚre. Cherchant sa voie, lors d'une visite à l'opéra de Paris à l'automne 1964, il est victime d'une crise cardiaque. Cet événement le force à se remettre en question. Toujours brouillé avec Jean-Jacques Bertrand et son groupe, en décembre 1964, il décide de se réunir avec ses députés et ses conseillers dans un hÎtel de Mont-Gabriel, dans les Laurentides. Les débats sont trÚs vifs, et les reproches qui lui sont adressés sont nombreux. AprÚs de longues discussions, Johnson finit par se réconcilier avec Bertrand. Retrouvant son leadership tout en acceptant la nouvelle réalité au sein de son parti, Daniel Johnson confie alors à ses collaborateurs Mario Beaulieu et Marcel Masse la tenue d'un congrÚs qui marquera un tournant dans l'histoire du parti : les assises de l'Union nationale.

Assises de l'Union nationale de 1965

Les assises de l'Union nationale sont une sorte de grand congrĂšs ouvert Ă  tous, se dĂ©roulant du 18 au 20 mars 1965. L'Ă©vĂ©nement accueille une panoplie d'experts et de personnalitĂ©s de divers horizons pour discuter avec les Ă©lus, afin de donner Ă  l'Union nationale une vision nouvelle et distincte des sujets de l'heure. Pour inaugurer les assises, Daniel Johnson fait paraĂźtre un livre : ÉgalitĂ© ou indĂ©pendance. Dans ce livre, il expose son cheminement sur la question constitutionnelle. Il se prononce en faveur de l'autodĂ©termination du QuĂ©bec, rĂ©sumant sa position en paraphrasant l'ancien premier ministre canadien Mackenzie King lors de la crise de la conscription : « l'indĂ©pendance si nĂ©cessaire, mais pas nĂ©cessairement l'indĂ©pendance[30] ». Johnson exige Ă©galement la pleine reconnaissance d’un Canada Ă  deux nations, deux cultures, rejetant la formule Fulton-Favreau appuyĂ©e par les libĂ©raux.

À la fin des assises, l'Union nationale se retrouve avec un programme nouveau, marquant une rupture nette avec l'Ă©poque de Duplessis. Il se fait plus interventionniste. Il propose notamment de rapatrier tous les impĂŽts au QuĂ©bec, de crĂ©er de nouveaux ministĂšres (immigration, loisirs et planification Ă©conomique), d’établir un rĂ©gime complet d’assurance maladie, d’instaurer la gratuitĂ© scolaire Ă  tous les niveaux, d’adopter une loi anti-briseurs de grĂšve, de crĂ©er un fonds industriel quĂ©bĂ©cois et d’adopter une dĂ©claration des droits de l’homme[31].

L’Union nationale sort donc de ce congrĂšs avec un nouveau programme, une nouvelle Ă©quipe, une nouvelle image et, surtout, une solution originale Ă  la question nationale qui tenait compte de l’évolution du QuĂ©bec et de la montĂ©e du nationalisme. Ces assises constituent, selon l'historien Pierre B. Berthelot, « le moment oĂč l’Union nationale s’est convertie Ă  la RĂ©volution tranquille et oĂč elle a tournĂ© le dos Ă  son fondateur[32] ».

En parallÚle à ces assises, Daniel Johnson embauche des conseillers en communication pour se refaire une image. Il est soumis à un régime alimentaire strict. Il change également sa garde-robe, délaissant les complets amples alourdissant sa silhouette pour des complets sobres, taillés sur mesure. Enfin, il opte pour toujours porter ses lunettes en public.

Élections de 1966

En , de nouvelles élections sont déclenchées. Malgré une nette amélioration de l'image de l'Union nationale et de Daniel Johnson auprÚs du public, les sondages donnent alors une avance considérable au Parti libéral de Jean Lesage[33].

Le Parti libĂ©ral centre sa campagne autour de son chef Jean Lesage, dĂ©laissant l'image de marque de l'Ă©quipe du tonnerre. En rĂ©action, l'Union nationale dĂ©cide de suivre une stratĂ©gie totalement opposĂ©e. PlutĂŽt que de faire une campagne nationale, derriĂšre son slogan « QuĂ©bec d'abord », Johnson dĂ©cide de faire porter la campagne sur le terrain, au niveau local[34]. La campagne dirigĂ©e par Mario Beaulieu voit alors les organisateurs concentrer leurs efforts en fonction des intĂ©rĂȘts de chaque circonscription[35]. Cette stratĂ©gie s'avĂšre fructueuse, notamment grĂące au mĂ©contentement causĂ© par les rĂ©formes scolaires dans plusieurs rĂ©gions rurales[36].

Le scrutin se tient le 5 juin 1966. Au dĂ©but de la soirĂ©e, les premiers rĂ©sultats donnent une grande avance au Parti libĂ©ral. Progressivement, il est rattrapĂ© par l’Union nationale. Puis, au courant de la nuit, bĂ©nĂ©ficiant d'une carte Ă©lectorale lui Ă©tant favorable, l’Union nationale remporte la victoire avec 56 siĂšges (avec seulement 41 % des voix), passant devant les 50 siĂšges rĂ©coltĂ©s par le Parti libĂ©ral (malgrĂ© 47 % des appuis).

Premier ministre du Québec (1966-1968)

Daniel Johnson en 1967.

La victoire de l'Union nationale provoque la surprise. Les libĂ©raux s'attendaient Ă  une rĂ©Ă©lection facile. Au sein de la fonction publique, plusieurs hauts fonctionnaires craignaient que cette victoire ne signifie la fin des rĂ©formes et le retour aux annĂ©es Duplessis dans tout ce qu’elles avaient de plus dĂ©testable. La surprise se fait Ă©galement ressentir dans les rangs de l’Union nationale. Au lieu de mettre un terme Ă  la RĂ©volution tranquille, Daniel Johnson annonce dĂšs le lendemain de sa victoire qu'il a l'intention de continuer dans la mĂȘme voie que ses prĂ©dĂ©cesseurs[37].

Le mandat de Daniel Johnson est d'abord marqué par des réformes sociales. En éducation, Daniel Johnson donne suite au rapport Parent et décide de créer un nouveau réseau de collÚges offrant des formations générales et professionnelles : les cégeps. Il s'inspire également d'un modÚle d'université californien pour créer une nouvelle université de langue française à Montréal : l'Université du Québec, aujourd'hui connue sous le nom d'Université du Québec à Montréal (UQAM)[38]. Cette premiÚre institution inaugurera le réseau d'enseignement de l'Université du Québec.

Les rĂ©formes se poursuivent aussi en santĂ©, avec la tenue de la Commission d’enquĂȘte sur la santĂ© et le bien-ĂȘtre social (commission Castonguay-Nepveu), qui mĂšnera Ă  la crĂ©ation d’un rĂ©gime d’assurance maladie. Dans le domaine culturel, Daniel Johnson crĂ©e un premier poste de tĂ©lĂ©vision national quĂ©bĂ©cois, Radio-QuĂ©bec, donnant vie ainsi Ă  un vieux projet de loi de Duplessis remontant Ă  1945.

Dans le domaine industriel, Daniel Johnson continue l’intervention de l'État en crĂ©ant Sidbec (devenue ensuite Sidbec-Dosco) et la SOQUIP, suivant les mĂȘmes efforts accomplis par Lesage dans le domaine minier avec la SOQUEM en 1965. Dans le domaine Ă©conomique, il crĂ©e un Office de planification du QuĂ©bec et tente de rapatrier l'entiĂšretĂ© de la fiscalitĂ© au QuĂ©bec. Malheureusement, dans la plupart des cas (par exemple, la crĂ©ation de Sidbec devant mener au dĂ©veloppement d'une sidĂ©rurgie quĂ©bĂ©coise), ces initiatives ne mĂšneront pas aux buts visĂ©s[39].

En relations internationales, Daniel Johnson dĂ©veloppe une relation privilĂ©giĂ©e avec le prĂ©sident de la France, Charles de Gaulle. Le fruit de leurs relations mĂšnera en juillet 1967 Ă  la visite du gĂ©nĂ©ral de Gaulle au QuĂ©bec, dans le cadre de l'Expo 67. Cette visite, qui devait ĂȘtre officiellement une visite du prĂ©sident de la France au Canada, se transforme en Ă©vĂ©nement historique. ArrivĂ© Ă  MontrĂ©al, le gĂ©nĂ©ral de Gaulle prononce un discours qui passera Ă  l'histoire, dans lequel il dĂ©clare : « Vive le QuĂ©bec libre ! ».

Visite Ă  Manic-5

Le barrage Daniel-Johnson Ă  Manic-5.

Le , Daniel Johnson se rend Ă  Manic-5 pour inaugurer le barrage dont il avait approuvĂ© la construction, une dizaine d’annĂ©es plus tĂŽt. Le complexe doit ĂȘtre inaugurĂ© le lendemain. En compagnie d'autres dignitaires, Daniel Johnson est accueilli dans une rĂ©ception chaleureuse, oĂč il paraĂźt d'excellente humeur. Serrant la main de l'ancien premier ministre Jean Lesage et d'un futur premier ministre, RenĂ© LĂ©vesque, Johnson dit Ă  la blague : « Je vous ai enfin rĂ©unis! ». À la suite de cette rĂ©ception, Johnson va se coucher.

Le lendemain matin, il est frappĂ© par une crise cardiaque. Celle-ci sera sa derniĂšre. Daniel Johnson meurt dans son lit, le , Ă  l’ñge de 53 ans[40].

La mort de Daniel Johnson cause un grand choc dans le monde politique quĂ©bĂ©cois. Encore une fois, l'Union nationale perd son chef Ă  un moment critique de son histoire. Avec sa mort s’envole Ă©galement la position dĂ©veloppĂ©e dans ÉgalitĂ© ou indĂ©pendance. À partir de ce moment, les problĂšmes vont s’abattre non seulement sur l’Union nationale, mais sur le QuĂ©bec en entier. Ces problĂšmes Ă©choueront Ă  son ancien rival, Jean-Jacques Bertrand, qui lui succĂšde comme chef de l'Union nationale et comme premier ministre du QuĂ©bec[41].

Daniel Johnson est enterré le au cimetiÚre de Saint-Pie-de-Bagot[42].

Postérité

Hommages

Plaque du barrage Daniel-Johnson.

Le 26 septembre 1969, lors du premier anniversaire du décÚs de Johnson, Jean-Jacques Bertrand dévoile une plaque commémorative renommant le barrage de Manic-5 barrage Daniel-Johnson[43].

À Laval, le boulevard Daniel-Johnson, dans le quartier de Chomedey, a Ă©tĂ© crĂ©Ă© en son honneur. À Danville, sa ville natale, la rue principale est rebaptisĂ©e « Rue Daniel-Johnson ». D'ailleurs, Ă  cet effet, la rue Saint-AimĂ©, une petite ruelle oĂč se trouvait l'une des maisons oĂč il fut Ă©levĂ©, est perpendiculaire Ă  la rue rebaptisĂ©e en son nom. En , il est intronisĂ© au Danville Select Club, qui honore les personnages danvillois cĂ©lĂšbres et prestigieux de naissance ou d'adoption des domaines politiques, diplomatiques, sportifs, sociaux, scientifiques ou artistiques. De plus, une Ă©cole secondaire situĂ©e dans l'est de MontrĂ©al porte son nom depuis son ouverture en 1969.

Aujourd'hui des parcs portent son nom dans les villes de Montréal, Gatineau, Longueuil, Granby, Saint-Hyacinthe et Saint-Charles-Borromée. De plus, des rues ont été nommées en son honneur à Québec, Mirabel et Vaudreuil-Dorion. Finalement, un pont et un boulevard portent son nom à Saint-Pie.

Soupçons concernant sa mort

Selon les sources de l'Ă©poque, Daniel Johnson est mort d'une crise cardiaque durant son sommeil, sans tĂ©moin ni mĂ©decin, alors qu'il Ă©tait en forme la veille, et qu'il avait donnĂ© une confĂ©rence de presse oĂč il Ă©voquait sa santĂ©. Il avait dĂ©jĂ  subi une crise cardiaque le , qui l'avait obligĂ© Ă  rĂ©duire ses activitĂ©s[44].

En , le journaliste Pierre Schneider affirme sur le site indépendantiste Vigile Québec que cette mort est en fait un assassinat par le biais d'un empoisonnement du verre de vin de Johnson, ce qu'aurait confirmé une amie de Johnson, qui aurait partagé ce vin. Cet assassinat aurait été motivé par la volonté de Johnson de déclarer l'indépendance du Québec[45]. Ces accusations ont été reprises par Richard Le Hir, homme politique administrateur de Vigile Québec, dans la revue Méthode[46].

De son cĂŽtĂ©, selon le biographe Pierre Godin, Daniel Johnson avait demandĂ© d'ĂȘtre soumis Ă  une autopsie aprĂšs son dĂ©cĂšs. Se rappelant les rumeurs de suicide ou d'empoisonnement ayant circulĂ© Ă  la suite de la mort de Duplessis, Johnson avait voulu Ă©viter de reproduire les mĂȘmes Ă©chos et Ă©pargner ainsi sa famille[47]. Les rĂ©sultats de l'autopsie, rĂ©vĂ©lĂ©s le 3 octobre 1968, indiquaient que le premier ministre Ă©tait mort d'une thrombose coronaire[48].

Vie privée et famille

Daniel Johnson avait une sƓur aĂźnĂ©e, Évelyne, nĂ©e Ă  Granby mais morte en bas Ăąge, emportĂ©e par la tuberculose. Outre Daniel, la famille Johnson comptait quatre filles – Madeleine, Claire, Viviane et Doris – et trois garçons – RĂ©ginald, Maurice et Jacques[3].

Daniel Johnson Ă©pouse Reine GagnĂ© le . Fille d'Horace GagnĂ©, avocat et ex-candidat conservateur dans Vaudreuil—Soulanges aux Ă©lections fĂ©dĂ©rales de 1935, Reine GagnĂ© avait Ă©tudiĂ© Ă  l'UniversitĂ© de MontrĂ©al, oĂč elle avait collaborĂ© pour Le Quartier latin.

Au début des années 1950, à la suite de l'entrée en politique de Daniel Johnson, le mariage du couple commence à battre de l'aile. Le , Reine Johnson est victime d'un attentat. Ayant pris pour amant un dénommé Bertrand Dussault, journaliste à Radio-Canada, celui-ci la confronte en exigeant qu'elle quitte son mari pour venir avec lui. Refusant de le suivre, Reine Johnson repousse Dussault. Désemparé, celui-ci brandit un revolver et tire en direction de la femme, l'atteignant sans toutefois la tuer, puis retourne l'arme contre lui. Ce drame poussera Daniel Johnson au bord du gouffre sur les plans personnel et professionnel. Se rendant chez son chef, Maurice Duplessis, il lui offre sa démission. Toutefois, Duplessis refusera la démission de Johnson et choisit plutÎt de le prendre sous son aile.

Toutefois au premier ministre Maurice Duplessis, qui la refuse et use de son influence pour étouffer l'affaire. Seul le journal La Presse rapporte alors l'événement dans un court filet et sans mentionner le nom complet de la victime, ce qui préserve la réputation du député[49].

Plusieurs membres de la famille de Daniel Johnson ont fait carriĂšre en politique. Son frĂšre Maurice Johnson a Ă©tĂ© dĂ©putĂ© fĂ©dĂ©ral de Chambly—Rouville de 1958 Ă  1962.

Ses deux fils ont militĂ© au sein de l'Union nationale avant de s'engager Ă  leur tour. Pierre Marc Johnson s'est investi dans le Parti quĂ©bĂ©cois. Élu dĂ©putĂ© d'Anjou en 1976, il a ensuite occupĂ© diverses fonctions dans le gouvernement de RenĂ© LĂ©vesque. AprĂšs le dĂ©part de RenĂ© LĂ©vesque en juin 1985, il lui succĂšde comme chef du Parti quĂ©bĂ©cois et comme premier ministre du QuĂ©bec. À la suite des Ă©lections de dĂ©cembre 1985, il devient chef de l'opposition et le demeure jusqu'Ă  son dĂ©part de la vie politique, en novembre 1987.

De son cĂŽtĂ©, Daniel Johnson, fils, s'est engagĂ© dans le Parti libĂ©ral. Élu dĂ©putĂ© de Vaudreuil-Soulanges en 1981, il brigue ensuite la direction de son parti en 1983. Les libĂ©raux revenus au pouvoir en 1985, Daniel Johnson remplit diffĂ©rents mandats dans le gouvernement de Robert Bourassa. En janvier 1994, il succĂšde Ă  Robert Bourassa comme chef du Parti libĂ©ral et comme premier ministre du QuĂ©bec. DĂ©fait aux Ă©lections de septembre 1994, il devient chef de l'opposition. Il conserve ces fonctions jusqu'Ă  son dĂ©part de la vie politique en mai 1998.

RĂ©sultats Ă©lectoraux

RĂ©sultats Ă©lectoraux de Daniel Johnson

Élection partielle quĂ©bĂ©coise de 1946 dans Bagot [50] ↑
Nom Parti Nombre
de voix
% Maj.
Daniel Johnson Union nationale 4 725 56,6 % 1 140
Joseph-Fortunat-Roland Bailly LibĂ©ral 3 585 42,9 % -
Georges De Grandpré Indépendant 40 0,5 % -
Total 8 350 100 %
Élection gĂ©nĂ©rale quĂ©bĂ©coise de 1948 dans Bagot [51] ↑
Nom Parti Nombre
de voix
% Maj.
Daniel Johnson (sortant) Union nationale 5 220 59,5 % 1 925
Hermas Cardin LibĂ©ral 3 295 37,6 % -
Louis Vadnais Union des Ă©lecteurs 254 2,9 % -
Total 8 769 100 %
Élection gĂ©nĂ©rale quĂ©bĂ©coise de 1952 dans Bagot [52] ↑
Nom Parti Nombre
de voix
% Maj.
Daniel Johnson (sortant) Union nationale 5 126 57,8 % 1 381
J.-O.-Henri Messier LibĂ©ral 3 745 42,2 % -
Total 8 871 100 %
Élection gĂ©nĂ©rale quĂ©bĂ©coise de 1956 dans Bagot [53] ↑
Nom Parti Nombre
de voix
% Maj.
Daniel Johnson (sortant) Union nationale 5 696 61,5 % 2 124
Jean-Roger LabrĂšque LibĂ©ral 3 572 38,5 % -
Total 9 268 100 %
Élection gĂ©nĂ©rale quĂ©bĂ©coise de 1960 dans Bagot [54] ↑
Nom Parti Nombre
de voix
% Maj.
Daniel Johnson (sortant) Union nationale 5 335 55,8 % 1 116
Jean-Roger LabrĂšque LibĂ©ral 4 219 44,2 % -
Total 9 554 100 %
Élection gĂ©nĂ©rale quĂ©bĂ©coise de 1962 dans Bagot [55] ↑
Nom Parti Nombre
de voix
% Maj.
Daniel Johnson (sortant) Union nationale 5 336 55,1 % 989
Hermas Cardin LibĂ©ral 4 347 44,9 % -
Total 9 683 100 %
Élection gĂ©nĂ©rale quĂ©bĂ©coise de 1966 dans Bagot [56] ↑
Nom Parti Nombre
de voix
% Maj.
Daniel Johnson (sortant) Union nationale 6 640 57,7 % 2 074
Hermas Cardin LibĂ©ral 4 566 39,7 % -
Bernard Desrosiers RIN 163 1,4 % -
RĂ©al Doucet Ralliement national 140 1,2 % -
Total 11 509 100 %

RĂ©sultats Ă©lectoraux de l'Union nationale sous Johnson

Ă©lections prĂ©cĂ©dentes ‱ RĂ©sultats des Ă©lections gĂ©nĂ©rales de 1962 [57] ‱ Ă©lections suivantes
Partis Chef Candidats SiĂšges Voix
1960 Élus Nb % +/-
LibĂ©ral Jean Lesage 95 51 63 1 205 253 56,4 % +5,02 %
Union nationale Daniel Johnson (pĂšre) 95 43 31 900 817 42,2 % -4,46 %
Libéral indépendant 10
-
-
11 209 0,5 % 0,13 %
Conservateur 1
-
-
4 255 0,2 % -
Action provinciale 11
-
-
1 445 0,1 % -
Union nationale indépendant 2
-
-
336 0 % -0,03 %
Communiste 1
-
-
71 0 % -0,03 %
IndĂ©pendant 9 1 1 13 581 0,6 % 0,42 %
Total 224 95 95 2 136 967 100 %
Le taux de participation lors de l'Ă©lection Ă©tait de 79,6 % et 29 509 bulletins ont Ă©tĂ© rejetĂ©s.
Il y avait 2 721 933 personnes inscrites sur la liste Ă©lectorale pour l'Ă©lection.
Ă©lections prĂ©cĂ©dentes ‱ RĂ©sultats des Ă©lections gĂ©nĂ©rales de 1966 [58] ‱ Ă©lections suivantes
Partis Chef Candidats SiĂšges Voix
1962 Élus Nb % +/-
Union nationale Daniel Johnson 108 31 56 948 928 40,8 % -1,33 %
LibĂ©ral Jean Lesage 108 63 50 1 099 435 47,3 % -9,11 %
RIN Pierre Bourgault 73
-
-
129 045 5,6 % -
Ralliement national René Jutras et Laurent Legault 90
-
-
74 670 3,2 % -
Conservateur 4
-
-
6 183 0,3 % -0,07 %
Socialiste[59] Jean-Marie BĂ©dard 5
-
-
1 090 0 % -
Communiste 4
-
-
502 0 % +0,02 %
Droit vital 1
-
-
417 0 % -
DĂ©mocratisation Ă©conomique 1
-
-
125 0 % -
IndĂ©pendant 18 1 2 59 787 2,6 % +2,15 %
Sans désignation[60] 6
-
-
4 647 0,2 % -
Total 418 95 108 2 324 829 100 %
Le taux de participation lors de l'Ă©lection Ă©tait de 73,6 % et 45 681 bulletins ont Ă©tĂ© rejetĂ©s.
Il y avait 3 222 302 personnes inscrites sur la liste Ă©lectorale pour l'Ă©lection.

Bibliographie

  • Jean-Louis Laporte, Daniel Johnson, cet inconnu, Beauchemin, MontrĂ©al, 1968, 112 pages[61]
  • Paul Gros d'Aillon[62], Daniel Johnson - l'Ă©galitĂ© avant l'indĂ©pendance, StankĂ©, MontrĂ©al, 1979, 257 pages (ISBN 2-7064-0030-1) Ă©ditĂ© erronĂ©[63] (OCLC 6197388)
  • Pierre Godin, Daniel Johnson, Éditions de l'Homme, MontrĂ©al, 1980
    • tome 1 : 1946-1964 la passion du pouvoir, 456 pages, (ISBN 2-7619-0112-6)
    • tome 2 : 1964-1968 la difficile recherche de l'Ă©galitĂ©, 403 pages, (ISBN 2-7619-0114-2)
  • Pierre Godin, La fin de la grande noirceur, BorĂ©al, (ISBN 978-2-89052-380-7, OCLC 757665031, lire en ligne)
  • Robert Comeau, Michel LĂ©vesque et Yves BĂ©langer, Daniel Johnson : RĂȘve d'Ă©galitĂ© et projet d'indĂ©pendance, Sillery, Presses de l'UniversitĂ© du QuĂ©bec, , 451 p. (ISBN 2-7605-0632-0, lire en ligne)
    Colloque tenu les 23, 24 et 25 mars 1990 Ă  l'UQAM.
  • Jean Loiselle, Daniel Johnson, le QuĂ©bec d'abord, VLB Éditeurs, MontrĂ©al, 2000[64]
  • Pierre B. Berthelot, Duplessis est encore en vie, Éditions du Septentrion, , 408 p..

Notes et références

Notes

  1. Son ancĂȘtre George Johnson, du comtĂ© de Mayo en Irlande du Sud, arrive au QuĂ©bec en 1843 et s'installe Ă  Tingwick, prĂšs de Warwick, entre Victoriaville et Asbestos.
  2. L'oncle d'André Dumont, Edmour Gagnon, était organisateur de l'Union nationale dans Bagot. Il deviendra plus tard l'organisateur de Daniel Johnson et le suivra tout au long de sa carriÚre, y compris lors de sa derniÚre élection en 1966.
  3. AprÚs cette élection, au début de 1947, il s'installe pour de bon à Saint-Pie.
  4. Cette nomination a été faite en récompense pour son aide apportée aux candidats conservateurs de John Diefenbaker lors des élections fédérales de 1957 et 1958. L'organisation de l'Union nationale avait offert son soutien aux conservateurs lors de ces deux élections.
  5. Dans cette course, on compte également les candidatures d'Yves Gabias (député de Trois-RiviÚres), Maurice Hébert (avocat de Montréal), Raymond Maher (avocat de Québec, défenseur de Wilbert Coffin lors de son procÚs) et Armand Nadeau (maire de Sherbrooke). Gabias et Hébert retireront leur candidature juste avant le vote.

Références

  1. Pierre B. Berthelot, « Daniel Johnson : La face cachée de la Révolution tranquille », Rendez-vous d'histoire de Québec, 15 août 2021.
  2. Berthelot 2021, p. 220.
  3. Godin 1991, p. 19.
  4. Godin 1991, p. 37.
  5. Godin 1991, p. 40.
  6. Godin 1991, p. 40-41.
  7. Godin 1991, p. 45-46.
  8. Godin 1991, p. 30.
  9. Pierre Savard, « Pax Romana, 1935-1962. Une fenĂȘtre Ă©tudiante sur le monde », Les Cahiers des dix, no 47, 1992, p. 279-323. ConsultĂ© le 21 dĂ©cembre 2022.
  10. Godin 1991, p. 29, 46-47.
  11. Godin 1991, p. 17-18.
  12. Godin 1991, p. 23-185.
  13. Godin 1991, p. 32.
  14. Godin 1991, p. 33-34.
  15. Godin 1991, p. 48-56.
  16. Godin 1991, p. 81.
  17. Godin 1991, p. 69-70.
  18. Godin 1991, p. 92-99, 103.
  19. Godin 1991, p. 104-105.
  20. Godin 1991, p. 116-125.
  21. Pierre Laporte, « DĂ©saccord profond avec Martineau, BĂ©gin et Jean Barrette - Cinq semaines "d'Ă©tudes et d'agonie" », Le Devoir,‎ , p. 1-2. (lire en ligne)
  22. Godin 1991, p. 239-240.
  23. « La Gendarmerie royale fera enquĂȘte dans l'affaire des faux billets », MontrĂ©al-Matin, 11 novembre 1960, p. 3. ConsultĂ© le 22 dĂ©cembre 2022.
  24. Pierre Laporte, « L'affaire des faux billets de banque se corse. Le bandit Gérard Gagnon était en communication téléphonique avec Bégin et le Club Renaissance », Le Devoir, 18 novembre 1960, p. 1. Consulté le 22 décembre 2022.
  25. Berthelot 2021, p. 42.
  26. Herbert F. Quinn, The Union Nationale : Quebec Nationalism from Duplessis to LĂ©vesque, University of Toronto Press, 1979, p. 202.
  27. Berthelot 2021, p. 40-41.
  28. Berthelot 2021, p. 44.
  29. Berthelot 2021, p. 45.
  30. Daniel Johnson, ÉgalitĂ© ou indĂ©pendance, 1965, Éditions Renaissance, p. 105-110.
  31. Union nationale, Objectifs 1966 de l’Union nationale : un programme d’action pour une jeune nation, 1966, 32 p.
  32. Berthelot 2021, p. 48-49.
  33. Berthelot 2021, p. 50.
  34. Jean Loiselle, Le Québec d'abord, Québec, vlb éditeur, , 267 p. (ISBN 2-89005-712-7), p. 59
    Jean Loiselle est conseiller des communications de Daniel Johnson à partir de 1965 à la fin de des fonctions de M. Johnson comme Chef de l'Opposition Officielle et durant la campagne électorale de mai-juin 1966. Il devient ultérieurement et successivement pendant les 27 mois de M. Johnson à titre de premier-ministre du Québec, conseiller spécial et Chef de cabinet. Il occupe cette fonction jusqu'au moment du décÚs de l'homme politique.
  35. Alain Lavigne, Lesage. Le chef tĂ©lĂ©gĂ©nique : Le marketing politique de "l'Ă©quipe du tonnerre", Éditions du Septentrion, 2014, p. 150-152.
  36. Pierre Godin, Les frÚres divorcés, Boréal, 1986, p. 32.
  37. Berthelot 2021, p. 51.
  38. Celle-ci ne naßtra cependant qu'aprÚs les événements d'Opération McGill français, en 1969.
  39. Berthelot 2021, p. 52.
  40. « Manic-5 | Un géant de la révolution », sur La Fabrique culturelle (consulté le )
  41. Berthelot 2021, p. 54.
  42. Assemblée nationale du Québec, Daniel JOHNSON (PÈRE), avril 2009. Consulté le 22 décembre 2022.
  43. Gilles Lesage, « M. Bertrand consacre Manic-5 à la mémoire de Daniel Johnson », Le Devoir, 27 septembre 1969, p. 1-2. Consulté le 17 avril 2023.
  44. « DécÚs de Daniel Johnson « Histoire du Québec », sur histoire-du-quebec.ca (consulté le )
  45. Pierre Schneider, « J'accuse les assassins de Daniel Johnson », Vigile QuĂ©bec,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  46. Richard Le Hir, « « Mon ami Johnson » savait-il qu’il jouait dans la cour des Grands », MĂ©thode (revue officielle des Instituts franco-russes),‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  47. Pierre Godin, Daniel Johnson, t. 2 : 1964-1986. La difficile recherche de l'Ă©galitĂ©, Éditions de l'Homme, 1980, p. 380.
  48. Normand Girard, « L'autopsie a Ă©tabli que M. Daniel Johnson Ă©tait mort d'une thrombose coronarienne », Le Soleil,‎ , p. 9. (lire en ligne)
  49. L'affaire est connue dÚs cette époque. Elle est notamment mentionnée dans la biographie de Daniel Johnson par Pierre Godin publiée en 1980 (t. I, p. 57-58). Certains détails ne sont dévoilés qu'au moment de la parution d'une biographie non autorisée de la famille Johnson signée par Benoßt Gignac en janvier 2007. On a tiré sur madame Daniel Johnson.
  50. http://www.assnat.qc.ca/fr/patrimoine/resultatselec/b1.html
  51. http://www.assnat.qc.ca/fr/patrimoine/resultatselec/b1.html
  52. http://www.assnat.qc.ca/fr/patrimoine/resultatselec/b1.html
  53. http://www.assnat.qc.ca/fr/patrimoine/resultatselec/b1.html
  54. http://www.assnat.qc.ca/fr/patrimoine/resultatselec/b1.html
  55. http://www.assnat.qc.ca/fr/patrimoine/resultatselec/b1.html
  56. http://www.assnat.qc.ca/fr/patrimoine/resultatselec/b1.html
  57. Pierre Drouilly, Statistiques électorales du Québec. 1867-1989, Québec, Assemblée nationale du Québec, , 3e éd., 962 p. (ISBN 978-2-551-12466-4)
  58. Pierre Drouilly, Statistiques électorales du Québec. 1867-1989, Québec, Assemblée nationale du Québec, , 3e éd., 962 p. (ISBN 2-551-12466-2)
  59. Le Parti socialiste du Québec n'était pas officiellement reconnu lors de cette élection. Les cinq candidats se présentaient sans désignation.
  60. Certains candidats communiste, socialiste ou conservateur ont été regroupés avec leur parti d'affiliation.
  61. Jean Louis Laporte, Daniel Johnson, cet inconnu., Beauchemin, (OCLC 3725454, lire en ligne)
  62. Paul Gros d'Aillon est né en 1924 à Aix-les-Bains, en Savoie. DiplÎmé en droit de l'Université de Lyon et de l'Université de Paris, il s'est établi au Québec en 1949. Journaliste au Soleil, puis au Courrier de Montmagny, il est ensuite devenu directeur de l'information du journal Le Temps, organe officiel de l'Union nationale. En 1961, Paul Gros d'Aillon fut nommé rédacteur en chef du Montréal-Matin et directeur des relations publiques de Daniel Johnson. Il conservera ses fonctions jusqu'au décÚs de Johnson. (« Paul Gros d'Aillon est décédé », La Presse, 19 septembre 1980, cahier A, p. 4.)
  63. Bien que ce numéro ISBN soit techniquement erroné si l'on considÚre sa clef de contrÎle, ce numéro est celui qui est imprimé dans le livre et c'est généralement sous ce numéro que le livre est référencé.
  64. Jean Loiselle, Daniel Johnson: le Québec d'abord, VLB, (ISBN 978-2-89005-712-8, OCLC 247701116, lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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