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Ralliement national

Le Ralliement national (RN) était un parti politique qui prÎnait l'indépendance politique du Québec, actif de à . Il était dirigé par Gilles Grégoire, un ancien député créditiste fédéral. Le Ralliement national se situait plutÎt à la droite de l'échiquier politique, contrairement au Rassemblement pour l'indépendance nationale (RIN), un parti politique indépendantiste de gauche.

Ralliement national
Présentation
Fondation
Fusion de Regroupement national et Ralliement des créditistes
Disparition
Fusionné dans Parti québécois
Président Gilles Grégoire
Fondateurs René Jutras et Laurent Legault
Idéologie Indépendantisme et conservatisme

Un schisme au sein du RIN

Jean Garon, militant du Ralliement national

En 1964, le Rassemblement pour l'indĂ©pendance nationale est dĂ©chirĂ© par des conflits internes. Élu chef du parti en mai, Pierre Bourgault est en conflit avec les cadres locaux de l'Est-du-QuĂ©bec. Ces derniers, trĂšs actifs en rĂ©gion, souhaitent que les fonds qu'ils ont rĂ©coltĂ©s soient dĂ©pensĂ©s prioritairement dans les associations locales, alors que Bourgault et les cadres montrĂ©alais souhaitent que l'essentiel revienne au National. Le conflit est aussi d'ordre idĂ©ologique. À partir de , le RIN fait un virage nette Ă  gauche et s'inspire du mouvement international de dĂ©colonisation, alors que les dissidents adhĂšrent plutĂŽt Ă  des idĂ©es traditionalistes[A 1]. Par ailleurs, la personnalitĂ© mĂȘme du chef du RIN pose problĂšme : selon Jean Garon, on lui reproche alors son agnosticisme et son homosexualitĂ© ostentatoires, ainsi que les Ă©normitĂ©s qu'ils pouvaient prononcer comme tribun, ce qui nuisait Ă  la rĂ©putation du parti[A 2]. Selon l'historienne Janie Normand, entre les cadres de MontrĂ©al et ceux des rĂ©gions, « le rejet est mutuel ». En outre, les militants de l'Est-du-QuĂ©bec se savent en minoritĂ© nette au sein du RIN, de telle sorte qu'ils ne peuvent s'opposer de front au virage gauchiste pris par le parti[A 1].

Ultimement, le , Jean Miville-DechĂȘne et Jean Garon, respectivement vice-prĂ©sident et prĂ©sident du RIN dans la rĂ©gion de QuĂ©bec, sont expulsĂ©s du parti. Le , cinq cadres traditionalistes de l'Est-du-QuĂ©bec - RenĂ© Jutras, Jean-Marc BĂ©liveau, Jean Garon, Paul Sabourin et François LafreniĂšre - remettent en mĂȘme temps leur dĂ©mission ; ils sont suivis les jours suivants par Jean Miville-DechĂȘne, Raymond Tremblay, Marc-AndrĂ© BĂ©dard, Lucien Lessard et Pierre Roy[A 1].

En , ces dissidents se rassemblent pour former le Regroupement national, une formation politique Ă  la fois indĂ©pendantiste et traditionaliste, qui se veut l'incarnation de la poursuite de la culture canadienne-française[B 1] - [B 2]. RenĂ© Jutras, un « ardent catholique » aux dires de Jean Garon et pĂšre de onze enfants, est le chef du parti[A 2]. Le Regroupement national souhaite valoriser la culture canadienne-française, le catholicisme ainsi que le français, dans le respect des principes dĂ©mocratiques et du Droit international. Il veut aussi dĂ©fendre la famille comme Ă©tant « la cellule de base de la sociĂ©tĂ© quĂ©bĂ©coise » et rejette un accroissement du contrĂŽle de l'État sur la sociĂ©tĂ©[A 1].

La naissance du Ralliement national

ParallĂšlement, les militants du Ralliement des crĂ©ditistes fĂ©dĂ©ral ont dĂ©cidĂ© au cours de leur Conseil provincial le de dĂ©velopper une aile provinciale au QuĂ©bec et voient dans les militants du Regroupement national des interlocuteurs lĂ©gitimes pour y parvenir. Les crĂ©ditistes avaient fait une percĂ©e lors des Ă©lections fĂ©dĂ©rales canadiennes de 1962. Un schisme au sein du parti en 1963 avait menĂ© les crĂ©ditistes Ă©lus au QuĂ©bec Ă  former leur propre parti, distinct du Parti du CrĂ©dit social prĂ©sent dans le reste du pays[A 3]. Sous la direction de RĂ©al Caouette, le Ralliement des crĂ©ditistes se rallie progressivement Ă  l'idĂ©e que le QuĂ©bec et le reste du Canada doivent devenir des « États associĂ©s », oĂč le QuĂ©bec serait pleinement souverain dans les domaines de l'Ă©mission de crĂ©dit, de la fiscalitĂ©, de l'immigration et du commerce extĂ©rieur[A 4].

À l'automne 1965 dĂ©butent des discussions entre les reprĂ©sentants du Regroupement national et des dirigeants du Ralliement des crĂ©ditistes en vue de crĂ©er un parti politique commun. Selon Jean Garon, « les crĂ©ditistes Ă©taient nationalistes, mais plus Ă  droite que nous », prenant pour exemple leur lutte pour le maintien des crucifix dans les Ă©coles[A 2]. Les nĂ©gociations se poursuivent pendant l'hiver et, le , le Regroupement national de RenĂ© Jutras et le Ralliement des crĂ©ditistes du QuĂ©bec de Laurent Legault fusionnent sous le nom de Ralliement national. Le nouveau parti indĂ©pendantiste allie des Ă©lĂ©ments tirĂ©s de deux prĂ©cĂ©dents partis, en combinant le traditionalisme canadien-français aux thĂšses Ă©conomiques inspirĂ©es du crĂ©dit social. MM. Jutras et Legault assument la coprĂ©sidence du nouveau parti[B 1] - [B 2]. Dans un communiquĂ© de presse, il est affirmĂ© que le Ralliement national « reprend l'esprit du Parti canadien de Pierre BĂ©dard, du Parti canadien-français de Lafontaine, de l'Action libĂ©rale nationale de du Bloc populaire, mais adaptĂ© aux nouvelles exigences du QuĂ©bec, qui entend dĂ©sormais ĂȘtre vĂ©ritablement et pleinement maĂźtre chez lui »[B 2]. Le nouveau parti reprend Ă  son compte la thĂšse des « États associĂ©s » chĂšre aux crĂ©ditistes[A 4].

À peine formĂ©, le nouveau parti doit participer aux Ă©lections gĂ©nĂ©rales du 5 juin 1966 sans avoir eu le temps de rĂ©diger un programme commun, de telle sorte qu'il arrive occasionnellement pendant la campagne Ă©lectorale que les deux co-chefs du parti se contredisent. Dans la hĂąte, le Ralliement national parvient tout de mĂȘme Ă  prĂ©senter des candidats dans 90 des 108 circonscriptions et mĂšne campagne principalement en rĂ©gions, sur les terres de l'Union nationale ; le RIN Ă©tant dĂ©jĂ  bien implantĂ© Ă  MontrĂ©al[A 2].

Le Ralliement national récolte 2,3 % des voix à l'échelle provinciale et ne remporte aucun siÚge[B 1], mais termine deuxiÚme dans deux circonscriptions[A 2]. Le RN récolte ses meilleurs résultats dans les régions qui ont voté pour les créditistes aux élections fédérales de 1962, à savoir l'Abitibi, le Saguenay-Lac-Saint-Jean et la région de Québec[A 4]. Camil Samson termine deuxiÚme dans Témiscamingue alors que Laurent Legault parvient à récolter plus de 20 % des voix dans Rouyn-Noranda[A 5]. Ensemble, les deux formations indépendantistes québécoises, le RN et le RIN, récoltent environ 8,8 % des votes, soit 12% de l'électorat francophone[A 6].

Le , le député créditiste de la circonscription fédérale de Lapointe, Gilles Grégoire, est élu à l'unanimité chef du Ralliement national. Le lendemain, il démissionne de son poste de leader parlementaire du Ralliement créditiste et quitte le caucus du parti pour terminer son mandat à titre de député indépendant[B 1] - [A 3].

La création du Parti québécois

René Lévesque, premier chef du Parti québécois

À l'automne 1967, n'Ă©tant pas parvenu Ă  faire approuver son projet de souverainetĂ©-association par le congrĂšs du Parti libĂ©ral du QuĂ©bec, l'ancien ministre RenĂ© LĂ©vesque quitte la formation politique et fonde son propre parti, le Mouvement SouverainetĂ©-Association. Le mouvement souverainiste quĂ©bĂ©cois est alors divisĂ© en 5 partis ou mouvements indĂ©pendantistes distincts[A 2].

En , des pourparlers débutent entre le RIN et le MSA en vue d'une fusion des forces souverainistes ; le RN s'y joint à partir du mois de juin. C'est principalement sur l'enjeu de la question linguistique que des désaccords irréconciliables apparaissent entre le RIN qui défend le principe de l'unilinguisme et le MSA qui souhaite reconnaßtre de façon officielle les droits scolaires et culturels de la minorité anglophone au Québec. Ultimement, le , René Lévesque annonce la suspension de toute discussion entre le MSA et le RIN[A 6].

Le , le Ralliement national accepte de fusionner avec le Mouvement SouverainetĂ©-Association de RenĂ© LĂ©vesque. Le nouveau parti prend le nom de Parti quĂ©bĂ©cois parrainĂ© par Gilles GrĂ©goire[A 2] ; ce dernier devient le premier vice-prĂ©sident du nouveau parti[B 3]. À la suite de cette fusion, Pierre Bourgault dissout le RIN et invite ses membres Ă  se joindre au Parti quĂ©bĂ©cois. À partir de cet instant, les forces souverainistes au QuĂ©bec sont unies sous une mĂȘme banniĂšre.

Trois élections plus tard, le Parti québécois prend le pouvoir lors de l'élection générale québécoise de 1976. Des anciens militants du Ralliement national occupent alors des fonctions ministérielles au sein du gouvernement Lévesque, à savoir Marc-André Bédard (Justice), Jean Garon (Agriculture) et Lucien Lessard (Travaux publics, Transports).

RĂ©sultats Ă©lectoraux

RĂ©sultat Ă©lectoral du Ralliement national
Élection Siùges Voix
Candidats /
Circonscriptions
en Ă©lection
SiĂšges
obtenus
Nombre Pourcentage
Juin 1966 90 / 108 0 74 363 3,2 %

Références

Livres

  1. Normand 2014, article 3.
  2. Garon 2013, 1re partie, chap. 5.
  3. Roy 2005, chap. 1.
  4. Cardinal 2015, chap. XIII.
  5. Cardinal 2015, chap. XIV.
  6. D'Allemagne 1974, 1re partie, chap. 2.

Références électroniques

  1. Normand, Janie, « L'indépendance à droite : l'histoire politique du Regroupement national et du Ralliement national entre 1964 et 1968 », sur archipel.uqam.ca, (consulté le )
  2. « Fondation du Ralliement national », sur bilan.usherbrooke.ca (consulté le )
  3. « Gilles GrĂ©goire - AssemblĂ©e nationale du QuĂ©bec », sur www.assnat.qc.ca (consultĂ© le )

Bibliographie

  • Claude Cardinal, Une histoire du RIN, MontrĂ©al, VLB, , 508 p. (ISBN 978-2-89649-610-5).
  • AndrĂ© D'Allemagne, Le R.I.N. de 1960 Ă  1963 : Ă©tude d'un groupe de pression au QuĂ©bec, MontrĂ©al, L'Étincelle, , 160 p. (ISBN 0-88515-029-5).
  • Jean Garon, Pour tout vous dire, MontrĂ©al, VLB Éditeur, , 531 p., « Fondateur », p. 74-90
  • Janie Normand, Le RIN, parti indĂ©pendantiste, 1963-1968, MontrĂ©al, Bulletin d'histoire politique et VLB Éditeur, , 362 p., « La scission de la droite traditionaliste : le Regroupement national (1964) », p. 23-33
  • Fabien Roy, DĂ©putĂ© Ă  QuĂ©bec et Ă  Ottawa... mais toujours Beauceronǃ, Sillery, Septentrion, , « Initiation Ă  la politique », p. 11-78

Articles connexes

Liens externes

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