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Centrale Manic-5

La centrale Manic-5, la centrale Manic-5-PA et le barrage Daniel-Johnson constituent un amĂ©nagement hydroĂ©lectrique d'Hydro-QuĂ©bec situĂ© sur la CĂ´te-Nord du QuĂ©bec, sur la rivière Manicouagan, Ă  214 km au nord de la ville de Baie-Comeau.

Barrage Daniel-Johnson
Barrage Daniel-Johnson avec la centrale en bas à droite, le long de la rivière Manicouagan, et les deux cheminées d'équilibre en haut à droite.
GĂ©ographie
Pays
Province
RĂ©gion administrative
Coordonnées
50° 38′ 49″ N, 68° 43′ 35″ O
Cours d'eau
Objectifs et impacts
Vocation
production Ă©lectrique
Propriétaire
Date du début des travaux
1959
Date de mise en service
1970-1989
Barrage
Type
Voûte et contreforts en béton
Hauteur
(fondation)
214 m
Longueur
1 314 m
Épaisseur en crête
5,1 m
Épaisseur à la base
60. m
RĂ©servoir
Volume
135 kmÂł
Superficie
1 973 km²
Centrale(s) hydroélectrique(s)
Centrale Manic-5
Hauteur de chute
150 m
Nombre de turbines
8
Type de turbines
Puissance installée
1 596 MW

Centrale Manic-5-PA
Hauteur de chute
150 m
Nombre de turbines
4
Type de turbines
Puissance installée
1 064 MW
Localisation sur la carte du Canada
voir sur la carte du Canada
Localisation sur la carte du Québec
voir sur la carte du Québec

Haut de 214 m, d'une longueur en crĂŞte de 1 314 m, dotĂ© de 13 voĂ»tes et de 14 contreforts, le barrage est le plus grand barrage Ă  voĂ»tes multiples et Ă  contreforts du monde. InaugurĂ© en 1968 et mis en service en 1970 dans le cadre du projet Manic-Outardes, il a une hauteur de chute de 150 m et la puissance totale installĂ©e des deux centrales est de 2 660 MW.

La centrale Manic-5-PA fut construite par Hydro-QuĂ©bec dans les annĂ©es 1980 sur l'autre rive de la rivière Manicouagan. Elle ajoute une puissance de 1 064 MW aux 1 596 MW[1] de la centrale originale. Les quatre turbines ont Ă©tĂ© mises en service en 1989.

Nom de l'ouvrage

Le complexe devait être inauguré le par le premier ministre du Québec Daniel Johnson, en compagnie d'autres dignitaires. Après une réception, où il paraît d'excellente humeur dans une photo célèbre qui le montre serrant la main de l'ancien premier ministre Jean Lesage et le futur premier ministre René Lévesque[2], Johnson va se coucher. Il meurt d'une crise cardiaque pendant son sommeil. La mort du premier ministre sème la consternation au Québec et la cérémonie d'inauguration est annulée.

Elle est reprise par son successeur Jean-Jacques Bertrand, le qui inaugure le barrage, rebaptisé barrage Daniel-Johnson[3].

La documentation de la société publique Hydro-Québec, propriétaire de l'ouvrage, désigne l'aménagement électrique sous le nom de Manic-5, les centrales productrices d'électricité sous les vocables Manic-5 et Manic-5 PA et le barrage sous le nom de barrage Daniel-Johnson. Cependant, le ministère des Transports du Québec utilise la désignation Manic-cinq sur les panneaux routiers de la route 389, le seul chemin d'accès au complexe. Ce qui est normal, puisqu'à la base, le barrage servait à la route elle-même. L'attraction est essentiellement la structure elle-même plutôt que la centrale qui n'est pas accessible sans autorisation ou guide animateur.

  • Plaque 1 — Barrage Manicouagan 5, 1968
    Plaque 1 — Barrage Manicouagan 5, 1968
  • Plaque 2 — Barrage Daniel-Johnson, 1969
    Plaque 2 — Barrage Daniel-Johnson, 1969

Caractéristiques

Barrage

Les voûtes et contreforts du barrage.

Le barrage de 1 314 m de large est construit Ă  travers la vallĂ©e de la rivière Manicouagan. Son sommet est Ă  366 mètres au-dessus du niveau de la mer. Il a nĂ©cessitĂ© plus de 2 millions de mètres cubes de bĂ©ton pour sa construction. Ses caractĂ©ristiques sont indiquĂ©es dans le tableau d'entĂŞte[4]. Les treize voĂ»tes du barrage se divisent entre une large voĂ»te principale et douze plus petites dont les caractĂ©ristiques sont[4] :

  • largeur Ă  la base de la voĂ»te principale de 162 mètres ;
  • la hauteur de la voute principale est de 165 mètres ;
  • largeur des autres voĂ»tes de 80 mètres ;
  • largeur de chaque contrefort de 17 m ;
  • Ă©paisseur des voĂ»tes sans les contreforts :
    • 3 mètres au sommet,
    • 22,5 mètres Ă  la base.

RĂ©servoir

Le RĂ©servoir Manicouagan vu de l'espace

La rivière Manicouagan prend sa source dans ce qui est l'un des plus grands cratères mĂ©tĂ©oritiques du monde. Ă€ l'origine, seule la rivière au bas de la vallĂ©e Ă©tait visible vu des airs. Avec le remplissage de la vallĂ©e derrière le barrage, le rĂ©servoir Manicouagan, aussi appelĂ© l'Ĺ“il du QuĂ©bec, est maintenant parfaitement visible de l'espace. On retrouve en son centre l'Ă®le RenĂ©-Levasseur ingĂ©nieur ayant travaillĂ© au complexe Manic. Le rĂ©servoir a une surface de 1 973 km2 et un volume de 135 milliards de mètres cubes[4] :

Centrales

Des galeries d'amenĂ©es situĂ©e de part et d'autre du barrage Daniel-Johnson alimentent directement les deux centrales hydroĂ©lectriques qui y ont Ă©tĂ© amĂ©nagĂ©s sur chaque rive. Les centrales Manic-5 et Manic-5-PA possèdent une puissance maximale combinĂ©e de 2 660 MW. Le facteur de charge des deux centrales combinĂ©es s'Ă©levait Ă  29,8 % en moyenne sur la pĂ©riode 1992-1999, soit une production Ă©lectrique du complexe avoisinant 6,94 TWh/an[5]. La production s'effectue essentiellement en pĂ©riode de pointe journalière.

Centrale Manic-5

Les huit groupes turbine de la centrale Manic-cinq ont une puissance installĂ©e de 1 596 MW. Sur la photo, prise du haut du barrage Daniel-Johnson, on peut apercevoir la turbulence provoquĂ©e par le fonctionnement de quatre des huit turbines.

La centrale Manic 5 est situĂ©e Ă  l'est du complexe, Ă  un kilomètre en aval du barrage. Mise en service en 1970, elle a une puissance installĂ©e de 1 596 MW. La capacitĂ© installĂ©e de 1 292 MW a Ă©tĂ© augmentĂ©e de 18 % depuis la mise en service initiale, au terme d'un projet de modernisation entrepris dans les annĂ©es 1980.

L'eau s'engouffre dans deux galeries d'amenĂ©es reliĂ©es aux conduites forcĂ©es d'un diamètre de m. Après une chute de 150 m, l'eau est acheminĂ©e Ă  l'un des huit groupes turbines-alternateurs de type Francis, construits Ă  l'usine de la Marine Industrie LtĂ©e de Sorel-Tracy, qui gĂ©nèrent jusqu'Ă  191 MW de puissance. Chaque groupe comporte une partie mobile, le rotor, d'une masse de 370 tonnes qui est composĂ© de 40 Ă©lectro-aimants et d'une partie statique, le stator. L'ensemble du groupe est refroidi par un système de tuyauterie faisant circuler de l'eau filtrĂ©e Ă  mĂŞme le barrage grâce aux crĂ©pines[6].

Des vannes sphĂ©riques gigantesques contrĂ´lent l'arrivĂ©e d'eau dans chacune des unitĂ©s de production de la centrale. Afin d'Ă©viter les consĂ©quences d'un coup de bĂ©lier, deux cheminĂ©es d'Ă©quilibre, d'une hauteur de 112 mètres et d'un diamètre de 11 mètres, ont Ă©tĂ© installĂ©es, qui permettent d'Ă©quilibrer la pression lors de l'ouverture ou de la fermeture des vannes.

Centrale Manic-5-PA

De construction plus rĂ©cente — elle a Ă©tĂ© mise en service en 1989 — la centrale Manic 5 PA[note 1], Ă  l'ouest du complexe, jouit d'une performance amĂ©liorĂ©e sur la première. Elle produit une puissance installĂ©e presque Ă©quivalente, de 1 064 MW, avec quatre groupes turbines-alternateurs. La puissance additionnelle par groupe s'explique par le diamètre supĂ©rieur des conduites forcĂ©es (d'un diamètre de m plutĂ´t que m dans la plus vieille centrale) mais pas uniquement. La hauteur de chute de Manic 5 PA (150 m) est identique Ă  celle de l'autre centrale.

Les centrales de Manic-5 sont particulièrement utiles dans la rĂ©gulation de l'offre et la demande d'Ă©lectricitĂ© dans les grandes pĂ©riodes de pointe Ă©lectriques au QuĂ©bec, qui surviennent gĂ©nĂ©ralement Ă  l'heure du souper au mois de janvier. La mise en service de toutes les unitĂ©s de production peut ĂŞtre faite entre 5 et 8 minutes maximum. Le dĂ©marrage et l'arrĂŞt des unitĂ©s de production peuvent ĂŞtre contrĂ´lĂ©s localement ou Ă  partir d'un centre de commandement situĂ© Ă  Baie-Comeau utilisant des fibres optiques et des microondes.

Tension

La centrale gĂ©nère une tension alternative de 13,8 kilovolts (kV) qui, après avoir traversĂ© le transformateur Ă©lĂ©vateur, augmente la tension Ă  315 kV. Celle-ci est augmentĂ©e Ă  une valeur de 735 kV après Ă©lĂ©vation au poste de Micoua qui est le poste collecteur de plus d'une centrale : Manic-5, Manic-5 PA, Manic-3, Outarde 3, Tounoulstouc et Churchill Falls. Ensuite l'Ă©lectricitĂ© se rend Ă  des postes locaux qui abaissent la tension Ă  25 kV pour ensuite voyager sur les traditionnels pylĂ´nes de bois et ĂŞtre abaissĂ©e une dernière fois Ă  du 240 V (pour les Ă©lectromĂ©nagers) et du 120 V pour les prises Ă©lectriques conventionnelles). Hydro-QuĂ©bec est la première compagnie Ă  avoir dĂ©veloppĂ© et utilisĂ© une aussi haute tension pour le transport Ă©lectrique. La grande force de cette innovation: minimise la perte sur les longues distances entre le complexe Manic et les centres de consommations. En fait l'inventeur des rĂ©seaux 735 kV est Jean-Jacques Archambault et le premier essai de cette invention remonte en 1965 et s'est dĂ©roulĂ©e Ă  la Manic-2[7]. (renommĂ©e en l'honneur de Jean Lesage Ă  l'occasion du 50e anniversaire de la RĂ©volution tranquille[8]).

Histoire

Découverte du potentiel hydroélectrique

Expédition hydrologique sur la rivière Manicouagan en 1919.

Durant les saisons estivales de 1919 et 1920, des expĂ©ditions hydrologiques sont conduites sur les rivières Manicouagan et Outardes qui se jettent dans le fleuve Saint-Laurent aux environs de Baie-Comeau. On Ă©value alors leur dĂ©bit combinĂ© Ă  40 millions de m3 ce qui en fait l'un des plus importants systèmes hydriques au Canada[4]. Le harnachement de ce potentiel est donc très intĂ©ressant mais l'Ă©loignement des grands centres et l'absence de rĂ©seau routier pour les atteindre ne permet pas de les dĂ©velopper Ă  ce moment-lĂ . De plus, les investissements pour construire des barrages dans cette rĂ©gion Ă©taient prohibitifs.

Après la Seconde Guerre mondiale, les gisements de fer découverts dans la région et l'exploitation de la forêt donnent lieu à un formidable développement de la Côte-Nord. Des villes comme Sept-Îles et Baie-Comeau sont maintenant reliées au centre de la province par une route. En même temps, l'industrie demande de plus en plus d'électricité dans le sud du Québec et les techniques de transport d'électricité sur de grandes distances se sont améliorées.

En 1955, Hydro-Québec lance une campagne d'évaluation très poussée du potentiel hydroélectrique qui durera cinq ans. Au début de l’année 1956 les pouvoirs hydrauliques de la Rivière aux Outardes et de la Rivière Manicouagan sont transférées à Hydro-Québec par le Gouvernement Maurice Duplessis (2), car la Shawinigan Water and Power Company y fait des études depuis plusieurs années et envisage de développer les rivières de la Côte-Nord. Ces études montrent le potentiel exceptionnel du site et mettent en évidence la nécessité de construire plusieurs barrages de manière à graduer le relâchement d'eau et ainsi profiter au maximum du dénivelé. Avant la fin de ces études, en 1959, le projet Manicouagan-Outardes est lancé, tellement les données préliminaires sont prometteuses[4]. On prévoit de construire cinq barrages sur la rivière Manicouagan (nommés Manic-1, Manic-2, Manic-3, Manic-4 et Manic-5) ainsi que trois sur la rivière aux Outardes (Outardes-2, Outardes-3 et Outardes-4).

Construction

Ouvriers sur le chantier de Manic-5 en 1968.

À l'automne 1959, les installations des différents chantiers de barrages débutent. On construit également une route d'accès, des pistes d'atterrissage, des lignes de communication à micro-ondes et on débute la ligne de transport à haute tension qui servira à acheminer le courant vers les grands centres[4].

Les ingénieurs d'Hydro-Québec ont fait l'évaluation de plusieurs types de barrages pour ce projet. Les deux principaux retenus sont ceux à enrochements et à voûtes multiples. Les deux types ont une stabilité et une sécurité similaires mais le type à voûtes est moins coûteux. L'enrochement sera retenu pour les barrages plus modestes du projet mais ils choisissent le second type pour les autres[4]. Au printemps suivant à Manic-5, on commence les travaux d'enlèvement du sol pour atteindre la roche-mère, la construction des tunnels de dérivation, la construction du batardeau qui déviera la rivière vers ces tunnels afin d'assécher la rivière pour la construction du barrage. Ces travaux préliminaires prennent deux années et le , la première coulée de béton s'effectue sur le barrage[4]. La construction se terminera au printemps 1968.

Les questions environnementales n'ont toutefois pas été l'objet d'un examen spécifique avant et pendant la construction. Ainsi, la réalisation d'un inventaire de la région inondée par la création du réservoir Manicouagan avait été proposée par des biologistes du Centre d'études nordiques de l'Université Laval. La proposition a cependant été déclinée par Hydro-Québec, qui « ne voyait pas alors l'intérêt d'une étude portant sur les poissons d'une région aussi éloignée »[9].

Principe de mise en eau

La fin des travaux sur le barrage ne veut pas dire que Manic-5 est terminée. En effet, les tunnels des conduites de dérivation sont fermés et l'eau commence à s'accumuler derrière le barrage. On estimait qu'il faudrait au moins sept ans pour obtenir un volume d'eau commercialement exploitable et dix ans pour atteindre le plein potentiel. En réalité, il a fallu 13 ans pour le remplir, le phénomène étant dû aux pertuis de restitution situés à la base de la voûte principale, sorte de portes qui sont aujourd'hui fermement bétonnées.

On peut maintenant procéder à la construction de la centrale électrique conjointement à la pose des turbines. Les travaux se terminent en 1968 et le premier ministre Daniel Johnson est l'invité d'honneur pour l'inauguration. En raison de l'accident cardiaque de ce dernier, l'inauguration ne se fait qu'un an après soit le .

Suréquipement

La possibilité d'ajouter à la puissance nominale installée sur le site de Manic-5 a été envisagée dès la fin de la conception de la première centrale. Des travaux de conception ont été menés en 1966 et 1967 et un rapport a été soumis à la direction. Le rapport présente plusieurs variantes d'aménagement, en rive gauche, en rive droite ou au pied de la centrale en construction. Des données ont été collectées sur le terrain entre 1975 et 1977 afin de produire un avant-projet définitif. Contrairement aux centrales précédentes du complexe Manic-Outardes, Hydro-Québec a mené des études d'environnement et a engagé « un programme de consultation auprès des publics intéressés »[10].

La justification pour construire un suréquipement à la centrale Manic-5 repose sur une analyse de l'évolution des caractéristiques de demande d'électricité dans le marché québécois et sur les moyens mis en œuvre pour adapter le parc de production hydroélectrique hydro-québécois pour qu'il puisse satisfaire adéquatement aux besoins de base, mais aussi aux pics de consommation, journalière ou saisonnière[11].

Au cours de ses premières décennies d'existence, les centrales d'Hydro-Québec ont servi à la fois les besoins de base et ceux de pointe. La plupart des installations étaient suréquipées dès le départ, dans des proportions variables, parce qu'il était plus économique de le faire que de construire des équipements de pointe dédiés parce qu'elles étaient bâties près des centres de consommation[12].

Les grands projets de la décennie 1970, Churchill Falls et la première phase du complexe La Grande, étaient toutefois construits beaucoup plus loin des consommateurs. Ces immenses aménagements ont donc été conçus pour répondre principalement à une demande de base. Mais, au moment de construire le complexe, l'entreprise se voit contrainte d'ajouter une quantité importante d'installations de pointe pour satisfaire l'ensemble des besoins. En conséquence, les centrales La Grande-3 et La Grande-4 ont été suréquipées dès le départ[13].

Autres informations

Il y a trois autres amĂ©nagements hydro-Ă©lectriques sur la rivière Manicouagan : les centrales Manic-3, Manic-2 (Jean-Lesage) et Manic-1, situĂ©e dans la ville de Baie-Comeau, qui sont toutes trois propriĂ©tĂ© d'Hydro-QuĂ©bec. La sociĂ©tĂ© d'État quĂ©bĂ©coise a acquis une participation de 60 % dans la centrale McCormick, situĂ©e Ă  cĂ´tĂ© de Manic-1 le , pour la somme de 615 millions CAD[14].

Visites guidées

Hydro-Québec organise des visites guidées gratuites de la centrale de Manic 5.

L'amĂ©nagement hydro-Ă©lectrique de Manic-5 est Ă©galement une attraction touristique de la ville de Baie-Comeau, situĂ©e 214 km au sud de la centrale et du barrage. Hydro-QuĂ©bec organise quatre visites guidĂ©es (9 h, 11 h, 13 h 30 et 15 h 30) quotidiennes Ă  l'intention des visiteurs, de la FĂŞte nationale du QuĂ©bec soit le , au [15]. La visite de 120 minutes comprend d'abord une session d'information de trente minutes sur l'historique de construction des diffĂ©rentes installations et le fonctionnement d'un groupe turbine-alternateur. Ensuite, une visite de la centrale permet d'explorer la salles des vannes dans laquelle se situe les gigantesques conduites forcĂ©es et qui contrĂ´lent l'alimentation en eau des unitĂ©s de production. Il s'ensuit une visite des galeries d'inspection du barrage ainsi que des pertuis de restitution, couronnĂ©e par un arrĂŞt sur la crĂŞte du barrage, qui offre une vue spectaculaire sur le rĂ©servoir Manicouagan.

De Baie-Comeau, le visiteur doit emprunter l'Ă©troite et sinueuse route 389. Le centre d'information est Ă  environ trois heures de route.

Culture populaire

La nuit le barrage est éclairé.

La construction de la centrale Manic-5 et du barrage Daniel-Johnson s'inscrit dans le contexte de la RĂ©volution tranquille au QuĂ©bec, une Ă©poque oĂą « Hydro-QuĂ©bec devient rapidement un symbole du nouveau nationalisme quĂ©bĂ©cois et de la nouvelle stratĂ©gie Ă©conomique de l'État », souligne l'historien Paul-AndrĂ© Linteau dans son Histoire du QuĂ©bec contemporain[16]. Dans ce contexte, l'avancement des travaux est suivi de près par le public et s'invite dans la culture populaire de l'Ă©poque, filmĂ©e mĂŞme en direct Ă  l'Expo 67.

Ainsi, le chanteur Georges Dor écrit son grand succès La Manic en 1966. La chanson relate les lettres d'un travailleur exilé au chantier. Elle décrit comment il se sent seul si loin de chez lui. Le « Si tu savais comme on s'ennuie à la Manic… »[17] a capturé l'imaginaire québécois de cette période. Cette chanson a été reprise par Leonard Cohen lors de sa tournée de 2012, au cours des spectacles de Montréal et Québec. La version du au Colisée de Québec apparaît sur son album live Can't Forget: A Souvenir of the Grand Tour. Elle a aussi été reprise par Bruno Pelletier dès 1998 (où on la retrouve sur son live de 2001 entre autres). Fait intéressant, l'auteur n'a jamais mis les pieds sur les chantiers du complexe Manic-Outarde. Il n'a contribué qu'à celui de Bersemis, au Nord de Forestville. Au départ, la chanson se nommait : La complainte de Bersémis, mais comme ce chantier était terminé, la chanson a dû être modifiée pour la populariser.

Vue du barrage Daniel-Johnson.

Le roman Terreur à la Manicouagan[18] de la série des Bob Morane paraît en 1965. Morane affronte Miss Ylang-Ylang et Roman Orgonetz, l'Homme aux dents d'or, à Manic 5 alors que ceux-ci veulent faire sauter le barrage. Le roman est lancé au siège social d'Hydro-Québec par son auteur, Henri Vernes, qui l'a écrit après avoir lui-même visité le site à l'invitation du ministère des Richesses naturelles du Québec et d'Hydro-Québec[19].

De son côté, un Montréalais employé de Renault Canada, Jacques About, effectue une recherche pour son employeur afin de voir le potentiel pour l'importation de la Alpine au Canada. Malgré des résultats encourageants, Renault décide de ne pas poursuivre. About quitte l'entreprise pour fonder sa propre firme de construction automobile. Il fonde donc Automobile Manic Ltée en 1968 avec l'aide de Bombardier, la chaîne de supermarchés Steinberg, le gouvernement du Québec et quelques autres investisseurs. Il construit une automobile sport deux places qu'il nomme la Manic GT espérant attirer les ventes au Québec. Celle-ci est dérivée du châssis et des composantes mécaniques d'une Renault 10 mais avec une carrosserie sportive en fibre de verre et elle sera vendue chez des concessionnaires Renault. Elle est construite dans une usine à Terrebonne en 1969 puis à Granby. La demande n'ayant jamais atteint le niveau désiré, la production cesse à la fin de 1971[20].

Félix Leclerc évoque en 1964 dans sa chanson "Manic5" la construction du barrage comme une réponse à la chanson de Georges Dor pourtant écrite en 1966.

Notes et références

Notes

  1. L'acronyme PA tient pour Puissance additionnelle.

Références

  1. Hydro-Québec, Rapport annuel 2009 : façonner l'avenir, Montréal, 2010, 115 p. (ISBN 978-2-550-58098-0)
  2. « Manic-5 | Un géant de la révolution », sur La Fabrique culturelle (consulté le )
  3. Voir l'image « Plaque 2 Barrage Daniel-Johnson ».
  4. Robert Dion, Jacques Lambert, Marcel Corbeau, Félicien Gagnon, Armour Landry et Jean Desraspes, Manicouagan, Service des relations extérieures d'Hydro-Québec, .
  5. Hydro-Québec, « DA17 - Nouveaux projets hydroélectriques et présentation montrant la production actuelle et anticipée pour tout le Québec », (consulté le )
  6. (en) « Hydroelectric Plants in Quebec », Industcards, (consulté le ).
  7. Trinôme Inc., « Chantiers : La route des pylônes », Documentaire de la chaîne Historia,‎ (résumé).
  8. Presse canadienne, « Deux centrales porteront les noms de Jean Lesage et René Lévesque », La Presse, Montréal,‎ (lire en ligne).
  9. Dumas 1979, p. 76
  10. Hydro-Québec 1979, p. 23.
  11. Hydro-Québec 1979, p. 8-11.
  12. Hydro-Québec 1979, p. 34.
  13. Hydro-Québec 1979, p. 35.
  14. Claude Turcotte, « AbitibiBowater annonce un plan de recapitalisation - La forestière vend à Hydro-Québec la centrale Manicouagan », Le Devoir,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  15. « Le barrage Daniel-Johnson et la centrale Manic-5 », Visites guidées gratuites, Hydro-Québec, (consulté le ).
  16. Linteau et al. 1989, p. 466
  17. Georges Dor, « La Manic », sur Chanson du Québec, (consulté le )
  18. Henri Vernes, Terreur à la Manicouagan, Gérard & C°, coll. « Pocket - Marabout et Marabout Junior », .
  19. Mélanie St-Hilaire, « Bob Morane, ingénieur aventurier », Dossiers secrets, Québec Science (consulté le ).
  20. « MANIC: Les automobiles MANIC (1970) Ltée, Granby, Québec », Véhicules anciens du Québec (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • AndrĂ© Bolduc, Du gĂ©nie au pouvoir : Robert A. Boyd, Ă  la gouverne d'Hydro-QuĂ©bec aux annĂ©es glorieuses, MontrĂ©al, Libre Expression, , 259 p. (ISBN 2-89111-829-4).
  • AndrĂ© Bolduc, Clarence Hogue et Daniel Larouche, Hydro-QuĂ©bec, l'hĂ©ritage d'un siècle d'Ă©lectricitĂ©, MontrĂ©al, Libre Expression / Forces, , 3e Ă©d. (1re Ă©d. 1979), 341 p. (ISBN 2-89111-388-8).
  • Pierre Dumas, « La maĂ®trise d'une nouvelle dimension: l'environnement », Forces, MontrĂ©al, no 48,‎ , p. 76-85.
  • Hydro-QuĂ©bec, Manic 5 – puissance additionnelle : Rapport sur les Ă©tudes d'avant-projet, vol. 1, MontrĂ©al, Hydro-QuĂ©bec, , 203 p..
  • Paul-AndrĂ© Linteau, RenĂ© Durocher, Jean-Claude Robert et François Ricard, Histoire du QuĂ©bec contemporain, vol. 2 : Le QuĂ©bec depuis 1930, MontrĂ©al, BorĂ©al, coll. « BorĂ©al Compact » (no 15), , 834 p. (ISBN 978-2-890-52298-5, OCLC 613530173).
  • Paul Paradis, Manic-Outardes, MontrĂ©al, Hydro-QuĂ©bec, , 52 p..

Articles connexes

Liens externes

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