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Référendum constitutionnel français de 1958

Le référendum constitutionnel français du , proposé sous la présidence de la République de René Coty et du gouvernement dirigé par Charles de Gaulle, demandait aux Français de ratifier le projet de Constitution préparé par le Comité consultatif constitutionnel et le Parlement sous l'égide de Michel Debré et du président du Conseil, le général de Gaulle. Ce texte de la Constitution pose les fondements de la Cinquième République.

Référendum constitutionnel français du 28 septembre 1958
Corps électoral et résultats
Inscrits 47 249 142
Votants 38 097 853
80,63%
Votes exprimés 37 679 556
Votes blancs 418 297
Approuvez-vous la Constitution qui vous est proposée par le Gouvernement de la République ?
Oui
82,60%
Non
17,40%

Confortée par plus des quatre cinquièmes des voix, la nouvelle constitution fut promulguée le et la Ve République proclamée le jour suivant.

Dans les territoires d'outre-mer, le référendum vise également à la création de la Communauté française. La Guinée est la seule à rejeter la constitution et notamment son titre consacré à la communauté, et proclame son indépendance dès le .

Positions des entités politiques

Les partis qui militèrent en faveur du oui au référendum pour l'établissement de la Ve République :

A contrario, les partis qui firent campagne pour le non :

Résultats (métropole et outre-mer)

Référendum français de 1958
Choix Votes %
Pour 31 123 483 82,60
Contre 6 556 073 17,40
Votes valides 37 679 556 98,90
Votes blancs et invalides 418 297 1,10
Total 38 097 853 100
Abstentions 9 151 289 19,37
Inscrits / Participation 47 249 142 80,63

Approuvez-vous la Constitution qui vous est proposée par le Gouvernement de la République ?

Oui :
31 123 483
(82,60 %)
Non :
6 556 073
(17,40 %)
Majorité absolue

Résultats par territoires

Territoire Inscrits Votants % blancs
nuls
Oui % Non %
Métropole26 603 46422 596 85084,94303 54917 668 79079,264 624 51120,74
Algérie4 412 1713 515 21079,6738 8163 357 76396,59118 6313,41
Sahara282 099236 31283,77910232 11398,603 2891,40
Côte d'Ivoire1 636 5331 596 61097,561 1561 596 61099,992160,01
Dahomey775 170431 40755,653 198418 96397.849 2462,16
Guinée française1 408 5001 203 87585,4710 57056 9814,781 136 32495,22
Haute-Volta1 914 9081 431 16774,743 8291 415 65199,1811 6870,82
Mauritanie382 870322 45184,221 307302 01894,0419 1265,96
Niger1 320 174493 95337,4219 175372 38378,43102 39521,57
Sénégal1 106 828893 36980,711 106870 36297,5521 9012,45
Soudan français2 142 266972 19745,382 736945 58697,5423 8752,46
Gabon265 161208 60078,673 022190 33492,5815 2447,42
Moyen-Congo433 403342 35078,992 133339 43699,387810,62
Oubangui-Chari625 663496 67579,383 553487 03398,776 0891,23
Tchad1 243 450823 01566,194 628804 35598,2914 0421,71
Côte française des Somalis15 91411 58372,78708 66275,242 85124,76
Madagascar2 154 9391 767 47582,0211 8591 363 05977,64302 55722,36
Nouvelle-Calédonie35 16327 02876,8644326 08598,125001,88
Polynésie française30 95025 24781,579916 19664,408 95235,60
Saint-Pierre-et-Miquelon2 8022 59892,722272 32598,06461,94
Source: Beat Müller, Database for Direct Democracy

Résultats en Algérie

Concernant la signification du référendum en Algérie, le général de Gaulle déclare le :

« Par leur vote, les habitants de l’Algérie vont fournir une réponse à la question de leur propre destin. Les bulletins qu’ils mettront dans l’urne auront, sur un point capital, une claire signification. Pour chacun, répondre « oui » dans les circonstances présentes, cela voudra dire, tout au moins, que l’on veut se comporter comme un Français à part entière et que l’on croit que l’évolution nécessaire de l’Algérie doit s’accomplir dans le cadre français[1] »

Si de Gaulle donne des consignes pour que la liberté de vote en Algérie soit totale, Jacques Soustelle, en tant que ministre de l'Information, et les autorités militaires d'Algérie s'efforcent d'obtenir la victoire du « oui ». Une intense propagande et des entraves répétées à la liberté d'expression des partisans du « non » ont lieu[2].

96 % des votants algériens, Européens et musulmans, soit 75 % des 4 412 171 électeurs inscrits, disent OUI à la nouvelle constitution, malgré les appels en faveur du boycott lancé par le FLN. Il s'agit du premier scrutin auquel les femmes algériennes participent[3] - [4].

Après les résultats du référendum en Algérie, de Gaulle déclare le à Constantine :

« Trois millions et demi d'hommes et de femmes d'Algérie, sans distinction de communauté et dans l'égalité totale, sont venus des villages de toutes les régions et des quartiers de toutes les villes apporter à la France et à moi-même le bulletin de leur confiance. Ils l'ont fait tout simplement sans que nul ne les y contraigne et en dépit des menaces que des fanatiques font peser sur eux, sur leurs familles et sur leurs biens. Il y a là un fait aussi clair que l'éclatante lumière du ciel. Et ce fait est capital... pour cette raison qu'il engage l'une envers l'autre et pour toujours l'Algérie et la France[5] »

La consigne de boycott donnée par le FLN n’est pas suivie[6]. De Gaulle y voit un acte de confiance dans sa personne, mais les ultras de l'Algérie française estiment au contraire le « ralliement à peu près unanime des masses musulmanes à l'intégration » à la France[6].

Après le référendum cependant, De Gaulle tient des discours à Oran et à Constantine les 2 et 3 octobre, où il n'utilise pas le terme d'intégration[6]. Le 23 octobre, il propose la « paix des braves » au FLN et exige que l'armée soit ramenée à des tâches exclusivement militaires, notamment que soient retirés les officiers des Comités de salut public (CSP), avec pour réaction des partisans de l'Algérie française une tentative ratée de grève générale[6].

Résultats en Guinée

Avec le Niger, la Guinée était l’un des deux seuls territoires où le principal parti politique a fait campagne pour un vote « non » et a finalement été la seule colonie à rejeter la constitution et à opter pour l’indépendance. Le Parti démocratique de Guinée dirigé par Ahmed Sékou Touré, qui avait remporté tous les sièges sauf quatre lors de l’élection de l’Assemblée territoriale l’année précédente, a poussé au rejet de la constitution et, le 19 octobre, le parti a rompu ses liens avec le Rassemblement démocratique africain, dont les autres membres étaient favorables au maintien des liens avec la France.

Sources

Notes

  1. Charles de Gaulle, Discours et messages: Avec le renouveau, mai 1958-juillet 1962, Éditions Édito-Service, 1970, v5, p. 40
  2. Bernstein, Serge., La République gaullienne : 1958-1969, Paris, Seuil, , 375 p. (ISBN 2-02-010408-3 et 978-2-02-010408-1, OCLC 611446966, lire en ligne)
  3. Pascal Le Pautremat, La politique musulmane de la France au XXe siècle; de l'Hexagone aux terres d'Islam. Espoirs, réussites et échecs, 2003, Éditions Maisonneuve et Larose, p. 438-439
  4. Lucien Neuwirth, Référendum du 28 septembre 1958, vidéo sur Ina.fr
  5. Maurice Allais, Les accords d'Évian, 1962, p. 120
  6. Bernard Droz, « L'élection législative du 30 novembre 1958 en Algérie », Outre-Mers, 2008 (lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

  • Résultats détaillés , JO du 05/10/1958
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